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Semaine sanglante

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Pour les articles homonymes, voirSemaine sanglante (homonymie).

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Ne doit pas être confondu avecSanglante semaine.

Semaine sanglante
Description de cette image, également commentée ci-après
Henri Félix Emmanuel Philippoteaux,Bataille du cimetière du Père-Lachaise (1871),Bordeaux,musée d'Aquitaine.
Informations générales
Date - 
(7 jours)
LieuParis
IssueVictoire dugouvernement de Versailles
Belligérants
Drapeau françaisRépublique française (Gouvernement de Versailles)Drapeau de la Commune de Paris Commune de Paris
Commandants
Patrice de Mac Mahon
Paul de Ladmirault
Ernest Courtot de Cissey
François Charles du Barail
Félix Douay
Justin Clinchant
Joseph Vinoy
Gaston de Galliffet
Charles Delescluze
Paul Antoine Brunel
Émile Eudes
Émile-Victor Duval
Napoléon La Cécilia
Jarosław Dąbrowski
Walery Wroblewski
Louis Rossel
Raoul du Bisson
Forces en présence
120 000 à 130 000 hommes[1],[2]20 000 à 170 000 hommes[3],[4]
Pertes
400 morts[4]
3 000 blessés[4]
~ 50 à 100 otages fusillés[5],[6]
5 700 à 15 000 morts[7],[8]
(dont 2 000 à 4 000 au combat[9],[7] et 1 400 à plusieurs milliers de prisonniers fusillés[10],[7])
43 522 prisonniers[11]

Campagne de 1871 à l'intérieur

Batailles

Données clés

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LaSemaine sanglante, du dimanche au dimanche, est la période la plus meurtrière et l'épisode final de laCommune de Paris, au cours duquel l'insurrection est écrasée et ses membres exécutés en masse. Elle s'inscrit dans le cadre de lacampagne de 1871 à l'intérieur menée par legouvernement de Versailles contre lescommunes insurrectionnelles établies ou en projet que connaissent plusieurs grandes villes françaises.

Depuis lesoulèvement du, lesfédérés contrôlent l'administration municipale de la capitale tandis que l'armée régulière réorganise ses forces sous les ordres duchef du pouvoir exécutifAdolphe Thiers et du maréchalPatrice de Mac Mahon. En avril, les Versaillais entreprennent le bombardement des forts et des quartiers de l'Ouest parisien. Le dimanche dans l'après-midi, forts de cinq corps d'armée et de 120 000 à 130 000 hommes, ils donnent l'assaut et franchissent l'enceinte de la capitale auPoint-du-Jour qui n'est pas défendu. Les combats se poursuivent pendant sept jours et les Versaillais se heurtent à une défense de plus en plus acharnée, mais lesincendies déclenchés par les communards pour protéger leursbarricades ne peuvent interrompre l'avancée des troupes régulières, et le massacre de147 insurgés aumur des Fédérés marque la fin de la reconquête de la capitale. La dernièrebarricade tombe dans l'après-midi du.

Le bilan humain de la Semaine sanglante est lourd mais il n'est pas établi précisément. Les historiens du début duXXIe siècle s'accordent à reconnaître les massacres systématiques commis par les Versaillais et évoquent un nombre d'environ 10 000 morts du côté des insurgés, tandis que ces derniers se livrent à près d'une centaine d'exécutions d'otages. Les incendies et l'emploi massif de l'artillerie pour tourner les barricades entraînent des destructions massives dans toute la capitale et touchent la plupart des grands monuments de la ville.

Dès la fin de la Semaine sanglante, le gouvernement mène une répression judiciaire de grande ampleur : plusieurs dizaines de milliers d'individus sont arrêtés et jugés, 10 137 condamnations sont prononcéescontradictoirement et 3 313 condamnations parcontumace, que ce soit à lapeine de mort, à ladéportation, à la détention ou aubannissement. Plusieurs milliers d'insurgésparviennent à s'exiler et le combat pour l'amnistie des communards, porté par de grandes figures républicaines commeVictor Hugo ouGeorges Clemenceau, prend fin entre 1879 et 1880 par l'adoption de deux lois votées dans un vœu de réconciliation nationale.

La Semaine sanglante constitue un des épisodes deguerre civile majeurs de l'histoire de France, dont le souvenir s'inscrit dans la culture dumouvement ouvrier international, de lagauche française, du mouvementanarchiste et plus largement chez les partisans de ladémocratie directe.

Origines

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Du siège de Paris à la capitulation française

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Dessin montrant des soldats prussiens tirant au canon.
Bombardement de Paris par l'artillerie allemande lors dusiège de la capitale.

Le, la France déclare laguerre à la Prusse. Après lacapitulation de l'armée de Napoléon III à Sedan, les députés parisiensproclament la République le mais la guerre se poursuit etParis est assiégé dès le[12].

Isolée du reste de la France, la capitale livre une résistance acharnée. Des centaines de milliers d'hommes rejoignent les rangs de laGarde nationale et l'exaltation révolutionnaire donne lieu à plusieurs soulèvements populaires qui exigent l'instauration d'uneCommune. L'annonce de la signature de l'armistice le est vécue comme une trahison par une grande partie de la population parisienne qui a consenti de nombreux sacrifices et subi les affres des bombardements prussiens au cœur d'un hiver des plus rigoureux pour empêcher l'ennemi de pénétrer dans ses murs[13].

Soulèvement parisien et réaction versaillaise

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Lesélections législatives du portent à la Chambre une majorité monarchiste et réactionnaire, ce qui accélère la rupture entre les départements ruraux partisans d'une paix sans honneur et le peuple parisien résolument hostile à l'armistice. L'opération de police entreprise par le gouvernement le pour récupérer les canons de la Garde nationale parisienne entraîne unnouveau soulèvement populaire[13]. La France se retrouve alors dans une situation deguerre civile entre d'un côté le gouvernement d'Adolphe Thiers, qui a fui àVersailles, où siège aussi l'Assemblée nationale qui le soutient, et de l'autre laCommune de Paris, élue le et installée deux jours plus tard[14],[12].

Carte montrant les mouvements des versaillais et des communards dans la banlieue Ouest de Paris
Second siège de Paris au. Carte de Charles Prolès et Rougeron-Vignerot, 1892.BNF.

Le gouvernement entend endiguer l'insurrection et, dès le, l'armée versaillaise occupe lefort du Mont-Valérien[15]. Le, à la tête d'une brigade de cavalerie, legénéral de Galliffet lance des patrouilles contre les forts et les avant-postes parisiens. Le, lors d'une reconnaissance offensive versCourbevoie, les Versaillais capturent des insurgés dont cinq sont fusillés sur ordre dugénéral Vinoy[16]. Ils installent également unebatterie qui leur permet de bombarder lepont de Neuilly et une partie des remparts[15].

En réponse, les fédérés tentent une sortie le lendemain mais l'offensive échoue[15]. Ils arrêtent à leur tour des otages : comme le souligne l'historien Xavier Boniface,« la spirale des représailles est enclenchée, la guerre civile commence »[16].

L'armée versaillaise entreprend un second siège de Paris du au et cherche à empêcher lescommunards d'organiser une sortie : les Allemands étant stationnés au nord et à l'est de la capitale, leur action se concentre au sud et à l'ouest[17]. La capitale étant solidement protégée par sonenceinte, le gouvernement adopte une stratégie prudente d'investissement progressif de la capitale. Il craint notamment que l'armée se débande, que l'Assemblée le renverse, que les grandes villes rejoignent le soulèvement parisien ou que les Prussiens, qui occupent encore le territoire, interviennent[18]. Dès lors, les Versaillais bombardent régulièrement les alentours de Paris, en particulier les forts qui protègent la ville dont ceux d'Issy et deVanves[19],[17].

Forces en présence

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L'armée versaillaise

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Article détaillé :Ordre de bataille de l'armée versaillaise.
Photographie en noir et blanc montrant des soldats au repos.
Bivouac desoldats versaillais sur la terrasse du bord de l'eau desTuileries.

Après lesoulèvement du, l'armée régulière se replie àVersailles où siègent l'Assemblée nationale et le gouvernement dirigé parAdolphe Thiers. Ce dernier entreprend de réorganiser les troupes dans le but de reprendre au plus vite la capitale[20]. La nouvelle armée, formée par décret le et dont le commandement est confié aumaréchal de Mac Mahon[21], est constituée d'éléments d'origines diverses :lignards,chasseurs à pied, soldats de l'infanterie de marine, de lalégion étrangère etfusiliers marins[20].

Des prisonniers de retour d'Allemagne sont progressivement intégrés aux régiments provisoires et pour assurer l'union des troupes, le gouvernement« multiplie les gestes de bonne volonté » : les promotions sont nombreuses, le ravitaillement est particulièrement soigné et les uniformes sont renouvelés[20]. Des gratifications incitatives en nourriture, vin ou argent sont accordées aux meilleurs éléments[16]. Par ailleurs, la discipline est renforcée : afin d'éviter la contagion politique et d'endiguer le risque de fraternisation avec les insurgés, des unités compromises lors des émeutes àMontmartre le sont dissoutes et certains de leurs membres sont envoyés enAfrique du Nord, cependant que les actes d'insubordination sont punis sévèrement[20]. La résistance des fédérés et certains actes symboliques comme la destruction de lacolonne Vendôme tendent à renforcer la détermination des soldats de l'armée régulière. Exploitant cette soif de revanche, la propagande du gouvernement relaie auprès des troupes des représentations péjoratives des communards[16].

Portrait photographique d'un officier militaire.
Legénéral Clinchant.

Avant l'assaut de la capitale, l'armée versaillaise regroupée aucamp de Satory[21] est divisée en cinq corps dont un seul est confié à un général républicain,Justin Clinchant[20]. Les effectifs sont nombreux, évalués entre 120 000[1] à 130 000 hommes[2]. Le plan d'attaque est adapté au combat de rues et l'accent est mis sur la mobilité et la rapidité des troupes. Les unités de pointe se déplacent sans leurs sacs et le paquetage est réduit au minimum. Des compagnies de 60 francs-tireurs sont constituées dans chaque régiment et l'attaque des barricades se fait systématiquement en utilisant l'artillerie pour limiter les pertes et faciliter la progression des hommes à pied[20].

