Assassinat deWat Tyler par Walworth sous l'œil deRichard II, qui, s'adressant à la foule, lui ment sur ce meurtre. Wat Tyler revendiquait l'abolition du servage lors de larévolte des paysans, en Grande-Bretagne en 1381.
Leservage (dulatinservus "celui qui sert", originellement "esclave"[1]) est défini par laconvention supplémentaire relative à l'abolition de l'esclavage des Nations unies concernant aussi le servage comme la « condition de quiconque est tenu par la loi, la coutume ou un accord, de vivre et de travailler sur une terre appartenant à une autre personne et de fournir à cette autre personne, contre rémunération ou gratuitement, certains services déterminés, sans pouvoir changer sa condition »[2].
Le « servage » désigne à partir duMoyen Âge unrapport social de production où la condition des paysans est déterminée par le fait d'être attaché à unmanse servile, terre qu'ils cultivent et ne peuvent quitter.
À la fin de l'Empire romain, le statut decolon évolue. Désormais, les colons sont liés juridiquement à la terre qu'ils exploitent ou au propriétaire de la terre, dans une forme qui préfigure le servage. Les troubles sociaux et lesinvasions qui accompagnent ledéclin de l'empire poussent les grands propriétaires à se retirer dans leurs domaines (villa), dont ils organisent eux-mêmes la défense. Des esclaves en fuite et des familles de paysans viennent trouver refuge sur ces domaines. En même temps que se met en place le système féodal, leseigneur alloue à chaque famille un lot de terre qu'elle peut cultiver pour son compte en échange d'une part de la récolte et de temps de travail (corvée) sur les terres du seigneur. Les enfants des paysans héritent ce statut de leurs parents et conservent leur terre à condition de payer lamainmorte. Cette dépendance est formellement définie au travers duchevage oucens servile et inscrite sur leterrier (registre seigneurial). Le chevage comme le cens des paysans libres donne lieu à un paiement annuel (part de récolte ou somme forfaitaire non réévaluable)[3].
Esclaves et serfs du sixième au douzième siècle : illustrations recueillies par H. de Vielcastel, de documents originaux dispersés dans les grandes bibliothèqueseuropéennes.
Le servage est une institution caractérisant l'organisation socio-économique duMoyen Âge et qui subsiste auTibet jusqu'en1959[4], toutefois le terme deserfs, appliqué aux paysans tibétains, est contesté par certainstibétologues occidentaux, qui préfèrent celui degens du commun ousujets […][5].
La différence entre le servage et l'esclavage n'est pas évidente. Selon le Larousse, la différence se situe au niveau du statut juridique du serf, qui n'est pas assimilé à une chose comme l'était l'esclave et dispose d'une personnalité juridique. Il ne peut se marier sans l'autorisation de son maître ni transmettre ses biens, il ne peut quitter la seigneurie non plus mais en revanche, il ne peut être vendu[6]. Ce n'est cependant pas vrai partout. En Russie[7] et en Angleterre[réf. nécessaire], les serfs pouvaient être vendus comme des esclaves et pouvaient être exploités et violentés sans aucun droit sur leur propre corps.
Les critères de différenciation ne font pas l'unanimité. Selon d'autres auteurs, « esclave » n'est qu'un synonyme tardif de « serf », consécutivement à la mise en servage de slaves par les peuples germaniques, du temps d'Othon le Grand et de ses successeurs[8].
Les serfs sont une classe de travailleurs agricoles non libres à la différence desvilains. Ils doivent résider et travailler dans un endroit, et cultiver la terre, propriété de leur seigneur, lequel peut être un noble, un dignitaire ecclésiastique ou une institution religieuse comme un monastère. De ce fait, le serf est juridiquement considéré non pas comme une « chose », un « bien meuble », mais comme une « personne », liée par uncontrat (une obligation) à une autre personne. Les serfs cultivent les terres de leur seigneur (la « réserve seigneuriale »). En contrepartie, ils sont autorisés à travailler un lopin de terre (leur « tenure ») pour nourrir leur famille et subvenir à leurs besoins.
