La plupart des spécialistes considèrent l’origine du nomSequana comme incertaine et obscure. Certains[Qui ?] y voient une erreur de transcription d'un ou de plusieurs motsceltiques différents. D'autres[Qui ?] unhydronyme préceltique, au motif que le groupe [kʷ] n'existe pas en celtiquegaulois (etbrittonique), où il a évolué en [p] (exemple :pinp[etos] « cinq[uième] » en gaulois[10],pimp engallois,pemp enbreton, par contre irlandaiscinc[citation nécessaire], latinquinque >cinq, etc. — ils procèdent tous de l'indo-européen*pénkʷe). Cependant, cette évolution a pu se produire postérieurement à l'attribution du nomSequana par les premiers arrivants celtes : ceux-ci semblent en effet avoir parlé un « proto-celtique » où la mutation /kʷ/ > /p/ n'était pas encore réalisée, comme l'attestent certaines inscriptionsceltibères retrouvées enEspagne.
Mais rien n'empêche une réinterprétation du nom en*se-ku-ana[11]. L'élément-ana est fréquent par ailleurs en hydronymie et en toponymie. Il apparaît sous la forme à l'accusatifanam dans leglossaire d'Endlicher[12] ; il y est traduit par le latinpaludem[13] (accusatif depalus, -udis « étang, marais »). Le nom de l'Yonne contiendrait plutôt l'élément-onno (cf.onno donné pourflumen « cours d’eau, rivière, fleuve », lui aussi répandu, dans ce même glossaire). On peut douter de la celticité de ces deux termes, notamment du motonno, utilisés pourtant en gaulois, semble-t-il[13].
Pour expliquerSequana,Ernest Nègre a proposé un hypothétique thème préceltique *seikw « verser, couler, ruisseler » suivi dusuffixe gaulois-ana[14]. Une racine indo-européenne*seikʷ- de même signification a été conjecturée[15],[16].
Jacques Lacroix le fait dériver d'un radical(S)Ico- « eau »[17].Albert Dauzat propose une racine hydronomique pré-celtique*sēc- (cf.Secalonia >Sologne, peut-être de*sec- « marécage »), dont des variantes figureraient dans d'autres hydronymes*seg-, *sac-/*sag-, *sic-/*sig-[18].
Selon Philippe Diffre etCharles Pomerol, l’hydronyme proviendrait du celtesin-ane, la lente rivière ousôgh-ane, la paisible rivière[19].
LesVikings la nommaientSigna qui est encore son nom enislandais.
EnÎle-de-France et enNormandie, la faibledéclivité de la vallée de la Seine a causé la formation de multiples et profondsméandres, parfois d'une très fortesinuosité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour la même raison, les effets de lamarée se font sentir sur une centaine de kilomètres, jusqu’aubarrage de Poses, et se manifestaient jusqu’à un passé récent, par le phénomène dumascaret, appelébarre en Normandie, et qui correspond à une brusque augmentation du niveau de l'eau induite par l'onde de la marée montante lors des grandes marées. Le phénomène et le mot ont été popularisés par le roman deMaurice Leblanc appartenant à la série desArsène Lupin :La Barre-y-va.
Les « sources officielles » de la Seine sont situées sur le territoire de la commune deSource-Seine, sur leplateau de Langres, à une altitude de446 mètres[21],[3]. Les sources de la Seine sont la propriété de la Ville deParis depuis 1864[22]. Une grotte artificielle a été construite l'année suivante pour abriter la source principale et la statue d'une nymphe symbolisant le fleuve. Cependant, la capitale s'est désintéressée du site et il était question en 2004 que la parcelle revienne à la régionBourgogne[23], sans effet en 2023[24]. Le site abrite également lesvestiges d'un templegallo-romain (actuellement enfouis). Des objets témoignant du culte aux sources du fleuve (Dea Sequana) sont exposés au musée archéologique deDijon.
Les lignes rouges correspondent aux principales lignes de partage des eauxeuropéennes.
