Члaн 1. Сва људскa бићa рaђajу сe слoбoднa и једнака у дoстojaнству и прaвимa. Oнa су обдарена рaзумoм и свeшћу и трeбa jeдни прeмa другимa дa пoступajу у духу брaтствa.[1]
Član 1. Sva ljudska bića rađaju se slobodna i jednaka u dostojanstvu i pravima. Ona su obdarena razumom i svešću i treba jedni prema drugima da postupaju u duhu bratstva.[2]
Pays où le serbe est une langue minoritaire reconnue.
Extension du serbe (en jaune) sur le territoire de l’ancienne Yougoslavie (2006).Zones de Croatie où le serbe est une langue minoritaire reconnue (en vert foncé).
Le nombre de locuteurs de serbe est estimé entre8 et 9millions[1]. Les données ci-dessous ne reflètent le nombre de locuteurs de serbe que si c’est explicitement mentionné, vu que la plupart desstatistiques se réfèrent aux personnes d’ethnie serbe ou provenant de Serbie. Parmi ceux-ci on ne peut pas savoir combien parlent effectivement le serbe. On ne sait pas non plus, concernant les personnes résidant en dehors de la Serbie, combien s’y sont établies définitivement et combien y séjournent provisoirement. De plus, dans certains pays, les statistiques ne distinguent pas le serbe du serbo-croate.
La distribution de la population serbe dans le monde est la suivante :
Le serbe est la langue officielle en Serbie, au Kosovo[30], en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro[31]. Il est également unelangue minoritaire reconnue, c’est-à-dire officiellement utilisable (dans des conditions différentes de pays à pays), en Croatie[32], en Macédoine du Nord, en Roumanie[33], en Hongrie[34], en Slovaquie[35] et enTchéquie.
Le serbe standard se fonde sur le dialecte chtokavien (štokavski) du diasystème slave du centre-sud, dialecte parlé dans la plus grande partie de la Serbie, ainsi que par les Serbes de Bosnie-Herzégovine et du Monténégro. Le même dialecte est parlé par la plupart des Croates, par les Bosniaques et par les Monténégrins[36].
L’une des divisions du chtokavien est faite en trois groupes de dialectes, sur la base de la façon dont a évolué le sonĕ duvieux-slave transcrit par lalettreѣ, appelée « yat ».
Dans les dialectesékaviens (ekavski), parlés dans le centre, l’est et le sud de la Serbie, le « yat » a donnée (prononcé « é »), par exemple dans les motsčovek « homme » (être humain) etreka « rivière ».
Les dialectes (i)jékaviens [(i)jekavski], parlés dans l’ouest de la Serbie et dans sa région deRaška, au Monténégro et en Bosnie-Herzégovine, se caractérisent par l’évolution de « yat » enje (prononcé « yé ») dans certains mots (čovjek) et enije (prononcé « iyé ») dans d’autres :rijeka.
Pour les dialectesikaviens (ikavski), c’est l’évolution de « yat » eni qui est spécifique (čovik,rika). Ils se limitent à quelques petites zones limitrophes de ceux qui présentent le même phénomène sur le territoire du croate.
Le stardard admet lesprononciations ékavienne et (i)jékavienne, ainsi que leur transcription, sans admettre la prononciation ikavienne, ni la variante torlakienne. La grande majorité desmédias de masse serbes est ékavienne.
Les premiers documents pouvant être considérés comme de langue serbe sont écrits en alphabet cyrillique et datent desXIe – XIIe siècles. Le plus important estMiroslavljevo jevanđeljeÉvangile de Miroslav[40]. Il y a deux processus qui commencent : d’un côté, la langue parlée évolue d’une façon spontanée et des dialectes prennent naissance, d’un autre côté, les lettrés s’ingénient à standardiser la langue. La langue littéraire serbe a en fait été sujette à plusieurs standardisations.
La première standardisation a lieu au début duXIIIe siècle, sous le règne du premier roi serbe,Stefan Ier Nemanjić. Elle est effectuée par le frère du roi, Rastko Nemanjić (plus connu sous le nom deSaint Sava, fondateur de l’église orthodoxe serbe autocéphale), autour de l’année1220. À cette époque-là, la langue serbe écrite commence à s’éloigner duslavon d'église utilisé jusqu’alors, reflétant lesmodifications phonétiques qui s’étaient produites par rapport à cette langue. La variété ainsi créée est appelée langue slavo-serbe, notée en écriture nommée deRaška. Du point de vue langagier, l’ouvrage le plus significatif de Saint Sava est leKarejski tipik (leTypikon deKaryès).Dušanov zakonik (le Code deDušan), écrit dans les années1349-1354, utilise la même langue.
La réforme linguistique suivante se produit sous le règne deStefan Lazarević, autour de l’année1400. Elle est effectuée aumonastère de Manasija située au bord de la rivièreResava, sous la direction du lettrébulgareConstantin le Philosophe. La réforme de l’école de Resava est archaïsante et influencée par legrec. En fait, elle rapproche le standard serbe du standard bulgare. Des œuvres parues dans cette variété de langue sont, par exemple,Slovo Ljubve (la Parole de l’amour) (1409) de Stefan Lazarević etŽitija despota Stefana Lazarevića (Vie du despote Stefan Lazarević) (1433) de Constantin le Philosophe.
Dans la première moitié duXIXe siècle, avec l’aide dephilologues éminents de l’époque, tels lesfrères Grimm, et du pouvoir autrichien (représenté par le linguisteslovèneJernej Kopitar),Vuk Stefanović Karadžić entreprend une réforme profonde du standard de la langue serbe. Il jette les bases de la langue littéraire serbe actuelle par sonDictionnaire serbe publié pour la première fois en1818 (mais largement répandu seulement par son édition de1852), sa traduction duNouveau Testament et par d’autres ouvrages. La base de ce standard est le parler de Karadžić, chtokavien à prononciation ijékavienne de l’Herzégovine de l’Est, parlée également en Serbie du Sud-ouest.
Sous l’influence duromantisme d’Europe de l'Ouest, Karadžić recommande lapoésie populaire pour modèle de la langue littéraire et rejette les normes russifiantes, qui ne correspondent pas au systèmephonémique et à la structuregrammaticale du serbe. Dans le même temps, il simplifie l’orthographe le plus possible, en lui appliquant leprincipe phonologique.
La réforme de Karadžić est influencée par lalittérature croate aussi. D’ailleurs, son activité est approximativement contemporaine de la standardisation du croate, effectuée toujours à partir du dialecte chtokavien à prononciation ijékavienne. Plus encore, il y a des mises en commun entre les élaborateurs des deux standards, par exemple par le biais de l’« Accord deVienne » signé en1850 par sept intellectuels croates et serbes (parmi lesquels Vuk Karadžić), à l’initiative du linguiste slovèneFranc Miklošič.
Par la suite, la prononciation ékavienne de labourgeoisie de Voïvodine et de Serbie est aussi incluse dans le standard, devenant prédominante mais n’excluant pas la prononciation ijékavienne. En1868, le standard de Karadžić devient officiel en Serbie.
Dans laYougoslavie communiste d’après laSeconde Guerre mondiale, la promotion de la langue serbo-croate et les tentatives d’estomper les différences entre le serbe et le croate deviennent les composantes d’unepolitique linguistique officielle, ce qui ressort de l’« Accord deNovi Sad » de1954, signé par vingt-cinq linguistes et écrivains, dix-huit serbes et sept croates. On y stipule que la langue commune des Serbes, desCroates, desMonténégrins et desBosniaques est le serbo-croate, que l’on peut aussi appeler croato-serbe, ayant deux variétés littéraires, le serbe et le croate. Par le même accord, on décide de publier un dictionnaire commun.
Dans cette période, le serbe s’éloigne en partie de la langue devenue « rurale » de Karadžić. À la suite du procès d’urbanisation, il se répand ce qu’on appelle le « style de Belgrade ».
À la suite de la désintégration de la Yougoslavie, le serbe et le croate s’éloignent de nouveau l’un de l’autre. En serbe, cela se manifeste, par exemple, par la réapparition, dans la langue littéraire, de certains éléments de la langue de l’église, et laconstitution de la Serbie stipule que la langue officielle de l’État est le serbe écrit avec l’alphabet cyrillique[10]. Cependant, l’alphabet latin reste d’usage courant.
En1997 est créé le Comité pour la standardisation de la langue serbe, qui œuvre pour le remplacement du standard du serbo-croate, mais sans pratiquer le purisme envers les mots croates, qu’il traite comme desemprunts[41]. Dans le même temps, il soutient l’utilisation de l’alphabet cyrillique, mise en danger par celle de l’alphabet latin, et promeut le remplacement des emprunts de plus en plus nombreux à l’anglais par des mots serbes[42].
R entre deux consonnes ou en début de mot peut constituer un sommet desyllabe, comme les voyelles, par exemple dansprst « doigt » etrvanje « combat ». Cette consonne se comporte de la même façon dans les emprunts au français qui, dans cette langue se terminent en consonne +re :žanr « genre »,masakr « massacre ».
entre leh aspiré de « hahaha ! » et lejespagnol deJuan
27
Ц, ц
C, c
[t͡s]
tsigane
28
Ч, ч
Č, č
[t͡ʃ]
tchèque
29
Џ, џ
DŽ, dž
[d͡ʒ]
l’anglaisgin
30
Ш, ш
Š, š
[ʃ]
chat
Remarques :
La lettrev ne transcrit pas la correspondantevoisée de la consonne labio-dentale fricativesourde /f/, mais la consonne spirante labio-dentale /ʋ/, neutre du point de vue duvoisement. En effet, elle ne passe pas à [f] devant les consonnes sourdes (exemple :ovca [oʋt͡sa] « brebis »), et devant elle, les consonnes peuvent être sourdes ou voisées :tvoje « ton, le tien » (neutre),dvoje « deux ».
Le serbe s’écrit traditionnellement avec l’alphabet cyrillique adapté de façon que chaque lettre corresponde à un seul son. Cet alphabet est utilisé dans tous les documents officiels de Serbie et de larépublique serbe de Bosnie. L’alphabet latin avec desdiacritiques rend certains sons par des groupes de deux lettres. Son emploi est majoritaire dans les écrits non officiels et il progresse[41]. Par exemple, parmi les quotidiens nationaux, deux seulement sont écrits en cyrillique, la plupart étant en alphabet latin[46].
L’orthographe serbe est fondée sur le principephonémique, qui va jusqu’à transcrire les noms propres étrangers, non seulement en cyrillique, mais aussi en alphabet latin, tels qu’ils se prononcent en serbe. Par exemple, « Shakespeare » s’écritШекспир ouŠekspir[46]. Il y a cependant quelques exceptions à ce principe (voir la section suivante).
Lorsque deux consonnes, l’une sourde et l’autre voisée, arrivent en contact par ajout d’unedésinence ou d’un autresuffixe à un mot, ou bien par la formation d’unmot composé, la première consonne devient pareille à la seconde du point de vue du voisement (assimilation régressive). Ainsi[47] :
les consonnes sonores
b,
g,
d,
đ,
z,
ž,
dž
deviennent
les consonnes sourdes
p,
k,
t,
ć,
s,
š,
č,
et vice-versa.
Exemples :
consonne voisée > consonne sourde : derob « esclave » on forme, en y ajoutant le suffixe-stvo, le nomropstvo « esclavage » ;
Il y a aussi des assimilations qui consistent en le changement du lieu d’articulation des consonnes. Par exemples passe àš devant les consonnesć,dž,č,đ,lj etnj :paziti « faire attention » >pažljiv « attentif »,nositi « porter » >nošnja « habillement ». De même,n passe àm devantb:stan « logement, habitation » >stambeni « relatif à l’habitation » (adjectif).
Conformément au principe phonémique de la graphie serbe, lesassimilations sont en général rendues par écrit, mais il y a des exceptions. C’est le cas, par exemple, de consonnes en fin de mot :Šef[ˈʃeːv]bi voleo da radimo. « Le chef aimerait que nous travaillions »,Ostao je bez [bes]kaputa « Il est resté sans manteau »), entre lespréfixes terminés end et les mots commençant pars (predsednik ['pretsednik] « président »), dans des mots étrangersdérivés avec des préfixes serbes (podtekst ['pottekst] « sous-texte ») et dans desemprunts relativement récents :dragstor ['drakstor] « drugstore ».
Lorsque, à l’occasion de la dérivation, de lacomposition ou de laflexion, il y a deux consonnes identiques qui arrivent en contact, en général il n’en reste qu’une seule. L’identité se crée souvent par assimilation. Exemples :
entre un préfixe et un mot :bez stida « sans honte » > *besstidan[48] >bestidan « éhonté, sans vergogne » ;
entre les éléments d’un mot composé :pet « cinq » +deset « dix » > *peddeset >pedeset « cinquante » ;
entre un mot et un suffixe :Rus « Russe » +-ski > *russki >ruski « russe » (adjectif),vest « (information) nouvelle » +-nik >vesnik « messager » ;
à l’ajout d’une désinence :otac « père » +-a > *otca >oca « du père ».
Il existe aussi des chutes de consonnes non marquées par écrit, généralement dans des dérivés relativement récents :
avec un préfixe serbe :preddržavni ['predrʒavni] « pré-étatique » ;
avec un préfixe étranger :transsibirski ['transibirski] « transsibérien » ;
avec un suffixe serbe :azbest +-ni >azbestni ['azbesni] « en asbeste ».
Certaines consonnes terminant la forme ducasnominatif d’un nom ou se trouvant à la fin duradical d’unverbe sepalatalisent, c’est-à-dire que leur lieu d’articulation migre vers la région palatale de la bouche sous l’influence d’une voyelle commençant une désinence ou un autre suffixe. Les cas les plus fréquents :
K,g eth devante deviennent palato-alvéolaires[49] :
k >č –vojnik « soldat » >vojniče! (vocatif) « (Eh!) le soldat ! »
g >ž –drug « camarade » >druže!
h >š –duh « âme » >duše!
Les mêmes consonnes deviennent alvéolaires devant uni[49] :
k >c –radnik « ouvrier » >radnici « ouvriers »
g >z –snaga « force » >snazi « à la force » (datif)
h >s –siromah « pauvre » >siromasi « pauvres »
Lapalatalisation devantj (prononcé comme « y » dans « yeux ») s’appelle aussimouillure. Elle fait que :
Au cours de l’histoire de la langue serbe, [l] a évolué en [o] dans certains cas, mais à certaines formes grammaticale, [o] repasse à [l].
C’est, par exemple, le cas des noms et desadjectifs qualificatifs terminés en-ao ou-eo (posao « travail »,veseo « gai ») et desadjectifs verbaux actifs (radio « travaillé »). Ceto redevientl s’il n’est plus en position finale :posla « du travail », le génitif du nom ;vesela « gaie », le féminin de l’adjectif qualificatif ;radila, le féminin de l’adjectif verbal actif).
