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Il accède à lanotoriété en tant qu'auteur-compositeur-interprète, abordant de nombreuxstyles musicaux. Il s'essaie également aucinéma et à lalittérature, réalise plusieurs films etvidéo-clips et compose plus de quarantemusiques de films. Au milieu desannées 1950, il utilise lespseudonymes « Julien Gris », puis « Julien Grix » avant de choisir lenom de scène "Serge Gainsbourg". Dans les années 1980, il s'invente aussi unalter ego appelé « Gainsbarre ».
Ses débuts sur scène sont difficiles en raison de son physique. Toute sa vie, Serge Gainsbourg souffre de la peur d'être rejeté et de sa conviction qu'il estlaid. Au fil des années, il se crée une image depoète maudit etprovocateur, mais pas pour autant en marge du système. Les textes de ses chansons jouent souvent sur ledouble sens et illustrent son goût pour la provocation (Nazi Rock,Aux armes et cætera,Lemon Incest) et l'érotisme (Les Sucettes,Je t'aime… moi non plus,Love on the Beat), voire lascatologie[1] (Vu de l'extérieur,La poupée qui fait,Des vents des pets des poums,Evguénie Sokolov), ce qui lui vaut de nombreusespolémiques. Serge Gainsbourg aime également jouer avec les références littéraires, commeVerlaine (Je suis venu te dire que je m'en vais) et, dans une certaine mesure, « recycler » des thèmes de musique classique (Initials B.B.,Lemon Incest). Cependant, il considère la chanson et plus particulièrement les paroles, comme un « art mineur », car contrairement à lapeinture, par exemple, aucune initiation n'est nécessaire pour l'apprécier. Il travaille, parfois jusqu'à l'obsession, la formepoétique de ses textes, les parsemant derimes sophistiquées, dejeux de mots, d'allitérations et autresfigures de style peu communes dans lamusique populaire de son époque[2].
Auteur prolifique de chansons pour d'autres artistes, en particulier des femmes, Gainsbourg traverse la vie de chanteuses et actrices renommées, dontBrigitte Bardot, avec laquelle il a une brève liaison, ainsi queJane Birkin, avec qui il va vivre pendant plus de douze ans, qui est sa principalemuse, même après leur séparation et qui donne naissance à son troisième enfant,Charlotte Gainsbourg. Il influence considérablement certains artistes français, comme le groupeTaxi Girl,Renaud[3] ouÉtienne Daho, ainsi que des artistes nonfrancophones tels queBeck,Mike Patton, le groupePortishead ou le compositeurDavid Holmes.
En 1940, Lucien Gainsbourg est inscrit à l'École normale de musique de Paris,boulevard Malesherbes[17]. Il a12 ans et doit porter l'étoile jaune (« Une étoile de shérif », dira-t-il plus tard par dérision, ou « Je suis né sous une bonne étoile… jaune »)[18]. Au début de l'été 1941, sa famille seréfugie temporairement dans laSarthe àCourgenard, au lieu-dit « La Bassetière », chez Baptiste et Irma Dumur[19]. Le jeune Lucien est atteint d'unepéritonite tuberculeuse. Les Ginsburg resteront attachés à la commune - les parents revenant y passer leurs vacances et Serge y rendant visite avec Jane Birkin, dans lesannées 1970[19].
Vue de Saint-Léonard-de-Noblat où Lucien Ginsburg est scolarisé un temps, sous le pseudonyme de Lucien Guimbard, en pensionnat enclasse de seconde dans le lycée local, pour échapper aux persécutionsantisémites[20].
Les métiers artistiques étantinterdits aux juifs durant la guerre et plus personne ne voulant l'engager comme pianiste, son père passe enzone libre en 1942 pour trouver du travail et échapper à la misère. Les contrôles de police devenant de plus en plus nombreux, toute la famille le rejoint en àLimoges au 13 rue des Combes (devenu l'actuel 11)[21], avec defaux papiers. Ils se réfugient auhameau du Grand Vedeix dans la commune deSaint-Cyr enHaute-Vienne, sous le nom de Guimbard. Les filles sont cachées chez lesreligieuses de l'école du Sacré-Cœur à Limoges[22] et Lucien dans un collège public, àSaint-Léonard-de-Noblat. Il y reste pensionnaire pendant six mois sous sa fausse identité[20]. Un soir, laGestapo fait une descente dans l'établissement pour vérifier qu'aucun enfantjuif ne s'y dissimule. Avertis, les responsables du pensionnat l'envoient se cacher seul dans la forêt, muni d'unehache pour se défendre, où il passe la nuit entière avec la peur d'être pris et tué. Il vivra par la suite avec le sentiment d'être un rescapé[23].
Durant ces années de guerre, la famille Ginsburg se voit retirer entièrement lanationalité française par une commission spéciale mise en place par lerégime de Vichy qui les considère comme des « israélites sans intérêt national »[12]. Sur l'un des rapports de la commission, retrouvé en 2010[24], on peut lire à propos de Joseph, le père de Serge :« Exerçant la profession de pianiste, le nommé Ginsburg, qui se déplace fréquemment réside actuellement à Lyon. […] Son fils Lucien est inscrit au collège Du Guesclin. […] Il ressort néanmoins que l’intéressé a quitté la capitale en 1941 pour la zone libre pour s’éviter des ennuis en raison de sa confession ». La commission tranche : « retrait général ». Serge Gainsbourg n'a jamais rien su de cette dénaturalisation.
Jusqu'à 30 ans, Lucien Ginsburg vit de petits métiers. Il est, entre autres, professeur dedessin, dechant,surveillant, mais son activité principale est lapeinture. Il aurait aimé être un génie de la peinture commeFrancis Bacon ouFernand Léger dont il fut l'élève[30]. Il est particulièrement inspiré par ledadaïsme et notamment parFrancis Picabia dont il citera régulièrement l’œuvreJésus-Christ Rastaquouère[31].
