Le bourg perché sur une hauteur (vue depuis la route deBolazec).
Vaste de7 094 hectares, commune donc de grande superficie, le bourg est juché au sommet d'une colline. Le territoire communal est très vallonné et est drainé par de nombreux cours d'eau : les cours amont de l'Aulne, du Squiriou et plusieurs autres affluents (le Roudouhir, le Rudalvéget, le Beurc'hoat, le Mendy, etc.). L'altitude du territoire communal est comprise entre 281 m et 86 m (le bourg est vers 240 mètres) et la commune est limitrophe au sud deLocmaria-Berrien, au sud-ouest deBerrien, au nord-est deLannéanou, à l'est deBolazec et dePlougras, cette dernière commune étant située dans le département desCôtes-d'Armor.
La commune est située dans lebassin Loire-Bretagne. Elle est drainée par l'Aulne, le Douron, le Beurc'Hoat, le Roudouhir, le ruisseau le Squiriou, le Mendy[1], le ruisseau de Roudouhir[2], le ruisseau Voaz Ven[3] et divers autres petits cours d'eau[4],[Carte 1].
LeBeurc'hoat, d'une longueur de16 km, prend sa source dans la commune dePlougonven et se jette dans l'Aulne àPoullaouen, après avoir traverséquatre communes[8].
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de typeclimat océanique franc, selon une étude duCentre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant lapériode 1971-2000[10]. En 2020, le climat prédominant est classé Cfb, selon laclassification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été frais sans saison sèche[11]. Par ailleursMétéo-France publie en 2020 une nouvelle typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique[12]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Littoral doux », exposée à un climat venté avec des étés cléments[13]. Elle est en outre dans lazone H2a au titre de laréglementation environnementale 2020 des constructions neuves[14],[15].
Au, Scrignac est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[23].Elle est située hors unité urbaine[24] et hors attraction des villes[25],[26].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d'occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (74,2 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (75,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (32,2 %),terres arables (27,1 %), forêts (15,9 %), prairies (14,9 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (9,1 %), zones urbanisées (0,7 %), mines, décharges et chantiers (0,1 %)[27]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
La paroisse de Scrignac, dépendant de l'évêché de Cornouaille, englobait lestrèves deBolazec et Coatquéau (écrit alorsCoetkaeou) et dépassait8 800 hectares. En 1585, l'existence du château de Montafilant est mentionnée : il appartenait alors à l'évêque de Tréguier, François de La Tour, seigneur de Penarstang et de Montafilant en Scrignac[32]. Scrignac est alors, duMoyen Âge à laRévolution française, pour l'essentiel sous l'autorité des seigneuries féodales de Montafilant et de Kerbrat-Hellès. Toutefois une vingtaine de villages dépendent de l'abbaye du Relec (actuellement enPlounéour-Ménez) ou desHospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (leur Commanderie est implantée alors àLa Feuillée) et sont régis selon un mode d'exploitation original : laquévaise[33].
En 1675, les manoirs de Kerizac, Kergreac'h et Kerbrat sont incendiés et pillés par lesBonnets rouges lors de laRévolte du papier timbré. Ces bâtiments sont encore en ruines en 1680, au moment de la réformation du registre du Terrier. En 1697, un document indique que le commandeur des moines Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem implantés àLa Feuillée possède dans la paroisse le "membre de Lannouédic" qui regroupe les villages actuels de Lannouédic, Kertanguy et du Quilliou. En 1774 à Scrignac, pour une population totale de 3 000 habitants environ, le nombre des journaliers était de 890 payés un salaire de misère[35]. Dans le cadre du contrat dedomaine congéable, fréquent alors enBasse-Bretagne, les autres paysans étaient domaniers.
SelonHenri Sée, en 1774, le nombre des journaliers et domestiques à Scrignac était de 890 sur une population totale qui s'élevait alors à3 001 habitants[36].
En 1782 l'évêque de Quimper, lors d'une visite pastorale, menace de fermer l'église paroissiale qui est « dans un état de ruine prochaine ». L'évêque fait transférer le culte dans la chapelle tréviale de Coatquéau « jusqu'à ce que [l'église] soit dans un état de décense et de sûreté convenables »[37].
En 1789, lecahier de doléances de Scrignac réclame la suppression desdomaines congéables qui, en fonction de l'usement (= coutume) duPoher, sont « si odieux et si préjudiciable au peuple, en ce que le colon sortant, outre la perte de ses droits par un remboursement forcé, se voit encore obligé avec l'injustice la plus criante de payer tous les frais de prisage et autre en résultant »[38].
En, Scrignac est l'objet d'une bataille entre les chouans et les républicains venus deMorlaix.
Le, un mouvement de contestation contre la République élit le dénommé Coroller comme nouveau maire. Le, un détachement de lagarde nationale est envoyé à Scrignac. Le, le patriote Jean Péron reprend possession de la mairie, et la commune est contrainte de payer une amende de 16 931 livres. Le de la même année, un curéconstitutionnel, Le Coant, s'installe à l'église de Scrignac. Il est considéré comme un intrus, et la troupe venue de Carhaix et de Morlaix ainsi que la garde nationale de la mine interviennent[39]. Étienne Bernard, le curé de Scrignac et son vicaire ayant refusé de prêter serment à laConstitution civile du clergé furent arrêtés et conduits à Brest, ainsi qu'un autre prêtre, François Guyomarc'h, originaire de Berrien, qui s'était rétracté après avoir prêté le serment de fidélité dans un premier temps. Le recteur de latrève de Coatquéau, Claude Jégou, refusa aussi de prêter serment, se cacha et son cadavre fut découvert en 1797 sur le bord d'un chemin. Ses reliques reposent dans le cimetière de Coatquéau[35].
