La Sardaigne est par sa superficie la deuxième île de lamer Méditerranée et unerégion autonome à statut spécial d'Italie dont la dénomination officielle est« région autonome de la Sardaigne » (enitalien :Regione Autonoma della Sardegna, ensarde :Regione Autònoma de Sardigna[1]). Son statut spécial, inscrit dans laconstitution de 1948, garantit l'autonomie administrative des institutions locales et la protection de ses particularitésethnolinguistiques et culturelles.
La Sardaigne, séparée de laCorse par lesbouches de Bonifacio, est située au milieu de la mer Méditerranée occidentale : cette position centrale a favorisé depuis l'Antiquité les rapports commerciaux et culturels comme les intérêts économiques, militaires et territoriaux, puis les particularités d'une destination touristique réputée.
Le massif montagneux principal, leGennargentu se trouve dans la partie centre-orientale de l’île, où il culmine à 1 834 m. Au sud, lemont Linas (1 236 m) et lesmonts du Sulcis s'adoucissent vers la mer avec des altitudes inférieures.
Lac Omodeo.
Les zones plates occupent 18 % de l'île. La plus grande est celle duCampidano, vasteplaine d’origine fluviale séparant les reliefs du centre des montagnes de l'Iglesiente au sud-ouest. Celle deNurra est située dans la partie nord-ouest de l'île, dans le périmètre constitué entre les villes d'Alghero,Stintino,Sassari, etPorto Torres.
Des roches plus récentes, issues de l'éonphanérozoïque telles que des roches volcaniques sont fréquentes dans la région occidentale et méridionale de l'île[9].
De longues périodes d'érosion expliquent lesaltitudes modestes des montagnes de Sardaigne.
L'exploitation passée d'un grand nombre demines de très nombreux métaux différents, dès la période antique, atteste la richesse géologique de l'île.
La Corse et la Sardaigne formaient, il y a plus de 20 millions d'années[10], unmicrocontinent[10] qui s'est détaché de la Provence voisine dans un mouvement dit« cénozoïque ». Les géologues parlent ainsi de la« dérive cénozoïque de la Corse et de la Sardaigne »[11] pour évoquer le fait que ce micro-continent se soit détaché plus globalement de la marge sud du continent européen au cours de la période duCénozoïque[11]. Le plus probable est un départ de la Provence[11] mais les géologues ont émis l'hypothèse qu'il était, à une période plus ancienne encore[10], rattaché à laPéninsule ibérique[10], et ne s'est rapproché de la Provence que dans un second temps[10]. À la période appelée« Permien moyen », des éruptions volcaniques se sont produites sur les deux territoires, pouvant attester d'une continuité géologique entre la Provence et les îles situées à son sud[10]. Les laves qui forment les massifs de l’Estérel en Provence et du Monte Cinto en Corse, de dimensions il est vrai très différentes, en sont les traces les moins contestées[10]. À la période de l'Oligo-Miocène, un volcanisme calco-alcalin s'est développé dans la partie centrale de Sardaigne, de manière importante, alors qu'il est plus discret et localisé en Provence, attestant lui aussi de mouvements relatifs de plaques[11] dont la dérive du micro-continent regroupant la Corse et de la Sardaigne est une conséquence directe[11].
De manière moins claire, la couverture géologique de la périodemésozoïque présente tout autour de la région de la Provence dite« cristalline »« n'est connue en Sardaigne, et surtout en Corse hercynienne, qu'à l'état de lambeaux épars sur le socle »[11].
La présence du bloc ou micro-continent corso-sarde près de l'Espagne repose sur moins d'évidences. Selon l'hypothèse la plus fréquente, sa collision partielle avec la France, en s'en rapprochant[10], aurait créé la chaîne pyrénéo-provençale[10]. La Sardaigne en aurait des traces géologiques. Les chercheurs étudient ainsi, en particulier depuis 1975, l'influence sur les Pyrénées d'une« importante phase tectonique sarde médio-ordovicienne, avec formation de plis kilométriques et sans doute de failles »[12].
Distribution annuelle des précipitations en Sardaigne.
Méditerranéen dans l'ensemble, le climat devient plus rigoureux dans le centre de l'île avec de la neige en hiver. Les étés sont chauds et secs, d'où des incendies fréquents. La pluviométrie moyenne est entre et 700 et 800 mm d'eau par an, répartis sur seulement 60 jours dans l'année[13],[14]. La Sardaigne est une région venteuse, les vents dominants sont leMistral et lePonant[15]. Du fait de sa situation à environ 600 km des côtes nord africaines, la Sardaigne est sujette aux incursions de chaleur torrides l'été. Durant laCanicule de 2023 en Europe un nouveau record de48,2 °C est établi le 24 juillet 2023 àJerzu[16], ce qui constitue le record absolu de chaleur sur le continent européen pour un mois de juillet.
La première civilisation sarde ayant une physionomie et des caractères bien définis et autochtones est la civilisation dite de« Bonuighinu ». Elle s'installe au cours duIVe millénaire av. J.-C. pratique l'agriculture, se regroupe en villages, et est en contact étroit avec laCorse, l'Italie et leSud de la France. Des céramiques et obsidiennes en sont la trace archéologique.
Apparaît ensuite la population plus célèbre desNuraghes, de laculture nuragique[18], qui se développe à l'âge du bronze ancien () et qui décline progressivement à la fin de l'âge du fer () pour ne disparaître complètement qu'avec l'occupation romaine.
La péninsule du Sinis, près de Cabras, abrite des fragments de sépultures et statues datant de l'âge du Fer (–)[19],[20].
La tombe des géants de Sa Domu 'e S'Orku,Siddi.Nuraghe Loelle.
La culture nuragique a ainsi été nommée à cause de son architecture la plus typique : lenuraghe, construction en forme detour (tronc de cône) élevée à l'aide de gros blocs de pierre équarris et travaillés, qui prend une forme plus articulée et complexe lors de la période la plus resplendissante de cette civilisation, en pleinâge du fer. Certains mesurent plus de 15 mètres de haut[21].
Village nuragique à Serra Orrios.
Il existe d'autres constructions typiques de l'âge pré-nuragique et intermédiaire : lesdomus de janas (traduction : les maisons des fées) creusées dans legranit et servant à inhumer les morts, lestombes des géants, très fréquentes à l'intérieur de l'île, et de dimensions cyclopéennes. Lemégalithisme (avec desmenhirs notamment) est une caractéristique prénuragique[22].
