Lasecondeintifada ouIntifada al-Aqsa (arabe :الإنتفاضة الفلسطينية الثانية ouإنتفاضة الأقصى) désigne la période de violence israélo-palestinienne à partir de jusqu'à environ. Les événements sont décrits par Israël comme une campagne de terrorisme palestinien, tandis qu'ils sont décrits par les Palestiniens comme une révolte contre l'occupation et lacolonisation[2].
Le début de la seconde intifada est marqué par la visite d'Ariel Sharon, le chef de l'opposition israélienne sur l'esplanade des Mosquées et lemont du Temple, le et lamort de Mohammed al-Dura deux jours plus tard. Elle se marque par des émeutes palestiniennes dans lesterritoires occupés auxquelles se joint lapopulation palestinienne de nationalité israélienne. Elle est immédiatement réprimée par l'armée israélienne. Après quinze jours, on compte plus de 100 morts palestiniens et vingt-quatre israéliens (dix Juifs[3], ainsi que quatorzeArabes israéliens tués par la police israélienne[4]). Le, la violence grimpe d'un cran quand leHamas et leJihad islamique lancent une campagne d'attentats-suicides contre les centres urbains israéliens, avec plus d'une quarantaine d'attentats perpétrés jusqu'à la fin de l'année 2001[5].
Certains auteurs considèrent que le soulèvement prend fin en 2003 avec l'amorce de lafeuille de route pour la paix duQuartet pour le Moyen-Orient, l'accord sur une trêve avec Israël entre les différentes factions palestiniennes, et le début des pourparlers de paix entre Ariel Sharon etMahmoud Abbas[6]. D'autres auteurs considèrent qu'elle prend fin avec le cessez-le-feu observé par le Hamas, conséquence de mesures politiques et diplomatiques pour certains[7], ou de la force de dissuasion desassassinats ciblés pour d'autres[8]. Marquée notamment par la rencontre de Charm-el-Cheikh entre Sharon et Abbas ()[9], et le désengagement unilatéral israélien de Gaza, l'année 2005 est une autre date communément admise pour le terme de ces événements[10],[11],[12]. Enfin, certains politologues considèrent que les moyens d'actions ont changé, mais que la seconde Intifada se poursuit jusqu'à nos jours avec les attaques à la roquette contre Israël[13].
Retrait israélien duLiban-Sud interprété par certains comme un succès de la résistance armée duHezbollah ;
Luttes d'influence entre les factions palestiniennes duFatah et duHamas ;
Désaccord d'une partie de la population israélienne avec les concessions proposées par le gouvernement en place lors des sommets deCamp David II () puisde Taba ().
Évolution de la population israélienne dans les territoires occupés, y compris Jérusalem-Est et le plateau du Golan (1967-2016). Les immigrants comme les personnes nées sur place sont comptabilisées. Entre 1982 et aujourd'hui, la population a augmenté de manière constante d'environ 16 000 personnes par an, tant pendant les 2 intifadas (1988-1993 ; 2001-2006) que pendant les négociations de paix qui ont suivi les accords d'Oslo (1993-2000).
Le,Ariel Sharon, parlementaire et membre duLikoud (à l'époque dans l'opposition politique au gouvernement deEhud Barak), fait une visite sous haute sécurité sur l'esplanade des mosquées /mont du Temple àJérusalem. Cette visite est interprétée comme une provocation par les Palestiniens et la population arabe.
La veille,Yasser Arafat, invité à diner par Ehud Barak à son domicile, s'entretient avec le Premier ministre israélien. Il s'agit de la première rencontre entre les deux dirigeants depuis lesommet de Camp David II, deux mois auparavant. Le statut de l'esplanade des mosquées et du mont du temple occupe l'essentiel de la conversation[14]. Arafat demande à Ehud Barak d'interdire la visite car il s'agit selon lui d'une provocation susceptible d'accroître les tensions entre les deux peuples et qui risque de provoquer de nouvelles émeutes. Le général Amos Guilad, chef d'Aman, et Yehouda Wilk, inspecteur général de la police, partagent ses craintes. Barak répond à Arafat qu'il ne peut pas s'opposer à la volonté d'un membre de laKnesset de se rendre sur l'endroit[15].