Dans la nuit du 22 au, une bonne centaine de soldats et gendarmes auraient dispersé une troupe de 3 000 ou 4 000 rebelles et les «chouans» auraient été mis en fuite. Cette version de l'histoire locale est contestée par certains[40]. Des renforts venus de Morlaix arrivent (150 le jour même, 250 le lendemain matin), ce qui permet aux forces de l'ordre de poursuivre les rebelles à Berrien. « Tous les habitants de Berrien avaient fui... » dit le même rapport.
Un impôt forcé est prélevé, et en, un homme de Scrignac est guillotiné àCarhaix.
Au printemps1796, « dans la région de Scrignac et versLe Ponthou, des bandes se formèrent et se dirigèrent vers lesCôtes-du-Nord, sous la conduite d'inconnus disposant de beaucoup de numéraire. Des cultivateurs furent dépouillés par ces bandes ; ils se laissaient piller sans nommer leurs voleurs de crainte d'être assassinés »[41].
Le, après avoir fait relâche au village de Kéréon enGuimiliau, sept chouans dirigés par Jean François Edme Le Paige de Bar, prennent en otage Alain Pouliquen, propriétaire et fabricant de toiles au village de Mescoat enPloudiry, le conduisent au village de Lestrézec en Berrien où il est menacé de mort, puis à Scrignac où Le Paige de Bar bénéficie de complicités[43], et le font chanter jusqu'à ce qu'il écrive dans les jours qui suivent plusieurs lettres à ses enfants exigeant une rançon de 30 000 livres, à déposer tantôt à l'auberge du Squiriou, tantôt dans une auberge deCarnoët où elle est finalement remise à Le Paige de Bar, l'otage étant enfin libéré le[42].
En 1804, Jean François Edme Le Paige de Bar trouve refuge chez le maire de Scrignac, Sébastien Thépault, gendre de Coroller, ex-noble et ancien maire royaliste de Scrignac en 1792.
A. Marteville et P. Varin, continuateurs d'Ogée, décrivent Scrignac en 1853[Note 6].
Dans un conte publié en 1868,Charles Le Goffic décrit la présence desloups à Scrignac[Note 7]Le, le conseil général du Finistère adopte une délibération visant à la création d'une brigade de gendarmerie à pied à Scrignac en remplacement de la brigade de gendarmerie de La Feuillée qui était chargée de la surveillance des bagnards et des troupes qui se rendaient à Brest par voie de chemins de fer.
En réponse à une enquête épiscopale organisée en 1902 parMgr Dubillard,évêque de Quimper et de Léon en raison de la politique alors menée par le gouvernement d'Émile Combes contre l'utilisation dubreton par les membres du clergé, lerecteur de Scrignac écrit : « Scrignac,3 652 habitants, tout le monde sait et parle le breton, si l'on excepte deux employées, l'une dame receveuse des postes (...), l'autre institutrice stagiaire ; on ne trouvera pas dix personnes capables de suivre et de comprendre unsermon français »[47].
Au sein d'une Bretagne catholique et conservatrice, Scrignac a auXXe siècle longtemps voté fortement républicain et anticlérical puiscommuniste, en partie en raison de l'attitude de l'évêché. En 1887 et en 1908, la municipalité interdit au clergé de faire des quêtes. En 1910, la municipalité veut augmenter de 50 % le loyer dupresbytère, cette augmentation est refusée par l'évêché. L'évêque ordonne le retrait des prêtres de la paroisse avec mise en interdit de l'église et suppression de la sonnerie des cloches. La situation est rétablie en mars 1911 mais pendant des décennies tout prêtre sera absent de la commune. L'anticléricalisme local et le vote communiste resteront une constante.
La voie ferrée duréseau breton entre Morlaix et Carhaix est mise en service en 1892, empruntant la vallée du Squiriou, une gare Berrien-Scrignac étant construite à mi-chemin entre les deux localités ; la voie ferrée est empruntée en1896 par le président de la RépubliqueFélix Faure qui s'arrête trois minutes à la gare de Scrignac-Berrien. « À Scrignac où sonne un monotonebiniou au milieu de quarante paysans, hommes et femmes d'une saleté sordide » écrit le journaliste duJournal des débats politiques et littéraires[48], le président reçoit les félicitations du maire et y répond[49]. Cette voie ferrée eut une grande importance pour la population, facilitant les déplacements vers Carhaix ou Morlaix et suscitant un important trafic de céréales et d'animaux vivants, surtout lors des foires de Scrignac. Charbon, engrais industriels, chaux vive (en provenance deSaint-Pierre-la-Cour en Mayenne) parvenaient dans les communes concernées chaque semaine grâce à elle. Le courrier également, acheminé ensuite en chars à bancs jusqu'à Berrien et Scrignac[50]. Le trafic voyageur cessa dès 1939 (transféré sur route) puis remis sur rail du fait de la guerre. Le trafic des marchandises cessa le. Les rails furent enlevés en 1971.
Une noce à Scrignac en 1906 (photographieRoger Viollet).
En1930, l'assassinat d'un cultivateur de Scrignac commis par un habitant deBotsorhel en raison d'une querelle d'héritage, fut abondamment relaté dans la presse de l'époque[Note 9].
En 1930, selon le témoignage de l'abbé Perrot, six hommes seulement se rendaient le dimanche à la basse messe et vingt-trois à la grand-messe pour 3 200 habitants[56].
