L'origine de l'apparition de la sexualité est théorisée dans le cadre de labiologie de l'évolution. Elle« est apparue, vraisemblablement avec les premiers eucaryotes voici environ 1,5 milliard d'années »[1]. Elle serait donc liée à l'apparition dunoyau de la cellule qui abrite alors cetADN et donc de l'embranchement deseucaryotes. Les deux hypothèses principales des causes biologiques sont l'évolution des mécanismes parasitaires et celui de la réparation de l'ADN[1].
La reproduction (sous-entendu : sexuée) peut se définir par opposition à lamultiplication (sous-entendu : asexuée), qui permet à un « parent » de se multiplier seul. Lamultiplication végétative, mode de création de nouveaux individus, engendre desclones (le matériel génétique du nouvel individu est le même que celui du « parent »).
Laparthénogenèse est un mode particulier de reproduction (sexuée), puisqu'elle concerne des espèces typées sexuellement, mais monoparental puisqu'elle ne fait intervenir que le gamète femelle, à savoir un ovule non fécondé. Le matériel génétique du nouvel individu est la moitié de celui du « parent ». Lespucerons se reproduisent par parthénogenèse, mais certaines de leurs espèces peuvent alterner parthénogenèse et accouplement[2].
Chez lesprocaryotes, unicellulaires sans noyau, assimilés auxbactéries, les échanges de matériel génétique par (l'intermédiaire deplasmide par exemple) ne sont pas sexués car ils n'impliquent pas la reproduction qui se fait distinctement et de façon asexuée parscissiparité.
Le cycle de reproduction sexué sur le plan génétique.
Le mécanisme de la reproduction sexuée est rattaché auxeucaryotes et à la présence d'unnoyau. Il est caractérisé par l'alternance de deux phases, unediploïde, unehaploïde, séparées par laméiose et lafécondation, formant ainsi uncycle de vie sexué (qui peut coexister dans certains cas avec cycle de reproduction asexuée) :
lafécondation, la fusion de deux cellules haploïdes en une cellule diploïde ;
une phasediploïde, la ou les cellules concernées possèdent deux exemplaires de chaque chromosome. Pour chaquegène codant un caractère précis, il existe deux versions appeléesallèles, c'est le cas entre autres des êtres humains (le patrimoine génétique est comme doublé) ;
laméiose, la fission, la séparation d'une cellule dont le matériel génétique est en double en cellules qui n'ont plus qu'un exemplaire de chaque chromosome. Elle correspond à la gamétogénèse (création des gamètes). Pendant cette phase les paires de chromosomes se mélangent entre elles, elles échangent des parties d'ADN et donc des gènes, et elles sont ensuite séparées au hasard.
On parle de brassage génétique de la reproduction sexuée qui induit l'unicité de chaque individu d'une espèce, ce qui permet d'affronter plus efficacement la sélection naturelle. Ainsi selon certains « C’est la sexualité qui a permis d’accélérer et d’amplifier le phénomène évolutif chez les plantes et les animaux qui se diversifient en multiples phylums. »[3]
Chez l'humain, comme chez la plupart des êtres vivants, le cycle diploïde est le plus développé et le cycle haploïde ne concerne que les gamètes qui transmettent lecode génétique, mais le contraire est possible (c'est le cas desmousses), ou encore de situations plus complexes (lesabeilles peuvent se développer dans les deux cas).
Il est question de types sexuels à partir du moment où il peut exister une complémentarité génétique, donc l'existence d'unecellule vivante qui peut fusionner avec une autre qui lui serait complémentaire, une différenciation des individus en types sexuels« empêchant la combinaison entre cellules du même clone »[4].
Si chez certaines espèces les types sexuels sont nombreux (quatre ou huit chez certainesparamécies et par exemple sept chezTetrahymena thermophila, quarante-huit chezStylonychia,« ce qui voudrait dire que chaque Stylonychia dispose de 97 % de la population pour y choisir un partenaire sexuel »[5], 720 chezPhysarum polycephalum[6] ; et les champignonsBasidiomycota ont un mode de reproduction plus complexe encore avec des centaines de types sexuels différents[7]), dans la plupart des cas on distingue deuxsexes. Quand les gamètes sont différents (on parle d'anisogamie) par convention on nommemâle les organismes qui produisent des gamètes plus petits et plus mobiles, etfemelle ceux qui produisent des gamètes plus volumineux, contenant généralement lesorganites nécessaires au fonctionnement cellulaire et au développement après la fécondation[8].
