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Shabbat Hazon | |
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Textes dans la Loi juive relatifs à cet article | |
Tour/Choulhan Aroukh | Orah Hayim chap. 551 |
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Shabbat Hazon (hébreu : שבת חזון le chabbat de la vision), aussi appeléshabbat noir, est lechabbat précédant (ou coïncidant quelquefois avec) le9 av.
Il est ainsi nommé du fait de sahaftara (section des Livres prophétiques),Hazon Yeshayahou ben Amotz (« Vision d'Isaïe fils d'Amotz ») dans chapitre 1 duLivre d'Isaïe. Celle-ci est la dernière destlata depouranouta, sections prophétiques lues au coursdes trois semaines et choisies non pour leur lien thématique avec lasection de la Torah qui a été lue mais parce qu'elles contiennent les prophéties de la fin duTemple de Salomon (les deux Temples de Jérusalem ont été détruits au cours de la deuxième semaine du mois d’av).
Le chabbat devant donner lieu à tous les plaisirs permissibles tandis que le 9av devrait être observé par toutes les marques de deuil concevables, la question d’un chabbat coïncidant avec ou précédant le 9av fait l’objet d’une discussion dans le Talmud : unetradition orale qui n’a pas été consignée dans la Mishna énonce que dans pareils cas, l’on mange et boit à satiété, et le repas peut même être comme un festin de Salomon en son heure (ma’alè al shoul’hano afilou kèsèoudat Shlomo bèsha’ato) ; en revanche, il est interdit de se couper les cheveux et de faire sa lessive depuis ledébut du mois jusqu’au jour du jeûne selonRabbi Meïr, pendant tout le mois selonRabbi Yehouda et pendant ce seul chabbat selonRabban Shimon ben Gamliel (T.B.Ta'anit 29b).
Ce chabbat n’est cependant pas nommé car la coutume destlata depouranouta n’apparaît que dans laPessiqta deRav Kahana, environ trois siècles après cette tradition. Quelques siècles plus tard, le cycle babylonien delecture de la Torah en un an est érigé en norme, et leshabbat Hazon a toujours lieu lors du chabbat au cours duquel on lit lapremière section du Livre du Deutéronome.
Le caractère particulier de ce chabbat au cours duquel les manifestations de deuil sont, par définition, proscrites alors que l'on doit porter d'autre part le deuil des Temples, apparaît chez lesauteurs médiévaux, en particulier ceuxd'Ashkenaz. Ainsi, si le rabbinAhaï Gaon, un décisionnaire duVIIIe siècle avait autorisé (sur base deTa'anit 29b) la tenue d'un repas complet lors dushabbat hazon, même lorsqu'il a lieu la veille du 9av[1], il était de coutume àSpire, selon Eleazar de Worms, dernier despiétistes médiévaux, d'interdire la viande mais de se permettre des œufs lors dudernier repas avant le jeûne, alors que celui-ci ne se composait que de fruits et de pain sec en semaine[2].LeMeïri, décisionnaire catalan duXIIIe siècle, suivait quant à lui l'opinion de Rav Ahaï[3].
LeSefer Maharil signale diverses coutumes visant à rendre les habits de chabbat moins beaux et seyants qu'à l'ordinaire (elles n'avaient pas cours lors d'occasions joyeuses, comme unecirconcision) ; leMaharil lui-même ne se lavait que la tête à l'eau froide (leTeroumat Hadeshen autorise de le faire à l'eau chaude[4]), conservait ses habits de semaine (ainsi que sonchâle de prière), expliquant qu'il ne s'agissait pas d'une marque visible de deuil (puisqu'on pourrait supposer que la personne ne possède pas de beaux habits), omettait plusieurs passages joyeux de la liturgie, ne récitait labénédiction de la lune qu'une semaine plus tard et interdisait les rapports conjugaux[5].
Certainesautorités ultérieures, dont leMaharshal, déplorent la sévérité de ces coutumes qui dépasse de loin celledes Sages de la Mishna et des Talmuds et le fait qu'elles soient déjà trop répandues en leur temps pour être interdites[4]. La baignade la veille deshabbat hazon demeure interdite pour le cas où le 9av aurait lieu dimanche[4]. Cependant, il ressort de certainsresponsa, dont l'un demande ce qu'il convient de faire des restes de viande cuite en l'honneur deshabbat hazon[6], que d'aucuns autorisent la viande en ce jour. Par ailleurs, leHakham Tzvi, grand-rabbin ashkénaze d'Amsterdam, revêt ses habits de chabbat comme à l'ordinaire car, étant entouré de séfarades, il paraîtrait porter le deuil public s'il appliquait la coutume ashkénaze[7]
En effet, les décisionnaires séfarades se montrent généralement plus indulgents sur les restrictions et marques de deuil mais encouragent l'austérité. Ainsi, lescommunautés syriennes utilisent pour leur liturgie lemaqam hijaz aux tonalités sombres, en lieu et place dumaqam rast qui devrait être utilisé pour signaler le commencement d'un nouveau Livre du Pentateuque[8] (leLivre du Deutéronome en l'occurrence).