Pendant laSeconde Guerre mondiale, le presbytère de Scrignac (le curé étaitJean-Marie Perrot) fut un lieu de rendez-vous des nationalistes bretons collaborationnistes et même une cache d'armes et fut très fréquenté par laGestapo comme l'a montré, entre autres auteurs, l'historienHenri Fréville[58].
L'assassinat par la Résistance le, « sur avis de la radio de Londres » a écritRobert Aron[59], de l'abbéJean-Marie Perrot, recteur de Scrignac, militant régionaliste breton et accusé par beaucoup de collaboration avec l'occupant nazi, eut des conséquences importantes à Scrignac : « L'homme qui tua Yann-Vari Perrot se nommait Jean Thépaut. Né en 1923 à Scrignac, fils d'un cheminot et d'une garde-barrière, il travaillait lui-même aux chemins de fer, au Réseau breton, dont le siège se trouvait à Carhaix. Jean Thépaut ne résidait pas à Scrignac, mais dans une petite chambre à Morlaix. Voilà pourquoi il ne connaissait pas physiquement sa victime (…) En fait, dès le printemps 1944, les Allemands parviennent à identifier l'auteur du coup de feu. L'enquête est alors conduite par lekommando Schaad, installé à Landerneau (…) Le sergent Schaad reçoit de la Gestapo de Rennes une liste de suspects qui lui avait été adressée par une femme originaire de Huelgoat et vivant à Rennes (…) Au cours d'une expédition à Scrignac et à Huelgoat, les Allemands, accompagnés de militants nationalistes bretons, dont André Geffroy, arrêtent certaines des personnes figurant sur la liste. Mais Jean Thépaut parvient à passer entre les mailles du filet. Il semble qu'il se soit mis à l'abri en Normandie. Le kommando reviendra à deux reprises au moins à Scrignac : en juin où il arrête notamment deux cousins, membres des FTP, Armel[Note 10] et Francis Coant[Note 11] , qui furent fusillés à Rennes quelques jours plus tard ; le où il essuie le feu de trois résistants, en tue un, Jean Bernard[Note 12] , et met le feu à sa maison. »[60]. Cette description des faits de Thierry Guidet, à quelques détails près, est confirmée par une déposition d'André Geffroy, agent du kommando de Landerneau et proche de l'abbé Perrot[61].
Le cortège funèbre de Jean-Marie Perrot chemina sous la protection de mitrailleuses allemandes du bourg de Scrignac à Coat-Quéau. Deux éloges furent prononcés[62]. Pour venger l'exécution de l'abbé Perrot, des collaborateurs ultras créèrent leBezen Perrot, qui lutta militairement contre la Résistance.
Quelques années après la mort du prêtre, une croix est érigée sur un talus proche du lieu où il a été tué. En 1982, cette croix est coupée et quelques mois plus tard, le monument aux morts de Scrignac est détruit par une bombe. En 1984, la troupe de théâtre Ar Vro-Bagan, dirigée par Goulc'han Kervella, décide de monter une pièce sur Jean-Marie Perrot. Elle est jouée pour la première fois le, à Morlaix. À la suite de cette pièce, une grosse polémique oppose les partisans de Perrot à ses détracteurs[63].
Des tentatives de réhabilitation de Jean-Marie Perrot ont lieu régulièrement de la part de nationalistes bretons, par exemple dans un livre de Kristian Hamon sur leBezenn Perrot[64], provoquant l'indignation de survivants de la Résistance[65].
Stèle commémorative à la mémoire de P. Mével, jeune résistant âgé de 21 ans, fusillé par les Allemands le près de Kerséac'h.
Par ailleurs, le vers 13 heures, un combat aérien se déroule au-dessus des communes dePlonévez-du-Faou, Scrignac et Berrien. Un avion anglais tombe en flammes à l'est du bourg de Plonévez-du-Faou, et des incendies, provoqués par la chute des réservoirs ou des projectiles, se déclarent sur le territoire des communes de Plonévez-du-Faou,La Feuillée et Scrignac[66].
Le « maquis rouge » de Scrignac et les exactions allemandes
Stèle commémorative de l'exécution des deux frères Poher, de François Kervœlen et Édouard Guillou.
Le, une rafle commise par lekommando de Landerneau provoque l'arrestation de trois personnes de Scrignac, qui sont torturées. Entre le 18 et le, les violences se succèdent à Scrignac. En représailles à la suite de l'assassinat de l'abbé Perrot, le bourg tout entier est mis au pillage ; terrorisés, les habitants s'enfuient. Les soldats allemands, aidés de membres duBezen Perrot dirigés par Michel Chevillotte[Note 13] se servent dans les maisons, incendient l'école, la mairie, ainsi qu'un hameau de la commune, et multiplient les rafles, les arrestations et les tortures. Le, lors d'un parachutage d'armes dans la région de Scrignac, un groupe de 13 jeunes gens est arrêté et deux d'entre eux, Robert Le Guiner (Guinier) et Pierre Le Hénaff, sont transférés par les Allemands àPontivy ; leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Les corps des frères P. et V. Poher, demeurant àPlévin et arrêtés àBourbriac, sont découverts à Scrignac le, puis ceux de Françis Kervœlen et Édouard Guillou, exécutés le et Georges Le Jeune le, arrêté en même temps que Théodore Le Nénan[68] le lors de la rafle deSaint-Nicolas-du-Pélem ; ce dernier, étrangement, ne fut pas tué ; il fut accusé par la suite d'avoir collaboré en aidant les Allemands à traquer les résistants dans la région de Scrignac et Plougonven et fut condamné à cinq ans detravaux forcés, à ladégradation nationale et à la confiscation de ses biens, par le tribunal militaire de Paris[69].