En 1952, il emménage avecÉlisabeth Levitsky dans une chambre à laSchola Cantorum de Paris,rue Saint-Jacques, meublée d'un piano en piteux état, que Lucien répare pour pouvoir en jouer. Un jour, en rangeant leurs vêtements, Lucien et Elizabeth découvrent au fond d'un placard une porte donnant sur la salle de concert, où des groupes américains dejazz viennent enregistrer leurs disques. Depuis ce point de vue providentiel, Lucien observe, fasciné, prend des notes et délaisse petit à petit la peinture[32]. En 1954, il abandonne labohème pour devenircrooner depiano-bar dans lescasinos de villes côtières commeLe Touquet Paris-Plage (où il joue auClub de la Forêt du restaurantFlavio) ouDeauville, ou encore dans descabaretsparisiens comme chezMadame Arthur, uncabaret transformiste pour lequel il compose des musiques derevues[13] ainsi que des chansons restées inédites de son vivant pour lesquelles il remplace parfois le pianiste qui n'est autre que son père Joseph Ginsburg[33]. Dès 1954, Lucien Ginsburg dépose ses titres à laSACEM, d'abord sous son nom[13], puis sous lepseudonyme de Julien Gris[Note 2], évoluant en Julien Grix[13], puis, à partir d', sous son pseudonyme définitif de Serge Gainsbourg. Il expliquera que le prénom de Serge évoque laRussie et que les voyelles « A » et « O » ajoutées à son nom sont une réponse aux enseignants qui écorchent son patronyme, pour lui rappeler ses originesjudéo-russes[13]. Selon Jane Birkin, il a plus spécifiquement choisi ce nom en référence au peintre anglaisGainsborough, qu'il admirait[34].
Pour Canetti, la ressemblance entre Boris Vian et Serge Gainsbourg est troublante : le même trac, la mêmeélégance, une vision cynique de l'époque. Jacques Canetti prend en main la carrière naissante de Serge Gainsbourg, lui proposant de chanter aux Trois Baudets et dans lestournées qu’il organise avecJacques Brel,Guy Béart ouRaymond Devos, avec son style si éloigné de ceux deMontand,Bécaud ouBrassens[28]. L’adjoint de Canetti chez Philips,Denis Bourgeois, déploie une patience d’araignée pour l’aider à percer dans le disque.Michèle Arnaud est la premièreinterprète célèbre de l'auteur-compositeur Serge[36] également interprété par son filsDominique Walter, pour un disque sorti en 1966[37]. La chanteuse enregistre dès 1958, plusieurs titres :La recette de l'amour fou,Douze belles dans la peau également chantée parSimone Bartel à la même époque,Jeunes femmes et vieux messieurs etLa femme des uns sous le corps des autres[Note 3]. Dès lors, Gainsbourg fait ses premières armes, composant de nombreuses chansons et même unerevue musicale. Il décide alors d'abandonner la peinture pour se consacrer à la composition musicale et détruit la quasi-totalité de ses toiles, au grand dam de son épouse qui ne lui pardonnera jamais cet « autodafé ». Il se lance aussi dans une cour effrénée auprès des femmes, qu'il séduit en grand nombre, ce qui l'éloigne d'Élisabeth ; ils divorcent en, six ans après leur mariage[29].
En studio, Serge Gainsbourg commence sa fructueuse collaboration avecAlain Goraguer, déjàarrangeur musical deBoris Vian. Son premier albumDu chant à la une !…, sorti en 1958, qui contientLe Poinçonneur des Lilas, son premier succès d’estime (tout de suite repris par lesFrères Jacques), impressionne mais est un échec commercial. En effet, s’il est vendu à quelques centaines d’exemplaires[38] et est boudé par le public[39], il est cependant remarqué parMarcel Aymé, qui dit que ses chansons « ont la dureté d'un constat ». Aussi, Boris Vian écrit-il, en 1958, soit un an avant sa mort, un éloge à l’endroit de Gainsbourg dans un article duCanard enchaîné[40] puis le compare aussi àCole Porter. Enfin, cet album est récompensé parle Grand Prix de l'Académie Charles Cros, l'année suivante[41].
Les albums suivants (No 2 en 1959,L'étonnant Serge Gainsbourg en 1961 etNo 4 en1962), toujours réalisés avec Alain Goraguer, rencontrent le même destin que son premier album. Toutefois, Gainsbourg rencontre son premier succès commercial en 1960, avec le simpleL'Eau à la bouche (chanson-titre dufilm du même nom), vendu à 100 000 exemplaires[42].
Lorsque l'époque desyéyés arrive, il a 32 ans et n'est pas très à l'aise : passant enpremière partie deJacques Brel ou deJuliette Gréco, il est la risée du public et des critiques, qui se moquent de ses grandesoreilles et de sonnez proéminent. Débute, avec Gréco, une collaboration qui dure toute cette période « Rive gauche », dont le point d'orgue seraLa Javanaise à l'automne 1962[43]. PourPhilippe Clay, auquel il ressemble de façon troublante, il écrit en 1962Chanson pour tézigue et, en 1965,Lily taches de rousseur[44]. En 1964, ils apparaissent dans l'émission téléviséeDemandez le programme pour deux duos (L'Accordéon[45] etL'Assassinat de Franz Lehár[46])[44].
Il rencontre le guitaristeElek Bacsik et le contrebassisteMichel Gaudry et leur propose de collaborer avec lui, d’abord pour des représentations authéâtre des Capucines deParis dans le cadre des « mardis de la chanson », en, puis, un mois après, pour l’enregistrement deGainsbourg Confidentiel. Cet album empreint dujazz d'avant-garde plaît tant à Gainsbourg mais, il le sait, cette œuvre ne lui permettra jamais d'accéder au succès. Ce disque ne se vend qu'à 1 500 exemplaires. Dès la sortie du studio, il déclare :« Je vais me lancer dans l'alimentaire et m'acheter uneRolls ». Son album suivant,Gainsbourg Percussions, inspiré (parfois directement – et sans se soucier desdroits d'auteur[47]) desrythmes et desmélodies deMiriam Makeba et deBabatunde Olatunji, se démarque pourtant à nouveau de la vague yéyé. Mais là aussi, l'artiste rencontre un nouvel échec (plus important queConfidentiel). Cet album est la dernière collaboration de l'artiste avec Alain Goraguer avant de se diriger vers de nouveaux horizons musicaux pluspop.
En, la chanteuseBarbara propose à Gainsbourg de faire une série deconcerts avec elle, mais devant l'hostilité du public, ce dernier décide de cesser cette collaboration. Il ne remontera pas sur scène avant 1979[48].
À partir de 1964[Note 4]., Gainsbourg signe plusieurs chansons deFrance Gall. Cette illustration a été retouchée par uneIA.
Grand prix de l'Eurovision, pour la chanson composée pour France Gall et virage « yéyé »
Anna Karina qui interprète le téléfilmAnna et les chansons signées Gainsbourg. Cette illustration a été retouchée par uneIA.
En tant qu'interprète, il entre à part entière chez les « yéyés » avec les 45 toursQui est « in» qui est « out», paru en etComic Strip, paru en, enregistrés àLondres et qui ont tous deux rencontré le succès (le premier étant souvent passé dans l'émissionSalut les copains). Serge Gainsbourg figure ainsi, en, sur la « photo du siècle » regroupant quarante-sixvedettes françaises du mouvement yéyé (dont France Gall). Cette photographie est prise parJean-Marie Périer au Studio Mac Mahon pour le magazineSalut les copains.