La défense de la Commune

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Comme l'affirme l'historien Olivier Peynot,« il n'y eut jamais d'armée communarde au sens strict ». De fait, la défense de Paris est assurée par« un agglomérat de bataillons réunis en légion pour chaque arrondissement » mais leur action n'est ni coordonnée ni efficace[22]. Nommé délégué à la Guerre de la Commune le,Gustave Paul Cluseret tente d'organiser l'armée fédérée, mais après l'échec de la tentative de sortie ce même jour, il opte pour une stratégie défensive. Une commission desbarricades est constituée pour superviser leur érection, mais les travaux sont lents. Par ailleurs, les réformes qu'il entreprend pour améliorer la discipline, l'administration et l'encadrement de laGarde nationale ont des résultats limités, tant son mode de fonctionnement, basé sur l'élection des officiers et des délégués, renforce les contestataires. Le, Cluseret est remplacé par un autre militaire de formation,Louis Rossel, qui démissionne dix jours plus tard.Charles Delescluze, un journaliste, lui succède[16].

Soldats posant avec leur arme pour une photographie devant un monument.
Gardes nationaux devant les ruines de lacolonne Vendôme en.

Au début de la Semaine sanglante, la Garde nationale estime disposer de 170 000 hommes en armes, dont 80 000 dans les compagnies de combat, 10 500 en garnison dans les forts au sud et plusieurs milliers de réservistes dans les casernes[3]. Cependant, pour l'historienRobert Tombs,« la totalité des forces ne furent jamais disponibles simultanément »[3], et si la Garde nationale compte dans ses rangs des soldats compétents, expérimentés et déterminés, d'autres font preuve de tiédeur, n'étant« pas profondément convaincus par une idéologie révolutionnaire »[3]. Elle souffre également d'indiscipline, avec notamment quelques cas spectaculaires d'ivrognerie[3]. L'état-major se rend aussi compte que de nombreux bataillons exagèrent leurs effectifs, parfois pour percevoir des soldes, des équipements ou des rations supplémentaires, dont les surplus sont revendus[3]. D'après le communardGaston Da Costa, la Commune ne pouvait compter que sur 20 000 combattants actifs, ce qui semble assez crédible pour Robert Tombs,« mais il faut rappeler que le niveau d'implication variait beaucoup : certains se contentèrent de poser quelques pavés sur les barricades tandis que d'autres combattaient jour après jour »[4].

Les communards disposent pourtant d'importantes réserves d'armes et de cartouches, cependant que les arsenaux continuent de fonctionner, mais toutes ne sont pas utilisées. D'après Olivier Peynot, sur les 400 000 fusils disponibles, moins de 115 000 sont utilisés, et sur les 1 740 pièces d'artillerie, seules 300 sont mises en action par les insurgés. Les quatre locomotives blindées dont le généralJarosław Dąbrowski s'était emparé àAsnières ne sont utilisées qu'à poste fixe et les douze canonnières dont dispose la flottille de la Commune sont désarmées et leur équipage est envoyé sur d'autres points de défense[22].

Déroulement

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Plan de Paris où les parties de la ville sont coloriées avec une couleur par jour, du 21 mai au 27 mai
Paris en mai 1871 - Plan indiquant les opérations de l'Armée contre l'insurrection.

Dimanche : entrée des Versaillais dans Paris

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.
Dessin montrant un homme agitant un mouchoir blanc du haut d'un rempart en direction d'un soldat.
Jules Ducatel avertit les troupes versaillaises que laporte de Saint-Cloud n'est plus gardée.
Dessin d'Henri Riballier.

Le dimanche au matin, les lignes de défenses établies par les communards entre laporte d'Auteuil et laporte de Saint-Cloud ne sont ni armées ni occupées. De nombreux Parisiens assistent à un concert au profit des veuves et orphelins de la Garde aujardin des Tuileries[23]. Vers15 h,Jules Ducatel, piqueur des Ponts et Chaussées et agent versaillais, monte sur lebastion 64 pour avertir les avant-postes destroupes versaillaises qui assiègent le saillant que forme lerempart du Point-du-Jour que ce point n'est plus gardé et que la voie est libre. Les Versaillais prennent possession de la porte de Saint-Cloud et de deux bastions voisins (62 et 63) sans rencontrer la moindre résistance[24].

Legénéral Douay et legénéral Vergé dépêchent deuxcompagnies du37e régiment de ligne, quelquessapeurs et quelquesartilleurs qui entrent dans Paris deux heures plus tard. Des coups de feu sont échangés avec quelques fédérés présents dans les environs mais les Versaillais sortent deux canons des remparts pour les retourner contre les communards. Legénéral de Ladmirault (1er corps), legénéral Clinchant (5e corps) et legénéral Vinoy (armée de réserve) reçoivent l'ordre de franchir l'enceinte pour occuper le terrain jusqu'à la ligne de chemin de fer depetite ceinture tandis que lemaréchal Mac Mahon installe son quartier général àBoulogne[24].

La progression des Versaillais à travers les beaux quartiers de la capitale ne rencontre que peu de résistance[23]. Le Conseil de la Commune, qui est en train de jugerGustave Cluseret sous la présidence deJules Vallès, tarde à réagir et n'envoie aucun renfort malgré la demande formulée parJarosław Dąbrowski qui envisage une contre-attaque. Dans la soirée,Charles Delescluze, le délégué à la guerre de la Commune, fait même afficher une publication affirmant que les Versaillais sont repoussés[24]. Vers19 h, ces derniers s'emparent pourtant de la porte d'Auteuil et progressent en trois colonnes vers le cœur de Paris en contournant plusieursbarricades : lechâteau de la Muette, leTrocadéro et lepont d'Iéna sont pris successivement. Envoyé en reconnaissance,Adolphe Assi, l'un des membres duComité central de la Garde nationale, est fait prisonnier[24].

Àh 30 du matin, les troupes du général Bocher forcent laporte de Versailles : l'armée régulière tient une ligne qui va du nord de laporte Dauphine à laporte de Sèvres, traversant les15e et16e arrondissements[24],[25].

  • Affrontements au Point-du-Jour le.
  • Dessin montrant des soldats en armes devant un rempart.
    LesVersaillais progressant vers les remparts, dessin anonyme.
  • Peinture montrant des bateaux militaires au combat sur le fleuve avec des bâtiments en flamme à l'arrière-plan.
    La flottille versaillaise en action, peinture deCharles Leduc.
  • Peinture montrant des maisons détruites.
    Le Point-du-Jour après le passage de l'armée de Versailles, tableau deJules Richomme (1871).

Lundi : progression vers le centre de la capitale

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Le.
Proclamation rédigée à l'encre noir sur papier blanc.
Message duComité de salut public le (3prairialanLXXIX dans lecalendrier républicain), demandant aux soldats de l'armée de Versailles de ne pas tirer sur le peuple de Paris.

L'armée régulière reprend sa marche dèsh du matin et le1er corps avance au nord vers laporte de Clichy en suivant le chemin de fer de ceinture. De leur côté, les fédérés tirent depuis les batteries installées sur laplace de la Concorde et auxTuileries, mais ils ne peuvent empêcher la progression des Versaillais[26].Charles Delescluze ordonne aux batteries deMontmartre de concentrer leurs tirs sur le Trocadéro mais ses ordres sont exécutés tardivement. Il fait évacuer le ministère de la Guerre et se replie avec l'ensemble du personnel à l'Hôtel de ville. Àh, les dirigeants de la Commune se réunissent et adoptent la motion deFélix Pyat qui propose que chaque membre se rende dans son arrondissement pour diriger les barricades, abandonnant toute lutte coordonnée. À midi, une proclamation rédigée par Delescluze qui engage le peuple à résister est affichée dans toute la ville. De nombreuses barricades sont édifiées comme ausquare Saint-Jacques, dans lesrues Auber,de la Chaussée-d'Antin,de Châteaudun,du Faubourg-Montmartre,de Notre-Dame de Lorette,des Martyrs, à l'église de la Sainte-Trinité, àLa Chapelle, àla Bastille, auxButtes Chaumont, àMénilmontant, auPanthéon, auPère-Lachaise ou sur les grands boulevards comme celui deSaint-Michel[26]. L'historienRobert Tombs dénombre environ900 barricades dressées par les défenseurs de la Commune tout au long de la Semaine sanglante[23].

Dans la matinée, deux divisions du4e corps s'emparent de lacaserne de la Pépinière et de l'église Saint-Augustin, malgré la résistance de plusieurs centaines de gardes nationaux. Les troupes du5e corps se divisent en trois colonnes : la première prend la barricade de laplace d'Eylau puis laporte Dauphine avant d'occuper lecollège Chaptal, lagare Saint-Lazare ; la deuxième enlève successivement les placesSaint-Ferdinand,de Courcelles etde Wagram ainsi que les portesdes Ternes, Bineau etd'Asnières ; enfin la troisième traverse lefaubourg Saint-Honoré pour faire la jonction avec les troupes du4e corps qui remontent la rive droite de la Seine et la3e division du corps de réserve qui vient de prendre lepalais de l'Industrie. Le4e corps occupe ensuite l'Arc de Triomphe sans résistance[26].

Sur la rive droite, les Versaillais prennent une centaine de canons sur leChamp-de-Mars puis l'École militaire, au terme d'un affrontement intense. Ils marchent ensuite vers lepalais Bourbon et entament une répression sévère : dix-sept gardes nationaux qui viennent d'être faits prisonniers sont fusillés à lacaserne Babylone. Vers19 h, les militaires du2e corps franchissent laporte de Versailles et descendent larue de Vaugirard mais sont stoppés dans les environs de lagare Montparnasse où les fédérés ont installé des canons[26]. Au soir du, ils occupent néanmoins le quart de la ville[26], tandis que desincendies se déclenchent : les obus versaillais mettent notamment le feu dans les combles du ministère des Finances,rue de Rivoli[27],[28].

Mardi : premiers incendies et intensification des combats

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.
Article détaillé :Incendies de Paris pendant la Commune.