Contemporaines de la fin de l'époque nuragique et de sa civilisation (entre et), lors de l'âge du fer, lespetits bronzes, représentaient souvent desguerriers en armes et animaux, mais aussi des orants par exemple. De la même époque, il existe aussi dessculptures de pierre, de petite dimension mais aussi de grande taille comme lesGéants de Mont-Prama.
Rome, pour affirmer sa domination sur les zones internes et notamment laBarbaria (devenue l'actuelleBarbagia) où les habitants parlant une langue pré-latine y sont considérés comme plus fiers et courageux que sur les côtes, s'impose par une administration forte et bien organisée et son efficacité est assurée principalement par un réseau routier très ramifié dont quelques morceaux originaux ont survécu çà et là, repris en grande partie par le tracé du réseau routier moderne[27].
L'affaiblissement de l'Empire romain se propage jusqu'à l'île, avec pour conséquence l'abandon progressif des terres agricoles et des côtes, ainsi qu'une perte de dynamisme notable de la démographie.
Abandonnée à elle-même et sans défense, la Sardaigne est occupée et subit lesrazzias durant quelque 80 ans (vers–) par lesVandales d'Afrique qui, défaits sousJustinien, laissent l'île sous la domination deByzance.
Quand, auIXe siècle, lesArabes achèvent la conquête de la Méditerranée, duNord de l'Afrique, de l'Espagne et de laSicile, les côtes sardes sont soumises à leurs attaques incessantes et à leurs razzias[28].
Le désintérêt et le vide de pouvoir qui s'ensuivent de la part de la lointaineByzance poussent l'île à gérer elle-même son sort : ainsi, elle s'organise administrativement et militairement en quatrejudicats : ceux de l'Arborée, deCalaris (Cagliari), de laGallura et duLogudoro (Torres), royaumes souverains et indépendants les uns des autres[27].
Tour élevée parMariano de Serra àOristano, gravure de Gustavo Strafforello,La patria, geografia dell'Italia, 1895.
La Sardaigne passe sous dominationpisane, duXIe au XIVe siècle, en se transformant lentement enprotectorat. L'évolution se concentre surtout entre la deuxième moitié duXIIe siècle et les premières décennies duXIVe siècle[29]. Ainsi, dès1258, le Judicat de Cagliari disparaît, pris par les Pisans, tandis que sept ans plus tard en1265,Mariano de Serra est« l’unique Sarde investi d’une charge de gouvernement dans une île tombée entièrement au pouvoir d’étrangers »[30]. Le passage sous domination pisane s'effectue surtout via l'implication personnelle et matrimoniale d'une oligarchie de type aristocratique[29], transplantée dePise[29], qui contrôle les principaux rôles de la structure politique sarde l'époque, celle de ces consuls[29].
Le système des consuls est chapeauté par la charge de podestat, tout d'abord en permanence confiée à l'un ou l'autre membre des deux principales familles, les Donoratico et lesVisconti(it), et plus tard confiée à des étrangers[29]. Cependant, la politique des papes a souvent interféré en choisissant d'opposer toujours les Génois aux Pisans, d’appuyer toujours la partie la plus faible, contre la partie la plus forte[31]. Les familles des deux cités se disputent alors soit les territoires, soit les places de juge des différents Judicats.
Les gouvernements locaux, appelés judicats, plus proches de la population sarde[29], n'en sont pas moins associés à cette domination d'une petite élite de nobles, via des traités d'alliance militaires permettant de leur porter assistance et des conventions commerciales assorties d'honneurs et distinctions[29]. Des capitales judicales installées dans les principales cités sardes sont dotées d'un palais du juge[29], véritable centre du pouvoir[29], systme décrit par les historiens comme celui desrois juges. Les deux judicats où la présence pisane s'affirme le plus tôt et la plus fortement, sontCagliari[29] etArborea[29].
De nombreux mariages de Pisans dans les familles régnantes sardes, en particulier avec les héritières des trônes judicaux[29], témoignent des liens étroits et prolongés entre Pise et la Sardaigne au cours de cette partie du Moyen Âge[29].
Avec des soubresauts, les judicats survivent jusqu'à la fin duXIIIe siècle, lorsqu'ils deviennent territoires contrôlés ou alliés avec les républiques maritimes, leurs familles changées en seigneuries du continent italien dePise et deGênes.
En1323, l'Arborée s'allie àJacquesII d'Aragon pour une campagne militaire contre Pise et Gênes qui aura pour fin de créer leroyaume de Sardaigne. Après avoir aidé à détruire les autres judicats, celui d'Arborée résiste et reste indépendant jusqu'en1420, jusqu'au moment où il vend le reste des territoires pour 100 000 florins d'or à son ancien allié leroi d'Aragon, qui conquiert définitivement l'île tout entière, déjà concédée en zone féodée depuis1297 par le papeBonifaceVIII ainsi que laCorse voisine (à laquelle les Aragonais renoncent en1487)[27].
Le« Regnum Sardiniæ et Corsicæ » ainsi créé le demeurera sous la domination des couronnes d'Aragon puis d'Espagne jusqu'au début de1700[27].
Leroyaume de Sardaigne est ainsi constitué (désigné généralement sous le nom dePiémont-Sardaigne par les historiens français puisque sa capitale est àTurin et une vice-royauté est installée àCagliari), et à l'intérieur de celui-ci l'île maintient son statut autonome jusqu'à1847, année où elle fusionne avec lePiémont et donne le jour à un gouvernement central unique, renonçant ainsi à son autonomie historique.
Parmi ses dirigeants, le lieutenant-colonel d'artillerieNapoléon Bonaparte qui place ses canons face à La Maddalena, principale bourgade de l'archipel créant la panique dans la population puis mouvement de résistance sarde d'environ 200 hommes, en majorité des bergers, organisés par Domenico Millelire : pour résister, ils mettent en place une« marine sarde » de résistance, composée de petits bateaux.
Cette opération appelée du nom d'expédition de Sardaigne, partie de Corse, échoue rapidement à cause de cette résistance sarde. Elle a ensuite pour conséquence la mise en accusation dePascal Paoli, fondateur en 1755 de la République Corse.
Le une véritable rébellion antiféodale éclate àCagliari et, deux ans après, une nouvelleinsurrection est menée par l'émissaire du vice-roiGiovanni Maria Angioy qui, après avoir été vaincu par les loyalistes, s'enfuit àParis pour persuader la France d'annexer l'île.
