Lasanté mentale, lasanté psychique, lasanté psychologique, l'hygiène mentale ou lebien-être psychologique[note 2] est lebien-êtrepsychique,émotionnel etcognitif, qui va, selon l'Organisation mondiale de la santé, au-delà de l'absence detrouble mental. Le terme est relativement récent etpolysémique. La santé mentale est selon Jean Sutter[1] perçue comme« [l']aptitude dupsychisme à fonctionner de façon harmonieuse, agréable, efficace et à faire face avec souplesse aux situations difficiles en étant capable de retrouver son équilibre. »
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS),« la santé mentale est un état debien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d'être en mesure d'apporter une contribution à la communauté. »[3]
La santé mentale est influencée par un grand nombre de facteurs individuels et collectifs[4]. Des facteurs génétiques, la capacité des personnes à gérer les émotions mais également les conditions de vie. Environ 60 % de l'état de santé général des individus est déterminé par l'environnement socio-économique et lecontexte sociétal dans lequel ils évoluent. De la même façon que pour la santé physique, de nombreux facteurs externes et internes à la personne influencent la santé mentale. Lerevenu, lelogement, l'emploi, lesdettes, lavie sociale mais aussi l'environnement urbain ou lapolitique sociale etéconomique d'une communauté, ont donc une grande influence sur le bien-être social et la santé mentale, à un niveau individuel mais aussi collectif. Unepolitique publique soucieuse delutter contre les discriminations, lesinégalitéssocio-économiques et l'exclusion, est donc une politique publique soucieuse de la santé mentale des personnes[5].
Les pays européens (Commission Européenne de l’Union européenne et la Conférence ministérielle européenne de l’OMS[6]) distinguent deux aspects de la santé mentale : la santé mentale « positive » (autonomie, bien-être, épanouissement personnel), et la santé mentale « négative » qui regroupe deux formes : d'une part la détresse psychologique réactionnelle (induite par les situations éprouvantes et difficultés existentielles), d'autre part les troubles mentaux, affections psychiatriques de durée variable et plus ou moins sévères et/ou handicapants[7].
Un nouvel élan est impulsé dans les politiques de santé mentale dans les années 1990, allant bien au-delà de ces dispositifs limités ; avec un changement de paradigme des politiques desanté publique : là où lechamp psychiatrique de lafolie constituait le fondement et le socle légitime des interventions de l'État, la santé mentale est désormais la priorité et l'objectif d'un nouveau domaine illimité. C'est que le malaise social est de plus en plus décrit et appréhendé comme un malaise subjectif : la dépression est déclarée « mal du siècle » et toutlien social peut être cause de traumatisme. Et surtout, l'idéal de santé, conçue comme le capital-ressource nécessaire pour faire face aux aléas de la vie en société, constitue le nouveau bien démocratique. La santé mentale a ainsi été déclarée « nouveaudroit de l'homme ». L'idéal est celui de la « santé mentale positive », dont la production est posée comme préoccupation de l'État, et dont la réalisation doit être le souci de chacun[16].
Au début des années 2020, avec l'émergence de l'IAg, de nombreux dispositifs d'e-santé (ousanté numérique), basés sur l’intelligence artificielle apparaissent pour diagnostiquer et améliorer la santé mentale, incluant par exemple des outils d'analyse des données cliniques, de soutien au diagnostic ou à certains traitements, voire proposer des traitements très personnalisés. Ils pourraient améliorer l’accessibilité aux soins, la prévention des troubles et l’efficacité des thérapies cognitivo‑comportementales.
Différentes études tentent à montrer une dépendance à lamalbouffe et de démontrer un lien entre santé mentale et malbouffe[17],[18],[19],[20].
Si l'alimentation ne peut pas être considérée comme unique cause de lamaladie mentale, il est par contre prouvé qu'il existe un lien entre la moindre qualité de celle-ci et ces pathologies : il est notamment établi pour ladépression, l'autisme et laschizophrénie[21].
