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Sanctuaire grec

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Pour un article plus général, voirReligion grecque antique.

Unsanctuaire grec est un espace sacré (hieron) de laGrèce antique. Il est considéré comme la propriété des divinités, un espace inviolable, strictement délimité, sur lequel on ne peut pénétrer qu'en étant en état de pureté. Les sanctuaires grecs se situent de manière privilégiée sur des lieux remarquables (une acropole, le sommet d'une montagne, une falaise, un bosquet, une source, etc.) indiquant qu'une force surnaturelle réside en ces lieux.

Un sanctuaire fonctionne avant tout comme un lieu de culte où l'on vient honorer une divinité afin d'obtenir ses faveurs. L'élément essentiel du culte est l'autel où se pratique le rite principal du culte, le sacrifice, à l'air libre. Le temple, quand il y en a, est, le plus souvent, l'offrande d'une cité à la divinité du lieu, afin qu'elle l'habite en permanence. Et la statue de culte, une autre offrande qui est faite pour lui plaire. Les sanctuaires les plus importants font l'objet de nombreux aménagements, qui ont souvent un caractère monumental, et reçoivent une grande quantité d'offrandes.

Le site archéologique d'Olympie, un des principaux sanctuaires du monde grec antique, célèbre pour sesconcours athlétiques.

Définition

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Un sanctuaire est désigné par le termehieron, qui désigne un espace consacré à une divinité. Il est donc considéré comme une propriété divine, et ne peut être restitué aux humains et au domaine profane. Il est en principe impossible de le déplacer, même si cela peut se produire exceptionnellement. Le caractère sacré du lieu doit donc être respecté strictement, ce qui implique un ensemble de règles de pureté imposées à ceux qui y pénètrent (les « lois sacrées »), ainsi qu'un principe d'inviolabilité qui fait que toute atteinte à la propriété divine est un sacrilège qui peut entraîner un châtiment divin[1]. Matériellement, le sanctuaire est un espace délimité, une portion de terre « découpée » (téménos) au milieu de l'espace profane, et des bornes ou des enclos peuvent marquer ses limites[2].

Fonctions

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Les sanctuaires sont avant tout les lieux où les Grecs se rendent pour accomplir des offrandes et faire des prières à une divinité. Cela inclut plus largement tout un ensemble de cérémonies religieuses visant à honorer les dieux afin de recevoir leurs bienfaits, dont des fêtes périodiques[3],[4]. Les lieux deculte des héros et des héroïnes (hérôon) peuvent être indépendants, mais ils sont souvent situés dans des sanctuaires divins. Dans la plupart des cas ils sont de dimensions plus modestes que les lieux de culte divins[5]. Aux époques hellénistique et romaine s'y ajoutent les cultes aux monarques, rois et empereurs, qui sont en général intégrés à des lieux de culte divins déjà existants[6].

Certains sanctuaires ont des fonctions plus spécifiques, surtout ceux consacrés aux divinités liées à la guérison, commeAsclépios, qui servent de lieux de cure, et les grands sanctuaires oraculaires commeDelphes etDodone où on se rend pour obtenir des messages divins[7].

Mais les sanctuaires sont bien plus que des lieux de culte, car ils remplissent un ensemble de fonctions sociales, politiques et économiques. Ce sont des lieux de réunion pour les communautés, notamment à l'échelle de la cité, en particulier lors des grandes fêtes religieuses. Leur importance pour la vie politique va au-delà de ces cérémonies religieuses, puisqu'ils servent par exemple de lieux d'inscription ou de dépôts des lois, comme àGortyne, manière de leur conférer une sanction divine. Ce sont aussi des lieux de refuge en raison de leur aspect sacré qui les rend en principe inviolables. Les grands sanctuaires (et donc les divinités) disposent de richesses importantes, dont des domaines fonciers qu'ils peuvent exploiter ou mettre en location, et des richesses financières à partir desquelles ils peuvent développer une activité bancaire, ou bien servir de réserve pour leur cité en cas de difficulté[8].

Origines et historique

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Âge du bronze

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En l'état actuel des connaissances, il n'y a pas d'indication assurée que lesMinoens et lesMycéniens de l'âge du bronze moyen et récent (v. 2000-1200 av. J.-C.) aient eu des temples, entendus comme des constructions spécifiques destinées à la vénération des dieux[9].

On trouve dans les textes enlinéaire B la mention de lieux de culte (i-je-ro,hieron) où se déroulent des sacrifices, mais dont on ne peut pas déterminer la nature exacte. Certains sont dédiés à des divinités précises, comme lePosidahion dePoséidon à Pylos, et des divinités associées à leur lieu de culte par uneépithète (épiclèse), comme leZeus dumont Dicté (Diktajoi Diwei) enCrète, également attesté à l'époque classique. Les palais royaux servent probablement de lieux de culte, si ce n'est de principaux lieux du culte officiel. Les rites seraient alors accomplis dans des sortes de chapelles palatiales. D'autres lieux de culte sont situés en dehors des palais, peut-être dans des bâtiments spécifiques, mais les textes ne sont pas explicites sur ce point. À Pylos existe un grand sanctuaire voire une sorte de district sacré appelépa-ki-na-je, situé près du palais. À Cnossos un lieu de culte important est appeléDiadalejon, terme renvoyant au mythe du Labyrinthe. Des probables lieux de culte en plein air apparaissent également dans certains textes[10].