Le, l'aviation alliée bombarde le bourg à la demande de laJedburgh TeamHilary, l'objectif visé étant les deux écoles publiques où logeait l'armée allemande et le presbytère où logeaient les miliciens de laBezen Perrot. La résistance locale s'était opposée en vain à ce bombardement qui fit vingt-trois victimes civiles parmi la population malgré le bouche à oreille qui avait annoncé le bombardement, mais seulement deux victimes parmi les militaires allemands, la plupart de ceux-ci étant partis en opération ; les miliciens demeurés sur place furent indemnes, l'un d'entre eux, Jean Miniou, se réfugiant dans une fosse d'aisance[69] ! Les écoles publiques, le presbytère et plusieurs maisons furent rasés et l'église endommagée[35].
Plusieurs résistants de Scrignac ont été arrêtés et fusillés par les Allemands : Jean Priol, Jean-Marie Le Fur et Joseph Salaun le (stèle de Roudouhir), Joseph Salaun le (stèle de Lescombleis), les frères Paul et Valentin Poher le, Francis Kervoelen et André Édouard Guillou le (stèle de Kerbrat). Le Robert Boucher est tué à Ty ar Hoën enPlouyé[70]. D'autres sont morts en déportation comme François-Marie Coant[71].
En tout, le monument aux morts de Scrignac porte les noms de 55 personnes mortes pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale[54].
Scrignac a longtemps été considéré comme le cœur même de la « montagne rouge » : avant Jean-Marie Perrot, nommé curé de Scrignac par son évêque en guise de sanction (« en avant-goût de purgatoire ») mais qui y demeura 13 ans jusqu'à sa mort en 1943, aucun recteur de Scrignac n'avait pu tenir plus de deux ou trois ans.
Scrignac présente la particularité d'avoir été pendant longtemps un fief rural duparti communiste en Bretagne (fief parfois indocile puisque les communistes scrignacois présentèrent parfois des candidats en désaccord avec la ligne officielle du parti). Selon l'ethnologue Patrick Le Guirriec qui a consacré une monographie à cette commune, cette puissance locale du parti communiste s'explique par leur rôle dans la résistance locale pendant la Seconde Guerre mondiale à laquelle participèrent la plupart des « humbles » de la commune par contraste avec les « messieurs » plus souvent neutres ou collaborateurs même si l'évocation des faits alors survenus reste encore souvent taboue[72].
Le déclin national de l'influence communiste s'est aussi fait sentir à Scrignac, mais lePCF y reste prépondérant : par exemple lors des élections cantonales de 2008, au premier tour, le candidat du Parti communiste français a obtenu à Scrignac 194 voix (36,88 %) devançant le candidat de la majorité présidentielle 170 voix (32,32 %) et le candidat socialiste 135 voix (25,67 %), ce dernier étant pourtant l'élu cantonal (canton d'Huelgoat) lors du second tour[73]. Le déclin communiste se confirme aux élections législatives de 2012, où la liste Front de gauche soutenue par le PCF ne recueille que 16 % des voix.
C'est cette tradition de « montagne rouge » qui explique probablement ce dicton traditionnel en langue bretonne dont voici la traduction française :
Aux montagnes deScrignac On envoie grignoter le diable[74].
Les autres faits de l'après-Seconde-Guerre-mondiale
Trois soldats (François Corvez, Jean Marie Fer et Joël Gac) originaires de Scrignac sont morts pendant laguerre d'Algérie[54].
François Corvez s'est engagé dans la Marine Nationale le.Il a ensuite suivi sa formation de spécialité au centre Siroco puis a été affecté aux commandos de Monfort et Jaubert en Indochine du au. Affecté à la demi brigade de fusiliers marins le, il est tué le au cours d'opérations de maintien de l'ordre au sud-ouest de Nedroma (Oran). Texte de la citation à l'ordre de l'armée de mer à titre posthume : « Jeune quartier-maître fusilier remarquable par sa bravoure et par son ardeur combative. Le, dans la région du djébel Zakri, au cours d'un accrochage à courte distance en terrain très touffu, s'est élancé à deux reprises sur un ennemi embusqué. Est tombé en pleine action, mortellement blessé, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »
En 1982, la croix commémorant la mort de l'abbé Perrot est détruite, alors qu'elle était fréquemment fleurie. Cette destruction entraîne rapidement une réaction : le monument aux morts de la commune, où figurent les noms des Résistants de la commune, donc des adversaires de Perrot, est lui aussi détruit par une explosion revendiquée par lefront de libération de la Bretagne. Nouvelle réaction : les groupes d'anciens résistants manifestent sous le drapeau duparti communiste français[75].
Coat-Quéau fut longtemps unetrève importante de Scrignac. En 1388, unebulle accorde desindulgences à ceux qui voudraient contribuer par leursaumônes à la restauration de sa chapelle. Une couverture d'un livre enparchemin signale l'existence d'une école à Coat-Quéau dans la seconde moitié duXVe siècle[39]. La chapelle fut vraisemblablement reconstruite auXVIe siècle et était entourée d'unenclos paroissial avec cimetière et calvaire. Elle tombe en ruines dès la fin duXIXe siècle[76].
En 1925, la commune de Scrignac mit en vente publique les ruines de l'ancienne église, devenue simple chapelle, de Coat-Quéau, longue de 30 mètres et large de 20 mètres, ainsi que le calvaire. Laflèche du clocher était alors brisée et les pierres de son tiers supérieur avaient servi à la construction d'un pont. La toiture était effondrée depuis 20 ans et des arbres avaient poussé à l'intérieur. La chapelle fut achetée par un industriel de Quimper,René Bolloré[77] ; les pierres furent transportées à 40 kilomètres de là et réutilisées dans la construction d'une nouvelle chapelle à l'usine de Cascadec, àScaër[78].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[81]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[82].
