Lasavate boxe française est unsport de combat de percussion qui consiste, pour deux adversaires équipés degants et de chaussons, à se porter descoups avec les poings et lespieds. Elle est apparue auXIXe siècle dans la tradition de l'escrimefrançaise, dont elle reprend le vocabulaire et l'esprit. Connue dès son apparition sous le nom de « savate » ou « art de la savate », elle a été, tout au long duXXe siècle, désignée par le nom de « boxe française », puis finalement rebaptisée officiellement « savate boxe française » en2002. C'est actuellement une discipline internationale qui appartient au groupe desboxes pieds-poings. « Savate » en français veut dire « vieille chaussure ». Un homme qui pratique la savate est appelé un tireur tandis qu'une femme s'appelle une tireuse.
La savate est donc une réponse à trois tendances de fond de la société française de l'époque, notamment parisienne. Il devient possible, d'une part, de se confronter physiquement en duel sans risquer la mort. On se confronte sans arme sur un mode codifié, qui permet l'utilisation des poings et des pieds. D'autre part cette pratique permet d'entretenir son corps et sa forme physique, ce qui devient plus important pour les Français en cette période. Pour finir, la pratique de la savate permet d'apprendre à se défendre, ce qui en ces temps troublés n'était pas négligeable. La plupart des écoles du début duXIXe siècle proposaient d'ailleurs principalement cette activité sous l'angle de ladéfense personnelle.
La savate naît donc en France, plus exactement à Paris, où pratiquent les savatiers d'abord dans les arrière-salles des cafés puis dans des salles qui accueillent des élèves. Il est à noter que c'est la seule boxe « pied-poing » qui naît en Europe.
Chausson marseillais sur un navire.
Lorsque le maître d'armesMichel Casseux dit Pisseux ouvre sa salle en1825, il est le premier à enseigner l'escrime traditionnelle et le nouvel art de la savate : l'escrime des pieds. Il est vraisemblable que Michel Casseux a réuni tout un ensemble de techniques disparates : style des ruffians, des bandits, luttes paysannes... Michel Casseux, quelles que soient ses influences et ses inventions personnelles est le véritable inventeur du système moderne appelé « Savate ». C'estCharles Lecour qui crée en1830-1840, lesport de combat connu sous le nom de « boxe française » en réunissant latechnique des pieds de la savate avec quatre techniques depoings emprunté à laboxe anglaise (direct,crochet,uppercut,swing). La « savate-boxe française » se distingue des autres disciplinespieds-poings par le port obligatoire de chaussures et par une technique de coups de pied dits « coups armés ».Joseph Charlemont et son filsCharles Charlemont codifieront toutes ces techniques pour en faire la boxe française pratiquée aujourd'hui.
Lors de leur création en1907 parGeorges Clemenceau, les brigades mobiles régionales dites « brigades du Tigre », unités de police judiciaire modernes, s'entraînent à la savate.
À la suite de la saignée de lagrande guerre, il ne reste plus que quelques salles en1930 et 500 adhérents dans toute laFrance[2]. En1937 se déroule le dernier championnat de France jusqu'à sa renaissance en1966. La boxe française survit grâce à quelques passionnés : Jean Dionnot, Marc Kunstle, Claude Simonot et Bernard Plasait, qui la promeuvent commesport d'éducation.
La boxe française renaît de l'action de quelques passionnés réunis au sein du Comité National de Boxe Française, dontPierre Baruzy (président d'honneur), Lucien Alliot (président), Bernard Plasait (Secrétaire Général), Jean Dionnot (Trésorier), Claude Simonot (Directeur technique national) et Marc Kunstle. Les championnats de France reprennent en 1966. En1969 on comptait 800 licenciés et douze clubs enFrance. La boxe française fut enseignée à l'INSEP. Les professeurs d'éducation physique purent donc l'enseigner auxcollèges etlycées. Les championnats d'Europe eurent lieu en1970. Le premier championnat de France féminin eut lieu en1982 et, la même année, la première coupe d'Europe se déroula austade Pierre-de-Coubertin. En1984, le cap des 20 000 licenciés est franchi et lafédération internationale est fondée le. La première coupe du monde eut lieu en1989. La discipline assaut est introduite en compétition à partir de1999 enBelgique lors de la première coupe européenne d'Assaut. Les championnats du monde assaut suivront. 1ère Coupe du Monde Assaut Senior (Paris - France), 1er Championnat du Monde Assaut Senior sur 6 zones "tapis" (Loverval - Belgique).