En 1820, les Savoyards imposèrent à l'île la« Loi des Enclos » (editto delle chiudende), un acte législatif qui transforma la propriété collective traditionnelle de la terre, pierre angulaire culturelle et économique de la Sardaigne depuis l'époque nuragique, en propriété privée.
La réforme a favorisé les propriétaires terriens du continent tout en excluant les pauvres agriculteurs et bergers sardes, qui ont assisté à l'abolition des droits communaux et à la vente des terres. De nombreuses rébellions locales comme l'émeute deSu Connottu (« Le déjà connu » en sarde) en 1868, toutes réprimées par l'armée du roi, ont abouti à une tentative de retour dans le passé et de réaffirmer le droit d'utiliser la terre autrefois commune.
Le comteAlberto La Marmora parcourt l'île de Sardaigne de 1819 à 1825 et en effectue une des premières descriptions détaillées, statistique, géographique et physique, en 1826, dont l'écrivain françaisHumbert Ferrand, publie un compte rendu français 14 ans plus tard, en 1840[33], en quatre volumes[33].
La plupart des forêts sardes ont été défrichées à cette époque, afin de fournir aux Piémontais des matières premières, comme le bois, utilisées pour fabriquer des traverses de chemin de fer sur le continent. L'extension des forêts naturelles primaires, saluée par tous les voyageurs visitant la Sardaigne, serait en fait réduite à un peu plus de100 000 hectares à la fin du siècle.
En 1847, sous le roiCharles Albert, toutes les différences administratives entre la Sardaigne et le continent italien ont été abolies par lafusion diteparfaite : ce changement avait été présenté comme le seul moyen possible d'accorder des droits égaux à tous les habitants du Royaume, qui allait devenir un État unitaire et la législation fondamentale de l'Italie unie à venir.
En 1857, l'île comptait 577 000 habitants ; les seules villes importantes étaient Cagliari (30 000 habitants) et Sassari (23 000 habitants), ayant chacune une université. Selon le géographe britannique William Hughes,« le peuple est généralement brave et hardi mais indolent et peu avancé dans la civilisation ». Une seule route carrossable traversait l'île, de Cagliari à Oristano et à la côte nord ; ailleurs, il n'y avait que deschemins muletiers ou des pistes encore plus étroites encore[34].
La Sardaigne est une région complexe qui a conservé, au travers de ses témoins culturels, des matériaux présentant un intérêt historique et artistique, un bagage original très caractéristique que l'on n'arrête pas de redécouvrir et qu'il sied de revaloriser en tenant compte de toute sa richesse.
L'origine du symbole sarde n'est pas bien définie, mais on retrouve sa trace historique attestée en1281. On doit noter son analogie avec celui de laCorse voisine. Plusieurs faits historiques peuvent l’expliquer[35]. En effet, le premier événement historique se déroule en1014, par la victoire sur Museto àCagliari (voir l'histoire), et ainsi, les têtes deMaures représenteraient les vaincus, et sont au nombre de quatre en référence aux régionssardes.
Mais le fait historique le plus explicatif du symbole serait celui datant de1096, lorsque le roiPierreIer d'Aragon vainquit les Maures lors de labataille d'Alcoraz. Il expliqua cette victoire sur les quatre rois arabes tués sur le champ de bataille, par le concours providentiel desaint Georges (dont la bannière est une croix rouge sur fond blanc)[36]. D'ailleurs, d'anciennes représentations montrent parfois quatre têtes couronnées.
C'est le que l'emblème devient, par décret, lesymbole officiel de la Sardaigne. La Loi régionale du a relevé le bandeau sur le front des Maures (à l'origine, il leur bandait les yeux), pour des raisons diplomatiques[37].
En 2021, une nouvelle loi régionale a lancé une réorganisation administrative : l'absorption de la province de Sardaigne du Sud dans la ville métropolitaine de Cagliari, la transformation de la province de Sassari en ville métropolitaine, et le rétablissement des 4 provinces abolies en 2016 (avec Carbonia-Iglesias rebaptisée Sulcis Iglesiente et Olbia-Tempio Sardaigne du Nord-Est), revenant ainsi à une situation similaire à celle de 2005–2016[39].
Larégion autonome est régie par un statut spécial, approuvé par une loi constitutionnelle du qui a donné pouvoir de légiférer de manière exclusive dans certains cas (organisation des administrations locales, construction,agriculture etforêts). Dans d'autres domaines (santé, assistance publique), la région peut légiférer dans le cadre des principes établis par la loi de l'État. Ces compétences ont été étendues par la réforme du titre V de laConstitution italienne (dans le domaine de la recherche et de la formation).
Le Statut organise les trois autorités qui représentent la Sardaigne :
le Conseil régional (pouvoir législatif régional) ;
la Junte régionale (pouvoir exécutif régional) ;
le président de la région (chef du pouvoir exécutif régional).
Depuis la réforme constitutionnelle du, le président est élu directement, en même temps que le Conseil régional.
En2004, les élections au Conseil régional (comprenant celle du président de la région autonome), les premières après la réforme constitutionnelle, ont eu lieu sur la base du statut spécial en vigueur et en tenant compte des provinces nouvellement créées en 2001. Cespremières élections régionales en Sardaigne ont vu la coalition dite deL’Olivier afficher un score en diminution avec 45,86 %, cependant toujours supérieur à celui de l'autre coalition diteMaison des libertés. Les suivantes, lesélections régionales de 2009 en Sardaigne sont marquées par une nette poussée à droite, la gauche sarde ne refaisant qu'une partie de son retard lors desélections régionales de 2014 en Sardaigne tandis qu'une troisième force, nouvelle, le Mouvement cinq étoiles fait son entrée dans la vie politique régionale lors desélections régionales de 2019 en Sardaigne.
En, plusieurs chercheurs de l'université de Montréal se sont rendus en Sardaigne pour y étudier une particularité de la population sarde. En effet, lesmédecins de l'île ont constaté un nombre important d'hommessupercentenaires (110 ans et plus)[40], ce qui est rare, car habituellement ce sont lesfemmes qui atteignent ces âges avancés[40]. Plusieurs explications sont avancées tels que« l’air des montagnes ou le régime alimentaire[41] », mais encore des« facteursgénétiques ». Il est probable que ces facteurs interagissent comme le penseRobert Bourbeau. Ainsi, leCentre de recherche en démographie[42],[43] et l'INED s’intéressent également à la Sardaigne, dans le cadre du projet européen sur les conditions de vie futures des personnes âgées en Europe[44].