La même année, il écrit et compose la bande originale de la comédie musicaleAnna tournée pour la télévision, diffusée en janvier 1967 et interprétée parAnna Karina, pour laquelle il signe notamment la chansonSous le soleil exactement.
En 1967, l'artiste écritLe Sable et le Soldat en soutien àTsahal pendant laguerre des Six Jours. Ce travail est réalisé à la demande de l’attaché culturel de l’ambassade d'Israël, qui souhaite envoyer unemarche militaire nouvelle pour remonter le moral des troupesisraéliennes[51], à la veille pressentie de violents combats. La maquette du texte est écrite enfrançais : elle est enregistrée en direct en moins de deux minutes, avec un accompagnement mélodique d'orgue électrique, le6 juin 1967[51]. La traduction enhébreu ne sera pas enregistrée. Confiée à lanavette diplomatique de l'ambassade, labande magnétique du morceau prend l'avion pourTel Aviv enIsraël. Après ce conflit armé éclair, l'enregistrement reste dans les archives de la radioKol Israël[51]. Vingt-cinq années plus tard, le collectionneur Jean-Gabriel Le Nouvel, qui en connaît l'existence, effectue des recherches très approfondies pour localiser la précieuse bande et l'exhume des archives. La version initiale restaurée a fait l'objet d'uneradiodiffusion en exclusivité par les studios de laRCJ en 2002[52],[53]. Puis, le label Kol Record se charge d'assurer la production et l'enregistrement de l'adaptation inédite du titre en hébreu, titréeAl Holot Israel, interprétée par la chorale de Tsahal[52],[54].
Les paroles de cette chanson étonneront beaucoup de monde lors de sa diffusion. Ainsi, le magazineTribune juive publie, dans un article :« […] Et pourtant, Gainsbourg n'était pas attaché à Israël. D'ailleurs, il n'y a jamais mis les pieds. Et lorsqu'il parlait de ses racines, il préférait évoquer la Russie de ses parents. Peut-être avoue-t-il dans cette chanson ce qu'il n'a jamais osé dire ? […] Personne ne se doutait que Gainsbourg, même s'il ne s'est jamais caché d'être juif - « Je suis né sous une bonne étoile… jaune », disait-il -, avait écrit une chanson si engagée pour le jeune État d'Israël à l'issue de la guerre des6 jours et de la libération de Jérusalem… »[51].
De son vivant, Gainsbourg s'exprime peu sur Israël, et parfois de façon contradictoire. Le, lorsqueNoël Simsolo invite Gainsbourg surFrance Culture dans « Une journée avec Serge Gainsbourg » diffusée le même jour, ce dernier dit :« Me battre pour mes origines juives ? Pourquoi pas, mais je ne vois pas où… moi, je suis un ashkénaze, je ne suis pas un mec d’Israël »[52]. Pourtant, interviewé parPatrick Bouchitey en 1981 surCarbone 14, il déclare à propos de cette chanson, avoir failli aller en Israël en 1967 pour se faire tuer :« Tu serais vraiment allé te battre ? — Oui, si ça tournait mal… Non, pas me battre, me faire tuer ! Oui, d'instinct, de par mes racines »[55].
À la fin de 1967, il vit une passion, courte mais intense, avecBrigitte Bardot[56], à qui il dédie la chansonInitials B.B., après lui avoir écrit plusieurs titres emblématiques :Harley Davidson,Bonnie and Clyde,Je t'aime... moi non plus. L'enregistrement de ce dernier titre avec elle en, gardé secret par Serge Gainsbourg à la demande de Brigitte Bardot (laquelle est alors mariée àGunter Sachs), ne sortira qu'en 1986 mais la chanson est rendue célèbre l'année suivante, réenregistrée en duo avec Jane Birkin[56].
Le Serge publie le disqueBonnie & Clyde, réalisé en duo avec elle. Il contient quatre chansons issues du répertoire de Bardot, sept issues du répertoire de Serge et un inédit chanté en duo qui est lachanson titre de l’album. Après la séparation, Serge publie l'albumInitials B.B. qui comporte, en plus de quatre inédits (dont lachanson homonyme), le titreBonnie & Clyde et le contenu des 45 toursQui est « in » qui est « out » etComic Strip. Cet album aux sonoritéspop résume parfaitement la période de l'artiste entre 1966 et 1968 et remplaceBonnie & Clyde, qui ne comporte qu’un seul inédit.
Sur le tournage du filmSlogan, dePierre Grimblat, en 1968, il rencontreJane Birkin, récemment séparée du compositeurJohn Barry dont elle vient d'avoir une fille,Kate Barry. Il lui fait chanterJe t'aime… moi non plus et69 année érotique, devenus d'immenses succès[57]. Ils deviendront pendant dix ans un couple trèsmédiatique, régulièrement à laune des médias, chacun enchaînant disques et tournages, concerts et apparitions photographiques[58]. Dans ce contexte, l'albumJane Birkin - Serge Gainsbourg réalisé en duo est publié en 1969, pour lequel le couple se partage les chansons. L'album comprend en plus les musiques de filmManon etElisa qui ont rencontré toutes deux le succès, à leur sortie en 1968.
Gainsbourg dédie également à sa nouvelle compagne le titreJane B, au thème musical largement inspiré par leprélude en mi mineur Opus 28no 4, deFrédéric Chopin[59]. Il a, d'ailleurs, fait tout au long de sa carrière de nombreux emprunts à lamusique classique, généralement non crédités[60],[61] – voir ci-dessous à la section « Emprunts et plagiats » – et il sera à son tour fréquemment échantillonné sur des morceaux derap, par exemple parMC Solaar pourNouveau Western[62].
Si ces albums rencontrent peu de succès commercial, les radios étant réticentes à diffuser ce chanteur réputé « difficile » car en porte-à-faux avec l'air du temps, ils le hissent à l'avant-garde de lachanson française[63].Histoire de Melody Nelson est accueilli par la presse comme« le premier vrai poème symphonique de l'âge pop »[64] ; produit et arrangé parJean-Claude Vannier et influencé par la scènerock anglaise (plus particulièrement la mouvanceprogressive rock alors en plein essor), cetalbum-concept, avec ses subtiles orchestrations de guitares, decordes et dechœurs, raconte l'histoire tragique d’une idylle entre un homme mûr et unenymphette, en écho au romanLolita deVladimir Nabokov, dont Gainsbourg est un admirateur inconditionnel et qu'il évoquera souvent par la suite (notamment à travers le personnage de Samantha surYou're Under Arrest). Cet album aura une influence considérable sur des artistes comme le groupeAir,David Holmes,Jarvis Cocker,Beck etDan the Automator.