La question de la continuité des lieux de culte entre l'âge du bronze et l'âge du fer, qui débute vers 1200 av. J.-C., n'est pas évidente à résoudre : il y a certes des traces d'occupation mycénienne sur certains sanctuaires majeurs de l'Antiquité classique (Delphes,Délos), mais rien n'indique avec assurance qu'il s'agisse déjà d'un sanctuaire. En fait bien souvent quand il y a continuité d'occupation, un sanctuaire émerge durant les âges obscurs à partir d'un site mycénien qui n'a pas de rôle religieux évident, à quelques exceptions près (àÉpidaure, à Aghia Irini surKéos). Cela implique au minimum la préservation d'une mémoire de l'époque mycénienne, quand bien même elle soit floue, qui assure la continuité de l'occupation voire l'attribution d'un aspect sacré à un site. Mais les sanctuaires duIer millénaire av. J.-C., avec leurs téménos et leurs temples, ne ressemblent en rien à ceux identifiés pour l'époque mycénienne, ce qui semble indiquer une rupture profonde dans les croyances et pratiques religieuses[11].

Siècles obscurs

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Durant l'époque « post-palatiale » (v. 1180-1070 av. J.-C.) venant après l'effondrement de la civilisation mycénienne, les continuités dans les lieux de culte sont surtout visibles en Crète, sur des sites de plein air (Mont Juktas, Kato Symi), des grottes (Patsos), des sites minoens où des structures cultuelles anciennes sont encore en usage (Aghia Irini) et des pièces de résidences de certains sites, notamment celles disposant de banquettes (Halameslos, Kavousi Vronda). Sur le continent les éléments de continuité sont moins visibles, par exemple des sortes de chapelles à Tyrinthe, les cultes devant surtout se dérouler sur des sites de plein air disposant d'aménagements limités. Les figurines constituent encore la principale documentation sur les offrandes, et les continuités avec l'âge du Bronze sont évidentes sur ce point[12].

Les ruptures se font plus évidentes au début de l'âge du Fer. La période « sub-mycénienne » (v. 1070-1020 av. J.-C.) voit la quasi-disparition des figurines votives dans le monde égéen, à l'exception de laCrète, tandis les sites rituels post-mycéniens du continent disparaissent, de même qu'un certain nombre de ceux de Crète, d'autres subsistant mais avec une activité rituelle apparemment très limitée[13]. La plupart des lieux de culte sont alors à ciel ouvert, et font au mieux l'objet d'aménagements paysagers, comme à Kalopodi (Locride) où une terrasse est aménagée vers le milieu duXe siècle av. J.-C., pour accueillir l'assemblée participant aux rituels collectifs les plus importants[14]. Il est également généralement admis que les « maisons de chefs » telles que celles deNichoria servent aussi de lieux de rituels, les chefs accomplissant probablement les rituels majeurs[15],[16],[17].

Époque archaïque

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Le site de l'Héraion de Pérachora.

Dans leur configuration « classique », les sanctuaires de la Grèce antique sont organisés autour d'un autel, d'untéménos délimitant l'espace sacré, disposent de dépôts d'offrandes, et les principaux ont un temple, édifice qui abrite une statue divine[18]. Cela semble s'établir progressivement auxIXe – VIIIe siècles, durant la transition entre lessiècles obscurs et l'époque archaïque. C'est alors qu'apparaissent les premiers autels. Si on en juge par les descriptions d'Homère, il semble qu'avant cela l'exécution des rites ne doive pas forcément se dérouler dans des lieux précis. Les dépôts votifs sont le principal moyen d'identifier un lieu de culte, et ils se développent progressivement, en particulier auVIIIe siècle, en particulierOlympie, aussiDelphes, sanctuaires dont la stature panhellénique semble alors se constituer, mais cela est visible ailleurs (àPhères enThessalie, ausanctuaire d'Artémis Orthia àSparte, àPérachora près deCorinthe, etc.). Les éventuels temples sont impossibles à distinguer des grandes maisons car ils n'ont pas encore de caractéristiques architecturales précises avant le début de l'époque archaïque, quand apparaissent les premières formes spécifiques d'architecture sacrée (àThermos,Érétrie,Samos)[19],[20].

Le développement des sanctuaires a souvent été lié à celui de la cité-État (polis). Cela renvoie à l'existence de rites communautaires, et à un investissement matériel, qui sont les indices de la consolidation de ces communautés[21]. La constitution d'un lieu de culte et son appropriation par une communauté est moyen pour elle de marquer son territoire en affirmant son autorité cet espace sacré ; cela vaudrait notamment pour les sanctuaires situés aux confins des espaces civiques, près des territoires occupés par des voisins, à moins qu'il ne faille y voir des lieux de compétition entre les différents chefs des communautés situées à leur voisinage[22],[23].

