L'île est célèbre pour ses poteries rouges, réputées dans l'Antiquité ; son artisanat d'art avec ses bronzes et ses bijoux, son bois de construction, son tabac, son vin (cépagemalvoisie), ses fruits, sesroses et sonhuile d'olive.
Depuis 2016, elle a reçu un nombre important de migrants venus d'Asie et d'Afrique, en transit dans leurs déplacements vers l'Europe de l'Ouest. En juin 2019 le nombre de ces immigrés présents journellement sur l'île est estimé à 8 000.
À la suite du renversement d'Amphicratès avant la seconde moitié duVIIe siècle av. J.-C., la monarchie disparaît. Elle est remplacée par un gouvernement oligarchique. Les Géomores, un petit groupe d'aristocrates issus des grandes familles de propriétaires fonciers, forment une élite minoritaire et richissime[2]. Ils gouvernent à la place du roi.
De-538 à-522, Sámos connaît une ère de prospérité économique ; de grands travaux, dont letunnel d'Eupalinos, sont entrepris sous le règne fastueux de son tyranPolycrate. Il sait imposer son hégémonie à l’archipel et faire de l'île le plus puissant État maritime de lamer Égée. Polycrate est aussi un grand bâtisseur : il fait construire à Sámos un grand temple dédié àHéra, un palais qui sera reconstruit plus tard par l'empereurromainCaligula, et unaqueduc.
Polycrate prend le pouvoir avec ses deux frères lors d’une fête en l’honneur de la déesseHéra. Puis il assassine le premier, Pantagnostos et exile le second,Syloson. Il s'allie au pharaonAhmôsis II (-570/-526) et autyran deNaxosLygdamis et pille les cités et îlesIoniennes, notammentLesbos etMilet. Il rompt ensuite l'alliance avec l'Égypte et passe un accord avec le roiperseCambyse II (-528/-521). Les nobles, avec à leur tête son frère Syloson, se rebellent et attaquent Polycrate, qui perd la bataille et se retranche dans la ville de Sámos (près de l'actuellePythagório) d'où les nobles ne parviennent pas à le déloger. Ces derniers demandent alors de l'aide àSparte et àCorinthe. LesPéloponnésiens débarquent et font le siège de la cité pendant 40 jours sans parvenir à la prendre, puis se rembarquent.
L’historienHérodote raconte la fin de Polycrate : lesatrape perseOroitès voulant tuer Polycrate, l’invite àSardes. Polycrate se rend dans la cité, malgré les mises en garde de sa sœur et de sa fille, qui a vu sa mort en rêve. Il y est exécuté, Oroitès le faisant crucifier, et Sámos est ensuite dirigée par des tyrans sujets de l’Empire perse.
Le tyran Aiakès est renversé au début de larévolte de l'Ionie et Samos participe aux combats contre les Perses, mais la majeure partie de sa flotte fait défection à Ladé et Aiakès est rétabli. Les Samiens participent ensuite aux guerres médiques dans le camp perse et se distinguent àSalamine en capturant plusieurs navires adverses.
Ligue de Délos, guerre du Péloponnèse et seconde confédération athénienne
En-440 un conflit oppose Sámos etMilet pour la possession dePriène. Milet demande de l’aide à Athènes.Périclès intervient alors avec 40 navires, renverse l’oligarchie de Sámos et laisse sur place une garnison. Mais les oligarques reprennent le pouvoir avec l’aide dusatrape perse deSardes et capturent la garnison athénienne et la livrent aux Perses.
Athènes ne peut accepter cette situation, Sámos disposant par ailleurs d’une flotte importante. Athènes envoie deux cents navires et, après huit mois de conflit, Sámos capitule, doit livrer sa flotte, payer une indemnité de guerre importante et la démocratie est rétablie.
En-412 /-411, c'est depuis Sámos que le chef du parti démocrate athénienThrasybule prend la tête d'une rébellion contre le gouvernement oligarchique desQuatre-Cents installé à Athènes. L'île est le dernier allié fidèle à Athènes à la fin de laguerre du Péloponnèse vers -404. En -387, à lapaix d'Antalcidas, l'île passe à nouveau sous le contrôle des Perses. Elle est reconquise en - 365 par les Athéniens, qui expulsent une partie de la population et installent à la place des colons militaires (clérouques). Sámos rejoint ainsi laSeconde confédération athénienne ; elle joue un rôle au cours de laGuerre des alliés.
Après la bataille d'Actium où il défait l'Égypte etMarc Antoine en septembre-31,Auguste passe l'hiver à Sámos avec sa flotte. Sámos redevient libre, de cette époque jusqu'à l'empereurVespasien (69-79) et forme plus tard avecChios,Cos etRhodes la province des Îles.
AuxIXe et Xe siècles, l'île appartient authème maritime qui porte son nom : lethème de Sámos, dont le siège est sur le continent, àSmyrne.
En1346, lesGénois s'emparent deChios, Samos etIcarie et en délèguent l'administration à la famille génoise des Giustiniani.