Cet alternance se produit également à l’intérieur de certains mots, par exemple dans ceux dérivés avec le suffixe d’agent-lac.L se conserve seulement au nominatifsingulier et augénitifpluriel, passant ào aux autres formescasuelles :nosilac « porteur »,nosilaca « des porteurs », maisnosioca « du porteur »,nosioci « porteurs », etc.
Alternancea ~ ∅ (appeléenepostojano a « a labile »)
En général, entre les consonnes de groupes en fin de mot inhabituels pour le serbe, on intercale una, par exemple au nominatif singulier des noms et des adjectifsmasculins, dont la désinence est ∅, pour éviter que le mot se termine en un tel groupe de consonnes. Un tel mot estborac « combattant ». Au cours de la flexion,a disparaît aux formes auxquelles la prononciation du groupe de consonnes est facilitée par une voyelle qui le suit. Ainsi, le génitif et l’accusatif singulier de ce mot estborca « du combattant ».
A labile apparaît également entre certainesprépositions et des mots avec lesquels elles formeraient un mot phonétique qui commencerait par un groupe de consonnes difficiles à prononcer. Ainsi, par exemple, la prépositions « avec » a la formesa devant un mot commeškola :sa školom « avec l’école ».
A apparaît aussi pour différencier des formes casuelles, à savoir le nominatif singulier des noms féminins au radical terminé en un groupe de consonnes d’avec leur génitif pluriel (sestra « sœur » –sestara « des sœurs ») et le génitif singulier d’avec le génitif pluriel des masculins qui onta au nominatif singulier (boraca « des combattants ») ou de ceux d’origine étrangère terminés en deux consonnes au nominatif singulier :student –studenta « de l’étudiant » –studenata « des étudiants ».
la forme de génitif masculin des adjectifs, despronoms et desnuméraux :dobrog(a) « du bon »,mog(a) « du mien »,svakog(a) « de chacun »,jednog(a) « d’un ».
la forme de datif-locatif masculin singulier des précédents :
e ajoutée à la variante de désinence-om :dobrom(e) « au bon »,o dobrom(e) « au sujet du bon » ;
u ajoutée à la variante de désinence-em:vašem(u) « au vôtre ».
La voyelle finale est facultative dans les deux premiers cas, mais devient parfois obligatoire dans les autres, à savoir au datif-locatif masculin singulier des adjectifs substantivés et des pronoms qui peuvent être utilisés en tant qu’adjectifs pronominaux aussi :Obraćam se dobrim ljudima, a nelošima « Je m’adresse aux gens bons, non aux méchants »,U jednim slučajevima uspeva, udrugima ne « Dans certains cas, ça réussit, dans d’autres non ».
La désinence du casinstrumental singulier des noms masculins a deux variantes,-om et-em. La variante-om est présente après les consonnes finales de radical autres quec,z,č,dž,š,ž,ć,đ,nj,j etlj, par exemple danssa čovekom « avec l’homme ». La variante-em est normalement employée après les consonnes finales de radical mentionnées (par exemple dansbičem « avec le fouet »,s mišem « avec la souris »,spanaćem « aux épinards »,s kraljem « avec le roi »), mais si devant la consonne finale il y a la voyellee, il se produit généralement ladissimilation de l’e de la désinence, qui passe ào, dans des mots commemesecom « avec la lune »,s Bečom « avec Vienne »s koledžom « avec le collège »,s muzejom « avec le musée ».
L’accent qui frappe l’une des voyelles d’un mot a un double caractère en serbe. C’est un accent d’intensité, c’est-à-dire la voyelle en cause est prononcée avec plus de force que les autres (comme en français), mais aussitonique (ou musical), la voyelle accentuée étant prononcée un ton plus haut ou plus bas que les autres.
Il y a quatre sortes d’accent, des combinaisons entre le caractère descendant ou ascendant et la durée de la voyelle (longue ou courte). Leurs signes conventionnels sont ceux des exemples ci-dessous[50].
accent long descendant :pîvo « bière » ;
accent long montant :písati « écrire » ;
accent court descendant :vȅtar « vent » ;
accent court montant :òtac « père ».
L’accent n’est marqué à l’écrit que dans les ouvrages de linguistique, dans lesmanuels et lesdictionnaires, ainsi que pour éviter la confusion non évitable par lecontexte entre mots qui diffèrent uniquement par le caractère ou la place de l’accent, commegrâd « ville » etgrȁd « grêle » (précipitations). L’accent peut aussi différencier des formes grammaticales d’un même mot :ȉmena « du nom » (génitif singulier) –imèna « noms » (nominatif pluriel) –iménā « des noms » (génitif pluriel) (voir aussiDéclinaison des adjectifs).
Concernant la place et le caractère de l’accent, il y a les règles suivantes :
Dans les mots polysyllabiques, l’accent peut frapper n’importe quelle syllabe, sauf la dernière, règle qui s’applique également aux mots étrangers. Ainsi, les mots français ont en serbe l’accent sur l’avant-dernière syllabe :Marsej « Marseille » se prononce ['mar.sej].
L’accent des mots monosyllabique ne peut être que descendant, court (kȍnj « cheval ») ou long :znâm « je sais ».
Dans le cas des mots polysyllabiques, seule la première syllabe peut porter un accent descendant.
Les voyelles non accentuées peuvent également être longues ou courtes. Les longues sont notées, sauf dans les écrits ordinaires, par unmacron ¯ (žèna « femme » –žénā « des femmes », le génitif pluriel du nom). Une syllabe longue non accentuée ne peut se trouver qu’après une syllabe accentuée.
Certains mots ne peuvent être accentués. C’est la plupart desmots-outilsclitiques. En serbe, laparticuleinterrogativeli « est-ce que », lespronoms personnels conjoints (par exemplega « le »,mi « me »), lepronom réfléchise, les formes brèves desverbes auxiliaires, par exemple celui du futur,ću, sont enclitiques (placés après un mot accentué), alors que les prépositions monosyllabiques et certaines bisyllabiques, certaines conjonctions monosyllabiques, le motnégatifne sont proclitiques (placés devant un mot accentué). Du point de vue de l’accentuation, les enclitiques et les proclitiques forment un seul mot avec le précédent et le suivant, respectivement.
Dans certains cas, l’accent peut passer sur le proclitique :
sur les prépositions devant le pronom personnelja « moi » au cas instrumental :sȁ mnom « avec moi » ;
sur le mot négatif, aux formes verbales à accent descendant sur la première syllabe :dâm « je donne » –nè dām « je ne donne pas ».
Lamorphologie du serbe se distingue de celle du français par de nombreux traits[52]. Du point de vue de latypologie morphologique, le serbe est unelangue flexionnelle et ce à un degré relativement élevé, par exemple par rapport au français, c’est-à-dire que le nom, l’adjectif et les pronoms se déclinent, ayant des formes distinctes pour remplir telle ou telle fonctionsyntaxique dans laproposition, et lesverbesse conjuguent, les formespersonnelles se distinguant également par des désinences.
Les noms serbes peuvent être dugenre masculin, féminin ou neutre.
Lemasculin est en général reconnaissable grâce à la terminaison en consonne au cas nominatif singulier :jelen « cerf ». Sont également masculins les noms terminés en-ao et ceux en- eo, dont leo était jadisl (voir plus hautAlternance l ~ o) :orao « aigle »,pepeo « cendre ». Le nominatif pluriel de ces noms se termine en-i:jeleni « cerfs ». Les masculins monosyllabiques et une grande partie des bisyllabiques reçoivent d’habitude devant-i le suffixe-ov- (avec la variante-ev- après une consonne postalvéolaire, alvéolo-palatale ou palatale) :stanovi « logements »,orlovi « aigles »,muževi « hommes » (mâles). Il y a aussi des masculins terminés en-a, comme les féminins : desprénoms masculins (Nikola), des noms de professions (sudija « juge »). Avec ceux-ci, l’accord se fait au masculin.
Leféminin se caractérise généralement par la terminaison-a au nominatif singulier (ruka « main »), mais il y en a aussi en consonne :radost « joie »,stvar « chose ».
Leneutre est le genre des noms d’inanimés terminés en-o (sauf ceux en-ao et-eo) ou en-e au nominatif singulier :kolo « cercle »,polje « champ ». Leur nominatif pluriel se termine en-a:kola « cercles »,polja « champs ».
À part le singulier et le pluriel, le serbe conserve des vestiges du nombreduel. Il est exigé par lesadjectifs numérauxdva « deux » (masc. et neutre),dve « deux » (fém.),tri « trois »,četiri « quatre »,oba « les deux » (masc. et neutre) etobe « les deux » (fém.). Les mots à ce nombre ont la désinence-a au nominatif masculin et neutre (identique à celle de génitif singulier) et-e au féminin (identique à celle de nominatif pluriel). Exemples :dvametra « deux mètres »,obemačke « les deux chats ».
L’accusatif singulier des noms masculins d’animés est identique à leur génitif singulier, alors que l’accusatif singulier des noms masculins d’inanimés et des neutres est pareil à leur nominatif singulier. Par exemple, alors quejelen « cerf » est à l’accusatif singulierjelena, le nomizvor « source » a la formeizvor au même cas[55].
Les noms de plantes et les noms collectifs dénommant des animés, par exemplenarod « peuple » etčopor « troupeau » se déclinent comme les inanimés.
La désinence du génitif pluriel est-a long. C’est ce qui différencie principalement le génitif pluriel du génitif singulier des noms masculins et neutres, et le génitif pluriel des féminins de leur nominatif singulier.
Certains masculins (par exemple beaucoup d’ethnonymes) ont au singulier le suffixe-in devant les désinences, sans l’avoir au pluriel. Exemple :Srbin « Serbe » (homme) –Srbina « du Serbe » –Srbi « Serbes » –Srba « des Serbes ».
Parmi les neutres terminés en-e, il y en a dont le radical et prolongé par la consonne-n- ou-t-. Celle-ci est présente au pluriel à tous les cas et au singulier au génitif, au datif, à l’instrumental et au locatif. Exemples :ȉme « nom » –imèna « noms »,uže « corde » –užeta « cordes ». La langue actuelle a tendance à exprimer le pluriel des noms à-t- plutôt par les noms collectifs qui en dérivent et qui sont masculins, par exemple deuže,užad « cordage ».
Au génitif pluriel des féminins ayant le nominatif singulier en-a et le radical terminé en un groupe de consonnes, il y a généralement una labile (pesma « chanson » –pesama « des chansons »), mais beaucoup de ces noms, surtout d’origine étrangère, n’ont pas dea labile, ayant la désinence-i au génitif pluriel :molba « prière » –molbi « des prières »,bomba « bombe » –bombi « des bombes ».
Les noms de pays et de régions terminés en-ska,-čka ou-ška sont à l’origine des adjectifs féminins, c’est pourquoi leur datif-locatif a la même forme que ceux-ci :Francuska « France » –Francuskoj « à la France » –u Francuskoj « en France ».
Le nominatif est le cas dusujet (Ovaj učenik je dobar « Cet élève est bon ») et des noms utilisés hors proposition, par exemple dans des titres et des inscriptions, ainsi que, dans la plupart des cas, de l’attribut :On jeučenik « Il est élève ».
Le génitif sans préposition est principalement celui ducomplément du nom exprimant le possesseur :knjiga učenika « le livre de l'élève ». Le même cas avec diverses prépositions sert à exprimer divers autres compléments du nom,compléments d’objet indirects etcirconstanciels.
Le datif sans préposition est celui du complément d’objet indirect d’attribution (celui qui répond à la question « à qui ? » :Dajte učeniku dobru ocenu « Donnez une bonne note à l’élève ». Il exprime aussi la destination d’un déplacement, surtout avec les prépositionsk(a) etprema.
Le vocatif sert à appeler, à s’adresser à quelqu’un, le nom à ce cas n’ayant pas defonction syntaxique :Učeniče! « Hé ! L’élève ! »
L’instrumental sans préposition est principalement le cas du complément d’instrument (inanimé) (Režem hleb ovim nožem « Je coupe le pain avec ce couteau ») et celui du complément d’accompagnement (animé), avec la prépositions(a) :Idem u grad s učenikom « Je vais en ville avec l’élève ».
possessifs[57] :čovekov, -a, -o « de l’homme »,babin, -a, -o « de (la) grand-mère ». Ces adjectifs sont formés à partir de noms, par ajout du suffixe-ov ou-ev aux masculins, et-in aux féminins.
Presque tous les adjectifs qualificatifs ont deux formes, brève et longue. La forme brève se caractérise par une terminaison en consonne au nominatif masculin singulier, et la forme longue s’obtient par l’ajout de-i à la forme brève :bogat >bogati « riche ». Dans le cas de ces adjectifs, la forme brève est indéfinie et la forme longue – définie. Cette dernière correspond en français à l’adjectif substantivé utilisé avec l’article défini. Exemples en contexte :Videsmo tu dva čoveka, jedan je biosiromašan, a drugi –bogat;siromašni je ćutao, dok jebogati mnogo pričao « Nous y vîmes deux hommes, l’un était pauvre et l’autre – riche ; le pauvre se taisait, tandis que le riche parlait beaucoup »[58].
Les adjectifs possessifs ont seulement la forme brève (bratov « du frère ») et ceux terminés en-ski,-nji et-ji seulement la forme longue. Les adjectifs relationnels en général (beogradski « belgradois »), ainsi que les adjectifs qualificatifs au comparatif et au superlatif relatif (voir ci-dessous) – la forme longue. Les adjectifs à une seule forme sont utilisés en tant qu’indéfinis et aussi en tant que définis.
Lecomparatif de supériorité est formé avec des suffixes :
-ji,-ja,-je, qui provoque la mouillure de la consonne finale de l’adjectif :
pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle longue :mlad « jeune » >mlađi « plus jeune » ;
pour les adjectifs bisyllabiques terminés au masculin singulier en-ak,-ek ou-ok :kratak « court » >kraći ;
-iji,-ija,-ije :
pour les adjectifs monosyllabiques à voyelle brève :star « vieux » >stariji ;
pour les adjectifs polysyllabiques :hrabar « courageux » >hrabriji,jednostavan « simple » >jednostavniji ;
-ši,-ša,-še, pour trois adjectifs monosyllabiques :lep « beau » >lepši,lak « léger, facile » >lakši,mek « mou, doux » >mekši.
Adjectifs aux comparatifs irréguliers :
dobar « bon » –bolji « meilleur » ;
mali « petit » –manji « plus petit » ;
veliki « grand » –veći « plus grand » ;
zao « mauvais » –gori « pire ».