À partir duXIIIe siècle, les serfs sont soumis de plus en plus à une taxe arbitraire appeléetaille, qui devient annuelle à partir de1439. Les seigneurs ont le droit demainmorte, en vertu duquel les serfs ne peuvent pas transmettre leurs biens. En échange, le seigneur protège le serf des brigands et lui doit son assistance alimentaire. Ainsi, le serf n'appartient pas à son seigneur, mais est attaché à la terre (souvent unfief, dont le propriétaire ultime est plus haut dans la chaîne de vassalité), la contrepartie étant qu'il ne peut être chassé de cette terre, puisqu'il ne fait qu'un avec elle ; en outre, il possède des biens, peut exercer une action et témoigner en justice, peut contracter (mariages, contrats de vente) plus ou moins librement (le plus souvent entre serfs).
Sa condition de servage pouvait elle-même faire l'objet d'uncontrat[9]. Mais s'il n'est pas nécessairement complètement dénué de droit d'héritage, celui-ci est dans tous les cas fortement limité, en particulier par l'échute : en l'absence d'héritier direct, ses biens reviennent à son seigneur lors de son décès. Ce qui lie le serf à son seigneur se trouve à la base de la pyramideféodale. Cette fidélité, comme tout lienféodal, a une contrepartie : le seigneur lui doit protection.
L'Église chrétienne d'Occident des premiers siècles non seulement ne s'oppose ni à l’esclavage ni au servage, mais s'en sert elle-même.Saint Paul interdit aux esclaves de s’interroger sur la justice ou l’injustice de leur situation ; et à sa suite les têtes pensantes de l’Église l'approuvent sur la basetautologique suivante : « L’asservissement est une peine. Celui qui a perdu la guerre est donc puni. Il faut que cette punition ait été acceptée par Dieu puisqu'il est tout puissant. Or Dieu est juste et il ne peut pas se tromper. Il faut donc que celui qui a subi la défaite soit coupable »[réf. nécessaire]. Le concile de Gangres (362), puis un autre concile vers 650[11], interdisent formellement d'utiliser même la religion pour inciter un esclave à quitter son maître. L’Église va un pas plus loin en utilisant elle-même l’asservissement comme punition[réf. nécessaire] : les femmes d'hommes devenus diacres doivent être réduites à l’esclavage si leurs hommes continuent à les fréquenter[réf. nécessaire] ; les enfants nés d'un homme d’Église et d'une femme libre ou esclave, doivent être déshérités et asservis leur vie durant dans l’Église de ce prêtre[réf. nécessaire]. En 443, le papeLéonIer interdit que les esclaves soient ordonnés membres du clergé, en mettant l'ordination sous la condition dedignitas natalia et morum[12].
Quelques Pères de l’Église d'Orient sont plus critiques.Grégoire de Nazianze (330-390) réfute le bien-fondé de l'esclavage, qu'il voit comme une tyrannie. SaintGrégoire de Nysse (335-395) est le plus virulent : soulignant l'égalité entre les humains, il renverse entièrement la position de l’Église officielle : posséder des esclaves est un péché[12].
Contrairement aux serfs, les esclaves sont la propriété privée d'un maître. En effet, les esclaves sont des outils vivants aux yeux des maîtres. Ce ne sont pas des personnes mais des biens meubles, comparables aux animaux domestiques, ils sont traités comme ceux-ci. À la ville et dans les campagnes, dans les ateliers, sur les navires, aux champs, les esclaves féminins ainsi que masculins, exclus du peuple, figuraient parmi les instruments de production. Là où le travail n'était pas imposé par la nécessité, l'esclavage n'existait pas. Les esclaves peuvent être achetés, vendus, négociés ou offerts en cadeau…[réf. nécessaire]
Dans le servage personnel, c'est la personne qui a le statut de serf, indépendamment de son activité ou de sa profession. Le serf est attaché à une terre qu'il doit exploiter soit à son propre compte soit, plus rarement, au compte de son seigneur. Il est soumis à l'obligation juridique d'y rester, et doit accepter son nouveau seigneur quand cette terre est léguée ou vendue. Ce statut est héréditaire.
Pour devenir libre, le serf devait acheter sa « franchise », ou alors s'enfuir. En effet, le seigneur avait « droit de suite », lequel l’autorisait à poursuivre celui qui était en fuite de son domaine, et des accords d’« entrecours » par lesquels les seigneurs s’engageaient à se livrer mutuellement les fugitifs. Toutefois, à partir duXe siècle, l'Église crée avec le roi et les comtes des terres de refuges ousauvetés qui permettent à ceux qui s'y installent de s'affranchir des effets dudroit de suite et les rend ainsi libres, eux et leurs familles. C'est le développement du nombre des sauvetés, desvillefranches puis desbastides qui fera disparaître complètement le servage.