Tout ne s'explique pas par le cadre de lapolis, puisqu'il y a un certain nombre de contre-exemples, et non des moindres, de sanctuaires dont le rôle transcende l'horizon civique et qui se trouvent à l'intersection de plusieurs communautés, à diverses échelles : plusieurs sanctuaires jouent un rôle au niveau de groupes territorialement plus étendus, lesethnè ou d'autres entités et groupes sociaux plus ou moins structurés qui y trouvent un point de ralliement, par exempleDodone enÉpire,Thermos enÉtolie, Ptoion enBéotie,Délos pour lesIoniens, aussiDelphes etOlympe dans leur environnement régional, qui ont donc un rôle à plusieurs niveaux[24] ; ces deux derniers exemples sont en effet des sanctuaires « panhelléniques », qui à l'époque archaïque sont des lieux prisés par les élites aristocratiques, les tyrans et les cités de tout le monde grec, qui briguent la victoire lors de leurs concours et les couvrent d'offrandes somptueuses pour renforcer leur prestige ; l'oracle de Delphes a en plus le rôle de sanction divine pour des sujets sensibles politiquement[25]. L'aspect communautaire n'est pas nécessairement en jeu partout, et peut-être faut-il aussi relier la constitution de certains lieux de culte à la volonté d'individus puissants plutôt que d'une communauté. Les tyrannies s'accompagnent ainsi à plusieurs reprises de la construction de temples monumentaux[26].

Quoi qu'il en soit,« les sanctuaires sont certainement parmi les lieux où l'extraordinaire vitalité et l'inventivité de la Grèce archaïque sont les plus visibles » (F. de Polignac), aussi bien par les rituels qui s'y déroulent, les réalisations artistiques qui y sont exposées, que les édifices qui y sont érigés[27].

Les dépôts d'offrandes sont d'une grande importance pour suivre le développement des lieux de culte du premier âge du fer et de l'époque archaïque. Durant la période géométrique cela est attesté par la trouvaille de nombreuses figurines en fer et bronze, humaines et animales (notamment des chevaux), ainsi que des tripodes en bronze. AuVIIe siècle en la figure humaine prend le dessus, marquant le premier stade de développement de la sculpture grecque, notamment la statuaire[28]. Les offrandes votives venant garnir les sanctuaires sont d'une nature potentiellement très variée. Ce sont des lieux d'ostentation pour les élites et les communautés politiques, ce qui se traduit par l'apparition d'offrandes de plus en plus somptueuses, et des « trésors » érigés par une cité dans un grand sanctuaire (Delphes,Olympie,Délos) pour réunir les offrandes qu'elle a faites[29],[30].

Bien que leur importance rituelle soit secondaire, la construction des temples fait l'objet de grandes attentions, et ils en viennent à devenir un marqueur de l'affirmation des principaux sanctuaires, et des cités et autres groupes politiques et sociaux à travers eux, étant des points marquants des paysages des cités. Durant le premier âge du fer les bâtiments servant de lieux de culte sont difficiles à identifier, sans doute parce qu'ils ne sont pas bien différenciés des résidences des élites. Une architecture spécifique se met en place à partir duVIIIe siècle, aboutissant dans le courant des deux siècles suivants à la mise en place des éléments caractéristiques du temple grec. Si la technique de la construction en pierre semble reposer sur des connaissances venues d’Égypte, le plan et le décor du temple grec sont spécifiques à cette civilisation. Dans sa forme aboutie, c'est un édifice entouré de colonnes, organisé autour de la pièce de résidence (naos) de la statue divine, avec une décoration architecturale suivant les caractéristiques des « ordres »,dorique etionique. LeVIe siècle voit la construction de grands temples dans tout le monde grec[31],[32],[33],[34].

Époque classique

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À la fin de l'époque archaïque et au commencement des l'époque classique (v. 510/480-323 av. J.-C.), les principaux sanctuaires de Grèce sont solidement établis et peu de nouvelles créations majeures interviennent par la suite. Elles concernent surtout l'introduction de nouvelles divinités dans les cités, notamment le développement du culte du dieu guérisseurAsclépios à partir duVe siècle av. J.-C. et surtout auIVe siècle av. J.-C., qui voit le développement de son important sanctuaire d'Épidaure. La fin du même siècle voit aussi le développement du sanctuaire des Grands dieux de Samothrace[35]. L'implantation de nouveaux cultes dans les cités se fait alors souvent d'abord à partir d'initiatives privées, mais leur consolidation intervient quand les institutions civiques (en particulier l'assemblée) les reconnaissent et leur donnent une place en incluant leur culte dans le calendrier officiel[36].