Un nombre important de troubles et séquelles, éventuellement irréversibles, peuvent avoir été induitsin utero, dans l'enfance ou à l'âge adulte, à la suite du contact avec desneurotoxiques inhalés, ingérés, ou absorbés par la peau ou des muqueuses. Il peut s'agir par exemple duplomb ou dumercure, ou depesticides, d'alcool ou d'autres corps chimiques, qui parfois peuvent agir ensynergies. Il est probable que la neurotoxicité de certainesmolécules n'ait pas encore été identifiée. En Europe, le règlementReach invite à une meilleure évaluation des impacts des produits chimiques. Faute de recherches anciennes, et d'une approcheécoépidémiologique adaptée, l'origineécotoxicologique de certains troubles a pu être sous-estimée chez des populations collectivement exposées à des toxiques d'origine naturelle ou artificielle (arsenic du sol,plomb descartouches de chasse, plomb etradionucléides deTchernobyl, etc.).
Des millions de personnes dans le monde sont victimes de troublesneurologiques induits par des virus ou bactéries. C'est selon un rapport[22] (2007) de l'OMS la sixième cause de consultation neurologique dans les services primaires de soin, touchant particulièrement environ un quart des états-membres de l'OMS, essentiellement enAfrique et dans leSud-est asiatique.Les neuroinfections restent un problème difficile à traiter même avec l'arrivée desantibiotiques et devaccins efficaces, dans beaucoup de régions du monde, particulièrement dans despays dits « en voie de développement ».
Ces infections ont généralement été contractées dans l'enfance voirein utero (dans une étude nord américaine[23] ayant porté sur plus de 12 000 enfants, les enfants dont la mère était grippée durant la première partie de leur grossesse ont eu un risque triplé de développer une schizophrénie plus tard). Dans ce cas, une étude ayant porté sur plus de 2 000 femmes n'ayant pas détecté d'effets de la vaccination de la mère sur le fœtus, la vaccination préventive de la femme enceinte a été recommandée par lesCDC américains.
Le contextesociopsychologique a une importance dans l'apparition de certains troubles, en particulier,dépressions pouvant conduire ausuicide. Le stress et la souffrance durant les études (qui peut toucher l'élève comme l'enseignant), puisau travail, ou le stress induit par la difficulté à trouver du travail[24] et à la peur de le perdre ; le stress lié auvieillissement dans lasolitude ou lehandicap, certaines délinquances sexuelles, divers troubles de la sexualité, la non-reconnaissance sociale ou l'interdit de certaines formes de sexualité, ou encore divers stress liés ausida, à lastérilité du couple, auxdrogues dures ou à d'autres addictions (y compris aux écrans ou au smartphone), ou le stress induit par une grandeprécarité et une société où la famille a éclaté, le stress de mineurs en grande difficulté, la perte de repères des mondes virtuels offerts par les jeux vidéo, le stress des jeunes chercheurs confronté auPublish or perish[25], etc. sont des problèmes parfois nouveaux pour lesthérapeutes.Dans certains pays ou contexte, le trouble mental est encore volontiers caché ou les malades enfermés, ce qui peut ajouter à leur souffrance et à leurs trouble. Dans certains pays, les problèmes d'immigration forcée et de déplacements volontaires deréfugiés ou immigrés cherchant de meilleures conditions de vie, ou les problèmes liés auxguerres,guerres civiles et auterrorisme, ou à certaines pressions sociales, politiques et/ou religieuses peuvent être sources de troubles importants.
Cependant, certaines solutions existent, dont pour diminuer le stress au travail via une ambiance entre collègues autre que la compétition, au profit d'un bien être au travail. Selon une étude menée parOpinion way auprès des salariés français, l'ambiance au travail est plus importante que le salaire. L'écoute, le dialogue, le management participatif, le respect et l'ouverture d'esprit favorisent une bonne ambiance au travail[26].
