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| Date | du 14 janvier au 4 mai 1814 |
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| Lieu | Anvers, département desDeux-Nèthes |
| Issue | Victoire française |
Autres États allemands |
| Lazare Carnot | Friedrich Wilhelm Bülow Thomas Graham |
| 10 000 hommes | Variable |
Batailles
| Coordonnées | 51° 13′ 00″ nord, 4° 24′ 00″ est | |
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Lesiège d'Anvers est un ensemble d'opérations militaires qui se déroulent en1814 pendant la dernière phase desguerres napoléoniennes. Elle s’inscrit lapériode française de l'histoire de Belgique quand les territoires étaient rattaché auPremier Empire. La garnison française d'Anvers, important centre industriel et naval, sous les ordres deLazare Carnot, résiste au siège des forces européennes de laSixième Coalition jusqu'à l'armistice et à l'abdication deNapoléonIer : la fin des hostilités est signée parLouis XVIII. Anvers et la Belgique seront rattachés auRoyaume uni des Pays-Bas lors ducongrès de Vienne l'année suivante.
À la suite de lacampagne d'Allemagne de 1813, les armées de l'Europe coalisée pénètrent sur le territoire de l'Empire français. Tandis que deux armées sous les ordres deBlücher et duprince de Schwarzenberg avancent vers Paris et affrontentNapoléonIer lors de lacampagne de France,Bernadotte entre en Belgique[1]. Devant ce mouvement, les troupes françaises s'enferment dans les places fortes d'Allemagne, des Pays-Bas et de Belgique.

Pour lamarine impériale française, Anvers reste une base première importance : de 1804 à 1814, ses chantiers lancent 19vaisseaux etfrégates, et 14 sont en construction au début du siège. Les fortifications qui verrouillent les embouchures de l'Escaut, de laMeuse et duRhin ont été renforcées depuis leraid britannique sur Walcheren en 1809[2]. Cependant, l'escadre d'Anvers, commandée par l'amiralMissiessy n'est guère en état de disputer à laRoyal Navy la sortie des bouches de l'Escaut. À la fin de 1813, 7 vaisseaux doivent être désarmés par pénurie de marins, y compris ceux montés par des équipagesdanois. LaHollande, annexée par la France en 1810, commence à se soulever et arborer le drapeau de ladynastie d'Orange. En novembre, une flottille française de 5canonnières, commandée par le capitaine de vaisseauHalgan, est chargée de renforcer les défenses deWalcheren : les habitants deHellevoetsluis ont fait défection et rendu les canons inutilisables en les enclouant. Halgan fait armer les remparts avec les pièces des canonnières et l'escadre ennemie, qui était prête à entrer dans l'estuaire, se retire à la première salve. En décembre, 2 555 marins ont été débarqués pour renforcer les garnisons d'Anvers,Berg-op-Zoom etFlessingue et il n'en reste plus que 945 pour l'escadre qui se trouve pratiquement immobilisée jusqu'à la fin du siège[3].


Le, le généralNicolas-Joseph Maison est nommé à la tête du1er corps d'armée avec la mission de défendre les passages du Rhin, de la Meuse et les abords d'Anvers. Les divisionsLefebvre-Desnouettes etMolitor doivent le rejoindre pour faire barrage à l'avance des forcesbritanniques (en) du généralGraham etprussiennes deBülow auxquelles vont bientôt se joindre lesforces russes deWintzingerode et hollandaises duprince d'Orange. Au nord d'Anvers, les Français tiennent encore les îles deTexel et Walcheren,Nimègue,Bois-le-Duc,Gorkum, Flessingue et Berg-op-Zoom : les Britanniques acceptent d'assiéger toutes ces places sauf Gorkum. Au début de, Bülow rassemble ses forces pour entrer en Belgique mais, le, apprend que lesglaces ont endommagé les ponts jetés sur le Rhin et la Meuse : il craint d'être attaqué de flanc par le maréchalMacdonald qui opère versGrave enBrabant-Septentrional alors que le corps de Wintzingerode n'est pas en mesure de le rejoindre. Bülow décide de prendre l'offensive contre le corps de Maison : après un combat le près deHoogstraten, Maison, menacé d'encerclement par les Prussiens et Britanniques, se replie vers le sud en croyant, à tort, que les forces adverses se dirigent versLouvain. Le, Bülow attaque versWijnegem, dans la banlieue d'Anvers, sans succès. Cependant, le passage du Rhin par l'armée russe deTchernychev vient séparer les corps de Maison et de Macdonald[4].

