Les populationsslaves, dont lesSerbes, s’installèrent au début duVIIe siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d'Illyriens, deGrecs Macédoniens etThraces, et de petites ethnies montagnardes.
Leclimat de la Serbie peut être décrit comme unclimat continental modéré, avec des caractéristiques plus ou moins accusées en fonction de la localisation, du relief, de la présence ou non de rivières, de la végétation ou de l’urbanisation[17]. Le nord du pays possède un climat nettement continental, avec des hivers froids et des étés chauds et humides, tandis que le sud, plus près de lamer Adriatique, connaît des étés chauds et secs et des automnes et des hivers relativement froids, avec d’importantes chutes de neige. C’est ainsi que la Voïvodine possède un climat continental influencé par les masses d’air venues de l’Europe du Nord et de l’Europe de l'Ouest, tandis que le sud et le sud-ouest du pays subissent une influenceméditerranéenne, elle-même modérée par les Alpes dinariques et d’autres chaînes de montagnes qui contribuent à rafraîchir les masses d’air chaud. Les hivers sont ainsi particulièrement rudes dans la région duSandžak en raison des montagnes qui entourent ceplateau[18].
Les régions de Serbie n’ont pas de statut officiel, même si certainsdistricts administratifs leur doivent leur dénomination. Les régions situées dans laplaine pannonienne sont délimitées par lescours d’eau ; d’autres sont délimitées par desmontagnes. En fait, définies par la tradition autant que par le relief, elles ne possèdent pas toujours de frontières nettement établies ; elles sont même souvent amenées à se chevaucher. Beaucoup d’entre elles possèdent un nomserbe formé à partir de la structure suivante :po+(nom d’une rivière)+je. C’est ainsi que, au nord de laSerbie centrale, la région dePodunavlje, doit son nom auDanube (en serbe :Дунав etDunav), la région dePodrinje s’étend le long de laDrina ou encore celle dePomoravlje le long de laMorava. D’autres portent le nom d’une montagne, comme les régions deZlatibor ou deKopaonik.
En2003, les espaces naturels protégés de Serbie couvrent 5 % du territoire du pays. La Serbie comptait 5parcs nationaux, 120réserves naturelles,20 parcs naturels et environ470 sites naturels protégés[21]. Les cinq parcs nationaux correspondent à la Catégorie II de l’UICN[16].
Fondateur de la dynastie,Stefan Nemanja, veliki zupan (« grand chef ») de l'État Serbe deRascie de 1169 à 1196, commence à étendre son domaine tout en demeurant sous la tutelle de l'empereur byzantin.Son fils,Stefan Ier Nemanjić(Stefan Prvovenčani, le « premier couronné »), libéré de la suzeraineté Byzantine, reçoit du pape Honorius III le titre de roi deRascie en 1217, tandis que son frère cadet, Rastko (futurSaint Sava), devient en 1219 le premier archevêque d'uneÉglise orthodoxe serbe indépendante. Cette étroite alliance entre le pouvoir séculier et sacré donne à l'État Nemanjic sa force et sa stabilité.
Stefan Nemanja se retire dans un monastère en 1196 sous le nom de Syméon, puis fonde avec son fils Rastko (futur saint Sava) lemonastère de Hilandar auMont Athos qui demeure, aujourd'hui encore, un haut lieu de la culture Serbe. L'Église orthodoxe l'a canonisé sous le nom de saint Syméon leMyroblyte.
Stefan Ier Nemanjić cède le trône à ses fils :Stefan Radoslav,Stefan Vladislav, puisStefan Uroš Ier. Celui-ci est suivi par ses filsStefan Dragutin etStefan Uroš II Milutin (r. 1282-1321).Stefan Uroš II Milutin arrache à Byzance de vastes territoires en Macédoine. Expansion territoriale au sud et au nord de la Serbie, création d'une solide administration, création artistique, construction de monuments dans tout le monde chrétien orthodoxe, Milutin a fait de la Serbie un grand pays d'Europe, très influencé par la Rome d'Orient, Constantinople qui était présente partout dans la vie quotidienne, l'administration, l'armée et l'éducation.
Souverain faible, son fils et successeurStefan Uroš V, qui règne à partir de 1355, laissera l'Empire serbe se disloquer entre des principautés rivales avant de tomber aux mains des Turcs ottomans, qui commencent à pénétrer dans les territoires serbes à partir de 1371.
En effet, Le progressif éclatement de l'Empire serbe gouverné parStefan Uroš V, a abouti l'affaiblissement de la puissance serbe. Les seigneurs locaux gagnent en pouvoir et autonomie et les dissensions accélèrent la disparition de l'Empire depuis 1356 et la mort de l'empereur Dušan. La partie grecque de l'Empire, acquise en 1356 par Simeon le frère de Dušan, n'est plus sous l'autorité du royaume, et passe de l’autorité byzantine, aux autorités locales notamment celles des Albanais d'Épire. En 1365,Vukašin Mrnjavčević acquiert à son compte la Macédoine du Vardar.
La chute définitive de l'Empire serbe en 1371 accompagnera l'éclatement des États serbes, et leur progressive vassalisation par l'Empire ottoman avançant dans les Balkans. Après labataille de la Maritsa en 1371, gagnée par les Turcs, le royaume deVukašin Mrnjavčević est soumis à l'autorité ottomane et divisé entre son fils Marko qui règne sur Prilep, et les Dragaš récupérant la partie orientale. En parallèle, le royaume deZeta dans l'actuel Monténégro redevient totalement indépendant, finalisant un processus amorcé depuis la mort de Dušan et conquiert les terres du duc Altomanović. De son côté, le ban et futur roi de BosnieStefan TvrtkoIer de Bosnie intègre à son royaume en 1377 le sud de la Bosnie et l'Herzégovine, auparavant serbes. L'instabilité profitera également àVuk Branković, qui acquiert la Métochie puis le Kosovo et Skopje.Mais parmi ces seigneurs c'estLazar Hrebeljanović, seigneur local deSerbie moravienne sous l'Empire qui gagnera le plus d'ascendant sur les terres serbes.
Le roiLazar Hrebeljanović, qui déplace sa capitale àKruševac, devenu puissant dans la région face aux menaces des Ottomans, parvient à allier des territoires serbes autour de lui. Il se proclame seigneur des seigneurs serbes, sans parvenir pour autant à vassaliser les fiefs issus de l'ancien empire : certains appartenant déjà aux Ottomans (Marko Mrnjavčević et Constantine Dragaš y sont déjà soumis depuis 1371), aux Bosniens, d'autres étant désormais trop éloignés du pouvoir serbe (nord de la Grèce) et les autres étant attachés à leur souveraineté (Vuk Branković au Kosovo et les Balšić de Zeta). Toutefois, le pouvoir de Lazar se démontre face à la menace turque, par les alliances militaires avec Branković et Tvrtko de Bosnie.
Les batailles contre les Turcs se multiplient, cependant, la Macédoine entière (grecque et slave) est conquise ainsi que la Bulgarie. En 1389, la défaite symbolique de laBataille de Kosovo Polje (« le champ des merles »), marque la progressive chute des principautés serbes, les forces serbes de Lazar (mortes au combat) et de Vuk Branković ayant été défaites. Il est raconté qu'à la suite du retrait des troupes turques, dû à la mort subite du sultan, les observateurs aurait relayé une victoire serbe, pour laquelle les cloches de Paris auraient sonné, saluant la défaite de l'envahisseur ottoman qui menaçait l'Europe et la chrétienté. Tué lors de cette bataille, le prince Lazar est vénéré comme un saint martyr par l'Église orthodoxe.
À la suite de cet événement, et malgré une instabilité du pouvoir turc, les royaumes serbes de la Morava et du Kosovo seront vassalisés par les Ottomans. Toutefois, la Serbie perdure encore sous le successeur de Lazar,Stefan Lazarević, d'abord avec la régence de la princesseMilica, puis le règne du prince. En 1403, il est nommé symboliquement despote par Byzance, et profite d'une période d'instabilité politique pour reconquérir le Kosovo puis Zeta, tout en s'émancipant de la tutelle ottomane en jurant sa loyauté aux Hongrois, voisins septentrionaux.