Ces types peuvent dans certains cas coexister chez un même individu, simultanément (chez l'escargot notamment), ou alternativement, ils sonthermaphrodites permanents ou séquentiels.
Dans de très nombreux cas, la distinction des sexes est liée à une distinction génétique, voirechromosomique. On peut parfois distinguer en effet deschromosomes sexuels, notésX etY chez lesmammifères (XYmasculin et XXféminin) et W et Z chez lesoiseaux (ZZ pour le masculin et ZW pour la femelle).
Le mode de reproduction sexué concerne la plupart des eucaryotes, mais — en s’en tenant à la seule fonction reproductrice de la sexualité — peut être réalisé sous des formes différentes selon les espèces, ces caractéristiques étant indépendantes les unes des autres. Ces caractéristiques ne doivent pas être vues comme statiques, mais dans le cadre de l'évolution des espèces, certaines étant sans doute transitoires et d'autres régressives. Seul l'anthropocentrisme nous fait réduire immuablement le sexe à la rencontre d'unvagin et d'un pénis :
gamètes de morphologies et fonctions différentes, les uns mâles et les autres femelles (anisogamie) pour le cas général, ou gamètes en apparence identiques, les uns gamètes + et les autres gamètes - (isogamie) pour certaines espèces unicellulaires (comme l'algueChlamydomonas reinhardtii)[9] ;
espèces dont la reproduction est toujours sexuée et espèces présentant des cycles générationnels, la reproduction pour certaines générations étant sexuée, et pour d'autres asexuée, selon les conditions favorisant l'une ou l'autre (comme c'est le cas desdaphnies)[10]. Par exemple, dans une population nombreuse, la reproduction (sexuée) améliore les individus parbrassage génétique, alors que dans une population raréfiée, la multiplication leur permet de se reproduire en l'absence de partenaire ;
distribution variable des populations sexuées : le cas général est la présence de deux sexes, mâle et femelle ; mais certaines espèces ne connaissent que le type femelle (lézards à queue en fouet, se reproduisant parparthénogénèse[11]) ; d’autres ne connaissent que le typehermaphrodite (en permanence, comme chez la plupart desescargots, ouprotandre, lorsque l'individu commence sa vie vie sexuelle mâle et la finit femelle, comme c'est le cas despoissons-clowns, ou à l'inverseprotogyne, comme c'est celui de la plupart desmérous, ou par cycles alternés, comme chez certaines huîtres, par exempleCrassostrea virginica)[12] ; d’autres encore connaissent plusieurs types, comme laFilaire à feuilles étroites, qui voit coexister deux populations d’hermaphrodites ne pouvant féconder que les hermaphrodites de l’autre groupe, et une population de mâles pouvant féconder tous les hermaphrodites[13], ou comme le champignonSchizophyllum commune, d'ailleurs isogame, qui culmine avec 23 328types de compatibilité sexuelle(en) différents (voir ci-dessus)…
distribution variable des organes mâles (étamine) et femelles (pistil) pour lesplantes à fleurs, dont la plupart sont hermaphrodites (une fleur est à la fois mâle et femelle, comme celle despommiers) ; mais dont certaines espèces sontmonoïques (chaque pied porte des fleurs mâles et des fleurs femelles, comme celui duMaïs) ; et d’autresdioïques (chaque pied est soit mâle, soit femelle, comme celui desorties)[13] ;
organes de reproduction et fonctions mâle et femelle strictement répartis dans les populations mâle et femelle pour le cas général, ou selon une distribution plus complexe, comme chez leshippocampes ou l’Alyte accoucheur, dont la gestation des petits est assurée par le mâle[14] ;
accouplement par pénétration (cas général des mammifères, des insectes…), accouplement par baiser cloacal (cas général des oiseaux),fécondation externe (cas général des poissons), voire fécondation interne sans accouplement (comme chez leshuîtres plates, la femelle filtrant la laitance mâle dans l'eau pour la recueillir)[15]…
partenaire unique et stable (monogamie, comme chez leLoup gris commun), ou partenaires multiples, qu’il s’agisse depolygynie (comme chez leGorille), depolyandrie (plus rare, comme chez leJacana) d’unepolygynandrie relativement fermée (comme chez laGrive de Bicknell) ou plus ouverte (comme chez leBonobo), les espèces se montrant toutefois assez capables d’adapter ce mode de relation lorsque les circonstances l’exigent[16] ;
fécondation immédiate des ovules par les spermatozoïdes ou constitution d’unespermathèque par la femelle, qui y puisera plusieurs années, voire à vie (comme lesabeilles sociales et leur uniquevol nuptial)[17]…
