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Siècle d'or néerlandais

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Pour les articles homonymes, voirSiècle d'or.

La mappemonde deFrederik de Wit, publiée en 1662 à l'apogée du siècle d'or des Pays-Bas par la plus grande maison d'édition géographique de l'époque, symbolise la prépondérance économique, scientifique, culturelle et artistique du pays, parvenu au rang de grande puissance et qui domine la cartographie elle-même.
Le tsarPierre le Grand à bord de sa frégatePierre et Paul en route pour laforteresse du même nom, peint parAbraham Storck entre 1698 et 1708.

Lesiècle d'or néerlandais (ennéerlandais :de Gouden Eeuw) est une période de l'histoire desPays-Bas comprise entre1584 et1702, qui voit laRépublique des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas (Republiek der Zeven Verenigde Provinciën,ancêtre de l'actuelroyaume des Pays-Bas), fondée en1581 par l'Union d'Utrecht, se hisser au rang de première puissance commerciale au monde, tandis que le reste de l'Europe se débat dans les affres d'unestagnation et d'unerécession qui dure par endroits jusqu'en1750. La liberté de culte qui règne aux Pays-Bas y attire les personnes les plus diverses ; ces réfugiés rejoignent une république en pleine croissance, qui leur offre travail et liberté d'opinion. Écrivains et érudits s'y établissent pour enseigner et publier en liberté ; avec la fondation de l'université de Leyde et le développement dessciences humaines et dessciences naturelles, le pays devient l'un des centres du savoir.

Avec leur organisation commerciale, les Pays-Bas vont susciter la jalousie des États voisins. L'Angleterre, qui ouvre les hostilités dès 1652 avec lapremière guerre anglo-néerlandaise, pour ravir aux Pays-Bas leur suprématie maritime et freiner leur expansion coloniale, particulièrement dans l'Atlantique, est suivie par la France deLouis XIV qui déclenche laguerre de Hollande à la fin duXVIIe siècle (épisode dusiège de Maastricht), scellant la fin de la période de gloire et de prospérité des Provinces-Unies.

L'expression « siècle d'or » recouvre avant tout une floraison encore inédite deculture et d'art, souvent confinée aux nombreux chefs-d'œuvre de la peinture néerlandaise duXVIIe siècle. Cette prospérité est cependant le produit des évolutions sociales et culturelles de cette époque.

Historiographie

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Carte desProvinces-Unies parJohannes Janssonius (1658).

La notion de« siècle d'or » (gulden eeuw en anciennéerlandais etgouden eeuw ennéerlandais contemporain) fait partie de ces notions qui existent au temps qu'elles sont censées décrire. En 1719, Arnold Houbraken exprime ainsi son regret de ne plus vivre au temps des peintresnéerlandais duXVIIe siècle[1] :

« En ce temps, c’était un âge d’or pour l’art ; et les pommes d’or (que l’on ne trouve qu’avec difficulté aujourd’hui, par des chemins difficiles et à la sueur de son front) tombaient d’elles-mêmes dans la bouche des artistes. »

— Arnold Houbraken, De groote schouburgh der nederlantsche konstschilders en schilderessen, 1718-1721

Pour qualifier cette période favorable aux artistes, il parle d’un « âge d’or pour l’art » (Gulde Eeuw voor de Konst). Mais de quoi parle-t-il exactement ? Le moteeuw est ambigu : il peut aussi bien désigner la durée d’un « siècle » que celle, indéterminée, d’une période de temps relativement longue et historiquement indéfinie. Dès leXVIe siècle, les expressionsgulde(n) eeuw ougoude(n) eeuw désignent ainsi deux réalités que nous aurions tendance à distinguer aujourd’hui : le « siècle d’or », c’est-à-dire une période qui relève de l’histoire ; et l’« âge d’or », cette époque mythique placée sous le règne de Saturne durant laquelle les hommes et les femmes vivaient comme les dieux et aimés par eux, dans la paix et le bonheur et en harmonie avec la nature.

L'historien Johan Huizinga n'a donc que partiellement raison lorsqu'il affirme :

« C'est cette expression d'Âge d'Or elle-même qui ne veut rien dire. Elle renvoie à unaurea aetas des Anciens, à un pays de cocagne mythologique, qui chezOvide nous ennuyait déjà passablement quand nous étions écoliers. S'il faut donner un nom à notre période de prospérité, qu'on l'appelle plutôt Bois et Acier, Poix et Goudron, Couleur et Pigments, Audace et Piété, Esprit et Imagination. »

— Johan Huizinga, Nederlands beschaving in de zeventiende eeuw[2] (1941)

Le fait est que, dès la fin du XVIe siècle, l'« âge d'or » a servi de modèle ou, pour paraphraser l'historien Benedict Anderson, d'« imaginaire collectif » pour incarner l'histoire et les valeurs des communautés composant la jeune République des Provinces-Unies[3]. C. de Voogd rappelle par ailleurs que l’admiration pour le miracle néerlandais trouvait déjà un écho chezHegel, dont l’Esthétique a fait de cet épisode de l'histoire européenne l'une des étapes dans la grande marche de l’Esprit vers son accomplissement. De cette vision subsiste l'idée d'une spécificité hollandaise par rapport à l'Europe baroque, mais aussi d'un moment décisif dans la naissance de la modernité européenne dans tous les domaines, du développement du capitalisme à la pensée politique libérale.

L'historien néerlandaisJohan Huizinga présume que le concept d'âge d'or ne s'est imposé qu'après que l'historienPieter Lodewijk Muller eut publié en 1897 son essai surLa République des Provinces-Unies à son apogée (De Republiekder Verenigde Nederlanden in haar bloeitijd) sous le titre plus vendeur de « Notre âge d'or » (Onze Golden Eeuw) imposé par son éditeur[2].

Depuis quelques années, l'Âge d'or des Provinces-Unies fait l'objet d'un regain d'intérêt aux Pays-Bas. C'est ainsi qu'en 2000 par exemple on lui a consacré un centre d'étude à l'université d'Amsterdam. L'Amsterdams Centrum voor de Studie van de Gouden Eeuw travaille entre autres sur l'ouvrage publié en 1941 parHuizinga. Le sens historique de Huizinga était imprégné de son étude de lalinguistique et de son goût pour la peinture : il entendait l'écriture de l'histoire comme un récit intuitif et vivant de l'évolution des mentalités, c'est-à-dire de la culture. Aussi affirmait-il que l'âge d'or n'était ni un bienfait qui se serait soudain abattu sur les Pays-Bas, ni surtout l'idéal mythiqued'une terre nourricière sans agriculteurs, d'une société vivant un éternel printemps dans une paix absolue sans soucis ni remords (commeOvide définit l'âge d'or), mais que cette prospérité avait mûri sur fond de générations de dur labeur, de conditions favorables, de multiples conflits et naturellement aussi sur une part de chance, qu'en fait elle n'avait rien de spontané. Ainsi, près de la moitié de ce siècle « résonna de fracas et de cris guerriers[4] ». C'est pourquoi un nombre non négligeable de chercheurs, examinant ce siècle, du moins sous l'angle de l'économie mondiale, parlent plutôt d'une hégémonie.

Les Pays-Bas à l'aube du Siècle d'or

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Conflit avec l'Espagne

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À la mort deCharles le Téméraire en 1477, les Pays-Bas échurent par alliance à la dynastie autrichienne desHabsbourg, à un moment où la situation économique desPays-Bas bourguignons était déjà prospère ; c'est d'abord sous le règne deCharles Quint qu'outre l'agriculture, l'élevage et la pêche, le commerce et l'artisanat se développèrent. Après une crise liée à la concurrence de la laine anglaise au début duXVe siècle, le secteur textile devenait florissant, etAnvers devint le centre économique des provinces. La science et la culture connurent des heures fastes, entre autres grâce à l'imprimeurChristophe Plantin. Simultanément, laRéforme se répandait et Charles Quint, tout comme son fils et successeurPhilippe II (tous deuxcatholiques convaincus) encouragèrent laContre-Réforme.

Philippe II d'Espagne vers 1575, portrait d'Alonso Sánchez Coello

Dans la mesure où Philippe II voyait dans lecalvinisme unehérésie, les provinces du Nord se rebellèrent sous le commandement deGuillaume le Taciturne. Sa tentative d'occuper militairement leBrabant déclencha en 1568 laguerre de Quatre-Vingts Ans. En 1579, les provinces du nord se fédérèrent enUnion d'Utrecht fondant en 1581 la république desProvinces-Unies, tandis que les provinces méridionales, restées catholiques (aujourd'huiBelgique etLuxembourg) restèrent fidèles à l'Espagne (cf.Pays-Bas espagnols).

La conclusion de l'Union d'Utrecht conféra aux provinces du Nord entre autres le contrôle du commerce fluvial sur leRhin maritime, un atout décisif pour leur expansion économique ultérieure. LeSiège d'Anvers mené victorieusement en 1585 par les Espagnols avait amené les Hollandais à mettre en place unblocus sur l'estuaire de l'Escaut, ôtant à Anvers son débouché maritime. Cette mesure permit au port régional d'Amsterdam de distancer bientôt son rival Anvers.

Des pourparlers de paix avec l'Espagne, auxquels la France et l'Angleterre prirent part, se tinrent en 1608 àLa Haye, puis finalement en 1609 on convint d'unetrêve de douze ans. C'est dans ce contexte que s'épanouit l'expansion économique et culturelle de la jeune république.

Marins et marchands

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Articles connexes :Hanse,Bois de la Baltique etColonialisme.

Le commerce de laBaltique est à l'origine de l'essor de la vie économique hollandaise ; et pendant la première moitié duXVIe siècle, Amsterdam, mais aussi des villes commeEnkhuizen etHoorn était déjà un centre important de distribution du blé et, quoique les sources historiques soient moins explicites, dubois de la Baltique. Le commercehanséatique toutefois restait encore très actif et les habitants des villes hanséatiques, surtout ceux deGdansk, non seulement livraient leurs marchandises à Amsterdam, mais les exportaient aussi eux-mêmes en Angleterre, en Espagne, en France et au Portugal[5].