Trop menacée par les pirates, l'île est abandonnée par les Génois vers 1475, la population étant évacuée vers Chios[4]. L'Empire ottoman, qui en a pris le contrôle vers 1479, décide de la repeupler à partir de 1572 en permettant à des colons venus de l'ensemble de l'Égée de s'y installer. Ces colons donnent parfois à leurs villages le nom de l'endroit d'où ils proviennent, d'où des toponymes comme Mytilinií (deMytilène) ou Vourliotes (de Vourla, près de Smyrne). À la même époque, l'ancienne Sámos désertée, est renommée, d'après la forme ronde de sa rade,Tigani (« la poêle »), actuellementPythagório.
À partir du milieu duXVIe siècle, Sámos est une escale pour les convois de la principale route maritime de l'Empire Ottoman reliantAlexandrie àConstantinople la capitale[5].
Lors de laguerre d'indépendance grecque, Samos se soulève sous la direction des chefs insurgésLykoúrgos Logothétis et Stamatis, dont lesarmatoles chassent les Turcs de l'île. Plusieurs tentatives ottomanes de reconquête se soldent par des échecs.
Drapeau de la principauté de Sámos. Calqué sur le drapeau grec, il en reprend la croix blanche et la couleur bleu. Le rouge rappelle quant à lui l'Empire ottoman, dont la principauté reste vassale.
Après l'indépendance de la Grèce, les puissances occidentales choisissent de rendre Samos à laTurquie, mais en donnant à l'île un statut de principauté autonome. En1832 leprotocole de Londres, signé entre la Turquie, laFrance, l'Angleterre et laRussie le (traité qui garantissait, entre autres, la sécurité desGrecs de Turquie) érige Sámos en « principauté autonome non héréditaire » confiée auxhospodarsphanariotes chassés par le protectorat russe desprincipautés danubiennes deMoldavie etValachie (où le trône n'était pas héréditaire). Comme ces principautés, Sámos reste vassale de laSublime porte. Le premier prince de Sámos estIoan Sturdzahospodarmoldave déposé par lesRusses en1828, qui reçoit en1829 à titre de compensation, du sultanMahmoud II, l'île de Sámos.
Lors de lapremière guerre balkanique, en 1912,Themistoklís Sofoúlis s'empare de l'île avec une poignée de volontaires grecs. Ils chassent l'administration ottomane et les membres de la famille princièrephanariote vers laFrance. Sofoulis obtient la reconnaissance du rattachement à la Grèce en 1913.Le roi George II a visité Sámos en 1937 pendant leRégime du 4-Août[6].
L'île est à deux pas de la côte turque. Aussi, les bateaux avec des migrants arrivent en permanence. Le camp, destiné à l'origine à seulement 650 demandeurs d'asile, abrite en 2019 environ 4 000 migrants du Moyen-Orient et d'Afrique. Le camp de réfugiés a presque doublé la population àVathy et a visiblement changé la ville. Cette situation a pour conséquence que beaucoup de gens à Sámos craignent que la présence de migrants ne nuise au tourisme[7].
Le camp de migrants de Zervou, à 8km deVathy où se trouvait l’ancien camp de réfugiés insalubre, ouvre en septembre 2021. La structure a coûté 48 millions d’euros à l’Union européenne. La structure est ultramoderne. Des miradors et deux clôtures de barbelés entourent 240 conteneurs blancs sur une surface de 150 000 mètres carrés. Ils sont prévus pour abriter trois milledemandeurs d’asile et personnes déboutées. Ils seront peints en vert pour s'accorder avec le paysage[8].
Sámos fait partie des trois îles (avecImbros etLemnos) dans lesquellesAchille vendit des fils du roiPriam qu'il avait capturés[9].
Hérodote (3, 60) cite les trois grands ouvrages d'architecture et de génie civil de Samos :
« Je me suis d'autant plus étendu sur les Samiens, qu'ils ont exécuté trois des plus grands ouvrages qu'il y ait dans toute la Grèce.
On voit à Samos une montagne de cent cinquanteorgyies de haut. On a percé cette montagne par le pied, et l'on y a pratiqué un chemin qui a deux bouches en ouvertures. Ce chemin a septstades de longueur sur huitpieds de hauteur et autant de largeur. Le long de ce chemin, on a creusé un canal qui traverse toute cette montagne. Il a vingtcoudées de profondeur sur trois pieds de largeur. Il conduit à la ville, par des tuyaux, l'eau d'une grande fontaine. L'architecte qui a entrepris cet ouvrage était deMégare et s'appelaitEupalinos, fils de Naustrophos. C'est un des trois ouvrages des Samiens.
Le second consiste en unmôle, ou une grandedigue faite dans la mer, près duport, d'environ vingt orgyies de haut et de deux stades et plus de long.
Leur troisième ouvrage est un temple[N 1], le plus grand dont nous ayons connaissance. Le premier architecte de cet édifice est un homme du pays, nommé Rhœcos, fils de Philée. C'est à cause de ces ouvrages que je me suis étendu sur les Samiens[10]. »
↑Nicolas Vatin,Deux îles à la dérive: Samos et Icaria entre 1475 et 1572 inStudies in Ottoman History: In Honor of Professor V.L. Ménage, 2010, p.339-341
↑Daniel Panzac,La Marine Ottomane de l'apogée à la chute de l'Empire, Paris, CNRS Editions,, 558 p.(ISBN978-2-271-07444-7),p. 84