Les communards intensifient la résistance. LeComité de salut public saisit 500 000 francs à laBanque de France et autorise les chefs de barricade à réquisitionner vivres et outils puis, avec le Comité central de la Garde nationale, il adresse une proclamation à l'intention des soldats versaillais, les invitant à fraterniser, en vain[29]. Les Versaillais concentrent leur effort surMontmartre qu'ils décident d'attaquer en contournant les barricades et les batteries orientées principalement vers le sud. La butte tombe pratiquement sans combat du fait de la désorganisation de ses défenseurs. Dans le même temps, les troupes communardes commandées parBenoît Malon finissent par abandonner lequartier des Batignolles, malgré une vive résistance[29].

Portrait photographique d'un homme.
Le général communardJarosław Dąbrowski, tué lerue Myrha.

Comme la veille, la répression versaillaise est féroce : quarante-trois hommes et femmes sont fusillés auno 6 de la rue des Rosiers[a], là-même où les générauxLecomte etClément-Thomas avaient été exécutés le. L'un des chefs de la résistance communarde,Jarosław Dąbrowski, est également abattu d'une ballerue Myrha, avant de mourir deux heures plus tard à l'hôpital Lariboisière[29].

Dans l'après-midi, les troupes versaillaises descendent de Montmartre pour enlever les défenses des placesClichy,Blanche etPigalle, malgré la résistance d'une centaine de femmes dontLouise Michel etÉlisabeth Dmitrieff. Laplace Saint-Georges, l'église Notre-Dame-de-Lorette et lecollège Rollin sont à leur tour occupés. Au centre de Paris, le5e corps s'empare de laConcorde et de l'Opéra, tandis que le2e corps fait tomber l'Observatoire. Pour retarder l'avance des Versaillais,Paul Antoine Brunel décide d'incendier tout le quartier. Vers15 h, des gardes du109e bataillon se saisissent detouries de pétrole au ministère de la Marine et mettent le feu aux bâtiments[29]. C'est le début desgrands incendies qui vont ravager de nombreux monuments parisiens : lepalais de la Légion d'honneur, lepalais d'Orsay et laCaisse des dépôts sont brûlés[28],[23], de même que lepalais des Tuileries, oùJules Bergeret avait installé son quartier général avec600 hommes[30],[31].

Dans l'Est parisien, Auguste Passedouet fait ériger plusieurs barricades et renforce l'artillerie auparc des Buttes-Chaumont,rue de Puebla et aucimetière du Père-Lachaise. Plus au sud,Maxime Lisbonne etJean Allemane tentent de mettre en état de défense lePanthéon en rassemblant des hommes de différents bataillons, mais de nombreux gardes nationaux refusent de se battre en dehors de leur quartier[29].

  • Événements du.
  • Soldats à pied et à cheval manœuvrant sur une grande place.
    Épisode de la Commune, place de la Concorde, tableau deGustave Boulanger (1871).
  • Femmes en arme brandissant un drapeau rouge, avec deux soldats montés à cheval.
    Femmes défendant labarricade de laplace Blanche, lithographie anonyme.
  • Grand bâtiment sombre avec un ciel rouge qui occupe les deux tiers supérieurs du dessin.
    Incendie des Tuileries, lithographie de Léon Sabatier et Albert AdamParis et ses ruines (1873).

Mercredi : affrontements dans l'Est parisien

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.

Cette journée est l'une des plus meurtrières du fait que les Versaillais progressent difficilement dans le réseau de rues étroites et fortement barricadées du centre de Paris, ce qui les oblige à utiliser plus massivement l'artillerie. Par ailleurs, sur la rive gauche, de nombreux insurgés sont fusillés, en particulier dans leQuartier latin. Une quarantaine de fédérés sont exécutésrue Saint-Jacques, tout commeRaoul Rigault, commandant du114e bataillon et membre duconseil de la Commune. Sous les ordres deMaxime Lisbonne etEugène Varlin, les insurgés qui défendent ce secteur se replient sur larue Mouffetard, larue des Gobelins et laButte-aux-Cailles, où le généralWalery Wroblewski a mis seize pièces d'artillerie en batterie[32].

Au nord, le1er corps versaillais s'attaque aux gares de l'Est et duNord, mais doit affronter une solide résistance sur leboulevard de Magenta. Au centre, le5e corps fait tomber laporte Saint-Denis et laporte Saint-Martin. Les incendies de la veille se poursuivent et des feux sont allumés dans la journée auLouvre, dans des maisonsrue Saint-Honoré,rue de Rivoli etrue Royale, auPalais-Royal, à l'Hôtel de ville, auPalais de justice, à laConciergerie, à laPréfecture de police, authéâtre de la Porte-Saint-Martin et auThéâtre-Lyrique[28],[30]. La poudrière duLuxembourg saute également[32],[31].

Dans la matinée, les communards ayant quitté l'Hôtel de Ville rejoignent la mairie du11e arrondissement qui devient le centre de la résistance et un vaste réseau de barricades est constitué de lacaserne du Prince-Eugène auxMagasins réunis[32]. Dans la soirée, ils font exécuterMonseigneur Darboy, archevêque de Paris, et cinq autres otages dontLouis-Bernard Bonjean, président de laCour de cassation. La mort de l'archevêque, qui avait tenté de faciliter l'échange d'Auguste Blanqui contre des prisonniers fédérés, ôte le dernier espoir d'arrêter l'effusion de sang[33]. Son exécution n'est pas une manifestation d'irréligion mais plutôt d'anticléricalisme, de refus du conservatisme de l'Église catholique[34].

Jeudi : prise finale de la rive gauche

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.

Le au soir, les Versaillais tiennent une ligne qui va de lagare de l'Est auparc Montsouris en passant par laplace du Château-d'Eau[b], l'Hôtel de ville et lePanthéon[32]. Dans la journée du, ils livrent un combat acharné pour s'emparer de laButte-aux-Cailles qui défend le13e arrondissement, le dernier encore aux mains des fédérés sur la rive gauche. L'assaut étant mené sur trois côtés, le général communardWalery Wroblewski se replie de justesse avec un millier d'hommes et quelques canons à laprison Mazas en franchissant lepont d'Austerlitz peu avant que les Versaillais ne l'assaillent. Leur fuite est notamment protégée par l'incendie duGrenier de réserve[35].

Dessin montrant des combats de rue.
Attaque de la barricade de larue Saint-Antoine par les troupes versaillaises, gravure deCharles Fichot.

Sur la rive droite, le corps de réserve progresse lentement vers laBastille et le Château-d'Eau. De nombreux chefs communards sont touchés :Charles Delescluze est tué sur une barricade etPaul Antoine Brunel est blessé à la cuisse tout commeMaxime Lisbonne qui est évacué vers la mairie du11e arrondissement sur une charrette tirée par des enfants.Auguste Vermorel, grièvement blessé à l'aine, est capturé par les Versaillais[35]. En réponse, l'exécution d'otages par les communards se poursuit : cinqdominicains du couvent d'Arcueil sont notammentmassacrés[36]. La défense des insurgés est acharnée : les hommes deClovis Dupont ralentissent considérablement la progression du4e corps dans le3e arrondissement et les Versaillais n'atteignent leboulevard du Temple qu'à la tombée de la nuit[35].

Les derniers membres du conseil de la Commune et du Comité central décident de se retirer surBelleville etMénilmontant tandis qu'à l'extérieur de la ville, les Versaillais investissent dans la journée les forts deMontrouge,Bicêtre,Ivry, ainsi que laredoute des Hautes-Bruyères[35].

Vendredi : exécutions et violences réciproques

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.

Forte de 3 000 à 4 000 hommes, la Commune de Paris n'est pas définitivement battue au matin du mais l'espoir d'une victoire des insurgés semble illusoire. Les4e et5e corps versaillais progressent face aux barricades duquai de Valmy et duboulevard Richard-Lenoir tandis que les autres troupes entreprennent une manœuvre d'encerclement : à droite, le corps de réserve versaillais suit laligne de chemin de fer de Vincennes et cherche à menacer les arrières de Belleville tout en avançant vers laBastille ; à gauche, le1er corps atteint larotonde de la Villette et prend à revers lesButtes-Chaumont. Plus de cent communards sont abattus sur une barricaderue de Charenton, et les défenseurs de larue Sainte-Marguerite sont tués jusqu'aux derniers[37].

Dessin montrant un homme agenouillé sur le parvis d'un monument, le bras tendu, alors que des soldats le mettent en joue.
Exécution deJean-Baptiste Millière sur les marches du Panthéon.
Gravure d'aprèsHenri de Montaut pourLe Monde illustré du.

En fin de journée, les communards ne tiennent plus qu'un demi-cercle allant ducanal de l'Ourcq à laporte de Vincennes en suivant lecanal Saint-Martin, leboulevard Richard-Lenoir et larue du Faubourg-Saint-Antoine. Les Prussiens cernent lefort de Vincennes et arrêtent les fugitifs[37].

Les derniers représentants de la Commune se réfugient dans une maisonrue Haxo et débattent de la situation. Malgré l'opposition de membres du Comité central,Georges Arnold, Serraillier,Jules Vallès,Frédéric Cournet,André Alavoine etEugène Varlin, denouveaux otages sont exécutés, sur ordre d'Émile Gois[38] : onze prêtres et religieux dontPierre Olivaint, trente-cinq gendarmes et quatre civils sont fusillés auno 85 rue Haxo, tandis qu'une quinzaine de personnes sont abattues ailleurs dans Paris, dontGustave Chaudey[33].

De leur côté, les Versaillais font de nouvelles victimes, dont le député de la SeineJean-Baptiste Millière, fusillé sommairement sur les marches duPanthéon[39].

Samedi : fin de la résistance organisée

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.

L'encerclement des dernières forces communardes se poursuit le. L'assaut des Buttes-Chaumont est donné en début d'après-midi et le drapeau tricolore est hissé au sommet vers16 h. Dans le même temps, le corps de réserve s'empare de laporte de Montreuil et de laporte de Bagnolet, tout en progressant dans lequartier de Charonne où la résistance faiblit[40]. Des dizaines d'insurgés refluent aucimetière du Père-Lachaise dont la grande porte est barricadée et où deux batteries d'artillerie sont installées. Vers16 h, deux brigades versaillaises franchissent le mur d'enceinte qui n'a pas été fortifié[41]. Les insurgés défendent le terrain pied à pied entre les tombes et les derniers combats ont lieu à labaïonnette à la tombée de la nuit. Le lendemain matin,147 communards sont fusillés aumur des Fédérés puis jetés dans une fosse ouverte près du mur est de l'enceinte[40],[41].