La Hollande ne pouvait pas vivre sur ses propres réserves de céréales. C'est dans leWaterland et dans laFrise occidentale que la situation était la moins favorable, car ces régions ne se prêtaient qu'à l'élevage dubétail et à l'industrie laitière. Les autorités d'Amsterdam soulignaient déjà en 1501 la situation difficile des régions situées au nord du pays. Les principaux producteurs de seigle, indispensable à la population pauvre des villes et de la campagne, étaient avant tout les pays de laBaltique. Les Hollandais s'intéressaient avant tout àGdansk et à son immense arrière-payspolono-lituanien, riche en céréales et en bois. Au deuxième rang venait laLivonie, riche de ses produits agricoles, mais aussi idéalement située sur la route menant vers laRussie et ses richesses illimitées de produits forestiers et de fourrures. LaPoméranie occidentale avait aussi d'importants surplus de céréales et intéressait les Hollandais. C'est donc les disettes répétées qui forcent la Hollande à développer son commerce extérieur et sa marine[5].

AuXVe siècle l'expansion commerciale des Hollandais dans les pays de la Baltique se fonde sur l'exportation vers l'Est dudrap hollandais et anglais, et dusel breton, ainsi que sur l'importation de quantités de plus en plus grandes decéréales, dechanvre, delin et surtout dubois de la Baltique; depoix, degoudron et d'une certaine quantité decuirs et defourruresetc. Les bateaux hollandais, en quittant leursports d'attache, se rendaient enBretagne charger dusel, duvin et des denrées du midi. Avec ce chargement, ils naviguaient vers laBaltique, ils y vendaient leurs marchandises, et y achetaient des céréales, du bois, des cendres et d'autres produits locaux destinés à la Hollande et aux pays de l'Europe occidentale. Ce commerce de bascule était déjà pratiqué auXVe siècle. Vers la fin duXVe siècle, les bateaux hollandais se rendaient aussi enEspagne et auPortugal où ils pouvaient également s'approvisionner en sel, en fruits et, de plus en plus souvent, en denrées coloniales, en échange de leurs propres produits,oies, produits industriels étrangers, ainsi que les marchandises des pays de la Baltique. De 1542 à 1545, la douane d'Arnemuiden mentionne fréquemment des bateaux appartenant à des Hollandais qui, venant d'Amsterdam et d'autres ports du Waterland se dirigeaient vers les ports du golfe deBiscaye, l'Andalousie – souventSanlúcar de Barrameda – ,Lisbonne et le Portugal méridional, surtoutTavira. Outre du drap et de la toile, ces bateaux transportaient du bois de chêne, desmadriers, des planches, du bois àrames, desmâts, desdouves, dugoudron, de lapoix, dulin, duchanvreetc. LesEspagnols et lesPortugais achetaient aussi ces marchandises directement à Amsterdam. Même pendant la révolution néerlandaise les Hollandais s'efforçaient énergiquement de conserver entre leurs mains la fourniture des marchandises des pays de la Baltique aux États dePhilippe II : le Sud des Pays-Bas, l'Espagne et le Portugal[5]. L'Allemagne occidentale n'offrait probablement pas à la pénétration économique hollandaise auXVe siècle et auXVIe siècle, mais l'arrière-pays riche en produits forestiers et céréaliers des ports deBrème etHambourg intéressaient aussi le commerce hollandais. AuXVe siècle et au début duXVIe siècle, les Hollandais s'intéressaient beaucoup moins au commerce avec laSuède, malgré les richesses naturelles de ce pays[5]. La Hollande pouvait aussi compter sur deux fleuves, laMeuse et leRhin pour son commerce frontalier;Dordrecht, qui par le hasard d'unraz-de-marée en 1421, la relie à laMer du Nord, à partir de cette époque devient un important centre du commerce du bois, en provenance de laWestphalie et de laForêt-Noire.

Les navires hollandais plus petits et plus rapides que ceux de leurs concurrents, qui embarquaient par conséquent un équipage plus réduit, firent des négociants d'Amsterdam les plus réactifs de leur époque. Dès la fin duXVIe siècle, l'hégémonie d'Amsterdam, et parallèlement celle de la Hollande, s'imposa aux autres provinces.

Vers 1600, les capitaux respectables accumulés àAmsterdam permettaient d'envisager de nouvelles entreprises commerciales. On finança les premières expéditions outre-mer pour reconnaître les débouchés commerciaux d'Asie et d'Amérique. Les marins et marchands néerlandais firent là un choix heureux, car laHanse, affectée par laguerre nordique de Sept Ans, entrait en décadence, et les flottes concurrentes étaient détournées de l'exploration par les guerres et les soulèvements. Ainsi, tandis que les Espagnols concentraient leur effort de guerre contre les Anglais (l'Invincible Armada de 1588 est l'épisode que le grand public retient généralement de cette guerre) et les Français, les flottes de commerce néerlandaises poussaient chaque fois plus avant leurs explorations outre-mer, ouvrant de nouvelles voies commerciales sans rencontrer d'obstacle et multipliant les nouveaux comptoirs. Pendant un temps, il ne fut question que d'entreprises isolées, qui n'eurent qu'une brève prospérité.

Un publiciste hollandais écrivait à la fin duXVIIe siècle, d'aprèsJohan de Witt:« la République d'Hollande qui ne peut subsister sans commerce était principalement appuyée sur trois bases, scavoir la mer Baltique, la pesche des harangs, baleines, morues et autres », le Siècle d'or ajoutera les Indes[6]

Les fondements : prospérité économique et ordre urbain

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« Comment un pays aussi petit, comptant à peine plus d'un million et demi d'habitants[7] et dépourvu de richesses naturelles a-t-il pu, auXVIIe siècle, période de crise générale, se hisser au rang de puissance économique dominante ? »

— Michael North, Histoire des Pays-Bas

L'ascension économique d'une modestefédération qui ne comptait pas même deux millions d'habitants, qui ne disposait d'aucune matière première et dont laproduction agricole était insignifiante, au rang de grande puissance coloniale duXVIIe siècle, reste encore aujourd'hui un sujet d'étonnement. SirWilliam Temple, alors ambassadeur aux Pays-Bas, souligne dans ses « Observations upon the United Provinces of the Netherlands »[8] la forte densité de population du pays, dans laquelle il voit le facteur décisif de l'expansion économique. Cette circonstance aurait enchéri les denrées, forçant les propriétaires à épargner, et contraignant les prolétaires à travailler assidûment. De la misère seraient nées les vertus, fondement du succès[9].

Urbanisation et régime politique

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Carte historique d'Amsterdam parWillem etJoan Blaeu (1652)

En réalité, les Pays-Bas manifestèrent tout au long duXVIIe siècle le taux d'urbanisation le plus élevé[10] et formaient la région la plus densément peuplée d'Europe. Le flot régulier de réfugiés apportant avec eux talents et réseaux d'affaires, des juifs portugais aux huguenots français, et la prospérité induite, bénéficièrent d'abord aux villes dont elles alimentèrent la croissance exceptionnelle : entre 1622 et la fin du siècle, Amsterdam passa de cent à deux cent mille habitants, Rotterdam de vingt à quatre-vingt mille, La Haye de seize à cinquante mille. Fait notable, cet essor s'effectua dans un certain ordre, par un souci d'urbanisme précurseur : à Amsterdam, l'espace urbain s'étendit de façon concentrique en s'appuyant sur lesquatre grands canaux de la ville (Singel,Herengracht,Keizersgracht,Prinsengracht) eux-mêmes reliés par des canaux ou des rues transversales permettant des accès multiples et rapides au cœur de la ville, la place du Dam.

La vie de tous les jours était dans une grande mesure marquée par la ville et l'activité non-agricole ; près de 50 % de la population vivait en ville et seul un tiers travaillait encore dans l'agriculture. Et pourtant, dans le même temps, la paysannerie et les agriculteurs développèrent fortement leur production. Dans la mesure où la propriété foncière est la base de l'agriculture, et où dans chaque province les paysans étaient eux-mêmes propriétaires de 40 % des terres arables, ces paysans pouvaient vivre du seul produit de leur travail. Selon C. de Voogd,« le peuple néerlandais était sans doute le mieux nourri d'Europe et l'extrême misère plus rare qu'ailleurs. La variété du régime alimentaire était étonnante : du pain, bien sûr, peu de viande mais du poisson, des légumes et des laitages. Mieux alimenté, le Néerlandais s'avérait plus résistant que ses contemporains aux fléaux des épidémies qui ravagèrent l'Allemagne pendant la guerre de Trente Ans et l'Angleterre dans les années 1660. C'est pourquoi la population crût sensiblement à une époque où l'Ancien Régime démographique équilibrait ailleurs les naissances et les décès ». L'examen du revenu agricole montre qu'un paysan duXVIIe siècle vivait aux Pays-Bas nettement mieux qu'un agriculteur libre un siècle plus tôt[11].

La confédération, quoiqu'oligarchique, était néanmoins plusdémocratique que les autres pays d'Europe[12], se tenait militairement sur la défensive et développait son économie, non sur l'agriculture, mais sur le commerce et la navigation.

La masse imposable des citoyens des Provinces-Unies était nettement plus élevée que celle des pays voisins, jusqu'à deux fois supérieure à celle de l'Angleterre et trois fois supérieure à celle de la France[13]. Ainsi, le gouvernement des Provinces disposait de ressources élevées et d'un capital plus rapidement mobilisable, grâce à la commercialisation poussée de son économie et d'une population (bien que peu importante) disposant de revenus élevés.

Le tissu social

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Dans la société néerlandaise, on jugeait du statut social non seulement d'après l'appartenance familiale et le niveau d'éducation, mais aussi surtout d'après la fortune et le revenu des individus, mœurs fort curieuses dans l'Europe duXVIIe siècle, où le rang social était encore fondamentalement lié à lacondition, c'est-à-dire à la naissance.

