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Cette guerre est considérée comme le prolongement de lapremière guerre de l'opium (1839-1842), lors de laquelle ces puissances souhaitent imposer à ladynastie Qing l'autorisation du commerce de l'opium, d'où le nom qui lui a été attribué.
Le conflit débute par une première série d’affrontements qui se termine par letraité de Tientsin de juin 1858. En juin 1859, les hostilités entre l’Angleterre, la France et la Chine reprennent et une expédition conjointe est organisée. Le, la guerre est déclarée officiellement. Les combats durent d'août à octobre 1860, et les 24-25 octobre 1860, letraité de Pékin est signé, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium .
8 octobre 1856,incident de l’Arrow : la police chinoise arrête àCanton l’équipage chinois d'un navire accusé de piraterie. Le consul britannique prétend mensongèrement que le bateau arborait le drapeau britannique, qu’il était enregistré àHong Kong et que la Chine n’avait donc pas le droit d’interpeller qui que ce soit à bord. Le gouverneur chinoisYe Mingchen choisit l’apaisement en faisant libérer les captifs mais une flotte de guerre britannique est tout de même dépêchée pour soumettreCanton à coups de canon. La ville est soumise à d'intenses bombardements pendant trois semaines.
23 octobre 1856 : 5 000 soldats britanniques investissentCanton.
1857 : bombardement de Canton par les Britanniques et les Français.
Mai 1858 : bombardement naval des forts du Peï-Ho qui protègent l'accès àPékin.
Malgré cet accord, les puissances européennes, dont la balance commerciale est largement déficitaire, désirent étendre leur commerce vers le Nord et vers l’intérieur de la Chine.
Les revenus du commerce de drogue sont considérables pour la couronne britannique ; ils servent notamment à maintenir à flot l’appareil étatique en Inde, où la plus grande partie de l’opium est produite[3].
Par ailleurs, le commerce de l'opium est toujours illégal en Chine. Cependant, le vice-roi de la ville deCanton le pratique tout en faisant condamner à mort les étrangers accusés de ce commerce. C'est ainsi que laFrance et lesÉtats-Unis demandent, en1854, des révisions dans letraité de Huangpu et letraité de Wanghia. LeRoyaume-Uni fait la même demande, citant les articles sur le « traitement égalitaire » dans les statuts des nations les plus favorisées.
En 1854, les ministres européens et américains contactent de nouveau les autorités chinoises et demandent des révisions des traités :
Pouvoir pénétrer sans réaction d'hostilité dans Canton ;
Pouvoir étendre le commerce à la Chine du Nord et le long dufleuve Yangzi ;
Légaliser le commerce de l’opium, qui était toujours illicite ;
Traiter directement avec la cour àPékin (volonté des Occidentaux).
La cour impériale de ladynastie Qing rejette alors les demandes de révision du Royaume-Uni, de la France et des États-Unis. Dès lors, les puissances occidentales cherchent d'autres moyens pour arriver à rééquilibrer une balance commerciale très déficitaire.
Les puissances occidentales estiment que seule la guerre peut amener l'Empire chinois à changer de position. Dès lors, le gouvernement anglais compte sur un événement qui pourrait servir de prétexte au déclenchement du conflit. Cet événement a lieu le, lors de l'incident de l’Arrow. Des officiers chinois deYe Mingchen abordent l’Arrow, un navire préalablement pirate revendu puis enregistré àHong Kong sous pavillon britannique, mais dont l'enregistrement a expiré. Ils confisquent la cargaison d'opium, capturent 12 des 14 hommes d’équipage et les emprisonnent.
Les Britanniques demandent alors officiellement la relaxe de ces marins. Ye en libère neuf mais refuse de libérer les trois derniers malgré l'insistance des Britanniques, faisant valoir la promesse faite par l'empereur de la protection des navires britanniques. Les Britanniques évoquent ensuite l’insulte faite audrapeau britannique par les soldats chinois, rapportée par Thomas Kennedy, qui est à bord d'un navire voisin au moment de l'incident et déclare avoir vu les soldats chinois descendre et mettre à terre le pavillon britannique au moment de l'intervention[4].
