Cet article concerne une traduction en grec de la Bible. Pour le nombreseptante, voir70 (nombre).
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Selon une tradition rapportée dans laLettre d'Aristée[1] (IIe siècle av. J.-C.), la traduction de laTorah (les cinq premiers livres) aurait été réalisée par 72 (septante-deux, six pour chacune des douze tribus d'Israël) traducteurs à Alexandrie, vers 270 av. J.-C., à la demande dePtolémée II, d'où le nom de Septante. SelonPhilon d'Alexandrie, ces 72 érudits auraient chacun traduit séparément l'intégralité de leur texte et, au moment de comparer leurs travaux, auraient constaté avec émerveillement que les 72 traductions étaient toutes identiques[2].
La légende prétend que très vite après la fondation d'Alexandrie parAlexandre le Grand en331 av. J.-C., unediaspora juive s'y installe en nombre, en particulier autour du Palais royal, à tel point que deux des cinq quartiers de la cité sont peuplés par des « descendants d'Abraham ». Ces Juifs continuent à étudier l'hébreu et les textes de l'Ancien Testament. Le cultesynagogal est public et les Grecs se montrent curieux des « sagesses barbares ». Quelques-uns gagnent le statut reconnu de « Craignant-Dieu » (signalés dans lesActes des Apôtres) en cela qu'ils suivent les préceptes dujudaïsme, au moins les7 lois des fils deNoé, sans aller jusqu'à une conversion qui implique lacirconcision.
Selon la légende relatée dans lalettre d'Aristée (IIe siècle av. J.-C.), la Septante serait due à l'initiative du fondateur de laBibliothèque d'Alexandrie,Démétrios de Phalère, ancien oligarque d'Athènes. Vers270 av. J-C., celui-ci aurait en effet suggéré àPtoléméeII (aupharaon selon Aristée) d'ordonner la traduction en grec de tous les livresisraélites, textes sacrés et narrations profanes, écrits en hébreu. LeLagide, souverain hellénistique le plus cultivé de son temps, apparaît également soucieux de connaître les règles des divers peuples qui lui sont assujettis dans le cadre d'une réorganisation de son royaume. Desrabbins[3] — « savants d'âge vénérable, et vertueux »[3] — au nombre de 72[3] — six de chacune des douzetribus d'Israël[3] — auraient été chargés de ce travail qu'ils auraient accomplis sur l'île de Pharos[4] en 72 jours[3] et qui, en leur honneur, porte le nom deVersion des Septante. La tradition prétend que le souverain sacrificateur deJérusalem, Éléazar, n'aurait accédé à la demande de PtoléméeII de déléguer ceux-ci qu'à une condition : l'affranchissement des Juifs deJudée, quePtoléméeIer avait fait prisonniers et réduits à l'esclavage dans ce territoire alors occupé par l'Égypte.
Dans son récit, qui n'est pas nécessairement historiquement fiable,Flavius Josèphe arrondit le nombre de traducteurs à 70[6], d'où le nom retenu par la postérité.
Tribus
Traducteurs de la Septante - de l'hébreu au grec[7]
Eusèbe de Césarée[8] reprend ce chiffre de 70, bien qu'il parle de vieillards, les plus habiles dans les Écritures et la connaissance des deux langues, envoyés par les Juifs obéissaient alors aux Macédoniens. Il rajoute que, selonIrénée, le« prince voulut les éprouver individuellement; il prit ses précautions pour que réunis ensemble, ils n'obscurcissent point par leur traduction la vérité qui se trouve dans les Écritures ; il les sépara les uns des autres et ordonna à tous de faire la même traduction, et il fit cela pour tous les livres. Ils se réunirent d'autre part dans un même lieu chez Ptolémée, et comparèrent la version de chacun d'eux. Dieu fut alors glorifié, et les Écritures furent reconnues pour être vraiment divines : tous avaient exprimé les mêmes pensées dans les mêmes termes et les mêmes mots, du commencement à la fin. Aussi bien, les païens qui étaient là se rendirent compte, eux aussi, que les Écritures avaient été traduites sous l'inspiration de Dieu. Et il n'y a d'ailleurs rien d'étonnant que Dieu ait opéré cela, car au temps de la captivité du peuple sousNabuchodonosor, alors que les Écritures étaient corrompues et comme les Juifs, après soixante-dix ans, revenaient dans leur pays, à l'époque suivante, au temps d'Artaxerxés, roi des Perses, il inspira àEsdras, prêtre de latribu de Lévi, de restituer tous les livres des prophètes antérieurs et de rétablir pour le peuple la loi promulguée parMoïse ».