Le samedi soir, quelques îlots de résistance subsistent sous les ordres deThéophile Ferré,Charles Ferdinand Gambon,Gustave Genton,Émile Fortin,Zéphirin Camélinat ou encoreJules Vallès. Dans le haut deBelleville, les insurgés tiennent encore larue de Paris et la quadrilatère formé par les ruesFaubourg-du-Temple,Folie-Méricourt,des Amandiers et leboulevard de Belleville. La dernière réunion des dirigeants de la Commune se déroule auno 145rue HaxoGeorges Arnold etHippolyte Parent défendent encore la solution d'une médiation prussienne, tandis que les autres membres commeEugène Varlin,Gabriel Ranvier ouAlexis Louis Trinquet décident de se battre jusqu'au bout[40].

  • Combats au Père-Lachaise.
  • Gravure montrant des soldats combattants avec des armes à feu entre des tombes.
    Gravure d'Amédée Daudenarde pourLe Monde illustré du.
  • Gravure montrant des insurgés fusillés dos au mur.
    Exécution des fédérés, dessin d'Henri-Alfred Darjou (1871).
  • Dessin montrant des soldats vêtus de bleu, de blanc et de rouge combattant dans un cimetière.
    Dessin paru en 1872 dansCollection de caricatures et de charges pour servir à l'histoire de la guerre et de la révolution de 1870-1871.

Dimanche : fin des combats et début des arrestations

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Carte montrant l'avancement des troupes versaillaises dans Paris.
Du au.

Les combats se poursuivent dansBelleville et le corps de réserve et le1er corps font la jonction àRomainville pour détruire les dernières barricades. Celle de laplace du Prince-Eugène, dans le11e arrondissement, est prise en étau, et la plupart de ses défenseurs sont fusillés[42].

En début d'après-midi, les Versaillais prennent la dernière barricade des communards, dont l'emplacement reste incertain. Elle est commémorée par une plaquerue de la Fontaine-au-Roi dans le11e arrondissement mais, dans ses mémoires,Gaston Da Costa précise que la dernière barricade à tomber est, non loin de là, celle dufaubourg du Temple, à la limite entre le10e et le11e[43]. Pour certains historiens commeMichel Winock etJean-Pierre Azéma, la dernière barricade se situe à l'angle de larue de Tourtille et de larue Ramponeau[44].

Dans la soirée, des coups de feu sont encore tirés près de l'hôpital Saint-Louis et seul lefort de Vincennes est encore aux mains des insurgés. Ses occupants acceptent de se constituer prisonniers le lendemain matin : malgré la convention signée par un colonel versaillais, neuf officiers communards sont fusillés[42].

Certains communards parviennent à s'enfuir, commeJules Vallès qui se déguise en infirmier. Ce n'est pas le cas d'Eugène Varlin qui est reconnu et dénoncé par un prêtrerue Lafayette. Immédiatement arrêté, il est conduit àMontmartre,rue des Rosiers, où il est fusillé[44].

  • Derniers combats de la Semaine sanglante.
  • Dessin montrant des soldats inspectant les mains des communards capturés pour y déceler des traces de poudre.
    Versaillais inspectant les mains des communards capturés pour y déceler des traces de poudre.
  • Tableau montrant des soldats exécutant un homme.
    L'exécution deVarlin, tableau deMaximilien Luce (1914-1917).

Bilan humain et destructions

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Massacres de l'armée versaillaise

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Exécutions systématiques

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D'après l'historien Jacques Rougerie,« le vainqueur procéda à des massacres systématiques » qui« ne peuvent s'expliquer seulement par l'énervement des troupes, ou la sauvagerie des corps à corps de guerre civile »[25]. En, Robert Tombs s'appuie sur son estimation plus faible du nombre de victimes que les estimations« habituelles » pour invalider la thèse selon laquelle les exécutions auraient été dues au déchaînement spontané et indistinct de soldats versaillais hors de contrôle, et qu'au contraire la semaine sanglante revêtirait le caractère d'une« purge organisée et calculée ». Selon lui, les chefs militaires versaillais apparentant les communards à la« racaille », les exécutions auraient ciblé les prisonniers porteurs des traits caractéristiques des classes populaires perçues comme« dangereuses » et sauvages. Il conclut ainsi« qu'une très importante proportion des morts de la Semaine sanglante, voire la majorité des exécutés », ont été« les victimes de tueries organisées et quasi-légales »[45]. Les exécutions sommaires commencent dès le, alors que l'armée régulière n'a pas encore rencontré de résistance sérieuse. Comme le rappelle Jacques Rougerie, les soldats versaillais« ratissaient les quartiers, arrêtaient au moindre soupçon, exécutaient »[25].

Il considère par ailleurs que« la responsabilité de la répression incombe premièrement aux généraux de corps d'armée,bonapartistes oumonarchistes », commeErnest Courtot de Cissey,Joseph Vinoy etFélix Douay, ou de leurs subordonnés commeGaston de Galliffet, alors que les massacres sont presque inexistants lors des opérations menées dans le nord de la capitale sous les ordres du général républicainJustin Clinchant[46]. SelonAlain Bauer etChristophe Soullez, les exactions ne concernent pas les seuls combattants communards : dans les hôpitaux, des femmes, des enfants, des malades et des vieillards sont assassinés[47].

Controverses sur le nombre de morts

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Photographie montrant douze cadavres dans des cercueils en bois.
Cadavres d'insurgés dans leurs cercueils, photographie attribuée àEugène Disderi.

L'épilogue de la Commune est qualifié de« bain de sang » par de nombreux historiens, mais si tous s'accordent sur l'ampleur hors normes des massacres, le nombre exact de morts est largement débattu[48],[49]. Comme l'expliqueQuentin Deluermoz,« la difficulté du décompte tient à la nécessité de distinguer les morts dupremier Siège, ceux du second Siège puis ceux de la reconquête parisienne ; puis, de chercher les morts sur les barricades, les hommes et femmes tués dans les rues, ceux fusillés par les cours martiales, ceux morts des suites de leurs blessures, mais aussi les survivants, les prisonniers, les exilés, les fuyards, etc. »[48].

Dès la fin de la Semaine sanglante, la presse française et internationale s'interroge sur l'étendue du nombre de victimes, et lors de l'audition du maréchalMac Mahon par la commission d'enquête parlementaire sur l'insurrection du, le nombre de 17 000 morts est avancé[48],[46]. En 1876, dans sonHistoire de la Commune, l'ancien communardProsper-Olivier Lissagaray évoque 20 000 victimes[50], et la fourchette proposée par d'autres auteurs de cette époque reste assez large, les chiffres variant principalement en fonction de l'orientation politique de celui qui les avance :Maxime du Camp, journaliste ouvertement hostile à la Commune et qui s'appuie sur les registres des inhumations effectuées dans les cimetières parisiens, ne dénombre que 6 562 morts, tandis queCamille Pelletan, après examen critique des mêmes sources, évoque 30 000 victimes, en incluant une dizaine de milliers d'inhumations probables en banlieue[48],[46]. Pour les historiens duXXIe siècle, commeJacques Rougerie ouÉric Fournier, cette dernière estimation est nettement excessive[46], notamment car Pelletan cherche ainsi à présenter la Semaine sanglante comme plus meurtrière encore que laTerreur de-, une manière de réhabiliter les débuts de laPremière République[49]. Pour l'historien britanniqueRobert Tombs, qui reconnaît que« l'effusion de sang frappant les communards était effroyable », ces estimations sont très élevées et« les preuves supposées de leur exactitude s'avèrent faibles, invérifiables ou inexistantes »[7].

Dessin montrant des hommes abattus par un peloton d'exécution.
Souvenirs de la Commune. Une exécution dans lejardin du Luxembourg, gravure sur bois anonyme de conservée aumusée Carnavalet.

Dans ses différentes études sur« la guerre contre Paris », ce dernier revoit progressivement à la baisse le bilan humain de la Semaine sanglante : il évoque dans un premier temps le nombre de« 10 000 à 20 000 morts », puis d'« au moins 12 000 morts »[48] et, en, une fourchette encore plus basse, allant de 2 000 à 3 000 tués au combat ou exécutés sommairement, 1 200 à 3 000 exécutés après les combats et 1 700 à 2 800 morts des suites de leurs blessures[9]. En s'appuyant sur de nombreuses archives, il arrive finalement à la conclusion que probablement 5 700 à 7 400 personnes ont été tuées lors de la Semaine sanglante[7],[9],[48], dont environ 1 400 fusillées après les combats[10]. PourQuentin Deluermoz, l'historien britannique« s'inscrit en fait dans une tendance historiographique concernant les grands massacres duXIXe siècle » qui consiste à réajuster constamment leur bilan humain. Il cite en exemple laTerreur, laguerre de Vendée, labataille de Montréjeau, laRévolution de Juillet et lesJournées de Juin, dont le nombre de victimes est lui aussi revu à la baisse par les historiens[49]. Aussi, selon Jacques Rougerie, les estimations de Robert Tombs négligent les inhumations sauvages, c'est pourquoi il conclut qu'un bilan de 10 000 victimes semble le plus plausible et« reste énorme pour l'époque »[8].

En, l'écrivaine et mathématicienneMichèle Audin consacre à la Semaine sanglante une étude qui présente et analyse des documents dont un certain nombre n'a jamais été pris en compte dans les évaluations précédentes, tels que les registres des cimetières, les dépôts d'archives (dont les comptes d'une entreprise de pompes funèbres), la presse, les correspondances privées, les rapports officiels[51],[52]. Considérant que le décompte des victimes ne doit pas être arrêté au dernier jour de la Semaine sanglante afin de prendre en compte les exécutions qui se poursuivent jusqu'à mi-, elle estime que le nombre de communards tués se situe probablement entre 15 000 et 20 000[51].

