Le nom de l'île adjacente,Langlade est attesté sous les formesTerra England entre 1610 et 1675,Langlois en 1670 (carte de Visscher),c dangleterre en 1674 (carte de Denis de Rotis[14]) et Detcheverry de 1689[15],Lanaloy en 1675 (carte de Thornton),I anglois miclon en 1675,Angueleterraco en 1677 (carte de Detcheverry),Langlois en 1693,Cap de Langlais en 1694,Langlois sur les cartes de 1700, 1719, 1721[16].
L'arrivée du navigateur portugaisFaguendes le est souvent citée comme date de découverte de l'île, mais cette découverte pourrait être antérieure : elle est aussi attribuée au navigateurgênoisJean Cabot en 1497. On cite également leflorentinVerrazzano en 1524 parmi les découvreurs.
Jacques Cartier reconnaît et nomme l'île de Saint-Pierre lors deson deuxième voyage en 1536[22].
Les îles servent de base aux pêcheursnormands,bretons etbasques auXVIe siècle et les premières installations permanentes de ces derniers sont datées autour de 1604.
Ils y pratiquent lachasse baleinière (si l'on se réfère à leur arrivée précoce pour cette activité enAmérique du Nord, la date pourrait être bien antérieure), certainement labaleine franche (dite « baleine des Basques »), labaleine du Groenland et labaleine grise. Ces origines provinciales se retrouvent sur le drapeau de l'archipel.
C'est sousLouisXVIII que fut signée la rétrocession définitive de Saint-Pierre-et-Miquelon à la France.
Plusieurs voyageurs illustres visitent l’archipel encore très peu développé, comme le géographeJean-Dominique Cassini en 1768, et l’écrivain françaisChateaubriand en 1791 qui immortalise l’archipel dans lesMémoires d'outre-tombe.
Lors de laRévolution française, la communautéacadienne quitte subitement l'île de Miquelon pour se réfugier auxîles de la Madeleine, alors que l'exercice républicain à Saint-Pierre connait un terme brutal lors de la nouvelle attaque britannique de 1793. Il faut attendre laRestauration deLouisXVIII pour que la dernière rétrocession par leRoyaume-Uni (dont laNouvelle-Écosse est encore une colonie) des îles Saint-Pierre et Miquelon à la France soit définitive.
Développement moderne et début de prospérité de la colonie
Parmi les visiteurs célèbres de l’époque qui relatent la vie et étudient cette petite colonie française de pêcheurs, dans le dernier morceau de territoire de l’ancienneNouvelle-France devenu un simple marchepied sur la route de l’Amérique du Nord et les bancs de pêche deTerre-Neuve, on peut citer le comteArthur de Gobineau, diplomate et écrivain, vers 1850, ainsi que le docteurAlbert Calmette, présent dans l’archipel de 1888 à 1890.
L'archipel a un certain rôle lors de laprohibition auxÉtats-Unis puisque du fait de son statut de colonie française, la loi américaine (leVolstead Act) n’y était pas applicable. L'île connaît, de 1919 à 1933, une réelle prospérité grâce au trafic d’alcools, devins français et dewhisky, acheminés clandestinement sur les côtes canadiennes et américaines par desgoélettes ou des vedettes rapides (rhum runners) construites au Canada et montées par des Saint-Pierrais. Ce fut l'époque desbootleggers[23].
Jusqu'en 1933, date où la prohibition est levée, jusqu'à 300 000 caisses d'alcool passent par an dans l'archipel. Les marins de Terre-Neuve recevaient les boissons alcoolisées en caisses. Ils les transféraient dans des sacs de jute et récupéraient le bois. Le bois des caisses d'alcool abandonnées sert de combustible et à la construction de nombreuses maisons, parmi lesquelles la villaCutty Sark, entièrement réalisée à partir de caisses de whisky du même nom[24]. Dans lesannées 1970, on pouvait encore voir à Saint-Pierre, un hangar bardé des planches de caisses d'alcools, de champagnes français. En cas d'interception d'un bateau contrebandier par les garde-côtes américains, il suffisait de jeter les sacs à la mer par le bord du navire opposé à celui vers lequel avançaient les forces de police. Les sacs coulaient instantanément. Lorsque l'équipage de contrôle embarquait, il n'y avait plus trace de la fraude partie vers les grands fonds. La cargaison était perdue, mais cela évitait aux contrevenants d'être emprisonnés. Le risque d'être ainsi arraisonné faisait partie des frais de l'expédition et justifiait le prix ahurissant que payaient les destinataires. Ceci expliquait aussi la prolifération de boissons contrefaites peut-être moins chères que celles provenant vraiment d'Europe.