Lebassin versant de la Seine, d'une superficie de 79 000 km2[4], est quasi entièrement compris dans leBassin parisien qui, d'un point de vue géologique, constitue unbassin sédimentaire affectant la forme d'une cuvette ouverte vers laManche et l'Atlantique. Ce bassin est constitué par un empilement de formations géologiques à faible pente convergeant vers le centre et entre lesquelles s'intercalent d'importantes formationsaquifères[25]. Le relief du bassin versant de la Seine ne s'élève généralement pas au-dessus de300 mètres, sauf sur sa marge sud-est dans leMorvan où il culmine à901 mètres (Haut-Folin). La modestie de l'altitude moyenne du bassin versant explique les faiblespentes des cours d'eau (entre 0,01 et 0,03 m pour100 mètres) qui coulent globalement vers le nord-ouest, en se frayant leur chemin à travers lescuestas faisant saillie à l'est du bassin puis en incisant les plateaux du centre de la région[26].
Il est possible que laLoire ait rejoint auMiocène ou auPliocène la Seine par le cours de l’actuelLoing[27]. La Seine traversait alors une vastepénéplaine de natureargileuse sous unclimat subtropical. Il y a trois millions d'années, la région a subi un refroidissement et un soulèvement dû à la poussée des chaînes pyrénéenne et alpine au sud. Lesglaciations de l'ère quaternaire firent baisser le niveau des mers et océans, si bien que la Seine se jetait alors au large de laBretagne actuelle (laManche était la vallée du Rhin augmentée de laMeuse, de laTamise et de laSomme, entre autres)[28]. Cette période fut marquée par lamigration desméandres du fleuve, encore visible enNormandie[Quoi ?][Comment ?], et par une intenseérosion rabotant les plateaux et formant des terrasses alluviales. L'aspect actuel de la Seine remonte à la fin de la dernière glaciation, vers12 000 avant notre ère[réf. nécessaire].
DeSource-Seine (ex-Saint-Germain-Source-Seine) àHonfleur, il y a 164 communes riveraines de la Seine, parmi lesquellesParis, capitale de la France. L'une d'elles,L'Île-Saint-Denis, est même entourée par le fleuve.
Le Bassin parisien connait unclimat océanique avec un apport constant d'humidité véhiculé par les vents dominants d'ouest. Lapluviométrie est comprise entre 800 mm et 1 100 mm dans les régions côtières, et elle s'abaisse jusqu'à 550 mm dans les régions centrales faute de relief (altitude inférieure à 200 m en Île-de-France) avec un minimum dans laBeauce, pour remonter sur les marges orientales avec un maximum à 1 300 mm dans leMorvan[30]. La Seine et trois de ses principaux affluents — l'Aube, la Marne et l’Oise — qui circulent dans des régions aux caractéristiques similaires (régime océanique, faible relief et géologie identique) partagent le même régime hydrographique avec un débit maximal en janvier et un minimum en août. Le Bassin parisien comprend neufaquifères qui s'intercalent entre les différentes couches géologiques. Le réseau hydrographique est relié en différents points directement à l'aquifère la moins profonde : en fonction de la hauteur des eaux, elle alimente la Seine ou est alimentée par celle-ci. Enfin, la couche d'alluvions présente dans les vallées avec une épaisseur inférieure à10 mètres constitue une dixième formation aquifère très productive[31].
Débit moyen mensuel (en m3/s) Station hydrologique : H7900010 - la Seine àPoissy pour un bassin de 61 820 km2 et à 17 m d'altitude[4],[33] (08/12/2013 - données calculées sur 36 ans de 1975 à 2010)
En 1719, la sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer), auquel correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique dupont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine. À cause de cela, une vague dedysenterie se déploie et provoque des milliers de morts[34].
