Pour les articles homonymes, voirKorber,John Thomas etThomas.
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Serge Korber, utilisant parfois le pseudonyme John Thomas, est unréalisateurfrançais, né le dans le18e arrondissement de Paris et mort le dans le13e arrondissement de Paris.
Né à Paris d'une modeste famille de confessionjuive, Serge Korber passe une partie de la guerre caché par une famille protestante duChambon-sur-Lignon, ses parents étant réfugiés en zone libre àMontauban[1].
Il quitte l'école dès14 ans, après le certificat d'études pour devenir apprenti tapissier. Il entre à l'école Boulle, section tapisserie, où il apprend l'histoire de l'art.
Par ses amis au sein desJeunesses communistes qu'il intègre un temps, il découvre la lecture et les grands poètes, notamment au travers des chanteurs poétiques et prolétariens de l'époque. Il découvre la littérature américaine en lisantHenry Miller,Ernest Hemingway,William Faulkner,John Steinbeck,William Saroyan ; suivra la littérature française.
Fréquentant les bars de laContrescarpe, notamment le bistrot La Choppe, il y rencontre bon nombre des artistes débutant alors dans les cabarets du quartier (Ricet Barrier,Boby Lapointe,Daniel Laloux,Henri Serre,Jacques Florencie,Jean-Pierre Suc).
En 1955, avec celui-ci et quelques amis, il crée dans une ancienne bonneterie de larue Descartes le cabaret Le Cheval d’Or où se produisent des débutants :Raymond Devos,Pierre Perret,Anne Sylvestre,Pierre Richard, ouBoby Lapointe.
Il y côtoie aussiFrançois Truffaut, cinéaste débutant, qui y engagera notamment Henri Serre pourJules et Jim, Boby Lapointe pourTirez sur le pianiste et bon nombre des artistes du lieu pour le filmTire-au-flanc 62, ce qui l’introduit pleinement dans le milieu de laNouvelle Vague.
Parallèlement à ses activités au Cheval d'Or, il fréquente assidûment lacinémathèque : son rêve est d'écrire et de réaliser des films.
Il entre en contact avecGuy Debord, récent fondateur de l'Internationale situationniste qui, à l’automne 1958, vient lui-même d’ouvrir, avec son épouseMichèle Bernstein et leur ami Jacques Florencie, le cabaret La Méthode situé égalementrue Descartes. Il participe même à l'enregistrement d'une conférence sur magnétophone destinée à une manifestation du mouvement situationniste programmée avec leStedelijk Museum d'Amsterdam[2]. Debord le prend comme premier assistant du court métrageSur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps, dont la première partie du tournage a lieu en[3]. Cependant, en août, au moment de débuter le montage, un différend éclate entre eux et Korber est écarté par Debord qui ne le fait donc pas figurer au générique[4].
En 1960,Jean-Michel Boris, directeur de l'Olympia lui propose de travailler avec lui. Il collabore aux derniers spectacles d'Édith Piaf et deJoséphine Baker.
En 1962,Claude de Givray etFrançois Truffaut lui proposent un rôle dans le filmTire-au-flanc 62. Puis, il est co-auteur et assistant de Claude de Givray sur son deuxième film,La Grosse Tête, écrit par Truffaut. La même année,Agnès Varda le fait jouer dansCléo de 5 à 7, où il est le parolier des chansons de Cléo mises en musique parMichel Legrand (qu'il mettra en scène bien des années plus tard pour ses concerts auChâtelet et auPalais des Congrès).
Toujours en 1962, il rencontre grâce à François Truffaut le producteurPierre Braunberger qui, de 1962 à 1964, va produire ses huit premiers courts métrages[5], primés dans de nombreux festivals.
Il refuse cependant de produire son neuvième projet : c'estMarin Karmitz qui, commençant sa carrière de producteur, le produiten empruntant l'argent à son père[réf. nécessaire]. Ce film,Un jour à Paris, avecJean-Louis Trintignant, est vendu dans le monde entier et Marin Karmitz entame alors une carrière de producteur distributeur avec sa société,MK2. La rencontre avec Jean-Louis Trintignant, devenu vedette aprèsEt Dieu… créa la femme (1956), permet à Serge Korber de réaliser son premier long métrage,Le Dix-septième Ciel.
Il se voit alors confier par le producteurAlain Poiré la réalisation de l'adaptation du roman deRené Fallet par Michel Audiard,Un idiot à Paris. Satisfait de cette collaboration, Audiard lui propose le scénario deLa Petite Vertu.
Suivent deux films avecLouis de Funès et deux avecAnnie Girardot, grandes vedettes de l'époque. Avec cette dernière, Korber adapte un roman deCatherine Paysan,Les Feux de la Chandeleur, un drame dans lequel l'actrice incarne en 1972 la mère deClaude Jade et deBernard Le Coq, délaissée par son mari (Jean Rochefort).
Serge Korber est notamment connu pour avoir tenté de moderniser le personnage deLouis de Funès dans deux films qui connaîtront un succès relatif au regard de la popularité de l'acteur à cette époque :L'Homme orchestre etSur un arbre perché en 1970.