Les institutions qui visent à aider les gens ayant des problèmes de santé mentale se font rares auQuébec. Principalement, il existe deux types de ressources : les institutions publiques et les institutions privées. Les institutions publiques sont principalement les hôpitaux où despsychiatres etpsychologues travaillent pour le gouvernement[28]. Les institutions privées sont des établissements où les spécialistes ont leur propre bureau et travaillent pour eux-mêmes[28]. Contrairement aux institutions privées, les institutions publiques sont gratuites et accessibles à tous[28]. Le système économique mis en place par legouvernement québécois assure des services complètement gratuits, dont lesimpôts[28]. Ainsi, la demande auprès des institutions publiques est beaucoup plus élevée en raison de son accessibilité et de sa gratuité. Au contraire, les institutions privées sont réservées aux gens plus aisés financièrement, en raison de leur service payant. Certains citoyens n'ont pas les moyens de se permettre des soins privés et se tournent plutôt vers les services publics. Il est ainsi possible d'éviter de débourser pour avoir accès à des soins de santé : utiliser le service public qu'offre l'État. Cela dit, les institutions publiques sont submergées de demande, ralentissant ainsi le processus de pouvoir consulter un professionnel de la santé[28]. Afin d'obtenir de l'aide pour soigner un trouble de santé mentale, il peut y avoir un temps d'attente allant jusqu'à deux ans pour voir un spécialiste au public[29]. Comme la demande est plus élevée en raison de la gratuité des soins, les spécialistes du secteur public ont une très grosse charge de travail versus leur capacité[30]. Cette charge est parfois décourageante, poussant ainsi certains professionnels à remédier à ce travail[30]. Dans certaines institutions publiques, des spécialistes quittent leur emploi en raison des mauvaises conditions de travail[30]. Principalement, les travailleurs de la santé n'ont aucuncongé alloué et doivent obligatoirement faire du temps supplémentaire sous peine decongédiement[30]. Certains de ces spécialistes prennent la décision de quitter leur emploi en raison des mauvaises conditions de travail, augmentant ainsi davantage la charge de travail des spécialistes restant[30]. En raison de la charge de travail trop élevée, certains spécialistes verront la qualité de leur service diminué[31]. Certaines pratiques médicales en santé mentale sont qualifiées de "froides, expéditives et contraintes par le temps et l'espace"[31]. Les services ne sont pas basés sur l'accueil et la compréhension du patient, mais sur la rapidité de la rencontre afin de soigner le plus de patients possible en peu de temps[31]. Également, il existe un manque d'humanité de la part des spécialistes du Québec[29]. Ceux-ci apposent des diagnostics trop tôt sans même avoir fait un examen complet du patient[29]. Aussi, les patients se disent considérés comme des numéros et ont l'impression de déranger les spécialistes lors de consultations[31]. Le personnel du secteur public a tendance à prescrire de la médication de façon automatisé[31]. Certains patients disent ne pas avoir eu besoin de médicament afin de remédier à leur trouble de santé mentale malgré la prescription de médicaments de la part de leur psychiatre[31]. Plusieurs patients mentionnent avoir abandonné leur demande d'aide en raison de la longueur de l'attente auprès du service public, ainsi que l'approche utilisée par ces spécialistes[31].
Un rapport de 2016 sur la stigmatisation conclut qu'« il n'y a pas de pays, de société ou de culture où les personnes atteintes de maladie mentale ont la même valeur sociétale que les personnes non atteintesmaladie mentale[32] ». Il existe différents types de stigma : le plus couramment compris est la stigmatisation publique, qui implique les attitudes négatives ou discriminatoires que d’autres peuvent avoir à l’égard de la maladie mentale ; cela conduit souvent à une stigmatisation plus structurelle, qui implique des politiques d’organisation gouvernementale et privée qui limitent intentionnellement ou non les opportunités pour les personnes atteintes de maladie mentale (par exemple, des budgets plus faibles pour la recherche sur les maladies mentales ou moins de services de santé mentale par rapport à d’autres types de soins de santé). Enfin, il y a l’auto-stigmatisation, qui fait référence aux attitudes négatives, y compris la honte intériorisée, que les personnes atteintes de maladie mentale peuvent avoir à propos de leur propre condition[32].
