Lafamille desScrofulariacées[1] (ScrophulariaceaeJuss.) regroupe des plantesdicotylédonesgamopétales. Ce sont desplantes herbacées à fleurs irrégulières, largement répandues autour du monde. Ses fleurs à symétrie bilatérale dont la génétique du développement a élucidé l'organogenèse évoquent souvent un museau de bête par leur rictus et leurs lèvres (muflier) ou un visage (véronique) et lui ont valu jadis le nom dePersonées donné parTournefort[2].
Le nom vient dugenre typeScrophularia, qui vient dubas latinscrofule, écrouelles, tumeur ganglionnaire, et dérive descrofa, « truie » (qui exprime l’aspect répugnant), animal sujet à cette maladie, que l’on soignait avec la Scrofulaire[3].
Les étudesphylogénétiques ont conduit à déplacer un grand nombre de genres dans d'autres familles : les Scrofulariacées (orthographe actuelle) ne comprennent ainsi plus guère enAPG que 60genres, dont lesmolènes, lesscrofulaires ainsi que lesbuddleja.
L'inflorescencebractéifère terminale estspiciforme (généralement unegrappe, unépi ou unepanicule), les fleurs étant parfois solitaires axillaires (Gratioles, beaucoup deVéroniques). Les fleurs sont hermaphrodites et à différents degrés dezygomorphie, rarementactinomorphes, avec plan de symétrie médian, parfois en partiecléistogames (Linaires,Scrophulaires). Lecaliceinfère, persistant estgamosépale (formé de 5 ou plus rarement 4sépales[10]connés entre eux au moins à leur base, formant 4-5 lobes, parfois 2 lèvres),actinomorphe ouzygomorphe ; dans ce dernier cas, lesépale postérieur peut se réduire à une petite dent (diversesVéroniques etPédiculaires) ou avorter complètement (Euphraise,Rhinanthus, etc.). Lacorolle caduque est gamosépale (formée de 4 ou 5pétales soudés) est presque toujourszygomorphe et souvent bilabiée (2 lèvres bien marquées), rarement actinomorphe (Molène). Les deux pétales qui forment la lèvre supérieure sont parfoisconcrescents dans toute leur longueur, simulant un pétale unique plus grand que les trois autres, ce qui fait paraître la fleurtétramère (diversesVéroniques). Parfois un ou plusieurs pétales sont tendus en éperon ou gonflés à la base. Le tube corollin court ou allongé, est quelquefois fermé à la base de la gorge, formant une sorte de palais (bourrelet formé par la lèvre inférieure). L'androcée est constitué le plus souvent de 4, parfois 5 étaminesépipétales. La zygomorphie s'accuse dans l'androcée par l'avortement de l'étamine postérieure (transformée enstaminode filiforme ou en écaille) et ladidynamie des quatre autres, voire la réduction de plusieurs étamines. Les filets des étamines sont libres, poilus ou glabres, habituellement inégaux ; lesanthères sontintrorses. Les Scrofulariacée se distinguent des Solanacées par la zygomorphie de leur fleur et leur androcée presque toujoursdidyname[11]. Laformule florale est :✶ ou L'ovairesupère à deux loges (rarement 3 ou 1) et placentation axile, est habituellement sur disque en forme d'anneau, parfois glanduleux. Il est surmonté d’unstyle terminal allongé ou en forme de massue et d'un stigmate bilabié ou capitulé. Sur leplacenta latéral, pariétal ou rarement central, sont insérés des ovules (2 à nombreux)anatropes ou parfoisamphitropes (rarement 1 ovule par loge), unitégumentés etcrassinucellés[12]. Le fruit est unecapsule àdéhiscence septicide, parfois loculide ou poricide, ailée ou non, habituellement à deux loges, plus rarement unebaie ou unschizocarpe. Les Scrofulariacée se distinguent des Labiées par leur fruit biloculaire contenant des graines anguleuses, chiffonnées avec albumen charnu et succulent, àdéhiscence longitudinale[9].
Les principaux genres sontVerbascum, avec 360 espèces eurasiatiques pour la plupart, particulièrement de Turquie (228 espèces),Scrophularia, avec 250 espèces réparties depuis les régions de l'hémisphère nord jusqu'en Amérique tropicale[13].
Parmi les genres présents enFrance, on peut citer[13] :
Chez la plupart des Scrofulariacées (à l'exception de la Véronique, de la Blattaire, de laScrophularia ou de l'Euphrasia aux fleurs plus ouvertes), la pollinisationentomogame s'opère essentiellement par desbourdons (genreBombus et genres voisins) suffisamment forts pour entrouvrir les lèvres de la fleur et s'introduire à l'intérieur de lacorolle pour y prélevernectar etpollen ou par des papillons à longue trompe. Certains genres (Penstemon,Castilleja) réalisent une pollinisationornithogame grâce à la présence de nectaires qui alimentent les Colibris[19].
Plusieurs Scrofulariacées ont des structures qui jouent un rôle important dans labiologie florale(en) (crêtes, taches colorées, aires poilues ou papilleuses, glandes diverses qui ornent l'intérieur de la fleur ; corolle avec casque, éperon, poche, lèvres étalées ou en cuvette, ou gorge fermée par un palais). Pour ces raisons, beaucoup de Scrofulariacées (calcéolaires,digitales,linaires,mufliers) sontornementales.
↑G. Becker, Roger Heim,Tournefort, Muséum National d'Histoire Naturelle,,p. 305.
↑Paul-Victor Fournier,Les quatre flores de la France : Corse comprise (Générale, Alpine, Méditerranéenne, Littorale), Paris, Lechevalier,, 1104 p.(ISBN978-2-7205-0529-4),p. 767
↑Hermann Merxmüller, Heinrich Nothdurft, C. Radt, M. Marthaler,Flore d'Europe. Plantes herbacées et sous-arbrisseaux, Société Française du Livre,,p. 137