Bien qu'affaiblis par une mutinerie difficile à réprimer auxIndes, larévolte des Cipayes (1857-1858), les Britanniques répondent à l’incident de l’Arrow en1857 en attaquantCanton depuis larivière des Perles.Ye Mingchen, alors gouverneur des provinces duGuangdong et duGuangxi, ordonne aux soldats chinois en poste dans les forts de ne pas résister. Après avoir pris sans difficulté le fort voisin de Canton, l’armée britannique attaque la ville elle-même. Les navires de guerre américains, y compris l'USS Levant, bombardent Canton. Les habitants ainsi que les soldats résistent à l'attaque et forcent les assaillants à battre en retraite versHumen.
LeParlement britannique décide d'obtenir coûte que coûte réparation de la part de la Chine pour l’incident de l’Arrow, et le gouvernement britannique demande à laFrance, auxÉtats-Unis et à laRussie de s’allier à elle.
L’exécution du missionnaire desMEPAuguste Chapdelaine par les autorités locales chinoises en (incident dit du père Chapdelaine), dans la province du Guangxi, incite la France à rejoindre les Britanniques dans leur expédition punitive. Les Américains et les Russes offrent leur aide aux Britanniques et aux Français mais, finalement, ne les aident pas militairement.
Les Britanniques et les Français désignent des ministres plénipotentiaires chargés des négociations avec les Chinois. Le représentant britannique estLord Elgin, l'ambassadeur français le baronGros.
Ye Mingchen est capturé etBaigui, le gouverneur de Canton, se rend. Un comité mixte de l’Alliance est formé. Baigui est maintenu à son poste originel pour maintenir l’ordre au nom de l’Alliance. L’Alliance maintient Canton sous son contrôle pendant près de quatre ans. Ye Mingchen est exilé àCalcutta, enInde, où il meurt un an plus tard.
La coalition se dirige ensuite vers le nord pour prendre les forts deDagu, qui défendent l'embouchure de la rivièreHai He en aval deTianjin, en.
L'enseigne de vaisseauHenri Rieunier (1833-1918), de l'artillerie de marine, assiste à toutes les opérations de la première partie de la guerre de Chine, ses écrits exceptionnels sont conservés et relatent les évènements, comme suit :
« L'avisoMarceau participe à la prise d'assaut de Canton, grand port de la Chine méridionale, le par les flottes combinées de l'Angleterre et de la France, à la suite d'attaques contre des navires marchands anglais. Le à Canton, Henri Rieunier embarque sur la canonnière laMitraille dont il dirige les batteries d'artillerie. Le, l'amiral de Genouilly, avec l'escadre quitte Canton pour la Chine du nord. Le, agissant de concert avec les Anglais, il s'empare des forts de Ta-Kou à l'embouchure du Peï-ho dans lePetchili avant de remonter le Peï-ho jusqu'à Tien-Tsin en direction de Pékin. LaMitraille dont l'équipage fut décimé - deux officiers tués, un blessé - participe à leur attaque et à leur prise. Henri Rieunier fut chargé de miner et de faire sauter le fort sud de l'embouchure de Peï-ho, en.
En, letraité de Tianjin conclut la première partie de la guerre à laquelle la France, la Russie et les États-Unis sont parties prenantes. Ce traité ouvre onze ports supplémentaires au commerce occidental. Mais, dans un premier temps, les Chinois refusent de le ratifier.
Les points principaux du traité sont :
Le Royaume-Uni, la France, la Russie et les États-Unis auront le droit d’établir des missions diplomatiques àPékin, jusque-là, cité interdite ;
Dix ports chinois supplémentaires seront ouverts au commerce étranger, y comprisNiuzhuang,Danshui,Hankou etNankin ;
Le droit pour tous les navires étrangers, y compris les navires commerciaux, de naviguer librement sur leYangzi Jiang ;
Le droit pour les étrangers de voyager dans les régions intérieures de la Chine dont ils étaient jusqu’à présent bannis ;
La Chine doit payer une indemnité au Royaume-Uni et à la France de deux millions detaels d’argent chacune ;
La Chine doit payer une indemnité aux marchands britanniques de deux millions detaels d’argent pour la destruction de leurs propriétés.
Les négociations se poursuivent et, en, le gouvernement central accepte de légaliser le commerce de l’opium : en1886, ce commerce porte sur 180 000 caisses (environ 10 000 tonnes). Dès1878, on estime à environ cent millions le nombre de consommateurs d'opium en Chine (occasionnels ou réguliers).
Les Chinois acceptent que les droits de douane soient extrêmement faibles et que la gestion des douanes passe sous contrôle étranger.