Au sommet de la société néerlandaise, on trouvait les nobles et lesRégents, quoique l'aristocratie, comme les Espagnols, eût continuellement abandonné ses terres et ses principaux privilèges aux villes. Tandis que dans le reste de l'Europe la noblesse formait la classe dirigeante privilégiée politiquement et socialement, il n'y avait aux Pays-Bas pratiquement plus de noblesse héréditaire. Même les clercs n'avaient que peu d'influence : l'Église catholique romaine était continuellement en perte d'audience, alors que la jeuneéglise protestante s'étendait. Il n'y avait donc ni souverain, ni noblesse, niclercs : les régents et la haute bourgeoisie (riches marchands, armateurs, banquiers, entrepreneurs, officiers généraux) réglaient la politique et la société, soutenus par une large frange de la petite bourgeoisie, composée d'artisans, d'ouvriers, de pilotes, de petits employés et d'officiers, qui dans les petites villes et les communautés plus isolées prenait la politique en mains.

Ainsi, le corps social était plus homogène que dans les autres pays d'Europe : la mobilité sociale était possible. Les diverses classes sociales se côtoyaient notamment au temple, dans lesmilices et surtout aucafé. L'existence d'une vasteclasse moyenne, lebrede middenstand, de l'artisan au négociant enrichi, était garante de la cohésion nationale. Le peuple lui-même bénéficiait des salaires les plus élevés d'Europe ; un tisserand de Leyde gagnait jusqu'au double de son congénère flamand ou anglais. À la prospérité, sinon générale, du moins répandue, s'ajoutait le partage de valeurs communes, fortement ancrées par l'influence du calvinisme et de l'humanisme ainsi que le ciment d'un incontestable nationalisme.

La nouvelle soif d'investir de la bourgeoisie contribua à humaniser un développement économique sauvage. Prenant le relais de l'église catholique, la bourgeoisie organisa lessoupes pour les pauvres, institua desorphelinats, des hospices et d'autres fondations charitables. Grâce à ce réseau d'aide sociale (naturellement d'abord un peu rudimentaire et informel), le soin des marginaux, des pauvres et des faibles mettait en place un telcontrôle social que, contrairement au reste de l'Europe, l'agitation se limitait à la contestation politique et religieuse.

La sécurité des citoyens est à l'origine d'associations d'initiative privée et d'innovations comme l'éclairage public et lapompe à incendie, mise au point par le peintreJan Van der Heyden. Pour la surveillance, plusieurs milices de nuit furent créées : Rembrandt a immortalisé celle du capitaine Coq dansLa Ronde de nuit.

Un commerce à l'échelle du monde

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Dans sonTestament politique,Richelieu soulignait « le miracle hollandais » en ces termes :« L'opulence des Hollandais qui, à proprement parler, ne sont qu'une poignée de gens, réduits en un coin de terre, où il n'y a que des eaux et des prairies, est un exemple et une preuve de l'utilité du commerce qui ne reçoit point de contestation »[14].

L'hégémonie commerciale des Provinces-Unies repose sur quatre facteurs :

  • une supériorité navale écrasante ;
  • l'extension de l'activité commerciale à toutes les routes océaniques : Batavia, Cadix, Smyrne et Arkhangelsk...
  • le contrôle d'une gamme étendue de produits, particulièrement les produits de luxe (épices) ou à valeur ajoutée (porcelaine, soie, etc.) ;
  • l'optimisation de l'offre de cale : en remplissant les navires à l'aller et au retour, les économies de deux pays très éloignés devenaient graduellement dépendantes l'une de l'autre par le truchement des commerçants néerlandais.

Comme l'indique de Voogd,« De la mer Baltique à l'Extrême-Orient, les marins néerlandais s'efforcèrent d'être (...) toujours les propres fournisseurs de leurs clients, démultipliant ainsi les opportunités de profit ».

Navires hollandais dansEmbarquement du vaisseau des Indes de
Hendrick Cornelisz. Vroom vers 1630–1640
Article détaillé :Empire colonial néerlandais.

Philippe II, qui contrôlait le Portugal depuis 1581 (Union ibérique), en représailles à larévolte des Flandres, décida d'interdire aux bateaux hollandais le port deLisbonne, qui détenait le monopole sur les épices ; mais une collection de cartes portugaises arrivées à Amsterdam en 1592 laissait aux Hollandais l'espoir de croiser leCap de Bonne-Espérance sans risque. LaCompagnie van Verre est créée en 1594 pour conquérir le commerce du poivre, qui par divers jeux de fusion forme en 1602 la VOC[15]. LaCompagnie néerlandaise des Indes orientales (Vereenigde Oostindische Compagnie ouVOC) devenue rapidement la plus grosse compagnie privée duXVIIe siècle, forgea unmonopole commercial néerlandais avec l'océan Indien et l'Extrême-Orient qui devait durer deux siècles. Ses routes de commerce s'étendaient le long des côtes d'Afrique et d'Asie avec des comptoirs et des mouillages en Indonésie, auJapon, àTaïwan, àCeylan et enAfrique du Sud. En vue du commerce avec l'Afrique de l'Ouest et les Amériques les actionnaires créèrent laCompagnie néerlandaise des Indes occidentales (Geoctroyeerde West-Indische Compagnie ou en abrégéWIC), qui établit en Amérique du Nord la colonie deNouvelle-Hollande avec pour capitale laNouvelle-Amsterdam, qui devait devenirNew York. Parmi les autres routes de commerce, il y avait bien sûr laBaltique, laRussie (straatvaart), et aussi leLevantvaart (commerce avec l'Italie et leLevant, c'est-à-dire les pays de la côte orientale de lamer Méditerranée). Pour ce qui est de l'Europe occidentale, les Néerlandais contrôlaient vers 1650 80 % du commerce de la laine espagnole ; quant aux seuls échanges avec la France (le transport du vin de Bordeaux notamment), ils dépassaient 36 millions de livres. Vers 1670 la valeur annuelle des cargaisons des quatre grandes flottes marchandes de la république atteignait la somme énorme de 50 millions de florins.

Uneaction de laVOC (1623).

LaBanque de change d'Amsterdam (la première banque centrale au monde et l'une des premières banques européennes à utiliser lamonnaie fiduciaire) fut créée en 1609 : cet établissement, créé à l'origine pour résoudre le problème du change des devises (d'où son nom deWisselbank) permit par une formule de crédit commercial inédite (l'escompte) une circulation des paiements beaucoup plus fluide. Lestaux d'intérêt intéressants (entre 2 et 4 %, soit la moitié des taux britanniques), le secret bancaire, la force duflorin et les facilités de crédits offertes par les banques néerlandaises attiraient les investisseurs et les financiers de toute l'Europe. Labourse d'Amsterdam, créée en 1611, employait déjà trois cents agents au bout d'un an. Les cargaisons annoncées s'y négociaient jusqu'à vingt-quatre mois avant leur arrivée. Lors de l'affrètement d'un navire, il était possible d'entrer dans le capital de l'armateur pour une part qui pouvait n'être que de 1/64e du coût de l'opération : ainsi, l'actionnariat était-il accessible aux commerçants et artisans.

C'est au plus tard à partir de la libéralisation du commerce (un commerce international délivré desmesures protectionnistes) stipulée par lapaix de Westphalie en 1648 que les Pays-Bas dominèrent le commerce mondial. Vers 1670, la république comptait environ 15 000 navires, c'est-à-dire cinq fois l'effectif de la flotte anglaise[16], ce qui revenait à un monopole du transport sur mer. C'est surtout du commerce avec les colonies que les Pays-Bas tiraient leurs profits. On importait desIndes néerlandaises, duBengale, deCeylan et deMalacca des épices (clou de girofle, cannelle et poivre), de la soie et du coton. L'Afrique de l'Ouest, leBrésil, lesCaraïbes et l'Europe échangeaient avant tout les produits decultures, comme lesucre, letabac et lebois de Pernambouc. Plus tard, latraite des Noirs, qui avait été au début nettement écartée, se développa également par attrait du profit, car c'était un commerce particulièrement lucratif. On chercha naturellement la justification morale de ce commerce dans laBible : les Africains étaient fils et filles deCham, que son pèreNoé avait maudit, ce qui justifiait la libre exploitation de la main d'œuvre noire (cf.malédiction de Cham).

Essor de la production nationale

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La puissance néerlandaise ne reposait pas sur les seules activités commerciales : échanges internationaux, agriculture et industrie participaient du même « cercle vertueux » de la prospérité, dans une économie étonnamment intégrée pour l'époque. L'importation de matières premières permit l'essor d'industries de transformation dont la production alimenta en retour les exportations nationales : ainsi des chantiers navals, dont la vallée de laZaan en Hollande du Nord offrit la plus grande concentration européenne ; ainsi desraffineries de sucre, des manufactures de tabac, des tailleries dediamants, dessavonneries et deshuileries. L'industrie reine était celle des textiles dont Leyde fut la capitale incontestée. Les draps de Leyde, réputés pour leur douceur, sortaient des fabriques avec un rendement supérieur d'un tiers à la concurrence française. Près de cent mille personnes au total travaillaient dans l'industrie de transformation.

La tolérance religieuse

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Comme les Provinces-Unies s'étaient soulevées contre la répression religieuse, elles garantirent dès le début à leurs citoyens laliberté de culte. La nouvelle s'en répandit bientôt et cela entraîna un afflux dans le pays deprotestants (huguenots), deJuifs, et d'autres réfugiés d'Espagne, duPortugal et des Pays-Bas espagnols. Lecalvinisme devint le culte dominant, bien qu'au début du siècle les provinces fussent déchirées par la polémique sur ladoctrine de la prédestination opposant lesremonstrants, partisans d'Arminius, et lesGomaristes, tenant de la thèse deFranciscus Gomarus.

Le philosopheSpinoza éprouva les limites de la tolérance institutionnelle des Provinces-Unies.