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Ce qui caractérise le monde duvivant dont celui desplantes en général c'est que chaque espèce, de l'organisme unicellulaire auxvertébrés évolués, se comporte de telle façon qu'elle manifeste ce qui peut apparaître comme une volonté de survivreen tant qu'espèce, alors que les individus sont amenés individuellement à disparaître. Cette vision culturelle de la sexualité qui n'a de sens que pour la perpétuation de l'espèce est contredite par l'approche évolutionniste qui a progressivement déconstruit tous les éléments de cette légende[18]. Expliquer ce rôle de perpétuation, c'est attribuer à lasélection naturelle une prescience qui l'inciterait à préserver une stratégie potentiellement payante à long terme, mais très coûteuse à court terme. En effet, il existe un « double coût du sexe » qui désavantage rapidement et fortement la reproduction sexuée : appelé « coût de la production de mâles » parJohn Maynard Smith[19] et « coût de laméiose » parGeorge C. Williams[20], il repose sur le paradoxe qu'une population asexuée se reproduit en moyenne deux fois mieux qu'une population sexuée qui produit des mâles, ce dernier se comportant enparasite des femelles (il leur fait porter le coût de la reproduction de son génome) en injectant de petitsgamètes dans les gros gamètes femelles. Ces gamètes femelles apportent l'essentiel de l'énergie nécessaire à la production de l'œuf et à la croissance de l'embryon, même si le mâleinvestit beaucoup dans la recherche de la partenaire et dans sa fécondation[21]. Ce coût rend toujours mystérieux la grande fréquence du mode de reproduction sexuée dans le monde vivant[22].
Alors que les organismes unicellulaires se reproduisent par fission avec un niveau d'échange génétique très restreint, on parle de sexualité surtout chez lesorganismes multicellulaires car c'est avec eux qu'une partie des cellules se spécialise en s'orientant vers la reproduction. Cette spécialisation augmente considérablement le niveau des échanges entre les individus et donc les possibilités d'évolution ou demutation par le brassage du matériel génétique résultant de ces échanges.
Au fur et à mesure que l'on progresse sur l'échelle du monde vivant, il semble apparaître ce que l'on pourrait appeler uneliberté de choix de plus en plus grande des individus. En effet, chez les organismes les plus simples du monde vivant, les échanges sexuels semblent soumis à uneprogrammation qui ne laisse que très peu de place aux comportements individuels, alors que chez lesmammifères les plus évolués, les comportements se diversifient, donnant une forme plus complexe audéterminisme manifeste biologique en cours. Le besoin de se reproduire va avec l'âge adulte, les modalités de l'accès à celle-ci relevant comme chezHomo sapiens du fait culturel.
AvecHomo sapiens, dont les capacités cérébrales lui ont permis d'élaborer à partir de l'imaginaire, la dimension dusymbolique, la part du déterminisme est de ce fait mise à distance sous celle du fait culturel. Il est seulement très naïf[source insuffisante] de croire que ledéterminisme biologique n'est pas à l'œuvre dans la psyché humaine, autant que de ne pas reconnaître la différenciation physiologicohormonale des sexes. Car c'est du biologique que prend sens les raisons poussantHomo sapiens à se reproduire dans un monde hostile et à l’humain de faire en sorte que cela soit socialement acceptable en « l'enveloppant » de comportement symbolique et culturel permettant de réguler ces déterminismes indociles afin que ceux-ci se socialisant ne soient pas une source de désordre pour celle-ci. En ce sens, lesfourmis etabeilles vont jusqu'à éliminer les mâles ; n'avoir qu'une reproductrice ; en empêchant tous les individus sœurs de « perdre » leur temps à chercher un/des partenaires, celle-ci usant de leur temps uniquement à l'entretien de la société, donc aupoolgénomique auquel elles sont apparentées, celui du semi-organisme dont elles sont membres. La société lupine (loup) fonctionne aussi sur ce mode (à un degré moindre, il existe des mâles). Deux alphas et des sous-membres travaillant au bien-être de tous. Par là, la liberté sexuelle, si l'on suit ce plan, relève d'une organisation particulière des sociétés où celle de l'individu peut clairement être « ajournée »ad vitam, afin que le groupe-organisme survive, donc liée au moyen de vie de cette société.