En 2001 la fédération française compte plus de 30 000 licenciés et 646 clubs.
En2007 plus de 37 000 licenciés et 650 clubs, 35 comités départementaux constitués et 25 ligues.
En 2013 la fédération de savate boxe française compte 48 700 licenciés dans plus de 730 clubs. Les femmes aussi pratiquent la discipline : elles sont plus de 14 000 pratiquantes et représentent ainsi un tiers des licenciés.
En 2015, la savate est inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français et le nombre de licenciés franchit le cap symbolique des 50 000[3].
En1978, Claude Resve fonde la Fédération de savate duQuébec. Le mot « savate » désigne alors la boxe française. Daniel Jetté fut le premierCanadien à obtenir le gant d'argent. En1982, il fonde la Fédération canadienne de boxe française-savate et D.A. qui est dissoute en1984.
En2004, l'association québécoise de savate boxe française est recréée àMontréal. En2005, la fédération canadienne de savate voit le jour à Montréal grâce aux étudiants des universités anglophones : l'université McGill et l'université Concordia. En2005, Savate Ontario est créée àToronto pour gérer le sport dans la province de l'Ontario.
En2006, sous l'égide de son président Olivier Bourrier et du directeur technique Lilian Guicherd-Callin, la fédération organise le premier championnat du Canada en assaut.
En2007, la fédération canadienne compte près de 200 licenciés dont 40 % de femmes. La première championne du monde de savate pour le Canada est Tatiana Vassilieff qui remporta le titre de championne du monde combat −48 kg en.
La savate-boxe française se pratique sur un ringcarré de 4,5 à 6 mètres de côté (que l'on appelle « enceinte ») avec desgants de boxe, des chaussures homologuées par la FFSBF et une tenue particulière appelée intégrale (forme fuseau ou bas larges). Le bandage des mains est autorisé, lesprotège-tibias sont obligatoires dans la forme « assaut » mais peuvent être interdits dans certaines séries de combat. Le protège-dents est obligatoire, même à l'entraînement.
Il appartient à chaqueclub d'organiser des passages de grades (souvent de l'ordre de deux par saison) afin de mesurer la progression des élèves ou des compétiteurs. Dans ce système de grades techniques, les « gants » déterminent le niveau du tireur ou tireuse (nom donné au pratiquant de la savate) et permettent l'inscription à certaines compétitions lorsqu'un niveau minimum est requis.
Voici les différents grades : bleu, vert, rouge, blanc, jaune, et gant d'argent technique ou gant de bronze.
Il existe deux types decompétitions en savate : l'assaut et le combat. Ces deux catégories se différencient par la finalité recherchée lors de la compétition.
Lors des assauts, les coups ne sont pas portés (on parle alors de touches) et le tireur est jugé sur ses qualités technico-tactiques. La durée de la confrontation peut varier de trois fois1 min 30 s à quatre fois 2 minutes, suivant la catégorie des tireurs. Le style est jugé, et la puissance sanctionnée puisque la recherche duhors-combat est interdite. Après trois avertissements, un tireur peut être disqualifié. Le tireur ayant « marqué » le plus de points remporte l'assaut. Les assauts se déroulent le plus souvent en trois reprises de1 min 30 s chacune.
Lors des combats, la puissance n'est pas limitée (lehors-combat de l'adversaire est alors chose possible). Bien que la technico-tactique soit jugée, les combats privilégient la puissance. Pour mettre un terme au combat, il faut que le temps imparti soit écoulé ou qu'un tireur soit déclaré hors-combat. Les combats ne se pratiquent qu'à partir de la catégorie d'âge Juniors (18 ans) et nécessitent au moins le grade de gant jaune, ou à seize ans avec l'accord des parents.
Les combats se déroulent le plus souvent en cinq reprises de 2 minutes.
Comme dans tout sport d'opposition, les rencontres de savate sontarbitrées. Les juges-arbitres (encore appelés « officiels ») sont chargés de cette tâche, en protégeant l'intégrité de chaque tireur ainsi que l'éthique et les règles de la savate. Par ring ils sont au nombre de trois juges (ou cinq) associés à un arbitre évoluant sur le ring. Les juges comptabilisent les touches (points) reçu(e)s et donné(e)s par chaque tireur et peuvent, à la demande de l'arbitre, voter des avertissements sanctionnant une faute de la part d'un tireur. Une rencontre peut être gagnée à la majorité ou à l'unanimité, suivant la décision des juges.