Top 10 des villes sardes par la population(2019)[45]
Nuoro, ville sarde, est à l'origine de l'appellation dezone bleue qui identifie les rares régions du monde où la longévité des habitants est très nettement au-dessus de la moyenne[46].
Le nom a été créé par l'universitaire italien Gianni Pes et le démographe belge Michel Poulain[47]. Ils ont découvert en 2000 à Nuoro la plus forte concentration au monde d’hommes centenaires alors connue[47] localisée dans de nombreux villages de montagne de cette province.
Les hommes de Nuoro, souvent d'anciens bergers, ont la même espérance de vie que les femmes et l'on compte 30,9 centenaires pour 100 000 habitants avec des nonagénaires en très bonne condition physique[48].
La région de l'Ogliastra, caractérisée par l'une des densités de population les plus faibles de toute l'Italie[49], est l'un des territoires d'Europe comptant le plus de centenaires[49].
Comme dans le reste dupays, la langue officielle et la plus largement utilisée est l'italien, mais il y a plusieurs langues locales et régionales, toutes de la famille deslangues romanes. Parmi celles-ci la langue la plus répandue est lesarde[50], qui comprend plusieurs dialectes, langue romane distincte de l'italien et restée très proche dulatin. Elle comprend des termes de substrat pré-latin dont certains sont similaires aubasque, selon l'avis d'Eduardo Blasco Ferrer etMichel Morvan.
Le sarde possède divers dialectes et deux orthographes principales, lelogoudorais et lecampidanais :
le sarde logoudorais (ensarde :sardu logudoresu, enitalien :sardo logudorese), correspondant à la région duLogudoro, est la variété sarde restée la moins influencée par d'autres langues, du fait de son isolement géographique au centre de l'île. Elle se décline en deuxdialectes, le commun, et le logudorais du Nord. Au logoudorais, on associe le nuorais (ensarde :nugoresu, enitalien :nuorese), autour de la ville deNuoro, variété la plus archaïque ;
le sarde campidanais (ensarde :sardu campidanesu, enitalien :sardo campidanese), correspondant à la région duCampidano, est la plus parlée de l'île. Au sein du campidanais, on distingue parfois l’ogliastrino (ensarde :ollastrinu), parlé autour de la ville de Lanusei, enOgliastra.
D'autres idiomes sont parlés au nord de l'île, avec surtout deux variétés dérivées ducorse et dutoscan (considérés comme des langues par l'UNESCO). Il s’agit dusassarais (sassaresu, enitalien :sassarese) parlé autour deSassari versPorto Torres etCastelsardo, et dugallurais (gadduresu, en italiengallurese) parlé enGallura, qui sont considérés comme des dia-systèmes sardo-corses. Bien que la structure des deux langues soit italienne (corse et toscane), une part importante de leur vocabulaire est empruntée au sarde. La langue galluraise partage 80 % de son vocabulaire avec la variété sartenaise diteoltremontano de la langue corse, et 20 % avec la langue sarde.
Deux autres langues romanes sont également présentes en Sardaigne : le génois ouligure, appelétabarquin, et lecatalan. Nommé icitabarquin, le ligure est pratiqué dans le Sud-Ouest, dans les îles deCarloforte etCalasetta. La variété catalane qu'est l'alguérois (alguerès), relevant ducatalan oriental, est pratiquée dans la ville portuaire d'Alghero (L'Alguer en catalan), au nord-ouest de l'île.
La Sardaigne compte plusieurs milliers depeintures ditesmurales (prononcer : « mouralèss ») sur les murs de l'île. C'est typique de la région. Cetart populaire s'étale sur les murs, mais aussi sur les rochers. Elles véhiculent assez souvent un messagepolitique (actuel ou historique), parfois citoyen, comme sur l’hygiène à l'initiative des collectivités locales. Lesfresques remarquables initiées par le professeurFrancesco Del Casino àOrgosolo, patrie du muralisme italien[55], empruntent souvent à l'esthétique d'artistes connus commePicasso,Miro,De Chirico ou au style de certaines bandes-dessinées. Les« murales » sont apparues en 1966 àSan Sperate sur une idée du sculpteurPinuccio Sciola[56].
Les instruments traditionnels sardes sont très utilisés en accompagnement des chants et des danses. La Sardaigne possède plusieurs traditions musicales uniques comme :
Un groupe de chanteurs sardes "a tenore" lors d'un festival.
il canto a tenore est un chant polyphonique d'origine paysanne chanté par quatre hommes. Les chœurs sont souvent composés de quatre voix aux tessitures bien distinctes. La technique utilisée par les chanteurs sardes est quasiment unique au monde, et ne peut être rapprochée que duchant diphonique pratiqué principalement enMongolie. En2005, lecanto a tenore a été proclamé chef-d'œuvre dupatrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO[57],[58].
Lelauneddas est l'instrument sarde par excellence. C'est le plus ancien, original et unique. Cet instrument à vent est composé de trois parties (sorte de clarinette) de différentes tailles, et se joue en utilisant la technique derespiration circulaire[58].
L'organetto, petit accordéon apparu depuis moins de deux siècles, est aussi utilisé pour les danses et le chant.
Maria Carta réussit à promouvoir la musique traditionnelle sarde dans des manifestations populaires nationales et internationales[59].
Les danses sardes d'origine traditionnelle sont des danses en rond dans lesquelles les danseurs se tiennent étroitement liés par les avant-bras, comme dans lesgavottes bretonnes. La plupart se dansent avec une sorte de rebond ou vibration au double dutempo. Elles sont dansées sur le chant ou des instruments traditionnels, ou aujourd'hui fréquemment l'accordéon diatonique comme dans des nombreuses régions d'Europe. Leballu tundu, dont le pas est d'ailleurs identique à l'hanter dro breton hormis la vibration, est la plus connue et répandue des danses dans l'île, mais il en existe diverses autres, telles lea passu, et leballu seriu. Certaines de ces danses laissent aujourd'hui place à une improvisation en couple au centre du rond, ainsi qu'à des pas techniques au sein du rond, en principe réalisés par des hommes.
Tenue traditionnelle masculineUn exemple de tenue traditionnelle sarde féminine.
On peut admirer les vêtements traditionnels lors des principales fêtes religieuses ou populaires[62].