L'administrateur[25]Gilbert de Bournat dut négocier avec les autorités desÉtats-Unis afin d'obtenir quelques subventions financées par les réserves d'or françaises. Il était en cela mandaté par son supérieur direct, l'amiralGeorges Robert, nommé en septembre 1939 commandant en chef de l’Atlantique-Ouest et haut-commissaire de France aux Antilles, à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Guyane.
À cette même époque, leCanada voisin avait préparé, avec l'aval deWashington, un projet de débarquement pour occuper Saint-Pierre-et-Miquelon. Plusieurs prétextes furent avancés, parmi lesquels des émissionsradio qui diffusaient lapropagande de Vichy[26]. Certains avancèrent même que cette station radio aidait lesU-Boote allemands présents sur les bancs deTerre-Neuve[26]. Le premier ministre canadienWilliam Lyon Mackenzie King ne permit pas l'exécution de ces plans.
C'est à cette époque que le géologueEdgar Aubert de la Rüe fut astreint à résidence à Saint-Pierre.
Sur l'ordre dugénéral de Gaulle à Londres, le vice-amiralÉmile Muselier organisa, malgré son désaccord, le débarquement à Saint-Pierre-et-Miquelon à l'insu et contre l'avis des autorités américaines et canadiennes[26], mais avec un premier assentiment deWinston Churchill[26]. L'affaire du fit couler beaucoup d'encre, et cristallisa la méfiance deRoosevelt enversde Gaulle. Le vice-amiral Muselier fit organiser un plébiscite qui fut favorable à laFrance libre[26]. Saint-Pierre-et-Miquelon fut ainsi l'une des premières terres françaises ralliées à la France libre.
Après ce ralliement, 383 hommes, 56 femmes et 36 mousses (mineurs) s'engageront dans les forces françaises libres dont beaucoup embarqués sur les navires des forces navales de la France libre[27]. En, lors du torpillage par un U-Boot allemand de la corvetteMimosa, 17 des 65 membres disparus de l'équipage (il n'y eut que quatre survivants) étaient de l'archipel[27]. Le, parmi les 177 fusiliers commandos quidébarquèrent en Normandie, sous les ordres ducapitaine de corvette Kieffer et seuls Français qui débarquèrent ce jour-là, se trouvait lequartier-maître Saint-Pierrais René Autin (1921-1960) qui s'était engagé après le ralliement de Saint-Pierre et Miquelon.
Histoire récente et intégration à la République française
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ancienne colonie devientterritoire d'outre-mer (TOM) en 1946.
Le, onze des quatorze membres du conseil général ainsi que le sénateurHenri Claireaux démissionnent pour dénoncer les difficultés économiques créées par l'introduction du nouveau franc français.
Le général de Gaulle lui marque sa reconnaissance pour son rôle dans la France Libre par une visite officielle le. Il arrive par la mer à bord duColbert. Trop gros pour s'amarrer à quai, le croiseur reste mouillé surrade foraine. C'est ledragueur de minesArcturus qui sert decanot major au Président de la république et sa suite. Après avoir salué les autorités, c'est le traditionnel bain de foule etl'Homme du, est acclamé chaleureusement par la population. Le soir même leColbert fait route vers le Québec où le Général prononce son controversé « Vive le Québec libre ! » le àMontréal. Cette visite du général de Gaulle est la première[28] des quatre visites d'un Président de la république française avec celles deFrançois Mitterrand en 1987, deJacques Chirac en 1999 et deFrançois Hollande en 2014.
Traditionnellement, Saint-Pierre-et-Miquelon représentait un intérêt économique important en raison des droits depêche attachés à lazone économique exclusive de 200 milles marins. L'interprétation divergente de la France et du Canada sur l'application de cette règle internationale donna lieu, à partir de 1988, année de l'arraisonnement du chalutierCroix-de-Lorraine par les Canadiens, à un contentieux entre la France et le Canada.
