Défenseur de la cause des déportés juifs en France, avec son épouseBeate, il a mené une action militante pour la reconnaissance de laShoah, de la responsabilité des hommes et des États dans sa mise en œuvre, des droits des survivants et de leurs descendants.
Serge Klarsfeld est le fils de Arno et Raïssa Klarsfeld. Arno Klarsfeld est né le 20 janvier 1905 àBrăila enRoumanie. Serge Klarsfeld a une sœur Georgette, et deux demi-frères : Georges et Michel, que son père Arno a eus avec d'autres femmes. Ils garderont, néanmoins, un excellent souvenir de leur père puisque Georges a eu un fils qu'il a prénommé Arnaud, et Michel a eu un petit-fils prénommé Arno. Serge Klarsfeld s'entend fort bien avec eux et écrira dans son livre que sa famille de Montpellier est également la sienne.
En 1943, la famille Klarsfeld est réfugiée àNice sousoccupation italienne lorsque les Allemands y font leur entrée et y traquent les Juifs. Son père, Arno Klarsfeld fait alors construire dans leur appartement, au 15 rue d'Italie, un placard à double fond avec une mince cloison en contreplaqué derrière les vêtements, dans lequel Serge Klarsfeld, sa mère et sa sœur se cachent quand les Allemands viennent les chercher. Arno Klarsfeld leur dit qu'il est seul dans l'appartement, que sa femme et ses enfants ont quitté Nice parce qu'il y avait eu une désinfection de l'appartement. Arno Klarsfeld est envoyé àAuschwitz où à son arrivée, frappé par unkapo, il l'assomme, il sera alors placé dans un commando très dur et mourra àAuschwitz[2].
Après laLibération, les Klarsfeld retournent vivre enRoumanie, puis décident de revenir en France[3].
Après des études aulycée Claude-Bernard, Serge Klarsfeld fait des études d'histoire et est diplômé d'études supérieures en Histoire à laSorbonne en 1958[4].
Serge Klarsfeld est à la recherche d'Alois Brunner depuis des années. Il dresse la liste des enfants qu’il a raflés le, retrouve leurs photos, recueille des témoignages. En 1982, Serge Klarsfeld se rend enSyrie. Mais il est expulsé. Serge et Beate Klarsfeld le seront quatre fois dans les années 1980.
Ils ont été victimes le d'une tentative d'assassinat par le réseau néo-naziOdessa, qui demandait l'arrêt de leur travail pour retrouver les criminels nazis[9]. Cette même année, Serge Klarsfeld s'est rendu àTéhéran pour protester contre l'exécution deJuifs libanais.
En 1987, après la condamnation àLyon deKlaus Barbie, Serge Klarsfeld peut porter plainte contre Brunner à propos desEnfants d'Izieu raflés le à laMaison d'Izieu. Mais même les discussions de président à président entreJacques Chirac etHafez el-Assad n'aboutissent pas à l'extradition d'Aloïs Brunner. Des commissions rogatoires internationales explorent plusieurs pistes : Argentine, Uruguay, Espagne, où, en 1995, un ancien général de laWehrmacht et ami de Brunner,Otto Remer confirme finalement que l’ancien commandant ducamp de Drancy vit bien en Syrie[réf. nécessaire].
Serge Klarsfeld et son épouse sont également à l'initiative des poursuites contreRené Bousquet etJean Leguay[10].
Serge Klarsfeld, le 20 octobre 2010 à son domicile parisien.
En France, Serge Klarsfeld crée en1979 l'associationFils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), qui a pour but de défendre la cause des descendants de déportés. En 1978, il publieLe Mémorial de la déportation des Juifs de France rédigé à partir de la liste des déportés (76 000), classés par convois. DansLe Mémorial des enfants, il essaie de retrouver la photo et l'identité de chacun des 11 000 enfants envoyés vers la mort[11]. Ses travaux représententune des recherches les plus abouties sur la Shoah en France[12]. En1981, l'association a inauguré en Israël le Mémorial de la déportation des Juifs de France, un vaste monument qui porte le nom, la date et le lieu de naissance des 76 000 victimes françaises de l’extermination. Autour, 76 000 arbres forment une Forêt du souvenir. Il a aussi publiéLe calendrier de la persécution des Juifs de France en 1983 etVichy-Auschwitz en 1985.
Serge et Beate Klarsfeld, le 20 octobre 2010 à leur domicile parisien.
À partir du début des années 1980, Serge et Beate Klarsfeld ont œuvré pour la reconnaissance de la responsabilité de l’État français dans la Shoah, notamment en s'appuyant sur l'associationFils et filles de déportés juifs de France qu'ils ont créée en 1979 et en publiant de nombreux articles et ouvrages, ce qui a conduit au :
Discours deJacques Chirac, président de la République, du[13], sur la responsabilité de laFrance dans le sort des Juifs pendant laSeconde Guerre mondiale, durant lequel il affirme que "ces heures noires souillent à jamais notre histoire", ajoutant "Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français. Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis"[14].