Dans le servage réel, le servage est un droit réel, ou plutôt une restriction des droits attachés à un domaine foncier, en particulier le droit d'aliéner. Il se transmet avec la propriété de celui-ci. Un homme libre qui acquiert unetenureservile devient serf. En plus de certaines servitudes, ce droit réel consiste essentiellement dans le fait de ne pas pouvoir vendre sa terre ou sa maison à un tiers, ni la léguer à son successeur. À la mort du serf, tous ses biens immeubles reviennent au seigneur qui, presque toujours, les concède à nouveau à ses enfants capables de lui succéder. Le servage réel était plus connu sous l'appellation de mainmorte ou d'aubaine. Les terres non libres, ou de mainmortes, étaient aussi appelées « précaires » et correspondaient au statut de louage qui a été généralisé après laRévolution par leCode civil de1804. Celui qui était serf à titre réel avait exactement les mêmes droits civils et politiques qu'un homme libre.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Succédant à l'esclavage, le servage, dans l'analysemarxiste, représente l'une des trois formes d'exploitation du travail avec l'esclavage précisément et le salariat. Le concept d'exploitation désigne dans cette pensée l'inégalité entre la valeur produite par le travailleur et les rétributions qui lui sont allouées. Dans le cadre de l'esclavage et du servage, cette inégalité prend notamment la forme d'un travail sans rétribution ou travail gratuit. Toutefois,le rapport de production propre à l'esclavage est plus simple que celui du travail gratuit occasionnel qui est fait par les serfs. Le serf est contraint de travailler gratuitement sur les terres du seigneur et de lui donner en nature une partie de sa propre récolte. Pour indiquer ce travail gratuit, on dit qu'il est soumis à lacorvée seigneuriale : entretien du château, des douves ou des bois, …
Les spécificités du servage ont grandement varié à travers époques, régions et dans le temps long étudié ici : autour de l'an Mille. En certainspays, le servage était mixte, fusionné avec (ou en échange) descorvées ou destaxes. En temps deguerre, il fournissait le plus fort de l'effectif militaire.
Selon le sociologue chinoisRong Ma(en), avant1959, la société tibétaine se divisait en deux grands groupes, d'une part les abbés et les nobles, d'autre part lesmi-ser, répartis en trois sous-groupes :
lestre-ba[24], serfs attachés de façon héréditaire au domaine d'un monastère ou d'une famille noble ; outre un lopin personnel, ils travaillaient la terre du seigneur (laréserve) gratuitement et fournissaient divers services (corvées) au seigneur ou au gouvernement ;
lesdu-jung[25], au statut de serfs héréditaires mais qui, moyennant une redevance et la fourniture de corvées à leur seigneur d'origine, pouvaient louer de la terre ou s'embaucher auprès d'untre-ba ;
lesnangsan[26], domestiques attachés de façon héréditaire à un manoir et ayant le statut d'esclaves[27].
Selon Rong Ma, à la différence des paysans tibétains, les paysansHan étaient juridiquement libres. Même lorsqu'ils étaient très pauvres et avaient à payer un loyer élevé pour la terre qu'ils prenaient en bail au seigneur, même lorsqu'ils vivaient dans des conditions effroyables, il y avait une différence de taille entre ces derniers et leurs homologues tibétains : s'ils ne louaient pas de terre à un seigneur, ils n'étaient pas tenus de payer quoi que ce soit à ce dernier, et ils étaient libres de s'en aller. Aucun paysan Han ne souhaitait s'installer au Tibet pour se retrouver serf : il n'en existe aucun exemple dans la littérature. L'absence de migration interne d'agriculteurs Han au Tibet explique la grande homogénéité ethnique au Tibet[28].
Dans une conversation avecThomas Laird, le14e dalaï-lama affirme que, selon des personnes ayant voyagé en Chine et au Tibet dans les années 1940, les paysans tibétains étaient bien plus riches que leurs homologues chinois et qu'ils étaient dans une certaine mesure à l'abri de la famine alors que pauvreté et disette étaient monnaie courante en Chine. Il ajoute que les rapports entre serfs et maître en Chine étaient bien pires qu'au Tibet car du fait de la lutte des classes après la révolution les serfs étaient animés d'une grande haine contre les seigneurs alors qu'au Tibet la majorité des serfs avaient essayé de protéger les propriétaires[29].
