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Satyricon

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« Satiricon » redirige ici. Pour le trimestriel, voirSatiricon (journal).

Satyricon
AuteurPétrone
PaysEmpire romain
GenreRoman
Version originale
LangueLatin
TitreSatyricon liber
Date de parutionFin du Ier siècle
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LeSatyricon, également orthographiéSatiricon, dont la forme au pluriel « lesSatyrica » est préférable, est unroman satirique écrit enlatin et attribué, sans certitude absolue, àPétrone. Leroman, considéré comme l'un des premiers de la littérature mondiale, mêlevers etprose, latin classique et vulgaire. Il est constitué par unrécit-cadre (titré généralement les « Aventures d'Encolpe ») et trois récits enchâssés :L'Éphèbe de Pergame,La Matrone d'Éphèse et leFestin chez Trimalcion, autant d'intrigues à la vaste postérité littéraire.

Le récit conte les aventures, dans uneRomedécadente (très certainement avant la fin duIer siècle), de deux jeunes gens, Encolpe et Ascylte, ainsi que du jeune amant du premier, l'adolescent Giton. Encolpe a été frappé d'impuissance par le dieuPriape alors que son ami et rival, Ascylte, convoite l'amour de Giton. Au cours de leurs pérégrinations, ils sont invités à un splendide festin organisé par un riche affranchi,Trimalcion, de chez qui ils parviennent à s'enfuir. Après une nouvelle dispute entre Encolpe et Ascylte au sujet de Giton, ils se séparent. Giton part avec Ascylte, mais retrouve ensuite Encolpe qui a alors rencontré le poète Eumolpe. Ils embarquent et font naufrage, à la suite d'une tempête, près deCrotone. Encolpe fait ensuite la rencontre de Circé, une habitante de Crotone, mais, frappé de nouveau d'impuissance, il décide d'aller se faire soigner chez Œnothéa, prêtresse dePriape. Le récit est suivi de plusieurs fragments, de tailles inégales.

L'identité de l'auteur duSatyricon demeure l'objet de polémiques. Tour à tour identifié à un proche deNéron, au secrétaire dePline le Jeune ou à unMassaliote, voire à plusieurs auteurs différents, l'autorité de Pétrone sur leSatyricon est remise en cause par l'étude du contexte social et politique duroman. Puisant aux sources de latradition romanesque grecque, et notamment dans le genre milésien, leSatyricon préfigure leroman picaresque. Il constitue une innovation littéraire pour l'Antiquité, si bien qu'il a pu être considéré comme le premier roman européen. L'histoire du texte est complexe : leSatyricon actuel est issu de plusieurs manuscrits dont les cheminements sont encore obscurs. L'éditionprinceps duSatyricon est publiée, sous le nom d'auteur de « Petronius Arbiter », àMilan en 1482, mais la première édition complète du roman est publiée àAmsterdam en 1669.

L'identification générique, et l'héritage de Pétrone, se reconnaissent dans le titre duroman. Celui-ci est en effet unedérivation du latinsatura, qui signifie « mélange, pot-pourri », mais qui qualifie aussi des histoires desatyres. Le double sens fait à la fois duSatyricon un roman de ladébauche sexuelle et morale et le réceptacle de récits enchâssés qui préfigure le roman moderne. En dépit de plusieurs incohérences narratives, leSatyricon est écrit dans unlatin populaire qui témoigne de la recherche esthétique et sociologique de Pétrone.

L'intrigue est essentiellement fondée sur la fuite et l'errance des personnages. Ces derniers, et en particulier le trio des protagonistes, sont dépeints comme des jeunes marginaux, objets de la violence de la société et des femmes. Roman de l'homosexualité également, les détails que fournit Pétrone ont permis de mieux comprendre lesmœurs romaines. LeSatyricon est pensé comme un message à la civilisation : par la description de ladécadence et de la vie en marge, son auteur témoigne de ladéshérence de la jeunesse romaine, en proie à la violence et à la duplicité. Considéré également comme le roman desaffranchis, l'observation satirique se double d'uneparodie constante faite aux grands textes classiques gréco-romains, et notamment à l'Odyssée.

Pétrone décrit le monde, les comportements et la vie quotidienne romaine à la manière d'unnaturaliste. Ses personnages surtout, dans leurs psychologies et leurs relations interpersonnelles, atteignent une dimension moderne. Plusieurs traductions existent, et, parmi elles, celle, classique, deLouis de Langle ou celle, plus triviale, deLaurent Tailhade font autorité. LeSatyricon a profondément influencé la littérature mondiale et a été adapté aucinéma, notamment par le réalisateur italienFederico Fellini en 1969, enbande dessinée et à l'opéra.

Résumé et organisation

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Résumé

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Restes du temple d'Héra non loin deCrotone, enCalabre.

L'histoire duSatyricon, plus précisément de sa version éditée, peut se diviser, selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille[1], en cinq parties qui scandent le récit.

Les « premières aventures » (chapitresI àXXVI) découvrent une action se passant d'abord dans une ville côtière de laCampanie, peut-êtrePouzzoles. Après avoir écouté lerhéteur Agamemnon, tenant divers propos sur l'éloquence et l'éducation, le narrateur, Encolpe, s'égare dans unlupanar, puis se retrouve dans unecaupona crapuleuse où il retrouve Ascylte, avec qui il se bat pour la propriété exclusive du jeune Giton. Encolpe et Ascylte, qui ont volé un manteau, essayent de le revendre au marché. Ils aperçoivent entre les mains d’un des marchands une vieille tunique qu’ils avaient perdue auparavant et dans la doublure de laquelle ils ont dissimulé leurs pièces d’or. Ils tentent alors d'échanger le manteau contre la tunique. Par mégarde, ils interrompent ensuite l'esclave de la prêtresse dePriape[note 1] en train d'exécuter un sacrifice. De retour chez eux, où Giton les attend pour souper, Psyché, la servante de la prêtresse de Priape Quartilla, vient les accuser d’avoir troublé le sacrifice que sa maîtresse avait offert à Priape et, ainsi, d'avoir offensé le dieu. Quartilla se présente ensuite et demande réparation. Elle les fait fouetter en leur faisant jurer de taire les mystères qu'ils ont surpris dans le temple du dieu. Elle oblige alors Giton à déflorer une jeune fille de sept ans du nom de Pannychis, sous ses yeux, et sur un tapis posé à même le sol par sa servante[2]. Le trio d'amis parvient à s'échapper puis un esclave d’Agamemnon vient leur rappeler qu’ils sont invités à dîner chez Trimalcion.

Vient ensuite le « festin chez Trimalcion » (Cena Trimalcionis, chapitresXXVII àLXXVIII) : le trio se retrouve invité chez le Syrien affranchiTrimalcion, qui possède une somptueuse demeure, décrite en détail par lenarrateur. Le repas est également minutieusement décrit, à la fois les différents plats et les propos de leur hôte et des convives. Plusieurs divertissements égayent la soirée : des danses, des équilibristes et des lectures de récits divers se succèdent. Lorsque le marbrier Habinnas fait son entrée, toute la salle est ivre. Après l'arrivée des esclaves, Trimalcion fait la lecture de sontestament et décrit son monument funéraire. Puis, tous les convives se retrouvent au bain, où Trimalcion fait le récit de sa vie d'ancien esclave devenu affranchi. Ascylte profite du sommeil d'Encolpe pour sodomiser Giton, et parvient à le décider de partir avec lui. Se rendant compte de la disparition de Giton, Encolpe quitte lui aussi la demeure de Trimalcion[3].

Le dieuPriape représenté sur une fresque, àPompéi.

Le troisième mouvement du récit relate l'« infidélité et le retour de Giton » (chapitresLXXIX àXCIX) : Giton accompagne Ascylte ce qui provoque le désespoir d'Encolpe. Ce dernier fait la rencontre, dans une galerie de tableaux (pinacotheca) dupoète de bas étage Eumolpe. Ils s'entretiennent à propos de certains tableaux dont le sens lui échappe. Le poète lui rétorque des discours surannés et pessimistes, puis lui récite un poème sur laprise de Troie. Encolpe retrouve Giton, et, avec Eumolpe, ils embarquent sur le premier navire en partance[3].

Lors de la quatrième partie du texte, « la navigation » (chapitresC àCXXV), les trois amis apprennent que le navire appartient à Lichas, l'ancien maître d'Encolpe et de Giton. La femme du capitaine, Tryphèma, s'empare de Giton et en fait son amant. Giton veut s'émasculer et alors que Lichas, le capitaine du navire, discourt sur les illusions du monde et la doctrine d'Épicure, ils tentent donc de lui échapper mais sont repris. Après une bagarre générale, tous font la paix. Ils écoutent lafable deLa Matrone d'Éphèse narrée par Eumolpe. Mais bientôt une tempête éclate et le navire fait naufrage. Les trois amis sont rejetés sur une plage près de la ville deCrotone. Ils apprennent que les captateurs de testaments y sévissent. Intéressés par ce moyen aisé de gagner de l'argent, ils décident d'en apprendre davantage. Eumolpe récite par la suite un poème sur laguerre civile romaine[4].

La dernière partie raconte les aventures d'Encolpe et de Circé. Pour gagner sa vie à Crotone, Encolpe se prostitue. Il fait la rencontre d'unepatricienne et habitante de Crotone, Circé (chapitresCXXVI àCXLI) : leurs entrevues amoureuses sont décrites en détail, ainsi que la défaillance sexuelle d'Encolpe et les reproches de Circé. Croyant être victime d'un sortilège de la part dePriape, Encolpe demande conseil àProsélénos, prêtresse de ce dieu. Elle le bat avec son balai après avoir récité une litanie mais le charme ne se rompt pas. Encolpe décide ensuite d'aller se faire soigner chez Œnothéa, également prêtresse de Priape. Cette dernière lui enfonce dans l'anus unfascinum[note 2] en cuir enduit d'huile et de poivre puis elle bat son sexe avec une botte d'orties vertes. Encolpe voit son sexe de nouveau revigoré[5].

Des fragments, très décousus, font suite à ces aventures et reviennent sur l'épisode des captateurs de testaments, àCrotone. On ignore cependant de quelle manière se termine le roman[5].

Organisation

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LeSatyricon constitue un« agrégat de fragments disséminés ou fabriqués au gré de la traduction manuscrite[6]. » SelonLouis de Langle, le texte que nous possédons se compose de trois parties : la première et la dernière racontent les aventures d'Encolpe et de ses amis, la seconde, qui est« un hors-d'œuvre » en quelque sorte, décrit un banquet donné par l'affranchiTrimalcion[7]. Cependant, notePierre Grimal, le texte édité aujourd'hui sous le nom deSatyricon« n'est pas l'œuvre entière, mais une collection de fragments, transmis par différents manuscrits et disposés selon des critères de vraisemblance de façon à reconstituer, tant bien que mal, la suite du roman et à dégager une intrigue. » Le plus considérable de ces fragments est lefestin chez Trimalcion (ou Trimalchion), qui suffit seul à fonder la réputation de Pétrone[8].

Le récit se passe d'abord enCampanie, dans une ville non identifiée près deNaples, peut-êtrePompéi ouOplontis, voireHerculanum, puis àCumes et enfin àCrotone[9].

Auteur

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Article connexe :Pétrone.

La « quaestio Petroniana » (c'est-à-dire le débat sur l'identité de Pétrone et sur l'attribution à celui-ci duSatyricon) a produit nombre d'hypothèses. Selon André Daviault, les recherches tendent en majorité à montrer que le Pétrone auteur duSatyricon est bien Titus Petronius Niger. Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille soulignent le fait que« la personnalité de Pétrone est aussi mal connue que l'époque à laquelle il a vécu[10]. » Deux hypothèses majoritaires existent à ce propos : une première situe Pétrone, auteur duSatyricon, sous le règne de Néron, alors que la seconde le place après cet empereur, soit sous l'époque flavienne (69-96), soit sous celle desAntonins. L'édition révisée duGaffiot distingue, dans sa rubrique « Auteurs et ouvrages cités en abrégé », entre Titus Pétronius, courtisan de Néron et Pétrone Arbiter, auteur duSatyricon[11].

Pétrone de l'époque néronienne

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LeSatyricon parTacite[12]

« Mais, sous les noms de jeunes impudiques et de femmes perdues, il traça le récit des débauches du prince, avec leurs plus monstrueuses recherches, et lui envoya cet écrit cacheté, puis il brisa son anneau, de peur qu'il ne servît plus tard à faire des victimes. »

Buste de l'empereurNéron sous le règne duquel Pétrone aurait rédigé sonSatyricon.

Plusieurs personnes de prestige du nom de « Pétrone » existent auIer siècle dans l'empire romain, époque de rédaction supposée du roman. Il semble toutefois que l'écrivain, qui signe son texte du nom de « Petronius Arbiter », soit très probablement un certain Caius (ou Titus parfois) Petronius Niger (ou même : Gaïus Petronius selon Jean-Claude Féray[13]), gouverneur deBithynie, puisconsul suffect en 61 ou 62, selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille. Pétrone Arbiter est cité chezTacite (Annales, livreXVI, 18-19) qui le dépeint comme un personnage« voluptueux, plein de raffinement et d'insouciance » ; devenu l'ami et le protégé deNéron, il passe à la cour pour un« arbitre des élégances »,elegantiae arbiter enlatin. L'expression signale une personnalitéesthète. Toujours selon Tacite, il semble que, par la suite, Pétrone ait été disgracié auprès de Néron par un rival, lepréfet du prétoireTigellin, jaloux de lui. Après avoir dicté, lors d'un voyage de Néron enCampanie, un récit des débauches de l'empereur, Pétrone semble s'être suicidé àCumes, en 67, en adoptant une attitude désinvolte et ce, fidèlement à sa réputation. Il passe pour s'être ouvert les veines dans son bain, après avoir fait parvenir son récit satirique à Néron[9]. SelonTacite en effet, avant de mourir, Pétrone a composé une description fleurie des débauches deNéron et la lui a envoyée sous pli cacheté. L'identité entre ce personnage historique et l'auteur duSatyricon est présentée comme une certitude auXVIe siècle parPierre Pithou[13] et reste l'hypothèse défendue par la majorité des spécialistes modernes. Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille considèrent que Pétrone a bien vécu sous lesJulio-Claudiens et que leSatyricon a été rédigé à la fin du règne de l'empereur Néron[10].Pierre Grimal soutient lui aussi cette hypothèse :« toutes les allusions contenues dans leSatyricon nous reportent à l'époque des empereurs julio-claudiens. L'explication deTacite (XVI, 19) fait référence à un ouvrage de débauches, souvenir assez déformé duSatyricon. » Il ajoute que, selon toute vraisemblance, l'ouvrage a dû êtremis à l'Index et qu'il était de fait inaccessible au temps de Tacite. Il pourrait être unesatire des mœurs du princeNéron censurée sous son règne[8].