À la suite de l'arbitrage international sans appel de New York en 1992, la zone maritime attribuée depuis à l'archipel se limite à lazone économique exclusive de 12 milles marins à l'est, 24 milles marins à l'ouest, et un corridor de 200 milles marins de long par 10 de large, orienté nord-sud.
L'intérieur est occupé principalement par destourbières, des étangs, de rares espaces boisés formés principalement de résineux (seuleforêt boréale française[33]). Une seule rivière digne de ce nom, laBelle Rivière, traverse Langlade du sud au nord.
D'autres petites îles ou îlots inhabités autour du port de Saint-Pierre au sud-est :l’île aux Marins (ancienne île aux Chiens et autrefois habitée), l’île aux Pigeons, l’île aux Vainqueurs et au nord de Saint-Pierre, leGrand Colombier. Plus à l'est, en direction de la péninsule Burin (Terre-Neuve), l'archipel de l'île Verte est à la limite deseaux territoriales ; sa souveraineté est incertaine, le Canada y ayant érigé un phare. Outre les îlots de l'île Verte, à 1300 m au sud de l'île principale, un rocher baptiséL'Enfant perdu de l'Île Verte, est le seul à être officiellement français.
Le géographeHenri Baulig qualifia ainsi l'archipel :« Malgré tout, avec ses 4 000 habitants sédentaires, avec ses maisons de bois aux vives couleurs, aux fenêtres basses éclairées par le sourire des fleurs, avec ses jardins amoureusement soignés, ses rues inégales où s’entendent, dans le claquement des sabots, les parlers de Normandie et de Bretagne, mêlés à l’accent plus vif du pays basque, Saint-Pierre est bien un morceau de la vieille France fixé aux rives américaines. »
Ainsi, bien que situé à la même latitude que laVendée, l'archipel a un climat beaucoup plus froid que les côtes atlantiques métropolitaines, qui, elles, bénéficient du climat radouci des façades continentales ouest.
Le port de Saint-Pierre à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Saint-Pierre dispose d'un aéroport d'où sont assurées des liaisons régulières avec plusieurs aéroports canadiens et avec le petitaérodrome de Miquelon. Une liaison maritime de fret relie le port de Saint-Pierre au port deHalifax en Nouvelle-Écosse.
Le port de Saint-Pierre assure aussi le transport de passagers tant vers Miquelon que vers le port deFortune sur l'île de Terre-Neuve, via un traversier deSPM Ferries.
Saint-Pierre-et-Miquelon étant isolée électriquement, la totalité de l'énergie consommée doit être produite sur place. Le territoire accueille ainsi deux centrales thermiques, l'une sur Saint-Pierre, l'autre sur Miquelon, exploitées par EDF[36]. Aujourd'hui quasi exclusivement dépendant d'énergies fossiles, l'archipel prévoit d'intégrer 50% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique d'ici 2028, notamment grâce au développement de son parc éolien[37].
L'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est unecollectivité d'outre-mer placée sous le régime de l'article 74 de la Constitution et dénommée « collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon »[38].
Il ne s'agit donc ni d'un département, ni d'une région.
Le pouvoir exécutif est décentralisé et largement transféré au président du conseil territorial qui dispose de certaines attributions à caractère législatif de portée locale mais aussi d'une totale autonomie aux plans douanier, fiscal et urbanistique. De ce fait, les services de l'État sont mis à sa disposition et toute marchandise entrant dans l'archipel, provenant de laFrance métropolitaine ou de l'étranger, à quelques exceptions près, est taxée par les douanes. Il n'y a pas d'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ni d'impôt sur la fortune immobilière (qui a remplacé l'ISF en France début 2018).
Saint-Pierre-et-Miquelon ne fait pas partie intégrante de l'Union européenne contrairement auxrégions ultrapériphériques françaises reconnues par letraité d’Amsterdam de 1997, c’est-à-dire actuellement pour laFrance, les seules collectivités régies par l'article 73 de la Constitution (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte) et l'île de Saint-Martin (régie par l'article 74) : son statut, par rapport à l’Union européenne, est celui depays et territoire d'outre-mer (PTOM).
Les citoyens de Saint-Pierre-et-Miquelon votent à la fois aux élections françaises et européennes comme tous les citoyens français.