En, Serge Gainsbourg, victime d’unecrise cardiaque, la transforme en couppromotionnel provocateur : il annonce à la presse, depuis son lit d’hôpital, qu'il va réagir« en augmentant sa consommation d'alcool et de cigarettes »[65]. Il continue de fait àboire et àfumer, fidèle au personnagedécadent qu’il se façonne avec complaisance. Durant la même année, paraît l'albumVu de l'extérieur, qui met en avant l'intimité tant du son que du texte qui évoque également lascatologie. L'album est un échec commercial, tout comme le nouveau duoLa Décadanse avec Jane Birkin sorti en single qui s'inspire du tubeJe t'aime… moi non plus.
En 1975, sortRock Around the Bunker, album enregistré à Londres, dont plusieurs titres (Nazi rock,SS si bon,Tata teutonne) paraissent une provocation excessive aux yeux des programmateurs, mais dont il dira« pour moi cet album était évidemment un exorcisme »[66].
Il compose également destubes plus légers commeL'Ami Caouette. L'année suivante, sort son nouvel album-conceptL'homme à tête de chou, où il raconte à nouveau unehistoire d'amourtragique, cette fois entre un homme travaillant dans un journal et une coiffeuse. Après un nouvel échec commercial avec le singleMy Lady Héroïne en 1977, Gainsbourg fait une incursion dans ledisco alors en vogue en1978 avec le singleSea, Sex and Sun (qui sera réutilisé dans le filmLes Bronzés) qui rencontre un grand succès. En 1979, il rejoint le groupe rockBijou sur scène et paraît ému quand le jeune public rock lui fait uneovation.
Mikey « Mao » Chung en tournée ici avecPeter Tosh (1978), il assure le piano et les guitares sur l’album jamaïcainAux armes et cætera.
Il cultive son aura d'artiste culte en participant à de nombreux films ditsd'auteur. Mais, s'il est considéré par la critique comme un acteur de talent, il ne tourne pratiquement que dans des films au succès confidentiel et n'accède pas dans ce domaine à la reconnaissance du grandpublic[Note 5]. En 1976, il se lance pour la première fois dans laréalisation cinématographique. Son filmJe t'aime moi non plus obtient très vite une réputation sulfureuse, avec unscénario audacieux touchant auxtabous de l'homosexualité et de lasodomie. Il réalise trois autres films qui obtiennent peu de succès, les sujets abordés étant souvent provocateurs, que ce soit l'inceste (Charlotte for Ever en 1986) ou l'exhibitionnisme (Stan the Flasher en 1990).
Page originale extraite du manuscritLa Marseillaise acheté par Serge Gainsbourg.
En effet, la salle de concert deStrasbourg où il doit se produire est investie par des membres d'une association d'anciens parachutistes militaires, qui désapprouvent sa version deLa Marseillaise, mais Gainsbourg garde tout son sang-froid. Il prend les paras au dépourvu en chantanta cappella et, lepoing tendu, la version originale de l'hymne français ; après un moment de flottement, les paras se sentent de ce fait obligés de se mettre au garde à vous, comme en témoignent les bandes d'actualités de l'événement.« J'ai mis les paras au pas ! », s'amusera-t-il dans l'émissionDroit de réponse deMichel Polac ; et, de fait, les paras, estimant avoir obtenu réparation, se retirent. Gainsbourg poursuit une tournée triomphale, de nouveau accompagné deSly and Robbie et des I Threes[67]. Un doubleCD,Gainsbourg et cætera, réunissant de nouveauxmixages de l'intégrale d'un concert au théâtrele Palace de Paris, restitue ce qui reste parfois considéré son meilleur enregistrement en public avec les concerts auCasino de Paris qui suivront quelques années plus tard.
Offensé par les proposcalomnieux à son encontre dans les articles de presse, notamment au sujet deLa Marseillaise, se sentant artiste incompris, Gainsbourg se réfugie dans la vie des milieux noctambules et interlopes, consommant encore plus d'alcool et de tabac et délaissant la vie de famille.
Il met alors au point le personnage de « Gainsbarre », un double créé de toutes pièces qui désormais va lui coller à la peau et dont il dira :« Quand Gainsbarre se bourre, Gainsbourg se barre[69] ». Il fortifie sa légende de poète maudit — dont il jouera d’ailleurs en multipliant les provocations —, malrasé etivre[70], apparaissant souvent enjean élimé, le visage bouffi caché par des lunettes noires et uneGitane à la bouche, ce qui lui vaut tantôt l'admiration, tantôt le dégoût.
En, après plus de dix ans de vie commune, Jane Birkin n'en peut plus et le quitte. À partir de cette période, il devient un phénomène de télévision par son comportement provocateur qui déclenche plusieurs scandales.Renaud s'inspirera plus de vingt années plus tard de l'ambivalence « Gainsbourg / Gainsbarre » pour sa chansonDocteur Renaud, Mister Renard, de l'albumBoucan d'enfer, qui évoque une« descente aux enfers » présentant bien des similitudes[71].
Cette période est marquée par la fréquentation des boîtes de nuit, desbeuveries, du noctambulisme, de la décrépitude physique... De plus en plus, Gainsbarre succède à Gainsbourg, avec une multitude d'apparitions télévisées plus ou moinsalcoolisées[57]. Ce personnage, Serge Gainsbourg l'évoque pour la première fois en 1981 avec la chansonEcce Homo, titre phare deMauvaises nouvelles des étoiles, nouvel album reggae qu’il enregistre àNassau auxBahamas, avec le même groupe que le précédent[72] :
Eh ouais c'est moi Gainsbarre On me trouve au hasard Des night-clubs et des bars Américains c'est bonnard (...) Il est reggae hilare Le cœur percé de part en part[73].
En 2003, au lieu de mettre en scène la naissance de Gainsbarre, mais avec des paroles différentes dans lesquelles Gainsbourg évoque sa mort, une version alternative de ce morceau intituléeEcce Homo et cætera sera publiée à titre posthume sur le double CDMauvaises nouvelles des étoiles – Dub Style qui réunit des remixagesdub, des enregistrements inédits et des interprétations d'artistesjamaïcains :
O.K. K.O. Le cœur pompe à malheur goutte à goutte se vide Cancer arrêt cardiaque me laissent impavide Dormir une chance de rêve, trop c′est trop[74].
En 1980, Serge rencontre une nouvelleégérie,Bambou, pour laquelle, une fois de plus, il ne peut s'empêcher de composer. Il lui fait chanter quelques titres qui ne rencontrent pas les faveurs du public (Made in China, paru en 1989). Il continue cependant d'écrire pour Jane Birkin, en particulier les albumsBaby Alone in Babylone etAmours des feintes.