Pétrone de l'époque flavienne

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L'hypothèse de René Martin (suivie et confortée par S. Ratti), qui veut que l'auteur ait vécu après l'époque néronienne, se présente comme sérieuse[14] car elle se fonde sur les éléments romanesques présents dans leSatyricon. Ses récits, et surtout leSatyricon, en raison du contexte social et politique qu'il présente, sont en outre les seules preuves de son existence. Pour lui, leSatyricon pourrait vraisemblablement être uneparodie deSilius Italicus (26-101), auteur desPunica, thèse cependant rejetée par François Ripoll[15]. En étudiant les éléments métriques constituant le poème duBellum ciuile duSatyricon, Wei-jong Yeh a en effet montré que Pétrone est l'héritier de Silius ; il situe donc le roman à l'époque deDomitien[16]. Pétrone récupère la tendance littéraire de l'épopée flavienne et en premier lieu celle desPunica de Silius[17]. Cette hypothèse permettrait de dater sa rédaction du milieu voire de la fin de l'époque flavienne. Selon Martin toujours, Pétrone aurait vécu sous lesFlaviens, et il aurait été unaffranchi, ou le fils d'un personnage consulaire, lui-même ancien affranchi. LeSatyricon se déroule en effet sousClaude ouNéron, mais il n'atteste toutefois pas que Pétrone ait été un écrivain de cette période de l'histoire romaine, l'époque du récit pouvant être différente de celle de sa rédaction.

Autres hypothèses

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Le festin deTrimalcion, parLovis Corinth (1909).

Le débat sur l'identité de l'auteur est lié à d'autres controverses, à savoir : celle portant sur la période décrite dans le roman, celle liée à la date de rédaction et de sa publication[18]. Selon René Martin, leSatyricon pose plus de questions qu'il n'en résout, si bien que lecritique littéraire, ainsi que le lecteur, doivent être prudents vis-à-vis de ce texte[19]. L'un des premiers traducteurs français de Pétrone,Jean-Nicolas-Marie Deguerle, a par exemple intitulé le commentaire qu'il lui consacre : « Recherches sceptiques sur leSatyricon et sur son auteur »[20]. René Martin émet en 1975 l'hypothèse que la rédaction du récit est issue ducontexte flavien, et plus précisément faite sousDomitien[21]. On trouve déjà chezVoltaire des doutes à ce propos[13].

D'autres hypothèses, plus marginales, existent[22]. Celui qui signe le roman du nom de « Petronius Arbiter » ne serait qu'unanonyme, et non Petronius Niger. Les partisans de la thèse selon laquelle l'auteur n'est pas Pétrone s'appuient aussi sur plusieurs éléments historiques ou littéraires. D'une part, le récit se déroulant sous le règne deNéron, il semble que Pétrone ait disparu depuis plus de cinquante ans. Le portrait de l'auteur éventuel, d'après ses apparitions fugitives dans leroman, est celui d'un homme bien introduit dans le monde littéraire de cette époque mais probablement d'origine servile (ou alors un affranchi) car il utilise unlangage familier et a des préoccupations propres à cette catégorie sociale. Il est possible qu'il s'agisse d'un de ces affranchis qui servent delector (« lecteur », « secrétaire » d'un maître) aux personnages importants de Rome. Une hypothèse récente, proposée par René Martin et reprise par l'historienMaurice Sartre, considère que l'auteur duSatyricon est le secrétaire dePline le Jeune (environ 61-114), décrit par ce dernier comme une personne à la fois sérieuse et fantaisiste. Lelector de Pline s'appelle en effet, et curieusement, Encolpe, comme le narrateur duSatyricon, nom pour le moins assez rare à cette époque. Il est donc possible que le véritable auteur duSatyricon soit cet Encolpe,affranchi au service de Pline le Jeune[23]. Une autre thèse élaborée parSidoine Apollinaire, auteur duVe siècle, fait de l'auteur un habitant deMarseille, un Massaliote.« Cette ville est en effet connue à l'époque pour ses mœurs pédérastes », et le récit semble y prendre cadre. Jean-Claude Féray y voit l'hypothèse la plus plausible quant à l'identité de l'auteur duSatyricon[24]. Cette thèse est également soutenue par l'un des traducteurs de Pétrone en français,Louis de Langle : à partir du cadre géographique du récit et notamment celui d'un« court fragment d'un livre perdu [il a] établi qu'au moins un des épisodes du roman avait cette ville pour théâtre »[25]. Louis de Langle va cependant plus loin : leSatyricon, ensemble de fragments que l'histoire a rapprochés, serait l'œuvre de plusieurs auteurs différents. Il identifie au moins troisinstances auctoriales, en particulier dans les « aventures d'Encolpe », qui présentent des« morceaux d'inspiration et de valeur bien différentes » ; les chapitres relatifs au culte dePriape, à l'histoire de Quartilla, et peut-être celle de la prêtresse Œnothéa seraient d'un auteur relativement récent[26].

Poétique

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Inspiration milésienne

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Page de l'édition princeps desMétamorphoses d'Apulée duXVe siècle, roman antique proche duSatyricon.

Avec leSatyricon de Pétrone,« le latin vulgaire accède massivement au statut de langue écrite » expliquent Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille[27]. Les cinq romans grecs conservés jusqu'à aujourd'hui (Chéréas et Callirhoé deChariton,Les Éphésiaques deXénophon d'Éphèse,Daphnis et Chloé deLongus,Les Éthiopiques d'Héliodore d'Émèse, etLes Aventures de Leucippe et Clitophon d'Achille Tatius, parmi les principaux conservés[28]) sont de dates voisines à celle supposée auSatyricon — voire postérieurs à l’œuvre de Pétrone[29]. Toutefois, les plus anciens papyrus d'un roman grec (à savoir les quatre fragments duRoman de Ninos) sont datés duIer siècle de notre ère[30]. Le fondateur de la lignée est considéré être l'écrivain grecAristide de Milet (environ 100 av. J.-C.), auteur desFables milésiennes (fabulae Milesiae), traduites en latin par Sisenna (peut-être l'historienLucius Cornelius Sisenna). Pétrone tirerait ainsi son idée d'enchâsser des récits (commeLa Matrone d'Éphèse) directement de l'ouvrage d'Aristide[10]. Le caractère pornographique de certains épisodes tiendrait quant à lui de la tradition desPriapea, poèmes latins consacrés àPriape, dieu qui apparaît en effet dans le roman[31]. Aldo Setaioli mentionne la possibilité que le fragment, découvert en 2009, nommé « Le Roman d’Iolaos » soit un« Satyricon grec » auquel Pétrone se serait référé[32].

André Daviault a montré en quoi l'auteur duSatyricon a assimilé la tradition milésienne ; le texte est en effet« un récit emblématique de la fable milésienne, types de récits d'Aristide de Milet auIIe siècle av. J.-C. et dont on sait par divers témoignages qu’ils consistaient en courtes histoires érotiques, racontées sur le mode licencieux et destinées à divertir, qu’on publiait collectivement dans un recueil. Le conte de « La Matrone d’Éphèse » de Pétrone est généralement considéré comme l’échantillon le plus représentatif de ce genre de littérature »[33]. Maryline Parca parle de la« constante ambiguïté duSatyricon, sa participation simultanée au sérieux et à la parodie, au réalisme et à la fantaisie ». À partir de ce trait, elle considère que le roman est l'héritier de plusieurs traditions littéraires. Ainsi, les contes deL'Éphèbe de Pergame et deLa Matrone d'Éphèse permettent d'établir un lien entre le récit de Pétrone et le modèle dit « milésien », dont lesFables milésiennes (Μάηπαχά) forment le prototype[34]. LeSatyricon fournit lestraits génériques propres au modèle d'inspiration grecque : l'intérêt pour le populaire, le goût des aventures érotiques, la brièveté de la forme et la finalité exclusivement comique[35]. Le modèle milésien lui-même est parodique : il se plaît à détourner certains épisodes desMétamorphoses d'Ovide, sous la forme de petits contes immoraux et salaces, caractéristique qui se retrouve également chezApulée.Macrobe compare d'ailleurs Pétrone àApulée[36]. Maryline Parca conclut que l'influence de ce modèle sur Pétrone tient surtout dans l'absence, dans le cours du récit, de préoccupation morale. Dans son« exploitation cynique de la propension humaine aux aventures érotiques », leSatyricon est l'héritier de la tradition du roman d'amour grec[37].

Roman antique

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Scène de banquet représentée sur unecoupe attique (vers 480 av. J.-C.,musée du Louvre).

LeSatyricon tient augenre littéraire queMacrobe paraphrase par l'expression :« argumenta fictis casibus amatorum referta » (« des récits remplis d’aventures imaginaires arrivant à des amants », dans sonCommentaire au Songe de Scipion, 1, 2, 8). Il s'agit donc d'unroman mêlant aventures etpassades. Cependant, la dénomination de « roman » est, note Michel Dubuisson,anachronique puisque« on l’emploie traditionnellement à propos d’un ensemble d’œuvres grecques très stéréotypées, très artificielles »[38]. Selon Aldo Setaioli, il serait plus pertinent de nommer ce genre la« littérature narrative antique »[32]. Plusieurs éléments, en plus de sa filiation milésienne, laissent cependant penser à un roman authentique, quoiqu'ancien. LeSatyricon, et notamment la scène dufestin chez Trimalcion, préfigure, selonPaul Thomas, leroman picaresque[39].Erich Auerbach, en analysant le concept dereprésentation de la réalité dans la littérature gréco-latine, considère Pétrone comme« le paradigme maximal du réalisme dans l'Antiquité ». Il cite particulièrement l'épisode du festin chez Trimalcion, moment de la littérature antique le plus proche de la représentation moderne de la réalité selon ses mots[40]. A contrario, Florence Dupont considère que l'esthétique duSatyricon est une réécriture duBanquet dePlaton, sur un modefantastique et même« fantasmatique »[41]. Enfin, la mise en scène de personnages de condition extrêmement modeste et la langue utilisée, très populaire, fait aussi songer au genre grec dumime tel qu'il apparaît dans lesMimiambes d’Hérondas, aux thèmes proches de ceux de Pétrone[31].

Lapoétique duSatyricon se fonde sur les thèmes typiquement romanesques de l'errance et de la perte de repères. La maison de Trimalcion, qui est assimilée à un labyrinthe[42], semble par exemple fonctionner dans le roman comme lamétaphore de l’œuvre entière, comme le dédale dans lequel« le lecteur, enfermé de concert avec le narrateur, peine à trouver une sortie[43] ».Pétrone« revisite le passé, c’est-à-dire emprunte à tous les genres littéraires préexistants, mais il le fait avec ironie. Il joue à « déconstruire » par la parodie les systèmes de valeurs que ces différents genres proposent, mais ne semble guidé en cela par aucune idéologie propre » car aucune morale de rechange n'est proposée. Lehéros Encolpe ne permet pas l'identification minimale du lecteur et tout est fait pour ne proposer aucun accompagnement au lecteur type[44]. Cette image implicite du supposéPétrone, G. B. Conte l'appelle l'« auteur caché »[45]. Selon Eugen Cizek, leSatyricon n'est pas seulement la synthèse d'expériences structurales précédentes, il en est aussi le dépassement ; il constitue en ce sens une innovation littéraire de l'Antiquité romaine[46]. D’après André Daviault, Pétrone pourrait être considéré comme le premierromancier européen[47].

Forgerie : parodie et dépassement

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Pour les auteurs antiques, le récit narratif était désigné comme appartenant auroman d'amour.À la fin duXIXe siècle, Richard Heinze (Petron und der griechische Roman, 1899) voit dans leSatyricon une parodie des romans érotiques grecs. Selon lui, Pétrone cherchait à désacraliser les thèmes ettopoï grecs. Il en vient à supposer l’existence d’un roman parodique grec précédant Pétrone et à partir duquel ce dernier aurait structuré leSatyricon[48].Macrobe, comme l'empereurJulien, font en effet des écrits de Pétrone et d'Apulée des romans d'amour. La définition de Macrobe a été« forgée par référence aux romans érotiques grecs. Macrobe appelle les histoires racontées par Pétrone et Apulée« intrigues pleines d’aventures imaginaires d’amoureux » » rappelle Aldo Setaioli[49]. Pétrone a sans doute puisé aux sources grecques et latines le précédant, mais il a forgé une œuvre inédite, remettant en question la poétique traditionnelle. Le roman de Pétrone est donc bien plus qu’une simple parodie ; il est« plutôt un chef d’œuvre littéraire absolu, qui […] n’a aucun parallèle précis dans l’antiquité. […] La parodie et la désacralisation sont des éléments fondamentaux de cette œuvre unique », affirmation cependant à nuancer[50]. Laparodie du genre narratif est clairement reconnaissable dans leSatyricon, mais la dégradation des modèles de la grande littérature (tragédie etépopée, dans le sensaristotélicien) en est inséparable[51]. Plusieurs scènes le laissent à penser, mais c'est surtout l'amour homosexuel des deux protagonistes, qui« est l'une des différences notables entre Pétrone et les romans grecs » qui permet à Aldo Setaioli de faire du roman d’amour grec« l’anti-modèle, ou du moins un anti-modèle de l’œuvre de Pétrone »[52].

Texte : évolution et caractéristiques

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Genèse du texte

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Œuvre fragmentaire

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Une page duSatyricon de Pétrone illustrée parGeorges-Antoine Rochegrosse.