Pour lafemme, la tenue traditionnelle est souvent finement brodée, de couleurs vives (vert, bleu, or ou rouge) et réalisée dans des tissus précieux. Les tenues peuvent être très différentes. Chaque village ou presque possède son propre costume traditionnel féminin, comme pour se démarquer, malgré des parties fixes telles que lechâle, le corsage, lajupe longue, et la chemise blanche. Les femmes peuvent également porter des bijoux sardes, en or, argent ou corail, souvent finement gravés[63],[64].
En revanche, pour l'homme, la tenue traditionnelle est dans la droite ligne de la tradition pastorale chère à la Sardaigne. On constate souvent une chemise et unpantalon blanc, un gilet et une veste noirs (parfois avec du rouge), unchapeau de forme particulière, et parfois unmanteau (decuir ou delaine).
Plusieurs musées permettent de contempler ces tenues typiques[62]:
La forte tradition orale de la Sardaigne a produit de très nombreuxcontes etlégendes. Il existe même, dans la ville deBoroneddu,Il museo della fiaba sarda (Le musée de la fable sarde) consacré aux personnages des fables traditionnelles[63],[66].
Quelques exemples de contes :
Come Sant'Antonio rubò il fuoco al diavolo (Comment saint Antonio vola le feu au diable) ;
Il vecchio e la rupe (Le vieux et le rocher) ;
Mariedda del piccolo popolo delle janas (Mariedda du petit peuple des fées) ;
La vitellina dalle corna d'oro (Le petit veau aux cornes d'or).
Il existe de nombreuses fêtes en Sardaigne (Carnavals,processions…), qui révèlent la culture sarde fortement ancrée dans l'île[63],[64] :
laSartiglia : c'est une course de chevaux qui a lieu le dernier dimanche, et lemardi gras pendant la période ducarnaval àOristano. Durant deux jours, des cavaliers somptueusement vêtus enchaînent courses, tournois et acrobaties spectaculaires. Les départs des équipes se font au son des trompettes et des roulements de tambours[67] ;
ladie de sa Sardigna (Le jour de la Sardaigne) : c'est la fête du peuple sarde. Elle est établie par le conseil régional de Sardaigne le en souvenir de l'insurrection du. Ce jour, les écoles restent fermées[68] ;
lecarnaval de Tempio Pausania : c'est le carnaval le plus célèbre de l'île. Pendant une semaine se succèdent fêtes, défilés et bals. Le personnage principal est leRoi Giorgio, un énorme pantin qui finira brûlé sur la place principale[69] ;
lecarnaval de Mamoiada : cette fête est l'une des plus intrigantes de Sardaigne. Tous les ans, en janvier, lesMamuthones défilent avec leurs masques noirs traditionnels à l'expression inquiétante. Ils sont vêtus d'épaisses peaux de chèvres et portent sur leur dos plusieurs sonnailles qui résonnent au rythme de leurs pas[70] ;
laprocession pour Santa Maria del mare (sainte Marie de la mer) : une procession de bateaux le àBosa ;
Fête deSant'Efisio, Procession en costumes traditionnels,.laSagra di Sant'Efisio : Cette fête religieuse dédiée au Saint Patron de la Sardaigne se déroule le àCagliari. Elle regroupe de nombreux fidèles, en costumes traditionnels, des musiciens et des cavaliers. On peut également y admirer le défilé des« Traccas », ces chars à bœufs magnifiquement décorés. L'avenue principale, recouverte de milliers de pétales de roses, se transforme pour l'occasion en un superbe tapis multicolore[71],[72] ;
laSagra di San Salvatore : procession de septembre àCabras ;
laSagra del Redentore : cette fête est dédiée au Rédempteur deNuoro sur leMont Ortobene. Elle a lieu à la fin du mois d'août. Elle rassemble de nombreux événements folkloriques et permet de découvrir les chants, la gastronomie et les costumes traditionnels sardes[73] ;
l'Ardia(it),S'ardia en sarde : course de chevaux dans les ruelles du village deSedilo ;
Leporcheddu (maialetto ouporchetto en italien) est uncochon de lait entier (5 kg maximum) parfumé aumyrte et aulaurier, cuit au four ou à la braise dans un trou recouvert de terre. C'est une tradition venant, dit-on, des bergers malhonnêtes qui cuisinaient de cette façon les cochons de lait volés aux autres bergers. Lorsque le cochon de lait est plus gros, on le coupe en deux et on le cuit à la broche sur un feu de myrte. On peut aussi le mouiller avec lefilu 'e ferru(it), lagrappa locale, ou avec de l'eau. Ajouter du laurier,sel,poivre, beaucoup d'ail et de myrte.
Lesculurgiones sont l'interprétation sarde desraviolis, sans viande : la farce, souvent à base de pommes de terre, réunit harmonieusement le goût sucré desbettes et celui plus franc dupecorino sarde, ainsi que les arômes, agréablement en opposition, de lanoix de muscade et dusafran. Certains les mangent enrichis par unesauce tomate avec de la viande hachée. Dans certaines provinces sardes, ils sont appelésculurzones, ayant une farce faite dericotta et d'herbes (persil, etc.). Cesculurgiones sont généralement servis avec une sauce tomate et saupoudrés depecorino sarde.
Lacuisine a connu une évolution particulière qui conserve encore aujourd'hui beaucoup de ses anciennes caractéristiques.
Parmi lespâtes on distingue lesculurgiones (sorte de raviolis fourrés d’un mélange de pommes de terre, ail, fromage et menthe), lesmalloreddus (en forme de coquillages), mais aussi lespillus (sorte de nouilles).
L'important troupeau de trois millions de brebis qui donne lieu à latranshumance en Sardaigne[74] est à l'origine de la richesse de l'offre de fromages dans l'île. Les premières traces de production de fromage en Sardaigne remontent à l'époque romaine avec lePecorino[75].
Il existe d'autres fromages produits en Sardaigne, tels que lafleur Sarde (Il Fiore Sardo), leCasu marzu, leCanestrati, ou lescaprini (au lait de chèvre).
Enfin lesgâteaux, le plus souvent auxamandes (lesamarettus ou Amaretti, lesGattò), mais aussi aumiel et auxépices. On peut donner d'autres exemples comme lesPardulas ou Casadinas (petits gâteaux à base deRicotta), leschiacchiere (sortes debugnes), l'aranzata (gâteaux à l'orange), lessebadas (beignets au fromage, au citron et au miel) ou lesCardinali (petits gâteaux moelleux), les Papassinos, et enfin les Sospiri (bonbons d'amandes sucrés).