La comparaison se construit de deux façons :
avec la prépositionodrégissant le génitif :Jagode su skupljeod malina « Les fraises sont plus chères que les framboises » ;
avec la conjonctionnego + le nominatif :Jagode su skupljenego maline.
Le superlatif relatif de supériorité s’obtient du comparatif avec le préfixenaj- :poznatiji « plus connu » >nâjpoznàtiji « le plus connu ». La voyelle du préfixe est longue et toujours accentuée, et les adjectifs relativement longs, comme celui de cet exemple, ont un accent sur leur radical aussi.
Au nominatif pluriel, la forme brève ne diffère de la longue que par le lieu de l’accent : sur la première syllabe à la forme longue, sur la deuxième à la forme brève.
Comme dans le cas des noms, on utilise leur forme de duel après les numérauxdva « deux » (masc. et neutre),dve « deux » (fém.),tri « trois »,četiri « quatre »,oba « les deux » (masc. et neutre) etobe « les deux » (fém.).
Les adjectifs ayant le radical terminé en consonne palato-alvéolaire, alvéolo-palatale ou palatale ont, au lieu des variantes de désinences-o (nominatif singulier neutre),-og(a) (génitif singulier masculin et neutre) et-om(e) (datif et locatif singulier masculin et neutre), les variantes-e,-eg(a) et-em(u) respectivement:vrućega « du brûlant »,vrućemu « au brûlant »,o vrućemu « au sujet du brûlant ».
La voyelle supplémentaire de la désinence est présente dans les adjectifs substantivés (comme celui dupoint 3).
Les formes des pronoms personnels et leur déclinaison sont les suivants :
N.
ja « je/moi »
ti « tu/toi »
on « il/lui »,ono – neutre
ona « elle »
mi « nous »
vi « vous »
oni « ils/eux »,one « elles »,ona – neutre
–
G.
mene, me
tebe, te
njega, ga
nje, je
nâs, nas
vâs, vas
njih, ih
sebe
D.
meni, mi
tebi, ti
njemu, mu
njoj, joj
nama, nam
vama, vam
njima, im
sebi
A.
mene, me
tebe, te
njega, ga, nj
nju, ju, je
nâs, nas
vâs, vas
njih, ih
sebe, se
V.
–
ti!
–
–
–
vi!
–
–
I.
sa mnom
s(a) tobom
s(a) njim
s(a) njom
s(a) nama
s(a) vama
s(a) njima
sa sobom
L.
o meni
o tebi
o njemu
o njoj
o nama
o vama
o njima
o sebi
Remarques:
1. Aux cas nominatif, vocatif, instrumental et locatif, les pronoms personnels n’ont que des formes disjointes, alors qu’au génitif, au datif et à l’accusatif, ils ont des formes disjointes et des formes conjointes. Les formes conjointes sont enclitiques, formant un mot phonétique avec le mot accentué qui les précède. Exemples :Dajemti ovaj novac « Je te donne cet argent »,Jati dajem ovaj novac « Moi, je te donne cet argent » ou « C’est moi qui te donne cet argent ».
2. Les formes disjointes s’emploient :
– après les prépositions et les conjonctions :Odnjih je stiglo mnogo pisama, ali ništa zamene « Beaucoup de lettres sont arrivées d’eux, mais rien pour moi » ;
– lorsque la personne en cause apparaît pour la première fois dans la communication ;
– lorsqu’on insiste sur la personne :Ovaj novac dajemtebi « Cet argent, je te le donne à toi » ou « C’est à toi que je donne cet argent » ;
– pour constituer unmot-phrase dans undialogue :– Kome je upućeno ovo pismo? –Vama. « – À qui cette lettre est-elle adressée ? – À vous. »
3. Le pronom de politesse estVi (écrit d’habitude avec initialemajuscule)[60].
4. Le génitif est utilisé seulement avec des prépositions qui régissent ce cas :On je došao posle mene. « Il est arrivé après moi. »
5. La formemnom s’emploie seulement avec préposition, sur laquelle passe l’accent, alors que la formemnome est utilisée sans préposition.
6. Au génitif, au datif et à l’accusatif, les formes conjointes diffèrent des disjointes, à part l’accent, par le caractère bisyllabique de celles-ci, à l’exception des formesnas etvas. À l’écrit habituel, le caractère accentué ou non de ces deux pronoms ne peut ressortir que du contexte.
7. À l’accusatif féminin singulier il y a deux formes conjointes :je, utilisée généralement (Onje vidi « Il la voit »), etju, devant le verbe auxiliaireje (Onju je video « Il l’a vue ») et après la forme niée de celui-ci :Nijeju video « Il ne l’a pas vue ».
8. Le pronomsebe est réfléchi. Il se réfère toujours au sujet de la proposition, de quelque genre, nombre et personne qu’il soit :Ona govori zasebe i ja govorim zasebe. Zašto ti ne govoriš zasebe? « Elle, elle parle pour soi et moi, je parle pour moi. Toi, pourquoi tu ne parles pas pour toi ? » Il a une forme conjointe uniquement à l’accusatif :On ide dase šeta. Ja idem dase šetam s njim. Hoćes li dase šetaš sa nama? « Il va se promener. Je vais me promener avec lui. Tu veux te promener avec nous? »
njegov « sien, à lui »,njegova « sienne, à lui »,njegovo (neutre singulier),njegovi « siens, à lui »,njegove « siennes, à lui »,njegova (neutre pluriel)
nje(zi)n « sien, à elle »,nje(zi)na « sienne, à elle »,nje(zi)no (neutre singulier),nje(zi)ni « siens, à elle »,nje(zi)ne « siennes, à elle »,nje(zi)na (neutre pluriel)
Le pronom qui se réfère à un possesseur féminin a une forme brève (njen, -a, -o, -i, -e, -a) et une longue (njezin, -a, -o, -i, -e, -a), la seconde plus rarement employée que la première.
Ces mots s’utilisent aussi bien comme pronoms possessifs, que commeadjectifs possessifs, sans changer de forme.
Le pronomsvoj,-a,-e,-i,-e,-a détermine (en tant qu’adjectif) ou représente (en tant que pronom) l’objet (les objets) possédé(s) par le sujet de la proposition, de quelque personne, nombre et genre qu’il soit. Par exemple, les propositionsDirektor je usvojoj kancelariji etDirektor je unjegovoj kancelariji peuvent les deux être traduites par « Le directeur est dans son bureau », mais la première signifie même sans contexte qu’il est dans son propre bureau, et la seconde, même sans contexte aussi, qu’il est dans le bureau d’un autre homme.
Les possessifs se déclinent en général comme les adjectifs proprement-dits, ayant comme ceux-ci une voyelle supplémentaire au génitif-accusatif et au datif-locatif masculin et neutre singulier, lorsqu’ils s’emploient en tant que pronoms. De plus,tvoj etsvoj ont deux variantes à ces cas, les plus brèves étant plus fréquentes :
Ovaj « ce(t)…-ci, celui-ci »,ova « cette…-ci, celle-ci »,ovo (neutre singulier),ovi « ces…-ci, ceux-ci »,ove « ces…-ci, celles-ci »,ova (neutre pluriel) se réfère à ce qui est près du locuteur :Daću tiovaj članak da ga pročitaš « Je vais te donner cet article, pour que tu le lises ».
Onaj « ce(t)…-là, celui-là »,ona « cette…-là, celle-là »,ono (neutre singulier),oni « ces…-là, ceux-là »,one « ces…-là, celles-là »,ona (neutre pluriel) se réfère à ce qui est éloigné et du locuteur, et du destinataire de l’énoncé, par exemple près d’un tiers :Šta jeono na krovu? « Qu’est-ce que cela sur le toit ? »
Taj,ta,to,ti,te,ta expriment l’éloignement moyen, par exemple se référant à ce qui se trouve près du destinataire :Lepo ti stojita haljina « Elle te va bien, cette robe ». Ce pronom est également utilisé pour se référer à quelque chose dont il a été question auparavant :Priča se da je izbio štrajk, ali ja otome nisam obavešten « On dit qu’une grève a éclaté, mais moi, je n’en suis pas informé ».
En tant que sujet de lacopulebiti « être », le pronom démonstratif ne s’accorde pas avec l’attribut, restant au neutre singulier :Ovo je moj sin / moja ćerka « C’est mon fils / ma fille »,To je bila nesreća « C’était un malheur »,To su bili uspesi « C’étaient des succès ».
La déclinaison des démonstratifs est la même que celle des adjectifs, y compris l’existence des formes à voyelle supplémentaire lors de leur emploi pronominal :ovog(a) « de ce(t)…-ci, de celui-ci »,onom(e) « à ce(t)…-là, à celui-là »,o onom(e) « au sujet de ce(t)…-là, au sujet de celui-là »,s tim(a) « avec ces…-ci/là, avec ceux/celles-ci/là ».
À part ces pronoms-adjectifs démonstratifs, en serbe il y en a d’autres encore, sans correspondants analogues en français :
ovakav, ovakva, ovakvo :Želimovakve rukave « Je voudrais des manches comme celles-ci » (dit, par exemple, un client à un tailleur, en montrant les manches de sa propre veste) ;
takav, takva, takvo :Želimtakve rukave « Je voudrais des manches comme celles-là » (le même, en montrant une veste tenue par le tailleur) ;
onakav, onakva, onakvo :Želimonakve rukave « Je voudrais des manches comme celles-là » (en montrant une veste éloigné des deuxinterlocuteurs) ;
ovoliki, -a, -o :Riba je bilaovolika « Le poisson était grand comme ça » (dit une personne en écartant ses mains l’une de l’autre) ;
toliki, -a, -o :Šta ćeš raditi stolikim novcem? « Qu’est-ce que tu vas faire de tout cet argent ? » (l’argent se trouvant sur le destinataire) ;
onoliki, -a, -o :Šteta nijeonolika kao pre dve godine « Les dommages ne sont pas aussi importants qu’il y a deux ans » (référence à une quantité du passé).
Les mots pour questionner sur l’identité d’une personne ou d’un inanimé ne sont quepronoms interrogatifs. Ce sontko « qui » etšta « quoi, que », déclinés comme suit :
koji,koja,koje,koji,koje,koja :Koju košulju hoćeš? « Quelle chemise veux-tu ? (parmi plusieurs) »,Koju hoćeš? « Laquelle veux-tu ? »
kakav,kakva,kakvo,kakvi,kakve,kakva :Kakvu košulju hoćeš? « Quelle chemise veux-tu ? (de quel genre) »,Kakvu hoćeš? « De quel genre en veux-tu ? »
čiji,-a,-e,-i,-e,-a :Čije su ove naočare? « À qui sont ces lunettes ? »
koliki, kolika, koliko, koliki, kolike, kolika :
– se référant aux dimensions:Kolika je tvoja soba? « Ta chambre est grande comment ? » ;
– se référant à la quantité:Gledajkoliko je ljudi došlo « Regarde voir combien de gens sont venus ».
La déclinaison de ces mots est pareille à celle des adjectifs proprement-dits, y compris la présence de la voyelle supplémentaire au cas génitif, datif et locatif masculin et neutre singulier pour ceux utilisés en tant que pronoms.Koji a aussi des formes réduites à ces cas :kog(a),kom(e).
Les mots suivants, outre leur statut de pronoms-adjectifs interrogatifs, ont aussi celui depronoms-adjectifs relatifs :
koji,-a,-e,-i,-e,-a:Imam mužakoji me voli « J’ai un mari qui m’aime » ;
kakav,kakva,kakvo,kakvi,kakve,kakva :To je pejzažkakve je slikao Rubens « C’est un paysage comme ceux que peignait Rubens » ;
čiji,-a,-e,-i,-e,-a:Bio je tamo sto,čije su noge bile zabijene u zemlju. « Il y avait là une table dont les pieds étaient enfoncés dans le sol ».
Le motšto relatif est seulement pronom. Il a les emplois suivants :
Invariable, il peut être utilisé à la place dekoji :Gledaj ove ljudešto / koji prolaze « Regarde ces gens qui passent ».
Décliné, il a deux formes d’accusatif, l’une identique à celle de nominatif,što, s’il n’est pas précédé d’une préposition, l’autrešta, dans le cas contraire. Il peut avoir pour antécédent :
toute une proposition qui le précède :
le pronom au nominatif :Bolesnik je počeo da jede,što je dobar znak « Le malade a commencé à manger, ce qui est bon signe » ;
le pronom à l’accusatif :
– sans préposition :Otpustili su vratara,što ja ne odobravam « On a licencié le concierge, ce que je n’approuve pas » ;
– avec préposition :Ona tvrdi da je požar odmetnut, zašta nema dokaza « Elle affirme que l’incendie a été provoqué, ce pour quoi il n’y a pas de preuves ».
un pronom démonstratif neutre :Reći ću vamono što znam « Je vous dirai ce que je sais »,Nematoga o čemu se ne bi moglo razgovarati « Il n’y a rien de quoi on ne puisse pas discuter » ;
Lepronom indéfinisve « tout » :Uzmitesve što želite « Prenez tout ce que vous désirez ».
La plupart des mots indéfinis proviennent de pronoms ou d’adjectifs interrogatifs, auxquels on ajoute les éléments premiersne-,sva-,ni- eti-, ce qui donne le système ci-dessous :
Les mots descolonnesI etII sont seulement pronoms, les autres sont pronoms ou adjectifs[61]. Ils se déclinent comme les interrogatifs dont ils proviennent.
Les mots formés avecni- et aveci- présentent la particularité que presque toutes les prépositions avec lesquelles ils sont utilisés s’intercalent entre le premier élément et le mot base :ni iz čega « de / à partir de rien »,ni s kim « avec personne ».
Les mots formés avecni- sont négatifs et s’emploient avec un verbe nié (double négation) :Ne vidim nikoga « Je ne vois personne »,Ova zemlja nije ničija « Cette terre n’est à personne ».
Les mots formés aveci- incluent l’idée de quantité réduite (« au moins », « tant soit peu », « quoi que ce soit », « ne serait-ce qu’un seul »). Ils sont généralement utilisés enproposition interrogative et enproposition subordonnée :Jeste li išta našli? « Avez-vous trouvé quoi que ce soit ? »,Ima li ikakvog rezultata? « Y a-t-il au moins un résultat ? »,Da je iko dolazio, ja bih to znao « Si quelqu’un (au moins) serait venu, je le saurais ». Ils ne peuvent être utilisés dans une proposition contenant un mot négatif, mais peuvent apparaître dans unephrase complexe, dans une proposition située après une proposition négative :Ne želim da iko pomisli da sam se uplašio « Je ne souhaite pas que quelqu’un pense que j’ai pris peur ».