L'œuvre de Pétrone est longtemps restée ignorée[27]. Le texte entier n'est plus lu intégralement depuisIsidore de Séville mais de larges extraits ont circulé au Moyen-Âge[53]. Plusieurs manuscrits indiquent que les segments ayant survécu constituaient les livresXIV àXVI, ce qui permet de supposer que leSatyricon était une œuvre plutôt vaste[54].William Arrowsmith (en) réplique que les indications des manuscrits sont tardives et sont invérifiables mais reconnaît que le roman devait être d'une longueur sans précédent[55].Pierre Grimal suppose même que l'œuvre de Pétrone comptaitXXIV livres, en référence à l'Odyssée d'Homère souvent reprise, ce qui faitque seul un huitième de l'ouvrage est conservé[56]. Le texte publié est donc constitué d'extraits plus ou moins substantiels. La partie nommée le « festin chez Trimalcion » n'a été découverte, dans sa version complète, qu'en 1650, grâce à un manuscrit retrouvé àTrau enDalmatie (actuelleTrogir, enCroatie), conservé depuis 2011 à laBibliothèque nationale de France[1]. L'histoire du texte et de ses manuscrits et éditions est complexe mais ses grandes lignes peuvent être tracées assez précisément[57]. Avec« l'œuvre de Pétrone, il faut raisonner en termes de pièces et de fragments, un peu comme si l'on avait affaire à un magnifique vase de porcelaine brisé : de nombreux morceaux ont conservé un motif d'une complétude suffisante pour être admirés et reproduits isolément ». Ainsi, le conte deLa Matrone d'Éphèse a fait l'objet de plusieurs éditions différentes de même que le récit du festin chez Trimalcion, alors que le poème sur la guerre civile a été publié isolément à Leipzig en 1500 et en France par l'abbé Marolles en 1654 puis parJean Bouhiers en 1737[58]. LeSatyricon est donc une œuvre composite, dont les fragments ont été rapprochés en raison de leurs correspondances thématiques et stylistiques.

Sources et cheminement des textes

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Tous les manuscrits existants dérivent d'uncodex appelé « ω », attesté auIXe siècle au monastère d'Auxerre, en pleinerenaissance carolingienne. Ce codex, aujourd'hui disparu, a donné lieu à quatretraditions philologiques : « O », « L », « H » et « φ ». Le codex Bernensis 357 B (source « O ») est de la main du moineHeiric d'Auxerre († vers 876), et il a été retrouvé auXIXe siècle. Dans ce document, c'est la première fois que le nom de Pétrone est cité au Moyen Âge[59]. La source désignée « L » a préservé les aventures d'Encolpe en haute mer alors que celle nommée « H » conserve lefestin chez Trimalcion. LeFlorilegium Gallicum (φ) compilé àOrléans à la moitié duXIIe siècle a quant à lui conservé la majeure partie de l'intrigue. Parallèlement à ces quatre traditions, et de manière indépendante, le conte deLa Matrone d'Éphèse ainsi que le poème sur la guerre civileDe bello ciuili ont circulé. Après leXIIe siècle, le statut du texte de Pétrone devient confus. L'humanisteJean de Salisbury l'évoque dans saPolycraticus, et il semble avoir connaissance des traditions « O », « L » et « H », notamment de laCena[53]. Un manuscrit duXIIIe siècle apparaît, de la main d'Elias Rubeus de Thriplow ; il est conservé auTrinity College de Dublin. Puis les copistes ont ensuite ajouté, retranché, interpolé et honoré d'apocryphes l'ouvrage[60]. En 1420, Poggio Bracciolini, un collectionneur de laRenaissance passionné de littérature érotique, fait parvenir à son correspondant, en Angleterre, du nom de Niccolo Niccoli, un long fragment duSatyricon, désigné « σ » et qui semble de tradition « O ». En 1423, àCologne, il présente un autre fragment contenant l'épisode duFestin chez Trimalcion, de tradition « H ». C'est le manuscrit de Bracciolini, copié àFlorence en 1423 et 1425, qui permet la diffusion de nombreuses versions publiées, à savoir : l'édition princeps duSatyricon, publiée àMilan en 1482 par Francesco dal Pozzo, celle deVenise en 1499 et celle deParis en 1520. Le manuscrit retrouvé àTrau en 1650 en est issu[61]. Le premier fragment duSatyricon, publié en français, estLa Matrone d'Éphèse traduit par un moine en 1475.

Dès lors, le texte duSatyricon entre dans la littérature connue.Jacques Cujas le mentionne en 1562, puisAdrien Turnèbe (1512–1565), dans sonAdversaria, explique que Henri de Mesmes le tient sous clé en raison de l'obscénité de son auteur. Joseph Justus Scaliger (1540–1609) et Jean Detourne (1539–1615), en réunissant les traditions « O » et « L », présentent des éditions qui en doublent la longueur[62]. En 1603, le franco-écossais[63]John Barclay publie sonEuphormionis Satyricon,roman satirique en latin, au succès important. Il n'a cependant pasemprunté à Pétrone[27] bien qu'il ait eu connaissance du texte. En 1650, c'est le juriste et savant Marino Statileo qui découvre le manuscrit dit deTrau (référencé « Codex Parisenus lat. 7989 olim Traguriensis »). Cette découverte du texte du festin chez Trimalcion en entier permet la réunification de toutes les traditions philologiques selon H. F. Carver, dans l'édition de Paolo Frambotto publiée àPadoue, en 1664. La première édition complète, mais encore peu fiable, duSatyricon est celle publiée àAmsterdam en 1669 par Ioan Blæu et Michel Hadriandes[64]. John Dryden, dans sonDiscourse on Satire (1693) loue cette version complète de l'œuvre de Petronius Arbiter, dont il compare la verve satirique à celle deVarron. D'autres éditions voient le jour par la suite : celle de Pierre Linage en 1673 et surtout celle deFrançois Nodot en 1691 (il publia uneTraduction entière de Pétrone en 1693), qui intègre de nouveaux fragments qu'il aurait découvert en 1688 àBelgrade[65]. Cependant, bien que souvent reprise postérieurement, jusqu'à la traduction de Tailhade, le style médiocre, les impropriétés linguistiques ainsi que lesgallicismes trahissent selon plusieurs observateurs, dontLeibniz (Epist. XIX), une supercherie littéraire et un faussaire[64]. En 1862, Bücheler publie deux éditions critiques qui sont considérées comme les premières valables[66]. Le philologue classique suisseKonrad Müller analyse dans différents ouvrage la filiation de la plupart des traductions actuelles[67],[68],[69].

Censure

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AuXVIIIe siècle surtout, en France, leSatyricon subit lacensure[70]. Accusé d'immoralité, d'« anarchie morale et sexuelle », le sort du roman illustre les attaques répétées que la bourgeoisie assène à laphilologie naissante et à son travail de redécouverte. En 1800,La Porte du Theil accepte que sa traduction soit détruite. En 1823,Louis XVIII interdit qu'elle soit reprise au sein de laBibliotheca classica latina élaborée par N.-E Lemaire. La Réserve des livres rares de laBibliothèque nationale de France en conserve cependant un exemplaire[71]. Selon Dominique Lanni, à travers la condamnation duSatyricon et de sa traduction par La Porte du Thiel, c'est la condamnation d'une méthode, d'une conception de l'érudition en plus de celle d'une vision de laromanité qui transparaît[72].

Rédaction

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Les interrogations subsistent quant à la période de rédaction duSatyricon. Il existe de nombreux parallèles entre le texte de Pétrone et des auteurs telsMartial,Tacite etPline le Jeune, qui rédigent tous leurs œuvres sous lesFlaviens ou au début de la dynastie desAntonins. Or Martial cite généralement ses modèles et ne mentionne à aucune reprise Pétrone et leSatyricon. Il paraît aussi difficile de croire que des écrivains comme Tacite ou Pline aient copié des passages d'un récit aussi salace. Il est par conséquent plus que probable que c'est leSatyricon quiparodie ces divers auteurs et non l'inverse. En revanche, en 120, c'estJuvenal qui pastiche à son tour leSatyricon (au livre 3 de sesSatires), ce qu'il ne fait pas dans les deux premiers livres parus en 116. Cela donne comme période de rédaction probable les années allant de 116 à 120[73]. Pour Nicole Fick cependant, le roman a été écrit entre la fin du règne deNéron (en 68) et le début du règne deDomitien (vers 90)[74] alors que Michel Dubuisson localise sa rédaction plus précisément. La référence au populisme de Néron qui s'appuyait sur les basses classes, ainsi que celle faite à l’épicurisme de l’époque oùSénèque est écarté des affaires, vers la fin du règne de l'empereur, permettent de laisser penser, selon lui, que leSatyricon ait été destiné à être lu à la cour deNéron dans l'année 63 ou 64[75]. Pour René Martin, étant donné la longueur et l'érudition duSatyricon, sa rédaction aurait pu prendre de nombreuses années ; elle aurait commencé sous les Flaviens et se serait achevée sous les Antonins[15].

Lesréécritures constantes, ainsi que la méthode comparative avec d'autres textes dont les dates sont mal établies font que pour Jean-Claude Féray, leSatyricon est impossible à dater sans analyser son originalité littéraire[13]. L'étude de cette dernière montre sa proximité avec lesromans grecs parvenus à ce jour. Les patronymes grecs des personnages, le cadre hellénique, lesmotifs de tradition littéraire grecque (navigation en mer, description des tempêtes, scène de rencontre au sein de lieux de culte et épisodes de prémonition, entre autres), et enfin les techniques narratives utilisées (comme lesanalepses de récits introduites au sein de déclamations ou demonologues) sont autant d'indices qui font que leSatyricon est issu d'un« noyau grec » repris par un voire plusieurs auteurs latins[76]. Ces éléments conduisent Michel Dubuisson à voir dans leSatyricon une œuvreiconoclaste, originale et inclassable, formée d'une« étrangeté qui frappe dès la première lecture et qui […] ne résulte pas d’une erreur de perspective de notre part, mais correspond à quelque chose de profondément voulu »[77]. Michel Dubuisson parle d'« un dynamitage des genres traditionnels, une intention délibérée de se situer en dehors des genres reçus » ; il classe par conséquent leSatyricon dans legenre de laparalittérature[78].

Époque et lieux du récit

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Le temps du roman semble se situer à l'époque des Flaviens selon l'universitaire René Martin, donc bien après la mort de Néron et de Pétrone. Quelques détails vont en effet en ce sens. L'allusion, lors du banquet deTrimalcion, à sa fortune amassée dans une période passée alors que le marché du vin est au plus haut de son cours permet de rapprocher l'action du roman au règne de Néron mais aussi de celui des Flaviens. La mention faite au personnage de Scaurus est également un indice car il s'agit d'un proche dePline le Jeune qui a vécu sousDomitien etTrajan[79]. C'est la référence au contexte politique, au chapitreXLVII surtout, qui laisse à penser que le récit se déroule avant la fin duIer siècle, avant le règne deCaracalla, et plus précisément avant l'édit (212) qui porte son nom et qui permet à un esclave d'acheter son affranchissement. Le chapitreCXVIII, qui présente le poème d'Eumolpe sur la guerre civile entreCésar etPompée est un autre indice contextuel en faveur de cette hypothèse : cette allusion renverrait, selon René Martin, auxPuniques deSilius Italicus (26-101)[80].

Le récit se passe d'abord enCampanie, dans une ville souvent identifiée au port dePouzzoles, dans la baie deNaples, peut-êtrePompéi ouOplontis, voireHerculanum, ensuite en mer sur le bateau de Lichas puis le long de la côte à l'entrée dugolfe de Tarente ouCumes et enfin àCrotone[9]. Plusieursanalepses relatent des épisodes antérieurs perdus qui ont pour cadre la ville deRome et la station balnéaire deBaïes[81],[82]. Selon André Daviault, le roman a d'abord pour cadre la cité deMarseille[83].

Titre

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« À peine arrivés, cet homme tire sa bourse d'une main, et de l'autre… L'infâme ! il ose marchander mon déshonneur au poids de l'or. Déjà la digne hôtesse de ce lieu avait reçu le prix d'un cabinet ; déjà notre satyre me pressait d'un bras impudique. Sans la vigueur de ma résistance, mon cher Encolpe, vous m'entendez… ! »[84] (leSatyre au repos dePraxitèle, copie romaine conservée aumusée du Capitole àRome).

Le titre de l'œuvre est ungénitif pluriel en latin[note 3],[85] ; il s'agit donc de « satyrica », c'est-à-dire d'histoires satiriques ou d'histoires de satyres car les deux significations sont présentes en filigrane dans le mot[1]. Intituler le roman les « Satirica » au lieu du « Satyricon » est de plus en plus établi au sein du milieu de la recherche[14],[86]. Les deuxétymologies, qui conditionnent les graphies des éditions (« Satyricon » ou « Satiricon ») ouvrent un débat quant à la finalité du texte attribué à Pétrone. Lagraphie « Satyricon » fait toutefois l'unanimité aujourd'hui ; elle sous-entend le mot « liber » (Satyricon liber donc), soit : « livre des Satyriques »[57] ou « les Satiriques »[31]. La première hypothèse concernant le sens du titre le rapproche d'autres ouvrages romains inspirés d'ouvrages grecs : de même que lesBucoliques sont un livre relatif aux bergers (βουκόλοι en grec) et que lesGéorgiques sont un livre relatif aux cultivateurs (γεωργοί), leSatyricon serait un ouvrage sur lessatyres (σάτυρος), allusion mythologique désignant en réalité les comportements licencieux des personnages[87].

Dans le cas de lagraphie concurrente (« Satiricon »), l'allusion à lasatura[note 4] (ousatira) est toutefois une autre piste de lecture. Lasatura lanx est, chez les Romains, une recette culinaire caractérisée par le mélange des denrées, traduite par « Pot-pourri » ou « macédoine », et dont le nom est également utilisé pour désigner un bassin rituel rempli de toutes sortes de fruits, chezHorace notamment[89]. Paranalogie, lasatura caractérise un« genre composite qui mêle prose, poésie, tragédie, comédie en un délicieux enchevêtrement de tons et de genres » selon Géraldine Puccini[90]. L’adjectif « satiricus », donnant le français « satirique », n’apparaît enlatin qu’au début duIVe siècle, chez l’écrivain chrétienLactance ; il est donc très peu vraisemblable qu’une forme hellénisée de ce mot ait pu servir de titre à une œuvre duIer ouIIe siècle, sauf siPétrone fut le pionnier et que nous n’en avons pas de traces — par conséquent le titre paraît renvoyer à l'idée de mélange littéraire plutôt qu'aux êtres mythologiques à pieds de bouc[87]. L'hypothèse selon laquelle le titre proviendrait du motsatyreium (satureum), cité dans le roman (chapitreVIII), et désignant une drogue aphrodisiaque, est peu probable[91].