L'humanisme également, qui s'est épanoui avec son éminent représentantÉrasme de Rotterdam, s'est avéré décisif, non seulement pour la transition culturelle et sociale du Moyen Âge à la Renaissance, mais également pour la promotion d'un climat de tolérance religieuse. Maintenir cette tolérance envers les catholiques n'était pas chose facile, dans la mesure où la religion prenait une place importante dans laguerre d'indépendance. On s'efforça d'atténuer les antagonismes par des compensations en argent. Ainsi les catholiques pouvaient-ils racheter le privilège d'organiser les festivités, mais ils étaient exclus des emplois publics. Cela valait aussi pour lesanabaptistes et lesJuifs. Le niveau de la tolérance religieuse était en tout cas suffisamment élevé pour attirer les persécutés de tous les autres pays, particulièrement les marchands juifs fuyant le Portugal, et dont l'immigration accrut considérablement le niveau de vie des Pays-Bas[17]. De même, larévocation de l'édit de Nantes enFrance en1685 attira de nombreuxhuguenots aux Pays-Bas ; dont certains étaient des négociants. Pour huit florins[18], chacun pouvait immigrer aux Provinces-Unies.

L'immigration joua également un rôle décisif dans l'explosion culturelle. Les nouveaux résidents fournirent une importante clientèle aux artistes locaux, comme la famille Bartolotti qui commanda son magnifique hôtel d'Amsterdam à l'architecte et sculpteur De Keyser. Surtout de nombreux penseurs et artistes étaient d'origine étrangère :Frans Hals naquit àAnvers,Vondel àCologne de parents anversois,Constantin Huygens était le fils d'un juriste brabançon. De même pour les plus grands noms de la philosophie (à l'exception de Grotius) :Descartes, Spinoza, Locke, Bayle.

La tolérance avait pourtant des limites. Le philosopheBaruch Spinoza, par crainte de poursuites religieuses, dut publier anonymement et avec une fausse adresse d'éditeur sonTractatus theologico-politicus, dans lequel il se réclamait pour la liberté d'opinion et la tolérance, et appelait à un État qui garantît la liberté de ses citoyens. MêmeAdriaan Koerbagh, un ami et disciple de Spinoza, fut arrêté pour la publication d'écrits réputés subversifs et mourut en prison après un an de détention[19]. Quant auTractatus, il fut effectivement interdit en1674.Les lois de 1653, 1656, 1674 et 1678 proscrivaient les publications sociniennes, anti-trinitaires et spinozistes[20].

La culture du « Siècle d'or »

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Sous bien des rapports, la jeune république présentait des conditions favorables à l'épanouissement desLettres.

En premier lieu, l'instruction était indiscutablement plus répandue qu'ailleurs. Dès leXVIe siècle,Francesco Guicciardini estimait que presque tous les paysans savaient lire et écrire. Il est en tous cas certain que l'influence protestante, dont le premier enseignement était la lecture desÉcritures par tous, confortait les progrès de l'alphabétisation ; l'accueil de réfugiés protestants, et parmi eux un nombre important de représentants des classes supérieures et de la bourgeoisie cultivée, d'écrivains et d'érudits, n'est pas non plus étranger au fait que les Pays-Bas obtinrent le plus faible taux d'analphabétisme de toute l'Europe[10]. Des « petites écoles » dues à l'initiative privée assuraient tant bien que mal les apprentissages élémentaires où figurait en bonne place, chez ce peuple de négociants, celui de l'arithmétique. L'enseignement secondaire, réservé aux élites, se donnait dans des « écoles latines » où l'enseignement s'étalait sur six années. Le système universitaire constituait l'originalité la plus forte car, mis en place à partir de larévolte des Gueux sous l'aiguillon de la nécessité, il sut éviter les défauts de lascholastique médiévale. Aux cinq universités (Leyde en 1575,Franeker en 1585, puisGroningue,Harderwijk etUtrecht) s'ajoutaient les « écoles illustres », établissements d'enseignement supérieur dépourvus de privilèges universitaires dont le plus important était l’Athenaeum Illustre d’Amsterdam. Leyde était la perle de ce système. La mission officielle de l'Université, fixée par Guillaume d'Orange lui-même, donnait un exemple parfait du compromis entrecalvinisme ethumanisme : si la théologie réformée y tenait une place de choix, les disciplines profanes – droit, langues orientales, médecine, botanique – eurent dès le début droit de cité dans cePraesidium Libertatis. Le rayonnement de Leyde attira de nombreux étudiants étrangers, dontDescartes, et les plus grands professeurs de l'époque telsJuste Lipse etScaliger.

Une autre spécificité des Provinces-Unies tenait à l'existence d'un vaste marché pour la production intellectuelle et artistique grâce à la diffusion de l'instruction et de la prospérité matérielle.

Art et culture

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Les Pays-Bas connaissent au Siècle d'Or un épanouissement culturel intense qui les différencie nettement des pays voisins et qui est considéré comme un point fort de la civilisation hollandaise[21], les œuvres d'art jouant un rôle essentiel dans l'affirmation de cette nouvelle identité culturelle[22]. Tandis que dans les autres pays, les mécènes et protecteurs des arts étaient de richesaristocrates, aux Pays-Bas c'étaient des négociants aisés et lesfamilles patriciennes qui jouaient ce rôle. Une classe moyenne entreprenante, inhabituellement nombreuse, créait avec les paysans enrichis un potentiel décisif pour le développement économique, social et culturel du pays.

Cette classe moyenne formait un important marché pour les biens industriels et artistiques. Par leur prestige social croissant, les artisans, les commerçants, les employés et les officiers éprouvaient le besoin de faire valoir leur statut, et de rivaliser entre eux comme le faisaient couramment les nobles et les clercs. Par l'intérêt croissant pour la représentation du monde matériel, le désir de posséder des objets d'art devint insatiable, et la demande pour les peintures profanes explosa comme cela n'était jamais arrivé ni avant ni ailleurs. Ainsi lesportraits par exemple étaient censés refléter le rang social du sujet, voire l'exagérer un peu. La possession de mobilier qui sort des besoins ordinaires : coffres de chêne, tables octogonales et sommiers de luxe pour les paysans ; pendules de luxe, miroirs, couverts de porcelaine ou argenterie chez les citadins était considérée comme un signe de prestige social. La richesse croissante des Néerlandais assurait ainsi les revenus des artistes auXVIIe siècle (même si seule une minorité pouvait se contenter de leur art pour vivre) et cela eut pour conséquence que la population était davantage portée vers les intérêts artistiques que n'importe où ailleurs en Europe.[réf. nécessaire]

L'art et culture, et tout particulièrement la peinture, s'épanouissaient de pair et avec leur clientèle formaient un nouveau secteur de l'économie. Selon les lois dulibre échange déjà prévalentes, la production artistique se diversifiait chaque jour davantage : c'est ainsi que se développa une véritable spécialisation dans les différentsgenres de peinture, tout en faisant une place à des thèmes picturaux entièrement nouveaux, comme lepaysage et lapeinture de genre. La production s'enrichit même au plan stylistique, de sorte que les commanditaires pouvaient apprécier la manière de l'artiste, qu'elle se rattache à l'école italo-flamande ou à la néerlandaise.

Ainsi, la production artistique était orientée par les goûts de commanditaires bourgeois de la républiqueprécapitaliste : cette situation se traduisit par un réalisme supérieur des tableaux et une préférence marquée pour certains thèmes picturaux comme leportrait (individuel ou de groupe), la peinture de genre ou lanature morte. Lesschutterij (compagnies d'archers), lesrhétoriqueurs (poètes), organisés enChambres de rhétorique etguildes de poésie (appelées à l'époque « Redekamer »), formaient tout à la fois des associations culturelles et des commanditaires. Lesschutterij s'étaient aussi constituées enmilice et assuraient jour et nuit lapolice des rues. Tout citoyen de sexe masculin devait y participer. Les guildes de poésie se consacraient à la promotion et au mécénat de la production littéraire. LeLivre des poésies illustrées deJacob Cats fut tiré à 55 000 exemplaires, chiffre énorme pour l'époque ; leJournal de voyage deBontekoë, modèle de l'épopée maritime, connut cinquante éditions, sans oublier le succès d'édition absolu qu'était la Bible, présente jusque dans les plus humbles chaumières. La puissance de l'édition néerlandaise mettait à la portée de bien des bourses les éditions courantes allant de quelquesstuivers à un ou deuxflorins. Les villes devinrent bientôt aussi fières de leursguildes que les bourgeois de leurs associations, et leur consacraient beaucoup d'argent. Les grands écrivains néerlandais, commePieter Hooft etVondel étaient membres d'une chambre de rhétorique. Les membres de ces guildes se faisaient volontiers représenter dans l'exercice de leur pratique associative : on le voit notamment dans la célèbreRonde de nuit deRembrandt.

Les sciences

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René Descartes, 1649
portrait deFrans Hals.

La liberté d'enseignement et de recherche qui régna tout au long du siècle aux Pays-Bas, ainsi que la célèbreuniversité de Leyde fondée en 1575 attiraient d'innombrables penseurs et savants de toute l'Europe.

Plusieurs livres traitant de religion, de philosophie et de sciences naturelles, interdits ou mis à l'Index par l'Inquisition, pouvaient être imprimés et distribués aux Pays-Bas. C'est ainsi qu'au cours duXVIIe siècle, la république des Provinces-Unies devint lamaison d'édition de l'Europe. Amsterdam, qui n'eut sa première imprimerie qu'en 1500, dépossédaAnvers de la première place et avec Leyde, particulièrement grâce à la famille desElzévir active dans ces deux villes, acquit un grand renom comme centre d'édition.

Lesjuristes néerlandais étaient appréciés pour leur connaissance dudroit international.Hugo Grotius posa les bases dudroit maritime moderne ; il est l'auteur du concept d'eaux internationales (Mare liberum), que les Anglais, principaux rivaux des Hollandais, combattirent violemment. Dans son livreDe jure belli ac pacis (Sur les lois de la Paix et de la Guerre), Grotius a aussi réfléchi aux principes régissant les conflits entre nations. Son collègueCornelius van Bynkershoek passe pour l'inventeur de lazone des 3 milles et a même apporté une contribution significative auDroit international public.