En 2022, la commune comptait 781 habitants[Note 14], en évolution de +0,26 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
Le bourg ne regroupait traditionnellement qu'une faible partie des habitants de la commune : 371 en 1886, pour une population communale totale de 3 120 personnes.
Le vieillissement de la population est important : les 60 ans et plus représentent en 2006 presque 40 % de la population totale alors que les 0 à 19 ans sont à peine plus de 16 %. En 10 ans, entre 1999 et 2008, Scrignac a enregistré 60 naissances et 189 décès, soit un lourd déficit naturel de 129 personnes, les naissances représentant moins du tiers des décès. Toutefois le solde migratoire, régulièrement déficitaire tout au long duXXe siècle, est redevenu légèrement positif entre 1999 et 2007[85].
La commune dispose encore d'un bon réseau commercial pour une commune de cette taille puisque de nombreuses professions artisanales et commerciales sont représentées : menuiserie, garages, maçonnerie, épiceries, restaurant, taxis, santé, social... Une importante activité agricole s'y maintient également malgré l'altitude relativement élevée et le vallonnement très marqué du terroir communal : en 1996, 60 exploitations agricoles y étaient encore recensées et la SAU (surface agricole utile) y représentait 51,2 % de la superficie totale de la commune.
Les établissements Goarnisson exploitent une carrière importante de granulats dans le sud de la commune. Par le passé, un gisement de calcaire (une lentille de calcite incluse dans les schistes comme il s'en trouve également dans lapresqu'île de Crozon et dans la région deChâteaulin) fut exploité par intermittences entre 1831 et 1950 à Moulin-Terre. Jusqu'aux années 1930, tous les jours, une charrette tirée par quatre chevaux allait à la gare expédier la chaux et revenait chargée de charbon. L'activité du four à chaux a donc contribué à la prospérité de la gare etvice versa. Cette exploitation explique aussi la construction de logements ouvriers à cette époque.
Rue principale du bourg (en direction deGuerlesquin).
Scrignac est l'un des bastions du communisme rural en Bretagne, même si les communistes locaux ont parfois été frondeurs à l'égard de la ligne officielle duParti communiste français comme l'explique le sociologue Patrick Le Guirriec dans sa monographie[72] de la commune. Cette particularité trouve ses racines dans le fait que ce parti a ici incarné laRésistance française pendant l'Occupation[72].
Jean-Marie Perrot, recteur de Scrignac, né à Plouarzel le, fonde leBleun-Brug en 1905 et devient directeur de la revue catholiqueFeiz ha Breiz (Foi et Bretagne), de 1911 à sa mort. Devenu recteur de Scrignac en 1930, il siège au sein du Comité Consultatif de Bretagne, créé parVichy. Sa revueFeiz ha Breiz publie des articles violemment antibolcheviques. Accusé par certains de collaboration, il meurt assassiné par la Résistance[86] le à Scrignac, probablement selonThierry Guidet par Jean Thépaut[87].
Théodore Le Hars (1861-1928), sénateur du Finistère, maire de Quimper et conseiller général, mort accidentellement à Scrignac le.
Francis Coant[88], né le à Scrignac, communiste, propagandiste résistant, arrêté sur dénonciation et arrêté à Scrignac en par le Kommando de Landerneau[86] (autonomistes bretons collaborateurs), cousin de Louis Coant. Fusillé par les Allemands le à la caserne du Colombier à Rennes.
Louis Coant[88], né le à Scrignac. Dénoncé par Corre et arrêté à Scrignac en par le Kommando de Landerneau (autonomistes bretons collaborateurs), cousin de Francis Coant. Fusillé par les Allemands le à la caserne du Colombier à Rennes. Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume par décret du en tant que lieutenant des FFI.
Théophile Kervoelen (1913-1938), rejoint Courbevoie en région parisienne, combattant volontaire en Espagne républicaine dès, mort au combat enAragon en.
Jean Thépaut (1923-1974), militant du parti communiste et membre de l'Organisation spéciale. Il passe pour être l'auteur de l'attentat à la grenade contre le Foyer du soldat allemand àMorlaix le et pour être l'auteur de l'assassinat le de l'abbé Perrot à Scrignac, militant nationaliste breton. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'engagea dans l'armée française (fusilier marin) qu'il aurait été chargé d'infiltrer dans un but anticolonialiste.
François-Louis Goaziou (22/03/1864-31/03/1937 à Charleroi enPennsylvanie - États-Unis) : à l'âge de 16 ans, en 1880, il émigra auxÉtats-Unis et devint mineur enPennsylvanie, puis journaliste et permanent appointé de la Fédération américaine du droit humain ; membre de la « Chevalerie du travail » (organisation ouvrière d'avant-garde), puis de l'UMWA, puis des IWW, puis de l'AFL ; militant coopérateur ; militant anarchiste, puis socialiste ; propagandiste infatigable et rédacteur de journaux révolutionnaires de langue française de 1890 à 1916 ; sans doute la figure la plus remarquable du mouvement révolutionnaire franco-américain. Il a été pendant de nombreuses années le président de la fédération de droit humain des États-Unis (Franc-maçonnerie)[89].