Unepremière révolte des Serbes eut lieu entre 1804 et 1813. Elle fut dirigée parGeorges Petrović, surnomméKarageorges (« Georges le Noir »). Uneseconde révolte eut lieu en 1815, sous la conduite deMilošIer Obrenović, qui aboutit à l’autonomie de laprincipauté de Serbie, officiellement reconnue par laSublime Porte le. Après qu’il eut lui-même visité la Serbie autonome, le poète françaisAlphonse de Lamartine fit découvrir aux romantiques laculture serbe ; en 1833, il fit graver une inscription sur le site deĆele kula (enserbecyrillique :Ћеле Кула), la « tour aux crânes », élevée par les Ottomans qui y incrustèrent les crânes des soldats serbes morts à labataille du mont Čegar(en) () :« Qu’ils laissent subsister ce monument ! Il apprendra à leurs enfants ce que vaut l’indépendance d’un peuple, en leur montrant à quel prix leurs pères l’ont payée. »[31]
Malgré cela, les Turcs persécutèrent encore les Serbes dans les territoires qu’ils gardaient sous leur contrôle. Les massacres des Serbes par les Ottomans ont inspiré àVictor Hugo, grand défenseur du peuple serbe, un célèbre discours,Pour la Serbie, écrit en 1876[32] [précision : Dans son discours, Victor Hugo parle d'une certaine ville appeléeBalak. Cette ville n'a jamais existé ni existe aujourd'hui en Europe. Par le fait que ledit discours est écrit en 1876, il s'agit plutôt de la ville deBatak[33],[34]. Cette même année fut étouffée l'insurrection d'avril par legouvernement ottoman qui commit de grandes atrocités dontle massacre de Batak qui devint par la suite l'emblème de la lutte des bulgares contrele joug ottoman. Les témoignages détaillés deMacGahan(en) etSchuyler sensibilisent le public occidental, ce qui provoqua la colère juste de beaucoup d'intellectuels et hommes d'état]. Ce discours est aujourd’hui considéré comme l’un des actes fondateurs de l’idée européenne[35]. L'année 1876 voit aussi, dès janvier, l'identité des serbes, alliés des russes, se cristalliser lors d'une insurrection bosniaque, qui débouche sur un conflit militaire entre la Russie et l'Empire ottoman[36], remporté par la première.
En 1878, leCongrès de Berlin accorda son indépendance à la Serbie et, en 1882, le princeMilanIV Obrenović devintroi de Serbie sous le nom deMilanIer ; son fils,AlexandreIer lui succéda mais à la faveur de son assassinat en 1903, la dynastie des Karađorđević remplaça sur le trône celle des Obrenović.
Les électeurs y représentaient 23 % de la population[37].
L'école publique fut fondée en 1884, offrant à la Serbie ses premiers bacheliers[37].
Laliberté de la presse, d'opinion et d'association permit en 1909 l'existence de79 journaux, dont13 quotidiens[38].
La mise en place desyndicats, dont la confédération générale des ouvriers en 1904, favorisa l'adoption de lois sociales avancées[38].
Cette liberté fit éclore un foisonnement culturel qui fit de Belgrade un phare de liberté pour tous les Serbes des Balkans, ainsi que pour lesCroates et lesSlovènes qui souffraient dans l'empire d'Autriche-Hongrie et qui rêvaient d'une Yougoslavie démocratique. Certains milieux réactionnaires à Vienne n'attendaient que l'occasion d'écraser le piémont serbe avant qu'il ne contamine les esprits de tous les Slaves du sud de l'Empire[38].
Depuis 1878, laBosnie-Herzégovine était occupée par l’empire d'Autriche-Hongrie, qui l’annexa en 1908, annexion mal vécue par les populations slaves notamment lesSerbes qui refusaient cette occupation et souhaitaient la réunification avec leroyaume de Serbie ou d’autrespays slaves. L’idéal de nombreux jeunes gens serbes de Bosnie était le mouvementJeune Italie, qui s’était donné pour but la libération des territoires occupés par les Autrichiens. En 1914, le double assassinat de l’archiducFrançois-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche-Hongrie, et de son épouseSophie Chotek, duchesse de Hohenberg, àSarajevo, le parGavrilo Princip, fut l’événement et le prétexte qui déclenchèrent laPremière Guerre mondiale. En 1915, le royaume fut envahi par les puissances centrales lors de lacampagne de Serbie. Mais le pays fut finalement libéré en 1918 par l’armée serbe soutenue par les forces alliées, dont l’armée d’Orient française, menée par le maréchalLouis Franchet d'Espèrey.
Les organisateurs de l’attentat contre le prince François-Ferdinand étaient de jeunes nationalistes yougoslaves, desserbes de Bosnie, qui effectuaient leurs études àBelgrade[39]. Membres de l’organisationJeune Bosnie (Млада Босна /Mlada Bosna), ils contactèrent laMain Noire (Црна рука /Crna ruka), unesociété secrète soutenue discrètement par le gouvernement serbe[40] ; leur intention était d’obtenir des armes pour leur projet d’attentat. Le lieutenant-colonelDragutin Dimitrijević « Apis », chef des services secrets serbes et de laMain Noire aurait reçu l’ordre de faire annuler l’attentat[40]. Après lesguerres balkaniques de 1912 et 1913, le gouvernement deNikola Pašić voulait la paix, hésitant à s’unir avec leMonténégro du roiNicolasIer, en raison de l’opposition que l’Autriche-Hongrie aurait alors manifestée. Des notes diplomatiques échangées entre laRussie et la Serbie témoignent de cette hésitation[41]
Les trois étudiants serbes,Gavrilo Princip,Trifko Grabež etNedeljko Čabrinović, passèrent à l’action le matin de la fête deVidovdan. Une première tentative, effectuée par Čabrinović, échoua ; la seconde, effectuée par Gavrilo Princip, eut pour résultat la mort de l’archiducFrançois-Ferdinand. Les diplomates autrichiens considérèrent l’attentat comme une provocation directe de la Serbie ; selon l’historienDušan T. Bataković, l’assassinat constituait pour Vienne« le prétexte longtemps attendu d’une guerre avec la Serbie »[40]. Dans l’Autriche-Hongrie de cette époque se développait une forte propagande contre les Serbes, notamment vis-à-vis des Slaves vivant dans l’Empire[réf. nécessaire]. Le, bien que l’implication du gouvernement serbe ne fut pas prouvée[réf. nécessaire], l’Autriche lança à la Serbie unultimatum en dix points. Belgrade accepta l’ultimatum[42], à l’exception du sixième point, exigeant l’envoi d’enquêteurs autrichiens dans le pays[42],[40] ; sur ce point particulier, considérant que« ce serait une violation de la Constitution et de la loi sur la procédure criminelle », la Serbie proposait de s’en remettre à une juridiction pénale internationale ou à l’arbitrage des Grandes puissances[42]. Quelques jours plus tard, l’Autriche-Hongrie affirma qu’une attaque serbe avait eu lieu contre ses troupes près de la ville deKovin[réf. nécessaire]. Le, le ministre autrichien des Affaires étrangères,Leopold Berchtold, déclara la guerre à la Serbie[43]. Le1er août, l’Empire allemand déclara la guerre à la Russie, qui avait déjà mobilisé ses troupes, puis, le, à laFrance, alliée de la Russie. LaPremière Guerre mondiale avait commencé. Le royaume du Monténégro, invité à rester neutre, s’engagea aux côtés de la Serbie, le gouvernement deCetinje déclarant :« Le destin de la Serbie est aussi notre destin. »[40]
Les troupes autrichiennes d'invasion de la Serbie étaient commandées par leSlovèneOskar Potiorek, qui se trouvait dans la voiture de l’archiduc François-Ferdinand au moment de son assassinat. La première attaque autrichienne eut lieu le, entre laSave et laDrina, dans la région deŠabac. Les forces autrichiennes comptaient trois divisions, soit 220 000 soldats au total, bien entraînés, bien équipés[réf. nécessaire]. En face, l’armée serbe, manquant de munitions pour l’artillerie, était commandée par levoïvodeRadomir Putnik, un général expérimenté.
Le premier affrontement important entre les deux armées eut lieu du 16 au, au montCer, non loin de la frontière avec laBosnie-Herzégovine. Les Serbes étaient commandés par le généralStepa Stepanović. Cette victoire serbe contraignit les Austro-Hongrois à se replier de l’autre côté de la Drina ; ce fut la première victoire alliée de la Première Guerre mondiale[40]. Les pertes furent importantes dans les deux camps : les Autrichiens perdirent environ 25 000 hommes et 5 000 soldats furent faits prisonniers ; les Serbes, quant à eux, avaient perdu environ 16 000 soldats[40]. Malgré l’importance des pertes, cette victoire renforça le moral des troupes serbes.
Les Russes insistèrent ensuite pour que la Serbie attaque à son tour les Autrichiens. L’armée serbe passa alors enSyrmie, une région aujourd’hui située dans la province serbeVoïvodine et, à l’époque, appartenant à l’empire d’Autriche-Hongrie. Une armée serbe arriva le jusqu’àPale, en Bosnie-Herzégovine ;Sarajevo fut évacué. En revanche, après la défaite deGlasinac, l’armée serbe, à son tour, dut retraverser la Drina[40].