ÀParis, les crues sont mesurées depuis1876 par une échelle hydrométrique installée aupont d'Austerlitz. Néanmoins, c'est la statue duzouave dupont de l'Alma qui reste l'indicateur le plus populaire, bien que cette mesure soit peu fiable : les travaux du pont de l'Alma effectués dans les années 1970 ont surélevé la statue, rendant ainsi impossibles les comparaisons pré- et post- travaux. Au cours de lacrue de, l'eau a atteint sur cette échelle la hauteur record de 8,62 mètres[35].
Depuis 1870, la hauteur de la Seine est mesurée à la station Paris Austerlitz. S'il n'y a pas eu de grandes crues depuis une soixantaine d'années, cinq se sont produites auXXe siècle : en1910, 1920, 1924, 1945 et 1955[36],[37]. Les plus anciennes crues de la Seine connues ont été relatées par l'empereur romainJulien (crue de 358) et parGrégoire de Tours (crue de)[réf. souhaitée].
Si les crues centennales sont redoutées, le réchauffement climatique conduit inversement à envisager plusieurs hypothèses de baisse du débit du fleuve, comme le montrent les travaux duGIEC. Ainsi, dans l'hypothèse d'une hausse des températures de2 degrés d'ici 2100, le débit serait réduit de 5 % en hiver et de 10 % en été. En cas de hausse des températures de4 degrés, le débit global chuterait de 30 % avec des valeurs entre 20 % et 40 % en période estivale. Ces scénarios impliquent une diminution de l'approvisionnement des nappes phréatiques et aurait aussi pour conséquence une plus forte pollution des eaux car« à volume de pollution égal, avec un débit des eaux amoindri, la concentration des pollutions sera plus élevée »[38].
Du au, la Seine connaît unecrue importante. Le niveau d'eau culmine à 6,10 mètres dans la nuit du 3 au. C'est la plus grosse crue survenue à Paris depuis plus de 30 ans. Elle ne dépasse cependant pas les 6,18 mètres de la crue de 1982.
À la fin du mois de, la Seine connaît une nouvelle forte crue, dont le niveau culminant est atteint dans la nuit du 28 au 29 janvier, à 5,88 mètres.
La débâcle qui suit le gel de la Seine peut s'accompagner de crues liées à la pluie ou à la fonte des neiges. En1868, la débâcle peinte parClaude Monet ne fit monter le niveau des eaux que de 0,5 mètre à l'échelle duPont-Royal[39]. Après plus de30 jours de gel, celle qui commença le fut un événement unique de l'histoire du climat parisien. Elle se généralisa le où, en3 heures, le niveau des eaux monta de 1,50 mètre[Où ?] et continua de progresser. La seconde arche dupont des Invalides, côté rive droite, s'effondra[40].
Glaçons sur la Seine à Bougival parClaude Monet, 1868.
Voici une liste des principauxaffluents (longueur[1] supérieure à 100 km, oubassin versant[4] supérieur à 1 000 km2 ou débit[4] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche duconfluent) directs de la Seine et situés avec leurconfluent par la distance (km) avec la limite Ouest de l'estuaire de la Seine49° 26′ 14″ N, 0° 06′ 33″ E[1] selon son écoulement à l'aval, par l'altitude (m) (du plan d'eau en débit moyen, estimé au mieux d'après carte topographique), par larive, par le nom du département (amont si limite interdépartementale), par la commune de la pointe de confluence, par les coordonnées puis avec les 3 données comparables pour la Seine (juste à l'amont du confluent) :
Tableau de la liste des principaux affluents de la Seine
Dans un autre ordre d'idée, la Seine, bien qu'étant unfleuve, est parfois nommée « rivière » dans des ouvrages historiques[46],[47], dans la culture populaire contemporaine[48],[49] et même dans des textes officiels comme plusieurs articles duCode général des collectivités territoriales[50]. Cette dénomination se retrouve sur la Loire, qui a longtemps été gérée par la« communauté des marchands fréquentant la rivière de Loyre et autres fleuves descendant en yscelle ».« Fleuve » et« rivière » sont des notions sujettes à controverse, surtout lorsqu'elles déterminent de deux cours d'eau le principal et l'affluent ; une controverse bien illustrée dans les cas Aube contre Seine et Yonne contre Seine.