Lesvins sardes sont moins connus que ceux d'autres régions d'Italie, mais leur renommée grandit. L'eau-de-vie (deraisin et demyrthe) et lavernaccia (vin très doux avec un haut degré d'alcool) sont très courants.
La Sardaigne est unedestination touristique réputée notamment grâce à ses plages, parmi lesquelles la côte d’émeraude (costa Smeralda) mais aussi grâce à larandonnée en Sardaigne, d'intérêt panoramique, entre mer et sommets, dans le massif montagneux deGennargentu, ou encore la ville catalane fortifiée d’Alghero et le petit port deBosa dominé par une forteresse et bien d'autres sites[76]. C'est avec la Corse un des hauts lieux de larandonnée dans les îles de Méditerranée. L'industrie touristique est considérée par des anthropologues sardes telsGiulio Angioni et des cinéastes sardes telsSalvatore Mereu comme un "massacre" du territoire et de l'identité, par exemple exprimé dans le filmAssandira[77].
À partir de 1962, le consortiumCosta Smeralda, associe des industriels comme le propriétaire des bouteilles San Pellegrino et le magnat de la bièrePatrick Guiness, àPorto Cervo où les marques de luxe« ont toutes pignon sur rue » tandis que le Monte di Mola Museum (MDM) expose« du Pop Art et du Street art »[78]. Ils recrutent des architectes célèbres comme Jacques Couelle et Michele Busiri Vici[79].
Les autorités locales témoignent d'abord de compréhension[80], le consortium s'engageant à un relatif équilibre entre ciment et nature[80]. L'aspect des constructions et des espèces végétales des jardins est réglementé, ce qui entraînera un style «néo-méditerranéen», mélange de Grèce et de Provence[81]. Le consortiumCosta Smeralda acquiert 55 kilomètres de côtes, 80 plages et5 000 hectares àArzachena[82], commune la plus étendue d'Italie aprèsRome[82], dont les 6 000 habitants voient en dix ans se créer 4 000 emplois permanents[82], mais aussi affluer les photographes[82], sur fond de commérages et barrages routiers[82], parfois déclenchés par le va-et-vient de princes de la " jet-society " entre l'aéroport d'Olbia et le golfe de Porto-Cervo, à bord de l'hélicoptère privé[82].Cependant,Dominique Fernandez, professeur à l’Institut français de Naples, s'interroge dès 1965 sur les miracles attribués à l'Aga Khan[81], dans la soixantaine de pages qu'il consacre à la Sardaigne, où il questionne de nombreux insulaires, dans son premier livre[83]. En 1967, des urbanistes américains conçoivent une extension, confiée à l'architecteLuigi Vietti[82], transmise aux autorités en[82]. Le gouvernement sarde s'y oppose, demandant une réduction du volume global[82], mais aussi un changement du ratio pour plus d'hôtels et moins de résidences secondaires[82]. Selon le consortium[80], 15 % seulement de la zone serait bâtie[80].
Après deux ans de blocage, en, l'Aga Khan menace de licencier tout le personnel s'il n'obtient pas une réponse[80]. Des manifestations ont lieu, des commentateurs italiens s'enflamment sur le thème "La Sardaigne aux Sardes. Chassons l'argent étranger"[82]. À partir de 1980, la commune d'Arzachena finalise son propre projet d'hôtels[80], plus réduit, et après dix ans de polémiques[80], l'Aga Khan s'en va. Une partie des hôtels bâtis par lui sera finalement cédée au conglomérat américain Starwood[81]. Seules quelques extensions ont lieu, comme Marmorata Village, ex-Club Med[81] desannées 1970, passé à un millier de chambres et dont les Français représentent deux tiers de la clientèle[81].
Le développement de ses infrastructures touristiques, son climat, ses vestiges archéologiques (nuraghe, etc.), font de cette île une destination qui peut accueillir « environ 12 millions de touristes par an, dont 80 % en juillet-août »[86]. De nombreux complexes hôteliers sont construits dans le sud (Villasimius), dans l’est (Muravera), et dans l’ouest (Santa Margherita di Pula etChia) de l'île.
Dans les années 2010, la Sardaigne, comme le reste de l'Italie, se voit dépassée par le "surtourisme" qui affecte le patrimoine et la qualité de vie sardes[87]. Pour remédier à cet afflux de touristes, des mesures sont prises comme la mise en place, en 2019, d'un numerus clausus sur les plages[87]. De même, leprojet européen Stratus soutient les initiatives locales en faveur d'un tourisme durable marin et balnéaire[88].
Letourisme nature tend à se développer avec le "Festival di Scirarindi", qui fait office aussi de salon de l'écotourisme, mais a souffert du confinement. Il se déroule chaque année ennovembre àCagliari[89]. Depuis 2021 s'est développé unFestival du tourisme responsable Itaca qui met en avant un« droit de respirer » et propose« des conférences parfois un peu savantes »[90].
Ce type deTourisme s'est développé principalement sur la côte orientale de l'île, dans la partie préservée, l'Ogliastra et laBarbagia. La région de l'Ogliastra a l'une des densités de population les plus faibles d'Italie[49].
Il existe un moyen étonnant de découvrir la Sardaigne. En effet, letrenino verde (le petit train vert), est un chemin de fer à vapeur remis en marche, avec locomotives et wagons rénovés, afin de faire visiter l'île[91].
il existe des formes d'hébergement commeAgritourisme ou d hébergement en habitat diffus qui favorise en contact avec les habitants.
De nombreux objets enliège sont fabriqués tels que des cartes postales, des damiers, et autres objets de toutes sortes[92].
Malgré cela, la Sardaigne souffre d'un fort taux dechômage[97] (environ 7 %), surtout chez les jeunes (environ 22 %). « Le problème le plus important est l'emploi, en Corse comme en Sardaigne. Si cette question n'est pas résolue, il y aura toujours un mal-être et une émigration. L'intérieur des terres de la Sardaigne se dépeuple. »[97].
L'Union européenne a répondu en partie à la demande sarde, en mettant en place un « régime d'aide à l'emploi »[98].
L'élevage est très implanté en Sardaigne, en bénéficiant des nombreuses régions montagneuses, d'où une importance économique, mais aussisociale. Il est traditionnellement pratiqué enextensif ou semi-extensif sur les1 500 000 hectares de prairies naturelles[99].