Jean-Marie Collobert (10/09/1911-8/07/1944), officier mariniermort pour la France. Il est mort dans le naufrage du sous-marinLa Perle, le, entreTerre-Neuve et leGroenland. Il n'y eut qu'un seul rescapé. Le sous-marin avait au préalable assuré plusieurs missions de renseignement, pour l'armée française de la Libération, déposant et récupérant des agents secrets sur les côtes françaises avant de retrouver sa base à Alger. Jean-Marie Collobert a été décoré à titre posthume de la Croix de guerre avec étoile d'argent.« Par son magnifique courage et son mépris total du danger, a contribué à la réussite des opérations effectuées sur les côtes occupées par l'ennemi. Disparu en Atlantique avec son bâtiment déjà cité à l'ordre du régiment. »
Émile Gourvil, né à Scrignac le, avocat à Morlaix, fut conseiller général du canton du Huelgoat à partir de 1889 et est élu député de la deuxième circonscription de Châteaulin en 1891, réélu en 1893 mais ne se représenta pas en 1898. Il se définissait comme « républicain indépendant », voulant « protéger l'agriculture ».
Yves Ménez dit « Pier Min », de Scrignac, eut le génie dès le milieu des années 1920 de créer et d'adapter des airs de gavottes en intégrant dans un ambitus plus large, des chromatismes, des modulations, des emprunts aux tons voisins, des rythmes syncopés. Quelle que soit la reprise des standards de tradition populaire ou l'interprétation de ses propres compositions, Ménez affirma un sens mélodique et un tempérament peu communs[90].
François Marie Corvez (1934-1954). Médaillé militaire, croix de guerre des théâtres des opérations extérieures et croix de la valeur militaire avec palme. Engagé dans la Marine nationale le puis affecté aux commandos de Monfort et Jaubert en Indochine ( au). Il décède le au cours d'opérations de maintien de l'ordre au sud-ouest deNedroma (Oran). Texte de la citation à l'ordre de l'armée de mer à titre posthume : « Jeune quartier-maître fusilier remarquable par sa bravoure et par son ardeur combative. Le, dans la région du djébel Zakri, au cours d'un accrochage à courte distance en terrain très touffu, s'est élancé à deux reprises sur un ennemi embusqué. Est tombé en pleine action, mortellement blessé, donnant à tous le plus bel exemple de courage et de mépris du danger. »
Théophile Coussé (1908-1960), né à Scrignac le 18 octobre 1908. Chevalier de la Légion d'honneur par décret du 19 novembre 1945, puis officier de la Légion d'honneur par décret du 19 décembre 1959. Il fut décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 1939/1945 avec palme, de la médaille de la résistance avec rosette, de la médaille commémorative 1939/1945 agrafes Manche et libération, médaille des volontaires dans les FFL, médaille militaire mexicaine, médaille du couronnement de la Reine Elizabeth II. Capitaine de l'armée de terre en poste à l'ambassade de France à Mexico, il rejoint le Général de Gaulle à Londres dès le moi de juin 1940. Le général de Gaulle lui attribue la citation suivante le 12 janvier 1945 : "Après avoir rejoint les forces française dès juin 1940, bien qu'étant de l'armée de terre, s'est porté volontaire pour une mission spéciale maritime particulièrement périlleuse sur les côtes bretonnes, a effectué sa mission en uniforme malgré le surcroît de danger que cela comportait : Mission accomplie avec succès."
La chapelle Saint-Hernin-et-Saint-Divy de Kerforc'h date de 1761. Elle est aussi de plan rectangulaire et abrite plusieurs statues dont celles de saint Hernin et saint Herbot, tous deux en évêques bénissant.
La chapelle de Koat-Keo.
Lachapelle de Koat-Keo où repose l'abbé Perrot qui l'avait fait reconstruire en 1937 (architecteJames Bouillé) dans le style régionaliste néo-breton. De plan en « T », elle possède un important porche ouest abritant l'autel utilisé lors des pèlerinages. Ce recteur de Scrignac, nationaliste breton, fondateur duBleun-Brug, fut abattu en, probablement par la Résistance communiste. Son rôle lors de la guerre, notamment vis-à-vis de l'occupant allemand, reste controversé. L'abbé est depuis sa mort honoré à cet endroit par les patriotes bretons qui voient en lui leur père spirituel. Une messe y est dite en breton chaque lundi de Pâques pour garder sa mémoire. Le pardon de Coat-Quéau est célébré chaque année aux alentours du. La chapelle et sonplacître ont été classésmonuments historiques par arrêté du. Une croix de type celtique a été édifiée sur sa tombe en 1950.
Tout à côté, l'abbéJean-Marie Perrot avait fait mettre en valeur la sépulture d'un autre prêtre (le gisant est du côté droit de la chapelle), celui-là victime de la Révolution.
La croix de Coat-Quéau date de 1669 et se trouvait alors dans l'enclos paroissial de la trève de Coatquéau.
Calvaire le long de la route entre le bourg et Coat-Quéau.
De nombreuses autres croix[96] ou vestiges de croix parsèment le territoire communal[97].
Scrignac possède sur son territoire 15 moulins à eau, la plupart réaménagés en résidences privées désormais[97]. Huit moulins figuraient déjà sur lacarte de Cassini vers 1770, mais ils étaient 14 sur le plan cadastral de 1834.
Un four à chaux datant de 1830 se trouve au lieu-dit Moulin-Terre, entre Scrignac et La Croix-Rouge[99].
L'anciennegare de Berrien-Scrignac, qui dépendait duRéseau breton, implantée dans la vallée du Squiriou à mi-distance des deux bourgs de Scrignac etBerrien, reconvertie un temps enÉcomusée de la chasse et de la faune sauvage, est désormais ungîte d'étape.
