30West Arte France Cinéma BBC Films Bord Cadre Films Coproduction Office Film i Väst Heretic Imperative Entertainment Piano Films Plattform Produktion Sovereign Films Sveriges Television Swedish Film Institute
Un couple demannequins etinfluenceurs, Carl et Yaya, dîne au restaurant. Carl fait remarquer à Yaya qu'elle était censée payer la note. Yaya n'y attache aucune importance. Le ton monte, et Carl s'énerve en remarquant que dans un des seulsmilieux sociaux où les femmes gagnent plus que les hommes, elle reproduit lesstéréotypes de genre en trouvant normal qu'un homme paye le restaurant à une femme.
Le couple se retrouve embarqué sur unnavire de croisière de luxe, et découvre un monde de parvenus enrichis par la vente d'armes ou d'engrais, et où les femmes entretenues par les milliardaires tiennent un rôle décoratif. Le repas du capitaine, au milieu d'une tempête, tourne au happening : les uns après les autres, les croisiéristes vomissent le caviar et les poulpes caramélisés. Thomas, le capitaine, américain, marxiste et ivre, se lance dans une joute de blagues politiques avec Dimitry, le fabricant d'engrais, russe, capitaliste et ivre. Un assaut par despirates fait sombrer le yacht.
Une petite dizaine de rescapés se retrouvent sur une île semblant déserte. Milliardaires et mannequins ne sachant rien faire de leurs dix doigts, Abigail, la préposée aux WC du yacht s'autoproclame capitaine, puisque tous les autres dépendent d'elle pour trouver de la nourriture, faire du feu et cuisiner. Dimitry tente bien une conversion opportune au marxisme (« De chacun selon ses mérites à chacun selon ses besoins »), mais celle-ci laisse Abigail de marbre. Elle sanctionne Carl pour un manquement à la solidarité, mais use ensuite de son pouvoir pour en faire son larbin sexuel à l'intérieur du bateau de sauvetage. Alors qu'elle explore l'île avec Yaya en quête de nourriture, mais aussi pour la gagner, les deux femmes découvrent que l'île héberge unresort de luxe. Le retour à la civilisation signifierait pour Abigail la fin de l'inversion des statuts sociaux et à un retour à la situation précédente. Pour empêcher un tel dénouement, elle décide d'éliminer Yaya. Elle prétexte qu'elle a besoin d'uriner pour s'éclipser, se saisit d'une lourde pierre puis se rapproche doucement dans le dos de Yaya, qui est assise sur la plage en train de regarder la mer. Lorsqu'elle est sur le point de frapper Yaya, Abigail se met soudainement à sangloter. Alors qu'elle est en plein doute sur ses intentions, Carl accourt à toute vitesse dans la jungle, espérant éviter une tragédie.
Sauf indication contraire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données cinématographiquesIMDb, présente dans la section« Liens externes ».
Production déléguée : Brina Elizabeta Blaz, Alessandro Del Vigna, Dan Friedkin, Ryan Friedkin, Rose Garnett, Mike Goodridge, Micah Green, Andreas Roald, Jim Stark, Daniel Steinman, Bradley Thomas, Dan Wechsler et Jamal Zeinal Zade
Coproduction : Julio Chavezmontes, Per Damgaard Hansen, Giorgos Karnavas, Konstantinos Kontovrakis, Clemens Köstlin et Marina Perales Marhuenda
Version française réalisée chez Deluxe. Directeur artistique :Hervé Icovic, assistée de Ouahiba Djema. Adaptation : Pascal Strippoli et Nelson Calderón
Le projet est annoncé dès. Östlund s'inspire des discussions avec sa compagne, qui estphotographe de mode. Le titre original,Triangle of Sadness, vient d'un terme utilisé enchirurgie esthétique pour désigner uneride entre les yeux[4]. Une réplique y fait référence dans une séquence de casting au début du film.
La trame de fond deTriangle of Sadness est très similaire à celle du film deLina WertmüllerVers un destin insolite sur les flots bleus de l'été. Cependant avec plus de personnages, une inversion des rôles homme/femme à laOverboard (2018) et une mise à jour des profils des protagonistes plus conformes à la« civilisation » de l'Internet. Du reste, Ruben Östlund a eu l'occasion d'affirmer s'être« […] inspiré deLuis Buñuel et de Lina Wertmüller[7] ».
En France, le siteAllociné donne une moyenne de3,2⁄5, à partir de l'interprétation de 40 critiques de presse[8]. Le siteRotten Tomatoes donne une note de 74 % pour 122 critiques[9]. Le siteMetacritic donne une note de62⁄100 pour 39 critiques[10].