La ratification a lieu plus d'un an après. Le gouvernement chinois laisse traîner les choses et les Britanniques et Français ont recours à la force pour aller plus vite : 11 000 Britanniques et 7 000 Français s’embarquent sur les eaux chinoises.
Le, letraité d'Aigun est signé avec la Russie pour réviser les frontières entre la Chine et la Russie telles qu’elles avaient été définies par letraité de Nertchinsk en1689.
Les Russes s’étendent vers la Chine, car ils ne peuvent s’étendre vers le Proche-Orient, laguerre de Crimée ayant été perdue en 1856. Il y a très longtemps que Russes et Chinois s’étaient entendus sur des frontières communes. Par la suite, les Russes avaient essayé de repousser les frontières (au-delà du fleuveAmour, en chinois Heilong Jiang) et avaient installé deux forts. Les Russes profitent de la deuxième guerre de l'opium pour consolider leur avancée. Ils collaborent en sous-main avec Français et Britanniques et se posent en médiateur. La Russie gagne la rive gauche du fleuve ainsi que le contrôle d’un territoire hors gel le long de la côtePacifique, où elle fonde la ville deVladivostok (le souverain de l’Est) (anciennement Haishenwei), en1860.
Les Russes ont les mêmes privilèges que les autres pays et la Chine reconnaît formellement leur annexion de plus d'un million de kilomètres carrés de territoires.
En 1859, après le refus de la Chine d’autoriser l’établissement d’ambassades à Pékin, comme stipulé dans le traité de Tianjin, une force navale sous le commandement de l’amiral SirJames Hope(en) encercle les forts gardant l’embouchure de la rivièreHai He, mais subit des dommages et fait retraite sous la couverture d’un escadron naval commandé parJosiah Tattnall.
Intérieur de l'angle dufort nord de Taku immédiatement après sa capture. Photo par Felice Beato (21 août 1860)
La force française arrive devant Pékin le au soir, suivie par les Britanniques le lendemain. Nommant son frère, leprince Gong(en) comme négociateur, l’empereur chinoisXianfeng se réfugie dans son palais d’été deChengde. Les troupes franco-britanniques pillent et saccagent lePalais d'Été[5] ultérieurement, dès le 7 au soir, avant qu'il ne soit incendié le par les Britanniques en représailles à la torture et à l'exécution d'une vingtaine de prisonniers européens et indiens (dont deux envoyés et un journaliste britannique du journalThe Times). L'incendie dure trois jours et le vieux palais d'été est totalement détruit. La majeure partie des trésors s'y trouvant sont préalablement répertoriés par le général français et son homologue britannique, et rapportés à Paris et Londres pour entrer dans des collections d'État ou des ventes aux enchères. Cependant, Pékin elle-même n'est pas prise, les troupes restant cantonnées en-dehors de la ville.
Après la fuite de Pékin de l’empereur Xianfeng et de sa suite, en, le traité de Tianjin est finalement ratifié par le frère de l’empereur, le prince Gong, lors de laconvention de Pékin le, mettant un terme à la seconde guerre de l’opium.
Le commerce de l’opium est légalisé et les chrétiens voient leurs droits civils pleinement reconnus, incluant le droit de propriété privée et celui d’évangéliser.
La convention de Pékin inclut :
La reconnaissance par la Chine de la validité du traité de Tianjin ;
L’ouverture de Tianjin en tant que port commercial, destiné au commerce avec Pékin ;
La liberté de culte en Chine. Les missionnaires catholiques français ont le droit d’acheter des terres et de construire des églises ;
L’autorisation pour les navires britanniques d’emmener de la main-d’œuvre chinoise à l'étranger pour remplacer les esclaves récemment affranchis. Cescoolies partiront pour les mines ou les plantations de Malaisie, d’Australie, d’Amérique latine, des États-Unis ;
Le paiement aux Britanniques et aux Français d’une indemnité augmentée à huit millions de taels d’argent chacun.
Les conséquences de la seconde guerre de l’opium sont :
Sur le plan économique, l’empire doit donner de grosses sommes d’argent aux pays contre lesquels il a été en guerre. De plus, labalance commerciale du pays est devenue déficitaire, car le prix très bas des exportations de thé ne suffit plus à équilibrer l’argent que les Chinois doivent payer pour acheter l’opium qui est vendu très cher. Durant les guerres de l’opium, les Russes profitent du chaos régnant dans le pays pour envahir quelques territoires chinois. La Chine doit verser 50 millions de roubles[6] au tsar pour récupérer ces terres.