La Seine maritime ainsi qu'une partie de la basse Seine sont soumises au régime des marées, qui remontent jusqu'aubarrage de Poses dans l'Eure[51] (60 cm demarnage). On pouvait encore observer jusque dans les années 1960[52] une imposante vague qui pouvait atteindre 4 m au moment des grandes marées et qu'on appellemascaret, plus localementbarre. Le phénomène atteignait son maximum àCaudebec-en-Caux, à mi-distance environ entre Le Havre et Rouen. Il a pratiquement disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve (dragage, endiguement et modification de l'estuaire).
En1517, leport du Havre est construit parFrançoisIer, c'est le plus grand port de France. La surface de la zone industrialo-portuaire équivaut à celle de la ville deParis. En, la Seine provoque une inondation et le niveau des eaux au-dessus de l'étiage mesuré au pont de la Tournelle a été de 8,81 m. Le niveau au-dessus de l'étiage pour celle de 1910 a été au maximum, le, de 8,42 m[53]. En 1684, le roiLouisXIV inaugure lamachine de Marly installée dans le lit de la Seine àBougival, pour pomper l'eau du fleuve afin d'alimenter les jeux d'eaux duparc de Versailles. En effet, à partir des années1830 et1850 commence l'aménagement de la Seine par la construction de barrages et d'écluses ainsi que les travaux s'accompagnent de dragages du lit du fleuve, ce qui permet d'augmenter fortement le mouillage et en conséquence le tirant d'eau admissible (un peu moins de 6 m enmortes-eaux)[54].
Le,Léopoldine Hugo, fille deVictor Hugo et son époux,Charles Vacquerie, se noient dans la Seine àVillequier (Seine-Maritime) à la suite du chavirage de leur canot à voile, celui-ci étant insuffisamment lesté devant un coup de vent brusque et soudain. Victor Hugo en concevra le poème « Demain dès l'aube ». En 1900, l'État et les collectivités y installent des installations d'eau potable, des ouvrages hydrauliques, des systèmes de gestion des eaux usées en améliorant notamment le système des égouts de Paris, avec des usines de relevage des eaux usées, de vastes champs d'épandage[55]. Dès1910, la Seine connait sa dernièrecrue centennale.
Au printemps 2001, de fortes crues de la Somme déclenchent une rumeur relayée par les médias et les élus qui accusent les Parisiens d'avoir détourné la Seine en crue vers la Somme pour épargner Paris.
Le, la mairie deParis annonce que le projet de cérémonie d'ouverture desJeux de Paris en 2024 se tiendra sur des bateaux qui navigueront le long de la Seine. Des milliers d'athlètes olympiques y prendront place afin d'honorer le début des Jeux de Paris. Certains détails rendus publics dévoilent l'utilisation de laVille Lumière, sa culture et son peuple comme acteurs essentiels desJeux olympiques[57].
La Seine à Paris.La Seine près deLa Roche-Guyon, Île-de-France.Vue aérienne du Pont de Normandie, près de HonfleurLa Seine auxAndelys, Normandie.Cargo en route vers Rouen sur la Seine àVieux-Port, Normandie.L'écluse dePoses-Amfreville, Normandie, première écluse sur la Seine à partir de l'embouchure et entre Rouen et Paris.
Pour les mariniers et les services de navigation fluviale, la Seine se décompose en 5 parties :
ÀParis, existe un trafic de voyageurs, principalement touristique (bateaux promenade), mais aussi une tentative d'utiliser la Seine pour les déplacements quotidiens (Batobus). Des navettes circulent régulièrement entre latour Eiffel et leJardin des plantes ; toutefois, ce service semble intéresser davantage les touristes que les Parisiens, créant ainsi une concurrence gênante pour les bateaux promenade. Un autre service voyageur (Voguéo) a également été expérimenté entre lagare d'Austerlitz etMaisons-Alfort (sur laMarne) entre 2008 et 2011[58].