L'autre type est l'élevage decaprin. Le lait dechèvre est également recherché. Ainsi, lefromage est le produit le plus couramment fourni.
Chariot agricole traditionnel sarde. Il était tracté par un couple de bœufs.
L'objectif des 13 000 à 15 000 éleveurs d'ovins etcaprins que l'on peut recenser, est d'augmenter la production de produits à fortevaleur ajoutée tels que lesAOP. Dès lors, les associations d’éleveurs caprins de Nuoro et Cagliari et l’Istituto Zootecnico e Caseario per la Sardegna ont décidé de « définir des stratégies de sélection pour la chèvre sarde »[100]. L'élevage ovin a pour objet la transformation du lait en fromages connus comme lePecorino sardo et a recours comme dans d'autres régions sardes à latranshumance en Sardaigne, qui fait depuis le XXIe siècle l'objet de circuits derandonnée en Sardaigne.
La Sardaigne est ainsi le plus grand exportateur de fromage auxÉtats-Unis et auCanada, même si elle a connu quelques difficultés avec la baisse dudollar. »[86]
On peut voir plusieurs types decultures en Sardaigne, dont l'agriculture est assez diversifiée. On trouve descéréales (blé…), desfruits (agrumes,cerises…), des légumes (artichaut…), ducrocus printanier pour récolter lesafran, de l'olive qui est largement utilisée pour produire l'huile, duliège, de lavigne pour le vin. Cette dernière production date de fort longtemps en Sardaigne, car déjà présente à l'âge nuragique. La production d'olives en revanche n'a été introduite en Sardaigne qu'à partir duXVIe siècle.
Lasaliculture et bien sûr lesports depêche, sont également des cultures présentes sur l'île. Cependant cette dernière activité est relativement marginale pour des raisons historiques. On peut cependant noter une exception pour la pêche de l'anguille pêchée depuis l'Antiquité.
La Sardaigne possède de nombreusesmines, dispersées sur toute l'île. La zone géographique ayant le plus de ressources minières est le sud-ouest. Le travail minier dans l'île date de temps très éloignés (6000 av. J.-C.). Grâce à ces nombreuses ressources minières, notées dans lapartie historique, la Sardaigne a pu se développer en attirant commerçants et envahisseurs, dès l'Antiquité puis au Moyen Âge.
Médaille commémorative remise aux mineurs pour le centenaire des mines de Montevecchio (verso).
Mais on trouve également des productions d'argent, decharbon et dezinc.
Alors que depuis la domination romaine sur l'île l'exploitation minière était très importante en Sardaigne, la production d'aluminium, decharbon et deplomb a chuté par la suite auXXe siècle. "Dans lesannées 1960, un premier plan de développement économique de la Sardaigne a été mis en place, fondé sur la monoculture industrielle : lachimie. Quand la chimie s'est écroulée pour des raisons de difficultés mondiales, il y a eu une crise de désindustrialisation en Sardaigne, amplifiée par la baisse d'activité dans l'aluminium et les mines de charbon et de plomb. Sur les quatre pôles chimiques historiques, deux existent encore à la fin des années 2010. "Aujourd'hui, nous cherchons à dépasser cette phase de désindustrialisation, en passant à un système productif plus flexible" a résumé Efisio Orru, préfet de Sardaigne[101].
Aujourd'hui, cette activité est donc réduite, mais la découverte européenne d'une nouvelle technique, a permis l'ouverture en1997 d'une mine d'or, minerai qui n'était pas jusque-là exploité sur l'île[102].
L'industrie sarde s'est développée dans les domaines d'activité très variés, allant de l'agroalimentaire, à la métallurgie et au textile. L'un des fleurons du secteur de l'agroalimentaire est l'usine d'Arborea, érigée sur des marais asséchés vers 1928[103], qui constitue la1re coopérative laitière de Sardaigne par laquelle transite environ 80 % du lait de vache de Sardaigne[103]. Elle produit beurre, crème, yaourt, mascarpone, lait au cacao, à la mangue, stockés dans un magasin haut de 25 mètres[103].
La Sardaigne produit un surplus d'électricité, tout en bénéficiant d'uneindustries chimique etpétrochimique[104] mais est restée la seule région d'Italie qui n'a pas accès au gaz . L'île exporte de l'électricité vers la Corse et la péninsule italienne. Du fait de sa position géographique et de la volonté de la région, la Sardaigne se présente en chef de file du projet ENERMED[105] (pour ENERgie MEDiterranée) visant à promouvoir lesénergies renouvelables. Par exemple en ce qui concerne l'implantation d'éoliennes : « lepotentiel éolien est donc important dans le nord de la Sardaigne. Tous les facteurs sont réunis pour favoriser l’implantation d’éoliennes : présence de vents réguliers, existence de larges espaces à faible densité de population, et accès aisé aux zones potentielles. À ce titre, l’Union européenne (UE) considère la Sardaigne comme un site idéal pour le développement de ce type de production d’électricité et a décidé de financer leur construction. Les objectifs sont de contribuer à l’indépendance énergétique de l’UE et de réduire les émissions decombustibles fossiles, dans le cadre du respect des objectifs duProtocole de Kyoto »[106]. Vient s'associer à cela d'autres fonds comme àNurri. En effet,EDF etENEL s'y sont associés en2004 pour réaliser un parc éolien de 22 MW[107]. Mais ENEL va plus loin, car il double sa production en Sardaigne en2006, par la création du parc éolien deSedini[108].
La Sardaigne a été épargnée par la grande coupure d'électricité italienne de2003, cette île « étant connectée au continent par un câble sous-marin en courant continu »[109], ce qui peut permettre d'élaborer un système de protection énergétique dans le cadre des interconnexions entre pays.
En ce qui concerne les énergies fossiles, la Sardaigne est amenée à devenir un point de passage important entre le continent africain et l'Europe. En effet, l'Algérie voulant mettre en place une exportation énergétique vers l'Europe, est mis à l'étude un projet degazoduc vers la Sardaigne, qui pourrait ensuite approvisionner l'Italie et la Corse[110].
Les ferries de la compagnieMoby Lines, reconnaissables à leurs livrées particulières représentant des personnages issus desLooney Tunes, assurent toute l'année la liaison entre la Sardaigne et le continent.
Les villes en partance d'Italie sontGênes,Civitavecchia,Naples etLivourne. Les prix d'une traversée sont comparables à ceux d'un vol sur une compagnie à bas coûts.