Les critiques tendent plutôt à être favorables pour cette comédie satirique. PourLe Parisien,« Palme d’or à Cannes, le film de Ruben Östlund rentre dans le lard du politiquement correct à l’aide de dialogues et situations féroces. Et ce tout en soignant la mise en scène : avec Östlund, on a toujours droit à du grand cinéma »[11]. Son supplémentLe Parisien Week-end apporte une autre critique et parle d'une« comédie délirante […] une fable déconcertante […] un film inclassable […] vivement recommandé »[12].
Pour Christophe Caron dansLa Voix du Nord, le cinéaste« conçoit une charge ultra-virulente contre les riches. Facile mais efficace ». La critique estime que le« tout est exagérément étiré (deux heures trente !), sans doute facilement cathartique, mais le jeu de massacre est suffisamment radical et décapant pour qu’on monte à bord. »[13].
DansLe Figaro,Éric Neuhoff estime que le film est tout simplement« savoureux » :« Feu sur le politiquement correct. Haro sur le fric roi. Assez de la tyrannie des apparences. Sa caméra est un lance-flammes. Cette bataille navale réjouit, décoiffe. Le malaise s’installe. »[14].
Gérard Crespo, pour le site avoir-alire.com, écrit :« Aussi puissant queThe Square (précédente réalisation du cinéaste), et encore plus corrosif,Sans filtre est un récit étrange et jubilatoire, grand moment de cinéma et d’humour féroce. »[15].
Dans leJDD, le film a droit à deux avis divergents. La critique positive salue la« transgression en toute impunité [qui] engendre des rires cathartiques par son humour à multiples facettes », bien qu'il reconnaisse« quelques longueurs », ce sur quoi la critique négative le rejoint. Pour cette dernière, le film est« prévisible »,« indigeste »,« le palmé suédois se complaît dans une caricature satisfaite de notre époque bouffée par les apparences, la veulerie et les inégalités, engrais mortifères du capitalisme »[16].
Sur le siteÉcran Large, Alexandre Janowiak s'est laissé convaincre par la Palme d'or et« la foire au n'importe quoi ». La plus grande force du réalisateur est alors d'avoir la« capacité à mener son récit n'importe où, n'importe quand, n'importe comment, surprenant en permanence les spectateurs ». Le site termine sa critique ainsi :« Sans filtre est un éloge du chaos. Un délire grossier et impertinent démantelant la société, explosant les hiérarchies et détruisant tout le monde dans une folie jubilatoire totalement anarchique. »[17].
Pour le site Critikat, Corentin Lê est favorable au résultat du film et considère que si le cinéaste« confirme de film en film un véritable savoir-faire comique, Östlund est surtout en train de passer maître dans l’art de nager dans la fange » (en référence à la très grande présence d'allégorie des matières fécales et du vomi)[18].
Pour Gael Golhen dansPremière, la séance dans les salles obscures donne un rendu plus négatif :« Sans idéal de recours,Sans filtre finit par ronronner de son propre rictus et ses charges explosives s’étoufferaient presque dans leur propres inanités (la fin du film est d’ailleurs la partie la plus faible). »[19]. Du côté desInrockuptibles,Murielle Joudet écrit :« le cinéaste suédois dégaine une redoutable machine à flatter son public, travestie en fable faussement subversive »[20].L'Obs apporte une double critique : la première deFrançois Forestier, avec trois étoiles sur quatre, décrit le film comme« déconcertant et poilant ». La seconde de Nicolas Schaller ne donne aucune étoile, acte expliqué par le scénario« pénible » pour un« film peu comique, formellement aussi creux et lisse que ses personnages »[21].
Pour son premier jour d'exploitation en France,Sans filtre réalise 36 565 entrées, dont 16 425 en avant-première pour 341 copies. Ce chiffre permet à la comédie satirique de figurer en seconde place du classement des nouveautés du jour, derrière la comédie françaiseJumeaux mais pas trop (46 253) et devant le thriller d'épouvante-horreurSmile (32 859)[22]. Après une première semaine d'exploitation en France, le long-métrage réalise 179 786 entrées cumulées, pour une quatrième place au box-office, derrièreJumeaux mais pas trop (210 444) et devantUne belle course (117 217)[23].
Au bout de sa seconde semaine d'exploitation,Sans filtre perd deux places avec 105 276 entrées supplémentaires, derrièreJumeaux mais pas trop (112 870) et devantThe Woman King (81 836)[24]. En troisième semaine, le film fait 87 139 entrées supplémentaires, passant de la sixième à la neuvième place[25].