Les mots formés avecne- peuvent recevoir le préfixepo- exprimant le fait qu’il s’agit d’un nombre réduit de personnes ou de choses, la rareté de celles-ci :Ponešto je tačno u ovom članku « Il y a par ci, par là quelque chose d’exact dans cet article »,Poneko se neće složiti sa mnom « Il y en aura qui ne seront pas d’accord avec moi ». Un suffixe,-god, a le même sens :štogod =ponešto « quelque chose »,kogod =poneko « quelqu’un ».
Il y a aussi deslocutions indéfinies formées à partir de pronoms-adjectifs interrogatifs avec certaines particules :
La particulegod, postposée, a un sens différent de celui du suffixe-god :Kogod dođe, recite mu da nisam tu « Qui que vienne, dites-lui que je ne suis pas là ».
Les particulesma etmakar sont antéposées :ma šta « n’importe quoi »,makar koji « n’importe (le)quel ».
La particulebilo peut être antéposée ou postposée :bilo ko oukobilo « n’importe qui, qui que ce soit ».
Les numérauxjedan « un »,jedna « une »,jedno (neutre),dva « deux » (masc. et neutre),dve « deux » (fém.),tri « trois » etčetiri « quatre » se déclinent, y compris en tant que le dernierchiffre d’unnombre. Les autres noms de chiffres (pet 5,šest 6,sedam 7,osam 8,devet 9) sont invariables.
Jedan se décline comme les adjectifs à forme courte. Il a aussi des formes de pluriel, utilisées avec des nomspluralia tantum (qui n’ont que la forme de pluriel) :jedne makaze (fém.) « une paire de ciseaux »,jedna vrata (neutre) « une porte ».
Les autres noms de chiffres se déclinent comme suit :
N.
dva
dve
tri
četiri
G.
dvaju
dveju
triju
četiriju
D.
dvama
dvema
trima
četirima
A.
dva
dve
tri
četiri
I.
dvama
dvema
trima
četirima
L.
dvama
dvema
trima
četirima
Les numéraux correspondant aux nombres de 11 à 19 étaient à l’origine dessyntagmes formés selon la formule nom de chiffre + la prépositionna +deset 10, ce qui a donnéjedanaest 11,dvanaest 12, etc.
Les numéraux correspondant aux dizaines plus grandes que 10 sont des mots composés, par exempledva « deux » +deset « dix » >dvadeset « vingt ». Dans certains, le premier composant a subi des modifications phonétiques, par exemplešest « six » +deset >šezdeset « soixante ».
Le correspondant de « mille » esthiljada, un nom féminin, celui de « million » –milion (nom masculin) et celui de « milliard » –milijarda (nom féminin).
La particularité destotina,hiljada etmilijarda est que, constituant seuls le nom de nombre, ils prennent la forme d’accusatif singulier à la place de toutes les formes casuelles qu’ils devraient avoir en tant que noms féminins :Postojistotinu razloga za to « Il y a cent raisons à cela »,Reč je ohiljadu dolara « Il s’agit de mille dollars »,Milijardu ljudi gladuje « Un milliard de gens souffrent de la faim ».
La quantité zéro s’exprime avec le génitif pluriel du nom ou de l’adjectif :nula / ništa listova « zéro journaux ».
Jedan « un »,jedna « une »,jedno (neutre) et les nombres qui finissent par ce chiffre s’accordent avec le nom du syntagme comme touteépithète :jedan metar « un mètre »,dvadeset jedan metar « 21 mètres ».
Dva « deux »,dve (féminin),tri « trois » etčetiri « quatre », ainsi que les nombres se terminant par ces chiffres sont suivis du nom / de l’adjectif au nominatif duel, quelle que soit la fonction syntaxique du syntagme :dva metra « deux mètres »,trideset tri metra « 33 mètres ».
Avecpet « cinq » et les chiffres suivants, ainsi qu’avec les nombres finissant par ces chiffres, le nom / l’adjectif se met au génitif pluriel :pet metara « cinq mètres »,trideset osam metara « 38 mètres »,trideset dobrih ljudi « 30 hommes bons ».
Numéral + pronom personnel. Dans cette construction, le pronom personnel est au génitif avec tous les numéraux, saufjedan :nas tri « nous trois »,ih deset « eux dix ».
Sujet + verbe
Quand le verbe est à une forme sans adjectif verbal, avecdva,dve,tri etčetiri, ainsi qu’avec les nombres qui se terminent par ces chiffres présents dans le syntagme du sujet, le verbe se met au pluriel [Dve knjigenedostaju « Il manque deux livres » (littéralement, « Deux livres manquent »)], mais avec les chiffres de 5 à 9 et les nombres se terminant par ces chiffres ou par 0, le verbes est au singulier :Dvadeset pet knjiganedostaje « Il manque25 livres ».
Aux formes verbales composées avec un adjectif verbal il y a deux situations :
Avec les chiffresdva,dve,tri etčetiri, l’adjectif verbal a la forme de nominatif duel, avec la désinence-a si le nom du syntagme du sujet est masculin ou neutre, avec la désinence-e s’il est féminin :Stigla su dvadeset četiri autobusa (adjectif verbal actif) « 24 autobus sont arrivés »,Dve radnice suotpuštene (adjectif verbal passif) « Deux ouvrières ont été licenciées ».
Avec les autres chiffres, l’adjectif verbal est au neutre singulier, quel que soit le genre du sujet :Stiglo je pet autobusa « Cinq autobus sont arrivés »,Dvadeset radnica jeotpušteno « Vingt ouvrières ont été licenciées ».
Les deux premiers numéraux de cette catégorie sontdvoje « deux » ettroje « trois ». Les autres se forment avec le suffixe-oro :četvoro « quatre »,petoro « cinq », etc. Ces numéraux s’utilisent :
avec les noms collectifs :troje dece « trois enfants » ;
pour désigner des groupes de personnes de sexes différents :nasdvoje « nous deux » (de sexes différents),osmoro učenika « huit élèves » (filles et garçons).
Avec ces numéraux, le nom / l’adjectif se met au génitif singulier.
Dans cette catégorie il y a trois genres de noms, dérivés des numéraux cardinaux, ordinaux et collectifs, respectivement.
Lesnuméraux approximatifs se forment avec le suffixe-ak ajouté aux numéraux cardinaux correspondant à 10, 12, 15, aux dizaines et aux centaines. De tels numéraux sontdesetak « une dizaine »,dvanaestak « une douzaine »,petnaestak « une quinzaine »,dvadesetak « une vingtaine »,stotinak « une centaine »,dvestotinak « deux centaines », etc. Ils se construisent avec le nom / l’adjectif au génitif pluriel.
Lesnuméraux franctionnaires sont dérivés des ordinaux avec le suffixe-ina:trećina « un tiers »,četvrtina « un quart »,petina « un cinquième ». Le correspondant de « moitié, demie » estpolovina.
Chaque chiffre a un nom du genre féminin :jedinica,dvojka,trojka, četvorka,petica, etc. Exemple enphrase :Dobio samdvojku iz matematike. « J’ai eu deux en maths »[62].
Comme les autres langues slaves, le serbe connaît la catégorie grammaticale de l’aspect exprimé de façon systématique du point de vue morphologique.
Un verbeimperfectif exprime le fait que leprocès était, est, sera ou qu’on souhaite qu’il soit en cours de se dérouler. La plupart de ces verbes peuvent aussi êtreitératifs, c’est-à-dire exprimer un procès effectué de façon répétée. Exemples :
Učenicipišu zadatak « Les élèves écrivent/sont en train d’écrire un devoir » – aprocès en cours de se dérouler dans le présent ;
Pio sam kavu igledao prema moru « Je buvais du café et je regardais la mer » – en fonction du contexte, procès en cours de se dérouler ou répété dans le passé ;
Pisaću ti svakog dana « Je t’écrirai tous les jours » – procès qui se répètera dans le futur ;
Hoću dagledam televiziju « Je veux regarder la télé » – procès qu’on souhaite qu’il soit en cours de se dérouler ou qu’il se répète.
Un verbeperfectif exprime le fait que le procès a été ou sera accompli. Il y a plusieurs catégories de tels verbes :
momentanés, par exempleudariti « frapper »,skočiti « sauter » ;
inchoatifs (exprimant le début d’un procès) :zaspati « s’endormir »,zapevati « commencer à chanter » ;
complétifs (exprimant le fait que le procès est mené jusqu’au bout) :pojesti « manger (complètement) »,napuniti « remplir »,pročitati « lire (jusqu’au bout) »,izgoreti « brûler (complètement) » (verbe intransitif) ;
intensifs :zaigrati se « jouer (en étant absorbé dans son jeu, en ne voyant pas le temps passer) »,uležati se « rester couché (pendant longtemps) » ;
satifs (exprimant le fait que le procès est mené jusqu’à la limite du possible) :najesti se « se rassasier »,naspavati se « dormir (tout son soûl) »,naigrati se « jouer (jusqu’à épuisement) ».
En français, on ne peut rendre ces aspects par des moyens morphologiques autres que des formes de passé. Ainsi, l’imperfectif est implicite à l’imparfait français et le perfectif – aupassé composé et aupassé simple.
Un verbe perfectif n’est utilisé qu’exceptionnellement avec sa forme de présent en phrase simple ou enproposition principale. Le présent d’un tel verbe s’emploie en subordonnée, où il se réfère en fait au futur :Oni traže dapročitam knjigu « Ils demandent que je lise le livre »,Akopročitam knjigu, javiću vam « Si je lis le livre, je vous le ferai savoir ».
D’autres fois, à partir d’un verbe imperfectif on obtient, par ajout d’un préfixe, un verbe perfectif de sens plus ou moins proche de celui du verbe imperfectif :
pisati « écrire » >dopisati « ajouter par écrit »,prepisati « transcrire, copier » ;
seći « couper » >odseći « éloigner en coupant ».
On forme des verbes imperfectifs à partir de perfectifs en général par :
changement de la terminaison de l’infinitif-ati,-iti ou-eti par, respectivement,-avati,-ivati et-evati :obećati >obećavati « promettre »,prepisati >prepisivati « transcrire, copier »,uspeti >uspevati « réussir » ;
ajout de la syllabe-ja- devant le suffixe de l’infinitif :ustati >ustajati « se lever » ;
introduction de la voyellei dans le radical du verbe :ubrati >ubirati « cueillir » ;
changement dans le radical de la voyelleo ena, ce qui mène également au changement de la voyelle devant le suffixe de l’infinitif :stvoriti >stvarati « créer ».
Certaines paires imperfectif–perfectif sont formées avec des radicaux différents, le(s) préfixe(s) étant le(s) même(s) aux deux aspects[63] :
dolaziti –doći « venir » ;
nalaziti –naći « trouver » ;
nadolaziti –nadoći « croître, enfler » (avec deux préfixes) ;
Le nombre de classes de conjugaison serbes est controversé. Par exemple Moldovan et Radan 1996 prend en compte sept classes[64] et Jolić 1972 – huit[65]. De plus, certaines classes comprennent des sous-classes, parfois très différentes les unes des autres, c’est pourquoi certains linguistes, tel Ivan Klajn, considèrent qu’on ne peut pas parler de classes de conjugaison au sens de celles établies pour leslangues romanes, par exemple. Il classe les verbes réguliers en 29 types de conjugaison, d’après la terminaison de leur infinitif et de leur forme de1re personne du singulier de l’indicatif présent.
Exemple de verbe régulier, auxmodes et auxtemps les plus utilisés[66] :
2. Le verbe auxiliaire du parfait estbiti à l’indicatif présent, aspect imperfectif,jesam, qui a aussi des formes brèves, atones, celles qui apparaissent ci-dessus.
4. Au conditionnel, le verbe auxiliairebiti est à l’aoriste (voir plus basFormes moins utilisées).
5. Aux formes composées avec l’auxiliairebiti (parfait et conditionnel), l’adjectif verbal actif s’accorde en genre et en nombre avec le sujet.
6. Lefutur 1 se forme généralement avec la forme brève du verbehteti « vouloir » à l’indicatif présent, ajouté à l’infinitif du verbe à sens lexical sans le suffixe-ti (Pevaćeš « Tu chanteras »), mais en présence d’un sujet exprimé par un mot à part, l’auxiliaire se détache du verbe qui, dans ce cas, prend la forme complète de l’infinitif, et l’auxiliaire se place devant celle-ci :Tićeš pevati « Toi, tu chanteras ».
7. Aux formes composées, le verbe à sens lexical peut être omis pour éviter sa répétition, surtout dans les dialogues. Exemples :
– au parfait :Ja nisam ništa pio te noći, ali moji drugovijesu « Je n’ai rien bu cette nuit-là, mais mes amis ont bu ».
– au futur :– Hoćeš li raditi sutra? –Neću. « – Vas-tu travailler demain ? – Non. »
– au conditionnel :– Biste li hteli malo torte? – Hvala, nebih. « – Voudriez-vous un peu de gâteau ? – Non, merci. »
Précédée de la conjonctionda, la forme de parfait peut être utilisée à la place de celle d’impératif pour exprimer un ordre ou une interdiction plus énergiques que celle-ci :Smesta dasi došao! « Viens tout de suite ! »,Dase nisi makao! « Ne bouge surtout pas ! »
Lesubjonctif présent français a pour correspondant serbe l’indicatif présent avec la conjonctionda :Hoćuda pevaš « Je veux que tu chantes ».
Un emploi particulier de la forme de conditionnel, sans sa valeur de base, sert à exprimer un procès répété dans le passé :Štobi zaradio, tobi odmah ipotrošio… « Quoi qu’il ait gagné, il le dépensait aussitôt ».
L’adjectif verbal actif s’emploie principalement en tant qu’élément composant de certaines formes composées : le parfait, le conditionnel, etc. Plus rarement, il est utilisé sans auxiliaire, par exemple dans des vœux (Dobro nam došli! « Soyez les bienvenus ! ») ou dans des imprécations :Đavo te odneo! « Que le diable t’emporte ! »
C’est l’adjectif verbal passif qui peut être employé en tant qu’adjectif proprement-dit. Dans le domaine du verbe, il sert à exprimer lavoix passive. La particularité de celle-ci en serbe est que le verbebiti « être » y est utilisé seulement au présent. Il a la valeur de présent quand on exprime un état ou une qualité (Vrata su otvorena « La porte est ouverte ») et de passé lorsqu’on exprime une action :Škola je otvorena 1932. godine « L’école a été ouverte en 1932 ».
Seuls les verbes imperfectifs peuvent avoir la forme de participe présent, celle de participe passé étant normalement réservée au verbes perfectifs. Le présent exprime une action du sujet simultanée avec celle du verbe principal (Sedeći na terasi, mogla je sve da vidi « Assise sur la terrasse, elle pouvait tout voir ») et le passé – u, procès antérieur :Zauzeli su prvo mesto na tabelipobedivši sve protivnike « Ils ont occupé la première place du classement en ayant vaincu tous leurs adversaires ».