Exécutions d'otages par les communards

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En face, l'armée versaillaise dénombre officiellement 873 morts et 6 424 blessés pour l'ensemble des combats livrés contre les communards depuis le début du mois d'avril, un« compte sûrement insuffisant » selon Jacques Rougerie[25]. Dans un article pour laRevue historique des armées, publié en 2005, Michaël Bourlet évoque quant à lui le nombre de900 morts[21]. SelonRobert Tombs, pour la période spécifique de la Semaine sanglante, le bilan est d'environ quatre cents soldats et officiers tués et trois mille blessés, dont mille sérieusement, soit environ cinq cents morts ou blessés par jour[4].

À ce nombre s'ajoutent les otages exécutés par les insurgés en réponse aux massacres versaillais. Ils sont évalués à une centaine par Jacques Rougerie, dont plusieurs ecclésiastiques[25]. Photographe employé par leministère de la Justice comme expert auprès du tribunal de laSeine,Eugène Appert effectue pour le compte de la propagande versaillaise un certain nombre dephotomontages qu'il publie en 1872 dans son albumCrimes de la Commune afin de dénoncer ces exactions[53].

Parmi les principaux otages exécutés figurentGeorges Darboy,archevêque de Paris ;Gaspard Deguerry, curé de l'église de la Madeleine ;Louis-Bernard Bonjean, l'un des présidents de laCour de cassation ; le banquier franco-suisseJean-Baptiste Jecker et le journalisteGustave Chaudey[54].

Les destructions

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Les combats de la Semaine sanglante entraînent des destructions massives dans toute la capitale, tant du fait des bombardements versaillais que desincendies déclenchés par les communards[55]. L'emploi massif de l'artillerie par l'armée régulière découle de la stratégie d'Adolphe Thiers qui opte pour« une approche lente, prudente et méthodique » de Paris, ce qui provoque la ruine de plusieurs quartiers de la rive gauche et de communes voisines commeNeuilly, qui subit un bombardement intense avant le déclenchement de la Semaine sanglante. Par ailleurs, une fois entrés dans Paris, les Versaillais progressent systématiquement en contournant lesbarricades, c'est-à-dire en passant par les rues adjacentes ou, quand ce n'est pas possible, en passant à travers les immeubles en perçant les murs et les cloisons. Pour ces différentes raisons, l'historienÉric Fournier affirme que les Versaillais« ont détruit bien plus de propriétés privées que [les] communards guidés par les impératifs du combat »[55].

Groupe de gens habillés en bourgeois observant de près des décombres.
La curiosité. Les étrangers visitant les ruines de Paris. Gravure deDaniel Vierge,Le Monde illustré, 24 juin 1871.Bibliothèque historique de la ville de Paris.

En effet, si les incendies allumés par les insurgés touchent également des quartiers d'habitation, ils sont principalement dirigés contre des grands monuments et des bâtiments publics. D'ailleurs, les premières destructions des communards peuvent être considérées comme une riposte aux bombardements versaillais, et concernent la démolition de l'hôtel particulier de Thiers décidée le puis le renversement de lacolonne Vendôme le. Aux yeux des communards, ces destructions sont vues comme des actes de justice, et les incendies de la Semaine sanglante« ne sauraient être réduits à unehybris incontrôlée »[55].

Selon Éric Fournier, ils répondent autant à une logique purificatrice qu'à un moyen de défense pour ralentir la progression de l'ennemi. Menacés par les Versaillais, les insurgés entendent leur opposer« une barrière de flammes » selon l'expression deLouise Michel. Comme ils le proclament dans laDéclaration au peuple français du, les dirigeants de la Commune attachent plus d'importance à la défense de leur institution qu'à la sauvegarde de la ville en elle-même, de sorte que« l'incendie des monuments symboliques relève d'un ultime acte d'appropriation et de souveraineté, déniant à Versailles le droit même de disposer de la mort de Paris ». Ainsi, peu de hauts lieux sont épargnés et 238 bâtiments sont incendiés pendant la Semaine sanglante. La question de leur reconstruction est l'un des enjeux majeurs de l'après-Commune[55],[56].

Aussi, dès le mois de, les ruines parisiennes deviennent des buts de promenade. En famille ou entre amis, la foule des Parisiens s'y presse, nombreuse, malgré les risques de chutes de pierres et les façades instables. Les touristes anglais en font également un but de visite[57], nombre d'entre eux étant acheminés par l'agence Cook[58].

Après la Semaine sanglante

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Répression judiciaire

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Recherche et arrestation des fuyards

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Dessin montrant une foule de prisonniers assis ou allongés dans l'herbe gardés par des soldats en armes.
Insurgés deBelleville gardés dans leparc des Buttes-Chaumont.

À l'issue des combats, la répression versaillaise est féroce[59]. Dès le début de la Semaine sanglante, le, le chef du gouvernementAdolphe Thiers prévient qu'il entend punir sévèrement les meneurs de la Commune (« l'expiation sera complète »)[60] et la police est étroitement associée à l'armée versaillaise pour empêcher les communards de s'enfuir. Un détachement de police, placé sous le commandement militaire, est ainsi attaché à chaque corps d'armée et division, et c'est à lui qu'incombe la recherche des suspects par le biais notamment deperquisitions ou de fouilles dans les gares et aux portes de la ville. Les autorités gouvernementales tentent également d'intercepter les communards à la frontière en renforçant la surveillance des ports, en particulier ceux qui sont reliés auRoyaume-Uni commeCalais,Boulogne,Dieppe etLe Havre[61].

Dessin montrant des prisonniers interrogés devant des soldats en armes.
Interrogatoire de prisonniers communards àVersailles en.

La recherche des fuyards est complexe : d'une part, la collaboration des différents services de police n'est pas efficace, ce qui permet à certains proscrits d'éviter l'arrestation, à l'image du journalisteEugène Vermersch qui se cache à Paris chez un cafetier quand la police le croit à Versailles ; d'autre part, la destruction de la plupart des fichiers individuels dans l'incendie de l'Hôtel de ville rend difficile l'identification des individus et conduit parfois à des erreurs tragiques. Comme le rapporteProsper-Olivier Lissagaray, de nombreux Parisiens sont ainsi exécutés sommairement pour simple fait de ressemblance avec un communard connu[61].

Dessin montrant des prisonniers nombreux gardés dans une salle voutée.
Prisonniers communards gardés dans les caves de l'Orangerie du château de Versailles.

Aux milliers de gardes fédérés parisiens arrêtés entre le et le s'ajoutent les insurgés faits prisonniers durant la semaine de combats à l'intérieur de la capitale, mais les arrestations se poursuivent aux mois de juin et juillet, souvent après dénonciation. Selon le décompte établi par le rapport dugénéral Appert, remis à l'Assemblée le[62], ces dispositions concernent 38 614 personnes, dont 36 909 hommes, 1 054 femmes et651 enfants de moins de16 ans. Tandis que967 prisonniers, dont10 enfants, meurent en détention avant que la procédure de jugement n'arrive à son terme, 1 909 sont remis en liberté après un simple interrogatoire et 212 autribunal civil pour des faits relevant de sa compétence[60]. Les prisons de la région parisienne ne pouvant accueillir de si grands effectifs, environ 28 000 détenus sont transférés vers despontons amarrés dans les grands ports du nord-ouest de la France[60].

Au-delà du fait de punir les participants de l'insurrection, la répression menée par le gouvernement versaillais lui permet d'écarter ses opposants, en supprimant notamment laGarde nationale, trop encline à encadrer et accompagner les mouvements populaires : elle est dissoute par une loi votée à l'Assemblée le[63].

Conseils de guerre et condamnations

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Dessin d'une vue d'ensemble d'un tribunal
Des conseils de guerre se tiennent à Versailles pour juger les insurgés en 1871.

L'état de siège ayant été proclamé par le gouvernement en mars pour les départements de laSeine et de laSeine-et-Oise, il revient auconseil de guerre de juger les participants à la Commune. L'ampleur de la répression judiciaire conduit à la création de vingt-deux conseils de guerre en plus des quatre préexistants[60], et ces derniers siègent pendant quatre années consécutives[64]. Legénéral Appert dénombre 46 835 individus jugés, sur lesquels il y a 23 727 non-lieux, 10 137 condamnations prononcéescontradictoirement, 3 313 condamnations prononcées parcontumace, 2 445 acquittements et 7 213 refus d'informer[60],[65].

Trois hommes attachés à un poteau devant un peloton d'exécution.
Exécution deRossel,Bourgeois etFerré, le àSatory,photomontage d'Eugène Appert issu de la série desCrimes de la Commune.

Sur les 10 137 condamnations prononcées contradictoirement, on en compte 95 à lapeine de mort mais seuls23 individus sont exécutés, parmi lesquelsThéophile Ferré etLouis Rossel, fusillés àSatory le[65] ;251 personnes sont condamnées auxtravaux forcés, 4 586 à ladéportation, dont 1 169 en enceinte fortifiée et 3 417 à la déportation simple, 1 247 à laréclusion perpétuelle et 3 359 à despeines de prison variables ;332 individus sont condamnés aubannissement et 155 à des peines mineures telles que la surveillance de haute police ou une amende. Par ailleurs,55 enfants de moins de16 ans sont envoyés enmaison de correction[60],[65]. En ce qui concerne les condamnations par contumace,175 communards sont condamnés à mort, 159 aux travaux forcés, 2 910 à la déportation et 46 à la prison[60].

Outre les conseils de guerre, une commission desgrâces est instituée par la loi du afin de statuer sur le sort des condamnés pour faits relatifs à l'insurrection du[66]. Composée de quinze membres, pour la plupart royalistes, et présidée parLouis Martel, député duPas-de-Calais, elle se réunit pour la première fois le àVersailles[67],[68]. La commission des grâces se montre inflexible : seuls310 condamnés bénéficient d'une remise complète de leur peine, 286 d'une simple réduction et 1 295 d'une commutation[60].

Déportations en Nouvelle-Calédonie

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Photographies montrant des prisonniers effectuant des travaux de terrassement.
Bagnards àNouméa, arasement de la butte Conneau, vers 1875.

La loi du fixe laNouvelle-Calédonie comme lieu dedéportation pour les communards : lapresqu'île Ducos pour les condamnés à la déportation en enceinte fortifiée, l'île des Pins pour les condamnés à la déportation simple et le bagne de l'île de Nou pour les condamnés auxtravaux forcés[69],[65]. Le choix de cette île répond à plusieurs objectifs pour le gouvernement : d'une part la volonté d'une colonisation agricole qui accompagne le renforcement de la présence française dans l'océan Pacifique, d'autre part l'éloignement des communards de la métropole[69].