Curieusement, en revanche, de tous les cours d'eau importants de son chevelu hydrographique, la Seine est, avec l'Aube, le seul qui finisse en impasse en amont, ne rejoignant aucune autre région. Alors que par l'Oise on rejoint la Belgique et les Ardennes, par la Marne la Lorraine, l'Alsace, l'Allemagne et la Bourgogne, par le Loing la vallée de la Loire (et, par le canal du Centre, l'axe Saône-Rhône), et par l'Yonne la même vallée de la Loire ainsi que l'axe Saône-Rhône, la Seine va s'effilochant en amont de Nogent : presque abandonnée de Nogent à Marcilly, canal de la haute Seine déclassé jusqu'à Barberey-Saint-Sulpice ainsi que l'Aube jusqu'à Arcis, et aliéné de Barberey à Bar-sur-Seine où l'on n'en voit plus que quelques vestiges (écluses et maisons éclusières, parfois la cuvette du canal comme à Virey-sous-Bar).
En 2009, on dénombrait 52 espèces de poissons d'eau douce dans l'ensemble du bassin de la Seine. Cette faune n'est que pour moitié d'origine naturelle. Les grandesglaciations qui ont touché plus particulièrement le nord-ouest de l'Europe durant leQuaternaire ont appauvri la diversité de la faune piscicole naturelle de la Seine (estimée à une trentaine d'espèces[N 2]) par rapport à celle des fleuves situés plus à l'Est comme leRhin (44 espèces autochtones) ou le Danube (une centaine d'espèces). Dès leMoyen Âge, l'homme introduit lacarpe commune. AuXVIIIe siècle, lagrémille, lecarassin doré et lecarassin commun apparaissent à leur tour soit du fait d'introductions volontaires soit par colonisation depuis d'autres bassins. Mais c'est à compter de la deuxième moitié duXIXe siècle que les introductions se multiplient. Elles résultent soit de tentatives d'acclimatation d'espèces exotiques, soit de la volonté d'améliorer la productivité d'installations piscicoles. C'est à cette époque qu'apparaissent les espèces d'origine nord-américaine comme latruite arc-en-ciel (non acclimatée mais régulièrement introduite depuis), lepoisson-chat et laperche soleil. Dans la seconde moitié duXXe siècle, commence une deuxième phase d'introduction encore plus massive avec des motivations différentes. L'extension du réseau de canaux favorise également l'arrivée d'espèces étrangères. À la fin duXXe siècle, on comptait en tout 23 espèces non autochtones[N 3]. Mais les aménagements de la Seine et de ses affluents qui débutent à compter de 1850 pour favoriser la navigation créent des obstacles et suppriment les milieux naturels nécessaires aux espèces autochtones migratrices. L'esturgeon d'Europe, lesaumon atlantique et lagrande alose disparaissent des eaux de la Seine au début duXXe siècle. La pollution croissante du fleuve qui culmine à la fin des années 1960 contribue à chasser les autres espèces de cette catégorie. Au début des années 1990, 7 des 10 espèces migratrices ont disparu[N 4] et seule d'entre elles, l'anguille, reste aujourd'hui largement répandue[N 5],[59].
L'aménagement de la Seine en voie navigable, avec de nombreux barrages, a créé autant d'obstacles s'opposant au passage despoissons migrateurs. Un programme en cours, sous l'égide desVNF, vise à équiper tous les barrages de la Seine aval, entre Poses-Amfreville et Suresnes, depasses à poissons, ce qui permettra aux migrateurs de remonter jusqu'à la confluence avec laMarne[60]. Des saumons et des truites de mer ont été observés devant le barrage de Poses-Amfreville, à 150 km de l'embouchure, en 2007[61]. En 2008,260 saumons ont été comptés dans lapasse à poissons de ce barrage. Le, pour la première fois depuis très longtemps, unetruite de mer a été pêchée dans la Seine, au niveau de l'écluse de Suresnes, juste en aval de Paris[62]. S'agissant d'espèces de poissons migrateurs très sensibles aux conditions du milieu, ces événements indiquent une amélioration de la qualité des eaux de la Seine en aval de Paris.