La deuxième offensive autrichienne commença le, avec des moyens plus importants que lors de la première attaque. Les Serbes, de leur côté, manquaient de munitions et, notamment, de pièces d’artillerie. Les Serbes durent se replier, abandonnantBelgrade et la vallée de laKolubara. Le généralPotiorek s’empara alors de la capitale serbe et des plans de découpage du pays furent préparés[40]. Dans cette période difficile, le généralŽivojin Mišić prit le commandement de laPremière Armée serbe ; le roiPierreIer, malgré son âge, allait sur le front soutenir le moral des soldats.
Des munitions, promises par la France, finirent par arriver, transitant par laGrèce. Le, Mišić donna le signal de la contre-offensive. L’armée austro-hongroise dut reculer et Belgrade fut reprise le. Cette contre-offensive porte le nom de « bataille de la Kolubara », d’après la rivière de laKolubara, près de laquelle se déroula le combat le plus important de cette campagne militaire. Les Serbes firent prisonniers333 officiers et plus de 42 000 soldats ; ils s’emparèrent également d’un important matériel militaire autrichien. Tout le territoire du royaume de Serbie fut libéré. En récompense de son succès dans cette bataille, Živojin Mišić fut élevé au rang devoïvode[40].
À partir du mois de décembre 1914, la Serbie connut une période d’accalmie. Le pays, qui avait réussi à repousser deux offensives autrichiennes, en retira un grand prestige auprès de ses alliés. En1915, enFrance, une« journée serbe » fut célébrée dans les écoles[40].
En 1915, la conquête de la Serbie était d’un intérêt stratégique majeur pour lesempires centraux. En, l’Empire ottoman avait attaqué laRussie et était devenu l’allié de l’Autriche-Hongrie et de l’Empire allemand. Allemands et Autrichiens souhaitaient établir une liaison terrestre avecConstantinople ; pour réaliser ce projet, ils devaient battre les Serbes. L’écrasement de la Serbie devenait d’autant plus urgent que les Turcs, notamment après labataille de Sarıkamış (-) et lapremière offensive de Suez (28 janvier-), étaient en difficulté. L’alliance avec laBulgarie était une des pièces maîtresse du projet : le, la Bulgarie signa un traité d’alliance avec les empires centraux qui promirent au tsarFerdinandIer la Macédoine ainsi qu’une bonne partie de la Serbie.
L’armée serbe pendant sa retraite vers l’Albanie.
La stratégie d’invasion de la Serbie prit forme et la direction des opérations fut confiée àAugust von Mackensen, qui s’était déjà illustré sur le front russe. Le l’offensive fut lancée au nord, et les Austro-Allemands prirentBelgrade le 9. Ils progressent alors vers le sud tout en rencontrant une vive résistance de la part des Serbes. Le 14 octobre, les Bulgares passèrent à leur tour à l’offensive. L’aide promise par les alliés anglais et français de la Serbie, en provenance deSalonique, n’arrivait pas[40]. Comme l’armée serbe était attaquée de tous côtés et menacée d’encerclement et de destruction (ce qui était le plan de Mackensen), le généralRadomir Putnik donna l’ordre de se replier vers l’Albanie. Son plan était de gagnerDurazzo, sur l’Adriatique et, de là, de rejoindreCorfou ; l’armée serbe, réorganisée, devait ensuite se rendre à Salonique, où se trouvaient déjà les Anglais et les Français.
Commence alors un épisode de lacampagne de Serbie que la mémoire collective serbe nomme « le Golgotha albanais »[40]. De fait, la traversée de l’Albanie s’effectua dans des conditions particulièrement difficiles. Les montagnes étaient déjà enneigées et les soldats harassés et affamés devaient passer des cols à 2 500 mètres sous des températures extrêmes. Avec les soldats, marchaient également de nombreux réfugiés ; le roiPierreIer suivait le convoi. Outre les conditions climatiques difficiles, les Serbes étaient régulièrement attaqués par les clans albanais[40]. En décembre, les troupes serbes finirent par atteindre les rives de l’Adriatique, alors occupées par l’Italie ; puis elles furent évacuées par bateau àCorfou, particulièrement aidées par les soldats français.
Un double mouvement de résistance s’organise : celui destchetniks, très majoritairement serbe, fidèle au roi et au gouvernement exilé àLondres et dirigé par le SerbeDraža Mihailović, et celui despartisans communistes, multi-ethnique et dirigés par le CroateJosip Broz, dit Tito. Le, lacapitale de la Serbie est bombardée par les Alliés, particulièrement par les Anglais et Américains, provoquant la mort d’environ 4 500 civils. À la fin de laSeconde Guerre mondiale, la Yougoslavie et l'Albanie sont les seuls pays à se libérer sans l’intervention de l’Armée rouge sur son sol. Les Alliés, qui avaient d’abord misé surDraža Mihailović, l’abandonnent après les conférences deTéhéran et deYalta au profit deTito, qui prend le pouvoir en 1945.
Après la mort deJosip Broz Tito en 1980, alors que le communisme était en perte de vitesse, lenationalisme longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central, devint un produit de substitution pratique pour maintenir la légitimité des dirigeants des six républiques fédérées. En « surfant » sur le nationalisme serbe,Slobodan Milošević, alors numéro deux de la Yougoslavie, profite de la montée des tensions au Kosovo-et-Métochie pour se faire élire président de la Serbie en mai 1989. LaSlovénie et laCroatie déclarent leurindépendance le, suivies en 1992 par laBosnie-Herzégovine et laMacédoine. Les populations serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine refusant de quitter la Yougoslavie, puis demandant leur rattachement à la Serbie, un conflit militaire éclate : lesguerres de Yougoslavie (1992-1995). Officiellement, ce sont des affrontements entre républiques, mais pratiquement, sur le terrain, les militaires de chaque « camp » s’en prennent aux populations civiles du « camp d’en face » et évitent de s’affronter entre eux. Pour laJNA et laYougoslavie, il s’agit d’une série de sécessions inconstitutionnelles, légitimement réprimées par l’armée fédérale.
Dans la nouvelle Yougoslavie fédérale de 1992, il ne reste que la Serbie et le Monténégro. Mais en Serbie même, la région deMétochie, plus connue sous le nom de « Kosovo Polje » (Champ des Merles), où la Serbie avait jadis montré son courage face à l’Empire ottoman, était au fil des siècles devenue une enclave à majorité musulmane, de langue albanaise, en territoire slave ; en 1999, les Serbes représentent 10 % de la population de cette région autonome (98 % en 1455[44]), dont la majorité albanaise revendique à son tour l’indépendance. Le gouvernement deSlobodan Milošević, qui avait commencé ici sa métamorphose du communisme vers le nationalisme, intervient brutalement pour supprimer l’autonomie de cette région : la guerre éclate entre les autorités serbes et l’UCK albanophone. La violence et les déplacements de populations sont suivis par l’intervention de l’OTAN lors de laguerre du Kosovo.
Le, la Yougoslavie restreinte cesse définitivement son existence : le Parlement accepte la création d’une nouvelle fédération aux liens très lâches, limitée aux deux États restants, sous le nom deSerbie-et-Monténégro. À la suite de l’indépendance du Monténégro, proclamée le, le Parlement serbe adopte dès le une déclaration faisant officiellement de l’État serbe le « successeur » de l’ancien État commun deSerbie-et-Monténégro, ce qui équivautde facto à proclamer l’indépendance de la Serbie et à reconnaître celle du Monténégro. Le, l’ex-ministre fédéral des Affaires étrangèresVuk Drašković, devenu ministre des Affaires étrangères de Serbie, reconnaît officiellement l’indépendance duMonténégro et signe le 22 juin, avec son homologue monténégrin, un protocole d’accord pour l’établissement de relations diplomatiques entre les deux États.
Quant au Kosovo, son statut reste en suspens : occupé par laKFOR, c’est déjà un État albanais sur le terrain, mais officiellement, il fait encore partie de la Serbie. Celle-ci propose une large autonomie, l’UÇK revendique toujours l’indépendance et la réunion avec l’Albanie.
Le, lesKosovarsalbanophones (environ 90 % de la population du Kosovo) proclament unilatéralement l’indépendance du Kosovo.Les Serbes du Kosovo, ainsi que la Serbie, s’opposent farouchement à cette indépendance estimée illégale en raison entre autres de larésolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies qui soutient « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Serbie au Kosovo-et-Métochie ». En octobre 2008, l'Assemblée générale des Nations-Unies autorise la saisine de laCour internationale de justice pour trancher la question de la légalité de cette indépendance. La Serbie a sur ce point de vue le soutien d'un grand nombre de pays des Nations-unies en premier lieu, laRussie, laChine, leBrésil, l'Argentine, laGrèce et l'Espagne tandis qu'une autre partie de la communauté internationale guidée par lesÉtats-Unis suivis de l'Allemagne, laFrance, leRoyaume-Uni et l'Italie, a reconnu le nouvel État. Les Serbes du Kosovo, majoritaires au nord deMitrovica, refusent l'indépendance. D'ailleurs la situation dans cette région est très tendue. Les serbes de la région, probablement sous le contrôle de Belgrade, provoquent sans cesse les autorités Kosovares afin de déclencher à nouveau un conflit international dans le but de rattacher, au moins,Mitrovica, à la Serbie.
