Il est membre de laChambre des représentants depuis, où il représente sa préfecture natale. Entre et, il participe à divers partis opposés au PLD, puis il réintègre le parti dominant de la vie politique japonaise.
Il tente sans succès de se faire élire président du Parti libéral-démocrate en, puis le vainqueur du scrutin,Shinzō Abe, le désigne après son élection au poste de secrétaire général. Il l'abandonne au bout de deux ans, pour réintégrer le gouvernement, dirigé par Shinzō Abe, en qualité de ministre d'État délégué aux Zones spéciales de stratégie nationale. Il n'est cependant pas reconduit dans le cabinet mis en place après lesélections de 2017. Il se présente l'année suivante à la présidence du PLD, mais se voit défait par Shinzō Abe. Il en va de même en, où il finit troisième derrière le vainqueurYoshihide Suga etFumio Kishida.
En, il brigue une nouvelle fois la présidence du PLD et parvient à remporter l'élection face à huit concurrents. Il est ensuite élu Premier ministre par laDiète.
Il est élureprésentant de lapréfecture de Tottori en, obtenant alors la quatrième place parmi les quatre sièges à pourvoir auvote unique non transférable. En1993, il fait partie des nombreux élus duPLD qui quittent ce parti pour protester contre la manière dont il est dirigé et pour appeler à des réformes structurelles et électorales. Shigeru Ishiba donne ainsi sa démission du mouvement en, avec trois autres députés (Takeo Nishioka,Takashi Sasagawa etMasamitsu Ōishi). Ils s'associent en avec un autre dissident plus ancien (depuis, siégeant depuis comme un conservateur indépendant),Kunio Hatoyama, leComité de la réforme(改革の会,Kaikaku no kai?). Cette petite formation s'insère alors dans la coalition anti-PLD, anti-communiste, qui gouverne leJapon depuis et jusqu'en.
Membre au sein du PLD de la factionHashimoto devenue depuis la faction Tsushima[3] puisNukaga, celle-ci défend notamment des positions pluskeynésienne en matière d'économie, notamment en défendant le maintien des dépenses sociales de l'État et le financement de grands travaux publics, des relations plus proches avec larépublique populaire de Chine ou laCorée du Sud ou encore une gestion plus traditionnelle du parti, basée sur les factions, une certaine bureaucratie et un électorat plutôt rural. Néanmoins, une fracture entre les tenants de cette ligne traditionnelle (Keizō Obuchi puisRyūtarō Hashimoto etFukushirō Nukaga) s'oppose depuis le début desannées 1990 à une aile réformatrice, qui a d'ailleurs fortement contribué aux dissidences des années1993 et1994 (Tsutomu Hata etIchirō Ozawa au début desannées 1990, puisKunio Hatoyama ainsi que Shigeru Ishiba). De ce fait, bien que cette faction, qui est l'une des principales tendances au sein duJimintō, ait généralement été présentée comme opposée à la faction Machimura un temps menée parJun'ichirō Koizumi avant que celui-ci ne se retire du jeu des factions, plusieurs de ses membres, dont Ishiba, ont soutenuKoizumi.
Shigeru Ishiba est considéré comme la personnalité montante de cette faction, comme le représentant de son aile réformatrice mais aussi d'une nouvellegénération politique opposée notamment à la vieille garde incarnée parFukushirō Nukaga ouKunio Hatoyama. Il abandonne toute appartenance à une faction en2011.
Shigeru Ishiba et le secrétaire américain à la DéfenseDonald Rumsfeld, le.
Il fut ainsi ministre d'État et directeur de l'Agence de défense du Japon à la fin du87e cabinet du Japon (le premier mené par Koizumi) et dans le88e, du au. À ce poste, il soutient fortement la participation japonaise à la coalition militaire menée par lesÉtats-Unis enIrak. Il a alors été à l'origine de la loi de mesures spéciales pour aider la reconstruction de l’Irak dejuillet2003 et à sa mise en application par le déploiement à partir du desForces japonaises d'autodéfense, uniquement dans un but humanitaire et de reconstruction[4].
Shigeru Ishiba et le secrétaire américain à la DéfenseRobert Gates, le.
Ayant soutenu tout d'abordTarō Asō contreShinzō Abe lors de l'élection du président du PLD en2006, il soutient l'année suivante, comme une grande majorité de la faction Tsushima,Yasuo Fukuda contre Asō. Il devient donc à partir du ministre de la Défense dans le91e Cabinet mené par Fukuda.
Le, deux jours après queNobutaka Machimura, chef dusecrétariat du cabinet et donc n°2 et porte-parole du gouvernement, se soit dit « absolument persuadé » de l'existence desOvni, Shigeru Ishiba fait à son tour une déclaration en ce sens : « Il n'y a rien qui nous permet de nier l'existence d'objets volants non identifiés et d'une forme de vie qui les contrôle », appelant alors à la nécessité de définir à un « cadre légal » et donc d'un plan d'intervention desForces d'autodéfense en cas d'une hypothétique invasion extraterrestre[5]. La « loi fondamentale sur l'espace » du s'est ainsi surtout fait remarquer pour avoir permis que l'espace soit désormais considéré comme un « moyen de garantir la paix et la sécurité internationales, d'assurer la sécurité du pays » et de permettre la défense de l'humanité[6].