Langue

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LeSatyricon n'est pas une œuvre écrite dans un style élevé, au contraire : le texte est rédigé dans le style de lasatura. Ces personnages parlent en effet unlatin familier, empreint debarbarismes, adapté à leurs cultures et aux circonstances ; cependant, Pétrone en exploite habilement les ressources. Certaines parties, surtout celles envers, utilisent une langue plus noble mais« ampoulée » (celle des écoles, précisent Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille). Plusieurs groupes de personnages représentent le passage d'un style à un autre : Agamemnon, Eumolpe et Circé parlent par exemple un latin quotidien, de conversation courante alors queTrimalcion adopte un langage plus familier, d'autres personnages, comme ses convives, sont quant à eux vulgaires[27]. Les dialogues sont caractéristiques de deuxgroupes sociaux : les affranchis et les personnages cultivés[92]. Latirade du chapitreCXIII est particulièrement travaillée. Encolpe y déclare sa jalousie et annonce ne pas savoirin petto qui préférer, entre Triphène ou Giton. L'auteur semble l'avoir composée par pure volonté stylistique, autour d'uneantimétabole[93].

Longtemps qualifiée de « vulgaire », car étant celle de la classe des affranchis, la langue duSatyricon paraît au contraire une innovation antique. Elle contient en effet de nombreuxhapax, c’est-à-dire des termes qui ne sont attestés qu’une fois et dont, par conséquent, le sens exact est parfois difficile à déterminer. Ces hapax sont si nombreux qu'ils ont fait l'objet d'une étude spécifique menée par Giovanni Alessio[94], à tel point que Michel Dubuisson parle de Pétrone comme d'un« San-Antonio latin »[95]. Nombre de traducteurs ont tenté de restituer au mieux l'inventivité de Pétrone en matière lexicale.

Incohérences

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Le traducteurLouis de Langle, dans sa préface duSatyricon de 1923, explique que« nul ouvrage, peut-être, n'a plus besoin de commentaire. » Il ajoute :« c'est une tâche impossible actuellement de résoudre seulement les plus essentielles des innombrables questions que soulève leSatyricon[96]. » En plus de l'identité de son auteur et de sa date de rédaction, de nombreuses incohérences inhérentes au récit interrogent les spécialistes, si bien qu'Émile Thomas a pu parler de« chausse-trapes »[97].

Plusieurs indices laissent à penser que le texte original a été enrichi et poursuivi par d'autres auteurs que le premier. La déchéance du personnage de Giton, pourtant central au début, à partir du chapitreC, et l'attitude soudainementbisexuelle d'Encolpe dévoilent selon Jean-Claude Féray une incohérence narrative manifeste. Celle-ci est maximale au chapitreCXL dans lequel la description pornographique constitue uneinterpolation du goût romain[98]. C'est cet épisode du naufrage qui marque l'interruption du roman grec perdu depuis, récupéré par l'auteur présumé et continué par la suite, dans une mentalité romaine. Le travail descopistes a également pu participer à la constitution du texte actuel. Certaines incohérences destyle,« certaines transitions défectueuses, certaines faiblesses de style révèlent le travail plus ou moins adroit d'un abréviateur qui a copié fidèlement divers morceaux, qui en a sauté d'autres, qui en a enfin résumé » noteLouis de Langle[99].

Les contes insérés

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LeSatyricon, dans son édition actuelle, présente trois passages insérés dans le récit-cadre des « aventures d'Encolpe ». Louis Callebat les nomme des« récits enchâssés »[100], typiques de la tradition des romans grecs. LeSatyricon présente toutefois d'autres exemples de récits« interpolés, expansions du récit de base, développements non seulement soumis au cadre premier, mais ayant avec lui une relation réciproque. Telles sont l'histoire duloup-garou[note 5] racontée par Nicéros (chapitreLXI) et celle desstryges rapportée par Trimalcion (chapitreLXIII)[102]. » L’insertion dans cette intrigue d’excursus, comme le discours sur la décadence et l’éloquence, d'histoires à tiroirs (à la façon, plus tard, duDon Quichotte ou desMille et une Nuits) et même d'un passage en vershexamètres à propos de laguerre civile entre César et Pompée sont autant d'éléments romanesques[103].

L'Éphèbe de Pergame

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Article connexe :L'Éphèbe de Pergame.

Cette histoire, insérée au sein du récit au moyen d'une rencontre hasardeuse, présente« un cas de corruption » et semble constituer une illustration des malheurs d'Encolpe. Elle présente donc un lien avec l'épisode précédent mais, surtout, elle annonce« le long développement sur la décadence des temps »[104]. Il semble que ce conte soit unemprunt littéraire à une source grecque non identifiée[98]. Selon Aldo Setaioli toutefois, Pétroneparodie une histoire racontée chezAchille Tatius en se centrant non sur le couple principal du roman, mais sur le cousin de Clitophon, héros du roman de Tatius, Clinias. L'histoire« met en scène un amour pédérastique comme celui que raconte Eumolpe. Clinias est si généreux qu’il fait cadeau à son aimé, Chariclès, d’un cheval qu’il avait acheté pour lui ; mais ce même cheval provoquera plus tard la mort de Chariclès. Le thème tragique se trouve dégradé en parodie risible chez Pétrone, où le cheval n’existe pas, et où il n’est pas même réellement promis, mais seulement évoqué par Eumolpe dans le but d’obtenir les faveurs du garçon, dont il pourra encore jouir de façon répétée même une fois qu’il est devenu évident que le cheval ne se matérialisera jamais[105]. » Le peintre érotiqueGaston Goor a illustré le récit dans son édition moderne de 90 dessins en couleurs.

La Matrone d'Éphèse

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Article connexe :La Matrone d'Éphèse.
« Il y avait à Éphèse une dame en si grande réputation de chasteté, que les femmes mêmes des pays voisins venaient la voir par curiosité, comme une merveille »[106] (scène du récitLa Matrone d'Éphèse parWenceslas Hollar).

La Matrone d'Éphèse est unconte licencieux qui narre l'histoire d'une jeune veuve qui succombe finalement, malgré la période de deuil, à la tentation de la chair. Elle va même jusqu'à sacrifier le corps de son époux pour sauver son amant. SelonLouis de Langle il« n'est peut-être même qu'une Milésienne récente qui se serait glissée tardivement dans le recueil »[107]. Cette histoire existait avant Pétrone, étant donné qu’elle apparaît dans une des fables dePhèdre[108]. Le conte connaît plusieurs reprises auxXVIIe et XVIIIe siècles en France. La piècePhèdre et quelques textes deSaint-Évremond y font allusion.Antoine Houdar de La Motte s'en inspire dansLa Matronne d'Éphèse ainsi queFatouville dansArlequin Grapignan (1682). Le conte a été également repris parJean de La Fontaine aulivreXII desFables (fable 26). Dans l'économie générale du récit,« son histoire illustre la seule relation hétérosexuelle heureuse duSatyricon et fournit au roman un ton d'optimisme ainsi qu'une foi nouvelle en la fertilité de la vie »[109]. Dans ce roman (le récit de la Matrone d'Éphèse selon Gaston Boissier)« si peu moral, il est souvent question de morale, et il n’est pas rare d’y trouver des pages qu’on croirait empruntées aux épîtres de Sénèque »[110].La Matrone d'Éphèse donne lieu à de multiples adaptations théâtrales si bien que selon Dominique Lanni le succès de Pétrone se situe d'abord, pour la période moderne, sur les planches[111].

Festin chez Trimalcion

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Article détaillé :Festin chez Trimalcion.

L'épisode desagapes lors du festin chez Trimalcion est le cœur de l'œuvre ; son récit représente un tiers de l'ouvrage. Cet épisode, nommé aussi le « Banquet chez Trimalcion », vient« couper » les aventures d'Encolpe et constitue« un épisode bien distinct et fort long, qui formait très probablement à lui seul un livre complet, le XVe, et, en conséquence, la suite des aventures d'Encolpe à partir de sa rencontre avec Eumolpe (à la fin du chapitreCXL) se trouvait très vraisemblablement dans lelivreXVI » signaleLouis de Langle[7]. Il met en lumière les mécanismes sociaux de lasociété romaine de l'époque. L'anciendominus (« maître ») de Trimalcion, auquel ce dernier est reconnaissant, a voulu faire de son ancien esclave unhominem inter homines, un homme parmi les hommes. Or pour Antonio Gonzalès, l'affranchissement d'esclaves était exceptionnel à cette époque, ce qui fait de l'histoire du personnage de Trimalcion une« success-story à l'antique »[112] même si sa réussite est permise par ses compétences sexuelles surtout selonPaul Veyne[113]. Selon Nicole Fick, tout dans ce festin est excessif :« on y passe du choquant au risible, de l'appétissant au nauséeux, des propos de comptoirs aux calembours. » Par cet épisode, Pétrone joue sur les contrastes et révèle ainsi le décalage entre la culture romaine et le monde des affranchis[114].

PourErich Auerbach, l'épisode chez Trimalcion représente un cas unique deréalisme au sein de la littérature antique. Il compare même Pétrone àÉmile Zola :« On trouverait difficilement dans la littérature antique, un passage qui montre avec autant de force le mouvement intérieur de l'histoire. […] [Pétrone] s'est avancé de la sorte jusqu'à l'extrême limite du réalisme antique » et l'épisode du festin chez Trimalcion est« d'une peinture précise, nullement schématique, du milieu social, sans aucune stylisation littéraire[115]. » L'auteur a en effet, en plus de l'effet de réel cherché dans la présentation des convives et de leur relation entre eux, à imiter, par cette scène, l'exercicerhétorique de larecitatio, qui consistait en des lectures publiques. Un calcul a montré que cettecena (ce « repas ») lue à voix haute dure en effet environ une heure, soit la durée normale d’unerecitatio[116].

Thèmes et personnages

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Intrigue

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Extrait du chapitreXXXIX, « le festin chez Trimalcion »[117]

« Trimalchion interrompit cet agréable entretien. On avait déjà enlevé le second service, et, le vin excitant la gaieté des convives, la conversation était devenue générale. Alors notre hôte, les coudes appuyés sur la table :
— Égayons notre vin, mes amis, et buvons assez pour mettre à la nage les poissons que nous avons mangés. »

La jalousie d'Encolpe, personnage-narrateur du récit, en fournit le ressort dramatique. Lesmotifs centraux du roman grec à l'origine duSatyricon semblent être la possessivité et la jalousie pédérastique[118]. Bien plus, ce sont les relations amoureuses et sexuelles des personnages entre eux qui constituent ladiégèse duSatyricon car toutes les actions en dépendent. L'embarquement sur un navire, par exemple, puis la fuite devant la vengeance de Lichas s'expliquent par le comportement passé d'Encolpe, jadis amant de Lichas, et qu'il a déshonoré en devenant celui de sa femme, Triphène[119]. Les fuites constantes des personnages font duSatyricon le« récit de la vie vagabonde de quelques aventuriers »[120]. Selon Danielle Van Mal-Maeder,« l’action romanesque révèle des discordances par rapport aux discours tenus, de sorte que la caractérisation se situe, de façonironique, à la croisée des mots et des actes[121] », ce qui procure auroman un caractère à la fois édifiant et ambivalent.

La diégèse est destinée à plaire au lecteur : selon Jean-Claude Féray, les« rivalités entre hommes et doutes jalonnent la narration, lui permettent de rebondir lorsque menace le calme plat du bonheur parfait, générateur d'ennui – pour le lecteur. » Deux rivaux successifs se présentent : Ascylte puis Eumolpe[122]. Lerythme de l'intrigue s'articule autour de trois temps forts, qui vontcrescendo, au sein de l'histoire du trio de personnages. D'abord, Ascylte tente de violer Giton, ce qui contraint Encolpe ensuite à essayer de le fuir et de rompre toutes relations avec son ancien amant. Le paroxysme est constitué par la décision prise par Giton de suivre Ascylte de son plein gré[123]. Les épisodes sont autant d'atellanes (petites pièces bouffes latines) insérées dans le récit principal, celui des aventures d'Encolpe préciseHenry de Montherlant[124].« Du point de vue moderne, l’œuvre produit donc une impression bizarre. Elle ressemble assurément à un roman : elle comporte, d’abord, une intrigue. Nous avons du mal, à vrai dire, à la cerner exactement, puisque non seulement nous n’avons que deux livres d’un ensemble plus vaste, mais encore que ceux-ci sont eux-mêmes dans un état extrêmement lacunaire. La lecture duSatiricon est donc très irritante, parce qu’au moment où le lecteur a enfin réussi à retrouver le fil », son sens se dérobe[77].

Personnages

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Fresque érotique dePompéi.

Les personnages principaux de Pétrone n'appartiennent pas à labonne société romaine. Par exemple,Trimalcion et ses invités sont des affranchis (missus) d'origine orientale ou punique, représentés comme de« sots incultes malgré leur richesse apparente ». La fortune de Trimalcion s'explique en effet par le fait que son maître, avant de mourir, lui a légué tous ses biens, en plus d'en faire un homme libre[125]. Sous l'« apparente vulgarité bonhomme de Trimalcion s'organise, de fait, une véritable résistance à la romanité[126]. » D'autres personnages sont des marginaux ; c'est le cas d'Encolpe, Giton et Ascylte, caractérisés par leurs mœurs douteuses, alors qu'Agamemnon et Eumolpe sont respectivement unrhéteur et unpoète de bas étage[27]. Encolpe est lenarrateur du récit principal ; son éducation et la culture en font, par moments, le représentant ou l'égal de Pétrone selonPaul-Marie Veyne[127]. Polyaeanos (en grecπολύαινος /polyainos : « très digne d'éloges ») est le nom qu'il prend dès le chapitreCXXVI[128]. Eumolpe représente l'antithèse d'Encolpe : il croit en le détachement des âmes (c'est le sens du récit deL'Éphèbe de Pergame), face à la souffrance sentimentale d'Encolpe. Le poète fait figure de vieux sage, d'épicurien détaché de la maladie d'amour, et capable de la transformer en un langage poétique édifiant[118].