Une autre question se pose lorsqueshabbat hazon a lieu le 9av lui-même, étant donné qu'il est interdit de jeûner et se lamenter à chabbat mais que le 9av est trop important pour être purement et simplement aboli. De l'avis de tous, le jeûne doit être repoussé au lendemain[9] ; les décisionnaires ashkénazes, d'ordinaire rigoureux, autorisaient aussi de laver des habits en l'honneur duchabbat le jeudi[10]. Ils continuaient cependant d'interdire les rapports conjugaux[11] et d'autres signes de joie trop importants.
Il est permis, par égard à la dignité du chabbat, de mettre des vêtements (chemises et chaussettes) de lin, d'étendre du linge blanc sur les tables et de changer de serviettes mais il est interdit d'étendre des draps blancs ; selon la coutumeashkénaze, il est préférable de faire boire à un enfant le vin dehavdala àl'issue du chabbat mais lesséfarades permettent au père de famille de le faire[12].
À la veille deshabbat Hazon, les ashkénazes interdisent de se laver à l'eau chaude, à l'exception de la figure, des bras et des jambes ; l'usage varie chez les séfarades, ceux de Bagdad et de Salonique étant rigoureux tandis que ceux d'Israël et la plupart des autres se montrent indulgents à ce sujet[13].
À lasynagogue, on change lerideau de l'arche et les autres revêtements (de la table de lecture, des rouleaux de Torah, etc.)[14]. Il est d'usage, dans les communautés ashkénazes et certaines séfarades, d'attribuer au rabbin lemaftir et lahaftara parce qu'il est capable de les lire sur le ton deskinot ; d'aucuns y voient une manifestation publique de deuil et l'interdisent[15].
Lorsqueshabbat Hazon a lieu le 8 ou le 9av, il n'y a pas de restriction sur la viande et le vin, même lors dutroisième repas (leMaguen Avraham interdit tout de même de s'attabler lors du troisième repas à un banquet offert par des amis) ; les coutumes de deuil, comme l'interdiction pour trois personnes de prendre leur repas ensemble, n'ont pas davantage cours avant le crépuscule[16]. Si le 9av a lieu à chabbat, leRem"a (mais nonYosseph Caro) interdit les rapports conjugaux sauf si la femme revient dubain rituel après avoir complété sa période d'impureté menstruelle[17].
La marque du 9av doit se faire ressentir dans la liturgie : on lit leav harahamim (rédigé à la suite des massacres des Juifs lors des croisades) et on ne lit pastzidkatekha tzedek l'après-midi, le 9av étant appelémoëd (« temps fixé », terme employé pour le chabbat, les fêtes et autres jours saints) dans le Livre des Lamentations. L'étude de la Torah doit se limiter, selon leRem"a, à des passages tristes (outre l'étude de lasection de lecture hebdomadaire) et est interdite l'après-midi sishabbat hazon a lieu la veille du 9av. Les passages liturgiques relatifs à la construction du Temple sont omis et on ne bénit pas ses enfants[18].
Lahavdala (cérémonie de séparation entre le chabbat et les jours profanes) ne peut se faire que sur les lumières du feu : la coupe de vin ne peut être bue qu'à l'issue du jeûne, le lendemain (il est interdit de goûter à quoi que ce soit avant de l'avoir fait), et les épices constituent un plaisir, ce qui est défendu (puisque l'on « sort » du chabbat) ; il est impératif de faire la bénédiction de lahavdala (« Celui qui différencie le saint du profane ») avant d'effectuer toute activité[19]. Lorsqu'une circoncision a lieu le dimanche, il est permis au père, à la mère, aucirconciseur et àcelui qui tient l'enfant de réciter la prière de l'après-midi une demi-heure après la mi-journée et d'interrompre le jeûne à ce moment.
À l'issue du jeûne, il est interdit, selon les ashkénazes, de manger de la viande et boire du vin (outre le verre dehavdala) avant le lendemain. Il est cependant permis de se laver et de se raser, de l'avis de tous[20].
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