Le, la Serbie effectue une demande d'adhésion formelle à l'Union européenne[9].
Le, leConseil des ministres fait franchir une première étape vers l'adhésion en annonçant la transmission de la candidature à laCommission européenne. Cette décision fait suite à la volonté d'apaisement des relations avec le Kosovo, que la Serbie a manifestée en signant à l'ONU une résolution appelant au « dialogue »[46].
Le, les27 pays de l'Union européenne décident d'octroyer à la Serbie le statut de candidat[47].
La Serbie compte 7 120 666 habitants (recensement de 2011). Ladiaspora serbe résulte de départs volontaires ou de migrations forcées, voire d'expulsions violentes (voirmigrations serbes). Il y a actuellement3,5 à 4 millions de Serbes de la diaspora dans le monde, sur12 à 13 millions de Serbes dans le monde, un Serbe sur trois ne vit pas en Serbie, dont4 millions ont la nationalité serbe[48].
Les recensements serbes ont hérité des catégories mises en place pendant la période yougoslave. Ces catégories sont appeléesnationalités et elles recouvrent un sens ethnique de la nation. Les citoyens sont amenés à choisir une seule nationalité lors de ces recensements. Les nationalités sont associées à des groupes ethno-linguistiques (Serbes,Hongrois,Roms,Yougoslaves,Albanais,Ruthènes…), mais il existe toutefois une nationalité associée à une religion (musulmans, constituée deSlaves musulmans).
Répartition de la population par nationalités (Kosovo inclus)
Sur un total de 10 120 666 habitants (Kosovo inclus), la Serbie comptait, en 2002, 8 902 838 Serbes, soit 82,86 % de la population[49].
Avant 1914, il y avait une petite minorité de Grecs, dont on retrouvait des membres souvent comme religieux dans des établissements religieux chrétiens orthodoxes. Après 1920, la communauté grecque devint insignifiante en Serbie.
La Serbie, de même que les autres États issus de l'ex-Yougoslavie, a hérité des frontières délimitées par la périodetitiste, incluant les deux « Provinces autonomes » duKosovo et de laVoïvodine. LaConstitutioncommuniste yougoslave de donnait à ces deux provinces une autonomie totale vis-à-vis de la Serbie proprement dite « lacentrale », ainsi qu'une représentation directe, à « égalité de droits », dans les instances fédérales.
Slobodan Milošević a mis fin à cette autonomie, en Voïvodine en 1988 par un coup d'État connu sous le nom de « révolution des yaourts »[50], et, en mars 1989, au Kosovo, par un coup de force militaro-policier, officiellement appelé « suspension de l'autonomie du Kosovo ». La Constitution de la république de Serbie, entrée en vigueur en 1990 alors que Milošević en était le président, entérinait cette double annexion, rétablissant pour le Kosovo l'ancienne appellation, supprimée en 1968 de « Kosovo-et-Métochie » (en serbe :Косово и Метохија) etKosovo i Metohija – en serbe,Kosovo signifie le « Pays des merles » etMétochie, mot d'origine grecque, désigne les possessions territoriales de l'Église.
Avant l'adoption de lanouvelle constitution en 2006, les douze élus de la minorité hongroise réclamaient un retour à une plus grande autonomie, refusée parBelgrade et les 108 autres élus de Voïvodine, qui, précisément, alléguaient le projet de nouvelle Constitution pour la Serbie. Et, de fait, la nouvelle constitution fut adoptée par référendum en octobre 2006[51]. De leur côté, une majorité d'Albanais du Kosovo, en application supposée du texte de 1974, réclamait l'indépendance ; proclamée une première fois en octobre 1991 à l'issue d'un référendum parallèle tenu enseptembre, elle ne fut pas reconnue par la communauté internationale. Larésolution 1244 du reconnaît l'appartenance du Kosovo à larépublique fédérale de Yougoslavie dont la Serbie est l'État successeur ; par ailleurs, cette résolution présentait le statut de la province comme provisoire. Depuis ce texte, le Kosovo est géré par laMINUK (UNMIK enanglais), administration de l'ONU et, en vertu de l'accord de Kumanovo, occupée par laKFOR, soit 18 000 hommes venus des pays de l'OTAN.
Le pays est constitué de trois parties à statut distinct.
LaSerbie centrale (enserbe :Централна Србија etCentralna Srbija), qui s'étend sur 55 968 km2[52], ne dispose d'aucun statut officiel ; elle désigne communément la partie de la république de Serbie qui se trouve en dehors de la Voïvodine et du Kosovo.
Au sud du pays, se trouve leKosovo-et-Métochie (enserbe :Косово и Метохија etKosovo i Metohija), de jure province autonome de Serbie[55], mais qui de facto a déclaré unilatéralement son indépendance en 2008. Cette indépendance n’a été reconnue ni par l’Organisation des Nations unies, ni par l’Union européenne. La région couvre une superficie de 10 887 km2[52].
La municipalité (au singulier :општина etopština, au pluriel :општине etopštine[57]) constitue l’unité fondamentale de l’autonomie locale. L’ensemble du territoire de la Serbie est divisé en194 municipalités : 120 pour laSerbie centrale, 29 pour le Kosovo-et-Métochie, au sud, et 45 pour laVoïvodine, au nord[52]. La municipalité porte généralement le nom de la plus grande ville ou de la plus grande localité du secteur. En revanche, certaines villes importantes commeBelgrade,Novi Sad,Kragujevac etNiš, sont elles-mêmes divisées en plusieurs municipalités. Pour établir uneanalogie à considérer avec précaution, les municipalités serbes peuvent être comparées auxdépartements français, sauf dans les grandes villes, où elles ressemblent un peu auxarrondissements des grandes villes françaises (Paris,Lyon,Marseille, par exemple). La municipalité dispose d’une assemblée (enserbe :скупштина општине etskupština opštine), élue pour quatre ans lors desélections locales, ainsi que d’un président (enserbe :председник општине etpredsednik opštine), lui aussi élu pour quatre ans par l'assemblée municipale.
Les municipalités serbes sont regroupées à l'intérieur de29 « districts » (au singulier :округ etokrug, et au pluriel :окрузи etokruzi), 17 enSerbie centrale, 7 enVoïvodine, 5 auKosovo[52]. Laville de Belgrade constitue un district à elle seule. Ces districts sont des centres régionaux où s’exerce l’autorité de l’État. Ce sont des divisions administratives qui ne disposent pas d’une assemblée. En revanche, ils abritent diverses institutions étatiques.
La « communauté locale » (enserbe :Месна заједница etMesna zajednica) est la plus petiteunité administrative de la Serbie. Le plus souvent, ces communautés locales coïncident avec une « localité » dont elles portent le nom. Dans les zones rurales, certains villages faiblement peuplés peuvent être regroupés au sein d'une même communauté locale ; dans ce cas, la communauté locale est un peu l'équivalent d'uncanton français ; elle porte alors le nom de la localité la plus importante de son secteur. En revanche, dans les zones les plus peuplées, une même localité peut être divisée en plusieurs communautés locales ; c'est notamment le cas dans les villes. Ces communautés sont gouvernées par des « conseils » (enserbe :савети etsaveti) élus auxélections locales.
En, la Serbie, dans son ensemble, comptait officiellement 6 168 « localités » (enserbe :насеље etnaselje, au pluriel :насеља etnaselja), dont 4 252 enSerbie centrale, 467 enVoïvodine et 1 449 auKosovo et Metohjia[52]. Ces localités sont, pour la plupart d'entre elles, regroupées au sein d'une municipalité. Le plus souvent, elles correspondent à des localités rurales, communément appelées « villages » (enserbe :село etselo, au pluriel :села etsela). Mais un petit nombre d'entre elles sont officiellement définies comme des « localités urbaines » (enserbe :Градска насеља etGradska naselja), communément appelées « villes » ; en 2007, on en comptait 207 dans toute la Serbie, dont 129 en Serbie centrale, 52 en Voïvodine et 26 au Kosovo[52]. Le statut de localité urbaine n'est pas lié au nombre des habitants ; il a été officiellement obtenu au cours de l'histoire du pays et, plus récemment, par décision administrative. En outre, la loi sur l'organisation territoriale de la république de Serbie, votée le, définit24 « villes » ou « cités » (au singulier :Град /Grad ; au pluriel :Градови /Gradovi)[58]. Ces cités disposent d’une assemblée et d’un budget particuliers.
