Alexandre, en devenant fils deZeus Ammon, avait réussi à asseoir son autorité sur le clergé égyptien. Les Lagides ont eux aussi souhaité associer leur nom à une divinité. Pour être accepté par tous, ce dieu devait convenir aux Grecs et aux Égyptiens. La figure de Sarapis apparaît au tout début duIIIe siècle avant notre ère. On ignore lequel des deux premiers Ptolémée en est à l'origine mais, selon une légende rapportée parPlutarque et Tacite, c'estPtolémée Ier qui l'a institué. Il aurait rêvé d'un dieu qui lui aurait demandé de transporter sa statue jusqu'à Alexandrie. À son réveil, il raconta son rêve et un homme reconnut, d'après la description de Ptolémée, une statue qu'il avait vue dans la colonie grecque deSinope (au sud de lamer Noire). Le roi voulut s'emparer de la statue mais les habitants refusèrent et, après trois ans d'attente, il décida de la voler. Une autre version de la légende dit que la statue se serait dirigée toute seule vers le bateau qui devait l'emmener à Alexandrie. À son arrivée à Alexandrie, ce dieu fut assimilé par l'entourage du roi à l'Hadès desGrecs à cause du chienCerbère représenté lui aussi sur la statue[réf. nécessaire].
Le culte de Sarapis existait déjà avant les Ptolémées sous sa forme égyptienne d'OsirisApis (en grecOsorapis) auSérapéum deMemphis.Ptolémée Ier en a fait une figure composite, qui regroupait la symbolique égyptienne (en tant que manifestation d'Apis mort, donc de l'Osiris Apis) mais surtout les fonctions des dieux grecs : il reçoit deZeus son aspect solaire, Hadès le lie à l'au-delà,Dionysos le rapproche de la fertilité agraire etAsclépios lui permet de guérir les malades. Cela deviendra d'ailleurs sa principale fonction. Il prend en plus une apparence « à la Zeus », c’est-à-dire les longs cheveux bouclés et la barbe. Il est souvent représenté avec uncalathos - Objet servant de mesure dublé (symbole du monde des morts) sur la tête et représentant la médecine comme l'art et la science de la juste mesure, équilibre et harmonie de l'homme et de la nature, ou encore trônant avec, à ses pieds, Cerbère, le chien à trois têtes d'Hadès. Plus tard, il fut apparenté àIsis et àHarpocrate, ce qui donna naissance à une sorte de triade alexandrine[réf. nécessaire].
Pendant l'époque ptolémaïque, son culte n'a vraiment été pratiqué qu'à Alexandrie et à Memphis puis à l'époque romaine, il s'est répandu dans tout l'empire romain. Il a aussi été très populaire en Grèce et enAsie Mineure. Preuve de sa popularité, il est représenté sur de nombreuses monnaies provinciales romaines, par exemple au revers detétradrachmes deNéron, ou encore sur une monnaie émise àMarcianopolis où son portrait apparaît en face à face de celui de l'empereurGordien III[réf. nécessaire].
En 69, lors de son accession au pouvoir,Vespasien fait de Sérapis l'une de ses divinités protectrices (avecIsis). Lors de la guerre civile, il avait été proclamé empereur à Alexandrie par les armées de Syrie et d'Égypte, et, à cette occasion, il avait parlé des visions où le dieuSérapis lui accordait la victoire[réf. nécessaire].
Blaise Pascal fait référence avec raillerie aux miracles de Vespasien auxquels croient les crédules incrédules (Pensées, frag 257 et note[1]). Dans lesEssais III, 8, deMontaigne[2], on lit« Tacite rapporte (…) que Vespasien, par la faveur du dieu Serapis, guérit en Alexandrie une femme aveugle en lui oignant les yeux de sa salive, et je ne sais quel autre miracle ».
Louis Sarapis est le nom du personnage central au roman dePhilip K. DickCe que disent les morts (anglais :What the dead men say). Ce personnage se voit comparé à plusieurs reprises à une divinité, de par sa capacité à influencer le monde même après sa mort.
1969 : L. Vidman,Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae (SIRIS), Berlin, 1969.
2005 :Laurent Bricault,Recueil des inscriptions concernant les cultes isiaques (RICIS), Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2005, 3 vol.(ISBN2-87754-156-8).
Études
1983 : V. Tran Tam Tinh,Sérapis debout : corpus des monuments de Sérapis et étude iconographique, Leiden, E. J. Brill, 1983.
2001 : Laurent Bricault,Atlas de la diffusion des cultes isiaques, Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2001.
2005 : M. Malaise,Pour une terminologie et une analyse des cultes isiaques, Bruxelles, Académie royale de Belgique, Classe des lettres, 2005.
2008 : Laurent Bricault (dir.),Sylloge nummorum religionis Isiacae et Sarapiacae (SNRIS), Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 2008.