Le, à hauteur du barrage deSuresnes en région parisienne, un saumon de 7 kg[63] a été pêché pour la première fois depuis 70 ans à un point aussi éloigné en amont sur la Seine. Des chercheurs de l'Institut National de la Recherche Agronomique -INRA (en collaboration avec l'ONEMA et leCEMAGREF) ont été sollicités pour confirmer la présence de l'espèce sur la Seine[64]. Les résultats de l'étude, publiés en, montrent que les saumons pêchés dans la Seine ont des origines diverses. Aucun poisson issu d'élevage n'a officiellement été introduit dans la Seine depuis1895, contrairement à ce qui a été fait dans d'autres bassins où des espèces avaient disparu.
Roselières dans l'estuaire de la Seine, au sud duHavre,Seine-Maritime, Normandie.
Certains marais naturels des bords de Seine ont été revalorisés et remis en état dans le but de favoriser la faune et la flore, comme àHénouville,Mesnil-sous-Jumièges ou auTrait.
En, mandaté par le SIAAP, l'hydrobiologiste Vincent Prié relève la présence dans les eaux de la Seine et de la Marne de 23 espèces de moules d'eau douce, soit le double d'il y a 30 ans, indice d'une amélioration notable de la qualité des eaux pour ces espèces sensibles aux pollutions[65]. Alors qu'il avait disparu dans les années 1970, le chabot a fat son retour aux côtés des brochets — parmi 35 et 40 espèces soit le double d'il y a trente ans, et seulement trois espèces dans les années 1970 —, mais il est concurrencé par des espèces invasives comme lesgobies[66].
En raison de la pollution des eaux et de la cohabitation avec les embarcations, labaignade dans la Seine a été interdite par arrêté préfectoral en1923, de même que dans laMarne depuis 1970 (sauf à Meaux depuis 2007)[67],[68]. Si Jacques Chirac, alors maire de Paris, avait promis en 1988 qu’il nagerait dans le fleuve pour prouver qu’il était redevenu propre, l'amélioration est alors restée insuffisante[67].
La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi, dont un bilan a été publié en 2016[69]. Pour assainir la baignade en cas d'orage et éviter les bactéries, la Ville de Paris, la région de Paris et l’État investissent dans des travaux de récupération des eaux des bateaux, de retenue des eaux d'orage et dans les stations d'épuration. Le « comité Seine » et le Conseil départemental du Val-de-Marne ont également souhaité vérifier les branchements chez les particuliers[70].
Dans la perspective d'organiser les épreuves detriathlon et denage en eau libre desJeux olympiques et paralympiques de 2024, des travaux d’assainissement d'un montant cumulé de 1,4 milliard d’euros par l’État et les collectivités[67]. Au-delà, l'objectif est de se conformer aux directives européennes sur la qualité des eaux, mais aussi pour l’appétence observée dans de multiples zones fluviales ou littorales pour la baignade urbaine, comme àCopenhague,Oslo, les rives de l'Elbe ouMarseille, alors que Paris n'a pu ouvrir en 2017 qu'une portion limitée du bassin de La Villette, sur lecanal de l'Ourcq[67].
Après analyses bactériologiques des eaux, la Maire de Paris,Anne Hidalgo, se baigne dans la Seine le, quelques jours avant l'ouverture des JO[71]. Malgré 13 jours de fermeture sur 30 en raison d'intempéries, la première ouverture à la baignade surveillée sur les trois de Bras Marie (Paris-Centre), Grenelle (XVe) et Bercy (XIIe) attire attire 35 000 personnes en juillet 2025[72]
La situation dans le domaine de la pollution s'est améliorée depuis la fin des années 1960 mais la Seine est toujours le fleuve le plus pollué d'Europe aux PCB(Le Havre et la baie de Seine, image NASA).