Au début de l'année 1983, Gainsbourg se rend au Gabon pour y réaliser son deuxième film,Équateur. Le film s'inspire d'un roman de George Simenon,Le Coup de lune publié en 1933.Équateur met en vedetteFrancis Huster etBarbara Sukowa. Gainsbourg, en plus de signer la mise en scène et la musique, adapte lui-même le livre.Équateur est présenté en première mondiale au Festival de Cannes mais suscite une réaction peu favorable.
La marqueZippo a utilisé l’image de Gainsbourg sur ses briquets.
Le, en direct dans l'émission très suivie7 sur 7 présentée parJean-Louis Burgat surTF1, Gainsbourg brûle avec son briquet les trois-quarts d'unbillet de500 francs[75],[76](~160€ en 2023), filmé en gros plan, tandis qu'il commente son geste, sans se soucier de son caractèreillégal rappelé par le présentateur. Il prétend ainsi dénoncer le « racketfiscal » qui le taxe à 74 %, argent« dépensé non pas pour les pauvres mais pour le nucléaire et toutes les… » (il ne termine pas sa phrase). En 2024, le spécialiste Julien Paganetti publieSerge Gainsbourg. La flamme du scandale, dans lequel il analyse les circonstances du scandale provoqué par l’artiste et avance des éléments attestant la préméditation de cet acte par Gainsbourg[77]. Selon Emmanuel Tibloux, directeur de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, si cet acte peut effectivement être perçuprima facie comme une dénonciation de la politique fiscale menée par legouvernement socialiste, il s'agit également de« prendre à rebours » la conceptioncapitaliste selon laquelle l'argent ne peut être détruit[78]. Cette séquence restera culte dans l'histoire de l'émission et plus généralement dans l'histoire de la télévision française. Le lendemain, lundi, tous les médias nationaux commenteront ce geste, qui choque particulièrement le public français en ces années decrise économique, deprécarité etchômage. Cette provocation symboliquement forte ne fera que renforcer, dans les mois et les années suivantes, la présence dans les médias, notamment dans les émissions de télévision, de « Gainsbarre » au détriment de Gainsbourg.
Quelques mois plus tard parait l'albumLove on the Beat. Pour cet album enregistré à New York, Serge abandonne le reggae pour le funk américain. Nouvelle provocation de « Gainsbarre », lequel propose des paroles aux accents sexuelles tout du long de l'album, en particulier la chanson Lemon Incest en duo avec sa fille Charlotte évoquant implicitement l'inceste. En 1985, il se produit durant plusieurs semaines en concert auCasino de Paris[79]. Unalbum live en est tiré.
À la même époque, il s'occupe de la production de l'albumI love you Lulu de la chanteuseBuzy, avec qui il entretiendra une courte relation[80].
En, dans l'émission du samedi soirChamps-Élysées présentée parMichel Drucker surAntenne 2, également très suivie et à destination d'un public familial, où la chanteuse américaineWhitney Houston, âgée de22 ans, est présente, Gainsbourg n'hésite pas à dire, en anglais et le micro ouvert :« I want to fuck her » (« je veux la baiser »)[81]. La diva est outrée et stupéfiée[81] par de tels propos. Elle lui répond par des« What ?! » suraigus et hoquetés et demande s'il est ivre (« He must be drunk »[81]) ; à quoi Michel Drucker répond, très embarrassé (il a dans un premier temps tenté d'édulcorer les propos émis d'abord en français :« He says you are great… ») :« Non c'est son état normal, alors vous imaginez quand il est ivre ! »[82].
Durant sa période « Gainsbarre », malgré sa volonté de donner une image de lui provocante, sa sensibilité à fleur de peau se manifeste à plusieurs reprises dans d'autres passages télévisés. Ainsi lors de l'émissionSébastien c'est fou !, en 1988, quandPatrick Sébastien a organisé avec lachorale d'enfants desPetits chanteurs d'Asnières, déguisés en petits « Gainsbarres » pour l'occasion, une reprise de sa chansonJe suis venu te dire que je m'en vais, intituléeOn est venus te dire, l'incitant à ne pas se laisser aller ; ou lors de l'émissionSacrée Soirée qui lui est consacrée en, quand le présentateurJean-Pierre Foucault lui remet un doubledisque d'or, puis encore, lorsqu'il lui montre des images de la ville où ses parents se sont rencontrés enex-URSS,Théodosie, qu'il n'a jamais vues.
En 1987, Serge Gainsbourg retourne àNew York enregistrer son dernier album intituléYou're Under Arrest. Comme pourLove on the Beat, il s'agit d'une nouvelle provocation avec des paroles hautement sexualisées. Cependant, il propose un nouvel album concept qui évoque une nouvelle relation malsaine (aprèsHistoire de Melody Nelson etL'homme à tête de chou) et introduit des influenceship-hop.
En 1989, son œuvre quasi-intégrale sort en coffret de neuf CD sous le titreDe Gainsbourg à Gainsbarre. Il contient de nombreux titres introuvables que les collectionneurs se sont arrachés jusque-là, à prix d'or. Toutefois, les chansons écrites pour ses interprètes ne sont pas incluses, ni un certain nombre d'inédits, ni lesconcerts (d'autres coffrets plus complets sortiront à titre posthume).
Vue aérienne de Saint-Père-sous-Vézelay où Gainsbourg passe les deniers mois de sa vie.
Effets dutabac, de l'alcool et d'unegreffe du foie, Gainsbourg est plusieurs fois hospitalisé entre 1989 et 1991[84].
Il passe les six derniers mois de sa vie assez isolé àSaint-Père-sous-Vézelay dans le département de l'Yonne, où il reçoit ponctuellement Bambou, Lulu ou Charlotte, appréciant le gîte et la table du chef étoiléMarc Meneau ; il rentre chez lui à Paris lors de la fermeture annuelle, en janvier 1991[85],[86].
En 1951, Serge Gainsbourg se marie àÉlisabeth Levitsky[92] (1926 - 2022), fille d'aristocrates russes émigrés. Leur mariage, dans un premier temps heureux, finit par s’égarer. Gainsbourg côtoie de nombreuses femmes lorsqu’il joue chaque soir aupiano-bar. En 1957, il décide de changer de vie : il abandonne la peinture, met un terme à son premier mariage avec Elizabeth Levitsky et se lance officiellement dans la musique[93].