Le Jerusalem Center for Public Affairs, un groupe israélien néo-conservateur, conteste le lien entre le déplacement d'Ariel Sharon et le déclenchement de la seconde Intifada et accuse Yasser Arafat d'avoir planifié le soulèvement depuis l'échec dusommet de Camp David II à l'été2000[16]. D'autres analystes excluent le caractère prémédité du soulèvement et pensent au contraire qu'Arafat n'a fait que prendre en marche le train de l'Intifada.
Le rapport Mitchell du Sénat américain a estimé que les émeutes n'étaient pas la conséquence de la visite d'Ariel Sharon[17], bien que son « effet provocateur » aurait dû être prévu. Selon la même Commission, le Premier ministre Ehud Barak déclare que la visite « était destinée à être un acte de politique intérieure dirigé contre lui par un adversaire politique et qu'il a refusé de l'interdire ». Elle indique par ailleurs ne pas penser « qu'il y avait un plan délibéré de l'Autorité palestinienne de lancer une campagne de violences à la première occasion »[18].
146attentats-suicides ciblant principalement des civils sont perpétrés en Israël peu après le déclenchement de l'Intifada en 2000.
Le, unattentat est commis dans une discothèque àTel-Aviv faisant 21 victimes et 120 blessés, principalement des adolescents. Cet attentat marque très durablement les esprits en Israël. Cet attentat est une des raisons invoquées par le gouvernement israélien pour la construction d'unmur de séparation ou clôture de sécurité majoritairement soutenu par la population israélienne[réf. nécessaire]. Bien que validé en tant que mesure de sécurité provisoire par laCour suprême d'Israël, l'ONU vote une résolution en sa défaveur (par 90 États pour sur 181) et demande à Israël son démantèlement[réf. nécessaire].
En 2002, l'attentat de l'hôtel Park de Netanya, qui fait 29 victimes civiles, pousse le gouvernement israélien à lancer l'opérationRempart qui avait pour objectif une réoccupation partielle des territoires autonomes sous contrôle direct de l'autorité palestinienne afin de stopper les attentats[23].
Les Palestiniens s'en prennent également aux civils israéliens dans les territoires occupés (la Cisjordanie etGaza) en tendant des embuscades meurtrières aux Israéliens.Marouan Barghouti s'impose comme « un vrai chef de guerre »[15]. Son rôle dans la campagne d'attentats-suicides contre Israël fera de lui l'un des Palestiniens les plus recherchés par les forces de sécurité israéliennes. Le, Israël capture Barghouti. Il sera inculpé par un tribunal civil pour meurtres et tentatives de meurtres dans une entreprise terroriste sous son commandement.
Lesbulldozers blindés de l'armée israélienne se préparant à entrer dansBeit Hanoun, dans la bande de Gaza, pendant la seconde intifada, printemps 2002.
Les généraux israéliens qui dirigent l'armée enCisjordanie et dans labande de Gaza demandent des instructions claires. Les troupes reçoivent l'ordre de ne circuler qu'en voitures blindées et sont autorisées à tirer dans les jambes des militants. Des brigades sont envoyées en renfort dans les territoires occupés[15].
L'armée israélienne répond aux attentats et violences palestiniennes par des bombardements aériens contre des cibles de l'Autorité palestinienne et des autres groupes responsables.
Les circonstances de l'« assassinat ciblé » deSalah Shehadeh, membre desbrigades Izz el-Din el-Qassam, en, tué par une bombe d'une tonne ayant tué 14 civils et blessé 150 personnes, ont conduit à l'ouverture d'une enquête, en Israël et enEspagne, contre les responsables de cette opération, dont le généralDan Haloutz, alors chef d'état-major de l'armée etBenjamin Ben-Eliezer, alorsministre de la Défense[25]. En 2009 l'Espagne limite la compétence universelle de sa justice à ses ressortissants, mettant fin aux poursuites contre les dirigeants israéliens.
Depuis le début de la seconde intifada, plusieurs centaines dePalestiniens sont morts lors d'affrontements armés interpalestiniens, selon les chiffres du Ministère de l'intérieur de l'Autorité palestinienne.