À partir de 1959, après avoir réprimé ce qu'il qualifie derévolte de l'ancienne classe privilégiée de l'ancien Tibet, le gouvernementcommuniste déclare avoir mis en place au Tibet une série de réformes, notamment l'abolition du servage[30]. Selon l'encyclopédieLarousse en ligne, parmi les réformes sociales et économiques entreprises au Tibet ouXizang à l'instigation de Pékin figure une réforme agraire qui dépossède les grands propriétaires et libère les serfs, encore nombreux sous le régime des lamas[31].
Une controverse existe sur la terminologie à employer pour définir le statut et les conditions de vie de cette partie de la population. Le débat est devenu un argument politique dans la confrontation entre larépublique populaire de Chine et legouvernement tibétain en exil ainsi qu'un sujet de discussion pour quelques universitaires sur la notion même de servage, au sens occidental, dans le cadre de l'ancien Tibet[32]. SelonKatia Buffetrille, tibétologue et ethnologue à l'École pratique des hautes études, le terme de « serfs », appliqué aux paysans, est contesté par certains tibétologues, qui préfèrent celui de « gens du commun » ou « sujets ». Katia Buffetrile indique que les paysans étaient « héréditairement liés à la terre » et devaient des taxes essentiellement sous forme de travail dont celui de la terre[33]. Les taxes et corvées concernaient les familles et non pas les individus[34].
AuBhoutan, le roiJigme Dorji Wangchuck abolit, en1956, le servage et l'esclavage, décréta l'interdiction de toutes les appellations péjoratives associées aux serfs[35], réorganisa la propriété terrienne[36] en distribuant les terres des grands propriétaires et des institutions monastiques[37].
Dans les zones tibétaines duNépal, les serfs furent émancipés dans lesannées 1960. Le journalisteThomas Laird a enquêté sur les anciens serfs duMustang, région où les seigneurs possédaient les terres, les maisons des serfs et régissaient tous les aspects de la vie de ces derniers[38].
En 2008, le gouvernement népalais décide d’abolir le système de servage des paysans sans-terre connus sous le nom d’haliyas[39].
En France, le servage a fortement diminué avec l'essor économique de la fin duMoyen Âge qui permit aux serfs de racheter leur liberté (voir aussi le rappel de l'interdiction de la servitude sousLouis X, 1315), l'esclavage de traite ayant disparu au milieu duXIe siècle et le servage étant progressivement remplacé par l'ordre des laboratores qui offre librement son travail en échange de garanties assurant des moyens élémentaires d'existence[42]. Un acte d'affranchissement, appelé « lettres de manumission » leur est remis.
Le servage personnel avait disparu après laguerre de Cent Ans, car le manque de main-d'œuvre (laGrande Peste à elle seule a emporté entre 1/4 et 1/3 de la population) a favorisé la concurrence entre nobles et le débauchage des serfs. À cette époque, les nobles du voisinage proposaient aux serfs de racheter leur contrat pour venir s'installer librement sur leurs nombreuses terres en friche, ce qui obligeait le noble local à faire de même pour conserver son personnel. Plus généralement, les autorités ecclésiastiques et royales créaient dessauvetés, des villefranches et accordaient des lettres de franchises à des villes existantes, afin d'attirer et de fixer sur leur territoire toute la population servile ou mécontente de son sort. EnAquitaine, on voit les roisde France etd'Angleterre faire assaut de concurrence en créantune multitude de bastides dotées du plus grand nombre de privilèges et d'exemptions fiscales pour attirer la population.
Par l'Édit du 8 août 1779, le roiLouis XVI abolit le servage (c'est-à-dire la « servitude personnelle et réelle »[43]) sur les domaines royaux de France. Refusant l'abolition sans distinction de la servitude personnelle, il abolit toutefois dans tout le royaume le « droit de suite », et affranchit tous les « main-mortables [les serfs] des domaines du roi », ainsi que les « hommes de corps », les « mortaillables » et les « taillables » [d'où vient l'expression « taillable et corvéable à merci »][43]. Cette ordonnance avait été favorisée par l'intervention deVoltaire, qui avait plaidé en1778 la cause des serfs duMont-Jura et de l'abbaye de Saint-Claude[43]. L'ordonnance de Louis XVI montre qu'« excepté certains cas », les serfs étaient privés du droit d'héritage[43]. Il autorise en outre les titulaires dedomaines engagés qui se croiraient « lésés » par cette réforme à remettre au roi les domaines concernés en échange de contreparties financières[43]. Afin de favoriser l'imitation de son acte royal d'affranchissement des serfs dans les domaines royaux, l'ordonnance précise que« considérant bien moins ces affranchissements comme une aliénation, que comme un retour audroit naturel, nous avons exempté ces sortes d'actes [d'affranchissement] des formalités et destaxes auxquelles l'antique sévérité des maximes féodales les avaient assujettis »[43].