La découverte desmanuscrits hébreux et grecs de Qumrân en1947 permet de montrer que la Septante (dite LXX) a été acceptée comme texte biblique, à côté des textes hébreux, et n'est pas un document isolé. Elle se situe dans l'ensemble des textes juifs produits juste avant l'ère chrétienne.
Ainsi, certains documents de Qumrân ont révélé des formes qui expliquent la traduction des LXX : certains passages, jusqu'à présent considérés comme des erreurs ou des amplifications dues aux traducteurs, reçoivent désormais l'appui d'un support hébreuprémassorétique.
Des similitudes d'interprétation sont également relevées entre certains écrits de la secte desEsséniens et la LXX.[réf. nécessaire]
Recension stemmatique des principaux manuscrits du texte biblique d'après l'Encyclopaedia Biblica. Les lignes pointillées bleues indiquent les textes utilisés pour les modifications. MT = texte massorétique. LXX = version originale de la Septante. א [aleph] = Codex Sinaiticus. A = Codex Alexandrinus. B = Codex Vaticanus. Q = Codex Marchalianus.
Nombre de juifs qui ont migré en Égypte ne connaissaient plus l'hébreu et souhaitaient lire leurs textes sacrés dans leur langue quotidienne, l'araméen.On suppose[réf. nécessaire] que la traduction de la Septante a été précédée detargoumim grecs, c'est-à-dire de traductions souvent paraphrastiques de laBible hébraïque dans la langue vernaculaire (le plus souvent l'araméen), parfois accompagnées d'un commentaire et d'une prédication. Toutefois, à Alexandrie, seul le grec pouvait être considéré une langue sacrée à côté de l'hébreu, tant était grand le prestige des philosophies et sciences grecques.
Une traduction unifiée a donc été lancée, très probablement à la demande du souverainlagidePtolémée II. La Septante fut ainsi un élément de sauvegarde, mais aussi d'évolution, de l'identité juive dans laculture grecque. Ce double aspect est mis en évidence par la célèbre allusion duTalmud[9] :
« On raconte que cinq anciens traduisirent la Torah en grec pour le roi Ptolémée, et ce jour fut aussi grave pour Israël que le jour du Veau d’or, car la Torah ne put être traduite convenablement. On raconte également que le roi Ptolémée rassembla 72 anciens, il les plaça dans 72 maisons, sans leur révéler l’objet de ce rassemblement. Il vint voir chacun et leur dit : « Écrivez-moi la Torah de Moïse votre maître ». L’Omniprésent inspira chacun, et ils traduisirent de la même manière. »
La tradition du miracle de la traduction unique par les 72 anciens a naturellement permis de défendre la sacralité du texte traduit.
Ce n'est qu'auIIe siècle de l'ère chrétienne, après l'extermination des communautés juives révoltées d'Égypte et deCyrénaïque parHadrien, que la Bible en grec est devenue exclusivement celle des chrétiens.[réf. nécessaire]
De nombreuxmanuscrits de la Septante(en) nous sont parvenus, dont trois célèbrescodex (à peu près) complets écrits enonciales, présentant quelques différences mineures entre eux[10], à savoir :
Les problèmes de traduction posés par le passage d'une langue sémitique à la langue grecque sont divers. La diversité desdésignations du divin dans laBible hébraïque : El, Eloah, Elohim, El Shadday, Sabaoth dont certaines ne trouvent aucune traduction satisfaisante ou qui sont banalisés lors du passage en grec partheos, « dieu » (au risque de croire qu'il s'agit de n'importe lequel),kyrios, « seigneur », oupantokrâtor, « tout-puissant » (mais les majuscules grecques permettent de lever cette ambiguïté). Le chaos initial, « vide et désert » (tohu va bohu) devient la matière « invisible et inorganisée » des philosophes grecs ; le « souffle divin » devientpneuma, qui, dans un autre contexte, peut également désigner le « vent », comme aussi une composante de l'âme humaine, le « souffle vital ».