La stigmatisation des maladies mentales semble être largement acceptée ; parmi les nombreuses idées fausses, on trouve couramment celle qui prétend que les personnes atteintes de maladie mentale sont des maniaques qui doivent être redoutés, ou encore qu'elles sont responsables de leur maladie car elles auraient un caractère faible.En effet, le public semble désapprouver les personnes ayant des handicaps psychiques de manière beaucoup plus importante que les personnes ayant des handicaps physiques. Dans l'imaginaire collectif, les maladies mentales graves sont associées à la toxicomanie, à la prostitution et à la criminalité.À la différence des handicaps physiques, les personnes atteintes de maladie mentale sont perçues par le public comme maîtrisant leurs handicaps et responsables de leur apparition, d'après une étude. De plus, les répondants à cette recherche sont moins susceptibles de plaindre les personnes atteintes de maladie mentale, réagissant plutôt aux troubles psychiatriques avec colère, et croyant que toute aide n’est pas méritée. L’impact comportemental (ou la discrimination) qui résulte de la stigmatisation publique peut prendre quatre formes : refus d’aide, évitement, traitement coercitif et institutionnalisation[33].
Représentation stigmatisante dans les films et séries
Lesfilms dépeignent souvent la maladie mentale à travers desstéréotypes exagérés ou négatifs, ce qui peut fausser la compréhension du public et renforcer la stigmatisation. Ces stéréotypes ont souvent été des représentations négatives, inexactes ou violentes, montrant des symptômes souvent déformés ou surreprésentés pour être plus sensationnel.
Un aspect de la présentation erronée des personnes atteintes de maladie mentale comme étant moins aptes à mener une vie saine et à gérer l'adversité est la surreprésentation de personnages comme étant erratiques, violents et dangereux ; lesfilms d'horreur sont particulièrement connus pour représenter grossièrement la maladie mentale comme monstrueuse. Il est évident que des représentations plus précises sont nécessaires, alors que celles-ci renforcent souvent l'auto-stigmatisation et font que les personnes atteintes de troubles mentaux ont l'impression qu'elles peuvent elles aussi devenir des tueurs horrifiques.
L'autre côté de la stigmatisation de la maladie mentale dans les films et séries est sa romantisation : dans l'effort pour élaborer un récit captivant, les cinéastes embellissent, simplifient ou décontextualisent souvent des conditions complexes de santé mentale, en recourant à des scénarios irréalistes où la « volonté » ou l'« amour » peuvent « vaincre » la maladie mentale[34],[35].
Une étude publiée par Scarf et al. en 2020 examine un exemple récent, le film populaireJoker, qui dépeint le personnage principal comme une personne atteinte de maladie mentale qui devient extrêmement violente. L'étude révèle que le visionnage du film« est associé à des niveaux plus élevés de préjugés envers les personnes atteintes de maladie mentale ». De plus, les auteurs suggèrent que« Joker peut exacerber l'auto-stigmatisation chez les personnes atteintes d'une maladie mentale, ce qui entraîne des retards dans la demande d'aide[36] ».
À l'opposé, certains films ou séries offrent une approche non stigmatisante : la sérieCrazy Ex-Girlfriend a été saluée pour sa représentation réaliste et compatissante de la maladie mentale, en particulier letrouble de la personnalité borderline (TPB). La série explore le parcours de santé mentale de la protagoniste, en soulignant l'importance de lathérapie et des systèmes de soutien[37],[38].