Cependant, le premier a des vols directs provenant deLondres Luton, et le second deLondres Stansted. Les villes deCagliari etAlghero sont desservies par des vols directs depuis l'aéroport à bas coût deParis-Beauvais et également à partir de l'aéroport de Marseille Provence. Depuis2009, la compagnieRyanair a inauguré une série de vols depuis différentes villes européennes (dont l'aéroport de Charleroi-Bruxelles-Sud) vers les aéroports d'Elmas et Fertilia. Il existe aussi un petit aéroport àTortoli desservi depuis Elmas, Olbia et Fertilia par de petits avions bimoteurs.
La naissance de la compagnie aérienneAlisarda faisait partie des « retombées » économiques du développement touristique[80], dans les années 1960, au cours des premières décennies d'existence duTourisme en Sardaigne[80]. Par la suite, le, débutent ses premiers vols internationaux versBarcelone,Paris,Londres etFrancfort qui en font une grande compagnie aérienne. Encore très rentable en 1998[111], sa situation se détériore ensuite[111].
En, laCommission européenne donne son feu vert à l'achat de 50 % d'Alitalia par la compagnieQatar Airways qui veut en faire la marque numéro 1 du transport aérien enItalie, avec une classe business sur chaque vol[112]. L'objectif est alors de passer, en seulement quatre ans, de 11 à50 appareils et de seulement 2,6 millions à 10 millions de passagers[113].
Le, la compagnie est rebaptiséeAir Italy[114],[115]. Mais moins de deux ans et demi après, des centaines de millions de pertes financières causent l'arrêt de l'exploitation[116] et la mise en liquidation, ce qui met 1 200 emplois en jeu[113]. Malgré ses difficultés, Alitalia a maintenu la concurrence contre Alitalia, se battant plus que jamais, en particulier sur les vols vers la Sardaigne[112], le duoAir Italy-Alisarda a souffert en particulier de l'arrêt du Boeing 737 MAX[112].
On peut également se déplacer enbus avec diverses compagnies régionales, ou bien sûr envoiture.
Contrairement à la Corse, le réseau routier en Sardaigne comprend des voies rapides à travers l'île, qui« permettent de se déplacer facilement » d'une région à l'autre[118].
La route principale est la SS 131, le long du tracé d'une anciennevoie romaine qui traverse l'île du nord au sud.
La Sardaigne, par sa faible densité de population, est restée très sauvage dans des vastes régions. On y retrouve donc une belle variété defaune et deflore, ainsi que de nombreuses espècesendémiques en raison de l'isolement. De plus, une équipe de recherche de l’université de Cagliari[119], a mis en évidence « 65 espèces végétales ayant des propriétés médicales » seulement dans le sud-ouest de l'île.
En raison du nombre important d'animaux marins, dont descrustacés, dans ses eaux, lesGrecs nommèrent lasardine d'après le nom de la Sardaigne[120].
Le visiteur peut trouver pas moins de neuf parcs naturels sur le territoire sarde, qui ont vocation à protéger la nature et faciliter larandonnée en Sardaigne, parmi lesquels troisnationaux et sixrégionaux :
leparc naturel régional de Porto Conte(it) - Capo Caccia, près d'Alghero, a un environnement permettant de trouver près de 35 espèces de mammifères (daim,sanglier...), et 135 d'oiseaux (faucon pèlerin…) marins ou non, pouvant nicher dans lesfalaises. On y trouve également de nombreuses espèces florales endémiques. Les falaises recèlent desgrottes importantes émergées ou submergées dont la plupart sont fermées au public ;
↑« Sardi: indigeni, qui in Sardinia nati sunt » inRobert Estienne,Dictionarium, seu Latinae linguae Thesaurus, Robert Estienne, Q-Z, vol. III, 1583.
↑I.E.S. Edwards, C.J. Gadd, N.G.L. Hammond, E. Sollberger (eds.)The Cambridge Ancient History, Volume II, Part 2, Cambridge University Press 1970,p. 369.
↑Salvatore Dedola, « La stele di Nora contiene la lingua sarda delle origini » inArcheologia nuragica -[1].
↑"Dans les montagnes du Gennargentu, comme un air de western en Sardaigne". Article dans Le Monde par Bénédicte Boucays, à Gairo Taquisara (Italie) le 11 décembre 2024[4]
↑abcdefghijkl etmJean-MichelPoisson, « Elites urbaines coloniales et autochtones dans la Sardaigne pisane (XII-XIIIe siècle) »,Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public,,p. 65-181(lire en ligne)
↑Amos Cardia,S'italianu in Sardìnnia candu, cumenti e poita d'ant impostu : 1720-1848; poderi e lìngua in Sardìnnia in edadi spanniola, Ghilarza, Iskra,,p. 88, 91
↑a etb« Voyage en Sardaigne – Description statistique, physique et politique de cette ile, avec des recherches sur ses productions naturelle et ses antiquités », par le comteAlberto La Marmora, compte rendu deHumbert Ferrand.[5]
↑(es)Antonio Ubieto Arteta,Una narración de la batalla de Alcoraz atribuida al abad pinatense Aimerico, Argensola: Revista de Ciencias Sociales del Instituto de Estudios Altoaragoneses,(lire en ligne),p. 7:245–56.
↑a etb« La Sardaigne attend de l'Union européenne une aide pour l'emploi surtout, qui demeure le plus grand problème de l'île. Sans travail, on n'est pas libre ». Gian Franco Anedda, député de Sardaigne.
↑S. Ligios, A. Carta, P.L. Bitti et I. Tuveri,Description des systèmes d’élevage caprin en Sardaigne et évaluation des stratégies d’amélioration génétique, (Lire en ligne[PDF].
Jean-François Mimaut,Histoire de Sardaigne : ou La Sardaigne ancienne et moderne considérée dans ses lois, sa topographie, ses productions et ses mœurs, Paris,, 503 p.(lire en ligne).
JeanGermain (linguiste),Bibliographie sélective de linguistique française et romane, Louvain-la-Neuve, Boeck Université, éd Duculot,, 324 p.(ISBN2-8011-1160-0).
LauranneMilliquet,La Porte d'argent. Contes sardes, Genève (Suisse), Slatkine/Sodifer, Coll. Le Miel des contes,, 343 p.(ISBN2-8321-0074-0).
La version du 21 avril 2006 de cet article a été reconnue comme « article de qualité », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.