Le 7 janvier 1964, il épouse Françoise-Antoinette-Michèle Pancrazzi (née àBône enAlgérie, le et morte le 8 novembre 2014), fille d’un riche industriel, dite Béatrice (princesseGalitzine, depuis son premier mariage avec le prince Georges Galitzine)[94],[95]. Leur fille Natacha estbaptisée le. En, le couple divorce. Serge Gainsbourg s'installe ensuite à laCité internationale des Arts, dans une chambre d'étudiant. Il se réconcilie avec Béatrice en 1967 et ils auront un fils prénommé Paul, né en 1968, dit « Vania », lequel n'a jamais réellement connu son père[29],[92].
Fin 1967, il vit une idylle passionnée et au début secrète avecBrigitte Bardot alors mariée, qui dure 86 jours. Cette liaison attise l'intérêt des médias, français ou internationaux et devient très relayée par la presse, la radio et la télévision. Bardot est au faîte de sa gloire mondiale, Gainsbourg est un phénomène de la chanson en France, jouissant déjà d'une bonne renommée médiatique, même si dans l'ensemble ses ventes de disques sont encore assez faibles. Le fait que Gainsbourg compose pour sonégérie (Harley Davidson notamment) renforce encore le sentiment que cette liaison est forte, d'autant que les chansons en question sont de gros succès. L'actrice participe également à des chansons interprétées par Gainsbourg (comme sur la version anglaise deComic Strip) ou enregistrées en duo (commeBonnie and Clyde). Leur lien artistique, couronné de succès, se confond avec leur liaison, dont beaucoup sont surpris d'apprendre qu'elle fut finalement brève. La version deJe t'aime moi non plus, chantée par Bardot dont l'enregistrement en 1967 est demeuré secret, à la demande de Bardot, avant d'être reprise en 1969 par Birkin, n'est diffusée qu'en 1986[96]. Gainsbourg gardera uneaffiche géante de Bardot sur ses murs toute sa vie[réf. nécessaire].
En 1968, il rencontre l'actricebritanniqueJane Birkin (1946-2023)[59], sur le tournage du filmSlogan. Elle aussi va participer à de nombreux enregistrements en tant que chanteuse et Gainsbourg va lui composer plusieurs albums, dont de nombreuses chansons seront des succès commerciaux majeurs, que ce soit sur un mode léger (Ex-fan des sixties,Di Doo Dah) ou plus profond et mélancolique (Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve,Baby Alone in Babylone,Les Dessous chics,Quoi) et sont généralement des réussites artistiques saluées par lacritique. Leurs duos sont souvent provocants (69, année érotique, ouLa Décadanse, sorte de prolongation deJe t'aime moi non plus). Le couple, très affiché dans les médias, coutumier derumeurs et de provocations sulfureuses, devient emblématique et Birkin est considérée comme lamuse essentielle de Gainsbourg. Leur filleCharlotte Gainsbourg[59] naît le àLondres. Ne supportant plus le mode de vie et laviolence de Gainsbourg à son égard, Birkin le quitte en[97]ʼ[98], mais Serge Gainsbourg continuera de composer pour elle. Après sa mort, Jane Birkin reprend régulièrement ses chansons composées pour elle, ainsi que les chansons de son répertoire originellement interprétées par Gainsbourg, en tournées et sur disque.
Le couple vient fréquemment se reposer dans sonpresbytère deCresseveuille (Calvados), près de la maison de l'acteurYul Brynner qui devient leur ami. Celui-ci est d'ailleurs leparrain de Charlotte Gainsbourg. Serge, quant à lui, est le parrain de Melody, l'une des petites Asiatiques adoptées par l'acteur américain[99],[100].
À partir de 1981, Gainsbourg vit avec une jeune mannequin, Caroline Elisabeth Paulus (née en 1959) surnomméeBambou, pour qui il compose en 1989 l'albumMade in China, qui sera un échec commercial. Bambou a enregistré leschœurs, ou plutôt les crisorgasmiques paroxystiques du titreLove on the Beat, pour son compagnon, dont elle a un fils[101], Lucien, ditLulu Gainsbourg, né le. Lui aussi se lancera dans une carrière musicale[101].
En 1985, il rencontre une jeune fille de16 ans, élève aulycée Victor-Duruy, Constance Meyer, qui lui écrit une longue lettre glissée sous la porte de son domicile. Le soir même, il l'invite à dîner et trois mois plus tard, ils auraient été amants. Elle aurait entretenu une relation avec Gainsbourg durant cinq ans[84] (il l'aurait fréquentée en semaine, tandis qu'il retrouve Bambou le week-end[102]). La nature de cette relation est révélée et décrite dans un récit autobiographique,La jeune fille et Gainsbourg, publié en par celle-ci[103].
En 1986, parallèlement à sa relation avec Constance Meyer, il rencontre Aude Turpault, âgée de13 ans[104], avec laquelle il entretiendra une relation« platonique, filiale »[102].
La même année, il fait la connaissance de celle qu'il surnomme « la p'tite Marie », une étudiante en lettres de19 ans[105]. Cette liaison durera trois années selon uneautofiction publiée par l'intéressée en[106].
Serge Gainsbourg marque fortement la musique française par l'audace et l'éclectisme de ses créations. Il n'hésite pas à métisser ses compositions avec des influences musicales très variées, contribuant à en populariser certaines en France :
Serge Gainsbourg imprime en outre durablement sa marque pour ce qui est de l'écriture des textes. Dans un stylepoétique très maîtrisé, il prend plaisir à produire desrimes complexes (Comment te dire adieu ?), desallitérations (la Javanaise). Friand dejeux de mots, il s'appuie fréquemment sur ledouble sens. Les allusionsérotiques sont de plus en plus fréquentes tout au long de sa carrière. Certaines de ses chansons marquent les mémoires par leur caractère provocateur – ainsi les allusions à lafellation dansles Sucettes, queFrance Gall a chantée à18 ans à peine ; elle dira n'avoir compris le double sens du texte que des années plus tard[108]. PuisJane Birkin feignant l'orgasme dansJe t'aime… moi non plus, tube planétaire. Gainsbourg, avec le duoLemon Incest, enregistré en1984, avec sa filleCharlotte Gainsbourg (alors âgée de12 ans), fait encore scandale et se voit reproché (le texte comme le clip vidéo jouant sur l'ambivalence et les doubles sens[109]), de faire l'éloge de l'inceste, ce dont il se défend en évoquant l'amour filial, paternel et platonique[110],[111],[112],[113]. De même deux ans plus tard avec le film plus ou moins fictionnel et ambiguCharlotte for ever. Gainsbarre atteint les sommets de la provocation érotique avec le tubeLove on the Beat, véritable poèmepornographique, dit par lui-même d'une voix monocorde et cassée ; le fond sonore est constitué des crisorgasmiques deBambou (lesquels auraient été enregistrés lors de leurs ébats authentiques) ; l'orchestration baigne dans unfunk froid etsyncopé, tandis que deschœurs lancinants scandent le titre de la chanson de leurs voixandrogynes et mouvantes.