La Serbie est militairement neutre depuis l'adoption d'une résolution en ce sens par leParlement serbe, en 2007[61]. Les autorités serbes réaffirment régulièrement leur attachement à la neutralité militaire du pays, à l'image du présidentNikolić en 2014[62], ou du présidentVučić en 2019.
L'actueldrapeau de la Serbie a été adopté le ; c'est undrapeau tricolore conçu selon le modèle descouleurs panslaves mais en en inversant l'ordre : rouge en haut, bleu au milieu, blanc en bas, en trois bandes horizontales de taille identique. L'hymne national serbe,Bože Pravde, a été écrit, en1872, parJovan Đorđević, sur une musique deDavorin Jenko ; les paroles ont été légèrement adaptées depuis[63].
LeParlement de Serbie.Le bâtiment du gouvernement de la république de Serbie.
LeParlement de Serbie, qui représente lepouvoir législatif, est constitué d'unechambre unique, appeléeAssemblée nationale de la république de Serbie (enserbe :Народна скупштина Републике Србије etNarodna skupština Republike Srbije). L'Assemblée est composée de250 députés, élus ausuffrage universel direct et àscrutin de liste tous les quatre ans. Lepouvoir exécutif est exercé par legouvernement de la Serbie (en serbe :Владе Србије etVlade Srbije), qui se compose duprésident du gouvernement, ou « premier ministre » (enserbe :Председник Владе etPredsednik Vlade) et des ministres (Министри etMinistri). Le chef du gouvernement est proposé au président de la république par le Parlement. Après sa nomination et après la formation du gouvernement, le Parlement doit leur accorder sa confiance.
Selon les termes de laconstitution serbe de 2006, leprésident de la république de Serbie est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le président de la République représente la nation. En2004 est créée laChancellerie nationale du président de la République (enserbe :Народна канцеларија председника Републике etNarodna kancelarija predsednika Republike), une institution qui permet aux citoyens de communiquer directement avec le chef de l'État[67].
Boris Tadić (parti démocrate) est élu président pour un deuxième mandat le[68]. Il annonce sa démission début avril 2012 ; une élection présidentielle a lieu le, au même moment que les élections législatives et locales. Entre-temps, c'estSlavica Đukić Dejanović qui est présidente par intérim. Le nouveau président élu estTomislav Nikolić (parti progressiste serbe), qui bat au second tour Boris Tadić.
la troisième voie, une voie très diplomatique qui faisait de la Serbie un pays pivot et neutre, et l'enjeu d'une politique bienveillante de la part des deux « blocs »[69]. La période desNemanjić est un exemple de cette politique bipolaire, avecsaint Sava et son frèreStefanIer Nemanjić, l'un étant pro-Constantinople et l'autre pro-Rome. Par la suite tous les Nemanjić feront attention à maintenir l'équilibre, c'est d'ailleurs en partie grâce à cette politique que la Serbie atteint son âge d'or médiéval en devenant l'État le plus puissant desBalkans sousStefan Uroš IV Dušan.Josip Broz Tito adoptera lui aussi, après1947, cette tradition desNemanjić, amis de l'Ouest et de l'Est. Toute l'histoire géopolitique de la Serbie a été guidée par ces trois options, à l'exception des deux conflits mondiaux où lessouverains serbes et la premièreYougoslavie monarchiste ont choisi les camps opposés à l'Allemagne et à l'Autriche dans un premier temps, puis l'opposition auxTroisième Reich.
Aujourd'hui encore ces tendances de fond sont présentes dans la vie politique serbe, avec leParti démocrate et leParti radical serbe qui orientent la politique étrangère de la Serbie respectivement vers l'ouest et vers l'est. LeParti démocrate de Serbie était jusqu'à la crise du Kosovo le parti charnière des coalitions gouvernementales, place qu'il pourrait se faire ravir par leParti socialiste de Serbie[70].
L'État serbe a succédéde facto à l'État yougoslave qui siégeait à l'ONU comme membre fondateur depuis le ; la Serbie a en effet hérité des représentations diplomatiques de l'ancienneYougoslavie. Le, larépublique fédérale de Yougoslavie (RFY, « troisième Yougoslavie ») est exclue de l’Assemblée générale des Nations unies, cette dernière ne reconnaissant pas la nouvelle république comme le successeur de larépublique fédérative socialiste de Yougoslavie (mais comme seulement un des successeurs parmi ses six anciennes composantes), lui laissant la possibilité de présenter sa candidature en son nom propre. Larépublique fédérale de Yougoslavie est finalement admise le (résolution A/RES/55/12). Elle est devenueSerbie-et-Monténégro le. À la suite de la partition du pays entre la Serbie et leMonténégro le, la Serbie a conservé le statut d'État membre sous le nom de république de Serbie en tant qu'État successeur reconnude jure de l'union[71], tandis que leMonténégro l'est devenu le. Cette situation n'est pas unique puisque laRussie a elle aussi hérité du siège de l'ancienneURSS (membre fondateur le), mais contrairement à la Serbie, la Russie a été reconnuede jure par l'ONU comme la continuité de l'ex-URSS, à la suite de la lettre datée du par laquelle le président de la fédération de Russie,Boris Eltsine, a informé le secrétaire général que la fédération de Russie, avec l’appui des onze pays membres de laCommunauté des États indépendants, succédait à l’Union soviétique au Conseil de sécurité et dans tous les autres organes de l’ONU[72].
La Serbie a une économie de marché émergente dans la tranche de revenu supérieure-moyenne[73]. Selon leFonds monétaire international, lePIB nominal serbe est en 2018 officiellement estimé à 50,651 milliards de dollars, soit 7,243 dollars par habitant et enparité de pouvoir d'achat. La même année, lePIB s'élevait à 122,759 milliards de dollars, soit 17,555 dollars par habitant[74]. L’économie est dominée par lesecteur tertiaire qui représente 67,9 % du PIB, suivi de l’industrie avec 26,1 % du PIB et de l’agriculture avec 6 % du PIB[75].
LaBourse de Belgrade est la seule bourse du pays, avec une capitalisation boursière de 8,65 milliards de dollars. L'indiceBELEX15 est l'indice principal de la Bourse de Belgrade représentant les 15 plus grosses entreprises cotées du pays[76].
L’économie a été affectée par lacrise économique mondiale de 2008. Après presque une décennie de forte croissance économique (en moyenne de 4,45 % par an), la Serbie est entrée en récession en 2009 avec une croissance négative de −3 % et à nouveau en 2012 et 2014 avec une croissance de −1 % et −1,8 %, respectivement[77]. La population active s'élève à 3,2 millions d'habitants, dont 56 % travaille dans lesecteur tertiaire, 28,1 % dans l'industrie et 15,9 % dans l'agriculture[78].
La Serbie est endéficit commercial: les importations dépassent les exportations de 25 %. Les exportations de la Serbie ont toutefois enregistré une croissance soutenue au cours des deux dernières années, atteignant 19,2 milliards de dollars en 2018[83]. Le pays a conclu desaccords de libre-échange avec l'AELE et des pays du Sud-Est de l'Europe via l'ALECE. Le pays a aussi conclu un régime commercial préférentiel avec l'Union européenne, unsystème généralisé de préférences avec les États-Unis et des accords de libre-échange individuels avec la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et la Turquie[84].
Budget de l’État 2009 :8,15 milliards d'euros de recettes et8,73 milliards d'euros de dépenses, pour un déficit représentant 1,5 % duPNB (2,7 % en 2008) et une dette publique d’État représentant 16,3 % du PNB (17,9 % en 2008)
Dettes extérieures24,3 milliards d'euros et réserves de change12,8 milliards d'euros (décembre 2011, donnée NBS)
Indice de Gini (2003) : 30 (moyenne pondérée tous pays 41, Japon 25, France 33, États-Unis 41, Chine 45, Namibie 74)
part des principaux secteurs d’activités dans le PIB en 2017[91] :
Vers la fin des années 1980, au début du processus de « transition économique », la situation économique de la Serbie était favorable. Mais elle a été gravement affectée par les sanctions économiques des Nations unies en1992-1995 et par les dommages causés aux infrastructures et à l'industrie par les raids aériens de l'OTAN en1999. Ces difficultés ont été encore accentuées par la perte des marchés de laYougoslavie et du SEV principalement récupérés par des grandes entreprises européennes. Les problèmes économiques actuels s'expriment par un taux de chômage élevé (20 % en 2005). Ils peuvent être attribués à un certain manque de réformes économiques.
Après le départ deSlobodan Milošević en, la croissance économique du pays fut importante (6,3 % en2006). Le pays s'attend à un taux de croissance élevé pour les années à venir. Par ses résultats économiques, la Serbie a parfois été surnommée « le tigre balkanique », en référence aux « tigres » de l'Asie de l'Est. Néanmoins, le PIB du pays est toujours bien en dessous du niveau de1990. En 2006, il était estimé à47,77 milliards de dollars américain, soit 5 713 dollars américain par habitant. Le taux de croissance du PIB était de 5,9 % en 2005.