Une femme menottée marchant devant la foule, encadrée par des soldats à cheval.
L'arrestation deLouise Michel le, parJules Girardet.

Le premier convoi, parti à bord de lafrégateLa Danaé deBrest le, arrive àNouméa le[70]. Vingt convois se succèdent de à, transportant un peu plus de 3 800 personnes, dans des conditions très pénibles. Les prisonniers sont enfermés dans de grandes cages dont ils ne sortent qu'une trentaine de minutes pour prendre l'air sur le pont avec des rations alimentaires faibles et de mauvaise qualité et des punitions fréquentes. En tenant compte des décès, évasions, disparitions, grâces, commutations et rapatriements, sans compter les forçats de l'île de Nou, il y aurait 3 350 à 3 630 déportés en Nouvelle-Calédonie le, après les premiers décrets de grâce d'[69].

Tableau montrant deux hommes dans une barque en mer.
L'Évasion de Rochefort, tableau d'Édouard Manet (1881).

Les conditions de détention varient en fonction de la peine infligée. Pour les déportés simples, les déplacements sont autorisés dans un rayon de 25 km, à condition de se présenter une fois par mois auprès des surveillants militaires. Certains sont employés sur des chantiers de travaux publics et d'autres cultivent de petits lopins de terre, mais dans l'ensemble beaucoup souffrent de la misère. Les déplacements sont également autorisés mais plus restreints pour les déportés en enceinte fortifiée, qui sont soumis à l'appel quotidien[69]. Enfin, pour les condamnés aux travaux forcés commeLouise Michel,Jean Allemane,Maxime Lisbonne,Raoul Urbain ouAlexis Trinquet, les punitions et les sévices fréquents renforcent la pénibilité des conditions de détention. Astreints à un travail quotidien, principalement des travaux de terrassement, ils sont mêlés aux forçats de droit commun et parfois enchaînés aux pieds[69].

En 1874, l'évasion d'un petit groupe de six déportés, dontHenri Rochefort,François Jourde etPaschal Grousset, conduit au renforcement de la surveillance et au durcissement des conditions de vie des autres détenus[69].

Exil

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Article détaillé :Exil des communards.
Gravure montrant l'intérieur d'une maison d'une famille nombreuse.
Exilés communards àLondres, dessin duIllustrated London News en.

Pour fuir la répression versaillaise, de nombreux participants à la Commune choisissent l'exil. Leur nombre est estimé entre 5 000 et 6 000 individus. Le choix des terres d'exil se fait en fonction de la proximité géographique, des politiques d'accueil et des traditions d'asile, des réseaux militants ou encore de la question de la langue. Ainsi, près de 3 000 communards trouvent refuge enGrande-Bretagne, 1 500 enBelgique et environ 1 000 enSuisse. D'autres s'installent enEspagne, enItalie, enHongrie, auxÉtats-Unis voire enRussie. Si certains communards connaissent une vraie réussite en bénéficiant à l'étranger de la recherche du savoir-faire des ouvriers qualifiés parisiens, la plupart se retrouvent dans un état de précarité et de dénuement avancé[71].

Des communautés se forment à la manière des exilés des précédents régimes comme ceux duSecond Empire. Après le vote deslois d'amnistie, la grande majorité des communards choisit de revenir en France. Pour certains dirigeants de la commune, commeJules Vallès,Benoît Malon ouÉdouard Vaillant, ces années d'exil sont l'occasion d'une réflexion politique et de rencontres qui font naître des liens d'amitié et de solidarité[71].

L'amnistie des communards

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Article détaillé :Amnistie des communards.
« Le maître serrurier : Clemenceau, dit Clé-des-Champs » forgeant la clef de l'amnistie descommunards. Caricature parAndré Gill dansLa Lune rousse, 1879.

Évoquée dès la fin de la Semaine sanglante, l'amnistie des communards est longtemps repoussée : ses partisans la réclament dans un vœu de réconciliation nationale et au nom de l'humanité, des excès de la répression et du patriotisme des Parisiens pendant lesiège prussien, tandis que leurs adversaires la refusent au nom de la menace politique et sociale que ferait courir l'insurrection et parce que la répression a été menée en vertu du droit[72].

Deux propositions de loi sont déposées à la fin de l'année 1871, alors même que de nombreux communards sont encore en attente de jugement : la première en septembre parHenri Brisson, la deuxième en décembre parEdmond de Pressensé. Les deux hommes, députés de laSeine, ne soutiennent pas le mouvement communaliste, mais il s'agit pour eux de faire preuve de clémence à l'égard d'une population« égarée par les souffrances du siège »[73]. Toutefois, jusqu'en 1875, laChambre à majorité monarchiste refuse d'étudier la question dans la mesure où de nombreux députés conservateurs considèrent l'insurrection comme« un dérèglement social et moral ». La progression des républicains aux différentes élections remet la question de l'amnistie au centre du jeu. Plusieurs figures commeVictor Hugo ouGeorges Clemenceau usent de leur poids pour convaincre les parlementaires d'une responsabilité partagée par l'Assemblée et le gouvernement de Versailles dans l'escalade de la violence qui conduit à la Semaine sanglante, tout autant qu'ils déplorent la perte économique que représente l'absence des ouvriers parisiens condamnés ou déportés en Nouvelle-Calédonie, sans oublier les conditions de détention de ces derniers[73],[72].

Dessin d'un homme se tenant debout, le bras droit tendu vers la gauche et l'index pointé.
Gambetta prononçant son discours sur l'amnistie descommunards, le.

Après la conquête totale du pouvoir par les républicains en 1879,Jules Grévy étant élu à laprésidence de la République etLéon Gambetta à celle de laChambre des députés, une loi d'amnistie partielle est votée le. Soutenue par345 voix contre 104, elle permet à de nombreux déportés ou exilés de rentrer en France mais elle stipule qu'il faut d'abord être gracié pour être amnistié[74],[73]. Elle est complétée l'année suivante, avec l'appui de Gambetta, par la loi du, votée quelques jours avant que soit commémorée la premièrefête nationale[72].

Le, à l'initiative des députéssocialistes, l'Assemblée nationale adopte un texte qui proclame la réhabilitation de toutes les victimes de la répression de la Commune de Paris, ce que la majorité présidentielle d'alors considère comme un devoir de mémoire autant qu'un devoir de justice. Cette décision est cependant critiquée par les forces dedroite qui dénoncent« une instrumentalisation abusive et excessive » de l'événement à des fins électorales[15].

Regards contemporains

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Fièvre obsidionale, sauvagerie et immoralité des communards

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Portrait photographique d'un homme assis sur une chaise retournée.
Théophile Gautier (ici photographié parNadar) est l'un des écrivains les plus hostiles à la Commune.

Comme l'explique Paul Lidsky, les grands écrivains de l'époque prennent majoritairement le parti versaillais. Témoins directs ou indirects des événements, ils s'attachent à décrire les communards comme des brigands et des barbares qui ont depuis longtemps prémédité l'insurrection en profitant de l'excitation causée par les souffrances dusiège et l'humiliation de la capitulation. Dès 1871, la thèse de la « fièvre obsidionale » se répand parmi les anticommunards pour expliquer pourquoi de nombreux Parisiens rejoignent l'insurrection, c'est-à-dire l'apparition d'une maladie psychologique collective que l'enfermement, les souffrances et les privations du siège auraient causée[75]. Cette thèse est immédiatement reprise par certains écrivains commeÉmile Zola dans son romanLa Débâcle, paru en 1892 :« Dans cette population, détraquée par des mois d'angoisse et de famine, tombée désormais à une oisiveté pleine de cauchemars, ravagée de soupçons, devant les fantômes qu'elle se créait, l'insurrection poussait ainsi naturellement, s'organisait au plein jour »[75].

Paul Lidsky affirme que la plupart des écrivains refusent de donner une lecture politique et sociale des événements :« au lendemain de la Semaine sanglante surtout, ils y voient uneapocalypse, une catastrophe de caractèrebiblique, explicable par une force surnaturelle, hasard, fatalité, Dieu »[76]. AinsiThéophile Gautier livre une description entièrement à charge des insurgés :

« Il y a sous toutes les grandes villes des fosses aux lions, des cavernes fermées d'épais barreaux où l'on parque les bêtes fauves, les bêtes puantes, les bêtes venimeuses, toutes les perversités réfractaires que la civilisation n'a pu apprivoiser, ceux qui aiment le sang, ceux que l'incendie amuse comme un feu d'artifice, ceux que le vol délecte, ceux pour qui l'attentat à la pudeur représente l'amour, tous les monstres du cœur, tous les difformes de l'âme ; population immonde, inconnue au jour, et qui grouille sinistrement dans les profondeurs des ténèbres souterraines. Un jour, il advient ceci que le belluaire distrait oublie ses clefs aux portes de la ménagerie, et les animaux féroces se répandent par la ville épouvantée avec des hurlements sauvages. Des cages ouvertes, s'élancentles hyènes de 93 et les gorilles de la Commune[77],[76]. »

Paul de Saint-Victor, qui dénonce« l'orgie rouge », voit les insurgés comme« une troupe d'êtres inconnus, révélés pour la première fois par l'affiche qui portait leurs noms, rappelant, tant ils étaient obscurs, ces bandits masqués ou barbouillés de noir qui escaladent, la nuit, la maison qu'ils vont mettre à sac »[78],[79]. De la même manière, nombre d'auteurs rabaissent les communards au rang d'ivrognes« rouges de sang et de vin », ce qui apparaît finalement comme une légende intéressée largement contredite par les mesures coercitives prises par les élus de la Commune et qui accréditent leur volonté d'inscrire l'insurrection sur la voie d'une« révolution morale ». Ainsi, plusieurs témoins proches ou éloignés du mouvement comme le photographeNadar ou l'écrivainLucien Descaves s'élèvent des années plus tard pour combattre cette idée reçue[80]. Cela étant, l'accent mis sur l'immoralité prétendue des communards permet à leurs opposants de leur attribuer l'entière responsabilité des massacres de la Semaine sanglante[75].