Néanmoins, l'ordonnance ne fut guère appliquée[43], car il aurait fallu que le roi rachète aux propriétaires supérieurs des terres en mainmorte la valeur patrimoniale de ce droit qui revenait à rendre tous les fermiers des abbayes propriétaires du domaine qu'ils exploitaient.
À la veille de laRévolution, le vrai servage, c'est-à-dire le servage personnel, avait complètement disparu depuis plus de cinq siècles, sauf dans les îles d'Amérique où il existait desesclaves régis par le statut duCode noir. L'abolition desprivilèges lors de la célèbrenuit du 4 août1789 n'a donc eu aucun effet sur l'abolition du servage.
Lors de la vente desbiens nationaux, c'est l'ancien statut de servage réel, rebaptisé « louage d'ouvrage » puisfermage, qui a été préféré et généralisé en1801 par leCode civil des Français : l'ancien seigneur ayant été remplacé par un bourgeois propriétaire et l'ancien censitaire par un locataire libre, c'est-à-dire précaire.
Un exemple précis : l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés auIXe siècle
Le droitallemand distinguait, le « serf passif » et le « serf réel ». Mais seul le « serf réel » possédait desdroits sociaux et/ou politiques à l'instar des hommes libres.
Ainsi, le « serf passif » travaillait sur la réserve d’un seigneur, et était donc obligé de payer, outre les charges au seigneur, unimpôt public,la Bede oule Schatzung ; alors que le « serf réel » ne travaillait pas sur la réserve d’un seigneur, mais exploitait les terres de la ferme sous toutes sortes de baux (louage,métayage,fermage, etc.). Le grand juriste allemandJustus Möser (Osnabrück,1720 –1794) s'est constamment attaché dans ses écrits, non littéraires, à définir, et si possible développer, les capacitéspolitiques etsociales liées à ces deux formes de servage.
Le servage est étroitement lié auféodalisme. Dans lapéninsule scandinave (Norvège etSuède) et enFinlande, contrées où le féodalisme ne fut jamais vraiment établi, le servage n'a guère existé, sauf en période d'hégémoniedanoise sur une partie du territoire de ses voisins du nord. Car au Danemark la noblesse toute puissante a réduit ses paysans au servage.
↑Mazoyer, Marcel,Roudart, Laure,Histoire des agricultures du monde : du néolithique à la crise contemporaine, Éditions du Seuil,(ISBN978-2-02-053061-3,OCLC300189713), Chapitre VI Les systèmes agraires à jachère et culture attelée légère des régions tempérées
↑Florence Perret,« La répression est très féroce », sur le site helvétique « 24 heures » (entretien avecKatia Buffetrille), 25 mars 2008 :« La tibétologueKatia Buffetrille, […] déclare que dans l'ancien Tibet, « effectivement, il y avait du servage, de l'esclavage même », précisant que « la société était très hiérarchisée, seul le clergé et les nobles pouvaient être propriétaires terriens. » »
↑Katia Buffetrille,Chine et Tibet, une si longue histoire,Le Monde, 23 mars 2008 :« Le mot "esclave" est parfaitement impropre. Très schématiquement, on peut dire que le Tibet était une société à strates, très hiérarchisée, dans laquelle existait une séparation nette entre religieux et laïcs. Les laïcs étaient divisés en trois strates : la noblesse, le peuple, la strate inférieure (bouchers, pêcheurs…). Trois groupes seulement pouvaient être propriétaires : l’État, le clergé et les nobles. Le terme de "serfs", appliqué aux paysans, est contesté par certains tibétologues, qui préfèrent celui de "gens du commun" ou "sujets". En fait, les paysans, la grande majorité du peuple, étaient héréditairement liés à la terre et devaient des taxes qui étaient versées en argent, en nature, mais la plupart étaient sous forme de travail, essentiellement le travail de la terre. En dépit de cette structure qui peut paraître rigide, il y avait en fait une grande flexibilité. […] Les seigneurs n'avaient aucunement pouvoir de vie et de mort sur eux. Il ne s'agissait pas du tout d'un système idéal, mais il n'avait rien à voir avec de l'esclavage. »
↑The Cambridge history of Russia (Perrie, Maureen, 1946-, Lieven, D. C. B., Suny, Ronald Grigor.), Cambridge, Cambridge University Press,, 576 p.(ISBN9780521812276,OCLC77011698,lire en ligne)
↑(en)Edmund Candler,The Unveiling of Lhasa, Pentagon, London, 2007 :« The country is governed on the feudal system. The monks are the overlords, the peasantry their serfs ».