Bienfaits de l'exercice physique sur la santé mentale
L'exercice physique régulier est souvent associé à des bienfaits pour la santé physique, mais il peut également avoir un impact positif sur la santé mentale. Des études ont montré que l'activité physique contribue à réduire les symptômes de stress, d'anxiété et de dépression, tout en améliorant la qualité du sommeil et l'estime de soi[39].
L'exercice physique stimule la libération d'endorphines, des substances chimiques dans le cerveau qui agissent comme des analgésiques naturels et procurent une sensation de bien-être. De plus, l'activité physique régulière favorise la neurogénèse, c'est-à-dire la formation de nouveaux neurones, et améliore la circulation sanguine, ce qui contribue à l'optimisation du fonctionnement cérébral.
Pour bénéficier des bienfaits de l'exercice physique sur la santé mentale, il est recommandé de pratiquer une activité régulière, adaptée à ses capacités et préférences. Il peut s'agir de marche, de course, de vélo, de natation ou de toute autre activité qui stimule le corps et l'esprit. Il est également important de combiner l'exercice physique avec d'autres stratégies de gestion du stress, telles que la méditation ou la relaxation, pour obtenir des résultats optimaux.
En, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé[40] annonce un doublement des cas dedémence tous les20 ans pour les prochaines décennies. Des désordres neurologiques et leurs séquelles et conséquences affectent environ un milliard de personnes dans le monde, touchant tous les groupes d’âge et toutes les zones géographiques. Et pour l’OMS, ces problèmes iront en s’aggravant durant quelques décennies. En effet, l'allongement de la vie et une diminution du nombre d’enfants par femme ont amené une transitiondémographique passagère, mais importante. Durant quelques décennies, la proportion de personnes âgées et très âgées sera bien plus élevée qu’elle ne l’a jamais été dans l’Histoire de l’humanité. Les désordres neurologiques (dontAlzheimer et autres démences,maladie de Parkinson) seront plus nombreux.
Beaucoup de pays en sous-développement doivent en outre aussi faire face à un taux élevé ou en augmentation de maladies infectieuses dont certaines ont des conséquences neurologiques (dontVIH etpaludisme) et à une augmentation de maladies non contagieuses (obésité, infarctus, etc.) dont certaines séquelles peuvent affecter lesystème nerveux central. Même si statistiquement les pauvres, les enfants, les adolescents et les personnes âgées présentent un risque accru, aucun groupe social ou de population n'est immunisé contre lestroubles neurologiques. Lors de certaines maladies, la douleur physique ajoute ses effets à lasouffrance psychique des malades et de leur entourage. Ceci pèse sur les familles et l’entourage, et est mal mesuré, comme les impacts socio-économiques de ces maladies.
L’OCDE évalue le coût total des troubles mentaux à plus de600 milliards d’euros en Europe (4 % environ duPIB de l'UE), Mais l'investissement public pour la santé mentale varie grandement selon les pays et régions (en moyenne 5,5 % des dépenses de santé). Lapandémie de Covid-19 aexacerbé le phénomène sur la période2019-2021)[43].
L'organisation en place est la politique de secteurs géographiques depuis1960 avec un hôpital de référence et des structures alternatives. Un plan nationalPsychiatrie et santé mentale est en cours[44](2005-2008), basé sur la prévention, l'accueil et l'accompagnement, qui vise à renforcer le respect des malades et de leurs proches, et améliorer la pratique professionnelle de la santé mentale, tout en développant la recherche, le suivi et l'évaluation.