Campagne à la présidence du PLD puis ministre de l'Agriculture
Il intègre toutefois, le, lenouveau gouvernement formé parTarō Asō, en tant que ministre de l'Agriculture, des Forêts et de la Pêche. Il s'y attache à promouvoir la consommation deriz, en constante baisse depuis lesannées 1960 alors que cette céréale constitue tout à la fois un élément central de la culture nippone et la principale production de l'agriculture japonaise. Le plan proposé, d'un montant de 200 millions deyens (soit près de 1,7 million d'euros) déjà investis en2008, vise à faire passer la quantité annuelle moyenne de riz mangées par lesJaponais de 61 à 63 kilos par le biais de campagnes de publicité sur l'importance de l'aliment au petit-déjeuner, de cours dispensés afin d'apprendre aux Japonais comment faire des nouilles à base de riz et de l'augmentation des rations de la céréale dans les plats servis dans les cantines scolaires[9]. D'autres mesures sont envisagées afin d'accroître l'autosuffisance alimentaire d'un pays consommant de plus en plus des aliments « occidentaux » et donc issus de l'importation, le ministre projetant de faire monter à 50 %, sur une période de dix ans, le taux d'autosuffisance contre officiellement 40 % en2008 (soit le taux le plus bas des pays industrialisés). Il s'agit notamment de faire passer la production annuelle de farine de riz de 10 000 à 500 000 tonnes, celle du blé de 910 000 à 1,8 million de tonnes et celle du soya de 230 000 à 500 000 tonnes, d'inciter les agriculteurs à produire 260 000 tonnes de riz destinées aux animaux d’élevage, et de développer le secteur laitier, tout cela en utilisant des terres jusqu'alors en friches[10].
Pour ce qui est de la pêche, il défend avec fermeté la possibilité pour leJapon de continuer sachasse à la baleine à des « fins scientifiques », refusant la proposition du président de laCommission baleinière internationale (CBI) — qui était que les prises du Japon dans l'Antarctique soient substantiellement diminuées, voire réduites à zéro, en échange de quoi les pêcheurs japonais de quatre villes côtières obtiendraient le droit de chasser labaleine de Minke près de l'archipel — en déclarant : « Le Japon ne pourra accepter de proposition qui lui interdirait de continuer à pêcher la baleine dans l'intérêt de la recherche »[11].
Un des rares députés duPLD à conserver sa circonscription lors desélections législatives du, il est choisi le29 septembre suivant par le nouveau président du parti,Sadakazu Tanigaki, pour prendre la présidence de son Conseil de recherche politique. Cet organe, qui en fait le quatrième dans la hiérarchie du mouvement, est chargé de définir le programme futur de ce qui est devenu la nouvelle première force d'opposition au parlement. Il apparaît bientôt comme l'un des trois membres de ce que Tanigaki appelle la « prochaine génération » des dirigeants du parti, avec deux autres quinquagénaires ayant aussi accédé à la notoriété en tant que ministres de Koizumi et candidats à la présidence du PLD en septembre2008,Nobuteru Ishihara etYuriko Koike[12]. En plus de sa fonction de président du Conseil de recherche politique, il devient avec ces deux derniers vice-président duNext Japan, lecabinet fantôme formé par Tanigaki du6 avril au. Après le remplacement de ce dernier par unShadow Cabinet le, il y est nommé par Tanigakisecrétaire général fantôme du Cabinet, chargé de contrerYoshito Sengoku.
En,Sadakazu Tanigaki opère un remaniement de la direction duPLD lors duquel Shigeru Ishiba n'est pas reconduit à son poste, étant remplacé parToshimitsu Motegi (qui lui succède également au sein duShadow Cabinet). Par la suite, Ishiba apparaît comme un candidat sérieux à la présidence du parti, le mandat deTanigaki devant êtreremis en jeu le. Aidé par une certaine popularité auprès de la base militante, il présente sa candidature le. Ishiba arrive en tête lors du premier tour grâce au vote des fédérations, mais au deuxième tour, où ne participent que les seuls parlementaires,Shinzō Abe l'emporte[13]. Ce dernier nomme toutefois Shigeru Ishiba au poste de secrétaire général et numéro deux du parti.
Ouvertement critique à l'égard du bilan deShinzo Abe, il est candidat à la présidence du PLD en. Bien que populaire auprès de la base du parti, il est mal perçu d'une grande partie des cadres en raison de son indiscipline et n'obtient que 68 voix sur 535 lors du vote[14],[15].