L'époque classique est aussi un temps de développement monumental des sanctuaires[37]. A. Spawforth a ainsi recensé 46 temples grecs à colonnes datés duVe siècle av. J.-C. et 25 datés duIVe siècle av. J.-C., sur un total de 196 érigés duVIIe siècle av. J.-C. auIIe siècle ap. J.-C.[38] Les destructions des Guerres médiques entraînent un besoin de reconstructions au début de la période, qui est en particulier visible sur l'Acropole d'Athènes, qui devient plus largement une célébration de la cité athénienne triomphante, à travers sa déesse, et sert de référence aux autres complexes sacrés[39]. Le développement d'Athènes et de l'Attique à cette période s'accompagne aussi de l'apparition de sanctuaires ruraux sur tout leur territoire. Ils disparaissent aux périodes suivantes, quand la cité décline. Cela reflète le fait que l'essor et le déclin des sanctuaires sont liés aux conditions politiques et économiques[40]. Après sa défaite face aux Macédoniens à Chéronée, la cité athénienne entreprend d'ailleurs un programme de restauration de ses principaux sanctuaires sous la direction de Lycurgue, dans le but de retrouver son lustre et ses valeurs passés[41].

Époque hellénistique

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L'époque hellénistique est également une période durant laquelle des sanctuaires voient un développement architectural marqué, comme l'Asclépion de Cos, ou encore les sanctuaires à oracle d'Apollon de Didymes et de Claros qui deviennent très populaires. Les vieux sanctuaires d'Olympie, de Delphes et de Délos voient aussi la construction de nouveaux monuments[42]. Du point de vue architectural, cette période voit aussi bien un retour à des temples de dimensions considérables qu'à une réduction à de simples chapelles, certes incorporées dans des ensembles monumentaux (notamment à Pergame). Les autels prennent également des proportions monumentales (Pergame, Cos, Priène, Magnésie du Méandre, etc.)[43].

L'apparition de nouveaux lieux de culte accompagne les évolutions du paysage divin de la période : la vénération des souverains, qui se repère notamment en Égypte lagide mais aussi en Grèce même (Philippéion àOlympie), qui se traduit aussi par l'introduction des cultes royaux aux côtés de ceux de divinités dans leurs temples[44],[45] ; l'introduction de divinités d'origine non-grecque comme les Égyptiens Isis et Sérapis, pour lesquels des lieux de culte sont par exemple érigés dans l'île-sanctuaire de Délos[46],[47]. Avec la création de monarchies et de cités grecques en Asie et en Égypte, des sanctuaires pour des divinités, héros et souverains grecs sont créés hors de Grèce, même s'il intègrent souvent des éléments indigènes qui leur confère un aspect « mixte »[48].

Époque romaine

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L'époque des conquêtes romains, puis des guerres civiles duIer siècle av. J.-C. s'accompagne de nombreuses destructions et de pillages, qui emportent en Italie des objets d'art voués aux divinités grecques. Mais les généraux puis les empereurs grecs qui leur succèdent ont aussi entrepris d'importants travaux de restauration et de nouvelles constructions. Ils laissent les cités et ligues grecques gérer les cultes, même s'ils peuvent intervenir dans leur déroulement[49].

Les grands sanctuaires ont connu des destins contrastés :Délos ne s'est pas relevé de ses saccages de 88 et 69 av. J.-C.,Olympie etDelphes conservent leur prestige malgré le déclin apparent des oracles à l'époque romaine,Corinthe redevient un sanctuaire majeur avec la refondation de la cité, àAthènes le sanctuaire d’Éleusis et ses mystères attirent jusqu'aux empereurs qui sont plusieurs à s'y faire initier, et les mystères du sanctuaire deSamothrace sont également importants, mais dans une moindre mesure[50]. Le culte impérial connaît un développement important dans les cités grecques et entraîne la construction d'un très grand nombre de nouveaux lieux de culte, où les empereurs sont vénérés auprès d'une des grandes divinités grecques (notamment Zeus et Apollon)[51].

La période voit aussi le développement d'une forme de tourisme religieux, qui attire par exemple des visiteurs romains dans les sites oraculaires et de les temples du dieu-guérisseurAsclépios d'Asie mineure (Cos,Pergame)[52]. L'écrivain-voyageurPausanias (v. 115-180) a donné dans saPériégèse une description d'un grand nombre de lieux de culte de la Grèce d'époque romaine, en s'intéressant surtout à leur passé, qui est une des principales sources de connaissance sur sanctuaires et les cultes grecs antiques[53].

Localisations

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LeCap Sounion (Attique), au sommet duquel se trouve un sanctuaire consacré au dieuPoséidon, maître des mers, sanctuaire extra-urbain situé aux marges du territoire athénien et surplombant d'importantes routes maritimes, les plaçant sous la protection du dieu[54].