Les penseurs des Provinces-Unies ont également contribué à l'évolution du droit civil : l’œuvre deHugo Grotius sur le « droit romain-hollandais » intituléeInleidinge tot de Hollandsche rechts-geleerdheid, a trouvé dans le Saint-Empire un écho important, et à travers des expressions, voire des citations textuelles de son discipleArnold Vinnius, on en retrouve l'expression dans le droit espagnol et celui de plusieurs états d'Amérique latine. Outre Grotius et Vinnius, citons encore le juristeJohannes Voet, dont les écrits font encore autorité enAfrique du Sud, par suite de la colonisation néerlandaise.

Christiaan Huygens étaitmathématicien,physicien etastronome. Parmi ses contributions à l'astronomie, on compte l'explication duhalo de Saturne, la découverte du satelliteTitan et larotation propre de laplanète Mars. Dans le domaine de l'optique et de lamécanique, il fit œuvre de pionnier. Il donna une interprétation ondulatoire de la loi deréfraction (principe de Huygens-Fresnel), l'appliqua à l'étude de ladiffraction précédemment découverte parFrancesco Grimaldi, et étudia ladouble réfraction duspath d'Islande ; il dégagea les notions demoment d'inertie, de centre d'oscillation, deforce centrifuge, et donna (en même temps queChristopher Wren etJohn Wallis) la solution exacte duchoc élastique. Il élabora l'horloge à balancier, qui fit faire un grand pas à la mesure exacte du temps. Il fut le premier savant étranger à devenir membre d'honneur de laRoyal Society de Londres et devint le premier secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, fondée en 1666.Isaac Newton le qualifia de « mathématicien le plus élégant » de son siècle.

Antoni van Leeuwenhoek, 1686 (gravure d'aprèsJan Verkolje).

Dans le domaine de l'optique,Antoni van Leeuwenhoek, natif de Delft, est le savant hollandais le plus connu de son temps. Il perfectionna de façon décisive lemicroscope, en polissant lui-même leslentilles et en obtenant ungrossissement de 270 fois. Il fut le premier à étudier méthodiquement le vivant au microscope, décrivant lesspermatozoïdes. AvecJan Swammerdam (1637-1680), l'un des fondateurs de l'entomologie, il donna la première description desglobules rouges, acte de naissance de labiologie cellulaire. Il emporta dans la tombe sa connaissance profonde du polissage desverres, si bien qu'il fallut attendre leXIXe siècle pour qu'avec de meilleures lentilles on puisse renouer le fil de ces recherches.

Parmi les célèbres hydrauliciens néerlandais, il y a lieu de mentionner d'abordSimon Stevin, qui démontra l'impossibilité technique duperpetuum mobile et introduisit les nombres décimaux dans l'usage courant, et puisJan « Leeghwater » natif deDe Rijp au milieu desmarais, qui développa des méthodes pour l'assèchement des régions marécageuses et pour convertir des estrans enpolders avec des moulins qu'il avait améliorés. Il fit de régions inondées des prairies, d'où son surnom de « Leeghwater », qu'on peut traduire par « basses-eaux ». Il est le pionnier des techniques hollandaises d'assèchement et de poldérisation.

La littérature

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Article détaillé :Littérature néerlandaise aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Une place à part doit être faite à la littérature dont les grands noms appartenaient à l'élite dirigeante et dont les œuvres, quoique portées aux nues par les contemporains, présentent une originalité limitée. Par leur éducation et leur milieu, les écrivains, formés à l'école humaniste ouverte à tous les grands courants européens, considérés comme les artistes par excellence, subirent les influences de l'étranger :sonnets,alexandrins,élégies,épigrammes furent les productions préférées des cercles où ils aimaient se réunir autour deRoemer Visscher et de ses filles à Amsterdam ou dePieter Corneliszoon Hooft en son château deMuiden (Muiderkring). Leur principale originalité provenait de leur usage dunéerlandais auquel ils voulaient donner, comme un siècle plus tôt les poètes de la Pléiade l'avaient fait pour le français, ses lettres de noblesse. LaRenaissance vit naître unhumanisme nettement empreint des idées de laRéforme. Selon l'historien E.H. Kossmann, le nationalisme culturel du milieu littéraire passait, comme ailleurs en Europe, par une légitimation que seule pouvait donner l'Antiquité, d'où l'importance de la référence aux anciensBataves. Dans un tel contexte, loin de viser à la mise en évidence d'une spécificité nationale, comme le fera leXIXe siècle, leur discours est tout entier fondé sur les enseignements de la rhétorique latine et de l'histoire romaine. Ainsi lesNederlandsche histooriën (1642–54) de l'historienP. C. Hooft, qui introduisit lapoésie lyrique française et italienne aux Pays-Bas et écrivit en outre des pastorales et des pièces de théâtre, reflètent l'influence profonde des auteursclassiques, notammentTacite. Ses tragédies classiques respectaient lesunités de lieu, de temps et d'action commeAristote l'avait prescrit.

Deux écrivains, toutefois, firent preuve d'une réelle inventivité :Joost van den Vondel etGerbrand A. Bredero. Avec ses pièces de théâtre religieuses et patriotiques au lyrisme mystique, « Gijsbrecht van Aemstel » (1637) et « Lucifer » (1654),Joost van den Vondel a su se hisser au rang d'auteur classique. L'auteur de comédies et de poésies lyriquesGerbrand Andriaenszoon Bredero, dont « Le Brabançon espagnol » (De Spaanse Brabander, 1617) offre une saveur unique tant par sa langue imagée que par sa veine burlesque.

Joost van den Vondel, tableau dePhilips de Koninck (1665).

Parmi leurs contemporains, il faut citerJacob Cats, le diplomateConstantijn Huygens,Justus de Harduwijn (le plus grand poète des Pays-Bas méridionaux de l'époque), le poète d'inspiration religieuseJacob Revius, dont laStatenbijbel parut en 1637, le poète et dramaturgeWillem Godschalck van Focquenbroch (1640–1670), le poète et graveurJan Luyken (1649–1712), dont les œuvres sont toujours en partie éditées de nos jours,Karel van Mander, auteur entre autres duSchilderboeck, un livre sur la peinture, et l'auteur de comédiesThomas Asselijn (1620–1701).

Il faut aussi compterGrotius, esprit universel, au nombre des grands écrivains néerlandais de l'époque. Son traitéDe Jure Belli ac Pacis libri tres est sa principale œuvre ; il y justifie la guerre lorsqu'il n'y a plus d'autre moyen de résoudre un conflit, et pose en principe ledroit des gens. Dans un autre traité intituléMare Liberum, il définit la notion d'eaux internationales, lesquelles ne sauraient appartenir à un pays en particulier. Cette œuvre est le fondement dudroit international moderne.

Le chef-d'œuvre du philosopheSpinoza,Ethica, ordine geometrico demonstrata, dans lequel l'auteur unifie grâce au raisonnement mathématique dans un mêmesystème la tradition judéo-mystique et une pensée scientifique fondée sur la raison, parut de façon posthume en 1677.

Jusqu'à la fin duXXe siècle, leXVIIe siècle passa pour la période la moins bien répertoriée au planbibliographique, car d'une part la longueur des titres des livres rendait pénible la recension des ouvrages, et d'autre part le poids de la censure faisait que les publications paraissaient sans les informations qui, traditionnellement, servent de clef au classement (lieu d'édition et surtout année de parution). Mais ces difficultés n'existaient pas pour les publications des Pays-Bas : ce pays était le moins touché par la censure, les auteurs étaient libres de s'exprimer et les éditeurs pouvaient s'exonérer de truquer les informations bibliographiques. C'est ainsi que plusieurs auteurs non-néerlandais échappèrent à l'anonymat[23].

Imprimerie

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Un ouvrage scientifique : « Horti Medici Amstelodamensis Rariorum » de Comelin (1697).

L'imprimerie et l'édition connurent eux aussi leur âge d'or. La position dominante qu'y détenaient déjà les Pays-Bas auXVIe siècle leur fut conservée tout au long duXVIIe siècle. Avec la guerre civile, le centre de gravité de l'édition se déplaça simplement d'Anvers à Leyde et Amsterdam. Ainsi, c'est à Leyde que parurent les dernières œuvres deGalilée, de sorte qu'inévitablement plusieurs auteurs ne se bornèrent plus à y faire imprimer leurs œuvres, mais vinrent même tout simplement s'y établir afin de poursuivre leurs activités littéraires. Mais parallèlement, l'extrême exigence de qualité typographique d'unChristophe Plantin, dont les ateliers anversois passaient pour la huitièmemerveille du monde aux yeux des érudits du monde entier, ne put se maintenir. La production (de par la pénurie de matières premières due à la guerre et le volume toujours croissant de la demande) évolua plutôt dans le sens d'une baisse très nette de la qualité du papier, des encres et de la reliure ; c'est aussi l'époque où apparurent sur le marché les « livres à dos collé ».

C'est également au cours des troubles duXVIe siècle que l'imprimeur Plantin (pour se dérober à l'immixtion pesante de lacensure politique et religieuse dans ses tâches d’éditeur) déménagea d’Anvers et s’établit à Leyde. En l’espace de deux ans, il avait remis sur pied un atelier complet, dont il confia la direction (en raison de son âge déjà avancé) à son gendre Franciscus Raphelingus. Ce dernier s’avéra moins doué pour les affaires et perdit en 1620 le privilège d’imprimeur académique au profit d’Isaac Elzevir.Louis Elzevir, comme Plantin, avait en effet fui lui aussi Anvers mais, ne disposant pas du capital suffisant pour reconstruire une imprimerie, il ouvrit une librairie et cultiva ses relations avec l’université de Leyde, ce dont ses héritiers purent bénéficier. Ses filsMathijs etBonaventura devinrent libraires à leur tour,Louis le Jeune reprit la filiale de La Haye etJoost celle d’Utrecht. Quelques années plus tard, son neveuIsaac Elzevir (1596–1651), qui avait contracté un riche mariage, ouvrit une imprimerie universitaire à Leyde. Cet atelier qui connut un succès très rapide périclita auXVIIIe siècle, cependant que les autres branches de la famille à La Haye et Utrecht montèrent des imprimeries dont le nom a été conservé jusqu'à nos jours.