Les divergences avec l'hébreu ne sont pas toutes des lectures particulières ni des fautes de traduction. Elles s'expliquent aussi :
par la différence entre le texte hébreu d'alors et le texte hébreu d'aujourd'hui (laStuttgartensia, par exemple) ;
par les diverses vocalisations possibles des mots hébreux qui ne comportent que leurs consonnes (codifiées dans laTemura) ;
par des permutations de ces consonnes ;
par l'enjambement de propositions vers leurs suivantes (le texte hébreu n'est pas ponctué) ;
par des actualisations diverses, comme l'effacement ou l'atténuation de tournures jugées impropres pour parler du divin; spécialement, les menaces des prophéties furent adoucies, au nom de la miséricorde divine exprimant l'espérance des communautés juives hellénistiques.
Ces divergences sont telles qu'au début de l'ère chrétienne plusieurs érudits se lancèrent dans des révisions du texte de la Septante afin d'obtenir une version grecque plus conforme aux textes hébreux alors en cours de fixation[11]. Les trois révisions les plus célèbres sont celles deSymmaque, d'Aquila et deThéodotion.
Initialement la Septante est constituée des rouleaux de la Loi deMoïse (Torah ouPentateuque du grecPentateuchos : « cinq rouleaux ») qui ont été traduits de l'hébreu au début duIIIe siècle av. J.-C., des rouleaux des Prophètes (Josué, Juges, Samuel, livre des Rois, Esaïe, Jérémie, etc.) et de ce que les Juifs ont appelé les Ketouvim (Chroniques, Job, Psaumes, Proverbes, etc.). Puis au cours des trois siècles suivants et jusqu'au début de l'ère chrétienne, d'autres écrits juifs, écrits directement en grec ou préservés seulement dans leur version grecque, y ont été ajoutés.
Ces traducteurs grecs disposaient de texteshébreux purement consonantiques et multiples ; ce qui explique, en partie, les différences entre la Septante et les multiples versions des textes originaux.
Cependant ces livres supplémentaires (deutérocanoniques,apocryphes d'après le protestantisme), n'en sont pas moins importants dans l'histoire dujudaïsme et utiles pour comprendre les idées juives à l'époque deJésus de Nazareth.
Listes des livres « deutérocanoniques » (ou « apocryphes »)
Le texte de la Septante, traduction grecque réalisée, on l'a vu, entre 270 et 150 avant notre ère qui est le témoin d'un état beaucoup plus ancien du texte biblique a aussi été traduit en français :
1865,l'Ancien Testament parPierre Giguet : traduction d'après le texte grec de la Septante, tomes 1 et 2 parus en 1865, tomes 3 et 4 parus en 1872.
1979, Les Psaumes, prières de l’Église. Traduction du Psautier des Septante par le P.Placide Deseille, réimpr. Monastère Saint-Antoine-le-Grand (àSt Laurent en Royans) 1999.
1986 - :La Bible d'Alexandrie : Premier volume : La Genèse. Traduction depuis la Septante. Sous la direction deMarguerite Harl. une équipe d'hellénistes traduit la Bible à partir de la Septante.
Les quatre autres volumes du Pentateuque ont paru en 1988 : Le Lévitique, 1989 : L'Exode, 1992 : Le Deutéronome, 1994 : Les Nombres.
En 2001, ces cinq livres qui constituent Le Pentateuque d'Alexandrie ont été réunis en un seul volume. La traduction se poursuit : en 2014, elle en est à son19e volume[12].
↑Diana Delia cite "John Tzetzes, Ploutos (Kaibel), 19-20". dans la note 28 de son articleFrom Romance to Rhetoric: The Alexandrian Library in Classical and Islamic Traditions, American Historical Revue, décembre 1992,p. 1455 (lire en ligne, en anglais).
LaurenceVianès,Naissance de la Bible grecque : Pseudo-Aristée : Lettre d'Aristée à Philocrate ; Épiphane de Salamine : Traité des poids et mesures ; Témoignages antiques et médiévaux, Les Belles Lettres,(ISBN978-2-251-44697-4 et2-251-44697-4,OCLC992118657)
Ernst Würthwein,Der Text des Alten Testaments, Deutsche Bibelgesellschaft, Stuttgart,