LaBERD prévoit une croissance de 3,1 % en 2009 pour les pays de la zone balkanique, elle était de 6,2 % en2007 et 6,5 % en 2008. Cette diminution est bien entendu due à lacrise économique de 2007-2008[96].
Aleksandar Vučić accelère la libéralisation de l'économie dès son arrivée aux plus hautes fonctions, en 2012, comme vice-président du gouvernement[97].
En 2015, sont annoncés de très importants investissements desÉmirats arabes unis dans le pays portant notamment sur la construction d'un quartier d'affaires de 750 000 m2 sur laSave. Ils font suite à l'acquisition de milliers d’hectares de terres agricoles enVoïvodine par la Fondation Al-Dahra, à l'achat, en 2013, de la JAT, le transporteur aérien serbe, renomméAir Serbia, par la société émiratieEtihad Airways et à un contrat d'achat d'armes entre Emirates Advanced Research and Technology Holding (EARTH) et la société Yugoimport SDPR, concernant le développement de missiles air-sol[98].
La Serbie a poursuivi sa collaboration avec les ÉAU sur les accords d'armes. Selon un rapport en 2024 de Balkan Insight[99], le principal commerçant d'armes appartenant à l'État de Serbie, Yugoimport-SDPR, qui a maintenu des liens avec les ÉAU, exporté au moins 17,1 millions de dollars d'armes vers Israël via des avions militaires et civils israéliens. De plus, en 2022, Yugoimport-SDPR a signé un accord avec le président des ÉAU, CheikhMohammed ben Zayed Al Nahyane, pour vendre une quantité importante de munitions à la monarchie du Golfe[100].
L'État serbe subventionne massivement les entreprises étrangères installées dans le pays, ce qui pénalise parfois l'économie. Par exemple, l'entreprise sud-coréenne Yura délocalise en septembre 2018 sa production enAlbanie après avoir touché 7 000 euros d'aides publiques pour chaque emploi créé dans son usine serbe[97].
La Serbie constitue un maillon essentiel de la stratégie économique de la Chine en Europe. Le rapprochement économique de la Chine avec les Balkans prend forme à la fin des années 2000, faisant de la péninsule une porte d’entrée européenne pour laBelt and Road Initiative (BRI). D’un point de vue purement économique, le pouvoir chinois adopte une stratégie européenne graduelle avec des premiers contrats serbes, bosniaques et monténégrins censés favoriser à l’avenir, une plus profonde pénétration chinoise sur les marchés de l’UE. La stratégie chinoise se déploie aussi au-delà des terres avec des prétentions sur le transport maritime en Méditerranée : à titre d’exemple, le port slovène de Köper est une composante européenne de la BRI[101].
Cette entrée chinoise en Europe par la péninsule balkanique, et plus particulièrement en Serbie a été rendue possible à la faveur de plusieurs basculements économiques et politiques récents[101].
La crise des subprimes qui a frappé les marchés européens à partir de 2008 et l’échec des réformes néolibérales imposées mais censées permettre d’y faire face ont douché l’intérêt des investisseurs européens pour cette région, amenant dès lors la Serbie à chercher des financements chinois (principalement orientés vers l’investissement d’infrastructure)[101]. Au total, sur la période 2014-2023, la Chine a investi 5,1 milliards d'euros en Serbie[102].
Plus récemment, c’est la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 qui a accru la dépendance serbe vis-à-vis de la Chine. Alors que les exportations de matériel médical préventif (masques) et compétences depuis l’UE sont interdites, la Chine réagit promptement afin de répondre à la demande serbe. La puissance asiatique devient de fait le premier partenaire de la Serbie dans la gestion de la pandémie sur son territoire et cette assistance massive s’accompagne aussi de campagnes de propagande pro-chinoise partout dans le pays[101].
La Serbie et la Chine entretiennent un soutien mutuel en matière de souveraineté : la non-reconnaissance de Taïwan par la Serbie résonne avec la non-reconnaissance du Kosovo par la Chine qui par ailleurs use de son pouvoir financier en Asie pour convaincre certains Etats de ne plus reconnaître l’indépendance de la république kosovare[101].
Enfin, la Chine parvient à développer sa stratégie malgré les antagonismes historiques de la région balkanique : la Chine est un investisseur majeur dans l’entité serbe de Bosnie-Herzégovine mais cela n’empêche pas ses entreprises de décrocher des contrats éoliens dans les territoires dirigés par l’union démocratique croate du pays[101].
LaRussie et la Serbie n'ont pas de barrières douanières. Cette politique entre les deux États a été signée entre laYougoslavie et l'Union des républiques socialistes soviétiques dont les deux pays sont les héritiers. Les accords signés à l'époque sont encore en vigueur jusqu'en2012. Des pourparlers sont en cours dans le but de prolonger ces accords. FIAT, qui profite déjà de la manne àKragujevac, pourrait voir arriverVolkswagen, qui envisage également la construction d'une usine[105].
Au début des années 1990 la Serbie est frappée par les sanctions économiques dues à la politique de Milosevic, pendant10 ans, la Serbie n'importe pas d'engrais ni d'insecticides[106]. Les sanctions en10 ans ruinent les agriculteurs et les obligent aussi à se passer des engrais chimiques. Au début des années 2000, une fois les sanctions tombées les agriculteurs serbe n'ont plus les moyens et ont d'ailleurs perdu le réflexe de produire avec les engrais chimiques et autres insecticides non-biologiques, donc pendant20 ans la terre serbe n'a pas été touchée par la pollution agricole[106].
Cette situation fait de la terre de Serbie, la terre la plus bio d'Europe[106]. Le ministère serbe de l'Agriculture a déclaré que dans trois ans, 75 % des terres agricoles en Serbie, soit650 000 hectares, pourront être utilisées pour la production bio[106]. Le marché Kalenic, àBelgrade, est le centre de distribution principal de la production Bio en Serbie, mais des chaînes de distribution industrielle ont également investi en Serbie comme la « compagnie Royal eco food », basée à Belgrade, qui produit des spécialités serbes bio[106].
Production de pétrole : un million de tonnes (environ).
Lignite :35 millions de tonnes.
Production hydroélectrique importante :10 milliards dekWh avec le barrage des « Portes de Fer ».
Dans le cadre du projetSouth Stream, près de 30 milliards de m3 de gazrusse et d'Asie centrale devraient être acheminés chaque année enEurope.Gazprom a fait de la Serbie une de ses priorités dans la région[109]. En effet, la Serbie est le pays à la plus grande partie du tracé sur son territoire, soit plus de 400 km sur une longueur totale d'environ 900 km, pour la partie terrestre, pour le tronçon passant à plus de 2 km de profondeur par endroits sous lamer Noire il sera d'environ 900 km. En Serbie, àBanatski Dvor, devrait également être construit un réservoir de gaz souterrain[110], capable de contenir environ300 millions de m³, de quoi fournir tous les pays d'Europe de l'Ouest pendant une certaine période en cas de coupure du réseau. L'accord prévoit que le gazoduc serbe aura une capacité de10 milliards de mètres cubes par an au moins[111]. Pour construire et entretenir l'infrastructure de South Stream en Serbie, les sociétésSrbijagaz (Serbie) et Gazexport, une filiale de Gazprom (Russie), ont prévu de créer unecoentreprise[112]. Une fois le tracé terminé, en 2013, l'importance énergétique de la Serbie sera plus importante pour l'UE que l'Ukraine aujourd'hui, alors que l'importance de l'Ukraine sera moindre. La Serbie, dépendant du soutien de Moscou pour leKosovo, apparaît en effet pour laRussie comme un partenaire beaucoup plus fiable que l'Ukraine, qui, elle, a tendance à se tourner vers lesÉtats-Unis[113]. LeParlement de Serbie a voté le lundi à12 h, l'adoption du projetSouth Stream[69]. Le àMoscou, la Serbie et la Russie ratifient trois accords de partenariat énergétique signés en janvier et Gazprom obtient une part majoritaire dansNIS[114],[115].
La Serbie a négocié avec la Russie pour obtenir le prix du gaz naturel le moins cher d'Europe. Le prix du mètre cube de gaz en Serbie varie entre 0,30 et0,39 euro, alors qu'il est de 0,65 en France ou de 0,64 en Allemagne ou encore le plus cher est en Suède de 1,17 € le mètre cube[116].