Chacun porte un message mais les couples de personnages révèlent davantage la finalité de l'auteur. Ainsi, lors de sa première apparition, le poète Eumolpe condamne un monde dominé par l'argent et ne témoignant aucun intérêt pour ce qu'il nomme le « génie » ; il est alors dépeint comme un« paria » selon Maryline Parca[129]. Or, cette prise de position d'Eumolpe sur lapoésie fait écho à l'opinion d'Agamemnon quant aux causes de la décadence de larhétorique. Les deux personnages condamnent« les préoccupations matérialistes de leurs contemporains et ne peuvent survivre que s'ils négligent leurs propres intérêts et servent ceux des autres. » Les personnages deviennent par conséquent dessymboles de la façon de mener son existence dans un monde décadent et, tandis qu'Agamemnon est prêt à faire des concessions, Eumolpe s'accroche à ses convictions morales et à son amour de la poésie[130]. Ils évoluent dans« un univers qui leur est étranger, pour ne pas dire hostile, la plupart du temps dans le brouillard ou dans l’obscurité, et cette errance semble être unemise en abyme de celle du lecteur »[131]. De manière schématique, lastructure actantielle, de facture classique, est distribuée autour du trio des personnages principaux : Encolpe, Ascylte et Giton, les deux premiers s'opposant pour la personne de Giton, objet des relations interviriles entre eux. Le schéma classique est cependantparodié : l’ami fidèle, qui est également un personnage traditionnel duroman grec, représenté par Ascylte« est certainement bien différent de Polycharme chezChariton, de Cnémon chezHéliodore, ou de Clinias chezAchille Tatius ; et quand un compagnon plus âgé, le poète Eumolpe, prend la place d’Ascylte, il se montre bien éloigné du personnage vénérable du vieux Calasiris dans le roman d’Héliodore »[132]. Subsidiairement apparaît parfois une autre structure, celle formée autour du couple amant/maîtresse, symbolisant le couple amour/haine[133]. Le motif triangulaire oblige les personnages à vivre leur relation sur le mode agonique et, de fait,« l’amour entre les jeunes gens est systématiquement corrélé à la violence[134]. »

Relations sexuelles

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Illustration de la scène du festin chez Trimalcion parGeorges-Antoine Rochegrosse.

LeSatyricon est considéré comme un romanpornographique etpédérastique[135], dès ses débuts. Jean-Claude Féray montre que le texte a toutefois été édulcoré par les versions et éditions successives et qu'il faut remonter à la traduction de François Galaud de Chasteuil (1625–1678), conservée à laBibliothèque nationale de France, pour lire celle qui est la plus respectueuse de l'original[136]. Il est par ailleurs envisageable que le texte actuel« résulte de l'enrichissement et de l'expansion d'un noyau primitif plus authentiquement pédérastique[76]. » Cette expansion serait en revanche parodique ; letopos du couple des amants se comporte, par exemple, à l’inverse du couple des héros des romans érotiques grecs traditionnels[132].

Plusieurs indices laissent à penser que le texte relate les aventures de jeuneshomosexuels romains. Le trio des personnages principaux est significatif : Encolpe aime Giton, également apprécié d'Ascylte, ancien compagnon du premier. Encolpe accuse son rival Ascylte d'être unleno (un « entremetteur » de jeunes personnes) et le qualifie dedoctior (« très savant ») car il joue une part active dans laséduction[129]. Les personnages, et en particulier Eumolpe et Encolpe, appartiennent donc à une communauté exclusivement homosexuelle[137],[138] ou sont clairementbisexuels selon René Martin[139]. Le personnage de Giton, qui passe pour être un adolescent de seize ans, est ambivalent. Selon Jean-Claude Féray, il est beaucoup plus jeune et les incohérences relevées à son propos s'expliquent par des manipulations du texte au fil des siècles, à partir d'un original grec plus cru[140]. LeSatyricon« traduit également une sorte de renversement dans la présentation de l'« idéal féminin » […], à savoir que dans cette œuvre les femmes ne manifestent pas les talents domestiques, les qualités de réserve, soumission et besoin de protection que l'on attend d'elles mais que ces traits sont l'apanage de Giton[104]. » Pour John Patrick Sullivan enfin, dansThe Satyricon of Petronius: A Literary Studies (1877), le récit contient des éléments sexuels qui peuvent, dans une optiquepsychanalytique, être apparentés à une« nostalgie de la boue »[141].

Peinture de la quotidienneté

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LeSatyricon fournit un ensemble d'informations sur la vie quotidienne à Rome, entre leIer etIIIe siècles — période supposée de rédaction du texte. La nourriture offerte par Trimalcion, lors du banquet qu'il organise chez lui, les gestes superstitieux des convives ou les scènes demagie ont intéressé les historiens de lacuisine romaine[27]. Le « cave canem » (mise en garde qu'un chien protège la demeure) que découvre Encolpe à son entrée chez Trimalcion est semblable à celui représenté sur unemosaïque dePompéi[116], même si, dans leroman, il s'agit davantage d'une peinture entrompe-l'œil[142]. L'étude des objets, des peintures, de l'organisation de la demeure et de sastatuaire ont permis d'en savoir davantage sur la vie quotidienne à cette époque. Par conséquent,« les recoupements archéologiques ou ceux que fournissent d'autres sources littéraires garantissent la part importante d'observation qui entre dans la façon de Pétrone[143]. » Ainsi, selon Gaston Boissier,« l’intérêt du roman de Pétrone est moins dans le piquant de l’intrigue ou dans l’agrément du style que dans les souvenirs qu’il renferme de l’époque où il a été écrit[144]. »

Décadence et marginalité

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Le Marché aux esclaves parGustave Clarence Rodolphe Boulanger (1882).

L'Éphèbe de Pergame, inséré au sein du récit,« illustre l'une des plus profondes convictions d'Eumolpe, celle qui concerne la décadence du monde contemporain. » Ce passage semble à relier à l'invective du chapitreLXXXVIII, qui présente une large critique de l'art, de la morale, de la politique et de la religion[129]. LeSatyricon est donc, pourLouis de Langle,« quelque chose comme l'épopée de la crapule durant la décadence romaine » mais l'œuvre primitive dont il est inspiré« était, à en juger par les fragments qui en restent, quelque chose de plus élevé, de plus délicat, et […] de plus moral : il s'agissait de la décadence des lettres envisagée comme conséquence de la décadence des mœurs »[145]. Selon G. B. Conte,« Encolpe représente tous les travers duscholasticus, celui qui passe le plus clair de son temps dans les écoles et les lieux de déclamation au point de tomber victime de ses propres expériences littéraires et qui, naïvement, s’exalte en s’identifiant aux modèles héroïques sublimes », ceux de l’épopée et de latragédie[146]. Cettemarginalité des personnages se manifeste par le fait qu’ils sontsans domicile fixe et qu’ils errent tout le long du récit.« Au début du roman le narrateur, privé du sens de l’orientation, est incapable de retrouver le chemin qui le mènera à l’auberge :« Mais je ne me rappelais pas exactement la route, et ne savais pas où était notre auberge. Aussi je ne faisais que revenir sans cesse sur mes pas. » dit-il »[42]. Cettedécadence se manifeste surtout par la maîtrise de la duplicité de la part des personnages principaux, en particulier lors de l’épisode sur le bateau de Lichas et Triphène[147]. Pétrone présente également comme cause de la décadence l'abandon de l'éloquence au sein de la scolarité romaine. Il reprend par là la thèse deMessalla, rapportée dans leDialogue des orateurs deTacite.« Les correspondances que ce dernier texte présente avec celui de Pétrone sont si nombreuses qu’elles ont été utilisées soit pour compléter telle lacune dans leDialogue des orateurs, soit comme argument pour une datation tardive duSatyricon » selon Danielle Van Mal-Maeder[148].

Pour Émile Thomas, lespetites gens (populus minutus) sont omniprésents dans leSatyricon, roman de laplebicula (« société des pauvres »). Cette couche de la population est composée par beaucoup d'anciens esclaves affranchis qui mettent en scène, lors de banquets grandioses, l'opulence de leurs anciens maîtres. En effet, l'argent ne leur procure pas les mêmesdroits civiques que lesingenui, et ces fêtes sont« un moyen d'échapper au déterminisme de leur ancien statut », représentant une sorte desaturnales même[149]. Pétrone dépeint par ce roman les ravages d'une« morale du profit »[150]. Leréalisme lui sert pour représenter cette décadence et cette instabilité ducosmos. Pour Pétrone« le monde est agité d'un mouvement incessant, où rien n'est sûr, surtout la richesse et la situation sociale sont choses extrêmement instables »[151].

Jeunesse et violence

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Statue d'un jeune Romain en toge, 20-30 ap. J.-C (Glyptothèque de Munich).

Johana Grimaud fait remarquer que les trois jeunes protagonistes ne sont pas du même âge, mais qu'ils appartiennent tous les trois à la catégorie plus globale de laiuuentus (la « jeunesse »).« LeSatyricon livre une représentation d’une jeunesse en quête de repères. Si le théâtre latin représente la première étape de l’individualisation de la jeunesse dans la littérature, il semble que Pétrone en marque le dernier palier[152]. » René Martin présente quant à lui les principaux personnages du roman comme des jeunes,« typiquement des déclassés, des marginaux »[153], qui traduisent une crise plus profonde au sein de lasociété romaine, crise que plusieurs passages illustrent particulièrement. Par exemple, le poème inséré dans le récit, leBellum Ciuile chanté par Eumolpe,« pose les origines de la société duSatyricon, qui n’est qu’une continuité de cette société républicaine délitée, où la crise des valeurs est profonde. » La jeunesse, le mot même, est en effet absent de l'œuvre de Pétrone, et cela à deux niveaux :« d’abord la communauté disparaît en elle-même, étant éclatée et désormais n’existant qu’au travers de destins isolés, ce que le trio disparate du roman illustre d’ailleurs », trio formé d'unpuer (Giton), d'unadulescens (Encolpe) et d'uniuuenis (Ascylte), mais la jeunesse disparaît aussi en tant quegroupe social, possédant un rôle sur la scène politique, puisque« Pétrone présente des jeunes gens sans place dans la société, des marginaux dérisoires »[42].

Le mélange du quotidien le plus trivial et grotesque, vécu par des jeunes personnages en marge, et qui adoptent un comportement érudit mais en décalage constant avec leur situation tragique« crée un écart comique qui donne aux événements vécus par les personnages un caractère ridicule. La modernité duSatyricon tient, selon Johana Grimaud, dans cette représentation d’une jeunesse dégradée, qui dessine l’image d’une société en plein délitement »[134]. Laviolence constitue leur rapport au monde et celle-ci est avant tout sexuelle. Les relations des personnages principaux avec les femmes« n’échappent pas à la violence de la domination sexuelle ». En effet, la femme est souvent lapuella dura (« femme dure »), motif récurrent chezProperce.« Au cours de leurs aventures, le trio masculin est confronté à plusieurs femmes délirantes qui les malmènent rudement » : Quartilla, prêtresse de Priape, Circé dans l’épisode de Crotone, la sorcièreProsélénos et enfin Œnothéa, prêtresse dePriape également. Pour Johana Grimaud,« l’impuissance d'Encolpe matérialise cette défaillance passive du héros » et ce dernier« se révèle castré », suscitant la colère des femmes[154].

Roman idéologique

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Le primat de l'argent dans l'affirmation de la liberté des affranchis et dans les relations entreingenui (ceux nés libres) etliberti (lesaffranchis) est au cœur des tensions qui traversent les personnages duSatyricon. Encolpe, lenarrateur, est l'envers de la société fantasmatique que représente Trimalcion. Ce dernier symbolise l'exagération et l'hyperbole sociale alors qu'Encolpe, les couches les plus démunies de la société romaine. L'auteur a le projet de représenter la marginalité et la pauvreté qui contrastent avec l'économie globalisée de l'Empire romain de son époque[155]. Les thèmes visés par la critique de Pétrone sont nombreux et, outre l'économie et le social, larhétorique est la cible de sa plume. Les personnages, dans leurs comportements, constituent en effet une critique de l'éducation classique romaine. Selon G. B. Conte, Encolpe, par exemple, porte sur ses aventures un regard descholasticus pétri de rhétorique romaine mais il déclame ses discours appris plus qu’il ne les raconte[156]. Ils« miment, dans leur quotidien, des comportements empruntés à l’univers livresque, dont ils ont été saturés lors de leurs études rhétoriques : leur identification se manifeste non seulement dans leur propension au lyrisme déclamatoire, dont le style ampoulé du narrateur est un symptôme, mais elle conditionne également une certaine sensibilité à l’égard des événements » pour Johana Grimaud[157].

Première page de l'édition de 1709 duSatyricon.

Pour Alberto Pietro Arciniega, la finalité duSatyricon est nettementidéologique : il s'agit de montrer, par la peinture du comportement public peu édifiant des affranchis, que la raison est toujours détenue par leurs anciens maîtres. L'affranchissement ne retire pas auxmaîtres romains leur pouvoir,dominica potestas. Ainsi, leSatyricon est« un bon reflet du système esclavagiste de cette époque, sa colonne vertébrale, le festin chez Trimalcion, était destiné principalement à perpétuer le système en essayant de fixer les esclaves libérés et les affranchis dans l'imaginaire collectif ». La scène où le plat principal, un sanglier coiffé d'un bonnet d'affranchi (pileus), est présenté aux convives marque le meilleur exemple de l'idéologie du récit selon lui[128]. Lefestin chez Trimalcion témoigne de la difficulté qu'éprouve lasociété romaine d'absorber ses affranchis notamment.« Sous ce carnaval, Pétrone suggère, à touches discrètes, que le métissage de la société romaine est à inventer pour revigorer un monde qui fait se côtoyer dans le même amoralisme un très riche affranchi inculte et un jeune marginal cultivé que son éducation n'empêche pas de mal faire et de jouer les parasites[158]. »

Satyricon et évangile selon Marc

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L'évangile de Marc (papyrus 45).

Venant après d'autres, les recherches delittérature comparée du professeur italien Ilaria Ramelli montrent que le Satyricon de Petrone, écrit selon elle vers 64–65, contient une parodie de l'histoire deJésus, en particulier de la scène que les chrétiens appellent souvent « l'onction deBéthanie » (Nouveau Testament,Évangile selon Marc, 14, 1-9). Dans celle-ci, une femme, souvent identifiée àMarie la magdaléenne ou à « la femme adultère », casse une fiole et verse sur la tête de Jésus le précieux parfum qui y était contenu, puis Jésus justifie son acte en disant qu'elle a préparé son embaumement et il annonce donc sa mort quelques jours après. De la même façon, dans le passage cité duSatyricon, Trimalcion fait porter par ses serviteurs une fiole denard (un précieux onguent) dont il asperge ses commensaux et il les exhorte à faire comme s’ils avaient été invités à ses funérailles[159],[160].