Un nouveau plan depsychiatrie et santé mentale (PPSM) a été présenté parla secrétaire chargée de la santé le, qui vise à mettre en exergue le rôle des ARS (Agences régionales de santé. Ce PPSM s'intitulerait le plan psychiatrie et santé mentale 2011-2015[45]. Le ministère de la santé signalait[46] en 2003, "Un net accroissement du recours aux soins concernant les troubles mentaux" depuis une dizaine d’années, mais rappelle que l'augmentation des consultations peut aussi être liée à des changements d'attitudes et de représentations vis-à-vis destroubles mentaux qui sont moins stigmatisés chez la population ayant bénéficié d'études supérieures. L'augmentation est néanmoins si brutale qu'elle pose question : les soins de ville (généralistes et spécialistes) pour troublesnévrotiques etpsychotiques,anxiété,dépression, troubles de l’enfance ettroubles du sommeil sont passés de près de 44 millions de recours (pour la période-) à 49 millions de recours (pour la période-). Les psychiatres de ville sont passés de 13,4 millions de consultations en1992 à près de 16 millions en 2001 (+ 19,4 %). Le suivi psychiatrique touche plus de monde : 1,1 million d'adultes vus en 1999 (soit +56 % en 10 ans, de 1989 à 1999). Lessoins ambulatoires sont de plus en plus nombreux et dominent dans ce pays (plus de 8 patients sur dix sont soignés via des consultations et/ou desateliers thérapeutiques…). Les dispositifs spécialisés de santé mentale (psychiatrie infanto-juvénile) voient arriver de plus en plus d'enfants et adolescents : presque deux fois plus ; 432 000 enfants suivis en 2000 contre 254 700 en 1991 alors que la natalité est restée à peu près stable.
LaHaute Autorité de santé a adopté leProgramme pluriannuel Psychiatrie et santé mentale 2018-2023 en[47]. Il comprend le thème des droits et de la sécurité en psychiatrie, celui des troubles mentaux sévères et persistants et handicap psychique, celui de la pédopsychiatrie.
Par décret du[48] il est institué, auprès dela ministre des solidarités et de la santé, un délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie. Nommé par décret, il " est chargé de mettre en œuvre la stratégie nationale en faveur de la santé mentale et de la psychiatrie, de s'assurer de son déploiement dans les territoires, de contribuer à accompagner les évolutions de la psychiatrie afin de développer des prises en charge de qualité, diversifiées, personnalisées et accessibles à l'ensemble de la population."
Chaque année, la France compte 6 000 décès en moyenne par suicide[49]. Cependant, certaines années enregistrent des hausses comme en 2021 avec 8951 décès par suicide comptabilisés par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès[50]. Les séniors sont particulièrement concernés. En effet, environ 3500 personnes âgées se suicident chaque année selon la Fédération SOS Suicide Phénix France[50].
Au-delà de l’effet de circonstance propre à la crise sanitaire, la santé mentale des Français a fait régulièrement l’objet d’alertes de la part des spécialistes qui soulignent l’insuffisante prise en charge des troubles psychiques des malades. Édités par La Documentation française,Les Cahiers français consacrent son numéro de mars 2022 à la Santé mentale[51].
En 2024, en France, 1 français sur 5 est touché chaque année par un trouble psychique, soit 13 millions de personnes[52]. Près de 30 % des Français déclarent avoir présenté un trouble psychique dans l'année[53].
Dans le cadre des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie des 27 et 28 septembre 2021, plusieurs mesures sont annoncées par le gouvernement[54]. Parmi elles, figurent le développement des premiers secours en santé mentale[54] et l’objectif de former 60 000 secouristes d'ici 2023[55]. Cet objectif est atteint dès le mois de juin 2023[56]. Des campagnes nationales de communication et de prévention sont aussi mises en place[57].
Au fil des années, Santé publique France[58], le ministère des Solidarités et de la Santé et les Agences régionales de santé soutiennent le déploiement des PSSM (Premiers Secours en Santé Mentale) en France[59],[60].
Une convention nationale d’expérimentation est menée avec la Caisse nationale de l’assurance maladie depuis 2021 qui expérimente une formation par région[61]. En 2022, elle l’étend à tous les départements avec le financement de 100 formations.
