le traitement par la cure d'air, de lumière et de soleil L'environnement naturel (mer, forêt, montagne…) et l'éloignement de la pollution des villes et des industries étaient aussi supposés contribuer à un retour à la santé. Le bâtiment doit donc être adapté à l'entrée du soleil et du grand air. Les sanatoriums n'étaient donc pas seulement localisés en montagne[1].
l'isolement des tuberculeux contagieux Lapromiscuité étant un facteur decontagion, les sanatoriums sont souvent très vastes et conçus de manière à garantir au mieux l'hygiène. L'isolement avait aussi pour fonction de préserver les tuberculeux des sollicitations d'une vie sociale considérée comme source de fatigue ; le sanatorium se devait d'être un lieu de repos (quoiqu'il ait pu en exister où l'exercice d'un certain travail était considéré comme bénéfique)[1].
Premier sanatorium deFrance, l'hôpital maritime de Berck a été construit dans lePas-de-Calais, près duTouquet, sur un littoral dunaire isolé, en1861, initialement pour les enfantsscrofuleux,rachitiques et « lymphatiques », dénominations qui recouvraient à l'époque de véritables tuberculoses (la scrofule étant une atteinte tuberculeuse ganglionnaire et cutanée), ainsi que d'autres pathologies liées à la malnutrition, aux pollutions et aux mauvaises conditions d’hygiène et d’habitat qui régnaient dans le nord de cette région industrielle minière.
Le premier hôpital entièrement réservé auxphtisiques (tuberculose pulmonaire) fut en France celui de Sainte-Marie deVillepinte (Seine-Saint-Denis) achevé en1880, sur initiative de l’« Œuvre des jeunes filles poitrinaires » créée en1878.
Un second hôpital de phtisiques fut achevé 8 ans plus tard (en1888) àOrmesson (Val-de-Marne) uniquement destiné à soigner de jeunes garçons de 2 à 16 ans, géré par l’« Œuvre des enfants tuberculeux » également créé en 1888. Certaines sources en attribuent l'initiative à sœur Candice, qui aurait même acheté, grâce à des dons, deux pavillons de l’exposition universelle afin de les ajouter au corps du sanatorium d'Ormesson[6]. Une succursale en sera ouverte àVilliers-sur-Marne en1893[7].
À cette époque, plusieurs dizaines de sanatoriums existaient déjà enAllemagne, enSuisse et auxÉtats-Unis.
Les adultes rechignant à se faire hospitaliser en sanatorium, quelques projets ont cherché à permettre aux couples ou familles de loger près des malades. L'un de ces projets a vu le jour en France en 1904 àMontigny-en-Ostrevent (département duNord), à l'initiative du professeurAlbert Calmette de l'Institut Pasteur deLille sur le modèle du sanatorium deSaranac Lake auxÉtats-Unis, promu par Knopf comme modèle d'excellence[12], mais sans pouvoir fonctionner à cause de la guerre (réquisition par les Allemands, puis sabotage par ceux-ci avant réquisition par les Anglais) ; il sert aujourd'hui à la rééducation des grands blessés.
En France en 1919, la loiHonnorat, faisant suite à la loiLéon Bourgeois du qui instituait des dispensaires d'hygiène sociale, impose la création d'un sanatorium par département[13]. La mission Rockefeller, financée par lafondation du même nom, s’assigne pour objectif en 1917 de stimuler cet effort public avant de passer la main au Comité national de défense contre la tuberculose (CNDT) créé en[14].
La tuberculose frappe surtout les couches les plus pauvres de la population mais les sanatoriums soignent également de nombreux blessés, dont les brûlés à l'ypérite durant laPremière Guerre mondiale ou après celle-ci.
En 1943,Albert Schatz isole lastreptomycine qui devient le médicament contre cette maladie. Dès lors, le traitement de la maladie par cet antibiotique ou d'autres médicaments antituberculeux entraîne la fermeture des sanatoriums les uns après les autres, les bâtiments étant parfois reconvertis en logements, écoles ou autres institutions[15]. Parfois certains sont abandonnés, car ce sont des établissements ayant de lourds frais de fonctionnement comme le chauffage par exemple.
Palais de la princesse Anastasia Gagarina, aujourd'hui centre administratif du sanatorium d'Utes, au bord de la mer, enCrimée.
Un sanatorium dans les pays de l'ex-Union soviétique est une résidence devillégiature avec des équipements médicaux pour les travailleurs modestes.
Les sanatoriums participaient à la culture soviétique, qui incitait les personnes à avoir une activité physique et une bonne santé pour être plus productifs. Ils étaient généralement situés dans la nature (en forêt ou au bord d'un lac ou de la mer) ou près d'unesource thermale. Depuis lachute de l'Union soviétique, nombre de sanatoriums sont abandonnés[16].
Ils sont souvent associés à une végétation de pins ou de sapins, dont les essences étaient réputées parce qu'elles favorisaient la guérison des maladies pulmonaires et respiratoires.
↑Stéphane Henry,Vaincre la tuberculose (1879-1939) : La Normandie en proie à la peste blanche, Publication Universitaire Rouen Havre,,p. 47.
↑Le pouvoir pathogène de la maladie est relativement liée à l'état nutritionnel. Des sujets convenablement alimentés lui résistent beaucoup mieux que ceux qui souffrent de malnutrition. Cf.Bi Puranen, « La tuberculose et le déclin de la mortalité enSuède »,Annales de démographie historique,no 1,,p. 90.
↑Cette promiscuité est également repérée dans l'armée, sur les navires ou dans les couvents, fait apparaître des taux de tuberculose.
↑Jean-Bernard Cremnitzer,Architecture et santé : le temps du sanatorium en France et enEurope, Picard,,p. 104-145.
↑Yvonne Knibiehler, « La « lutte antituberculeuse » instrument de la médicalisation des classes populaires (1870-1930) »,Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest,vol. 86,no 2,,p. 325-329
↑Lion Murard et Patrick Zilbermann, « La mission Rockefeller en France et la création du Comité national de défense contre la tuberculose (1917-1923) »,Revue d’histoire moderne et contemporaine,nos 34-2,,p. 200.
↑Jean-Bernard Cremnitzer,Architecture et santé : Le temps du sanatorium en France et en Europe, Ed : A et J Picard, Collection : Architectures contemporaines, 1 octobre 2005(ISBN978-2-7084-0749-7)