Frédéric Bonnaud, directeur de laCinémathèque française, écrit :
« Trop souvent privé de metteur en scène, Louis de Funès, à partGérard Oury etEdouard Molinaro, trouve son troisième en la personne de Serge Korber. Le premier, Gérard Oury, a conçu des comédies à grand spectacle de plus en plus audacieuses et délirantes. Le deuxième, Edouard Molinaro, a mis la science de sa technique au service de la comédieOscar etHibernatus. Le troisième, Serge Korber, le plus expérimental a accédé au profond désir de renouvellement du maître clown, en mettant au point deux prototypes qu'on gagnera à redécouvrirL'Homme orchestre etSur un arbre perché. »
En 1975, Serge Korber bouscule la censure à la suite d'un pari avec François Truffaut et Claude Chabrol en réalisant une suite de films pornographiques sous le pseudonyme de John Thomas (infra).
Serge Korber réalise ensuite quelques longs métrages puis, dans lesannées 1980, se tourne vers la télévision.
En 1996, il revient au cinéma avec l'adaptation de la bande dessinée deChristian Binet,Les Bidochon.
Dans les années 2000, il est principalement producteur et réalisateur de documentaires, notamment surMaurice Béjart,Jean Gabin,Jean-Louis Trintignant etBoris Vian.

Serge Korber est marié, de 1962 jusqu'à sa mort, à Marie-Claire Korber[6] ; ils ont un fils, Thomas, qui estscénariste[7]. Sa femme Marie-Claire est la chef monteuse de presque tous ses films. Il vécut de nombreuses années àBrens, dans le Tarn, dans une maison dont il s'était séparé en 2019.
Serge Korber meurt àParis[8],[9] le, à l'âge de85 ans[10], jour où France 3 avait programmé de longue date un de ses films les plus connus,L'Homme orchestre, comme film du dimanche après-midi[11].
Ses obsèques ont lieu le aucrématorium duPère-Lachaise àParis[12]. Ses cendres sont ensuite inhumées dans la40e division du cimetière.
En 1975,François Truffaut, Serge Korber etClaude Chabrol évoquent lors d’une réunion amicale le poids de la censure. Ils font un pari, que Serge Korber qualifie avec le recul d’un peu stupide : réaliser unfilm pornographique. Le nom de Serge Korber est tiré au hasard parmi les trois réalisateurs et il réaliseL'Essayeuse, l’idée étant de faire reculer la censure[13]. Le film était auto-produit, et les distributeurs,UGC et SND, très demandeurs. Parce que l’État introduit en 1975 leclassement X pour les films pornographiques,L'Essayeuse obtient le 21 août 1975 un visa de contrôleNo 44432 par leCNC[14]. En cinq semaines de projections dans une dizaine de salles de cinéma (date de sortie en salle : le 9 septembre 1975), près de 69 000 spectateurs ont pu voir ce film.
Dans la foulée,45 associations de vertus se liguent et portent plainte contre le film auprès de la justice afin que ce dernier soit retiré des salles de cinémas. Parmi ces associations, le Comité de liaison pour la dignité et de la personne humaine (CLDPH) affirme même :« Nous disons que ces producteurs de films devraient aller en prison et être empêchés de nuire ». Le président des AFC (Associations familiales et catholiques) affirme également à l’époque :« Nous avons cherché un film faisant l’étalage de toutes les perversions sexuelles, bâti sur un scénario lamentable, bref, un film sans aucune qualité artistique, ou alibi intellectuel.L’Essayeuse correspondait parfaitement à ce profil »[15]. Bien que le film ne soit pas plus obscène et de mauvais goût que les autres films de ce genre, les plaignants veulent ici faire un exemple. Le 8 novembre 1976, la17e chambre correctionnelle de Paris demande la destruction du corps du délit pour incitation à la débauche et à la dépravation[16], le réalisateur, le producteur, les techniciens, les acteurs, ainsi que le scénariste sont d'abord condamnés[17] (pour atteinte à la dignité humaine)[18] à des amendes allant de 400 à 10 000francs pour outrages aux bonnes mœurs. La condamnation est confirmée et amplifiée en appel le, les amendes allant cette fois de 3 000 à 18 000francs, lacour d'appel ordonnant, pour la première fois en France depuis la guerre,« la saisie et la destruction du négatif et de toutes les copies du film ayant servi à commettre le délit »[19].
Le film est interdit, sa copie brûlée, et Serge Korber condamné à une lourde amende. La mort deJean Gabin le 15 novembre 1976 advient en même temps que le jugement de la17e chambre correctionnelle de Paris est rendu.Charlie Hebdo titre :« Cinéma français deux morts : Jean Gabin - L'Essayeuse ». La procédure pénale a durédeux ans : Serge Korber a donc pu réaliser d'autres films porno durant les années 1975-1977, sous le même pseudonyme, John Thomas, avec comme interprètes réguliersAlain Saury (son acteur dans trois films),Richard Darbois,Bob Asklöf,Gabriel Pontello,Richard Allan,Emmanuel Pluton,Emmanuelle Parèze,Sylvia Bourdon. Dans le film3001. L'odyssée de l'extase, il a utilisé des plans deL'Essayeuse : deux scènes de viol d'Emmanuelle Parèze par le gang. Après sa condamnation définitive le 10 juin 1977, Serge Korber paye une amende de 18 000francs et dit adieu à la pornographie. Mais, avant sa mort, il affirme :« Je ne regrette rien, c'était très amusant à faire, il n'y avait aucun vice ».
Plusieurs personnalités dont des critiques réclament en 2013 la réhabilitation de« cet excellent film" »[20], qu'ils qualifient rétrospectivement de« film martyr de censure »[15].
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