Tout ce personnel est orchestré par le délégué-officiel qui est juge ultime en cas de litige. Celui-ci dirige les juges-arbitre, lemédecin, lechronomètre, les tireurs, les seconds (entraîneur) des tireurs ainsi que toute l'organisation de la rencontre.
Bien que de nombreuses techniques soient similaires dans les sports pieds-poings, la savate comporte certaines spécificités et des codifications des techniques qui lui sont propres.
Le style de garde découle de la pratique d'un style de combat à l'arme blanche ou prendre des coups est absolument à éviter, contrairement à d'autres styles de boxes (thaïlandaise,anglaise...) où il faut être capable d'encaisser des coups[5]. Ce qui amène à une posture très droite et une garde avec les poings au niveau de la poitrine et non au niveau du menton comme dans de nombreux sport de combats.
C'est uncoup de pied porté de lajambe avant ou arrière en ligne basse, médiane ou haute avec la pointe ou le dessus du pied en extension, par un mouvement de « Fléau » qui passe par une position caractéristique appelée « Groupé-Fouetté » (abduction de la cuisse sur le tronc, flexion de la jambe sur la cuisse, extension du pied sur la jambe).Au moment de la frappe, la jambe s’étend sur la cuisse (mouvement de fouetté « à l’endroit ») les hanches étant alors placées de profil par rapport à l’impact.
C'est un coup de pied porté de la jambe avant ou arrière en ligne basse, médiane ou haute, avec letalon, « pied en flexion », par un mouvement de « piston » ou « bielle-piston » qui passe par une position caractéristique de « Groupé-Chassé » (flexion de lacuisse sur letronc, de la jambe sur lacuisse, dupied sur la jambe). Au moment de la frappe, il y a extension simultanée des segments « cuisse » et « jambe » qui lance le talon à l’impact sur une trajectoire rectiligne, leshanches étant soit de profil : chassé dit « latéral » soit de face ou en oblique : chassé « frontal ». Pour les chassées frontaux, la surface de frappe peut être également la pointe de la chaussure ; l’extension du pied s’exécute alors au moment de l’extension des segments « cuisse » et « jambe ».
Ce coup de pied est surtout utilisé pour repousser ou faire reculer l'adversaire (on parle alors de le « chasser »), notamment en combat, puisque réalisé avec puissance ce coup peut causer de gros dommages et qu'il est relativement rapide et simple à effectuer avec un transfert de poids conséquent. En outre, actuellement est autorisé un chassé avec legenou armé vers l'extérieur, c'est un chassé utile lorsque l'adversaire est à une distance très courte, on peut l'utiliser aussi pour les coups d'arrêts sur jambes.
C'est uncoup de pied porté de la jambe avant ou arrière en ligne basse, médiane ou haute, par un mouvement de circumduction de l'intérieur vers l'extérieur du membre de frappe, le membre inférieur reste tendu et la frappe se fait soit avec la semelle si leshanches sont placées de profil : revers dits « latéraux », soit avec le bord externe dupied si les hanches sont placées de face ou en oblique : revers dits « frontaux ».
Dans tous les cas, le pied est en extension au moment de la frappe. Effectué tournant, le revers balancé latéral peut entraîner de gros dégâts chez l'adversaire lorsqu'il arrive à destination.Le mouvement de revers balancé latéral étant assez contraignant, la puissance en est limitée, mais il reste très efficace pour enlever la garde de son adversaire ou pour le lier à un enchaînement.
C'est uncoup de pied porté de la jambe avant ou arrière en ligne basse, médiane ou haute avec la semelle dupied en extension par un mouvement de circumduction de l’intérieur vers l’extérieur du membre de frappe en extension.Au moment de la frappe, lajambe se fléchit sur lacuisse entraînant la semelle à gifler l’endroit visé - (mouvement de fouetté à l’envers), leshanches étant alors placées de profil par rapport à l’impact.
C'est uncoup de pied porté de lajambe avant ou arrière en ligne basse, médiane ou haute, avec la semelle du pied en extension par un mouvement qui initialement, est identique à celui des chassés latéraux mais qui, au moment de la frappe, se termine par une flexion de la jambe sur lacuisse (propre au revers fouetté) et d’une extension dupied sur la jambe permettant ainsi à la semelle de gifler la cible.