La villeserbe deKragujevac, avecZastava, est un centre de production automobile aujourd'hui modeste, avec 11 000 voitures produites, contre 220 000 en 1989 du temps de laYougoslavie socialiste[117], ce qui en faisait le premier centre automobile du pays, devant les usinesRenault deNovo mesto etVolkswagen deSarajevo. LaYugo était le véhicule le plus produit. En,Fiat a investi700 millions d'euros et legouvernement de la Serbie200 millions d'euros dans la rénovation de l'usineZastava. Le monstre industriel issu de ces investissements produira 300 000 véhicules (véhicules individuels (FIAT classe A et B), mais aussi autocars et camionsIveco) par an, à destination de la Serbie pour seulement 10 %. Le reste de la production sera destiné à l'exportation dans l'UE et surtout enRussie, avec laquelle la Serbie a des accords de libre-échange.
En août 2010, l'équipementier automobile sud-coréenYura Corporation lance la construction d'une nouvelle usine qui produira des pièces détachées de voitures électriques dans la ville deNiš. Yura Corporation compte parmi ses principaux clients les constructeurs sud-coréensHyundai etKia. Elle investit environ15 millions d'euros (19,2 millions de dollars). L'usine, qui emploie 1 500 personnes, commence sa production en mai 2011[118].
La Serbie compte 500 000 fonctionnaires, en tenant compte des fonctionnaires de police, l'armée, la santé, l'éducation et tous les fonctionnaires administratifs (28 000 à eux seuls) pour7,5 millions d'habitants (sans le Kosovo). Le gouvernement du président Boris Tadić prévoit de réduire encore le nombre de fonctionnaires, pour respecter l'accord conclu avec le FMI à la suite des prêts de3 milliards d'euros obtenus par son gouvernement[119].
La Serbie a des lois strictes sur les armes à feu mais aussi l'un des taux de possession d'armes à feu par habitant les plus élevés au monde[121],[122]. En 2018, ce pays desBalkans se place au troisième rang des pays du monde, derrière lesÉtats-Unis etle Yémen[123], pour la circulation des armes à feu avec39 armes pour 100 habitants[120]. D'après les données de l'ONG suisse Small Arms Survey, il y avait 2,7 millions d'armes à feu détenues par les civils en Serbie en 2018[120]. 1,18 million étaient officiellement enregistrées et 1,53 million étaient non déclarées[120]. De nos jours, des centaines de milliers d'armes à feu circulent dans le pays[124]. 765 000 armes, dont plus de 232 000 pistolets, sont légalement enregistrées en Serbie, un état d'environ 7 millions d'habitants[124]. Une partie de l'arsenal ayant servi à perpétrer les attentats de 2015 en France provenait des Balkans[120].
Pendant les années 1990, les conflits liés à l'éclatement de laYougoslavie ont favorisé la circulation de nombreuses armes à feu dans la région. Une fois la paix revenue, les armes ont continué à être produites par les industries locales d'armement et les stocks de l'armée ont été détournés[120]. Aujourd'hui encore, les armes sont relativement bon marché : unearme de poing s'achète 150 euros, un fusil d'assaut 250 euros, et beaucoup sont exportées. La culture des armes marque la société serbe : ainsi, pendant les célébrations, il est fréquent que des gens tirent en l'air[120]. Les armes à feu sont employées pour régler les différends quotidiens[120]. De plus, la pratique de lachasse est très répandue[120]. Les stands de tirs sont très populaires en Serbie[123].
Pourtant, le port d'armes à feu est encadré en Serbie : les mineurs ne peuvent en avoir une qu'avec un permis délivré par la police[120],[124]. Le port d'armes est conditionné à un examen médical qui doit être refait tous les cinq ans[120]. Pour pouvoir posséder une arme, il ne faut pas avoir été condamné pour un crime, ne pas présenter de trouble mental, d'alcoolisme ou de consommation de drogues. Après lafusillade de l'école élémentaire Vladislav Ribnikar le gouvernement serbe a proposé une réglementation plus stricte sur la possession d'armes à feu[125].
Les organisationsmafieuses se sont fortement développées en Serbie, et plus généralement dans les Balkans, depuis la chute du communisme et lesguerres de Yougoslavie. Désormais considérées comme des acteurs majeurs du crime organisé international, ces organisations ont commencé à prospérer dans les années 1990 à partir des trafics d'armes et de cigarettes, puis se sont tournées vers lacocaïne en provenance d'Amérique du Sud. Elles trafiquent également de l'héroïne et produisent de lamarijuana et desdrogues de synthèse. Leurs profits sont tels qu'elles ont investi de larges pans de l'économie légale[126].
En Serbie, elles se sont implantées au sein de l'État et entretiennent des liens avec des acteurs politiques de premier plan, y compris le présidentAleksandar Vucic. Des membres du clan Janjicari ont protégé la cérémonie d'investiture de celui-ci et le fils du président, Danilo Vucic, apparaît régulièrement en public avec des membres du gang. Le ministre de la Santé,Zlatibor Lončar, est même directement impliqué dans un meurtre alors qu'il appartenait au clan de Zemun[126].
Leschrétiens orthodoxes représentent en Serbie plus de 90 % des croyants (sans le Kosovo). On date la conversion des Serbes entre 867 et 870, et c’est dans cette période que l’on constate une explosion des prénoms chrétiens parmi les Serbes sous le règne du souverainMutimir qui lui portait encore un prénomslave. L'Orthodoxie, en grecΟρθοδοξία, en français, la foi droite (ouchristianisme orthodoxe) descend en droite ligne des premières communautés chrétiennes fondées par les apôtres de Jésus dans les provinces orientales de l'Empire romain et comptant quelque200 millions de fidèles. Elle est organisée en de nombreuses Églises territoriales (et non nationales) qui forment ensemble l'« Église orthodoxe » ou « Communion orthodoxe » fidèle à lathéologie des sept conciles du premier millénaire chrétien et au droit canon qui en découle. Jusqu'auschisme de 1054, les Églises d'occident (Église catholique comprise) aussi furentorthodoxes, c'est-à-dire conformes à la théologie et au droit canon des sept conciles du premier millénaire.[réf. nécessaire]
Il y a aussi une communauté musulmane d'environ 180 000 personnes[127] principalement concentrée auSandjak. L'identité des musulmans dans le Sandjak est divisée, certains se disentBosniaques, d'autresMusulmans (nationalité) et certains partiellement comme Serbes ou Montenégrins.
Les premiersJuifs arrivèrent sur le territoire de l'actuelle république de Serbie à l'époque de l'Empire romain, mais les communautés juives desBalkans ne prirent de l'importance qu'à la fin duXVe siècle, lorsque les Juifs, fuyant l'Inquisition en Espagne et auPortugal, trouvèrent refuge dans les régions contrôlées par lesOttomans et notamment en Serbie, alors en grande partie sous domination turque. Les communautés s'y développèrent jusqu'à laPremière Guerre mondiale, mais elles furent presque complètement anéanties dans l'Holocauste de laSeconde Guerre mondiale. La communauté juive de Serbie compte actuellement moins de800 membres.
Le protestantisme est aussi présent en Serbie. Selon un recensement réalisé en 2002, la part de chrétiens protestants représente 1,1 % de la population. Le protestantisme est surtout présent chez les Slovaques et les Allemands deVoïvodine.
Toutefois, la pratique religieuse est faible pour tous les groupes religieux, et l'histoire communiste récente du pays explique en partie cette faible pratique religieuse. Il y a aussi en Serbie de nombreux agnostiques, et des athées, dont on ignore le nombre de personnes qu'ils représentent, surtout depuis les guerres et l'explosion de la Yougoslavie dans les années 1990.
Même si des linguistes utilisent encore parfois le terme deserbo-croate pour définir la langue parlée en Serbie, auMonténégro, enBosnie-Herzégovine et enCroatie, chaque pays utilise l'appellationserbe,monténégrin,bosnien oucroate. Les locuteurs de ces diverses variantes se comprennent spontanément, sans traducteur ; la séparation et la définition de ces langues est donc politique. En revanche, d'une langue à l'autre, on peut noter des différences partielles dans le lexique ou la morphologie (certaines conjugaisons ou déclinaisons varient). Il y a surtout une différence d'alphabet : il estcyrillique etlatin en Serbie, au Monténégro et dans larépublique serbe de Bosnie, mais seulement latin en Croatie et dans lafédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine. En Serbie, le cyrillique est utilisé par les journaux de référence commePolitika ; les journaux en alphabet latin sont des journaux plus généralistes et populaires, commeBlic ; il caractérise aussi des journaux d'opposition ou progressistes commeDanas. L'administration serbe, quant à elle, privilégie l'alphabet cyrillique[128], tout en utilisant aussi l'alphabet latin[129]. Le cyrillique est également l'alphabet officiel duPatriarcat de Serbie.
Sur le territoire de la Serbie, il existe plusieurs sites d'installation humaine préhistorique, la vallée de laMorava étant un lieu de passage naturel pour l'homme entre l'Europe et l'Asie Mineure (Turquie). Le sitepaléolithique le plus célébré en Serbie est celui deLepenski Vir. Il existe en Serbie plusieurs sites datant de l'Empire romain et de l'Empire byzantin, la ville deSirmium romaine puis byzantine,Gamzigrad sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO etJustiniana Prima sont les sites incontournables.