LesElzévirs, qui n'étaient pas des imprimeurs érudits comme pouvaient l'êtreAlde l'Ancien ouRobert Estienne, faisaient fond sur leurs nombreuses accointances avec les lettrés de leur époque. Ainsi, tous ceux qui « comptaient » dans laRépublique des Lettres faisaient imprimer leurs livres chez eux :Francis Bacon, les frèresPierre etThomas Corneille,Comenius,Descartes,Thomas Hobbes,Hugo Grotius,John Milton,François de La Rochefoucauld, pour ne citer que quelques noms, sans oublierMolière, dont les Elzévir publièrent 24 pièces de théâtre et deux éditions des œuvres complètes.

Le domaine de lacartographie était dominé par d'autres noms. Lescartes de Mercator, publiées parJodocus Hondius, inaugurèrent l'apogée de la cartographie néerlandaise, dont Amsterdam devint la capitale, et où l'éminent géographeWillem Janszoon Blaeu s'était établi.

La peinture

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Article détaillé :Âge d'or de la peinture néerlandaise.

La peinture atteignit auXVIIe siècle une telle perfection aux Pays-Bas qu'on la confond pratiquement avec le Siècle d'or.

La production artistique était déjà considérable auXVIe siècle. Dans la seule ville d'Anvers on comptait en 1560 plus de 300 maîtres de la peinture et desarts graphiques, alors qu'il n'y avait que 169boulangers et 78bouchers[24]. Dans ce pays densément peuplé, plusieurs centres de production artistique étaient apparus en peu de temps et sur une faible étendue – outreAmsterdam citons entre autresHaarlem,Delft,Utrecht,Leyde,La Haye etDeventer. Bientôt la vente de peinture et de gravures entrèrent en compétition, faisant des Pays-Bas un gigantesque atelier graphique. Chaque année, 70 000 nouveaux tableaux arrivaient sur le marché, 650 à 700 peintres néerlandais, plus ou moins célèbres, ainsi que leurs élèves, peignant en moyenne et quasimenten série 94 toiles par an. Certains historiens, commeMichael North, estiment que plusieurs millions de tableaux ont ainsi été peints, dont il ne subsisterait aujourd'hui qu'à peu près 10 %. Ce qui est établi, c'est que statistiquement il y avait aux Pays-Bas en moyenne cinq tableaux pour deux habitants[25]. Selon North,« En 1643, un teinturier de Leyde possédait 64 tableaux, et dans les années 1670, deux autres teinturiers se targuaient de posséder, l'un 96 tableaux, l'autre 103 »[11].

Les thèmes picturaux religieux traditionnels étaient délaissés depuis laRéforme en tant que « catholiques » (cf.Iconoclasme) ; les bourgeois protestants voulaient immortaliser leur piété, leur mode de vie, les thèmes qui leur étaient chers et leurs propres difficultés (c'est-à-dire avant tout se représenter eux-mêmes dans leur cadre professionnel et intime, si possible en tant que figures exemplaires). Cette demande suscita unsyncrétisme particulier et fit émerger de nouveaux thèmes picturaux. Il s'agit d'abord de portraits, individuels ou de groupe, où sont représentés la famille, les parents, les membres d'associations, les assemblées délibératives ; ou bien des festivités et des cérémonies ; lesnatures mortes fournissent des aperçus de la vie quotidienne de la bourgeoisie dans des intérieurs de parvenus, où l'on célèbre les plaisirs des sens, derrière la façade étroite et d'un classicisme sévère des maisons.

  • Nature morte de Willem Claeszoon Heda.
    Nature morte de Willem Claeszoon Heda.
  • Paysage de Jan van Goyen.
    Paysage de Jan van Goyen.
  • Satire paysanne de Jan Steen.
    Satire paysanne de Jan Steen.
  • Tableau de genre de Gerard ter Borch.
    Tableau de genre de Gerard ter Borch.
  • Tableau de genre de Peter de Hooch.
    Tableau de genre de Peter de Hooch.
  • Peinture d'architecture d'Emanuel de Witt.
    Peinture d'architecture d'Emanuel de Witt.
  • Portrait de Thomas de Keyser.
    Portrait de Thomas de Keyser.
  • Portrait de Frans Hals.
    Portrait de Frans Hals.

Laspécialisation des peintres fut bientôt portée à un degré inédit.Willem Claeszoon Heda etWillem Kalf ne peignaient que des natures mortes. Ils avaient réduit leursOntbijtjes, natures mortes « de petit déjeuner », à un nombre fixe d'objets, dont ils variaient à l'infini la composition par des modifications de détail.Jan van Goyen,Jacob van Ruisdael etMeindert Hobbema pratiquaient la peinture de paysage ;Jan Steen,Adriaen van Ostade etAdriaen Brouwer la satire villageoise,Gerard Terborch etPieter de Hooch lacomédie de mœurs (une variante de la « scène de genre», dont les fêtes paysannes forment la trame),Pieter Jansz Saenredam etEmanuel de Witte la peinture de monuments,Thomas de Keyser etFrans Hals le portrait.

Willem van de Velde s'était spécialisé dans lesmarines,Paulus Potter peignit d'abord des animaux, avant de se limiter aux seuls veaux...Philips Wouwerman ne peignait, quant à lui, que des chevaux, le plus souvent despommelés,Melchior d'Hondecoeter se limitait presque exclusivement aux oiseaux,Jan van Huysum aux fleurs etAbraham van Beijeren aux fruits de mer (huîtres, homards et coquillages), tandis quePieter Claesz est l'auteur du célèbre « nautile d'argent ».

  • Fruits de Willem Kalf.
    Fruits de Willem Kalf.
  • Le Coup de canon, une marine de Willem van de Velde.
    Le Coup de canon, unemarine de Willem van de Velde.
  • Le Taureau de Paulus Potter.
    Le Taureau de Paulus Potter.
  • Le Pommelé de Philips Wouwerman.
    Le Pommelé de Philips Wouwerman.
  • La Volaille de Melchior d'Hondecoeter.
    La Volaille de Melchior d'Hondecoeter.
  • Nature morte avec fleurs et fruits de Jan van Huysum.
    Nature morte avec fleurs et fruits de Jan van Huysum.
  • Fruits de mer d'Abraham van Beijeren.
    Fruits de mer d'Abraham van Beijeren.
  • Le Nautile d'argent de Pieter Claesz.
    Le Nautile d'argent de Pieter Claesz.

Le prix des tableaux, qu'on vendait le plus souvent à la criée dans la rue ou lors des foires annuelles, était généralement très bas, et avec la demande croissante, qui provoqua une explosion de la production artistique, la condition de peintre s'améliorait régulièrement. Mais l'émergence d'une pléthore d'artistes au sein d'une véritable industrie picturale entraîna la naissance d'unprolétariat artistique. Si quelques peintres appréciés pouvaient subvenir à leurs besoins par des activités annexes, les moins connus ne pouvaient vivre que de la peinture. Jan Steen tenait une auberge,Jacob van Ruisdael était médecin,Jan van Goyen faisait le commerce de tulipes,Meindert Hobbema était percepteur, la famillevan de Velde tenait une lingerie. Plusieurs artistes exerçaient aussi en tant quedécorateurs ouscénographes lorsque les commandes de tableaux faisaient défaut. Quoi qu'il en soit, ces deux groupes de producteurs, décorateurs ou peintres de toiles, appartinrent longtemps à la mêmeguilde.

Des individualités commeRembrandt ouVermeer ne sont en aucun cas représentatifs de leur époque, et leur génie fut à peine reconnu de leur vivant. À la différence de leurs contemporains hyperspécialisés, ils s'approprièrent différentsgenres et ont ainsi laissé une œuvre variée.

  • Chefs d'œuvre de Rembrandt
  • La Ronde de Nuit.
    La Ronde de Nuit.
  • Autoportrait.
    Autoportrait.
  • L'Âne de Balaam.
    L'Âne de Balaam.
  • La Leçon d'anatomie.
    La Leçon d'anatomie.
  • Le Changeur'
    Le Changeur'
  • Diana.
    Diana.
  • Autoportrait au regard étonné.
    Autoportrait au regard étonné.
  • Christ guérit les malades.
    Christ guérit les malades.

D'autres au contraire pouvaient faire fortune, commeGérard Dou etGerrit van Honthorst : c'étaient les peintres qui travaillaient pour la cour dustathouder ou qui (commeRubens) s'établissaient comme peintres de cour dans les pays encore féodaux et catholiques, comme lesFlandres, l'Italie, laFrance ou l'Espagne.

Avec l'intérêt croissant porté à la peinture et le début de lacommercialisation de l'art, une relation nouvelle entre peintre et commanditaires se développa : le métier demarchand d'art ou de propriétaire de galerie faisait son apparition[10]. Les tableaux qui se vendaient étaient des compositions aux thèmes le plus souvent profanes : du fait des progrès du protestantisme, la demande en tableaux d'église et en compositions religieuses ne put se maintenir. Les miniatures et les tableaux portatifs n'étant jamais fabriqués sur commande, mais se trouvant plutôt au hasard des marchés, il se développa aussi, parallèlement au marché des toiles nobles, un marché de collectionneurs très actif et en expansion continue.

L'estampe

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L'estampe, principal canal de diffusion d'informations visuelles, contribue plus que tout autre art à propager l'imaginaire collectif de la période. Les gravures néerlandaises sont vendues par divers circuits de commercialisation (colporteurs, éditeurs, boutiques spécialisées…) à travers toute l'Europe. Quel que soit leur genre et la technique utilisée, ces gravures affirment les richesses de la nation néerlandaise et revendiquent une identité culturelle préservée de toute domination étrangère[22]. Le siècle d'or néerlandais voit le nombre d'amateurs d'estampes s'accroître de façon spectaculaire, s'étendant au-delà de l'élite intellectuelle à des pans plus larges de la population[26].