Serge Klarsfeld rencontreMarine Le Pen en février 2024 après que son filsArno a eu l’engagement de l’ancienne présidente duRassemblement national (RN) que ce parti ferait « un grand discours » sur la protection des « Juifs de France »[17]. Quatre mois plus tard, dans le cadre desélections législatives de 2024, Serge Klarsfeld déclare qu'en cas de duel entreLa France insoumise et le RN, il votera,« sans hésitation », pour le candidat RN :« Aujourd'hui, le Rassemblement national soutient les juifs, soutient l'État d'Israël et il est tout à fait normal, vu l'activité que j'ai eue ces 60 dernières années, qu'entre un parti antisémite et un parti pro-juifs, je vote pour un parti pro-juifs »[18],[19],[20]. Accusé de nier ainsi l'actuel antisémitisme d'extrême droite et sa continuité avec le passé, il est fortement critiqué parGinette Kolinka, survivante de la Shoah, qui lui répond notamment que c'est bien en raison de la présence de l'extrême droite au pouvoir qu'elle a été déportée[21], témoignant de son inquiétude et de son incompréhension[22]. Elle ne croit pas que l'extrême droite puisse jamais sincèrement défendre les Juifs et être plus ouverte que la gauche à ce qu'ils sont[23].
Selon Klarsfeld, une des« victoires » de la lutte contre l’antisémitisme a été« de voir qu’un certain nombre de partis considérés comme d’extrême droite en Europe sont passés de l’autre côté, du côté du soutien à la cause juive ». Ainsi, il fait le« pari que c'est sincère » à condition que« Marine Le Pen reconnaisse laloi Gayssot [de 1990, réprimant le négationnisme] et lediscours de Jacques Chirac » sur laresponsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, espérant un geste« prochain »[24].
En, il considère que la reconnaissance deJérusalem comme capitale israélienne par l'administrationTrump des États-Unis est la« reconnaissance d'une réalité » et que la partie arabe de la ville pourrait être celle de laPalestine. Il suggère également que la ville entière devienne la capitale desNations unies[25].
Il déclare sur laguerre à Gaza depuis 2023« Quand je vois les témoignages de ceux qui étaient dans des abris, (venant) des Israéliens, qui sont des juifs, bien entendu ça nous replonge dans la Shoah »[26] et quelques jours avant lamarche du 12 novembre 2023,« Il faut se réjouir que le Rassemblement national participe à la marche contre l’antisémitisme »[27] et que« Un parti d'extrême droite est un parti dont l'ADN est l'antisémitisme, et ce n'est pas le cas du Rassemblement national. Le RN est devenu un parti fréquentable »[28].
Le, Serge Klarsfeld apporte son soutien àChristian Vanneste qui qualifie de « légende » la déportation de personnes homosexuelles en France lors de laSeconde Guerre mondiale. Serge Karsfeld argue alors que les seuls homosexuels déportés pour cette raison étaient des Alsaciens, soumis aux lois allemandes[29].
En, Serge Klarsfeld estime que laSuisse n'a vraisemblablement refoulé que 3 000 Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, rejetant ainsi les estimations précédentes de laCommission Bergier qui faisaient état plus de 25 000 personnes, et ajoutant qu'une nouvelle étude s'impose car« il s'agit de l'image de la Suisse dans le monde. Et cela est important pour le pays »[30].
En 2024, il considère que l’« extrême gauche […] est sous l’emprise de La France insoumise avec des relents antisémites et un violent antisionisme »[24].
Mémorial de la Déportation des Juifs de France. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms. FFDJF (Fils et filles de déportés juifs de France), 2012.
Les transferts de juifs du camp deRivesaltes et de la région deMontpellier vers le centre deDrancy en vue de leur déportation,,1993
Journal de Louis Aron, Directeur de la Maison Israélite de Refuge pour l'enfance: Neuilly-sur-Seine 1939, Crocq (Creuse) 1939-1942. Édité et présenté par Serge Klarsfeld avec la collaboration d'Annette Zaidman. Association "Les Fils et filles des Déportés Juifs de France" et "The Beate Klarsfeld Foundation",1998
Isaac Levendel, Bernard Weisz,Vichy, les Nazis et les voyous. La traque des Juifs en Provence, Paris : Nouveau monde éditions, 2013(ISBN9782365833912 et2365833918)[33]
Valérie Portheret,Vous n'aurez pas les enfants, Paris, : XO Édition, 2020
↑André Harris etAlain de Sédouy,Juifs et Français, éditions Grasset, 1979, p. 112 : "Quand il est arrivé à Auschwitz, il a été frappé par un Kapo, il l'a assommé ; le commandant du camp lui a donné raison mais l'a envoyé quand même dans un commando de représailles. Je ne sais comment il est mort, gazé ou à l'infirmerie… (témoignage de Serge Klarsfeld)
↑André Harris etAlain de Sédouy,Juifs et Français, éditions Grasset, 1979, p.112 : "Nous sommes repartis en Roumanie où se trouvaient encore les parents de ma mère. (témoignage de Serge Klarsfeld)
↑WilmaLadopoulos, « Exposition Beate Serge Klarsfeld. Les combats de la mémoire (1968-1978) au Mémorial de la Shoah »,Hommes & migrations. Revue française de référence sur les dynamiques migratoires,no 1327,,p. 179-181(ISSN1142-852X,lire en ligne, consulté le)
↑Serge Klarsfeld,La place de l'Histadrouth (Confédération générale des travailleurs juifs) dans le développement économique et social d'Israël (Mémoire présenté à l'Institut d'études politiques de l'université de Paris)(présentation en ligne).
↑« Cette association qui finance des voyages en solo et sac au dos »,Le Figaro Étudiant,(lire en ligne, consulté le).