Une circulaire conjointe des Ministres de la Santé et de la Fonction publique en date du 23 février 2022 relative« aux actions de sensibilisation et de formation au secourisme en santé mentale dans la Fonction publique » publiée le 4 mars 2022 invite de son côté les employeurs de la fonction publique à généraliser la sensibilisation et la formation de secouriste en santé mentale[62],[63]. Elle invite tous les départements ministériels à mettre en œuvre cette formation dans la fonction publique d’Etat[62]. Elle précise les modalités de ce dispositif afin qu’il puisse être généralisé à l’initiative des employeurs publics, sur la base du volontariat des agents. Le texte signé par les ministresOlivier Véran etAmélie de Montchalin a pour but de tenter de remédier à la détresse psychologique de certains agents publics[62].
Sans attendre cette circulaire, au ministère de la Justice, la Direction de l’administration pénitentiaire et la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse organisent des formations de secouristes pour leur personnel. Certains services préfectoraux, des académies, des Agences régionales de santé organisent également des formations pour leurs fonctionnaires en 2022. Au dernier trimestre 2022, la Direction des ressources humaines et la Direction générale de la santé font également suivre les premières formations aux personnels du ministère de la Santé.
Santé Publique France attribue en octobre 2018 une subvention annuelle, puis en 2019 une subvention pluriannuelle jusqu’en 2024. En 2021, Santé Publique France finance l’élaboration d’un module spécifique à destination des adultes travaillant au contact d’adolescents[67]. Les formations au module Jeunes sont proposées dès le début de l’année 2022[67].
En effet, les troubles de santé mentales ne concernent pas que les adultes et jeunes adultes, mais aussi les enfants et lesadolescents. Selon Santé publique France, environ la moitié des troubles mentaux se manifeste avant l’âge de 14 ans[68]. Les tentatives de suicide concernent aussi des enfants âgées de 7 à 10 ans[69]. A ce titre,PSSM lance une formation Jeunes à partir de 18 ans, et prévoit de lancer un module dédié aux adolescents à partir de 2025[70].
En 2023,Benoit Mournet, député Renaissance desHautes-Pyrénées, appelle le gouvernement à faire de la santé mentale laGrande cause nationale 2025[71] dans une proposition de résolution déposée le 26 avril et présentée le 22 mai à l’Assemblée[72].
Pour lutter contre ladépression, Santé publique France préconise de déstigmatiser le fait de parler de sa santé mentale à son entourage ou à des professionnels de santé. Elle conseille également d’informer les personnes sur les pratiques des différents professionnels de santé mentale et favoriser l’accès à ces professionnels[73]. La sensibilisation aux activités et comportements bénéfiques pour la santé mentale est également encouragée[73].
Formations en Premiers secours en santé mentale (PSSM)
En France, l’associationPSSM France, acronyme pour Premiers secours en santé mentale, met en place des formations de Premiers secours en santé mentale à partir de septembre 2019[74]. Elles sont adaptées du programme australien Mental Health First Aid[74],[75]. Ce programme international, issu de l’association Mental Health First Aid International, est conçu par Betty Kitchener[76] et Tony Jorm afin de lutter contre la stigmatisation et la méconnaissance du public en matière de santé mentale[75],[77], et d’orienter les personnes en détresse[78]. Ce sont les premières formations de secouristes en santé mentale mises en place dans l’Hexagone.
La formation PSSM se déroule pendant deux jours, soit 14 heures, et est ouverte à tous les citoyens majeurs[79]. Le but est de permettre aux personnes formées de venir en aide à une personne en souffrance, la conseiller, l’informer sur les ressources disponibles, lui parler des soins existants, l’orienter et faciliter sa prise en charge par un professionnel de santé (association, structure de soin, ligne d’écoute)[80]. Les participants apprennent aussi à faire face aux comportements agressifs et agir, si besoin[81]. Les formations ont également pour objectif de lutter contre la stigmatisation des maladies psychiques[82] qui constitue un frein à l’accès aux soins au rétablissement ainsi qu’à l’inclusion sociale et professionnelle[83].