L'expression« ampullam nardi » (au chapitreLXXVIII,3) se retrouve telle quelle dans l'une des plus anciennes versions latines de l'évangile selon Marc, leCatabrigiensis, duVe, qui reproduit laVetus latina, une ancienne version des évangiles enlatin. Il y a d'autres points de contact entre le banquet de Trimalcion et l'évangile, comme le chant du coq (chapitreLXXIV, 1-3) qui annonce un mauvais présage. l'allusion à la résurrection dans le récit de la matrone d'Éphèse (CXI, 5-6) qui parle du cadavre d'un crucifié enlevé après sa mort. Au chapitreCXLI, l'un des protagonistes du roman promet qu'il laisse tout son patrimoine à ceux qui mangent sa chair, ce qui constitue selon Ramelli une raillerie de l'eucharistie. Cette dernière en tire la conclusion que l'évangile selon Marc a été écrit avant 64 et que sa langue initiale était lelatin[note 6]. Cela est vivement rejeté par l'ensemble des spécialistes car l'évangile attribué à Marc, comme les trois autres évangiles canoniques ont été écrits engrec. De plus, le processus d'écriture de l'évangile selon Marc commence peut-être, au plus tôt, vers 65, mais certains estiment qu'il aurait pu s'étaler sur plusieurs décennies pouvant aller jusqu'à 115[159].

Stylistique

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Observation satirique

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« Pétrone promène sur toutes choses un regard d'observateur et prend plaisir à des descriptions précises et humoristiques » selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille. La minutie satirique de son regard se retrouve, par exemple, dans la description faite de la demeure de Trimalcion, qui est comparable à celles communes àPompéi et qui est fidèle à l'esthétique et aux habitudes domestiques de la fin du règne d'Auguste. Au temps de Pétrone, une telle description avait donc vocation à provoquer le ridicule[27]. Certains passages présentent une critique sociale quant à l'ouverture du monde romain vers les étrangers qui s'enrichissent. Cettexénophobie se double d'un sentiment d'infériorité, présent de manière constante en filigrane duSatyricon[155]. Selon Antonio Gonzalès, ce que lasatire nous montre dans leSatyricon c'est un condensé des divers pans de la société des affranchis à Rome. LeSatyricon est donc ledrame de cette soudaine liberté obtenue à la suite de l'affranchissement[125].

LeSatyricon est un mélange deprose et devers et, en ce sens, il se rattache à l'une dessatura romaine, spécifiquement à celle desSatires Ménippées deVarron et de l'Apocoloquintose deSénèque. SelonPascal Quignard, lasatura est à l'origine liée aux vers fescennins, du nom du poèteAvienus et auxludibrium[note 7] qui ont cours lors des jeux sarcastiques qui accompagnent la procession dufascinus[note 8] deLiber Pater, commémorations à caractère pornographique par conséquent[5]. L'intentionparodique, les thèmes et la teneur pornographique du texte le rattachent en effet à cette tradition littéraire. Les situations et notamment la scène de l'auberge (chapitreXCIX) sont exagérées« au point que rien n’est crédible et que tout, au bout du compte, prend la forme d’unefarce », ce qui a pour finalité et pour résultat de mettre à distance la violence des relations interpersonnelles. Lecomique accentue par conséquent la matérialité du monde représenté[163]. Cette manifestation de la violence des relations humaines« pose l’image d’une société malsaine, dans laquelle l’autre est toujours potentiellement un agresseur ou un traître. Le rapport amoureux est ainsi dégradé en trio de comédie, les rapports hétérosexuels parodient le thème de lapuella dura, et tous les rapports sont exagérés dans le sens d’une dégradation ridicule[154]. »

Descriptions

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Représentation de deuxmasques de femmes (fresque de la maison du bracelet d'or, àPompéi).

Selon Jean-Christian Dumont, lors de l'épisode dufestin chez Trimalcion, Pétrone dépeint une« illusion de maison » ; en effet :« il l'a mise en place plus selon la technique du décor de théâtre que selon celle de l'architecte ». Par l'intermédiaire de lanarration à lapremière personne, ladescription semble, tout au long du roman, une déambulation qui sélectionne les détails caractéristiques. Le narrateur, Encolpe, emploie par exemple de manière systématique le verbelatinnotaui (« remarquer, noter »)[164]. Cependant, ces descriptions sont le fruit d'unesubjectivité, celle d'Encolpe, narrateur du récit principal. Le lecteur est donc« invité à prendre ses distances vis-à-vis d’un tel narrateur, si peu digne de confiance, et à rire du décalage entre la réalité triviale de son parcours et ses tentatives ridicules desublimation » que sont ses descriptions du monde alentour[165]. Il faut donc, et c'est là un message de l'œuvre,« être détaché des apparences selon Pétrone » explique Nicole Fick[166].

L'espace textuel duSatyricon est très marqué par l'urbanité. Selon Joël Thomas,« il y a une correspondance étroite entre la ville et le thème de la duplicité » des personnages[167]. Pour Johana Grimaud la villemétaphorise l'univers de l’artifice, prédominant, si bien que leSatyricon puisse être qualifié de« fable urbaine ». Laissant peu de place à la nature,« les thermes, les ruelles, les portiques, la villa de Trimalcion, créent un décor minéral, géométrisé, d’où est exclue la souplesse du végétal »[147]. Il s'agirait peut-être du« premier regard fantasmatique porté sur l’antiquité », l’ancêtre dupeplum en somme[78].

Procédés

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Pétrone use de nombreux procédés littéraires destinés à rendre davantage vivantes les scènes duSatyricon. Lors dufestin chez Trimalcion, il recourt par exemple aurécit indirect. Ce procédé est visible lorsque Encolpe, pour se faire expliquer une scène qu’il ne comprend pas, s’adresse à son voisin ce qui permet, par conséquent,« de renseigner le lecteur sur les gens de ce milieu [les affranchis] tant par sa propre façon de parler que par les indications qu’il fournit[168] ». Pétrone joue constamment sur leslieux communs de la culture gréco-latine. En effet, la majorité destopoï littéraires du roman d'amour grec, modèle sérieux supposé duSatyricon, s'y retrouvent parodiés : tentatives de suicide, tempête en mer et naufrage, procès, rivaux amoureux, mort apparente, monologues,ekphrasis, sentences, assemblées populaires, double songe et seconde rencontre entre personnages[169].

D’une certaine manière, leSatyricon est, selon Michel Dubuisson, unroman à clé[75],[note 9]. Il ajoute :« au-delà d’un premier niveau de lecture, ce texte oblige constamment à un décryptage qui décèle à la fois des éléments non conventionnels et des échos des polémiques de l’époque. Donc une chose en tout cas est claire : ne pas prendre leSatiricon au sérieux, sous prétexte qu’à toute première vue il pourrait apparaître comme un récit d’aventures sans prétention autre que de divertir, serait une erreur grave[78]. »

La stylistique dePétrone procède surtout par contrastes. La critique dustyle déclamatoire portée par le personnage d'Encolpe (face au professeur derhétorique qu'est Agamemnon notamment) a pour but de faire ressentir le« fossé séparant la réalité duforum et l’univers fictionnel des déclamations »[148]. La composante théâtrale occupe une place éminente dans leSatyricon, comme l’a montré Costas Panayotakis ; les termes théâtraux y sont utilisés pour indiquer lafiction et l’illusion[171].

Lesjeux de mots constituent également une ressource stylistique innovante chez Pétrone. De nombreux mots, existant auparavant dans la langue ouhapax forgés par l'auteur parsèment leSatyricon, tissant unréseau sémantique riche en échos. Par exemple, le termeembasicoetas est un mot grec qui ne semble être attesté que chez Pétrone ; le jeu de mots serait peut-être : « celui sur lequel on se couche, qui sert de couche »,allusion ausuccube, et désignant dans l'espace textuel le « débauché », le « mignon ». Le termecinaedus (cinède) signifie « efféminé », « débauché » et qui renvoie à un univers culturel et social complexe[172].

Intertextualité

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« Pour moi, bouche béante, j’admirais tout cela, quand, à la gauche de l’entrée, près de la loge du portier, j’aperçus un énorme dogue enchaîné, au-dessus duquel était écrit, en lettres capitales : « GARE, GARE LE CHIEN ! » Ce n’était un dogue qu’en peinture ; mais sa vue me causa un tel effroi, que je faillis tomber à la renverse et me casser les jambes »[173].

Allusions culturelles et littéraires

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Lesallusions sont courantes dans leSatyricon. Le poème sur laprise de Troie reprend ensénaires iambiques le sujet traité auparavant parVirgile au second livre de l'Énéide. Le second poème, portant sur la guerre civile, fait écho quant à lui à celui du livreI de laPharsale deLucain[174]. Les plats inventifs lors dufestin chez Trimalcion sont aussi des allusions mythologiques[175]. Plusieurs épisodes sont des parallèles mythologiques : par exemple, la disparition de Giton, par la manœuvre d'Ascylte, est décrite par Encolpe comme l'enlèvement d’Europe ou celui deGanymède[176]. Le roman renferme aussi des allusions à laculture sémitique à travers le personnage de Trimalcion, si bien que c'est dans leSatyricon« que l’on trouve l’un des catalogues les plus complets de poncifs antijuifs » explique Michel Dubuisson[78]. Il est par conséquent plus que certain que le public auquel s'adressePétrone est un public cultivé et connaisseur enallusions culturelles et littéraires[80]. Entre autres exemples, le récit du festin chez Trimalcion prolonge sur un mode ironique la tradition issue duBanquet dePlaton[174]. Cetteironie du texte« suppose unlector doctus, doué de perspicacité, de finesse, d’intelligence même et d’une solide éducation littéraire : elle est élitiste » selon G. B. Conte[177].

Lesparallèles littéraires, nombreux, visent un message social et politique. Les poèmes insérés dans le court du récit sont en particulier explicites sur ce point :

Où l’or est tout-puissant, à quoi servent les lois ?
Faute d’argent, hélas ! le pauvre perd ses droits.
À sa table frugale, en public, si sévère,
Le cynique, en secret, met sa voix à l’enchère ;
Thémis même se vend, et sur son tribunal
Fait pencher sa balance au gré d’un vil métal[178].

L'auteur vise par ce court poème la justice corrompue,lieu commun de la littérature latine. Danielle Van Mal-Maeder a montré qu'il fait référence, pour le thème de la corruption et de la vénalité de la justice, aux textes deVarron,Juvénal etMartial[179]. LeSatyricon fait enfin allusion à divers auteurs de laphilosophie romaine, et en premier lieu àSénèque. Des passages desLettres à Lucilius sont en effet repris et parodiés. L'objectif de l'auteur est de porter un regard critique sur la société romaine de son temps, même s'il demeure difficile de comprendre la motivation réelle de Pétrone : leSatyricon« contient aussi des allusions épicuriennes, qui ont été diversement interprétées : tantôt on a fait de Pétrone un épicurien, tantôt on a vu en lui l’auteur d’un violent manifeste contre l’épicurisme, qu’il aurait cherché à ridiculiser en le faisant défendre par des personnages méprisables », commente Michel Dubuisson[75].

Parodie de l'Odyssée

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Lerapt de Giton par Ascylte est décrit par Encolpe de la même manière que l'enlèvement d’Europe dans la mythologie grecque (fresque dePompéi).

PourOlivier Sers, comme pour René Martin, leSatyricon serait uneparodiehomérique, ce qui leur permet de supposer de la longueur originelle du texte, qui aurait été composé de vingt-quatre livres au total[56]. Huit livres ont été conservés à ce jour, dont six de manière incomplète, soit un quart du texte intégral supposé parodiant l'Odyssée. Selon Olivier Sers, leSatyricon est vraisemblablement plus long que le texte desMétamorphoses d'Apulée[180]. Plusieurs éléments renvoient à l'épopée d'Homère. D'abord, le style satirique de l'auteur rabaisse ses personnages principaux au statut d'anti-héros. Contrairement au rusé Ulysse, Encolpe est un fuyard pleutre. L'intrigue principale est une parodie directe de celle de l'Odyssée : de même quePoséidon poursuitUlysse, dans leSatyricon c'estPriape qui traque Encolpe (toutefois, selon Aldo Setaioli, le rôle central de Priape dans leSatyricon a été mis en doute par divers savants[181]). L'allusion à la magicienneCircé est également explicite[128]. Plusieurs épisodes tournent en dérision les péripéties d'Ulysse : celui de la tempête est ainsi uneparodie du chantV d'Homère[174]. La signification et la visée des allusions est en somme souventsatirique eticonoclaste. Les scènes homériques peintes sur les murs de la demeure lors de l'épisode dufestin chez Trimalcion contribuent en effet« au grandissement épique qui fait du parvenu un héros »[182], de même que certains épisodes comme celui où Ascylte arrive à l’auberge, à la recherche de Giton. Pour lui échapper, celui-ci se cache sous le lit et s’accroche au sommier pour éviter d'être découvert (allusion directe à la manière dontUlysse sort de la caverne duCyclope, suspendu de même à un mouton, au chantIX)[168].

Désacralisation et innovation

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Aldo Setaioli voit dans leSatyricon une entreprise dedésacralisation de la veine des romans d'amour grecs sérieux. Plusieurs scènes parodiques le laissent à penser. L'usage parodique de l’épisode deDidon (repris de celui de l'Énéide) au chapitreCXXXII et l’histoire de la veuve d’Éphèse (CXI etCXI), sont davantage que de simples allusions. Il en est de même de la composition poétique entière située dans l’épisode de Circé (chapitreXXXIV), qui est une désacralisation d'un épisode du livreXIV de l’Iliade (la scène d’amour entre Zeus et Héra sur lemont Ida). Autre exemple : en mentionnant les personnages tragiques qui s’adressent à leurs propres yeux, Pétrone, au chapitreCXXXII ridiculise l'Œdipe roi deSophocle mais« surtout des écrivains commeChariton et comme les auteurs de l’Histoire d’Apollonios et des fragments de Kalligoné, qui imitent la tragédie en mettant en scène des personnages qui, de façon parfaitement sérieuse, s’adressent à leurs propres yeux[183]. » Si les éléments parodiés sont réels, et s'ils participent à une remise en cause des modèles traditionnels, il semble que Pétrone ait cependant aussi voulu donner à sonSatyricon une tournure sérieuse. LeSatyricon ne peut reposer uniquement sur la simple imitation humoristique ; Pétrone fait parvenir un message inédit pour l'Antiquité. Le thème qui ne semble pas parodié chez Pétrone est« la scène dans laquelle Giton et Encolpe se préparent à mourir dans les bras l’un de l’autre au milieu de la tempête en furie[184]. » Il en est de même pour les tentatives théâtrales desuicide et pour l'amour homosexuel des personnages principaux, autant d'éléments qui font que« Pétrone a exploité de la façon la plus habile toutes les suggestions offertes par un thème romanesque répandu pour monter un épisode réjouissant, dont la valeur artistique va bien au-delà de la simple parodie, même si elle est à la base du processus littéraire mis en œuvre[185]. »

Psychologie des personnages

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Illustration d'une scène duSatyricon parNorman Lindsay.