Les échanges de tirs entre des membres duHamas et duFatah sont courants et des incidents armés ont également eu lieu en entre groupes rivaux palestiniens auLiban. On compte enfin parmi les victimes des Palestiniens accusés d'être des collaborateurs.
Selon une ONG, cette violence a fait entre 2000 et 2005 au moins 267 victimes pararmes à feu (excluant autre catégorie d'arme) dont 98 pour la seule année 2005Voir statistiques annuelles.
La seconde Intifada met une forte pression sur le camp de la paix israélien, et permet aux sionistes radicaux de les réduire temporairement au silence : des personnalités commeAmos Oz,David Grossman etA. B. Yehoshua déclarent dans des interviews qu’il n’est plus possible de faire confiance aux Palestiniens, et publient une pétition le 2 janvier 2001 dansHaaretz déniant ledroit au retour desréfugiés palestiniens. C’est également à ce moment qu’a lieu le procès de Teddy Katz, auteur d’une thèse d’histoire controversée sur lemassacre de Tantoura de 1948, où les soldats de labrigade Alexandroni avaient massacré des dizaines de prisonniers palestiniens[27]. Le politologue françaisOlivier Roy considérait en 2002 que la seconde intifada et la victoire du Likoud en 2001 ont « relancé la volonté israélienne de réoccuper les territoires, bref de revenir à la politique d'avant Oslo : pas d'État palestinien, maintien des colonies, contrôle direct par l'armée, fragmentation de l'espace palestinien, paupérisation des populations condamnées soit à s'exiler, soit à devenir des citoyens de seconde zone dans une situation de plus en plus proche de l'apartheid »[28].
Outre une clôture, les autorités israéliennes ont décidé de créer en conséquence de la seconde intifada une « zone tampon », mais en territoire palestinien. De 100 mètres à l’origine, cette zone s'est progressivement élargie à 500 mètres, au détriment des terrains agricoles qui s'y trouvaient. En raison de l'absence de signalisation permettant de délimiter cette zone, les soldats procèdent à des tirs de sommations à l'encontre des Palestiniens s'approchant de trop près. Plusieurs Palestiniens ont été abattus[29].
Les violences liées à la Seconde Intifada ont eu des répercussions économiques plus graves que l’éclatement de labulle Internet. Affectant le tourisme et les échanges commerciaux, seules ressources d’Israël durant cette période, la Seconde Intifada a aussi influencé lesvariables macroéconomiques de base comme l'inflation, laproduction et lesdétentions monétaires qui sont liées aux risques et incertitudes inhérents à cette période de violences[30]. Letourisme fut lourdement affecté par cet épisode, entraînant unefuite de capitaux et une diminution desinvestissements.
Cependant l'économie israélienne put rapidement recouvrer après 2006 jusqu'à devenir dans la décennie suivante un important leader du progrès technologique (« start-up nation »), notamment grâce aux incitations introduites parBenyamin Netanyahou entre 2003 et 2005 en qualité de ministre des finances du second gouvernement Sharon.
Le romanL'Attentat deYasmina Khadra met en scène un médecin israélo-arabe, dont l’épouse se fait sauter pendant la seconde intifada[32].
Le romanLe Traître, dePierre Cormon, met en scène un pacifiste Suisse qui étudie leoud enÉgypte et découvre que son colocataire palestinien est impliqué dans les attentats-suicide[33].
Le romanLe journal de Soliman, deVéronique Massenot, met en scène un jeune palestinien témoignant de son quotidien lors de la seconde intifada[34].
↑Le président de l'Autorité palestinienne et le premier ministre israélien se sont engagés à faire cesser les violences, mardi 8 février à Charm el-Cheikh (La Croix, 8-02-2005.
↑« Rising of the oppressed: the second Intifada »,International Socialism, a quarterly journal of socialist theory,(lire en ligne, consulté le)
↑JonathanSchachter, « The End of the Second Intifada? »,Strategic Assessment, Institute for National Security Studies,vol. 13,no 3,(lire en ligne, consulté le)
↑Ton rêve est mon cauchemar, Elizabeth Schemla, page 111
Joël Kotek,Au nom de l'antisionisme. L'image des Juifs et d'Israël dans la caricature depuis la seconde intifada, Paris, Éd. Complexe, 2005,(ISBN2-87027-999-X)