L'ancienne voie ferrée Carhaix-Morlaix a été reconvertie en « voie verte » piétonne et cycliste (et VTTiste). L'ancienne voie ferrée est devenue entre Scrignac et Poullaouen un chemin réservé aux promeneurs et aux roulottes hippomobiles dont la base est àLocmaria-Berrien. Elle longe les rivières du Squiriou, du Beurc'hoat puis l'Aulne.
L'ex-gare et l'ancienne voie ferrée reconvertie en « voie verte ».
Carte de la « voie verte » entre Morlaix et Carhaix.
L'ancienne gare de Berrien-Scrignac un temps reconvertie en musée de la chasse et de la faune sauvage.
La maisonnette de la garde-barrière de l'ex-passage à niveau sur la route Berrien-Scrignac.
Le monument aux morts.
Lemonument aux morts, en granite bleuté, a été érigé en 1921, mais victime d'un attentat aux débuts de la décennie 1970, il a été reconstruit et modifié en 1989, il porte, outre les noms des tués, des plaques en français et en breton[100].
Un espace naturel remarquable : les landes du Cragou et du Vergam
La toile d'Alexandre Ségé (1808-1885)La vallée de Ploukermeur (1883), un nom inventé pour lui donner une identité bien bretonne, représente en fait un paysage de Scrignac, dont le bourg est visible au second plan et les Landes du Cragou en arrière-plan. Elle se trouve auMusée des Beaux-Arts de Quimper[104].
↑Les moyennes interannuelles (écoulements mensuels) ont été calculées le 29/07/2024 à 02:06 TU à partir des 594 QmM (débits moyens mensuels) les plus valides du 01/07/1974 au 01/05/2024.
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑« Des schistes argileux gris-verdâtre ou gris-bleuâtre alternent indéfiniment avec desgrèsmicacés etfeldspathiques. Localement, la succession delits schisteux et gréseux est si régulière que la pierre prend un aspect zébré… En règle générale, ces matériaux sont inaptes à livrer despierres de taille… Ils fournissent essentiellement des moellons assez médiocres, souvent plats, dont le façonnement difficile est souligné quelquefois par les innombrables marques des outils employés aux tentatives d'équarrissage. Dans le bâti, lesdites roches se font remarquer par leurhétérométrie généralisée, leurappareillage irrégulier et fréquemment leur usure prononcée, allant jusqu'à une érosion en creux ou, tout au moins, un net émoussé ». CfLouis Chauris, « Impacts de l'environnement géologique sur les constructions dans la région de Pontivy au cours de l'histoire »,Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne,t. 88,,p. 6-7.
↑Le batholite hercynien médio-armoricain, orienté approximativement d'ouest en est, est constitué d'une « traînée » de plutons granitiques (Saint-Renan–Kersaint, Plounéour-Menez, Plouaret, Huelgoat, Quintin, Moncontour et Dinan). CfLouis Chauris, « Pour une géo-archéologie du Patrimoine : pierres, carrières et constructions en Bretagne. Neuvième partie : Le batholite granitique hercynien médio-armoricain »,Revue archéologique de l'Ouest,no 35,,p. 241-276(DOI10.4000/rao.5626)
« Scrignac (sous l'invocation desaint Pierre) : commune formée par l'ancienne paroisse de ce nom (...), qui aurait eu pourtrèvesBolazec et Coatquéau, dont la première est aujourd'hui commune ; aujourd'huisuccursale. (...) Principaux villages : Lannouédic, Kersec'h, Kerloc'h, Penargarrent, Kersor, Kergréac'h, Quéforc'h, le Cloître. Superficie totale7 094 ha, dont (...) terres labourables2 583 ha, prés et pâturages 667 ha, bois 328 ha, vergers et jardins 14 ha, landes et incultes3 272 ha (...). Moulins : 15 (Rozlann, Lannouédic, Baunou, Goasq, Keroué, Draguel, Coz, à eau, etc.). Scrignac est situé dans le voisinage desmontagnes d'Arès, et son territoire montueux est généralement aride ; cependant de nombreux "communs", entre autres celui dit de Vergam, pourraient être cultivés, et ils le seront sans doute bientôt, grâce à la loi de 1851 sur lesterres vagues. L'eau est rare à Scrignac ; elle manque presque tous les étés; aussi la petite fontaine de ce nom est-elle très renommée, et guérit la fièvre, disent les paysans, quand on en boit trois fois à minuit. Lagale est comme endémique dans de territoire, où peu de remèdes lui sont opposés, non plus qu'à la fièvre, que l'on traite généralement en mettant les maladesau vin et au pain blanc. Quant aux femmes, elles la combattent par l'habitude de fumer. Il y a, en outre de l'église, cinq chapelles : Saint-Corentin, Saint-Nicolas, Quéforc'h, Toulargroas et Coatquéau. On compte à Scrignac sixpardons, mais aucun n'est fréquenté. Lebois de chauffage est peu abondant ; en revanche latourbe se trouve en cent endroits, et pour ainsi dire à portée de tous les habitants. Il y afoire le 24 février, le 11 juin, le 1er août, le 21 décembre, le premier mardi d'octobre et le mercredi de Pâques. Géologie :grès ; leschiste argileux domine ;fossiles sur bancs de grès à Coatanrès, Guerdéfan et Belair. On parle lebreton[44]. »