La description psychologique des personnages est fine, à tel point que l'on peut parler à ce propos d'éthopées[186]. La description de la jalousie d'Encolpe est particulièrement notable. Celle-ci est dépeinte au chapitreXCIII, sur fond de farouche rivalité entre Encolpe et Ascylte pour l'amour de Giton. Le chapitre abrite unmonologue intérieur qui signale l'introspection d'Encolpe quant à son sentiment jaloux[118]. Lespatronymes des principaux personnages éclairent leurs psychologies ; ils ont en effet une signification engrec ancien selonLouis de Langle :« Ascylte est l'« infatigable » à cause de sa valeur amoureuse. Encolpe veut dire celui qui est tenu dans le sein, dans les bras. Entendez : « le chéri ». Giton signifie « voisin », Eumolpe, « harmonieux ». Trimalcion, comme leTrissotin de Molière, veut dire probablement « triple brute » », Tryphène signifie « vie de délices » c'est-à-dire débauchée, Aenothea vient du mot « vin »[187]. Michel Dubuisson explique que le nom de Giton fait plutôt référence au « mignon » en argot (il a d'ailleurs donné parantonomase, le mot françaisgiton) alors qu'Encolpos signifie, en grec, « enculé »[77]. Le mélange des langues des personnages marque non seulement leurs origines (ethniques ou sociales) mais aussi leurs psychologies (hétéroglossie) et notamment pourcaractériser chaque convive lors dufestin chez Trimalcion[188]. Ce sont donc des personnages ambigus et difficiles à définir. Contrairement aux personnages héroïques commeAchille,Ulysse ouÉnée, la description des personnages duSatyricon« est faite d’un mot [et] on ne peut trouver à propos d’Encolpe aucune épithète analogue ; il ne se laisse pas qualifier aussi aisément »[189].

Selon Johana Grimaud, la fuite caractérise le trio des personnages principaux ;« leur itinéraire n’obéit donc pas à la cohérence de la quête, mais à l’arbitraire de la fuite. Leur seul repère est l’auberge, lieu interlope où ils se réfugient. » Par conséquent,« l’errance dans l’espace est une matérialisation symbolique de l’errance sociale des jeunes gens, qui n’ont d’autre moyen de survie que voler ou tromper », comme c'est le cas dans l’épisode du manteau volé, ou celui deCrotone. Par ailleurs, ils n’ont pas d’état civil. Seule leur sexualité ou leurs déboires passés les caractérisent : Encolpe aurait étégladiateur (il est qualifié degladiatore obscene) et il aurait commis un crime alors qu'Ascylte est dépeint comme un« prostitué aux complaisances féminines, dont le souffle même est souillé d’impureté », autant de classes sociales infâmes dans lasociété romaine[157]. Peter George considère que les deux amants Encolpe et Ascylte sont des personnages« intensely literary », c'est-à-dire qu'ils manifestent une tendance quasi-pathologique à ladramatisation et à la théâtralisation des réactions[190]. Cette caractérisation psychologique des personnages a semble-t-il influencé la tradition littéraire du héros et Encolpe, par exemple, a pu servir de modèle aux modernesGil-Blas etFigaro d'après l'historienGabriel de La Porte du Theil[191].

Roman moraliste

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Unsatyre et unenymphe,Maison du Faune de Pompéi.

Des critiques contemporains dénient à Pétrone le statut demoraliste, dans le sens où ce dernier décrirait une réalité pour détourner les lecteurs du vice. PourHenry de Montherlant,« le message social est inexistant dans le livre »[192]. Au contraire deVarron dans sesSatires Ménippées, Pétrone paraît en effet dissimuler la nature de ses intentions. Certains voient dans leSatyricon une entreprise de dérision et de subversion des valeurs romaines, une critique de lanobilitas (la « noblesse ») aussi, alors que d'autres font de l'ouvrage un« jeu littéraire, un divertissement humoristique »[174]. PourPascal Quignard, leSatyricon est le récit des débauches (stupri) deNéron et de sa cour[9]. Pétrone s'y amuserait à exercer ses détournements de la langue latine. Cependant, lasatura enprose étant peu connue encore, et mal documentéehistoriographiquement, il n'est pas possible de conclure clairement sur ce point. PourGaston Boissier, Pétrone marque« le point culminant de l’immoralité romaine, puisqueTacite nous dit qu’à partir deVespasien les mœurs devinrent plus réglées et la vie plus honnête »[193]. Pour l'érudit duXVIIe siècle Burmann, Pétrone est, a contrario,« un homme très saint »[124].

Les aventures d'Encolpe, partie la plus longue du texte, paraît« l'œuvre d'unromancier naturaliste qui peint avec une exactitude scrupuleuse les mœurs et les usages de son temps, mais qui se révèle assez inhabile dans l'analyse des caractères », alors que lefestin chez Trimalcion semble être le travail d'« un psychologue enjoué et profond et d'un moraliste sceptique, nourri des maximes d'Épicure et tout spécialement préoccupé des rapports qu'il entrevoit entre la décadence des mœurs et celle des arts et des lettres »[194]. Dans les deux contes insérés (L'Éphèbe de Pergame etLa Matrone d'Éphèse),« le personnage principal montre l'envers du comportement social dont il se faisait le champion », ce qui laisse sous-entendre, pour Maryline Parca, que Pétrone les utilise pour mieux tourner endérision certains principes moraux. Elle conclut en signalant que l'auteur« n'impose pas son propre point de vue au lecteur. Son silence est le gage d'une sensibilité aiguë, de l'intelligence souple d'un être qui connaît les hommes et les comprend, d'un être dont la réserve combine assurément les qualités d'artiste et de moraliste[195]. » Bien plus, Pétrone se jouerait de cette ambivalence. PourPierre Grimal en effet,« Pétrone serait une sorte de nihiliste dévastateur qui camperait des personnages prêchant le suavemari magno deLucrèce[note 10] tout en mettant en scène une « nef des fous », non pas en prenant parti pour ou contre l’épicurisme, mais en se frottant les mains et en riant de façon sarcastique »[196],[75].

Traductions, éditions illustrées et apocryphes

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Traductions françaises

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Portrait deLaurent Tailhade parFélix Vallotton (1896).

LeSatyricon donne lieu tout au long duXVIIIe siècle à de multiples traductions et commentaires érudits : d'abord parPieter Burmann en 1709, puis par son neveuPieter Burmann le Jeune en 1743, par Conrad Anton en 1781 et par Bipontine en 1790.Gabriel de La Porte du Theil a pour but de produire une traduction savante et pour cela, il effectue un« laborieux travail philologique » qui se voit cependant censuré[6]. En 1677Michel de Marolles publie, sous anonymat, la première traduction intégrale duSatyricon[197].

En 1910,Laurent Tailhade, journaliste et homme de lettres libertaire, traduit leSatyricon en respectant la langue familière de l'original. Celle-ci, qui repose sur la lecture d'une version duSatyricon enrichie auXVIIe siècle, inclut en effet lessolécismes et impropriétés et, même, invente desnéologismes tels : « mérétrice », « engeigner » ou « vérécondie ». Il a également ajouté ou retiré des termes latins et employé des tournures archaïques dérivées du latin mais en usage dans lalittérature fin-de-siècle moderne, si bien que l'on peut parler d'une traduction fondée sur un« anachronisme lexical »[198],[199]. En raison de ce travail de redécouverte, la traduction de Tailhade a été la plus reproduite.

Louis de Langle produit également une traduction notable, en 1923. Selon lui, la traduction duFestin chez Trimalcion a été la plus difficile parce que ce texte« est écrit suivant une syntaxe plus incertaine, dans une langue plus corrompue, plus faisandée » alors que les aventures d'Encolpe sont écrites dans une langue« plus latine et plus élégante, [avec un] style plus fin et plus serré[194]. »

Jean-Claude Féray propose, en 2000, une traduction différente dansEncolpe et Giton. Refusant d'y inclure leFestin chez Trimalcion, il met l'accent sur le langage truculent et populaire des personnages. Il reproduit également, à la fin de l'ouvrage, une traduction anonyme et inédite de la fin duXVIIe siècle[200].

Éditions illustrées

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Encolpe vu par l'illustrateur australienNorman Lindsay.

En français

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En 1910, l'éditeurLouis Conard publie à faible tirage (171 exemplaires) une nouvelle édition de la traduction deTailhade, contenant quatre illustrations deGeorges-Antoine Rochegrosse. Le texte est orné d'encadrements baroques en couleurs à toutes les pages.

Une édition duSatyricon de 1941 et reprenant la traduction de Tailhade, chez Émile Chamontin, présente dix planches gravées en couleurs coloriées aupochoir de la main deGeorges Lepape, affichiste et graveur desannées 1930, renommé pour ses dessins de mode et ses couvertures deVogue[201].

Toujours avec la même traduction, leClub français du livre publie une édition illustrée de dessins d'André Derain[202].

En anglais

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La traduction de W. C. Firebaugh (1922) est illustrée parNorman Lindsay.

Autres traductions et recherches

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LeSatyricon a été traduit dans la majorité deslangues officielles[203]. En langue anglaise, la première traduction est opérée par William Burnaby en 1694 ; elle a été révisée de nombreuses fois et ce jusqu'en 1964. Celle de Walter R. Kelly (1854) est également notable.Oscar Wilde passe pour avoir traduit leSatyricon dans l'édition deCharles Carrington (1902) sous le pseudonyme deSebastian Melmoth. Cependant cette attribution a été mise en doute[204].

De nombreuses autres traductions en anglais se succèdent et, parmi elles, la plus fidèle au texte d'origine demeure celle de J. P. Sullivan, en 1965 chezPenguin[205]. En allemand, Franz Bücheler propose une traduction fidèle et annotée, en 1862. Le travail critique du philologue classique suisseKonrad Müller[67],[68],[69] est également notable. En italien, lelatinisteEttore Paratore a traduit fidèlement leSatyricon en 1933 ;Federico Fellini s'est notamment appuyé sur son travail. Une autre traduction, de G. A. Cesareo, revue et commentée parNicola Terzaghi, en 1950, existe également. On signale aussi une traduction italienne duXVIIe siècle (anonyme), transmise en forme manuscrite et en toute vraisemblance destinée à la circulation clandestine[206].

Pour continuer à étudier le cheminement des manuscrits duSatyricon, Schmeling fonde en 1969 laPetronian Society, qui publie uneNewsletter[141]. Elle édite des articles et desséminaires sur Pétrone et leSatyricon.

Apocryphes

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Nombre d'auteurs ont écrit des suites auSatyricon, afin d'en achever l'intrigue.

José Antonio González de Salas (1588–1654) publie une édition duSatyricon en 1629, republiée en 1643 et incluant un portrait. Salas a comblé les lacunes originelles en insérant des passages qu'il dit tenir d'une édition parisienne. Ces passages sont despseudépigraphes, actuellement disponibles dans la traduction de W. C. Firebaugh (1922).

En 1690, le FrançaisFrançois Nodot, dit tenir d'un certain Du Pin, officier français, un manuscrit inédit achevant leSatyricon, retrouvé lors du sac de Belgrade en 1688. Publiée en 1693, la version proviendrait dePieter Burmann le Jeune. L'Espagnol José Marchena Ruiz de Cueto, attaché à l'armée napoléonienne, pour les besoins de son étude sur la sexualité antique, a fabriqué un faux supplément auSatyricon, enlatin. Il le traduit en français sous le titreFragmentum Petronii (1800).

L'Allemand H. C. Schnur publie en 1968 unapocryphe directement traduit. Ellery David Nest publie une édition duSatyricon contenant de nouveaux épisodes prétendument retrouvés à Morazla par Reinhardt Struch de l'université d'Oberhausen et intitulée :The New Satyricon : The Recovered Books (2003). Enfin, Andrew Dalby a édité unépilogue duSatyricon constituant en un récit d'un banquet se déroulant àMassilia vingt années après la fin originelle du texte de Pétrone[207].

Réception et postérité

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Henry de Montherlant, lecteur passionné de Pétrone[124]

« Il y a des œuvres qui sont des clairières… Les clairières de Watteau s'ouvrent pour les départs nostalgiques et tendres, la clairière de Pétrone sur une libération volontiers crue, mais celle-ci et celle-là nous parlent d'une vie plus vraie qui rend putride notre vie officielle, et que nous avons à regretter, à sauvegarder ou à conquérir »

Réception

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Les réceptions du texte attribué à Pétrone sont diverses. Ainsi, l'abbé Marchena, en 1800, a critiqué le« laxisme des peuples antiques » qui transparaît à travers leSatyricon ainsi que celui des ecclésiastiques chrétiens qui ont conservé, en dépit de son immoralisme, le texte malgré sa débauche. Pour Menendez y Pelayo, en 1875, leSatyricon porte les abominations de la société[80].Jean Racine cite souvent leSatyricon dans sa correspondance. Gaston Boissier mentionne par exemple cette remarque du dramaturge, élogieuse pour Pétrone :« C’est un air à présent, disait un des traducteurs duSatiricon, et particulièrement entre les personnes de qualité, que d’aimer Pétrone et d’en savoir les beaux endroits »[208]. AuXIXe siècle, le critique et romancier françaisEdmond de Goncourt avoue aimer le caractère décousu du texte ainsi que sa filiation obscure[209] alors queGustave Flaubert dit n'avoir rien éprouvé à sa lecture, mais en recommande la lecture et prédit un regain d'attention du roman[note 11]. L'éditeur deCharles Baudelaire a proposé au poète, grand admirateur de Pétrone, de traduire leSatyricon, mais le projet n'a jamais vu le jour[211].Oscar Wilde évoque le roman dansLe Portrait de Dorian Gray (1890)[212].Joris-Karl Huysmans, dans son romanÀ rebours (1884) évoque longuement le roman de Pétrone,« tranche découpée dans le vif de la vie romaine » selon lui[213].Ernest Renan dansL'Antéchrist y voit unMérimée antique, au ton froid et exquis, miroir du temps de Néron[214]. Le poèteT. S. Eliot, pourtant conservateur chrétien, est un admirateur de l'œuvre de Pétrone[215] ; son poèmeThe Waste Land porte en préface une citation de Trimalcion à propos de laSibylle de Cumes[216].