Les conséquences des incendies

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Groupe dans une salle de tribunal dont 5 femmes sur le banc des accusées
Lespétroleuses du faubourgSaint-Germain devant le4e Conseil de guerre, gravure deFroment d'après un dessin de Maître Guérin,L'Univers illustré,.

Plus que les combats meurtriers ou les exécutions sommaires, ce sont lesincendies déclenchés par les communards qui fixent l'attention des grands écrivains, et ces incendies sont pour eux la preuve de la démence des insurgés, barbares et ennemis de la beauté[23]. La Commune est régulièrement décrite comme l'enfant deNéron[81] et les témoins versaillais ne comprennent pas que beaucoup d'incendies s'expliquent par la nécessité de la défense urgente des barricades, mais ils saisissent bien qu'il s'agit d'une fête de souveraineté, la dernière manifestation de pouvoir de la Commune. En cela les insurgés méritent d'être jugés et punis sévèrement[82].

Pour le dramaturgeCatulle Mendès, les communards ne sont qu'« Érostrate de banlieue.Sardanapales ivres de vitriol »[83], tandis que Théophile Gautier dénonce« la frénésie d'abominables sectaires [qui] a détruit en un jour ce qui devait durer des siècles »[83]. Apprenant la nouvelle des incendies depuisOxford, le philosopheHippolyte Taine ne cache pas son indignation :« Les misérables ! Ce sont des loups enragés. Et avec du pétrole ! Que pourra-t-on sauver de pareilles flammes ? Jamais les Prussiens n'en auraient fait autant[83] ». De son côté, le critique théâtralFrancisque Sarcey appelle au jugement sans concession :« C'en est fait de Paris ! J'en pleurerais d'indignation, de douleur et de rage. Pourvu qu'au moins ce ne soit pas le dernier jour de la France ! […] Recueillons-nous et tâchons dans cet écroulement universel de rester fermes[83] ».

L'image d'une punition divine est parfois invoquée, comme dans les écrits du journaliste catholiqueLouis Veuillot :« Une folie incomparable dans l'histoire, un crime inouï ! NiBabylone, ni ses filles, ni la vieilleSodome et la vieille Gomorrhe n'ont ainsi péri de leurs propres mains. Pluie de feu, pluie de soufre, averses de feu liquide, trombes de fer brûlant. Le ciel était serein, Dieu n'a pas élevé la voix. […]Jérusalem est dépassée. Depuis leChrist, aucune ville n'est tombée de cette mort[83] ».

Ainsi apparaît le mythe despétroleuses, construit par les Versaillais aussitôt après leur victoire et qui s'appuie sur les quelques exemples de femmes ayant participé aux incendies pour discréditer plus encore le mouvement[84]. À cet égard, Théophile Gautier évoque le« mot hideux, que n'avait pas prévu le dictionnaire : mais les horreurs inconnues nécessitent des néologismes effroyables »[85].

Justification de la répression

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S'il est avéré que de nombreux Parisiens ne prennent position ni pour ni contre la Commune[86], beaucoup de témoignages rapportent que dès leur entrée dans Paris le, les troupes versaillaises ont été accueillies avec satisfaction par une partie de la population, des drapeaux tricolores ayant été brandis pour l'occasion[87]. SelonÉmile Zola, alors chroniqueur parlementaire, des groupes se forment sur les grandes voies et une partie de la population salue les« libérateurs », notamment sur les grands boulevards des quartiers aisés où de nombreux Parisiens hostiles à la Commune laissent éclater leur joie[88]. Aussi, à l'issue des combats le, les manifestations hostiles à l'égard des communards sont plus nombreuses et c'est ainsi qu'une foule avide de vengeance tente de lyncherEugène Varlin avant son exécution[87].

Les 400 000 dénonciations qui interviennent dans les semaines qui suivent, la plupart de manière anonyme, illustrent bien cet état d'esprit vengeur et le souhait d'une répression violente de la part de certains Parisiens[87]. À leur tour, des écrivains comme Edmondde Goncourt, Théophile Gautier,Ludovic Halévy,Arthur de Gobineau ouAlexandre Dumas fils témoignent des convois de prisonniers communards envoyés aucamp de Satory et de la réaction souvent hostile de la population versaillaise à leur égard. Dans l'ensemble, tous se satisfont de la répression mise en place par le gouvernement, commeLeconte de Lisle :« J'espère que la répression sera telle que rien ne bougera plus, et, pour mon compte, je désirerais qu'elle fût radicale » ouAnatole France :« Enfin le gouvernement du crime et de la démence pourrit à l'heure qu'il est dans les champs d'exécution »[89].Gustave Flaubert, dans une lettre adressée àGeorge Sand, juge même la répression trop clémente :« Je trouve qu'on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l'humanité. On est tendre pour les chiens enragés, et point pour ceux qu'ils ont mordus »[89].

Mémoire et postérité

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Historiographie

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Article connexe :Historiographie de la Commune de Paris.
Portrait photographique d'un homme assis sur une chaise.
Prosper-Olivier Lissagaray vers 1875.

La Commune de Paris donne lieu à une profusion d'écrits à tel point que la bibliographie réunie en 2006 parRobert Le Quillec compte près de 5 000 entrées[90]. L'historiographie de la Semaine sanglante est étroitement liée à celle de la Commune en général et la révolte parisienne devient immédiatement un objet d'histoire en 1871. Dans les mois qui suivent l'insurrection, la publication de recueils de documents et de travaux historiques est abondante, bien que l'objectivité de certains auteurs puisse être mise en cause.Les Convulsions de Paris deMaxime Du Camp, qui porte un regard critique sur l'action des insurgés, ou à l'opposé l'Histoire de la Commune de 1871 deProsper-Olivier Lissagaray, qui défend l'idéal et l'héroïsme des communards, acquièrent tous deux une postérité certaine par leur volonté d'établir le déroulement des faits de manière argumentée[91].

Comme le remarqueQuentin Deluermoz, la Commune devient rapidement« un objet privilégié de l'histoire dite de gauche, républicaine et socialiste » qui cherche à insérer l'insurrection parisienne dans l'histoire dumouvement ouvrier et comme faisant suite aux luttes des décennies précédentes. Les travaux portent alors davantage sur les réalisations de la Commune et le parcours de certaines de ses figures que sur les combats de la Semaine sanglante[91].

Les commémorations du centenaire de la Commune en 1871 entraînent un renouvellement des questionnements historiques, et les travaux de certains historiens commeRobert Tombs se concentrent sur les soldats de la Semaine sanglante afin d'établir, d'une part, la sociologie des combattants versaillais, longtemps occultés dans l'historiographie de l'événement, d'autre part l'estimation la plus fiable possible du nombre de victimes[91]. Pour autant, l'historien Alain Dalotel constate que les événements de la Semaine sanglante tout comme les massacres de communards n'occupent que peu de place dans les différentes publications du centenaire. Journaux et magazines se contentent le plus souvent de l'évoquer en quelques lignes dans des articles plus larges consacrés à la révolte parisienne dans son ensemble. De même, aucune communication du grand colloque parisien sur la Commune, qui se déroule du 21 au, n'y est entièrement consacrée, et les massacres de la Semaine sanglante ne sont abordés que brièvement par certains intervenants[92].

La « Semaine sanglante », un chrononyme en question

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Les opérations militaires et les massacres commis du 21 au sont généralement et communément désignés par l'expression« Semaine sanglante », une formule rapidement adoptée parmi d'autres dénominations et qui comporte néanmoins quelques variations d'écriture. Comme le constate l'historienne Aude Dontenwille-Gerbaud, qui consacre une étude à cechrononyme, l'emploi des minuscules à l'initiale des deux mots est tout aussi répandu entre 1871 et 1914 que le choix d'une majuscule et d'une minuscule. L'emploi des deux majuscules se développe après laPremière Guerre mondiale puis, à partir desannées 1980, l'usage desguillemets se répand à son tour. L'historienne considère que ces différentes graphies relèvent d'une« interprétation bien évidemment politique »[93].

Portrait photographique d'un homme pris de profil, portant un chapeau rond et une moustache épaisse.
Le chansonnierJean Baptiste Clément vers 1900.

Lesyntagme « Semaine sanglante » apparaît dès 1831 dans un ouvrage de l'historienNarcisse-Achille de Salvandy qui qualifie ainsi les événements qui entraînent la chute de lamonarchie en, connus depuis sous le nom deTrois Glorieuses. Ainsi, le chrononyme revêt déjà un caractère dramatique[94]. Dans les semaines qui suivent l'insurrection parisienne de 1871, l'expression « Semaine sanglante » se répand sous diverses formes. En,Jean Baptiste Clément en faitle titre d'une de ses chansons, qui dénonce les massacres versaillais, cette chanson n’étant réellement diffusée qu'à partir de 1885. Fin 1871, l'historienProsper-Olivier Lissagaray, témoin et acteur des événements, utilise l'expression dans l'un de ses ouvrages,Les Huit Journées de mai derrière les barricades, même s'il ne l'emploie pas dans le titre. Il ne l'utilise d'ailleurs que dans un but de précision temporelle et, dans sonHistoire de la Commune publiée en 1876, l'attaque des Versaillais est dénommée« Ces nuits tragiques qui sept fois tinteront ». Dans les années qui suivent l'insurrection, les principaux ouvrages consacrés à l'insurrection ne font pas mention du terme, si bien qu'à mesure que la mémoire de la Commune se construit, les massacres parisiens n'apparaissent pas encore sous la forme d'un chrononyme unique et tragique[94].

Portrait photographique d'un homme.
Eugène Pottier vers 1870.

Pour Aude Dontenwille-Gerbaud,« la référence à la semaine (avec une minuscule) interroge le calendrier de l'événement », et le fait d'insister sur un début de semaine le dimanche, et non le lundi, permet de« montrer l'indignité des attaquants, qui ne respectent pas le jour sacré de la semaine chrétienne, plutôt que celle du monde ouvrier habitué des lundis », traditionnellement jour chômé. Par ailleurs, les bornes chronologiques de l'événement varient parfois : l'attaque versaillaise était initialement prévue pour lelundi 22 ou le mardi, et n'est avancée qu'en raison de l'opportunité d'un bastion non défendu, et l'armée régulière ne rencontre pas de véritable opposition avant la journée du 24[95].