Présenté comme une personnalité négative,« misogyne notoire » et violente par des féministes, il aurait été coupable deviolences conjugales de plus assumées dans un cadre d'alcoolisme à l'encontre de Birkin, qui seraient cependant associées à un climat d'agressivité réciproque, aux dires de celle-ci[116] et son art reste accusé actuellement de banaliser à grande échelle par l'ambivalence ludique même lesviolencessexistes etsexuelles, y comprisincestueuses etpédophiles, contre les femmes et jeunes filles, qu'il aurait pratiquées ou promues. Aussi, des mouvements féministes le fustigent et combattent notamment par une pétition le projet de lui dédier le nom d'une station de métro située aux Lilas en hommage en particulier à sa chanson, laquelle pourtant se déroule à Paris, dans la station Porte-des-Lilas, et non aux Lilas[117].
Serge Gainsbourg a régulièrement et largement puisé son inspiration dans les thèmeslittéraires et musicaux, notamment dans lamusique classique[118],[119]. Pour tous ses emprunts, Gainsbourg n'a à son actif que deux affaires de réelsplagiats (reprise non autorisée de titres protégés) et pour lesquelles il a été condamné :
Une première fois pour son album de 1964 (Gainsbourg Percussions). Il emprunte très ostensiblement, sans en citer la source, les thèmes des chansonsKiyakiya,Akiwowo etJin-go-lo-ba(en) à l'albumDrums of Passion(en) (1959) de l'artiste nigérianBabatunde Olatunji[120], pour des titres respectivement intitulésJoanna,New York U.S.A. etMarabout. Olatunji remportera unprocès contre lui pour avoir copié les musiques de ces trois morceaux[44]. Sur le même album, le titrePauvre Lola emprunte clairement l'air deUmqokozo deMiriam Makeba sur son albumThe Many Voices of Miriam Makeba (1962).
Serge Gainsbourg sera poursuivi une seconde fois à la fin de sa carrière par lesayants droit d'Aram Khatchatourian, pour sa chansonCharlotte for ever de 1986. Elle reprend en effet l'Andantino pour piano, toujours protégé puisque le compositeur est décédé en 1978.
Par ailleurs, Serge Gainsbourg a repris, réarrangé à sa manière la chansonMon légionnaire initialement chantée parMarie Dubas puisÉdith Piaf et d'autres chanteuses.
Pour ce qui est des reprises des œuvres dudomaine public, Serge Gainsbourg s'est souvent inspiré de lamusique classique, dont on retrouve des trames dans les morceaux suivants[121],[60] :
L'Ami Caouette reprend en la développant une construction déjà utilisée parFranc-Nohain[123] et ultérieurement reprise par l'Oulipo sous le nom de « théorie des sollicitudes »[124].
On peut citer également son remake deLa Marseillaise, l'hymne national français, reprenant les paroles deRouget de Lisle.
Quand on l'interroge pour savoir s'il faut y voir hommage, simple citation ou provocation, il répond[126] :
« On pourrait aller jusqu’à la profanation (rires). Hugo disait : “Il est interdit de déposer de la musique le long de mes vers.” Brahms n’aurait pas aimé que je dépose des paroles le long de sa musique. Mais je ne fais qu’emprunter. Mes essais — qui ne sont que des essais — s’effaceront d’eux-mêmes et Brahms sera restitué. Je l’ai à peine effleuré. »
Titres 1,2,5 à 7 Musique et signature des textes (A1) « Ohio» (A2) « Entre autres pas en traître » (A5) « C'est rien je m'en vais c'est tout » (A6) « Le mal intérieur » (B1) « Beau oui comme Bowie »
Titres 3,4,8 à 11 Musique et cosignature des textes avec I. Adjani (A3) « OK pour plus jamais» (A4) « D'un taxiphone » (B2) « Le bonheur c'est malheureux » (B3) « Je t'aime idiot » (B4) « Et moi chouchou » (B5) « Pull marine »
« Rocking-chair » ?
Pull marine 1983 : Album Studio (Disques Philips Lp 814 827-1)
Charlotte Gainsbourg : « Lemon incest », « Élastique », « Zéro pointé vers l'infini », « Charlotte for ever », « Don't forget to forget me », « Ouvertures éclairs », « Oh daddy oh », « Pour ce que tu n'étais pas » ;
Juliette Gréco : « Accordéon », « La Javanaise », « Strip-tease », « Le Sixième sens », « Paris d'papa », « Un peu moins que tout à l'heure (Je t'aime pourtant) » ;
Régine : « Les P'tits Papiers », « Pourquoi un pyjama ? », « Ouvre la bouche ferme les yeux », « Les femmes ça fait pédé », « Il s'appelle reviens », « Laisses-en un peu pour les autres », « Loulou », « Mallo Mallory », « Les bleus », « Si t'attends qu'les diamants t'sautent au cou », « Tic Tac Toe », « Capone et sa p'tite Phyllis » ;
Catherine Sauvage : « Baudelaire », « Les Nanas au paradis », « Le Cirque » ;
Jacques Dutronc :Les Roses fanées (en trio avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin),Les P'tits Papiers (en trio également avec Serge Gainsbourg et Jane Birkin),Le bras mécanique (1975),Elle est si… (1972) ; la majorité des titres de l'albumGuerre et pets.
Il coécrit le quatrième album d'Alain Bashung,Play blessures, en1982. Rejeté par le public à sa sortie,l'album est considéré l'un des meilleurs albums français de tous les temps[réf. souhaitée].
La carrière discographique de Serge Gainsbourg s'est étalée sur33 années, comprenant 17 albums studios, 4 albums live et plus d'une cinquantaine de 45 tours ou CD simples, sortis en grande partie parPhilips, qui est resté lelabel du chanteur jusqu'à sa mort.
Au cours de sa carrière, il a obtenu 12disques d'or, 5 doubles disques d'or et 6 disques de platine[disco 24], et a vendu plus de6 millions de disques[129].
1966 :Noël à Vaugirard — Conte de Noël (une « nativitébeatnik ») réalisé par Jacques Espagne pourDim, Dam, Dom,2e chaîneORTF (diffusion le) : Joseph[130]
1980 :Des corps naturels, album de photos denus féminins parJacques Bourboulon, avecTrois variations pour un sonnet (Variation 1 –Variation 2 –Variation 3), troispoèmes érotiques de Serge Gainsbourg,Éditions Filipacchi / Union des Éditions Modernes, Paris, première édition1980(ISBN2850181846)
D'autres lots comme des photographies, cartes postales, textes, poèmes, sont mis aux enchères. Par ailleurs, une photographie est vendue 800 € à un enfant de13 ans[136].