Formes moins utilisées :
L’aoriste (tresoh « je secouai ») est utilisé dans lanarration littéraire pour exprimer des procès accomplis dans le passé, ayant à peu près les mêmes valeurs que lepassé simple en français. Dans la langue parlée, on utilise avec les mêmes valeurs le parfait des verbes perfectifs.
L’imparfait (tresiah « je secouais ») est employé seulement dans la langue littéraire et dans certains énoncés figés, telGde tobeše? « Où était-ce ? ». À la place de l’imparfait, on utilise le parfait des verbes imperfectifs.
Leplus-que-parfait se forme de deux façons : du parfait debiti « être » + l’adjectif verbal actif, ou de l’imparfait du verbebiti + l’adjectif verbal actif :Većje bio ostario /bejaše ostario a oči ga nisu služile kao ranije « Il avait déjà vieilli et ses yeux ne le servaient plus comme avant ». Il exprime l’antériorité d’un procès par rapport à un autre procès du passé, mais il est vieilli, étant remplacé dans la langue actuelle par le parfait. La seconde forme est encore plus désuète que la première.
Lefutur 2 se forme avec le présent perfectif du verbebiti « être » + l’adjectif verbal actif :budem tresao. Il s’emploie seulement dans des propositions subordonnées. Celui des verbes imperfectifs exprime un procès simultané avec un autre procès futur, exprimé par lefutur 1 :Spremiću stan dok tibudeš spavao « Je ferai le ménage dans l’appartement pendant que tu dormiras ». Celui des verbes perfectifs exprime un procès futur antérieur à un autre procès futur (Uzmi ono štobudeš našao « Prends ce que tu auras trouvé »), sauf dans son emploi pour le verbe d’une proposition introduite par la locution conjonctivepre nego što, quand il exprime un procès futur postérieur à un autre procès futur :Pre nego štobudem pošla, javiću vam se « Avant de partir, je vous préviendrai ». Dans la plupart des cas, lefutur 2 peut être remplacé par le présent du verbe de même aspect.
Leconditionnel a aussi un tempspassé, rarement utilisé dans la langue actuelle, formé du conditionnel du verbebiti et de l’adjectif verbal actif du verbe à sens lexical. Sa valeur est rendue par le conditionnel présenté plus haut. Le passé se distingue du présent par le contexte. Par exemple, au lieu deBio bih došao da ste me zvali, on ditDošao bih da ste me zvali « Je serais venu si vous m’aviez appelé ».
En général, le verbe est nié avec la particulene placée devant lui :ne tresem « je ne secoue pas »,ne bih tresao « je ne secouerais pas ».
Aux formes de participe et d’adjectif verbal, la négation forme un seul mot avec le verbe :netresući « ne secouant pas »,netresen « non secoué ».
À l’indicatif présent des verbesimati « avoir »,hteti « vouloir » etbiti « être », la négation remplace la première syllabe du verbe, avecbiti la négation ayant la varianteni-. Exemples :imam –nemam « je n’ai pas »,hoću –neću « je ne veux pas »,jesam –nisam « je ne suis pas ».
Au futur, forme négative, l’auxiliaire est détaché du verbe :pevaću –neću pevati « je ne chanterai pas ».
L’impératif négatif peut se former de trois façons :
Le plus souvent, on utilise, avec les verbes imperfectifs et perfectifs, deux constructions avec leverbe défectifnemoj[70] :
suivi de l’infinitif du verbe nié :Nemoj / Nemojmo / Nemojte tresti! « Ne secoue / secouons / secouez pas ! » ;
suivi de la conjonctionda + l’indicatif présent du verbe nié :Nemoj da treseš! / Nemojmo da tresemo! / Nemojte da tresete!
La constructionne + la forme positive de l’impératif s’emploie d’habitude avec les verbes imperfectifs :Ne tresi! / Ne tresimo! / Ne tresite!
Comme en français, il y a en serbe desadverbes primaire, telssad(a) « maintenant » ettamo « là-bas », mais la plupart proviennent d’autresclasses grammaticales, principalement d’adjectifs :
Le plus souvent on utilise en tant qu’adverbe la forme de nominatif singulier neutre de certains adjectifs à forme courte :brz avion « avion rapide » >Avionbrzo leti « L’avion vole rapidement ». La forme de l’adjectif verbal passif de certains verbes devient adverbe de la même façon :preteran, -a, -o « exagéré, -e » –preterano glasan « exagérément sonore ».
La forme de nominatif singulier masculin de certains adjectifs à forme longue terminés en-skī peut aussi devenir adverbe, par raccourcissement de sonī :lavovskī « de lion » –Borio selavovski « Il a combattu comme un lion ».
Certains adverbes peuvent être groupés en systèmes. C’est le cas de ceux de lieu, qui expriment trois degrés d’éloignement, comme les pronoms démonstratifs :
Question
Lieu près du locuteur
Lieu près du destinataire
Lieu éloigné et du locuteur, et du destinataire
gde? « où ? »
ovde « ici »
tu « là »
(onde), tamo « là-bas »
(kamo?),kud(a)? « (vers) où ? »
ovamo « (vers) ici »
tamo « (vers) là »
onamo « (vers) là-bas »
kud(a)? « par où ? »
ovuda « par ici »
tuda « par là »
onuda « par là-bas »
Dans la langue plus ancienne, ce système était plus cohérent ; on utilisait les mots ici entre parenthèses là où il y en a deux dans le tableau. Dans la langue actuellekud(a)? est employé avec deux sens [« par où ? » et « (vers) où ? »], de même quetamo [« (vers) là » et « là-bas »].
Il y a aussi un système triple d’adverbes de manière et de quantité :
kako? « comment ? »
ovako « comme ceci/cela/ça » (près du locuteur)
tako « comme ceci/cela/ça » (près du destinataire)
onako « comme cela/ça » (loin du locuteur et du destinataire)
koliko? « combien ? »
ovoliko « tant » (que près du locuteur)
toliko « tant » (que près du destinataire)
onoliko « tant » (que loin du locuteur et du destinataire)
Certains adverbes de lieu, de temps et de manière indéfinis sont formés avec les mêmes éléments premiers que les pronoms indéfinis correspondants :
gde? « où ? »
kud(a)? « (vers) où ? »
kad(a)? « quand ? »
kako? « comment ? »
negde « quelque part »
nekud(a) « (vers) quelque part »
nekad(a) « à un moment (quelconque) »
nekako « d’une façon ou d’une autre »
(svagde),svud(a) « partout »
(svukuda),svud(a) « dans toutes les directions »
(svagda),uvek « n’importe quand »
svakako « de toute façon »
nigde « nulle part »
nikud(a) « (vers) nulle part »
nikad(a) « jamais »
nikako « d’aucune façon »
igde « quelque part »
ikuda(a) « (vers) quelque part »
ikad(a) « à un moment (quelconque), jamais » (sens positif)
ikako « d’une façon ou d’une autre »
Parmi ces adverbes aussi certains (ceux entre parenthèses) sont vieillis, étant remplacés par d’autres. Ainsi,svud(a) « dans toutes les directions » a aussi le sens « partout » et « n’importe quand » s’exprime paruvek dont le sens principal est « toujours ».
Les adverbes formés aveci- sont utilisés dans des propositions interrogatives et des subordonnées conditionnelles :Jesi li gaigde video? « L’as-tu vu quelque part ? »,Da samikako mogao, došao bih « Si j’avais pu venir par quelque moyen que ce soit, je serais venu ».
On forme des adverbes composés en général avec une préposition et un adverbe ou un mot d’une autre classe grammaticale :
za « pour » + l’adverbemalo « peu » >zamalo « presque » ;
s « à partir de » (une surface) + le nommesto « lieu » >smesta « tout de suite, aussitôt, sur-le-champ » ;
na « sur » + l’adjectifveliko « grand » >naveliko « en grand ».
Dans certains adverbes ainsi formés avec des adverbes de lieu, ceux-ci changent de forme :do « jusqu’à » +gde « où » >dokle « jusqu’où »,od « de » +ovde « ici » >odavde « d’ici », etc.
Les adverbes de manière, de quantité et certains adverbes de temps ont des degrés de comparaison. Leur comparatif de supériorité a la forme de comparatif des adjectifs correspondants au nominatif singulier neutre et leur superlatif relatif de supériorité se forme avec le même préfixe. Exemple :brzo « vite » >brže « plus vite » >najbrže « le plus vite ». Quelques adverbes ont pour comparatif un autre mot :dobro « bien » –bolje « mieux »,mnogo « beaucoup » –više « plus, davantage »,malo « peu » –manje « moins »,loše « mal » –gore « plus mal, pis ».
On peut distinguer des mots utilisés exclusivement en tant que prépositions (bez « sans »,k(a) « vers »,na « sur ») et des mots dont cette fonction n’est que secondaire. Ce sont :
des adverbes, par exempleposle :Posle smo otišli na večeru « Ensuite nous sommes allés dîner » –Naći ćemo seposle časa « On va se retrouver dans un moment » ;
des noms au nominatif singulier :mesto « lieu, place » –Uradiću tomesto tebe « Je ferai ça à ta place » ;
des noms à l’instrumental singulier :pomoć « aide » –Krug se crtapomoću šestara « Le cercle se dessine à l’aide d’un compas ».
Il y a aussi des prépositions composées de :
deux prépositions :iz « de » +među « entre » >između « entre, d’entre » ;
une préposition et un nom :na « à » +kraj « bout » >nakraj « au bout de ».
La préposition est utilisée devant unsyntagme nominal pour former uncomplément. Ses éléments nominaux doivent être à un certain cas (sauf le nominatif et le vocatif), celui qui est exigé par la préposition. La plupart des prépositions sont utilisées avec un seul cas :
avec legénitif :bez « sans » ;blizu « à proximité de » ;do « jusqu’à » ;duž « le long de » ;ispod « au-dessous de » ;ispred « devant » ;iz « de » ;iza « au-delà de, derrière » ;između « entre » ;iznad « au-dessus de » ;kod « près de, auprès de » ;pored « à côté de » ;posle « après » ;pre « avant » ;preko « par-dessus, par » ;protiv « contre » ;radi « dans le but de » ;umesto « à la place de » ;usred « au milieu de » ;zbog « à cause de » ;
avec ledatif :k(a) « vers » ;
avec l’accusatif :kroz « à travers, par-dessus » ;niz(a) « vers le bas de » ;uz(a) « près de, à côté de, avec, aux côtés de », etc. ;za « pour » ;
avec lelocatif :po « par, d’après » ;pri « à, à l'occasion de, au moment de, près le/la/les ».
D’autres prépositions régissent deux cas, voire trois, en fonction de leur sens ou de la nature du verberégent.
Préposition
Cas
Conditions d’emploi
Exemple
među
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
ići među ljude « aller parmi les gens »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
biti među ljudima « être parmi les gens »
na
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
postaviti na sto « mettre sur la table »
locatif
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
biti na stolu « être sur la table »
nad(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
uzdigati se nad more « s’élever au-dessus de la mer »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
nalaziti se nad morem « se trouver au-dessus de la mer »
o
accusatif
obesiti o nešto « accrocher à quelque chose »
locatif
govoriti o nečemu « parler de quelque chose »
pod(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
padati pod stolicu « tomber sous la chaise »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
ležati pod stolicom « être couché sous la chaise »
pred(a)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
pozoviti pred kralja « faire venir devant le roi »
instrumental
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
govoriti pred kraljem « parler devant le roi »
s(a)
génitif
skočiti sa stola « sauter de la table »
instrumental
avec des noms d’animés
s mužem « avec son mari »
u
génitif
u Branka Ćopića « chez Branko Ćopić » (dans son œuvre)
accusatif
avec des verbes exprimant le déplacement vers un lieu
ići u selo « aller dans le village »
locatif
avec des verbes n’exprimant pas le déplacement vers un lieu
živeti u selu « habiter/vivre dans le village »
za
accusatif
za profesora « pour le professeur »
instrumental
za profesorom « derrière le / à la suite du professeur »
génitif
za života « tout le temps de la vie »
Remarque : Dans le cas de certaines prépositions, il y a alternancea ~ ∅. La voyellea est ajoutée à la préposition pour rendre la prononciation plus facile lorsque le mot suivant commence par la même consonne que la dernière consonne de la préposition, par une consonne du même type, ou par un groupe de consonnes :s majkom « avec la mère », maissa sestrom « avec la sœur » ;pred tobom « devant toi », maispreda mnom « devant moi ».
Il y a aussi des locutions conjonctives :kao da « comme si »,zato što « parce que »,zbog toga što « parce que », etc.
Particularités d’emploi :
Il y a deux conjonctions qui correspondent à « et ».I relie des mots ayant la même fonction syntaxique et aussi des propositions coordonnées, alors quea ne relie que des propositions. Dans cet emploi,a peut remplaceri (Mališan recitujea njegova sestra peva « Le petit récite des vers et sa sœur chante »), mais le fait obligatoirement si la proposition qui la suit contienti au sens de « aussi » ou la conjonctionni « non plus » :Juče je padala kišaa i danas će « Hier il a plu et aujourd’hui aussi il va pleuvoir »,Juče nije padala kišaa ni danas neće « Hier il n’a pas plu et aujourd’hui non plus il ne va pas pleuvoir ».
La locution conjonctivea da a le sens « sans que » :Prešao je granicua da mu nisu tražili pasoš « Il a franchi la frontière sans qu’on lui demande son passeport ».
La conjonctionpa a un sens proche de « et », étant utilisée pour :
exprimer la succession :Operi prednjepa zadnje staklo « Lave le pare-brise, puis la lunette » ;
exprimer la conséquence :Radili supa se umorili « Ils ont travaillé et ont fatigué » ;
énumérer :Najbliži Suncu je Merkur,pa Venera,pa Zemlja… « Les plus proches du Soleil sont Mercure, puis Vénus, puis la Terre… »
Les conjonctionsšto et, plus rarement,da peuvent être corrélées avec le pronom démonstratifto qui fait partie de la proposition principale et se trouve juste devant elles :To što voli da crta ne znači da će biti slikar « Qu’il aime dessiner ne veut pas dire qu’il sera peintre » (littéralement, « Cela qu’il aime… »),Nije bilo reči otome da se kandidati sami sebe predlažu « Il n’a pas été question que les candidats se proposent eux-mêmes » (litt. «… de ce que… »).