Les Grecs de l'Antiquité considèrent que certains lieux naturels sont investis de sacralité à la suite d'une décision divine, et dont certains aspects signalent ce caractère. Ce sont par exemple les grottes et sources vouées auxnymphes et àPan, les sommets consacrés àZeus et à d'autres divinités célestes, les espaces sauvages, marécages et sources où on rend un culte àArtémis[55], les bois sacrés qui sont depuis des temps immémoriaux des lieux où sont accomplis des rituels[56]. La présence d'un lieu sacré peut également être indiquée par des signes divins, par exemple en étant frappés par la foudre, ou par un oracle[57]. L'exécution de rites dans ces lieux leur confère ensuite leur caractère de lieu de culte[58]. Ces sanctuaires dans la nature peuvent conserver leur aspect primitif, mais d'autres sont dotés de constructions et évoluent parfois en un complexe monumental[59].

Des facteurs religieux président aussi à la localisation des sanctuaires urbains. Ainsi le dieu des artisansHéphaïstos a un lieu de culte dans le quartier des forgerons d'Athènes, tandis que la protectrice de la ville,Athéna, a son principal lieu de culte sur l'Acropole, une citadelle fortifiée[60]. Les considérations proprement religieuses présidant au choix de localiser un sanctuaire en ville ou à la campagne restent souvent mal comprises. Les sanctuaires dePoséidon,Héra,Dionysos et Artémis ont tendance à se trouver en dehors des espaces urbains, ce qui s'explique aisément pour la dernière parce qu'elle est liée au monde sauvage[61].

Un aspect essentiel de ces localisations est leur permanence : un sanctuaire occupe un lieu de façon traditionnelle, il est très difficile de le déplacer et il est en principe entretenu et reconstruit à un emplacement identique, y compris après des catastrophes[62]. Ce sens aigu de la localité explique aussi pourquoi chaque lieu de culte a sa propre divinité, ou du moins sa propre version de celle-ci (identifiée par sonépiclèse topique :Apollon deDelphes ou deDélos, Héra d'Argos ou deSamos, etc.), ses propres règles rituelles avec son propre prêtre pour les faire respecter[63].

Restitution de l'acropole deLindos (Rhodes), dominée par un sanctuaire d'Athéna.

Le poids de la cité dans la religion grecque implique aussi que les sanctuaires soient souvent localisés en fonction des intérêts de la communauté, en plus des considérations liées à la nature de la divinité vénérée. Ils sont disséminés dans ses différentes composantes (chef-lieu, villages, campagne, confins). Les sanctuaires les plus importants d'une communauté ne se trouvent pas forcément dans son chef-lieu. Les lieux de culte urbains comprennent de grands sanctuaires qui fonctionnent comme un pôle de la vie de la communauté. Au seuil de l'espace urbain, proche des murailles, se trouvent des sanctuaires à fonction protectrice et marquant la séparation entre ville et campagne. Plus loin se trouvent des sanctuaires dans un espace accessible aisément à pied[64]. On trouve donc aussi bien des sanctuaires majeurs dans les villes que dans les espaces ruraux. S'observe aussi une complémentarité entre sanctuaires urbains et ruraux, en particulier lors de fêtes réunissant les populations dans villes et des campagnes[65].

Les sanctuaires extra-urbains et ruraux à proprement parler, plus éloignés du chef-lieu, ont un rôle important dans l'appropriation du territoire civique par la communauté des citoyens, aspect mis en avant par F. de Polignac qui leur attribue un rôle crucial lors du processus de constitution des cités[66],[67]. Ils peuvent être placés sur des axes de circulation importants. Ceux situés aux confins servent notamment à affirmer les prétentions territoriales face aux voisins et rivaux. Cette catégorie comprend de nombreux sanctuaires majeurs, par exemple celui d'Isthmia àCorinthe.

De nombreux sanctuaires ruraux placés sur des sites naturels spécifiques sont modestes, à l'image de celui consacré àZeus sur le montHymette enAttique, composé d'un enclos encadrant un autel, proches du sommet. Les campagnes comprennent donc un ensemble de petits sanctuaires, qui doivent s'apparenter à des sortes de chapelles, surtout fréquentés par la population locale[68],[40].

Les grands lieux de culte panhelléniques (Delphes,Olympie) ou ethniques restent en dehors du cadre civique, maintenant une forme de neutralité politique, qui leur permet de jouer le rôle de lieux de rencontre entre acteurs politiques[69],[70]. Par le nombre de constructions qu'on y trouve, les sanctuaires deDelphes et d'Olympie sont de véritables « villes »[71].

Les territoires du monde grec sont donc émaillés de lieux de culte, qui jouent sans doute un rôle crucial dans la relation des anciens Grecs avec leur environnement[72],[73].

Les éléments du sanctuaire

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Maquette du sanctuaire deDelphes.Musée archéologique de Delphes.