Les portraits gravés diffusent les portraits d'une nouvelle classe dirigeante ; la représentation des activités quotidiennes, à la campagne ou à la ville, sont représentées à travers un miroir déformant qui les embellit. Les gravures néerlandaise duXVIIe siècle révèlent le pouvoir performatif des œuvres d'art, jouant un rôle moteur dans la constitution d'un nouvel imaginaire collectif, offrant les images d'une réalité imparfaite à un idéal politique, économique et sociétal[26].

La plupart des gravures de l'époque sont bichromiques, déclinant les infinies nuances des noirs plus ou moins sombres de l'encre et des blancs plus ou moins clairs du papier. Les styles sont divers, tout comme la manière dont les artistes travaillent leurs plaques. La technique de l'eau-forte connait un essor considérable, permettant aux peintres et dessinateurs de pratiquer directement l'estampe[27].

Les graveurs de reproduction restituent la gamme chromatique ou le modelé des peintures transposées en estampes, les peintres travaillant parfois avec eux. L'estampe d'interprétation permet aux peintres d'assurer la promotion de leurs œuvres, leur fournit des revenus supplémentaires et diffuse leur style. AinsiHendrik Goudt consacre la totalité de son œuvre gravée àAdam Elsheimer afin de faire connaitre les peintures nocturnes les plus marquantes de l'artiste, marquant profondément Rembrandt dans la noirceur de ses encrages[28].

L'architecture

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La halle aux bouchers, sur la place du marché de Haarlem, à droite de la grande église.

« Belle ville qu'Amsterdam. Même un réfugié trouve à s'y émerveiller de la noble simplicité architecturale des vieilles maisons patriciennes, et ressent le charme désuet des canaux. »

— Thomas Mann, (1935)

Dans le domaine de l'architecture et de la construction, les Pays-Bas jouissaient également d'une longuetradition. Si leXVIe siècle était encore largement marqué par laRenaissance italienne, qui vers la fin du siècle évoluait dumaniérisme auhaut-baroque (cette réaction s'exprimant surtout à travers les travaux de l'architecte urbainLieven de Key, avec l'hôtel de ville et lahalle aux bouchers deHaarlem), il se développa dès le début duXVIIe siècle un style inspiré dePalladio, qui évolua rapidement vers un strictclassicisme hollandais lequel, avec une tendance puritaine à épurer leZeitgeist, s'opposait nettement auféodalisme baroque.

Le palais royal d'Amsterdam, ancien hôtel de ville, vers 1900.

L'Hôtel de ville d'Amsterdam (lestadhuis), construit entre 1642 et 1648, et qui abrite aujourd'hui lepalais royal, constitue le chef-d'œuvre deJacob van Campen, pionnier du classicisme du nord des Pays-Bas. Il reflétait la position dominante de la ville d'Amsterdam dans l'influente province deHollande auxÉtats généraux et constitue aussi le plus grand édifice de ce genre à cette époque – c'est d'ailleurs une véritable prouesse d'ingénieur, puisqu'il avait fallu foncer au préalable quelque 13 569pieux[29] dans le sol marécageux pour en poser les assises.

Grâce à une économie florissante, les villes s'étendirent très rapidement. La ceinture decanaux d'Amsterdam tracée à travers l'estuaire marécageux de l'Amstel, avec ses maisons surplombant l'eau reflète l'épanouissement économique et culturel de la cité. C'est là particulièrement, mais aussi dans quelques autres villes, qu'œuvra l'architecteHendrick de Keyser, qui, outre de nombreuses églises d'Amsterdam, des édifices publics et des hôtels bourgeois, dirigea la construction de l'hôtel de ville deDelft.

LaMauritshuis à La Haye.

La ville deLa Haye ne le cédait en rien : elle se développait déjà comme un centre gouvernemental, où Van Campen etPieter Post dressaient en 1640 le palais deMaurice d'Orange-Nassau, laMauritshuis (par ailleurs le premier édifice classique des Pays-Bas, dans son tracé en plan comme dans la conception des ordres de ses façades) et oùBartholomeus van Bassen édifiait églises, ponts, hôtels gouvernementaux etHofjes, où résidait une partie des pauvres de la ville. Dans le delta du Rhin,Utrecht, tout commeLeyde,Haarlem ouGouda, connut un « boom » immobilier avec ses maisons bourgeoises àpignons, ses multiples églises et ses monastères. MêmeDelft, où des architectes telsHendrik Swaef ouPaulus Moreelse étaient actifs, s'épanouit en un grand centre de commerce, avec ses filatures, ses brasseries et ses manufactures de porcelaines. Là, plutôt que de nouveaux édifices publics de facture classique, on préféra adapter le bâti existant : laVleeshal (Halle aux bouchers), due à Swaef et datant de 1650, offre le meilleur exemple contemporain.

Fait significatif, nombre de ces architectes étaient au départ des peintres ou des sculpteurs ; aussi s'occupèrent-ils également de l'aménagement des espaces intérieurs et même de la conception du mobilier. L'ordonnance des édifices publics et privés reflète d'ailleurs les influences allemandes, françaises et mêmebaroques.

La sculpture

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La statue d'Érasme de Rotterdam parHendrick de Keyser (1618).

La sculpture néerlandaise ne put bénéficier des conquêtes duXVIIe siècle autant que les autres beaux-arts.

À partir de l'an 800, les sculptures constituaient principalement une décoration architectonique pour les façades et les stèles funéraires, puis vinrent auXIe siècle les thèmes religieux et les représentations des saints. Comme les formes droites et épurées duclassicisme contrastaient avec la frivolité et l'expressivité durococo et dubaroque et leur jeu trop luxuriant d'éléments décoratifs, les statues reflètent l'attitude retenue et figée imprimée par l'Église protestante aux arts graphiques. La disparition d'une aristocratie nationale explique également la faible demande.

C'est pourquoi les commandes de sculptures étaient réservées à l'habillage d'édifices publics, religieux ou privés, ainsi qu'à l'exportation. L'art profane représentait aussi une bonne part de la demande : par exemple, pour les stèles funéraires et les bustes.

Les principaux sculpteurs hollandais duXVIIe siècle sont les architectes déjà nommés :Hendrick de Keyser, qui réalisa en 1618 la première statue non-religieuse des Pays-Bas, celle d'Érasme à Rotterdam, puisArtus Quellinus I,Artus Quellinus II etRombout Verhulst, tous originaires desPays-Bas méridionaux. Il faut également citerBartholomeus Eggers, qui, s'il a reçu une commande pour leMauritshuis, travailla principalement pour l'électeur de Brandebourg, de même queJohannes Blommendael.

La musique

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La période faste de la musique dans les Pays-Bas est étroitement liée à l'École franco-flamande et prend fin avec leXVIe siècle. Sous l'influence austère de l'Église calviniste, les formes nouvelles de la musique (l'opéra, lapassion (musique), lacantate) ne purent s'y développer ; la musique se limita dès lors aux demandes de la société bourgeoise. C'est ainsi que l'influence étrangère, au premier chef par des compositeurs commeJean-Baptiste Lully etJohann Sebastian Bach, détermina l'évolution de la musique, qui aux Pays-Bas ne développa rien d'original.

Les compositions pourorgue eurent une place importante. Jouer de la musique en famille constituant une occupation fort prisée auXVIIe siècle, les concerts privés étaient appréciés, et des associations musicales appeléesCollegia musica se créèrent. Parmi les instruments utilisés, on trouvait leluth, leclavecin, laviole de gambe et laflûte à bec. On publia plusieurs recueils de chant, même si au milieu duXVIIe siècle la musique instrumentale prédominait clairement.

Lorsque l'opéra d'Amsterdam ouvrit ses portes en 1638, on y représenta des drames lyriques, desballets et desopéras, la plupart français ou italiens. Seuls l'amateurConstantijn Huygens, l'organiste et compositeur depsaumes etchantssacrésJan Pieterszoon Sweelinck, le poète patrioteAdriaen Valerius, auteur des chants desGueux de la mer, et lesonneur aveugleJacob van Eyck ont laissé une œuvre aux accents typiques, quoique largement tombée dans l'oubli.

Poète, chansonnier et dramaturge néerlandais,Gerbrand Adriaenszoon Bredero (1585-1618) fut un autre artiste majeur du siècle d'Or, imprégné de l'esprit de la fin de laRenaissance et spécialiste de la chanson burlesque en langage populaire.

Décadence

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Louis XIV entreprend l'invasion des Pays-Bas le 11 juin 1672 : lePassage du Rhin,tableau d'époque d'Adam Frans van der Meulen.
Les cadavres mutilés des frères de Witt, pendus auGevangenenpoort à La Haye, tableau deJan de Baen (1672).

Aux Pays-Bas, l'année 1672 reste comme lerampjaar, l'année désastreuse.

Article détaillé :Rampjaar.

Retour du régime des stathouders

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Elle s’ouvre d'abord sur des troubles politiques intérieurs. Deux personnalités politiques de premier plan, les frèresJohan etCornelis de Witt, qui ont, par diverses réformes, débarrassé la république de l'autorité envahissante desstathouders, sont sauvagement lynchés à La Haye. Johan de Witt s'était opposé à la nomination deGuillaume III comme stathouder général, ce qui, dans le contexte de rivalité économique et coloniale aiguë entre les Provinces-Unies et l'Angleterre, avait conduit à laDeuxième guerre anglo-néerlandaise. Sur ordre des frères de Witt, la flotte des Provinces-Unies infligea de lourdes pertes aux Anglais, poussantCharles II d'Angleterre à accepter en 1667 laPaix de Breda. À peine un an plus tard, les anciens ennemis se liguaient avec la Suède en uneTriple-alliance contre la France, qui avait fait irruption dans lesPays-Bas espagnols, déclenchant ainsi laGuerre de Dévolution. Lorsqu'en 1672 éclata laTroisième guerre anglo-néerlandaise,Louis XIV se ligua à son tour avec la principauté deCologne et laprincipauté épiscopale de Münster pour déclarer la guerre aux Provinces-Unies, déclenchant laGuerre de Hollande. De Witt fut renversé et lynché avec son frère à La Haye par une foule poussée par lesOrangistes ; dans un contexte d'invasion française, Guillaume III d'Orange fut appelé par acclamation publique au poste de stathouder. Les menées anglaises se soldèrent par des demi-succès et la paix fut conclue en 1674 ; la guerre contre la France, en revanche, ne se termina qu'en 1678 avec lapaix de Nimègue.