Le bassin de la Seine concentre 40 % de la production industrielle française et l'agriculture intensive occupe 60 % de la surface du bassin, avec pour résultat un fleuve dont le débit est parfois à moitié constitué d'eaux usées[73]. Au début des années 1960, les scientifiques considèrent la Seine comme presque biologiquement morte, seules trois espèces de poissons sur les 32 normalement présentes, indigènes ou non, étant parfois aperçues[73].
Laloi sur l'eau de 1964 permet un redressement de l'écosystème des eaux de la Seine, complétée par laloi sur l'eau du 3 janvier 1992. Des indicateurs de pollution sont créés et une aide financière et technique est proposée aux municipalités, aux agriculteurs et aux industriels. De 1991 à 2001, 10 milliards d'euros, dont 5,6 milliards par l'État, sont investis dans des infrastructures, dont 500stations d'épuration[73].
En résultat, la qualité des eaux s'améliore de manière continue, surtout à Paris, qui abrite aujourd'hui vingt espèces de poissons. Cependant les taux enazote sont toujours trop élevés, 66 % de la pollution provenant de l'agriculture, et la pollution par lesnitrates etpesticides augmente, là aussi à cause de l'agriculture. Une autre pollution est liée aux eaux de pluie qui entraînent des polluants des zones urbaines : celles de Paris représentent à elles seules l'équivalent de tous les rejets des autres municipalités du bassin[73].
La Seine a fait l'objet d'une pollution au plutonium 239 en 1961 et au plutonium 238 en 1975. L'origine en est connue puisque la pollution est issue des installations du CEA àFontenay-aux-Roses[74]. Selon l'Autorité sanitaire nucléaire -ASN le risque sanitaire est toutefois quasi nul.
La Seine est le fleuve européen le plus pollué auxpolychlorobiphényles (PCB) depuis vingt ans. Toxiques, les PCB s'accumulent dans leslipides tout le long de lachaîne alimentaire[75]. D'après des analyses effectuées par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 2008, 70 % des espèces de poissons sont impropres à la consommation à cause d'une contamination aux PCB. L'usage des PCB est interdit depuis 1987 mais, très utilisés dans les années 1970, ils se sont accumulés dans l'environnement. L'association Robin des Bois dénonce une absence de réglementation au niveau de la pêche afin de protéger la population d'une consommation à Paris, dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines[76]. Cette pollution aux PCB est étendue jusqu'à labaie de Seine où la pêche à lasardine est interdite entre 2010 et 2022[75].
En 2010, la Seine est touchée par une pollution de rondelles en plastique, pollution accidentelle, limitée et non dangereuse selon les autorités, provenant d'une station d'épuration[77].
Honoré de Balzac a décrit la Seine sous tous les angles : en ville comme à la campagne. C'est dansModeste Mignon (1844) qu'il lui accorde le plus de place :« Les quatre cavaliers, se trouvant dans un chemin assez large, allèrent de front et gagnèrent le plateau d'où la vue planait sur le riche bassin de la Seine, vers Rouen, tandis qu'à l'autre horizon les yeux pouvaient encore apercevoir la mer. — Dieu est un grand paysagiste, dit Canalis en contemplant ce point de vue unique parmi ceux qui rendent les bords de la Seine si justement célèbres[80]. » Il la décrit encore àRouen[81] et auHavre[82].
DansL'Éducation sentimentale (1869),Gustave Flaubert utilise la Seine comme métaphore de l'écoulement linéaire du temps,le symbole du déroulement narratif. Lorsque la Seine coule, c'est qu'il ne se passe rien, mais c'est également le temps qui passe. Elle est l'une des notions-clés dans la conception de cette œuvre en tant qu'anti-roman[réf. nécessaire].
De nombreux poètes, français et francophones, ont chanté la Seine :Chanson de la Seine deJacques Prévert ;Le Pont Mirabeau deGuillaume Apollinaire ;La Seine deLouis Aragon ;Aux bords de la Seine de Carlos Alvarado-Larroucau.Paul Verlaine, dansNocturne parisien, issu de son recueilPoèmes saturniens (1866), développe les idées que lui inspirent ce fleuve et le Paris au soleil couchant, replacées dans leur contexte historique de laRévolution française et en comparaison d’autres grands fleuves du monde.