Les conjonctionskao etnego introduisent des compléments. Ce sont les locutions formées par ces conjonctions avecšto et avecda qui introduisent des propositions :
Zaposlio sekao prodavac « Il s’est fait embaucher comme vendeur » vsDošao samkao što sam obećao « Je suis venu comme je l’ai promis » ;
Imaš više srećenego pameti « Tu as plus de chance que d’intelligence » vsPlatio si višenego što je trebalo « Tu as payé plus qu’il fallait »,Bolje je da se vratimonego da uzalud čekamo « Nous ferions mieux de retourner plutôt que d’attendre en vain ».
Les particules sont considérées dans les grammaires du serbe comme constituant une classe grammaticale à part[71]. La particule y est définie comme un mot invariable indiquant l’attitude du locuteur à l’égard du contenu de l’énoncé. Beaucoup de ces mots ont pour équivalents français des adverbes ou des locutions adverbiales appelésmodalisateurs.
Le sens de la particule dépend en général des circonstances concrètes de la communication. Par exemple le motsamo, dont le sens principal est « seulement », peut servir à :
attirer l’attention :Samo da znaš šta sam juče video! « Si tu savais ce j’ai vu hier ! »
menacer :Samo da mi dođi kasno! « Rentre tard et tu vas m’entendre ! »
exprimer un souhait :Samo da mi se on vrati! « Pourvu qu’il revienne à moi ! »
Les particules les plus fréquentes :
particules de précision :baš « juste(ment) »,i « aussi »,upravo « juste(ment) »,taman « juste(ment) ». Exemple en phrase :Baš meni se to moralo desiti! « Ça ne pouvait arriver qu’à moi ! »
particules modales :besumnje « sans aucun doute » ;dakako « bien sûr » ;jedva « à peine » ;možda « peut-être » ;naprotiv « au contraire » ;nipošto « en aucune façon » ;sigurno « bien sûr, sûrement » ;uistinu « vraiment » ;umalo « presque » ;valjda « peut-être » ;verovatno « probablement » ;zaista « vraiment ». En phrase :– Hoćeš li sutra doći? –Dakako da ću doći. « – Tu viendras demain ? – Bien sûr que je viendrai. » ;Ceo dan učiš,sigurno si umoran. « Tu étudies toute la journée, tu es sûrement fatigué. » ;Umalo da zaboravim pasoš « J’ai failli oublier mon passeport »
particules présentatives :evo,eto,eno « voici, voilà ». Elles expriment trois degrés d’éloignement, commeles pronoms-adjectifs démonstratifs :– Gde su mi naočari? –Eto ih kraj tebe. « – Où sont mes lunettes ? – Les voilà près de toi. » ;Eno starica pred vratima « Voilà la vieille dame près du portail »
Les particulesli etda li, correspondant en français à « est-ce que », expriment l’interrogation totale, la première étant placée juste après le verbe, la seconde en tête de proposition :Moguli da uđem? ouDa li mogu da uđem? « Est-ce que je peux entrer ? »
La particuleli est aussi utilisée après le mot interrogatif dans l’interrogation partielle, pour l’affermir :Gdeli sam ostavio ključeve? « Où est-ce que j’ai laissé mes clés ? »
La particulezar exprime :
– l’étonnement :Zar je već podne? « Quoi, c’est déjà l’après-midi ? »
– l’attente d’une réponse négative quand la question est à la forme positive :Zar želiš da nastradaš? « Tu veux mourir ou quoi ? »
– l’attente d’une réponse positive quand la question est négative :Zar nisam lep? « Ne suis-je pas beau ? »
particules exclamatives :a,ala,ama,da,ma,ta. En phrase :Ala smo se lepo proveli! « Qu’est-ce qu’on s’est bien amusé ! »,Ama čoveče, slušaj me! « Eh, mon bonhomme, écoute-moi ! »[73],Da si mi zdrav! « Porte-toi bien ! »,Ma nemoj! « Arrête ! » (de dire des choses pareilles)[73],Ta vi se šalite! « Vous rigolez ou quoi ! »[73]
particules affirmatives :da « oui »,dabome « bien sûr »,dakako « bien sûr ». En phrase :Da, doćiću « Oui, je viendrai »
particules négatives :ne « non, ne, pas » ;ni « ni, non plus ». En phrase :Dolazi on, aline tako često « Il vient mais pas très souvent »,Ni ja tu ništa ne mogu učiniti « Moi non plus je ne peux rien y faire »
particules restrictives :bar « au moins »,jedino « seulement »,samo « seulement » : En phrase :Samo ti možeš da mi pomogneš « Tu es le seul à pouvoir m’aider »
particules impératives :neka,već. En phrases :Neka dođe on! « Qu’il vienne, lui ! »,Prestaniveć s tim plakanjem! « Arrête une bonne fois de pleurer! »
Certaines particules peuvent constituer des phrases à elles seules dans un dialogue. Dans cette catégorie de particules on inclut aussi certains syntagmes :Kako da ne!,Nego šta!,Nego kako! (les trois avec le sens de « Mais comment donc ! »)
Cette section présente les principaux traitssyntaxiques du serbe en comparaison avec ceux du français, concernant les types de phrases simples, lesfonctions syntaxiques et l’ordre des mots dans celles-ci, ainsi que quelques propositions subordonnées[74].
Laphrase interrogative est obtenue d’une phrase déclarative à l’aide de deux constructions qui réalisent une question totale :
Les places du sujet et du verbe s’inversent et, dans ce cas, après le verbe aux formes simples ou après l’auxiliaire aux formes composées, on place obligatoirement la particuleli. Le verbe auxiliaire s’emploie à sa forme accentuée :Spavajuli deca? « Est-ce que les enfants dorment ? »,Jesamli dobro uradio? « Est-ce que j’ai bien fait ? »,Hoćeli brzo ozdraviti? « Est-ce qu’il/elle va bientôt guérir ? »
En tête de la phrase déclarative, on place la particuleda li :Da li deca spavaju?,Da li sam dobro uradio?,Da li će brzo ozdraviti? Si le verbe a un complément exprimé par un pronom personnel conjoint, celui-ci suit immédiatement la particule :Da li ga poznaješ? « Est-ce que tu le connais ? ».
Laphrase négative résulte de lanégation du verbe avec la particule négativene antéposée. Celle-ci est soudée aux verbesimati « avoir »,biti « être » ethteti « vouloir » (voir plus haut la sectionForme negative du verbe). Aux formes verbales composées, l’auxiliaire non accentué suit immédiatementne. Exemples :Liftne radi « L’ascenseur ne fonctionne pas »,Ne biste dugo čekali « Vous n’attendriez pas longtemps ».
Laphrase interro-négative se construit de préférence avec la particuleli :Ne bisteli hteli malo torte? « Ne voudriez-vous pas un peu de gâteau ? »,Nismoli se već negde videli? « Ne nous sommes-nous pas déjà vus quelque part ? » Dans ce type de phrase, on utilise aussi la particulezar exprimant le fait qu’une réponse négative semblerait invraisemblable au locuteur. Exemple :Zar deca ne spavaju? « Les enfants ne dorment-ils vraiment pas ? »,Zar juče nije padao sneg? « N’a-t-il vraiment pas neigé hier ? »
Laphrase exclamative peut être réalisée non seulement par uneintonation spécifique, mais aussi à l’aide de particules spécifiques (voir des exemples dans la sectionLa particule).
Lesujet grammatical exprimé par un nom ou un pronom est au nominatif, mais il y a aussi un sujet appelé « logique », qui est à un autre cas :
au génitif, le verbe étantbiti « être » ouimati à sens existentiel :Bićevelikih iznenađenja « Il y aura de grandes surprises »,Imahrane za sve « Il y a de la nourriture pour tous » ;
au datif, le verbe, employéimpersonnellement, exprimant une sensation subjective :Vojnicima je hladno « Les soldats ont froid » (litt. « Aux soldats est froid »),Detetu se spava « L’enfant a sommeil » (litt. « À l’enfant se dort ») ;
à l’accusatif, exprimé par un pronom, le verbe étantbiti ou un autre qui exprime un sentiment subjectif, d’habitude négatif :Svenas je strah « Nous avons tous peur » [litt. « Tous nous (accusatif) est peur’],Sram nekaih bude! « Honte à eux ! » [litt. « Honte que eux (accusatif) soit !’]
Leverbe s’accorde généralement avec le sujet en personne, en nombre et en genre. L’accord en genre concerne toujours non seulement l’adjectif verbal passif, utilisé à la voix passive, mais aussi l’adjectif verbal actif :Ptice suletele « Les oiseaux volaient ». Par contre, il n’y a pas d’accord dans la construction présentative avec le pronom démonstratif en tant que sujet, qui reste invariable, au nominatif singulier neutre, et l’attribut :Ovo je moja ćerka « C’est ma fille ».
L’attribut avec la copulebiti est en règle générale au nominatif (Moj brat jeinženjer « Mon frère est ingénieur ») et parfois au génitif avec ou sans préposition :Narukvica jeod srebra « Le bracelet et en argent »,Deda je uvek biodobre volje « Grand-père a toujours été bienveillant ». Exprimé par un adjectif, celui-ci doit être indéfini, c’est-à-dire de forme courte, s’il a cette forme :Vaš predlog jezanimljiv « Votre proposition est intéressante ».
Avec des verbes appelés copulatifs autres quebiti, on emploie un terme de la phrase appelépredikativ oupredikativna dopuna (litt. « supplément de prédicat, ajout au prédicat »), qui est le plus souvent au nominatif (Zovem seMarija « Je m’appelle Marija »), mais peut aussi être à un autre cas :
accusatif avec ou sans préposition :Smatraju meza grešnicu « On me considère comme une pécheresse »,Poslednja odluka predstavljaizmenu propisa « La dernière décision représente le changement du règlement » ;
instrumental :Odgovor mi se činiispravnom « La réponse me semble correcte ».
Lecomplément d’objet direct est en général à l’accusatif sans préposition, mais au génitif dans les cas suivants :
quand on sous-entend une quantité indéterminée de ce que le complément dénomme (génitif appelé partitif), correspondant en français auCOD avecarticle partitif :Kupićuhleba ivina « Je vais acheter du pain et du vin »,Imate livremena? « Avez-vous du temps ? » ;
avec le verbe au négatif :Ne vidimnačina da se to uradi « Je ne vois pas de moyen pour faire cela ».
Lecomplément d’objet indirect peut être à tout cas autre que le nominatif et le vocatif :
génitif :
sans préposition :Višega se ne plašim « Je n’ai plus peur de lui » ;
avec préposition :Sve zavisiod rezultata « Tout dépend du résultat ;
datif:Verujtestručnjaku « Croyez le spécialiste » ;
accusatif avec préposition :Nisam misliona vas « Je n’ai pas pensé à vous » ;
instrumental :
sans préposition :Vladao jeogromnim carstvom « Il régnait sur un grand empire » ;
avec préposition :Nemojte žalitiza prošlošću « Ne regrettez pas le passé » ;
locatif :O čemu govoriš? « De quoi parles-tu ?”
Concernant lecomplément circonstanciel de lieu exprimé par un nom ou un pronom, il est à mentionner l’emploi des cas accusatif et locatif. Le premier est utilisé avec des verbes qui expriment le déplacement vers un lieu, le second – avec des verbes qui n’expriment pas le déplacement vers un lieu (voir plus hautLa préposition).
Lecomplément d'agent est rarement utilisé en serbe, plutôt quand l’agent est inanimé. Son cas est l’instrumental :Grad je pogođenzemljotresom « La ville a été frappée par un tremblement de terre ».
Les adjectifs qui peuvent avoir un complément ont leur propre régime, c’est-à-dire qu’ils exigent un certain cas. Par exempleželjan « désireux » demande le génitif sans préposition (željanpromena « désireux de changements »)umoran « fatigué » – le génitif avec la prépositionod (umoranod napora « fatigué à cause de l’effort »),siguran « sûr » – l’accusatif avec la prépositionu (siguranu sebe « sûr de soi »), les adjectifs au comparatif – le génitif avec la prépositionod:skupljiod zlata « plus cher que l’or », etc.
Lecomplément du nom des noms d’action présente les caractéristiques suivantes :
Si le nom provient d’un verbe intransitif, son complément est au même cas que le complément du verbe en cause :izviniti se čitaocima « demander des excuses aux lecteurs » –izvinjenje čitaocima « excuses auprès des lecteurs »,pasti s krova « tomber du toit » –pad s krova « chute depuis le toit ».
Si le nom provient d’un verbe transitif, son complément est généralement au génitif sans préposition (uvozitihranu « importer des aliments » –uvoz hrane « importation d’aliments ») et parfois à un cas avec préposition :želeti promene « désirer des changements » –željaza promenama « désir de changements ».
Le terme de la phrase appeléprivremeni atribut (litt. « épithète provisoire ») »,predikatski atribut (litt. « épithète prédicative ») ouaktuelni kvalifikativ (litt. « qualificatif actuel ») est un adjectif exprimant une qualification qui n’est pas permanente mais dont la valabilité est limitée au temps que dure le procès du verbe. Cet adjectif est indéfini. Il est de forme courte s’il a une telle forme (Otac seiscrplen srušio na ležaj « Papa s’est effondré épuisé sur sa couche ») et de forme longue s’il n’a que cette forme :Naši suprvi stigli na cilj, a vašiposlednji « Les nôtres sont arrivés au but les premiers, et les vôtres – les derniers »).
Le terme appeléapozitiv est considéré par Ivan Klajn comme étant de transition entre le précédent et le terme appeléapozicija. L’apozitiv est séparé du reste de la phrase par des pauses et par l’intonation (à l’écrit par desvirgules). Exemples :Vlažna od kiše, zemlja se ugibala pod nogama « Mouillée par la pluie, la terre s’enfonçait sous les pieds »,Moj kolega,iznenađen, nije stigao da reaguje « Mon collègue, surpris, n’est pas arrivé à réagir ».
Parapozicija, Klajn entend un terme exprimé par un nom non séparé par des pauses ni par l’intonation, qui s’accorde généralement en genre, en nombre et en cas avec le nom qu’il suit (doktor Simić « le docteur Simić » –s doktorom Simićem « avec le docteur Simić ») mais reste invariable s’il constitue :
le nom de famille d’une personne de sexe féminin, à la différence d’autres langues slaves, tel lerusse :doktorka Simić « le docteur / la doctoresse Simić » –s doktorkom Simić « avec le docteur / la doctoresse Simić » ;
un nom d’établissement (écrit entre guillemets) :u hotelu „Union” « à l’hôtel Union » ;
un nom propre géographique relativement peu connu :na reci Orinoko « sur le fleuve Orinoco » (non accordé) vsna reci Dunavu « sur le fleuve Danube » (accordé).
L’ordre des mots dans la phrase dépend du rôlesémantique, c’est-à-dire dethème ou derhème qu’on attribue à l’une ou l’autre de ses parties et/ou de l’intention du locuteur d’en mettre en relief l’une ou l’autre.