L'autel

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L'autel sacrificiel est l'élément indispensable pour l'exercice du culte[74],[75],[76]. C'est là qu'on procède aux offrandes à une divinité. Un autel est en général dédié à une seule divinité (parfois à plusieurs), ce qui rend tout sacrifice voué sur celui-ci à une autre divinité inefficace. Il y a donc au moins autant d'autels dans un sanctuaire que de divinités ou groupes de divinités auxquelles on y sacrifie[77]. L'autel est généralement situé dans un espace à ciel ouvert. Il peut prendre différentes formes. Il s'agit souvent d'une table, un autel élevé,bômos, plutôt destiné aux divinités célestes (ouraniennes) suivant l'interprétation traditionnelle[78]. À partir duVIe siècle av. J.-C., c'est plus souvent un bloc de pierre (calcaire ou marbre) de forme rectangulaire, mais il en existe des ronds, à table enpi. Le dessus est constitué d'une table servant au dépôt des offrandes et à la découpe des animaux sacrifiés, et à supporter un foyer. Certains autels sont sculptés et décorés (de volutes par exemple), certains ont des marches, leur taille et leur hauteur variant grandement, jusqu'à atteindre des dimensions monumentales, tels l'autel deZeus àNémée qui mesure 41,5 mètres de long pour 2,42 de large, ou legrand autel de Pergame avec sa frise sculptée et ses 120 mètres de long. L'autel de Zeus àOlympie, constitué par l'accumulation des cendres des sacrifices et s'élevant à 6,7 mètres de haut, est plus atypique[79],[78],[76],[80], de même que l'autel d'Artémis àDélos fait de cornes de chèvres[81]. Certains autels sont de simples fosses (bothroi), ou des petites structures creuses (escharai), qui seraient plutôt destinées à recevoir du sang d'animal sacrifié et/ou des libations versées notamment pour lesdivinités chthoniennes et les défunts[82],[83], y compris dans les cultes héroïques[76].

Le téménos

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Si certains espaces sont par essence sacrés à l'initiative d'une puissance divine, les hommes en définissent eux-mêmes, en délimitant des espaces religieux autour d'un autel, désignés par le terme detéménos. Ce mot est dérivé detemnein « découper », car« ce sont des espaces que l’homme a « découpés » dans l’espace profane pour en faire des sanctuaires[84]. ». Historiquement, la mise en place de ces espaces semble liée à la constitution des nouvelles entités politiques auVIIIe siècle av. J.-C., à commencer par la cité : ces espaces sont délimités de manière à servir d'espaces de réunion pour la communauté, de façon à attribuer aux dieux un lieu dont ils sont les possesseurs dans l'espace civique[85]. Leur apparition peut être reliée à celle d'un autre espace crucial pour les cités et lui aussi délimité et investi de sacralité, l'agora, qui peut également être traité comme un téménos[86],[87].

Le téménos peut être délimité physiquement, par des bornes (horoi) ou par lepéribole, enceinte sacrée qui prend la forme d'un mur de pierre continu dans certains sanctuaires, parfois simplement une clôture[87]. Une autre manière de marquer les limites de cet espace sont lespérirrhantéria, des vasques de pierre apparaissant auVIIe siècle av. J.-C. au moins, qui recueillent l'eau sacrée servant aux visiteurs du sanctuaire à se purifier quand ils y entrent. Elles prennent ensuite la forme de grandes tables avec une cuvette en leur centre. Des stèles portant des « lois sacrées », inscriptions sur les conditions d'accès et les règles à respecter à l'intérieur du temple, marquent aussi les limites du téménos[88].

Stèle portant une inscription proscrivant l'entrée dans une fontaine sacrée à Corinthe, sous peine d'une amende de 8 drachmes.Musée archéologique de l'ancienne Corinthe.

Tout ce qui se trouve à l'intérieur de l'espace « sacré »,hieron, appartient aux dieux. En raison de la protection divine dont il bénéficie, il ne doit donc pas être pillé,asylia (francisé en asylie ; par le truchement du latin le terme se retrouve dans ledroit d'asile moderne), et cela s'applique aussi aux personnes qui s'y réfugient. Le vol d'un bien sacré est donc un crime qui a un caractère sacrilège[89]. La sacralité de l'espace implique aussi que son accès soit interdit aux personnes affligées par une « souillure » ou « pollution » qui les met temporairement dans un état d'impureté rituelle, et c'est ce que visent souvent à prévenir les lois sacrées[90]. Ce peut être une relation sexuelle, la participation à des funérailles, l'accouchement, etc. Cela explique par exemple que toutes les tombes aient été retirées deDélos en deux temps par les Athéniens, par le tyranPisistrate auVIe siècle av. J.-C. puis en 426/425 av. J.-C., l'île entière étant vue comme le téménos d'Apollon. Les personnes mourantes et les femmes sur le point d'accoucher étaient également priées de quitter les lieux pour ne pas le contaminer[91],[92]. Le fait de se purifier par l'eau rituelle des périrrhantéria permet de se débarrasser des impuretés bénignes du quotidien, mais pas des plus graves[93].

Le temple

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Article détaillé :Temple grec.