La Seine, deFrancis Ponge, est un texte charnière dans l’œuvre du poète. Le thème du liquide se substitue à celui du solide jusque là dominant. Il est plus apte à traduire le travail de l’auteur d’une réécriture et de formulation multiple, où la perspective n’est pas de décrire mais de connaître[83].
Un voyage aux sources de la Seine, (1947), deJacques Réda, est le récit où le poète observe qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir la naissance d’un fleuve. Il décide, alors, de remonter la Seine depuis Paris jusqu’à sa source. Sa déambulation, àVéloSoleX, est le prétexte à des digressions poétiques.
Les Tuileries et la grande Galerie du Louvre, parIsraël Silvestre - ca. 1650.La Seine à Paris en 1937 lors de l'Exposition Universelle.LaPatrouille de France au-dessus de la Seine à Paris.Bateaux sur la Seine àParis
Le cours de la Seine est jalonné de nombreux sites touristiques.
↑Xavier Grizot, « La Seine reviendrait enfin aux sources — La ville de Paris pourrait céder son terrain au département »,Le Bien public,(lire en ligne[archive du]).
↑BrunoLecoquierre,L'Estuaire de la Seine : espace et territoire, Mont-Saint-Aignan, Universités de Rouen et du Havre,, 193 p.(ISBN2-87775-247-X),p. 16.
↑Goupil, « Note sur les grandes crues de la Seine au dix-septième siècle »,Annales des ponts et chaussées. 1ère partie, Mémoires et documents relatifs à l'art des constructions et au service de l'ingénieur,8e série,t. 44,,p. 192(lire en ligne)
↑Analyser le retour du saumon dans la Seine : quels enseignements pour la gestion des rivières ?,, Fiche de Presse Info. disponibleen ligne sur le site web de l'INRA.
↑Collectif coordonné par Vincent Rocher et Sam Azimi,Qualité microbiologique des eaux en agglomération parisienne, Édition Quæ, 2017,96 p.(ISBN9791091089296) (bilan des connaissances acquises sur la contamination microbiologique des eaux de la Seine et de la Marne en 15 ans par le SIAAP et ses partenaires ; des données sur les transferts de contaminants du réseau d'assainissement aux stations d'épuration puis au fleuve y figurent aussi).
↑« « Nous avons beaucoup travaillé pour que la Seine soit propre » : Anne Hidalgo a tenu sa promesse de se baigner dans le fleuve à Paris »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
[PIREN Seine : Le bassin de la Seine] GillesBillen, MarieSilvestre, SabineBarles, Jean-MarieMouchelet al.,Le bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie,, 52 p.(ISBN978-2-918251-00-2,lire en ligne).
[PIREN Seine : Hydrogéologie du bassin de la Seine] PascalViennot,AgnèsDucharne, FlorenceHabets, FrançoisLamy, EmmanuelLedouxet al.,Hydrogéologie du bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie,, 44 p.(ISBN978-2-918251-01-9,lire en ligne).
[PIREN Seine : le peuplement de poissons du bassin de la Seine] ÉvelyneTales, JérômeBekkuard, GuillaumeGorges, CélineLe Pichonet al.,Le peuplement de poissons du bassin de la Seine (Programme PIREN-Seine), Nanterre, CNRS et Agence de l'eau Seine Normandie,, 44 p.(ISBN978-2-918251-03-3,lire en ligne).
Jean Aubert,La Vie des bords de Seine, Éditions Horvath, Le Coteau (Loire), 1986(ISBN978-2-7171-0414-1).
Isabelle Backouche,La trace du fleuve. La Seine et Paris (1750-1850), Paris, Éditions de l'EHESS, 2016 2000, 430 p.(ISBN978-2-7132-2543-7).