↑Geoffrey Samuel, « Tibet as a Stateless Society and Some Islamic Parallels », dansThe Journal of Asian Studies, vol. 41,no 2, (Feb., 1982),p. 215-229.
↑Cent questions sur le Tibet, publication du gouvernement chinois, 2001. Extrait de la réponse à la question 13 :« Des gens de l'échelon supérieur du Tibet considéraient comme une faiblesse l'attitude du gouvernement central d'attendre patiemment la réforme du système social du Tibet, et ils déclenchèrent sans vergogne une rébellion armée en 1959. Dans ces circonstances, se conformant au désir de la majorité de la population du Tibet, le gouvernement central réprima rapidement la rébellion et lança une réforme démocratique. Celle-ci abolit le régime féodal du servage, extrêmement corrompu et ténébreux, et la théocratie, et elle permit à un million de serfs et d'esclaves de s'émanciper. Ces derniers n'étaient plus considérés comme les biens individuels des propriétaires de serfs, c'est-à-dire pouvant être vendus, achetés, transférés, échangés et utilisés pour payer une dette, et ils n'étaient plus forcés à travailler pour leurs propriétaires. Ces serfs et ces esclaves, traités depuis longtemps comme des« bœufs et des chevaux doués de la parole », devinrent dès lors des « êtres humains » à part entière. Ils obtinrent la jouissance de la liberté individuelle et devinrent les maîtres de leur propre destin et de la société. C'est une transformation qui fait époque dans l'histoire du Tibet et aussi un grand progrès dans l'histoire de son développement des droits de l'homme. ».
↑« Tibet, en chinois Xizang »,Encyclopédie Larousse en ligne :« Les réformes sociales et économiques, entreprises à l'instigation de Pékin à partir de 1951, débouchent sur la socialisation du pays, entraînant des progrès économiques certains, caractérisés par l'accroissement des surfaces cultivées (+ 20 %) et des rendements agricoles (+ 25 %), ainsi que par un début d'industrialisation, tandis qu'est commencée la construction de routes. Parallèlement, une réforme agraire dépossède les grands propriétaires et libère les serfs, encore nombreux sous le régime des lamas ».
↑Katia Buffetrille,« Chine et Tibet, une si longue histoire »,Le Monde, 23 mars 2008 :« Le terme de « serfs », appliqué aux paysans, est contesté par certains tibétologues, qui préfèrent celui de « gens du commun » ou « sujets ». En fait, les paysans, la grande majorité du peuple, étaient héréditairement liés à la terre et devaient des taxes qui étaient versées en argent, en nature, mais la plupart étaient sous forme de travail, essentiellement le travail de la terre. En dépit de cette structure qui peut paraître rigide, il y avait en fait une grande flexibilité. Ces paysans avaient des devoirs mais jouissaient aussi de droits. Les seigneurs n'avaient aucunement pouvoir de vie et de mort sur eux. Il ne s'agissait pas du tout d'un système idéal, mais il n'avait rien à voir avec de l'esclavage ».
↑Bhutan Travel Guide, Lonely Planet, 2011 :« The age-old system of serfdom is abolished by King Jigme Dorji Wangchuck, who also decrees that all derogatory terms associated with serfs be abolished ».
[Brasseul & Herland 2009] Jacques Brasseul et Michel Herland, « Une énigme historique : La succession de l’esclavage antique et du servage médiéval » (Table ronde 2 : « La transition de l'esclavage à d'autres systèmes ». Université des Antilles et de la Guyane – Martinique, 16-17 décembre 2004),Économies et Sociétés - Cahiers de l'ISMÉA, histoire de la pensée économiqueno 41,,p. 1089-1116(lire en ligne [surbrasseul.free.fr]).