Letemple a pour fonction d'abriter la statue d'une divinité qui est vénérée dans le sanctuaire : c'est la demeure du dieu, où il réside car sa statue y assure sa présence[79]. Ce n'est pas un lieu accessible aux fidèles : le lieu de réunion lors des sacrifices est localisé autour de l'autel, à ciel ouvert, souvent devant le temple de manière que la statue divine puisse observer le sacrifice qui lui est offert[94]. Le temple sert aussi d'entrepôt pour une partie du trésor de la divinité, généralement ce qu'il y a de plus précieux, et parfois aussi pour les archives de la cité[95]. Ce type d'édifice n'est pas indispensable au culte, et tous les sanctuaires n'en ont pas[79]. Il peut être vu comme une offrande à la divinité, ce qui explique le soin qu'on attache à sa construction et son décor[96].

Les temples apparaissent assez tard dans la civilisation grecque, et se diffusent auVIIIe siècle av. J.-C. Les plus anciens ont une seule pièce, puis le plan-type du temple grec se met en place auVIIe siècle av. J.-C. : c'est un édifice rectangulaire, constitué d'un portique d'entrée (pronaos), de la salle principale contenant la statue divine (naos), et éventuellement d'une pièce à l'arrière (opisthodomos), servant notamment pour le trésor divin. Les temples grecs sont généralement bâtis en pierre, entourés de colonnes formant des allées couvertes les entourant (péristyles). Leur décor répond plus ou moins aux ordres architecturaux qui se développent pour ce type d'édifice (dorique,ionique etcorinthien)[97],[98]. À défaut d'être indispensables au culte, ces édifices sont primordiaux dans le développement de l'architecture et de l'art grecs[79], et leur construction mobilise les efforts des cités pour lesquelles ils fonctionnent comme une sorte de « vitrine »[99].

L'image divine

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L'apparition des représentations divines sous forme de statues de forme humaine (anthropomorphes) se produit dans le monde grec en même temps que celle des temples destinés à les abriter, auVIIIe siècle av. J.-C. Il existe cependant des images divines non anthropomorphes ou partiellement, comme lespiliers hermaïques. La statue de la divinité tutélaire du temple est placée dans la pièce principale de l'édifice, sa « demeure » (naos), dans l'axe central de façon à ce qu'elle puisse, une fois les portes du temple ouvertes, être vue de l'extérieur et observer les cultes qui lui sont rendus. Son installation est marquée par des rituels importants, et elle est ensuite entretenue et purifiée régulièrement. Les spécialistes débattent quant à savoir dans quelle mesure cette image était vue comme la divinité elle-même, si elle « habite » la statue, en tout cas la croyance courante est qu'elle réside dans le temple grâce à la présence de sa statue[100]. Elle n'est pas plus que le temple indispensable pour le culte, et fonctionne plus comme un « décor », ce qui explique là aussi le soin apporté à sa réalisation[101]. Très peu de statues divines ont été préservées, mais certaines sont connues par des copies et des descriptions qui en ont été faites. Parmi les plus fameuses se trouve la monumentalestatue chryséléphantine de Zeus à Olympie, sculptée parPhidias, une des « sept merveilles du monde »[102].

Les autres constructions

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Les sanctuaires grecs peuvent comprendre une vaste gamme de constructions, selon leur importance et leurs fonctions. S'y trouvent souvent des édifices spécifiquement destinés à abriter le trésor des divinités, du moins les objets les plus luxueux, dont l'aspect emprunte à celui des temples. Des portiques à colonnes (stoa) servent de lieu d'accueil et d'abri pour les visiteurs, voire de dortoirs, mais dans les grands sanctuaires des hôtelleries peuvent avoir été bâties. De même il peut exister des bâtiments dédiés aux banquets collectifs ayant lieu lors des grandes festivités, même si la plupart du temps ils se font à ciel ouvert. Les sanctuaires où se déroulent des concours comprennent des édifices dédiés à ceux-ci : palestres, stades, théâtres et édifices annexes. Des fontaines monumentales peuvent aussi être érigées pour les purifications[103].

Dépôts d'offrandes, biens sacrés et reliques

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Le trésor des Athéniens àDelphes.

Les offrandes des fidèles marquent aussi le paysage des sanctuaires grecs antiques. Les offrandes alimentaires sont périssables et consommées lors des rituels ou peu après, en revanche celles qui sont durables sont conservées quelque part dans l'espace sacré. Les plus luxueuses (notamment celles en métaux précieux comme la statuechryséléphantine d'Athéna du Parthénon, qui n'est pas une statue de culte) sont déposées dans les trésors, mais les statues et monuments offerts aux divinités sont entreposés à l'extérieur. Dans les plus grands sanctuaires, il y en avait tellement que cela semble avoir donné une impression d'encombrement à leurs visiteurs[29].

Les patrimoines des divinités sont plus larges encore, en particulier dans les grands sanctuaires, puisqu'il comprend des maisons, des champs, des fermes, des bois et des troupeaux, renvoyant au rôle économique des sanctuaires[104]. Les comptes des gestionnaires du sanctuaire d'Apollon deDélos à l'époque hellénistique, inscrits sur des stèles, indiquent ainsi que le dieu est le plus grand propriétaire foncier desCyclades, disposant de champs et de maisons dans plusieurs îles, qui sont mis en location[105].