Le coup de pied bas (de frappe et de déséquilibre)
C'est uncoup de pied porté de la jambe avant ou arrière avec le bord interne dupied en extension sur la jambe avant ou arrière de l’adversaire - en dessous de la ligne des genoux - par un mouvement de balance de la jambe de frappe.
Ce balancé de jambe peut se faire soit sur une trajectoire rectiligne de l’arrière vers l’avant : coup de pied bas de frappe (dans ce cas une légère « flexion-extension » dugenou est autorisée dans la mesure où le pied de frappe ne s’élève pas au-dessus des genoux de l’adversaire), soit sur une trajectoire curviligne et latérale (de l’extérieur vers l’intérieur) :coup de pied bas de déséquilibre.
Tous les coups de pied cités ci-dessus, hormis le coup de pied bas, peuvent s'effectuer « tournants » ou « sautés », à différents niveaux (bas, médian ou figure).
Ces quatrecoups de poing (uppercut, direct, crochet et swing) sont issus de laboxe anglaise où seuls lespoings sont utilisés. La savate des origines utilisait principalement des coups à main ouverte : la gifle. En savate défense, ces coups avaient pour objectif d'aveugler, de déchirer lestympans, et des luttes étaient également utilisées pour terminer un combat. Ces techniques considérées comme trop dangereuses ne sont plus enseignées.
À côté de sapratique sportive décrite ci-dessus, la savate regroupe différentes activités utilisant son patrimoine pugilistique. Il s'agit des disciplines associées comme: lacanne de combat, Savate Pro, la savate bâton défense et la savate forme. Ces disciplines associées sont gérées au sein de la Fédération française de savate par le CNCCB (Comité national de canne de combat et bâton) et les commissions nationales spécifiques (CN : savate-bâton défense, savate pro et savate forme).
En marge de la pratique fédérale, il existe encore de nos jours une pratique héritée de l'ancienne forme de la boxe française, notamment au sein de laméthode Lafond. On y retrouve les caractéristiques de la Boxe française historique et académique parmi lesquelles sont conservés l'usage du balancier de bras pour la conservation de l'équilibre, la compensation du mouvement de la jambe de frappe, mais également la recherche d'une certaine attitude propre à une vision de ce que doit être le combattant à la française, le panache.
Arsène Lupin pratique la savate entre autres arts martiaux dans de nombreuses aventures racontées parMaurice Leblanc ainsi que dans le filmArsène Lupin (2004).
Le filmDans les cordes (2007) se passe dans le milieu de la boxe française féminine.
Dans le filmSavate de Isaac Florentine, en 1995, avec Olivier Gruner.
Dans le filmSur la piste du Marsupilami, écrit et réalisé par Alain Chabat en 2012, le professeur hermoso, explique tous au long du film qu'il était champion de savate autrichienne.
Dans un album debande dessinée deLéonard,la Guerre des génies, des planches d'époque d'illustrations de coups de boxe française sont affichées pour expliciter l'affrontement de deuxrobots.
↑Jean-François Loudcher,Histoire de la savate, du chausson et de la boxe française, 1797-1978 : d'une pratique populaire à un sport de compétition, éditions Ouest-France
Jean-François Loudcher,Histoire de la savate, du chausson et de la boxe française (1797-1978), Éditions L'Harmattan, 2000
Christian Lalès,Bien comprendre la savate boxe française pour mieux l'enseigner,Éditions Chiron, 2005
Luc Cerutti et Pierre Taravello,Savate~canne~bâton au fil des siècles : La Véritable Histoire de la Boxe Française, Éditions Fédération Française de Savate Boxe Française et DA, 2007
Victor Sebastiao,La Préparation Technico-Tactique en Savate Boxe Française, Éditions Chiron, 2007
La Préparation Physique en Savate Boxe Française, Victor Sebastiao, Éditions Chiron, 2004
Hugues Relier,Enseigner la Savate Boxe Française aux enfants, Éditions Chiron, 2010
Hugues Relier,La Préparation à l'Assaut en Savate boxe française : Les clés de la performance, Éditions Chiron, 2011
Victor Sebastiao et Mélisande Luthringer,Le p'tit abc de la Savate, Éditions Fleur de Ville, 2013
Victor Sebastiao, Daphné Collignon (illustrations),Le B.A. BA de la Savate boxe française, Éditions Fleur de Ville, 2013