Le, une nouvelle vente aux enchères de manuscrits préparatoires, photographies et documents ayant appartenu à Serge Gainsbourg se déroule à l'Hôtel des ventes Talma àNantes. Suscitant toute la ferveur des inconditionnels de « l'homme à la tête de chou », elle présente justement un manuscrit préparatoire pour lachanson du même nom, album s'envolant à 18 500 €.
D'autres objets plus anecdotiques mais intimes de la vie de l'artiste sont présentés. Il s'agit notamment de certaines notes de courses à Elisa, safemme de chambre, où Gainsbourg lui demande « d'acheter desGuinness, de l'huile d'olive » ou encore « tous les journaux saufL'Aurore ». Ces petites fugacités de la vie quotidienne de l'artiste ont été adjugées à 8 600 €.
Pour une dizaine d'objets mis en vente, le montant desadjudications s'élève à 62 350 €[137].
Serge Gainsbourg achète en 1969 d'anciennes boutiques d'un hôtel particulier sis 5bis de larue de Verneuil àSaint-Germain-des-Prés, qu'il transforme en habitation[138] et y vit jusqu'à sa mort en mars 1991[139].
Après l'obtention d'unpermis de construire en fin d'année,Charlotte Gainsbourg indique que la maison de son père devrait devenir unmusée en.Jane Birkin précise que les lieux ont été conservés dans leur état dont le placement des objets, depuis la mort de Serge Gainsbourg[140].
DansPayday 2, après avoir terminé la mission "Pyromane" dans la plus haute difficulté, mission dans laquelle les joueurs doivent brûler des liasses de billets, le succès "Pire que Gainsbourg" est obtenu[144]. La traduction française du jeu fait ici référence au billet de 500 francs, brûlé par Gainsbourg à la télévision le 11 mars 1984.
2007 : le groupe Mademoiselle Olivier lui rend hommage avec la chansonInitials SG sur l'albumMes flippers électriques. Legimmick de la chansonInitials BB est utilisé avec un texte en français évoquant la vie musicale de Serge Gainsbourg.
Dans le filmLe Plus Beau Métier du monde en 1996, avecGérard Depardieu dans le rôle principal, l'établissement scolaire au centre de l'intrigue s'appelle le « Collège Serge-Gainsbourg ».
Un buste en glaise de Serge Gainsbourg a été réalisé par le sculpteurDaniel Druet.
2005 (septembre à décembre) :Gainsbourg : Vu(es) de l'extérieur.1re exposition sur Serge Gainsbourg. Médiathèque José Cabanis. Ville de Toulouse. En Partenariat avec l'Institut national de l'audiovisuel, VMA, la Cinémathèque de Toulouse, la Médiathèque associative « Les Musicophages ». Commissaires de l'exposition : Sylvette Peignon et Nicolas Clément. À travers de nombreuses vitrines thématiques : « Les influences », « Un grand parcours discographique » (période 1958 à 2005, Gainsbourg et interprètes), « Gainsbourg acteur », « Gainsbourg réalisateur », « Gainsbourg et la publicité »... Des conférences, des projections, des lectures, des rencontres musicales, cette exposition a eu pour ambition de soumettre au regard du public la complexité d'un personnage parfois bien éloigné de la figure médiatique « Gainsbarre »[1],[149].
2008–2009 :Le poinçonneur a 50 ans ! est une exposition très documentée sur les débuts de Serge Gainsbourg. À Lille (Maison folie de Moulins) du au - Commissaire d'exposition Sébastien Merlet avec la collaboration d'Olivier Julien[150],[151].Artiste d'art urbain représentant Gainsbourg (2010)
2011 : Du au, la médiathèque municipale deBruay-la-Buissière a proposé l'exposition « Gainsbourg, black & white » ; 24 clichés plutôt rares datant d'entre 1958 et 1972, de divers photographes, y sont exposés[154].
INA : France Gall et Serge Gainsbourg reçoivent leur prix des mains du chanteur italienMario Del Monaco pour la chansonPoupée de cire poupée de son écrite et composée par Serge Gainsbourg et interprétée par France Gall. Grand prix Eurovision de la chanson du. Production :ORTF.
« J'ai composé pour elle parce que j'en étais amoureux, très amoureux, cette jeune femme me fascinait, il n'y avait pas un gramme de vulgarité en elle… On pourrait à son propos citer la phrase de Balzac : « En amour, il y en a toujours un qui souffre et l'autre qui s'ennuie ». Elle a été une des chances de ma vie, elle a eu l'intelligence de percevoir en moi un style nouveau. J'ai commencé à souffrir d'être laid vers13 ans. Pendant longtemps, j'ai envié ces beaux gars qui séduisent au premier degré, juste en apparaissant. Moi je plais aussi à certaines femmes, mais quand elles sont déjà un peu intelligentes, ce qui limite le nombre… Ou bien à des… torturées et cela c’est une autre paire de manches. C’est peut-être pourquoi je m'entendais bien avec mon ex-patronne, Michèle Arnaud, qui n’est pas exactement Greta Garbo. Elle me comprenait quand j'avais le cafard. Mais elle c'est un autre cas. Une femme, même laide, se débrouille toujours pour tirer parti de ce qui cloche. »
↑Il existe aussi une version chantée en duo avec Serge Gainsbourg et ultérieurement une reprise par le groupe de rock françaisBijou.
↑Titre représentant Monaco au Concours Eurovision de la chanson en 1967 et qui termina en cinquième position
↑Cf. 1975 : Après sa participation àL'Amour en fuite, film de François Truffaut. Compte tenu de son « absence forcée » l'année précédente, le comité de l'Eurovision lui propose de revenir présenter la France. Gainsbourg lui écrit la chansonComme un boomerang qui est jugée inappropriée pour le concours. Dani se retire de la compétition par fidélité à Gainsbourg. Dani fait alors les couvertures deVogue, Elle, Rolling Stone, Lui. Andy Warhol réalise son portrait pour la couverture du magazineInterview. (Source :Universal Music : La bio de Dani consulté le 10 mars 2010).
↑a etbNicolas Faucon, « Disparu il y a 25 ans, Serge Gainsbourg avait passé six mois une partie de son enfance en Haute-Vienne »,Le Populaire du Centre,.
↑Nicolas Faucon, « Disparu il y a 25 ans, Serge Gainsbourg avait passé une partie de son enfance en Haute-Vienne »,Le Populaire du Centre,(lire en ligne, consulté le).