Prééminence économique de l’Angleterre

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À l’issue de laGlorieuse Révolution de 1688, le roi catholique d’AngleterreJacques II dut s’enfuir en France. C’est sa fille,Marie et son épouxGuillaume III, qui lui succédèrent comme co-souverains d'Angleterre ; ainsi Guillaume III, qui à la chute des frères de Witt en 1672, détenait déjà les pouvoirs destathouder, degénéral en chef et d’amiral desProvinces-Unies, régnait aussi sur l’Angleterre : Hollande et Angleterre se trouvaient ainsi groupées dans uneunion personnelle de circonstance, entraînant de force la république dans une coalition anti-française pendant tout le règne de Guillaume III.

Sous le règne de Marie et de Guillaume III, leParlement britannique fit aboutir ses revendications et obtint des pouvoirs élargis : ainsi par exemple, il fit appliquer laDéclaration des droits, qui rendait les ministres responsables devant lesparlementaires. Les dirigeants politiques commencèrent à subordonner la politique étrangère aux intérêts économiques du pays. LaBanque d'Angleterre fut fondée en 1694 ; le Parlement garantissait la couverture desemprunts d'État et suscitait ainsi la confiance des investisseurs : les intérêts de l’État et ceux de la Haute finance commençaient à converger. La montée en puissance de l’Angleterre devait, corrélativement, sonner le glas du « Siècle d'or des Provinces-Unies », même si la situation ne peut se réduire à uncycle « à laSpengler » croissance-prospérité-déclin. LeXVIIIe siècle est plutôt pour les Pays-Bas une période de stagnation que de décadence.

Les affaires de laCompagnie néerlandaise des Indes orientales se dégradèrent pour la première fois au début des années 1680. Le prix dupoivre s’effondra sur les marchés européens, et simultanément la demande detoile indienne, decafé demoka et dethé deChine explosa. Or la Compagnie ne disposait à ce moment que de réserves demétaux précieux très insuffisantes pour acheter les produits asiatiques, ce qui se traduisit par un important endettement ; de surcroît, elle devait affronter laconcurrence anglaise sur des produits dont elle n’avait pas lemonopole. Le coût croissant du commerce outre-mer se traduisit pour la compagnie, et par extension pour toutes les provinces, par une charge croissante.

Isolationnisme

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L'année 1702 fut marquée d'autres événements : le déclenchement de laguerre de Succession d'Espagne et la chute de cheval mortelle du stathouder Guillaume III âgé de seulement 52 ans. Comme il ne laissait aucun hériter mâle et qu'on ne lui trouvait aucun successeur crédible, la charge de stathouder fut reléguée au second plan, ce qui se traduisit par un retour au gouvernement oligarchique et décentralisé des pensionnaires et desrégents. Il fallut attendre 1747 pour queGuillaume IV reprenne le titre destathouder général. Après lapaix d'Utrecht, les régents firent adopter le principe selon lequel la république devrait désormais s'abstenir d'interférer dans les affaires internationales. Cette orientation politique extérieure n'était du reste que la sanction d'un état de fait, car après les guerres passées la dette nationale ne permit plus de politique sur un pied d'égalité avec les puissances du premier rang.

Naturellement, la situation financière joua aussi son rôle dans l'enchaînement des faits. La situation économique délabrée du pays trouvait son origine dans les placements des riches citoyens, qui s'étaient faits préférentiellement dans les pays voisins plutôt qu'aux Provinces-Unies. Deux autres fléaux frappaient aussi la république : lestarets importés de l'espace Caraïbe causaient aux bateaux et à leurs coques de bois et de goudron des dommages irréparables et coûteux, et il fallait régulièrement mettre à sec les vaisseaux dans des formes de radoub pour les réparer ; en outre, lapeste bovine n'affecta pas seulement les éleveurs, mais frappa les exportations de fromage et de beurre.

L'Ère des Lumières inspira aux Pays-Bas le mouvement desPatriotten, militant pour une modernisation et une démocratisation de la république exsangue. Les revendications sociales s'intensifiaient simultanément, car les régents étaient de plus en plus coupés des aspirations populaires. Les émeutes, la dénonciation des abus et du pouvoir sans limite des régents rythmaient désormais la vie du pays. Ce mouvement entraîna laRévolution batave à partir des années 1780 puis la proclamation de laRépublique batave en 1795.

Notes et références

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  1. Arnold Houbraken,De groote schouburgh der nederlantsche konstschilders en schilderessen, Amsterdam, 1718-1723 1976, t. II, p. 243
  2. a etb(de)JohanHuizinga (trad. Werner Kaegi),Holländische Kultur im 17. Jahrhundert [« Nederland's beschaving in de zeventiende eeuw »], Verlag C.H. Beck, (réimpr. 2007), 207 p.(ISBN 978-3-406-54756-0,lire en ligne),p. 148-149.
  3. « Un Siècle d'or ? Repenser la peinture hollandaise du Siècle d'or »
  4. (de)Niederlandenet
  5. abc etdMalowist Marian. Les produits des pays de la Baltique dans le commerce international au XVIe siècle. In: Revue du Nord, tome 42, n°166, Avril-juin 1960. pp. 175-206.Lire en ligne
  6. Prosper Boissonnade. Colbert et la Compagnie du commerce du Nord. M. Rivière, 1930.Lire en ligne
  7. Michael North cite J. Riley:The Dutch Economy after 1650: Decline or Growth? in: The Journal of European Exonomic History 13 (1984), pp. 521-69, selon lequel la population néerlandaise, qui en 1550 comptait exactement 1,4 million d'habitants, avait bondi en 1650 à 1,95 million.
  8. Cf. Wikisource(en)Observations upon the United Provinces of the Netherlands
  9. Voici le texte original :« I conceive the true original and ground of Trade, to be, great multitude of people crowded into small compass of Land, whereby all things necessary to life become dear, and all Men, who have possessions, are induced to Parsimony; but those who have none, are forced to industry and labour, or else to want. Bodies that are vigorous, fall to labour; Such as are not, supply that defect by some sort of Inventions or Ingenuity. These Customs arise first from Necessity, but encrease by Imitation, and grow in time to be habitual in a Country; And wherever they are so, if it lies upon the Sea, they naturally break out into Trade, both because, whatever they want of their own, that is necessary to so many Mens Lives, must be supply’d from abroad; and because, by the multitude of people, and smalness of Country, Land grows so dear, that the Improvement of Money, that way, is inconsiderable, and so turns to Sea, where the greatness of the Profit makes amends for the Venture. »
  10. ab etcMichael North,Das Goldene Zeitalter.
  11. a etbMichael North:Geschichte der Niederlande.
  12. « On qualifie souvent la république néerlandaise (1579–1795) de berceau de la démocratie moderne.… il y a quelques raisons de penser que la déclaration d'indépendance des Pays-Bas, l'Acte de La Haye (1581), ait servi de modèle à la déclaration d'indépendance des États-Unis, rédigée par Jefferson 1776 (cf. Lucas, 1994). La république s'était constituée en fédération : les villes et les provinces disposaient de prérogatives plus étendues que l'autorité fédérale (« La loi de la cité passe la loi du pays »). Lestathouder était un fonctionnaire aux pouvoirs limités. Lorsque lesEstates-General… voulaient voter d'une loi, les députés devaient solliciter l'assentiment des Provinces. » (« Europa Magazin », surwww.europa-magazin.ch,)
  13. U. Pfister:Die Niederlande im 17. Jahrhundert, online abrufbar unter[1] (PDF-Datei)
  14. Cf.Armand Jeandu Plessis de Richelieu,Testament politique, Paris, Libr. Honoré Champion, pour la Sté de l'histoire de France,, 388 p.(ISBN 978-2-85203-438-9 et2-85203-438-7), partie 2,chap. 9,p. 333
  15. FrédéricDurand, « Trois siècles dans l'île du teck. Les politiques forestières aux Indes néerlandaises (1602-1942) »,Publications de la Société française d'histoire des outre-mers,vol. 13,no 1,‎,p. 251–305(lire en ligne, consulté le)
  16. Cf. C. Secrétan,Les Moyens de la puissance,p. 22 inAmsterdam auXVIIe siècle.
  17. synagogue portugaise d'Amsterdam
  18. ce qui correspondait tout de même à un an de salaire d'un marin néerlandais
  19. Fritz Mauthner, « Spinoza »,« Spinoza – Lebensbeschreibungen und Dokumente », M. Walther.
  20. Jonathan I. Israel : Les Lumières Radicalesp. 137. éditions Amsterdam 2005.(ISBN 2-915547-12-2).
  21. Helmut Kaechele, « Das goldene Zeitalter der Niederlande und sein Reflex in der peinture ».
  22. a etbRoelly 2023,p. 10.
  23. Hans Zotter, « Bibliographie der Frühdrucke », suruniversité de Graz.
  24. Ekkehard Mai:Gillis Mostaert (1528–1598). Ein Antwerpener Maler zur Zeit der Bruegel-Dynastie. Édition Minerva 2005.(ISBN 3932353935).
  25. Helmut Kaechele:Das goldene Zeitalter der Niederlande und sein Reflex in der peinture.
  26. a etbRoelly 2023,p. 10-11.
  27. Roelly 2023,p. 12.
  28. Roelly 2023,p. 14.
  29. Cf. 't Stadthuis t’Amsterdam:

Annexes

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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