Le, tandis que le corps de Maison manœuvre vers Louvain et celui de Tchernychev versLiège, les Prussiens, aidés par un soulèvement des habitants, s'emparent de Bois-le-Duc avant de revenir vers Anvers[5]. La garnison est composée de 10 000 hommes, issus duIer corps de laGrande Armée, de laJeune Garde, et de divers autres corps[6] et des marins de l'escadre de Missiessy[7]. En, le gouverneur d'Anvers est le généralAnne-Charles Lebrun, duc de Plaisance ; il est remplacé à la fin du mois parLazare Carnot, vieux républicain qui s'est longtemps tenu à l'écart du régime impérial mais qui veut reprendre du service pour défendre la patrie envahie. Du côté des coalisés, Bülow reçoit l'ordre de rejoindre l'armée deSilésie, commandée parBlücher, dans l'est de la France ; il laisse le commandement des opérations en Belgique auduc de Saxe-Weimar qui arrive d'Allemagne avec des renforts. Du côté britannique, leduc de Clarence,amiral de la flotte (futur roi Guillaume IV) insiste pour que l'armée coalisée attaque Anvers afin d'incendier le port et l'escadre. Une attaque est menée versMerksem à partir du. Dans la nuit du 2 au, les Britanniques bombardent le port ; la canonnade se poursuit pendant 3 jours en ne faisant que peu de dégâts. Finalement, les assaillants se replient le, ayant perdu 1 500 hommes contre 500 Français[8].
En mars, le général Maison opère dans le sud de la Flandre pour soutenirLille et soutenir laplace assiégé de Maubeuge contre les forces du duc de Saxe-Weimar et du généralsaxonJohann von Thielmann. Le, comme Anvers ne semble plus directement menacée, Maison fait demander au généralRoguet de quitter la place d'Anvers pour le rejoindre entreGand etAlost avec sa division, forte de 4 000 fantassins, 200 cavaliers et 14 canons, ce qui est fait. Le duc de Saxe-Weimar fait regrouper ses forces par crainte d'une attaque des Français surBruxelles ; il demande au généralWallmoden d'envoyer une des deux brigades de laLégion russo-allemande pour renforcer l'encerclement d'Anvers. Au début d'avril, cette brigade est relevée par une unité suédoise deBernadotte et peut rejoindre l'armée principale versTournai[9],[10].
À cause d’un manque de petit numéraire dans la ville le gouverneur Lazare Carnot décide de faire frapper des monnaies obsidionales de 10 et 5 centimes en bronze, d’abord à l’atelier privé de l'anversois Joseph Frans Wolschot le, puis pour accélérer, à l’arsenal de la marine le. Il demande au colonelPierre Lair, le chef des ouvriers militaires, d’entreprendre la frappe avec les balanciers disponibles en utilisant les métaux de la marine. Celui-ci fait graver les poinçons pour ces monnaies par le sergent Jean Louis Gagnepain (19 novembre 1782 Évillers, Doubs – 19 mars 1837 Évillers, Doubs).
La nouvelle de laprise de Paris et de l'abdication de Napoléon, signée le, amène Maison à conclure, le, un armistice avec le duc de Saxe-Weimar, ce qui met fin aux opérations en Belgique. Les troupes françaises conservent les places qu'elles occupent à cette date[11].

La garnison d'Anvers reste dans la ville jusqu'au[6]. Le général Graham prend possession d'Anvers au nom des coalisés, ainsi que de l'escadre, forte de 38 vaisseaux de ligne et 10 frégates. Un tiers de cette flotte sera restitué à la France par la suite[12].
Aucongrès de Vienne, enjuin 1815, Anvers et toute la Belgique sont rattachés aux anciennesProvinces-Unies dans leroyaume uni des Pays-Bas, gouverné par la dynastie d'Orange et qui durera jusqu'à larévolution belge de 1830.