L'influence del'art des romains d'orient devient après la prise deConstantinople par lescroisés en1202, prépondérante. En effet, les artistes byzantins ont abandonné Constantinople car les croisés faisaient peu état de l'art préférant piller la ville plutôt que de créer de nouvelles œuvres. Une partie d'entre eux trouva refuge en Serbie où ils étaient très recherchés pour leurs qualités par la noblesse serbe et l'église orthodoxe serbe, l'exil des artistes grecs permit aux artistes serbes d'acquérir leurs techniques. Cette influence grecque est perceptible dans les monastères deÉglise de la Vierge de Leviša etGračanica tous classés sur laListe du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO en raison des destructions commises par les musulmans kosovars albanais lors destroubles de 2004 au Kosovo.
Dès leXVIIIe siècle, l'écrivainDositej Obradović (1742-1811) renonça auslavon, la « langue savante », et choisit d'utiliser leserbe comme langue littéraire. Les Serbes le considèrent comme le premier grand auteur ayant écrit dans la langue de leur pays. AuXIXe siècle, l'écrivain et le linguisteVuk Stefanović Karadžić modernise la langue serbe et pose ainsi les fondations de la littérature moderne ; il est l'auteur du slogan : « Écris comme tu parles » (en serbe « Пиши као што говориш »).
Belgrade a accueilli lesUniversiade d'été de 2009. Le marathon de Belgrade est la manifestation sportive la plus importante de Serbie.
La Serbie participe pour la première fois auxJeux olympiques de 1912. Par la suite, les athlètes serbes faisaient partie de l'équipe duroyaume de SCS /Yougoslavie /RSFY renomméeSerbie-et-Monténégro pour ses trois dernières années d'existence). Résultats des représentants de l'Union étatique de Serbie-et-Monténégro de 1992 à 2006. sont comptés comme des partitions de fédérations sportives de Serbie. Depuis 2006, c'est-à-dire lesJeux olympiques d'été de 2008, les athlètes de Serbie jouent dans l'équipe nationale de Serbie.
Nemanja Vidić (football) : un des meilleurs défenseurs au monde au début des années 2010.
Dejan Stanković (football) : recordman du nombre de sélections enéquipe nationale et premier joueur à avoir joué pour trois pays à laCoupe du Monde (Yougoslavie, Serbie-et-Monténégro, Serbie).
Nikola Jokić (basket-ball) : joueur des Nuggets de Denver, aujourd'hui un des meilleurs joueurs du monde et triple MVP (Most Valuable Player) de la NBA.
La Serbie est également performante dans les sports collectifs :
Les plats serbes sont en grande partie composés de viandes de porc, volailles, et dans une moindre mesure de bœuf, de légumes et fruits comme le poivron, la tomate, l'oignon, l'ail, la prune, la pastèque, la pomme de terre.
Ajvar : purée de poivron rouge et d'ail, cuit. Certains producteurs industriels dans un but d'économie rajoutent de l'aubergine ou de la tomate à la purée de poivron mais l'ajvar traditionnel ne contient que du poivron.
Gibanica : pâte feuilletée légèrement cuite mélangée avec du fromage et des œufs. Cela devient le burek si on y ajoute de la viande hachée et des oignons, la zeljanica avec des épinards ou bien la krompiruša avec des pommes de terre.
Čorba : soupes de légumes assez relevées et riches de morceaux de viande (mouton, poulet ou porc, selon la région).
En Serbie, les jours fériés sont définis par la loi sur les fêtes nationales et autres fêtes en république de Serbie (enserbe :Zakon o državnim i drugim praznicima u Republici Srbiji). Les fêtes suivantes sont observées sur tout le territoire national[146] :
Les débuts du système éducatif serbe remontent auxXIe etXIIe siècle, avec la création des premiers collèges catholiques àTitel et àBač), enVoïvodine. L'éducation prit également son essor avec la fondation de nombreuxmonastèresorthodoxes serbes, comme ceux deSopoćani, deStudenica ou duPatriarcat de Peć. La première université de Serbie a été fondée àBelgrade en1808, au moment de lapremière révolte contre les Turcs ; créée sous le nom de Haute école ou Grande école (enserbe :Велика школа etVelika škola), est le précurseur de l'actuelleuniversité de Belgrade. En revanche, la plus ancienne faculté située à l'intérieur des frontières actuelles de la Serbie a été fondée en 1778 àSombor, qui faisait alors partie de l'empire d'Autriche ; elle était connue sous le nom deNorma et constituait le premier collège slave de professeurs enEurope du Sud[164]. L'actuel système éducatif serbe est régi par le Ministère serbe de l'Éducation.
En Serbie, l'instruction commence à l'école maternelle à partir de3 ans. Puis, à partir de 6 ou 7 ans, vient l’école élémentaire (enserbe :основна школа etosnovna škola), pour une durée de huit ans, école élémentaire qui,grosso modo, correspond à l'école élémentaire et aucollège français (jusqu’à la fin de la quatrième)[165]. Au terme de ces huit années, une bifurcation s’opère. Certains élèves s’orientent vers le lycée (enserbe :гимназија etgimnazija), où ils suivent des études générales en quatre ans, avec un début de spécialisation entre les langues et les sciences sociales d’une part et les mathématiques et les sciences naturelles d’autre part. À l’issue des études secondaires, d’autres élèves s’orientent vers une école professionnelle (enserbe :стручна школа etstručna škola), qui tout en assurant un enseignement général offrent un enseignement plus spécialisé ; les études dans ces écoles durent elles aussi quatre ans. D’autres, enfin, entrent dans une école « vocationnelle » (enserbe :занатска школа etzanatska škola) ; les études n’y durent que trois ans et elles sont plus spécialisées, notamment dans les domaines du commerce et de l’artisanat.
Les études supérieures s’effectuent dans des écoles supérieures, dans les facultés des universités serbes ou encore dans les diverses Académies d’art. Les « écoles supérieures » (enserbe :виша школа etviša škola) proposent des études supérieures courtes, en deux ans, à peu à la manière descolleges américains. La Serbie possède plusieurs universités, parmi lesquelles on peut citer l’université de Belgrade, l’université de Niš, l’université de Kragujevac et l’université de Novi Sad. Le cursus universitaire s’est récemment adapté auprocessus de Bologne, qui met en place un système à trois niveaux,licence,master,doctorat[166]. La Serbie possède également de nombreux établissements d’enseignement supérieur privés.
Le, le .cрб, équivalent enserbe cyrillique du .rs en serbe latin, sera accessible. La mise à jour pour passer en .cрб se fera en deux étapes, d'abord les .rs pourront passer en .cрб jusqu'au 27 juillet puis l'ouverture sera générale.
Sur le plan routier, le pays est traversé par lesroutes européennesE65,E70,E75 etE80, ainsi que par les routes européennes secondairesE662,E761,E763,E771 etE851. Sur la plus grande partie de leur parcours, la route E70, qui, en Serbie, va deŠid àBelgrade, et la route E75, qui, en Serbie, relieSubotica àVranje en passant par Belgrade etNiš, sont de typeautoroutier. En 2018, la Serbie comptait officiellement 2 029 544 voitures, 125 761 camions et 9 268 autobus[172].
↑Le domaine.yu est une survivance de l’ancienneYougoslavie. Le domaine.cs a été réservé pour l’union fédérale mais ne sera probablement jamais utilisé. L’introduction du nouveau domaine.rs date de 2006.
↑The original Turkish-language copy of the census is stored in Istanbul's archives. However, in 1972 the Sarajevo Institute of Middle Eastern Studies translated the census and published an analysis of it Kovačević Mr. Ešref, Handžić A., Hadžibegović H. Oblast Brankovića - Opširni katastarski popis iz 1455., Orijentalni institut, Sarajevo 1972. Subsequently others have covered the subject as well such as Vukanović Tatomir, Srbi na Kosovu, Vranje, 1986.
↑a etbКњига 1,Становништво, национална или етничка припадност, подаци по насељима, Републички завод за статистику, Београд, фебруар 2003,(ISBN86-84433-00-9)
Dušan T. Bataković,Histoire du peuple serbe, (sous la direction de) D. T. Bataković, L'Âge d'Homme, Lausanne 2005.
Dušan T. Bataković, Kosovo.Un conflit sans fin ?, Lausanne, L'Âge d'Homme 2008.
En anglais
Vladimir Yovanovitch,The Emancipation and Unity of the Serbian Nation of the Regeneration of Eastern Europe by the Reconstitution of the Nationalities, Geneva & London: H.Georg, Trubner & Co 1871.
W. Vucinich,Serbia Between East and West. The Events of 1903−1908, Stanford University Press, Stanford Ca. 1954.