Les étudeséthologiques montrent que la reproduction desinsectes, despoissons et desoiseaux semble se ramener à un échange destimulus-réaction. Ceci signifie en pratique que les individus dans une espèce donnée s'échangent des signaux codés et programmés pour chaque espèce. Les signaux employés par chaque espèce sont fondés sur des couleurs, des postures, des mouvements de certaines parties du corps. Ceci est vérifiable expérimentalement à l'aide de leurres qui peuvent se réduire, par exemple pour certains oiseaux, à une silhouette qui, présentée dans la bonne orientation, va déclencher une réponse appropriée, marquant l'acceptation de l'acte sexuel.
Il s'agit là d'uneimprégnation qui s'opère dès les premiers jours de l'existence de ces animaux.Konrad Lorenz a ainsi pu montrer que certains oiseaux privés dès l'éclosion de leur mère et élevés par des humains, répondaient par des postures typiques d'acceptation de la copulation lorsque certains mouvements de la main étaient produits par l'expérimentateur. Il ne s'agit pas alors, pour ces espèces animales, d'une rencontre entre individus, au sens où l'autre serait perçu en tant que tel, mais simplement du développement d'un programme adapté déclenché par un signal spécifique.
Ceci nous explique pourquoi Lorenz peut affirmer que :« La formation d'un acte instinctif ressemble à un organe » (Sur la formation du concept d'instinct). On peut le dire autrement : l'instinct pour une espèce donnée est un programme qui se développe quand certaines conditions sont remplies.
Chez les mammifères supérieurs, ce qui apparaît particulièrement frappant c'est la complexité plus grande du phénomène sexuel qui fait apparaître la coexistence de deux grandes caractéristiques :
La périodicité qui apparaît comme une règle générale du monde animal. Lesprimates, comme la très grande majorité des espèces animales, ne s'accouplent qu'à des périodes données de l'année. Il a été établi que ces périodes sont conditionnées par des facteurs climatiques, comme les variations de température, la luminosité qui stimulent l'hypothalamus qui à son tour donne un signal à l'hypophyse pour enclencher le cycle de formation desgonades. Ceci reste vrai chez les singes et les anthropoïdes, pour qui la femelle n'est attirante sexuellement qu'à certaines périodes de l'année.
La dimension sociale qui reste une caractéristique des singes et des anthropoïdes. Des expériences d'asocialisation ont été menées auprès de certains singes : ils sont isolés, privés des relations sociales qu'ils auraient entretenues avec leurs congénères pendant la période de leur développement. Arrivés à maturité sexuelle et mis en présence les uns des autres, il apparaît qu'il leur manque quelque chose d'essentiel qui favorise la rencontre sexuelle. Les mâles se comportent comme s'ils ne savaient comment pratiquer l'intromission ; la femelle de son côté ne prend pas la posture adéquate. Le comportement de ces sujets traduit un trouble auquel ils ne savent pas donner la réponse appropriée.
Bien plus, les rares couples qui parviennent au coït se comportent ensuite de façon tout à fait inhabituelle quand la femelle a mis bas ses petits. Elle ne s'en occupe pas et n'arrive pas à établir les règles sociales qui sont celles de son espèce.
En dehors de toute expérimentation, l'observation debabouins en liberté a montré que les jeunes mâles qui sont arrivés à maturité sexuelle à l'âge de cinq ans ne peuvent accéder au coït avant l'âge de dix ou onze ans, c'est-à-dire à un moment où ils ont acquis un statut social suffisant dans leur groupe social. Entre cinq et dix ou onze ans, non seulement ils se voient découragés dans leurs tentatives par les autres mâles dominants, mais les femelles les repoussent.
Tous ces éléments montrent que la sexualité des singes n'est pas uniquement dépendante de la maturation physiologique : les jeunes singesapprennent par la socialisation, leur maturation dépend de l'exercice précoce des règles de socialisation de leur groupe.
↑a etbLaurent ExcoffierL'Évolution de la sexualité, (1998), Laboratoire de Génétique et Biométrie, Département d'Anthropologie, Université de Genève (« source Web »(Archive.org •Wikiwix •Archive.is •Google •Que faire ?)(consulté le)).
↑JeanRostand,La parthénogenèse animale, Presses universitaires de France,(lire en ligne)