Bien qu’en serbe l’ordre des mots soit assez libre, il est néanmoins unelangue SVO, c’est-à-dire l’ordre y est sujet + verbe + objet, dans les conditions suivantes :
Le sujet et le complément sont connus des interlocuteurs, la question des rôles de thème et de rhème ne se posant pas.
La phrase est déclarative affirmative.
Le sujet est exprimé par un mot à part.
Le verbe est constitué d’un seul mot.
Dans la phrase il y a un seul complément d’objet.
La phrase est neutre, c’est-à-dire qu’aucune de ses parties n’est mise en relief.
Du point de vue prosodique, les trois termes sont accentués.
Exemple :Dečaci vole košarku « Les garçons aiment le basket ».
L’ordre est le même si, lesconditions 2 à 7 restant remplies, la phrase ci-dessus, par exemple, répond à la questionŠta rade dečaci? « Que font les garçons ? », c’est-à-dire que dans la réponse le sujet est thème et le verbe et le complément constituent le rhème. En règle générale, le thème précède le rhème.
Dans d’autres situations, l’ordre peut être différent.
Place du verbe mis en relief
Pour le mettre en relief dans la phrase ci-dessus, on peut placer le verbe à sa fin :Košarku dečacivole « Le basket, ils l’aiment, les garçons (litt. « Basket garçons aiment »), c’est-à-dire qu’ils aiment le basket par exemple par rapport à un sport qu’ils font sans l’aimer). Dans le même but, mais dans un autre sens, le verbe peut être le premier terme :Vole dečaci košarku « Ils l’aiment le basket, les garçons » (litt. « Aiment garçons basket ») (pour répliquer à quelqu’un qui affirme le contraire).
Place du sujet
Pour mettre en relief le sujet en l’opposant à un autre sujet éventuel, on le place à la fin de la phrase :Košarku voledečaci « Le basket, ce sont les garçons qui l’aiment » (litt. « Basket aiment garçons ») (par rapport aux filles, par exemple, qui ne l’aiment pas).
Le sujet est après le verbe s’il est rhème, même sans être mis en relief :Zvala te jeneka žena « Il y a une femme qui t’a appelé (litt. « Appelé t’a quelque femme ») (réponse à une possible question « Qui m’a appelé ? »). Il est après le verbe également enproposition incise suivant une citation :– Jeste li žedni? – upitadomaćica « – Est-ce que vous avez soif ? – demande la maîtresse de maison ».
Ne vidimga « Je ne le vois pas » (litt. « Ne vois le ») ;
Ne vidimnjega « Je ne le vois pas, lui » (litt. « Ne vois lui ») ;
Jaga ne vidim « Moi, je ne le vois pas » (litt. « Moi le ne vois ») ;
Janjega ne vidim « Moi, lui, je ne le vois pas » (litt. « Moi lui ne vois »).
Ce type de complément peut être placé en tête de phrase, dans sa forme disjointe, étant ainsi mis en relief :Meni su ništa rekli « À moi, ils ne m’ont rien dit ».
Le complément exprimé par un adverbe est généralement devant le verbe ou de l’adjectif auquel il est subordonné :Onmnogo zarađuje « Il gagne beaucoup » (litt. « Lui beaucoup gagne »,Emisija jevrlo zanimljiva « L’émission est très intéressante ». En phrase négative, on le place plus fréquemment après le verbe (On ne zarađujemnogo « Il ne gagne pas beaucoup »), mais peut aussi être devant le verbe :Onmnogo ne zarađuje. En phrase interrogative avec la particuleli, il est obligatoirement après le verbe (Zarađuje li onmnogo? « Est-ce qu’il gagne beaucoup ? »), mais dans celle avecda li, il reste devant le verbe :Da li onmnogo zarađuje?
Le complément circonstanciel exprimé par un nom ou un groupe nominal se place après le verbe s’il n’est pas mis en relief (Viđamo sesvakog dana « Nous nous voyons tous les jours ») et devant le verbe dans le cas contraire :Svakog dana se viđamo (litt. « Chaque jour se voyons »).
Place des adjectifs pronominaux
Les adjectifs pronominaux se placent en règle générale devant le nom du groupe nominal. Seul l’adjectif possessif est après le nom, lorsque celui-ci est au vocatif :Slušaj, prijateljumoj! « Écoute, mon ami ! » Si le nom est déterminé par plusieurs adjectifs pronominaux, c’est le possessif qui est le plus près du nom. Devant le possessif il y a le démonstratif, l’interrogatif ou l’indéfini, et devant ceux-ci – l’adjectifsav « tout » ouceo « tout, entier ». Exemples :ovo tvoje delo « cette affaire à toi » (litt. « cette ton affaire »),O kakvoj mojoj grešci govoriš? « De laquelle de mes fautes parles-tu ? » (litt. « De quelle ma faute parles ? »),ceo taj njihov program « tout ce programme à eux » (litt. « tout ce leur programme »).
Place de l’épithète
L’épithète est en général placée devant le nom déterminé (žuti cvet « fleur jaune »), mais peut aussi être après celui-ci quand elle a un complément :od starostižuta knjiga ouknjigažuta od starosti « un livre jaune de par sa vieillesse »[75]. Elle est obligatoirement placée après les noms de personnalités historiques :KatarinaVelika « Catherine la Grande ». Un nom peut avoir plusieurs épithètes, toutes placées devant lui. Dans ce syntagme, l’adjectif de forme courte précède celui de forme longue, l’adjectif qualificatif – l’adjectif relationnel, et l’adjectif au sens plus restreint – l’adjectif au sens plus large :moderan italijanski školski brod « un navire-école italien moderne »,poznata beogradska operska pevačica « une cantatrice d’opéra belgradoise connue ».
L’épithète exprimée par un numéral ordinal est d’habitude devant le nom (peti razred « cinquième classe »), mais avec les noms demonarques il se place après :PetarPrvi « Pierre1er. Si le nom à une épithète de plus, le numéral est devant celui-ci :treći svetski rat « la troisième guerre mondiale ».
L’épithète de l’attribut est placée après la copule si elle n’est pas mise en relief :Kinezi sučudni ljudi « Les Chinois sont des gens bizarres ». Pour la mettre en relief, on la place en tête de phrase :Čudni su ljudi ti Kinezi « Ils sont des gens bizarres, ces Chinois » (litt. « Bizarres sont gens ces Chinois »).
Laplace du complément du nom est après le nom déterminé :čovekproverenog ukusa « un homme d’un (bon) goût prouvé ».
Place des clitiques
Lesenclitiques (les pronoms conjoints, les verbes auxiliaires formes atones et la particuleli) ne peuvent être en tête de phrase.
Les auxiliaires et les pronoms personnels compléments conjoints peuvent avoir plusieurs positions.
Exemples avec un pronom :
après le syntagme sujet :Ova neostvarena čežnjamu pruža inspiraciju za nove pokušaje « Cette aspiration non réalisée lui donne de l’inspiration pour de nouveaux essais » ;
après le premier mot du syntagme sujet :Ovamu neostvarena čežnja pruža inspiraciju za nove pokušaje ;
après le verbe :Ova neostvarena čežnja pružamu inspiraciju za nove pokušaje.
Exemples avec un verbe auxiliaire :
après le premier complément circonstanciel :Zbog nepažnjeje u vašim vozilima često dolazilo do požara « À cause de l’inattention, dans vos véhicules il s’est souvent produit des incendies » ;
après le premier mot du syntagme du deuxième complément circonstanciel :Zbog nepažnje, u vašimje vozilima često dolazilo do požara ;
après le syntagme du deuxième complément circonstanciel :Zbog nepažnje, u vašim vozilimaje često dolazilo do požara ;
après le troisième complément circonstanciel :Zbog nepažnje, u vašim vozilima čestoje dolazilo do požara.
Outre l’impossibilité d’être en tête de phrase, la place des enclitiques a d’autres limitations encore :
Ils ne peuvent être plus à droite que juste après le verbe.
Ils ne peuvent suivre une pause.
Si dans la phrase il y a un pronom relatif ou un mot interrogatif, l’enclitique le suit immédiatement. Exemples :
Srušili su spomenik kojije puna dva veka bio simbol ovog grada « On a démoli un monument qui avait été le symbole de cette ville tout au long de deux siècles » ;
Koće pod ovim uslovima želeti da putuje? « Qui souhaitera voyager dans ces conditions » ;
Hoću da znam zaštome niko nije obavestio šta se događa « Je veux savoir pourquoi personne ne m’a informé(e) sur ce qui se passait ».*
Les enclitiques se placent après les conjonctions qui introduisent des propositions, saufi « et »,a « et » etni « ni, non plus » :Raspisali smo konkurs, alise niko nije javio « Nous avons annoncé un concours, mais personne ne s’est présenté ».
Dans une phrase il peut y avoir deux, trois ou quatre enclitiques l’un après l’autre. Lorsqu’il y en a quatre, ce sont obligatoirement la particuleli, un verbe auxiliaire et deux pronoms à des cas différents :Ne znam dali sam joj se dopao « Je ne sais pas si je lui ai plu ».
L’ordre des enclitiques est régi par les règles suivantes :
La particuleli précède les autres enclitiques :Gdeli su moje naočare? « Où sont mes lunettes ? »
Les enclitiques verbes auxiliaires, saufje se placent devant les pronominaux :Da lisam ih ja upoznao? « Est-ce j’ai fait leur connaissance ? »
L’auxiliaireje et le pronom réfléchise qui le remplace se mettent après les enclitiques pronoms :Videla meje « Elle m’a vu(e) »,Predstava imse dopala « Le spectacle leur a plu ».
L’ordre des enclitiques pronoms entre eux est :
– celui au datif + celui au génitif :Ima kolača, daćuti ih malo « Il y a du gâteau, je vais t’en donner un peu » ;
– celui au datif + celui à l’accusatif :To su Markove knjige, onti ih poklanja « Ce sont les livres de Marko, il t’en fait cadeau » ;
– celui au génitif + celui à l’accusatif :Ne želim to imanje, davno samga se odrekao « Je ne veux pas de cette propriété, il y a longtemps que j’y ai renoncé ».
LapropositionCOD constituant une question indirecte est introduite par le mot interrogatif par lequel commence la question directe correspondante, y compris dans le cas de l’interrogation totale :Da li ima deterdženta? « Est-ce qu’il y a de la lessive ? » –Pitaću prodavcada li ima deterdženta « Je vais demander au vendeur s’il y a de la lessive ».
Devant lapropositionCOI subordonnée à un verbe qui exige un complément avec préposition, on utilise le pronom démonstratifto :Nije bilo rečio tome da se fakultet seli u Beograd « Il n’a pas été question que (litt. « de ce que ») la faculté déménage à Belgrade »,Pomirila ses tim da neće naći muža « Elle s’est résignée à ce qu’elle ne trouve pas de mari ».
Le pronom relatif qui introduit uneproposition relative s’accorde en genre et en nombre avec son antécédent de sa proposition principale, mais non pas en cas, qui dépend de sa fonction dans la relative. Exemples :
Evo čovekakoji će nam pomoći « Voici l’homme qui va nous aider » ;
Evo čovekao kome smo govorili « Voici l’homme dont nous avons parlé ».
Les propositions introduites parkao što « comme » etkao da « comme si » diffèrent quant au caractère du procès exprimé par leur verbe, mais la forme de celui-ci est la même :
Vrata treba montirati kao štoje označeno na crtežu « Il faut monter la porte comme il est indiqué sur le dessin » – procès réel, verbe à l’indicatif vs
Opominje me da pada kiša, kao da ja to neznam « Il/Elle me rappelle qu’il pleut, comme si je ne le savais pas » – procès irréel, mais le verbe toujours à l’indicatif.
La relation proportionnelle entre les procès de la principale et de la subordonnée peut être exprimée par :
– des mots adéquats corrélés entre eux, se trouvant dans les deux propositions et introduction de la subordonnée par la conjonctionšto:Što ih više opominješ, deca te sve manje slušaju « Plus tu les grondes, moins les enfants t’écoutent ».
–što corrélé avecto de la principale :Što je metal topliji, to je mekši « Plus le métal et chaud, plus il est mou » ;
–ukoliko corrélé avecutoliko :Ukoliko je metal topliji, utoliko je mekši.
Laproposition circonstancielle de but se construit des façons suivantes :
avec la conjonctionda et le verbe à l’indicatif présent :Odvezi kola mehaničaruda ihpogleda « Va faire voir la voiture par un garagiste » (litt. « Mène la voiture à un garagiste pour qu’il la regarde ») ;
avec la conjonctionda et le verbe au conditionnel :Da bi situacijabila jasnija, poslužićemo se crtežom « Pour que la situation soit plus claire, nous allons nous servir d’un dessin » ;
avec la conjonctionkako et le verbe au conditionnel :Ostao sam u hotelukako bih dovršio pismo « Je suis resté à l’hôtel pour finir une lettre » (litt. «… comme finirais… ») ;
le verbe au conditionnel à la forme négative, mais dépourvue de sens négatif, et la particuleli :On zapali šibicune bi li maloogrejao promrzle prste « Il allume une allumette pour se réchauffer un peu les doigts gelés ».
Quant à laproposition circonstancielle concessive, il est à mentionner la construction avec la conjonctionmakar et l’adjectif verbal actif sans auxiliaire :Neću popustiti makarpoginuo « Je ne céderai pas, même si je meurs »,Makar (i) ništa nenašli, dobro je da ispitamo teren « Même si nous ne trouvons rien, il est bon que nous examinions le terrain ».
Laproposition circonstancielle conditionnelle
Il y a une construction analogue à celle du français pour exprimer une possibilité présente ou future, avec la conjonctionako :Ako lampica svetli, mašina je ispravna « Si le voyant est allumé, la machine est en règle ». Avec la même construction, la conjonction peut êtreukoliko « si, dans la mesure où » :Ukoliko se lampica ugasi, zovite me « Si le voyant s’éteint, appelez-moi ». Une construction équivalente à celle-ci est avec la particuleli :Ugasili se lampica, zovite me.
Pour exprimer une condition du présent ou du futur dont dépend la réalisation d’un procès, la condition et le procès principal s’expriment par le verbe au conditionnel. La conjonction peut êtreako,ukoliko oukad(a) (le sens de base de celle-ci est « quand ») :Ako / Ukoliko / Kad bi bilo kiše do kraja meseca, usevi bi se mogli spasti « S’il pleuvait jusqu’à la fin du mois, les cultures pourraient être sauvées ». Si la condition est irréalisable, on emploie la conjonctionkad(a) et le verbe au conditionnel ou la conjonctionda, et le verbe à l’indicatif présent :Kad bih bio / Da sam deset godina mlađi, predložio bih joj brak « Si j’avais dix ans de moins, je lui proposerais le mariage ».