Ainsi« le syntagme de semaine sanglante ne se forge donc pas sur une réalité temporelle de huit jours » mais« le récit de l'événement se construit à partir de la représentation sociale de la semaine ». L'usage de l'expression« Semaine sanglante » se répand plus massivement au tournant desannées 1880 : dans un ouvrage paru en 1879, l'historien Louis Fiaux affirme que« l'imagination publique fut tellement frappée [par la férocité des combats] qu'elle la baptisa d'une expression tragique : elle l'appela la Semaine sanglante », et les poèmes d'Eugène Pottier y font référence, comme Jean Baptiste Clément une nouvelle fois en 1881 dansLa revanche des communeux. Dès lors, ce syntagme est définitivement repris et privilégié par rapport à d'autres expressions[96].

Hommages

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Le mur des Fédérés

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Article détaillé :Mur des Fédérés.
Femme en tenue de deuil montrant le mur à deux jeunes enfants.
La Veuve du fusillé devant le mur des Fédérés, tableau d'Ernest Pichio (1877).

Dans les années qui suivent la Commune, c'est d'abord lesoulèvement du qui est privilégié dans les commémorations de la gauche républicaine, qui entend ainsi célébrer le succès populaire et la prise de pouvoir des insurgés plutôt que la répression sanglante du mouvement. Ce n'est que dans lesannées 1880 que la Semaine sanglante est remise en avant car, selon l'historienGilles Candar,« insister sur le sacrifice des victimes favorise une vision héroïque, unissant justement dans le sacrifice l'ensemble des communards et les transformant en martyrs d'une cause dont l'interprétation se révèle de plus en plus libre »[97]. Lemur des Fédérés, lieu du massacre de147 communards aucimetière du Père-Lachaise, devient le symbole majeur de l'événement, mais jusqu'en 1879, tout pèlerinage et toute cérémonie de commémoration sont strictement interdits à cet endroit[41].

La situation évolue après le vote des lois d'amnistie et la première « montée au mur des Fédérés » se déroule le, à l'appel du socialisteJules Guesde[15]. En 1882, lapréfecture de police, inquiète de l'afflux de visiteurs, décide de faire remblayer cette partie du cimetière, mais deux ans plus tard, l'ancien communardJules Joffrin convainc le Conseil municipal de Paris d'accorder aux familles des victimes le droit d'ériger un monument collectif en mémoire des fusillés. La préfecture s'y oppose mais un compromis est trouvé en 1908 avec la pose d'une plaque officielle sur le mur. L'année suivante, une sculpture monumentale réalisée parPaul Moreau-Vauthier est adossée au mur extérieur du cimetière, sur l'avenue Gambetta. La France y est représentée sous la forme d'une femme pleurant ses enfants communards et versaillais réconciliés dans la mort[98],[41].

La montée au mur des Fédérés devient rapidement un rassemblement rituel et un enjeu de pouvoir pour les forces degauche[41]. En 1936, quelques semaines seulement après la victoire duFront populaire, la manifestation rassemble 600 000 personnes, dontLéon Blum etMaurice Thorez[99]. En 1971, la célébration du centenaire de la Commune rassemble 100 000 hommes séparées en quatre cortèges à cause des rivalités politiques[100]. Le, sous la présidence deFrançois Mitterrand, le mur des Fédérés est classémonument historique[41].

Autres lieux de mémoire

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Une plaque commémorative, inaugurée parPierre Mauroy en 1991, est posée sur l'immeuble duno 17 de larue de la Fontaine-au-Roi, dans le11e arrondissement, sur le lieu présumé de la dernière barricade de la Commune[101].Un bas-relief et une autre plaque commémorative des derniers combats de la Commune se trouvent également à la jonction des ruesde la Ferme-de-Savy etJouye-Rouve, dans une entrée duparc de Belleville. Uneplaque auno 1bis, rue de la Solidarité dans le19e arrondissement, signalée parL'Aurore du[102], rend hommage à ceux qui sont morts au combat dans lequartier des Carrières d'Amérique ou qui y ont ensuite été exécutés sommairement, ainsi qu'à ceux dont les corps y ont plus tard été jetés.

En 2011, pour le140e anniversaire de la Commune, plusieurs plaques commémoratives sont installées à l'initiative de l'association desAmies et Amis de la Commune de Paris 1871. Le, une plaque est apposée dans le hall de la mairie du11e arrondissement pour rappeler que les membres de la Commune y ont siégé du 24 au après leur départ de l'Hôtel de ville. Le, une autre plaque est apposée sur un mur de l'anciennecaserne Lobau, lieu d'exécution de nombreux insurgés[103].

  • Plaques commémoratives de la Semaine sanglante.
  • Rue de la Fontaine-au-Roi.
  • .
    Détail de l'image précédente.
  • .
    Bas-relief et plaque (parc de Belleville).
  • « Tout près d'ici reposent de très nombreux citoyens morts en mai 1871 pour la République et la Liberté ».
    Rue de la Solidarité.

L'église Notre-Dame-des-Otages, située auno 81 de larue Haxo, est édifiée dans lesannées 1930 à l'initiative du pèrejésuite Henri Diffiné pour commémorer lemassacre d'otages commis dans cette rue le. Une voie privée auno 85 porte d'ailleurs le nom devilla des Otages[104]. Le, pendant les célébrations du cent-cinquantenaire de la Commune, une procession en hommage aux prêtres et religieux tués pendant la Commune est prise à partie par des manifestants qui reviennent de célébrer la mémoire des communards aumur des Fédérés. L'organisation de la procession en hommage aux victimes religieuses de la Commune suscite une controverse au sein des catholiques français[105],[106].

La Semaine sanglante dans les arts, la littérature et la culture populaire

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Les combats de la Semaine sanglante et la sévère répression qui s'ensuit revêtent un caractère dramatique propice à en faire un thème littéraire qui est largement utilisé dès les premières années qui suivent les événements. À titre d'exemple, lespiècesMademoiselle de Bressier d'Albert Delpit (1887),L'Ami de l'ordre deGeorges Darien (1898) ouLa Saignée deLucien Descaves (1913), comme les romansLa Mendiante de Saint-Suplice deXavier de Montépin (1895) ouL'Apprentie deGustave Geffroy (1904), se déroulent pendant la Semaine sanglante[92]. Bien qu'il n'apporte pas son soutien au mouvement communaliste parisien,Victor Hugo entend dénoncer la férocité revancharde des Versaillais dans certains poèmes de son recueilL'Année terrible, en particulierSur une barricade[107]. En 1971 pour l'anniversaire des 100 ans de la Commune de Paris,Georges Coulonges sort en 1970, un livreLa Commune en chantant. C'est une étude de la Commune au travers de ses chansons. De ce livre, il tirera un spectacle du même nom, qui circulera en France, promu par les syndicats ouvriers. Unalbum 33 tours collectif éponime sera également publié. En 1998, l'écrivainJean Vautrin fait paraîtreLe Cri du peuple, un roman qui se déroule pendant la Commune et jusqu'aux dernières heures de la résistance parisienne, une œuvre ensuite adaptée enbande dessinée parJacques Tardi entre 2001 et 2004 avecle même titre. En 2018 et 2022 paraissent les deux albums duSang des cerises, qui constituent les huitième et neuvième tomes de la sérieLes Passagers du vent, du dessinateurFrançois Bourgeon. La Semaine sanglante y est évoquée au même titre que d'autres événements de la Commune mais aussi de l'histoire de la colonisation de la Nouvelle-Calédonie[108].

Les chansons qui l'évoquent sont elles aussi nombreuses, en premier lieuLa Semaine sanglante deJean Baptiste Clément, mais égalementLe Capitaine « Au mur » du même auteur, qui évoque le massacre dumur des Fédérés, ou encore les chansons d'Eugène PottierLa Terreur blanche,Elle n'est pas morte ! ouL'Insurgé[109],[110]. Composées pendant la répression ou l'exil, ces chansons traitent principalement de la vengeance des vainqueurs ou du martyre des vaincus, comme pour combattre les nombreux texte anti-communards qui paraissent alors. C'est à partir desannées 1880 que leur popularité s'accroît fortement[111].

En 1971, l'artiste plasticienErnest Pignon-Ernest, engagé auParti communiste français, réaliseLes Gisants, une œuvre d'art urbain composée de longues bandes de papierssérigraphiées à l'image répétée à l'infini d'un fédéré fusillé[112]. Soninstallation sur les marches menant à labasilique du Sacré-Cœur de Montmartre constitue alors une provocation car l'artiste entend ainsi donner« une sépulture éclatante à des individus qui avaient été jusqu'alors condamnés à l'anonymat descharniers et desfosses communes »[113].

Les combats de la Semaine sanglante sont le thème de nombreux tableaux, parmi lesquelsDerniers combats au Père-Lachaise, réalisé dès 1871 parHenri Félix Emmanuel Philippoteaux[114], ouUne rue de Paris en mai 1871, exécuté parMaximilien Luce entre 1903 et 1905 et qui montre les cadavres de communards abattus en pleine rue[115].Édouard Manet leur consacre plusieurslithographies commeGuerre civile etLa Barricade[116]. Sur un autre plan, parmi les nombreux films et documentaires consacrés à l'histoire de la Commune, certains évoquent plus précisément les combats de la fin mai, commeSemaine Sanglante deJoël Farges, sorti en 1976, ouLa Barricade du Point-du-Jour, réalisé parRené Richon en 1977[117],[118].

Notes et références

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Notes

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  1. Ancienne rue qui correspond à une portion de l'actuellerue du Chevalier-de-La-Barre.
  2. La place du Château-d'Eau est aujourd'hui la place de la République.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Sources primaires et témoignages

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Ouvrages historiques et thématiques

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Documentaires

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  • Paris 1871 la semaine sanglante, documentaire réalisé parJean-Pierre Gallo en 1976 (54 minutes)[voir en ligne].
  • 28 mai 1871, l'ordre règne à Paris, documentaire réalisé par Michel Pamart en 1971 (52 minutes)[voir en ligne].
  • Les Damnés de la Commune, documentaire réalisé par Raphaël Meyssan en 2021 (87 minutes)[voir en ligne].

Articles connexes

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Liens externes

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