Enfin, certains sanctuaires ont des reliques, qui leur ont été vouées, des objets investis d'un aspect sacré voire de pouvoirs. Ils sont souvent liés aux cultes héroïques, et on peut faire rentrer les tombeaux de héros dans cette catégorie, si on l'entend au sens large. Les reliques grecques antiques sont souvent des ossements de héros, comme ceux attribués àThésée qui ont été déplacés deSkyros à Athènes en 476. Mais il peut aussi s'agir de choses associées à des personnages héroïques (souvent des armes) ou divins : ainsi parmi ces reliques prétendues se trouvent l’œuf deLéda àSparte, le sceptre d'Agamemnon àChéronée, un moulage d'un sein d'Hélène àLindos, ou encore le bouclier du généralmessénienAristomène àLébadée, qui aurait aidé au triomphe des Thébains àLeuctres, lesquels ont ensuite fait ériger un trophée où le suspendre. Les légendes sur les reliques connaissent un essor à l'époque hellénistique, et appuient le développement de leurs cultes[106],[107].

Postérité

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La fin des sanctuaires grecs

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Colonnes doriques du temple d'Athéna deSyracuse, converti en église durant l'Antiquité tardive, encore visibles de nos jours dans lacathédrale de la ville.

La christianisation met progressivement fin aux cultes polythéistes, et les sanctuaires dédiés aux dieux grecs perdent leur fonction. Les faveurs accordés par les empereurs romains au christianisme à compter du règne deConstantin, au début duIVe siècle, font que l'élite se détourne progressivement des cultes polythéistes pour le christianisme, par opportunisme ou non. Les empereurs prennent des mesures visant à supprimer la religion grecque antique : proscription des sacrifices sanglants et des cultes polythéistes, le dernier oracle deDelphes et les derniersjeux olympiques (antiques) dateraient de 393 ;Justinien ordonne l'obligation de baptême en 529, ainsi que la fermeture des écoles de philosophie. Les temples sont en général déconsacrés, abandonnés et ensuite utilisés comme carrières de pierre. Certains sont convertis en églises, à l'image de ce qui arrive auParthénon d'Athènes vers 600[108],[109].

Redécouverte moderne et influences architecturales

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La plupart des sanctuaires antiques sont donc tombés en ruines après la fin des cultes polythéistes. Les explorateurs occidentaux qui parcourent la Grèce à l'époque médiévale et durant la première époque moderne décrivent certains temples antiques, surtout le Parthénon d'Athènes reconverti en église, puis en mosquée et en arsenal avant sa destruction[110]. AuXVIIIe siècle l'Antiquité grecque et romaine devient un sujet d'intérêt pour les érudits et collectionneurs (antiquaires) de l'Europe occidentale, et les ruines des anciens sanctuaires grecs attirent rapidement leur attention. Dans le cadre duGrand Tour, de jeunes aristocrates visitent les anciens sites antiques. Certains en rapportent des descriptions précises, à l'image des anglaisNicholas Revett etJames Stuart et du françaisJacques-Germain Soufflot, ce qui permet aux architectes de ces pays de s'inspirer des modèles antiques, en particulier les temples (comme ceux dePaestum en Italie), dont les façades sont imitées dans les grandes villes européennes et américaines. C'est aussi dans ce contexte que des sculptures voire des monuments issus de sanctuaires commencent à être emportés dans les musées d'Europe occidentale, notamment les marbres duParthénon pris parThomas Bruce (7e comte d'Elgin). Ils se soucient alors assez peu du fait que c'étaient des édifices de culte dans l'Antiquité et cet aspect de ces édifices est largement ignoré, d'autant plus qu'il est perçu négativement par la tradition chrétienne[111],[112].

Archéologie et tourisme

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Dans la seconde moitié duXIXe siècle, l'étude scientifique des sanctuaires grecs se développe avec l'ouverture de grands chantiers archéologiques : Delphes, Olympie, Samos, Athènes, etc. L'architecture et l'histoire de ces sites est progressivement mieux connue, des musées sont constitués pour exposer les objets mis au jour, des programmes de conservation et de restauration sont entrepris[113]. Cela s'inscrit aussi dans une volonté de développer l'attrait touristique de ces sites, qui n'ont jamais cessé d'attirer des visiteurs, bien au contraire. Dans la seconde moitié duXXe siècle, le tourisme de masse prend son essor en Grèce, et plusieurs des grands sanctuaires antiques deviennent des sites touristiques populaires, en raison de leurs passé prestgieux, de leurs ruines et plus largement de l'impression laissée par leurs paysages considérés comme majestueux. Cela redonne vie à ces anciens sites, mais pose aussi de nombreux défis, comme la nécessité de préserver les ruines parcourues chaque jour par de nombreuses personnes, de permettre la poursuite des fouilles, de rendre accessibles les découvertes au plus grand nombre[114].

Notes et références

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Bibliographie

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Religion grecque antique

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Sanctuaires

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Autres

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Articles connexes

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Grands sanctuaires grecs

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