Digambara (« vêtu d'espace ») est une des deux grandes subdivisions dujaïnisme, l'autre étant la brancheshvetambara (« vêtu de blanc »). Cela signifie que les moines digambara sont complètement nus, tandis que les moines shvetambara portent un vêtement blanc et un masque blanc, lemuhapatti (en). Cette division, apparue probablement en 79 av. J.C., semble due à des divergences sur des points de doctrines.
Lejaïnisme est la religion qui se fonde lesTirthankaras, une série de vingt-quatreéveillés ayant atteint la libération (moksha). Le dernier de ces « passeurs de gué » (sens de leur dénomination) a vécu auVIe siècle av. J.-C., et il est connu sous l'appellation deMahâvira (« grand héros ») ou deJina (« vainqueur »)[1]. C'est pourquoi la religion qu'il a fondée a pris le nom de « jaïnisme ». Une des caractéristiques de la vie d'ascèse que choisit Mahâvira fut l'abandon de tout vêtement, pour être simplement « vêtu d'espace »[2].
Né dans leMaghadha (nord-est de l'Inde), le mouvement se développa et se répandit en Inde. Un événement particulièrement important dans ce sens fut une décision prise parBhadrabâhu — sixième successeur de Mahâvira, qui serait mort entre 160 et 170 ans après le fondateur. Comme il pressentait qu'une famine de douze ans allait toucher le nord de l'Inde, Bhadrabâhu choisit d'émigrer et de s'établir àShravana-Belgola dans le sud du pays. Ce faisant, il laissa derrière lui des disciples qui s'occuperaient des membres de la communauté qui préféraient rester sur place[3].
Une fois la famine passée, certains pratiquants revinrent dans le Maghada, et constatèrent que plusieurs membres de la communauté avaient abandonné la nudité, conduite qu'ils ne purent que blâmer. À cela s'ajoutèrent probablement des désaccords sur des points de doctrine et de culte. Ces divergences de vues devaient aboutir, en 79 av. J.C au schisme définitif entre ceux qui allaient devenir les Digambara, « vêtus d'espace », et ceux qui prendraient le nom de Shvetâmbara, eux « vêtus de blanc »[3]. C'est du moins ce que rapportent les sources digambara, qui semblent plus cohérentes sur cette question que le récit des Shvetâmbara. Le seul point commun entre les deux narrations est la question de la famine et de la migration, épisode qui semble plausible[3].
Il se peut que le schisme trouve son origine à l'époque même de Mahâvira. Une division s'est peut-être faite entre les adeptes de Mahâvira et ceux de son prédécesseur et vingt-troisième tirthankara,Pârshva (mort, dit-on, 250 ans avant son successeur). Il est possible que Mahâvira ait laissé la liberté de choix sur la nudité, et que ses partisans aient adopté la nudité, tandis que ceux qui suivaient plutôt les enseignements de Pârshva auraient continué à porter un vêtement[4].
Par ailleurs, les sources mentionnent sept, parfois huit querelles religieuses qui éclatèrent dans la période avant et après le schisme de -79, qui auraient donné lieu à des divisions. Il y aurait également eu cinq schismes dans le courant digambara[4].
La date de 79 av. J.C. ne fait pas l'unanimité dans la recherche. On a ainsi également donné 79ap. J.C.[5], ce qui correspond à l'analyse de Jeffery Long, pour qui le schisme a dû se produire un peu avant leIIe siècle, tout en ajoutant qu'il a aussi pu s'agir d'un processus graduel[6].
Levrai schisme, le plus visible est apparu au temps deBhadrabahu, aux alentours duIIIe siècle av. J.-C. En fait les deux courants se sont divisés sur l'attachement aux choses terrestres et notamment aux habits. Les digambaras ont conservé la règle de nudité et d'ascétisme, tandis que les shvetambaras sont habillés de coton blanc. Avec le temps, les siècles passants, des interprétations différentes des textes sont apparues entre ces deux branches; pour autant les pèlerinages, les rituels, et les festivals sont en grande majorité identiques[7].
Une autre différence notable entre le jaïnismedigambara et le jaïnismeshvetambara est que le jaïnismedigambara considère qu'il faut naître homme et mâle pour pouvoir atteindre lenirvana et que la femme (y compris la nonne jaïnedigambara, qui doit vivre habillée) doit se réincarner en humain de sexe masculin pour connaître la délivrance des réincarnations par des pratiques ascétiques poussées dont fait partie la nudité intégrale en toute situation (la nudité, chez les jaïnsdigambara, est réservée aux seuls moines masculins ; dans lelingayatisme en revanche, la nudité ascétique a aussi été pratiquée par des femmes, commeAkka Mahadevi). Dans le jaïnismeshvetambara, une femme peut aussi atteindre lenirvana après être devenue nonne jaïne ; de plus, dans le jaïnismeshvetambara, leTirthankaraMallinath n'est pas un homme comme chez les jaïnsdigambara, mais une femme[8].
Des sous-sectes existent au sein même des Digambaras; les majeures sont leBisapantha, leTerâpantha et leTâranapantha. Les deux sectes mineures sont leGumânapantha et leTotâpantha[9].
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