Bien qu'arrivé à nouveau en tête, le PLD subit un très fort recul et perd lamajorité absolue des sièges, une défaite largement attribuée auscandale financier des caisse noires. Ce dernier s'est en effet cumulé à la chute durable de la popularité du parti, déjà entamée par laforte hausse de l'inflation ainsi que la révélation de ses liens avec lasecte Moon lors de l'enquête sur l'assassinat de Shinzō Abe. Au soir du vote, Shigeru Ishiba reconnait que son parti à« reçu un jugement sévère »[20],[21]. Son allié, leKōmeitō, recule également, privant la coalition de sa majorité absolue. Il s'agit d'une lourde défaite pour Shigeru Ishiba, qui tablait sur ces élections anticipées pour légitimer son accession au pouvoir[22],[23]. Plusieurs membres haut placés du PLD partisans de l'ancienne ministreSanae Takaichi appellent ainsi l’exécutif du parti à prendre ses responsabilités et se retirer[24]. Le directeur de la campagne du PLD,Shinjirō Koizumi, démissionne le 28 octobre tandis que le ministre de la JusticeHideki Makihara fait part de son intention de quitter ses fonctions[25],[26].
Pour la première fois depuis 2009, l'opposition se retrouve majoritaire. Celle-ci est cependant divisée entre plusieurs formations dont leParti démocrate constitutionnel (PDC) et leParti démocrate du peuple (PDP), arrivés respectivement deuxième et troisième du scrutin[27],[28],[29].
En position defaiseur de rois, le PDP fait l'objet d'appels du pieds de la part du Premier ministre, qui se montre disposé à négocier un protocole d'entente partiel avec celui-ci. Son dirigeant, Yuichiro Tamaki, déclare cependant exclure une alliance formelle avec le PLD et le Kōmeitō, tout en étant ouvert au vote de lois au cas par cas avec n'importe quelle formation politique[30],[31].
Malgré ce revers, Ishiba annonce sa volonté de ne pas démissionner, pour ne pas laisser le pays dans une situation de vide du pouvoir. S'il promet des réformes au sein du PLD, le Premier ministre affirme cependant ne pas avoir l'intention d'élargir sa coalition à d'autres partis, et de former ainsi ungouvernement minoritaire[32].
Shigeru Ishiba est effectivement réélu Premier ministre à la suite du vote de la nouvelle chambre le 11 novembre 2024. Il est élu au second tour, et à la majorité simple, une première depuis 30 ans. Il dirige cependant un gouvernement minoritaire, à dix-huit sièges de la majorité absolue dans la chambre basse[33], et reste susceptible d'être renversé par unemotion de censure au cas où le Parti démocrate du peuple lui retirerait son soutien[34].
L'un des faits marquants lors de son deuxième passage au ministère de la Défense reste le scandale né à la suite de la collision, le, au sud de Tokyo, entre un destroyer de la marine japonaise, l'Atago, récemment armé et mis en service actif, et un bateau de pêche dont les membres d'équipage, un père et son fils, n'ont pas été retrouvés[35].
De nombreuses contradictions sont ensuite apparues au grand jour dans les déclarations de l'armée ou du ministère, ce dernier finissant par reconnaître que le destroyer avait aperçu le chalutier 12 minutes avant de le percuter, au lieu des 2 minutes qui avaient été préalablement avancées. Un laps de temps mis en doute notamment par le capitaine d'un autre bateau de pêche qui naviguait dans les environs de l'accident et qui a déclaré avoir repéré le destroyer 37 minutes avant l'impact, sans disposer de la technologie avancée du bâtiment militaire (équipé notamment duradar Aegis, de conception américaine)[36]. De plus, le ministre de la Défense avait été prévenu près d'une heure et demie après l'accident, et le Premier ministre deux heures.
Le commandant en chef de la Marine, l'amiral Eiji Yoshikawa, a été limogé et une réforme de l'armée a été annoncée[37].
Cela a toutefois semblé insuffisant à l'opposition qui a ainsi appelé à la démission d'Ishiba, accusé d'avoir voulu étouffer l'affaire, un hélicoptère ayant ainsi emmené, quelques heures seulement après la collision et sans en informer les garde-côtes chargés de mener l'enquête, l'officier de quart de l'Atago pour qu'il soit interrogé au ministère en présence du ministre lui-même[38]. À la suite de cela, Shigeru Ishiba, malgré le soutien du Premier ministre à son égard, a lui-même reconnu être « prêt à cette éventualité », à savoir la démission, tout en précisant qu'il « ne partirait pas sans avoir mûrement réfléchi »[39].
Étant l'un des membres les plus impopulaires du gouvernement en raison de ce scandale, il n'est pas reconduit dans le cabinet remanié deYasuo Fukuda formé le.
En, Ishiba a été très critiqué pour avoir comparé sur son blog les manifestations de rue des opposants à une nouvelle loi sur les secrets d'État à des actes de terrorisme[40],[41].
Shigeru Ishiba fait une apparition dans son propre rôle dans leBatsu Game « Aucun rire » de 2010 de l'émission téléviséeDowntown no Gaki no Tsukai ya Arahende!!.
↑Philippe Mesmer, « Au Japon, Shigeru Ishiba, spécialiste des questions de défense, en passe de devenir premier ministre »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le).
↑Eric Johnston, « Ishiba hints at general election in late October as he starts to form Cabinet »,The Japan Times,(lire en ligne, consulté le).