Première page de l'édition de 1587 parPierre Pithou.

SelonHenry de Montherlant,« leSatyricon est, par sa date, le père du roman latin, et, si l'on excepte les épopées, les grandes fables, le père du roman tout court. Il est aussi, et de beaucoup, le plus réussi des romans grecs et latins ; par sa drôlerie, son invention toujours rebondissante, la peinture vivace des caractères et des mœurs, le style croustillant sans être grossier, où chaque personnage parle selon sa condition. MalgréMartial etCatulle, la littérature latine ne serait pas ce qu'elle est sans Pétrone[60]. » Ce dernier cite, dans l'histoire, deux personnalités fascinées par Pétrone et sonSatyricon :Louis II de Bourbon-Condé, qui a pensionné un lecteur spécialement chargé de lui lire et relire le texte, et l'abbé de Rancé qui a commencé à le traduire, de concert avecBussy-Rabutin mais qui s'en est finalement détourné pour fonder laTrappe[192].

Postérité

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Lethème du banquet chez un riche affranchi apparaît dans d'autres œuvres de la littérature romaine, sans doute inspirées duSatyricon.Horace (Satires : 2, 8) décrit le banquet de Nasidène, parvenu riche mais ignorant alors queJuvénal (Satires : 24, 29) présente l'agape de Vierron au cours duquelclients et affranchis se querellent.Sénèque (Épîtres : 27, 5) fait le portrait du riche mais ignorant Calvitius[217].

L'abbé Marchena est l'auteur d'unpastiche duSatyricon intituléFragmentum Petronii (1800)[218] et dans lequel il accentue les descriptions pornographiques ainsi que le langage cru des personnages, et insère un chapitre de son invention ; c'est donc un faux littéraire[98]. Le texte inspire le roman deFernand Kolney :Le Salon de Madame Truphot, ou Le moderne satyricon publié en 1927. Lesréécritures sont multiples, en particulier les contes insérés.Henryk Sienkiewicz, dans son romanQuo vadis ? (1895) fait apparaître Pétrone et lui fait rencontrer les pères de l'Église,Paul etPierre[219]. Philippe Mudry note que« la fortune littéraire de Pétrone, en particulier celle du conte de la Matrone d’Éphèse, a été et reste immense. L’histoire traduite, adaptée ou transformée, se retrouve chez une multitude d’auteurs »[47]. Ainsi,L'École des veuves deCocteau (1936)« trouve son origine dans le conte mythique La Matrone d'Éphèse, tel qu’il est raconté par Pétrone au milieu duIer siècleapr. J.-C., aux chapitresCXI etCXII duSatyricon »[220]. Dans son romanGatsby le Magnifique (1925),F. Scott Fitzgerald caractérise explicitement son personnage principal éponyme sous les traits de Trimalcion (au chapitreVII notamment). L'édition de Cambridge est même sous-titrée : « Trimalchio »[221].

L'esthétique dePétrone et en particulier celle duSatyricon a influencé nombre d'écrivains tels :Henry de Montherlant[222],Laurence Sterne (Tristam Shandy, 1760), l'auteur deromans picaresquesTobias Smollett etHenry Fielding[223]. La veine littéraire duroman comique duXVIIe siècle, certains romans duXVIIIe commeJoseph Andrews ouHistoire de Tom Jones, enfant trouvé de Fielding, la satire critique deJean Barclay, ou encore l'Histoire amoureuse des Gaules (1665) deRoger de Bussy-Rabutin sont les héritiers de l'esthétique duSatyricon[14].

Uderzo etGoscinny, dansAstérix chez les Helvètes mettent en scène uneorgie à la première case de la page 7 qui est une allusion parodique aufestin chez Trimalcion[224].

Adaptations

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Arts graphiques

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La bande dessinéePéplum de Blutch, datant de 1996, est librement inspirée duSatyricon de Pétrone. Plusieurs éléments du texte original (le personnage de Giton et le thème de l'impuissance sexuelle) sont exploités, autour d'une trame différente cependant : l'histoire d'amour entre un homme et une femme prise dans les glaces, empruntée à un ballet deRoland Petit.

Dans la sérieMurena, scénarisée parDufaux et dessinée parDelaby puisTheo,Pétrone est un ami du héros (fictif) éponyme. Le début du tome 10, intituléLe Banquet (2017), se réfère explicitement auSatyricon : lors d'un festin chezTrimalcion, Pétrone a une relation avec unéphèbe nommé Encolpe qui, venant lui-même d'écrire un texte qui est unecitation duSatyricon, conseille au poète d'immortaliser de genre d'orgie.

Films

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Satyricon de Polidoro

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Article détaillé :Satyricon (film, 1968).

LeSatyricon a été adapté à l'écran parGian Luigi Polidoro en1968[225]. Le film est beaucoup plus fidèle au texte de Pétrone que celui de Fellini mais il présente une esthétique mélancolique. En dépit de certains scènes obscènes censurées qui gênent sa distribution, le film réalise des entrées appréciables[226]. Polidoro a acheté les droits de l'œuvre de Pétrone, ce qui explique que Fellini, qui commence le tournage la même année, a intitulé son filmFellini-Satyricon, non sans avoir entraîné une querelle juridique entre les deux hommes[227].

Satyricon de Fellini

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Article détaillé :Satyricon (film, 1969).
Federico Fellini.

Federico Fellini en 1969 adapte leSatyricon au cinéma[228]. Selon Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille[27], ce film révèle les fantasmes du cinéaste (goût du monstrueux et du morbide) plutôt que l'esthétique de Pétrone. Fellini dit avoir lu leSatyricon alors qu'il était au lycée ; il raconte avoir été marqué par les illustrations chastes de l'édition qu'il possédait. Lors de la réalisation de son film, Fellini (qui a utilisé la traduction latine deEttore Paratore, 1933) a comblé les lacunes du texte en inventant des scènes. Il a aussi tenu à travailler une esthétique dénuée de mentalité chrétienne notamment la représentation dupéché. Cependant, le film a une finalité réfléchie : Fellini affirme que sonSatyricon (dont le titre original italien estFellini Satyricon) est une œuvre préchrétienne pour l'ère post-chrétienne. Son scénariste,Bernardino Zapponi, considère leSatyricon comme étant une histoire descience-fiction pour son époque[229]. Dans son film, Fellini présente une Antiquité dans laquelle toutes les valeurs se sont écroulées et où plus personne ne se comprend. La sexualité y est le seul moteur existentiel, si bien que l'on peut y voir une critique de lasociété de consommation contemporaine. Le réalisateur a cependant adapté très largement l'histoire originale. Par exemple, il choisit comme cadre Rome et non la Grèce, remplace Encolpe par Agammemnon lors du festin chez Trimalcion, invente une longue scène chez Habinnas et, même, insère des élémentsanachroniques[230].

Opéra

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Article détaillé :Satyricon (Maderna).

LeSatyricon de Pétrone a également inspiré àBruno Maderna un opéra en un acte intituléSatyricon, inachevé, et qui a fait l'objet de trois versions (la création au Festival de Scheveningen en 1973, la version télévisée et celle radiophonique). Maderna a souhaité respecter scrupuleusement le texte original mais il en compose lelivret à partir de la scène duFestin chez Trimalcion, scène qui détermine l'unité d'action, de lieu et de temps et auquel il adjoint cependant des éléments extérieurs ou inventés comme : le récit deLa Matrone d'Éphèse par Habinna, le dialogue entre Fortunata (la femme de Trimalcion) et Eumolpe, et enfin un passage sur l'argent extrait des fragments du roman. L'opéra de Maderna ne suit pas lachronologie du roman de Pétrone ; il cherche à établir des relations entre différents fragments du texte, relations qui n'existent pas dans le roman original. L'esthétiqueréaliste ainsi que la satire du monde social sont conservées, même si Maderna porte un regard bienveillant sur le personnage de Trimalcion[231].

Notes et références

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Notes

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  1. Le dieuPriape (Priapus en latin) est représenté généralement sous la forme d’une borne avec un sexe en érection peint en rouge (dit « ithyphallique »), surmontée d’une tête barbue et qui est utilisée pour écarter lemauvais œil mais aussi pour protéger les cultures agricoles.
  2. Lefascinum est uneamulette phalloïde qui était accrochée au cou des enfants pour les protéger des sorts.
  3. La terminaison « -icon », plus précisément « -icōn », qui vient du suffixe grec-ικός désigne en latin « quelque chose qui est relatif à » et qui en est songénitif pluriel pour s’accorder au motliber oulibri que l’on ajoute souvent aux titres des œuvres latines.
  4. Lasatura est un genre poétique latin, à l'origine une pièce en vers mêlant des mètres variés, une sorte de farce tournant en dérision une personne ou une situation[88].
  5. Le conte inséré dans leSatyricon évoquant leloup-garou est la première source littéraire attestant de ce mythe fantastique[101].
  6. Preuschen, qui au début duXXe siècle avait déjà noté quelques analogies significatives, entre le passage de l’Évangile de Marc qui relate « l’onction de Béthanie » et une scène du dîner de Trimalcion (LXXVIILXXVIII), estimait au contraire que la ressemblance entre les deux descriptions est due au fait que le texte de Marc dépend de celui de Pétrone.
  7. Le mot « ludibrium » désigne en latin la moquerie, la risée ou encore lafarce[161].
  8. Le mot « fascinus » désigne en latin lecharme, le sortilège[162].
  9. Leroman à clés décrit des personnages et des événements réels sous des noms fictifs et des circonstances modifiées. Ils sont cependant reconnaissables pour un public d'initiés, et ce grâce à certains indices[170].
  10. L'expressionmari magno (« grande mer ») en latin désigne un poème deLucrèce, dansDe natura rerum, qui est une métaphore de l'agitation du monde des hommes.
  11. « Je te jure bien, quant à moi, que ce livre ne m"a jamais rien fait », dansLettre à Louise Colet (1927)[210]. Cependant, dans d'autres lettres, il indique avoir beaucoup souffert à sa lecture en janvier 1845, prédit le regain en 1852, conseille le roman en juin 1857, se plaint que l'académicien Sacy ne l'ait pas lu en juin 1874 (Pierre Laurens 2014,p. 243).

Références

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  1. ab etcHubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, 2005,p. 248.
  2. Pascal Quignard, 1994,p. 150.
  3. a etbPascal Quignard, 1994,p. 151.
  4. Pascal Quignard, 1994,p. 152.
  5. ab etcPascal Quignard, 1994,p. 153.
  6. a etbDominique Lanni, 2005,p. 208.
  7. a etbLouis de Langle, 1923,p. 9.
  8. a etbPierre Grimal, 1969, Notice auSatiricon,p. 221-224.
  9. abc etdPascal Quignard, 1994,p. 148-149.
  10. ab etcHubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, 2005,p. 247.
  11. René Martin, 2006,p. 603.
  12. Tacite,Annales,t. XVI(lire en ligne),chap. 18-19 (« Vie et mort de Pétrone »).
  13. abc etdJean-Claude Féray, 2000, Introduction,p. 10.
  14. ab etcAndré Daviault, 2001,p. 327.
  15. a etbRené Martin, 2006,p. 607-608.
  16. Wei-jong Yeh,p. 581-582.
  17. René Martin, 2006,p. 609.
  18. Maurice Sartre, 2002,p. 92.
  19. René Martin, 1999,p. 3.
  20. Louis de Langle, 1923,p. 2.
  21. Antonio Gonzalès, 2008, Note 1,p. 273.
  22. La liste des identités prêtées à l'auteur duSatyricon est non exhaustive, voir :Gareth L. Schmeling et Johanna H. Stuckey, 1977,p. 77-125.
  23. Maurice Sartre, 2002,p. 95.
  24. Jean-Claude Féray, 2000, Introduction,p. 11.
  25. Louis de Langle, 1923,p. 33-34.
  26. Louis de Langle, 1923,p. 20-21.
  27. abcdefg ethHubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, 2005,p. 250.
  28. Aldo Setaioli, 2009,p. 4-5.
  29. Aldo Setaioli, 2009,p. 8.
  30. Voir Alain Billault,Les personnages du Roman de Ninos,1999/2001[Quoi ?],p. 123 et n. 1-7.
  31. ab etcMichel Dubuisson, 1993,p. 5.
  32. a etbAldo Setaioli, 2009,p. 2.
  33. André Daviault,« La Matrone d’Éphèse, un personnage bien masculin », dansLa Matrone d’Éphèse. Histoire d’un conte mythique : Colloque international 25-26 janvier 2002, Université de la Sorbonne,vol. XXXIX,t. I, Québec, Cahiers des Études anciennes, Université des études anciennes du Québec,,p. 17.
  34. Maryline Parca,p. 91.
  35. Maryline Parca,p. 95.
  36. Gareth L. Schmeling et Johanna H. Stuckey, 1977, Introduction,p. 1.
  37. Maryline Parca,p. 97.
  38. Michel Dubuisson, 1993,p. 1.
  39. Paul Thomas, 1923.
  40. Erich Auerbach (trad. Cornélius Heim),Mimésis, la représentation de la réalité dans la littérature occidentale, Paris,Gallimard,, 559 p.,p. 41.
  41. Inês de Ornellas e Castro (trad. du portugais par Christina Deschamps),De la table des Dieux à la table des hommes : La symbolique de l'alimentation dans l'Antiquité romaine, Paris,Éditions L'Harmattan,, 472 p.(ISBN 978-2-296-54286-0,lire en ligne),p. 309.
  42. ab etcJohana Grimaud,p. 2.
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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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Éditions duSatyricon en français

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La traduction utilisée (par qui ?) est celle deCharles Héguin de Guerle (1861).

Monographies et usuels

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Articles

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Sur leSatyricon
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Sur le contexte historique et littéraire
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