« Il y avait en ce temps-là des loups (...). Leur quartier général, en temps ordinaire, c'était les landes impénétrables, hautes comme des taillis, collées au flanc de l'Arrhée cornouaillais, enteGurunhuel et Scrignac. À mi-pente, l'ajonc s'arrête : le granite, raclé par les vents, est à vif presque partout ; de maigres bruyères, quelques lichens décolorés, çà et là un pin rabougri qui se cramponne dans une fissure de la roche, c'est toute la végétation (...). Sans les freux qui décrivent leurs orbes autour des crêtes, on pourrait se croire sur une planète désertée par la vie, tant la solitude est absolue. Et c'est bien ce qui séduisait messieurs les loups, ennemis de l'agitation et du bruit (...). J'ai encore dans l'oreille, après cinquante années, les étranges hurlements dont ils nous enveloppaient au Skiriou[45], sur la lisière des forêts d'Huelgoat, où je passais quelquefois des vacances. Un invisible chef d'orchestre semblait diriger leur concert ; il s'y faisait des pauses soudaines. Puis une gueule se levait quelque part, sur lesCragou, (...) et le concert reprenait. (...)[46] »
« Lesluttes de Scrignac sont célèbres à vingt lieues à la ronde. Les communes deCornouaille et duTréguier y députent leurs gars les plus forts et les plus agiles, et c'est au milieu d'un décor magique, dans une lande placée au sommet des monts, et d'où l'œil plane au-dessus de vingt paroisses, des monts du Crajou àTossen Sant-Weltas[51] chantés parTaldir et à labutte Saint-Michel, que se tiennent les grandes assises sportives, véritables jeux olympiques de laBasse-Bretagne. Une foule innombrable se presse aux abords du champ clos, confondant en un pittoresque mélange les borledes (borledenn)[52] brodés des Quimpéroises, les tabliers éclatants des filles deBotmeur, les somptueux velours des Carhaisiennes et des Scrignacaises, avec lechupen sombre de la montagne, leslost picks trégorrois et les vestes multicolores de la Basse-Cornouaille. L'après-midi les courses, dans une lande plus vaste encore, en présence de l'horizon infini, virent les meilleurs bidets des montagnes lutter avec les chevaux léonards de vitesse et de prestance. (...) Nous ne voulons pas oublier de mentionner combien les organisateurs ont pris à tâche de donner la plus grande perfection possible à toute la fête. Les travaux qu'ils ont exécuté sur l'hippodrome, les belles tribunes qu'ils y ont fait construire, le rendent à l'heure actuelle un des plus beaux de Bretagne[53]. »
↑Le journalL'Ouest-Éclair écrit : « Il faut connaître ce rude pays des montagnes d'Arrhée, où la nature hostile a semé partout, sous les pas de l'homme, les pires difficultés. De tous côtés, ce ne sont qu'espaces désertiques, les roche élèvent au-dessus de la tourbe et des champs incultes leurs têtes dégarnies. Point ou pas d'arbres. Les terrains que l'homme cultive ont, cela se voit, dû être conquis de haute lutte, et dans cette lutte l'homme a gardé l'esprit rude et farouche de la terre. Aussi ne faut-il pas s'étonner que l'esprit de propriété est si grand, là, plus fort que partout ailleurs. On est jaloux de ce qu'on appelle son bien propre. Hélas, les gênes nombreuses amènent des gestes qui, dans le cas présent, peuvent aller jusqu'au crime »[55]
↑Louis Armel Coant, né le à Scrignac, fusillé le à la caserne du Colombier àRennes, cultivateur et militant communiste
↑Francis Coant, né le à Scrignac, fusillé le à la caserne du Colombier àRennes, cultivateur et militant communiste
↑Jean Bernard, né le auFaou, gravement blessé lors d'opérations militaires contre les Allemands et le kommando de Landerneau à Scrignac, mort des suites de ses blessures le àCommana.
↑Fils d'Olivier Chevillotte (qui fut candidat duParti national breton àMorlaix en 1936), Michel Chevillotte fut sous l'Occupation chef cantonal du PNB àPlougonvelin, commune dont il était originaire. Il s'engagea dans laBezen Perrot en décembre 1943 et devint rapidement chef du groupe cantonné au château du Bouéxic enGuer. Au moment de la débâcle allemande, en juillet 1944, en route vers l'Allemagne, il participa à l'exécution de 49 résistants àCreney-près-Troyes (Aube) et s'engagea dans lesWaffen SS. Il fut condamné à port par contumace et à la confiscation de tous ses biens, mais en fait ne fut jamais inquiété, voirFrançoise Morvan, "Miliciens contre maquisards : enquête sur un épisode de la Résistance en Centre-Bretagne", éditions Ouest-France, 2013, [(ISBN978-2-7373-5063-4)]
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155).
↑ab etcÉliane Faucon-Dumont, Georges Cadiou,Huelgoat et les monts d'Arrée. Les rebelles de la montagne, éditions Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2008(ISBN978-2-84910-738-6).
↑Yves Le Gallo,Le Finistère de la Préhistoire à nos jours : Les Temps modernes (1532-1789), Editions Bordessoules,(ISBN2-903504-37-7), page 296.
↑Alain Le Bloas,La question du domaine congéable dans l'actuel Finistère à la veille de la Révolution, Annales historiques de la révolution française N331, janvier-mars 2003
↑Jean Rohou,Catholiques et Bretons toujours ? (essai sur l'histoire du christianisme en Bretagne), éditions Dialogues, Brest, 2012,(ISBN978-2-918135-37-1).
↑Jacqueline Pluet-Despatin,Les trotskistes et la guerre 1940-1944, éditions Anthropos, 1980
↑Théodore Le Nénan, dit "capitaine Étienne", né le à Ploumilliau, décédé le àTrégastel
↑a etbFrançoise Morvan, "Miliciens contre maquisards : enquête sur un épisode de la Résistance en Centre-Bretagne", éditions Ouest-France, 2013, [(ISBN978-2-7373-5063-4)]