La Chine est considérablement affaiblie par les deux guerres qui viennent de la ravager, mais aussi larévolte des Taiping qui continue à faire rage jusqu'en 1864. Les puissances de l’époque en profitent pour s'emparer de territoires. Ainsi, la Chine perd l’Annam au profit de la France, la Corée devient indépendante, suivie par beaucoup d’autres régions du grand empire chinois[7].
Sur le plan culturel, les pays qui ont gagné la guerre ont pillé de nombreux trésors comme les objets du « Palais d’Eté », qui, sur ordre deLord Elgin, a même été brûlé par l'armée anglaise par la suite.
Sur le plan sociétal, les pays vainqueurs peuvent imposer l'importation et la consommation de l'opium, ce qui fait que la consommation sort de la clandestinité.
La Chine vit une période difficile à surmonter et l’impératrice Cixi décide qu’il est temps que la Chine commence à se moderniser en prenant exemple sur les pays plus développés. Elle s’industrialise, commence à créer des armes, ses ports se développent et lesbateaux à vapeur apparaissent, les lignes dechemin de fer arrivent dans le pays… Une des conséquences principales de la deuxième guerre de l’opium est donc la modernisation de la Chine, qui s’ouvre alors sur le monde extérieur, ce qui lui permet de se développer.
L’empire chinois perd donc toute sa puissance à cause des guerres de l’opium. Leurs conséquences sont catastrophiques pour le pays, qui mettra des décennies à s’en remettre.
Cette guerre est l'une des premières guerres à être suivie et documentée par des photographes, parmi lesquelsFelice Beato, le britanniqueJohn Papillon et le françaisAntoine Fauchery.
↑Officiellement neutres, les États-Unis soutinrent l'armée britannique lors de la bataille de la rivière des Perles (1856) et de la seconde bataille des forts de Taku (1859).
GuyLe Moing,Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Rennes, Marines Éditions,, 620 p.(ISBN9782357430778)
Alain Peyrefitte,L’empire Immobile : le Choc des Mondes. Paris : Fayard, 1989. 558 p.
Frèches José,Il était une fois la Chine : 4500 ans d’histoire. Saint-Armad-Montrond : XO éditions, 2005. 381 p.
Bernard Brizay,Le Sac du palais d'été : seconde guerre de l'opium, éditions du Rocher, 2011, 653 p.
Jiang Tianyue, Doctorant en histoire, Université normale de Pékin. Article corrigé et condensé par Alexandre Sheldon- Duplaix, chercheur au SHD., « La marine impériale dans l’expédition de Chine »,Revue historique des armées [Online], 273 |2014.Lire en ligne.
Ch. Cousin-Montauban,L’expédition de Chine de 1860. Souvenirs du général Cousin-Montauban, comte de Palikao publiés par son petit-fils, le comte de Palikao, Paris : Plon, 1932
Comte d’Herisson,Journal d’un interprète en Chine, Paris : Ollendorff, 1886.
Capitaine Labbé,Expédition des mers de Chine. Rapports adressés à S.E. le Ministre de la Guerre, Paris : Imprimerie Impériale, 1858.* Armand Lucy,Lettres intimes sur la campagne de Chine, Marseille, Barile, 1861.
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Lieutenant de vaisseau Pallu,Examen critique et réfutation d'une relation de l'expédition de Chine en 1860, Paris : Dentu, 1864, 35p. [cote 29 965].
J. Saint-Martin,Le Comte d'Escayrac de Lauture, sa captivité chez les Chinois, 1859-1860, Noyon : G. Andrieux, 1885, 51 p.
César de Bazancourt,Les expéditions de Chine et de Cochinchine, d'après les documents officiels par le Baron de Bazancourt, Paris : Amyot, 1861-1862, 2 vol.
Henri Begouën, « La France et l'Angleterre en Chine, d'après la correspondance du Général de Palikao », inLe Correspondant, 10 octobre 1891.
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Henri Cordier,L’expédition de chine de 1860. Histoire diplomatique, Paris : Félix Alcan, 1906, 460 p.
Lord Jocelyn,La campagne de Chine ou 6 mois avec l'expédition anglaise, trad. Xavier Raymond, Paris : Delloye, 1841, carte et dessins.
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