La condition non réalisée dans le passé s’exprime avec la conjonctionda et le verbe au parfait :Da sam odgovorio i na deseto pitanje, zaradio bih milion dinara « Si j’avais répondu à la dixième question aussi, j’aurais gagné un million dedinars ».
En serbe il n’y a pas deconcordance des temps au passé telle qu’elle existe en français. Ainsi, lorsque le verbe de la proposition principale est au passé, dans la subordonnée,
un procès simultané avec celui de la principale est exprimé au présent :Rekla mi je daima mnogo novca « Elle m’a dit qu’elle avait beaucoup d’argent » ;
un procès antérieur à celui de la principale est exprimé plus rarement au plus-que-parfait qu’au parfait :Otišla sam po kofer kojisam ostavila u garderobi (avec le plus-que-parfait… koji sam bila ostavila…) « Je suis allée chercher la valise que j’avais laissée au vestiaire »Rekla mi je daje imala mnogo novca « Elle m’a dit qu’elle avait eu beaucoup d’argent » ;
un procès postérieur à celui de la principale est exprimé par lefutur 1 :Rekao sam daćete se posvađati i tako je i bilo « J’ai dit que vous alliez vous disputer et c’est arrivé ».
Expression du procès subordonné par une proposition vs par un verbe à l’infinitif
Le procèssubordonné àtrebati « devoir, falloir » impersonnel s’exprime à l’infinitif si l’obligation incombe à un sujet non précisé :Trebasačekati « Il faut attendre ». S’il est précisé, il devient le sujet d’une proposition sujet introduite par la conjonctionda, dont le verbe est à l’indicatif présent :Trebada sačekamo « Il faut que nous attendions ».
Selon Browne et Alt 2004, jusqu’à la parution de cet ouvrage il n’y avait pas de statistiques concluantes concernant la composition du lexique serbe[77]. À noter seulement que d’une étude effectuée en1983 sur des écrits d’écoliers, il ressort que sur les100 mots les plus fréquents dans ces écrits 97 sont d’origineproto-slave, deux du langage enfantin, d’origine incertaine, et un emprunt[78].
En serbe il y a des mots d’origine proto-slave des domaines les plus variés :mati « mère »,kći « fille » (par rapport à ses parents),sin « fils »,noga « jambe »,nos « nez »,nokat « ongle »,vuk « loup »,zec « lièvre »,miš « souris »,jež « hérisson »,zima « hiver »,sneg « neige », etc.[79]
Certains mots hérités ne se sont conservés qu’en serbe et en croate :jer « car »,proleće « printemps »,raditi « faire, travailler »,kiša « pluie »,baciti « jeter »,tražiti « chercher ». D’autres existent bien dans d’autres langues slaves mais en serbe et en croate ils ont changé de sens. De tels mots sontvoleti « aimer » (< « préférer »),jak « fort » (< « de quelle sorte ? »),posao « travail, affaire » [< « envoyé » (personne)],čuvati « garder » (< « percevoir »),vrlo « très » (< « vertueusement »)[80].
En serbe, le procédé le plus fréquent deformation de mots est la dérivation par des suffixes, suivie de la dérivation par des préfixes et de la composition, le procédé le moins fréquent étant laconversion[81].
Comme en français, à partir d’un mot base, par ajout d’un suffixe ou/et d’un préfixe, ou bien par suppression d’un suffixe, on forme des vocables de la mêmefamille de mots que le mot base.
En serbe il est courant de former des noms à partir de verbes par dérivation régressive, c’est-à-dire par suppression du suffixe de l’infinitif. Exemples :odmoriti se « se reposer >odmor « repos »,plakati « pleurer » >plač « pleur »,prepisati « copier » >prepis « copie »,rasti « croître » >rast « croissance ».
Dans le domaine du verbe, la préfixation peut être un procédé :
uniquement grammatical, lorsqu’elle ne change que l’aspect du verbe, sans changer son sens lexical ;
grammatical et lexical, quand elle change l’aspect et en même temps le sens lexical du verbe (voir plus hautAspects des verbes) ;
uniquement lexical.
Quant aux autres classes grammaticales, la préfixation est seulement lexicale, y compris dans le sens qu’elle ne change pas lanature du mot.
La plupart des préfixes sont des prépositions à l’origine et peuvent avoir des variantes phonétiques déterminées par leson initial du mot préfixé. Par ajout d’un préfixe on obtient :
En serbe, la composition est plus productive qu’en français.
Le plus souvent, entre les composants il y a une voyelle de liaison, plus fréquemment-o- (riba « poisson » +lov « chasse » >ribolov « pêche »), plus rarement-e-:oči « yeux » +vidan « visible » >očevidan « évident ». Dans certains cas, les composants se combinent directement, le premier étant terminé en voyelle (sto « cent » +noga « jambe » >stonoga « mille-pattes ») ou, moins souvent, en consonne :jedan « un » +put « chemin, route » >jedanput « une fois ».
Les composants peuvent être plus ou moins soudés. Les mots composés à éléments fortement soudés ont un seul accent et s’écrivent en un seul mot, par exemplekućèvlasnik « propriétaire de maison ». Dans ceux à composants moins soudés, chacun garde son accent et ils s’écrivent avec untrait d'union, par exemplespȍmēn-plȍča « plaque commémorative »,kulturno-umetnički « culturel et artistique ».
Par ce procédé on forme un mot composé et suffixé en même temps, c’est-à-dire que sans suffixe ses mots bases ne forment pas un mot composé. Les mots bases peuvent être :
un nom et un radical verbal :krvopija (<krv « sang » +piti « boire » +-a) « vampire » ;
un adjectif et un nom :malograđanin (<mali « petit » +grad « ville » +-anin) « petit-bourgeois, provincial » ;
un pronom et un nom :ovozemaljski (<ova « celle-ci » +zemlja « terre » +-ski) « de ce monde » ;
un numéral et un nom :jednosmeran [<jedan « un » +smer « sens (de déplacement) » +-an] « à sens unique » ;
un adverbe et un nom :malokrvan (<malo « peu » +krv « sang » +-an) « anémique » ;
un adverbe et un radical verbal :krivokletnik (<krivo « tordu » +kleti se « jurer » +-nik) « personne qui fait un/des serment(s) mensonger(s) ».
Ce procédé de formation de mots concerne également des mots composés + suffixe zéro, c’est-à-dire que le mot subit une dérivation régressive. Exemples :
un nom + un radical verbal :kiša « pluie » +braniti « défendre » >kišobran « parapluie » ;
un adjectif + un radical substantival :sed « gris » +kosa « cheveux » >sedokos « aux cheveux gris » ;
un adverbe + un radical verbal :pravo « correctement » +pisati « écrire » >pravopis « orthographe ».
Par conversion on obtient, par exemple, desnoms à partir d’adjectifs, la plupart étant déclinés comme les adjectifs.
Les noms communs de personnes provenant d’adjectifs gardent leurs formes de masculin et de féminin, par exempledragi, -a « bien aimé(e) », mais les noms de famille de la même origine ne s’accordent pas au féminin. De tels noms sontCrnjanski,Rački,Markov, etc.
Les adjectifs convertis en noms des notions abstraites gardent leur forme de neutre :dobro « le bien »,zlo « le mal ».
Les noms provenant d’épithètes gardent le genre du nom dont ils étaient les épithètes, par exempleprava (féminin) « droite » (ligne). Beaucoup de noms de pays entrent dans cette catégorie, puisqu’ils proviennent de syntagmes comprenant le nom fémininzemlja « pays » :Francuska « France »,Nemačka « Allemagne », etc.
La plupart des adjectifs verbaux passifs peuvent être employés en tant qu’adjectifs épithètes, par exemple dans les syntagmesotvoren prozor « fenêtre ouverte »,prodata roba « marchandise vendue »,kuvano meso « viande cuite ». L’adjectif verbal actif a plus rarement cet emploi, en règle générale quand on exprime un état ou une caractéristique visiblement changés :odrasla žena « femme adulte »,zaspalo dete « enfant endormi ».
Les adjectifs qualificatifs, y compris ceux provenant d’adjectifs verbaux passifs, ainsi que certains adjectifs terminés en-ski deviennent souvent desadverbes (voir plus hautL’adverbe).
Certains adverbes et noms deviennent desprépositions (voir plus hautLa préposition).
Comme toute autre langue, le serbe aussi a enrichi son lexique par des emprunts à plusieurs langues[83]. Par rapport au croate, dont le standard a tendance à enrichir son lexique par la formation de mots et lecalque, le serbe est plus ouvert aux emprunts[84].
Les emprunts les plus anciens proviennent dugrec médiéval, grâce aux contacts avec l’Empire byzantin, et duvieux-slave employé dans le processus dechristianisation des Serbes. Certains mots de la première langue sont entrés dans le serbe par l’intermédiaire de la seconde. Des mots commelivada « pré » etmiris « odeur » proviennent directement du grec. Du vieux-slave il y a des mots telspričati « raconter » etvazduh « air », ainsi que les mots grecsidol « idole » etiguman « higoumène ».
Dès le Moyen Âge, le serbe commença a recevoir des mots des langues romanes, par exemplesiguran « sûr » duvénitien. La plupart des emprunts à ces langues sont relativement récents et devenus internationaux :literatura,interesantan,etimologija,poezija,telegram,geografija, etc.
L’influence du turc commença au début duXIVe siècle avec la conquêteottomane. Il en reste beaucoup de mots[85], commebaš « même »,sokak « allée »,badava « gratis »,jorgovan « lilas »,kajsija « abricot », et aussi des suffixes lexicaux :-luk (komšiluk « voisinage »),-džija (kamiondžija « chauffeur de camion »),-ana (elektrana « centrale électrique »).
D’autres langues sources relativement anciennes sont l’allemand (avec des mots telskuhinja « cuisine »,škoda « dommage »,šnicla « escalope ») et lehongrois (par exemple le motvaroš « ville »). Il y a aussi des emprunts au russe (par exemplezapeta « virgule »[86]) et au français (par exemplebež « beige »,ruž « rouge à lèvres »[86],žanr « genre »,masakr « masacre »[87]. Des mots français sont entrés en serbe par l’intermédiaire de l’allemand aussi :general « général » (grade militaire),artiljerija « artillerie »,moda « mode »,pudra « poudre » (fard),parfem « parfum »[85].
La source d’emprunts la plus récente, devenue la principale et massive[85], est l’anglais. Certains de ces mots sont en même temps internationaux, telsprohibicija etinfrastruktura, d’autres gardant autant que possible leur forme sonore anglaise, par exemplepejsmejker « stimulateur cardiaque »,trening « entraînement »,mjuzikl « comédie musicale »,softver « logiciel »[88].
Presque tous lesnoms empruntés sont inclus dans les classes de déclinaison serbes[89]. Ceux terminés en-i,-u ou toute voyelle longue incluent cette voyelle dans le radical :tabu –tabua « du tabou »,bife –bifea « du buffet ». Ceux en-i reçoivent un-j- de liaison :hobi –hobija « du passe-temps ».
Dans le cas des mots d’origine latine en-tio dans cette langue, cette terminaison devient-cija, que la source directe soit lelatin ou une autre langue :ambicija,degradacija.
Seuls les noms de personnes de sexe féminin terminés en un autre son que-a sont invariables, par exemple,Dolores,ledi.
Lesadjectifs empruntés reçoivent généralement des terminaisons serbes et se déclinent en conséquence, exprimant les degrés de comparaison aussi selon les règles du serbe :abdominalni,atomski,nostalgičan,nostalgičniji « plus nostalgique »,najnostalgičniji « le plus nostalgique ». Il y a aussi, toutefois, des adjectifs étrangers invariables, par exemple dansbež haljina « robe beige » etNjihova igra jefer (du syntagme anglaisfair play) « Leur jeu est correct ». Ceux qui ont des degrés de comparaison les expriment à l’aide de l’adverbeviše « plus » :više fer « plus correct »,najviše fer « le plus correct ».
Lesverbes étrangers s’accommodent au serbe avec les suffixes-ira-,-ova- ou-isa- placés devant celui de l’infinitif-ti :erodirati « éroder »,paralizovati « paraliser »,eliminisati « éliminer ». Presque tous ces verbes ont la même forme aux différents aspects mais il y en a qui constituent par dérivation des paires imperfectif–perfectif :provocirati –isprovocirati « provoquer »,komentirati –prokomentirati « commenter »[90]. Il existe aussi des verbes terminés en-ati, dont certains sont perfectifs (startati « prendre son départ » < anglaisto start), d’autres imperfectifs (bildati « faire du culturisme » < anglaisbodybuilding), et avec-nuti, perfectifs :blefnuti « bluffer »[91].
Pour l'auteur croateMiroslav Krleža, le serbe, le croate le bosnien et le monténégrin sont une seule et même langue, il declara en 1969 « le croate et le serbe sont une seule et même langue, que les Croates appellent le croate et les Serbes, le serbe »[92].
Patrick Besson a écrit dans son article « Mes accents préférés » : « L'accent serbe. C'est le même que celui de ma mère croate, avec quelque chose de plus sombre, de plus guttural. Il a habité mon enfance dans une ville désormais écologiste : Montreuil-sous-Bois. L'accent serbe a quelque chose de tendre et de coupant. C'est à la fois le steak et le couteau. Il est sorti de l'Empire ottoman à la force de ses r roulés. C'est un air grave et un peu dansant. L'idéal, c'est d'être endormi par un accent thaï et d'être réveillé par un accent serbe. »[93].
↑(de)Statistik Austria, le documentBevölkerung am 1.1.2015 nach detailliertem Geburtsland und Bundesland (consulté le 6 novembre 2019).
↑(en)U.S. Census Bureau, documentDetailed Languages Spoken at Home and Ability to Speak English for the Population5 Years and Over for United States: 2009-2013 144 675 autres personnes se declaraient locuteurs de serbo-croate (consulté le 15 juin 2017).
↑(ro)Institutul Național de Statistică, Volumul II, le documentTab10. Populația stabilă după limba maternă – județe, municipii, orașe, comune (consulté le 6 novembre 2019).
↑La précision « vers un lieu » est nécessaire, parce que les verbes qui expriment le déplacement dans les limites d’un lieu se comportent comme ceux qui n’expriment aucun mouvement, ex.hodao je po sobi « il marchait dans la chambre ».
↑Le verbetresti étant d’aspect imperfectif, son parfait correspond en français à l’indicatif imparfait. La forme serbe correspondant au passé composé français serait le parfait du verbepotresti, le correspondant perfectif detresti.
↑On donne ici le correspondant perfectif detresti, parce que, normalement, seuls les verbes perfectifs ont un participe passé.