La formation ne permet pas de devenir soignant ou thérapeute[76],[84], ni d’établir desdiagnostics[85] mais d’identifier les premiers signes d’un problème psychique et savoir comment réagir en cas de crise[86]. Cette formation s’inscrit avant tout dans une démarche citoyenne du secourisme non professionnel[87]. La formation de secouristes est dispensée par des formateurs indépendants, eux-mêmes formés et accrédités par PSSM Formation[88].
Depuis leCovid, les pensées suicidaires et tentatives de suicide des jeunes adultes sont en nette augmentation[89]. Les problèmes liés à leur environnement et laprécarité sont principalement en cause[90]. Selon une étude réalisée entre 2022 et 2023, 41 % des étudiants souffrent de symptômes dépressifs[91]. Selon une autre enquête, en 2023, 3,6 % des étudiants déclarent avoir fait une tentative de suicide et 25 % disent avoir eu des pensées suicidaires[92].
Afin d’aider les étudiants, le programme PSSM est lancé dans quatre universités en 2020[93] puis étendu à d’autres établissements[94]. Les formations dispensées au sein des universités françaises sont gratuites pour les étudiants et financées par les pouvoirs publics[95]. Certaines universités mettent aussi en place des « étudiants-relais » pour aider les autres étudiants[96]. Il leur est souvent demandé de suivre une formation en Premiers secours en santé mentale[96]. Certaines universités vont plus loin, doublant les effectifs de psychologues, proposant des séances desophrologie[97], mettant en place des plans d’action[98], etc.
Les collectivités proposent également à leurs agents de suivre la formation[99]. Au sein de la fonction publique territoriale, la formation figure au catalogue duCNFPT depuis 2020.
Les hôpitaux et associations proposent ensuite à leur tour la formation PSSM[100]. En 2021, à la suite des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, les Agences régionales de santé sont chargées de déployer le dispositif[101].
Depuis la crise du Covid, certaines entreprises proposent la formation de secouriste à leurs salariés[102] et forment notammentCodir et managers[103]. De plus en plus de professionnels du travail (médecin ou infirmier du travail, psychologue, responsable des ressources humaines, représentant du personnel, référent QVCT, RSE ou SST) se forment aux premiers secours en santé mentale[104]. Leburn-out, le stress et les risques psycho-sociaux touchent en effet beaucoup de salariés en entreprise[105].
Au 1er décembre 2024, la France compte plus de 165 000 secouristes formés aux premiers secours en santé mentale et 1752 formateurs accrédités[106]. L’objectif est de former 750 000 secouristes en France d’ici 2030[65].
En 2024, la première journée de la Santé mentale positive est organisée àLa Réunion, abordant les sujets comme le burn-out, le stress et la dépression[107].
Approche en santé mentale fondée sur les droits de l'homme
L'incidence desviolations des droits Humains dans les services de santé mentale a été décrite comme une urgence mondiale, et considérés comme pouvant avoir un impact négatif sur la santé mentale. Inversement, uneapproche en santé mentale fondée sur les droits de l'homme peut améliorer la santé mentale. Les cas où une approche explicitement fondée sur les droits de l'homme a été utilisée dans les établissements de soins de santé mentale ont été passés en revue[108], et montrent que les approches fondées sur les droits de l'homme peuvent conduire à des améliorations cliniques à des coûts relativement faibles. Les approches fondées sur les droits de l'homme sont considérées fondamentales pour des raisons de progrès moral et social, et le fait que de telles approches puissent contribuer à des résultats thérapeutiques positifs et, éventuellement, à des économies de coûts, est une raison supplémentaire pour leur mise en œuvre.
↑William Sweetser, 1797-1875, USA, Prof. de médecine à l'Université de Vermont (1825-32), Bowdoin College (1845-61). Biographie : (en) John R. Shook,Dictionary of Early American Philosophers, Bloomsbury, 2012. (en)Ouvrages de William Sweetser en ligne.
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