Pourtant, les citoyens de cette collectivité territoriale possèdent unpasseport français et européen en vertu de leur nationalité et de la Constitution française, et participent, comme tous les citoyens français, aussi bien aux élections des représentants français auParlement européen qu'à l’ensemble des autres scrutins nationaux. Comme dans lesrégions françaises, sa monnaie officielle est l’euro, depuis 1999 (auparavant, c’était lefranc CFA jusqu'en 1973 puis lefranc français[39]), bien que la collectivité ne fasse pas partie du territoire de l'Union européenne, ni de l’Espace Schengen.
Le conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon était composé pour le mandat 2012-2017 de 19 membres. En bleu les membres d'Archipel demain (proche de LR) et en jaune, les membres deCap sur l'avenir (proche du PRG). Pour le mandat 2017-2022, Archipel Demain (qui se définit désormais non lié à un parti national) compte17 membres et Cap sur l'Avenir 2.
Unconseil territorial qui exerce à peu près les mêmes compétences qu'unconseil régional et unconseil départemental sur le reste du territoire français gère l'ensemble de la collectivité. Il comprend19 membres élus, représentant deux circonscriptions qui correspondent aux deux communes :Saint-Pierre (15 conseillers) etMiquelon-Langlade (4 conseillers). Bien que celle-ci relève de l'article 74 de la Constitution, les lois de la République s'appliquent directement à Saint-Pierre-et-Miquelon (régime de l'inclusion législative) sauf dans certains domaines, notamment les impôts, le régime douanier, l'urbanisme et le logement[40].
Il existe en outre, dans l'archipel un comité économique et social qui peut donner un avis sur les questions de son ressort, à la demande du conseil territorial.
Service de la police aux frontières : siège au sein de l'enceinte militaire du commandement de la gendarmerie, son implantation à Saint-Pierre et Miquelon remonte à 1977 ;
Service des douanes : siège à Saint-Pierre au quai Mimosa et bureau de Miquelon au quai du Port ;
Météo France , à l'aérodrome de Saint Pierre Pointe Blanche.
À Saint-Pierre, se situe lapréfecture à la tête de laquelle se trouve unpréfet représentant de l’État sur le territoire. Il est nommé par le président de la République.
LeCommandement de la Gendarmerie pour Saint-Pierre-et-Miquelon (COMGENDPM) comprend vingt-huit militaires d'active et quatre réservistes placés sous l'autorité d'un colonel. La gendarmerie nationale est présente de manière permanente sur l'archipel depuis 1816, avec le gendarme Yreux. D’abord appelée poste de gendarmerie, le détachement prend l'appellation de section de gendarmerie de Saint-Pierre et Miquelon le, puis de compagnie le, et enfin de commandement de la gendarmerie pour Saint-Pierre-et-Miquelon le. L’essentiel de son activité est tourné vers la recherche de renseignement et la prévention de proximité afin d'assurer le maintien de l’ordre et la paix publique. Dans le cadre du continuum sécurité-défense et en tant que force militaire, le COMGENDPM constitue également uneforce de souveraineté qui affirme la présence de la France sur ce territoire d'Amérique du Nord.
Le COMGENDPM est articulé autour d'un état-major et de trois unités opérationnelles[44] :
État-major àSaint-Pierre (caserne du lieutenant-colonel Pigeaud) : section commandement, bureau opérations emploi, bureau soutiens et finances (section équipement logistique, section immobilier et logement, centre soutien automobile)
Brigade de recherches (BR) à Saint-Pierre (caserne Pigeaud) : créée le, elle comprend la section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC)
Brigade de gendarmerie deSaint-Pierre (caserne Colmay) : dont l'équipe nautique (depuis décembre 2011) dotée de la vedetteSao (G1101)[45] du type UFC 11.00Raidco de 12 mètres équipée de deux moteurs de 315 cv, et l'équipe cynophile stupéfiant (depuis 2012)
Brigade de gendarmerie deMiquelon-Langlade : son effectif est de trois gendarmes (avant décembre 2000 la brigade comptait deux militaires depuis 1972).
Au, l'Insee dénombrait 641 habitants à Miquelon-Langlade et 5 633 habitants à Saint-Pierre pour 6 274 habitants pour la collectivité territoriale entière[47].
L'anglais est très courant, et est généralement parlé en seconde langue par la majorité de la population : il est très utile pour le secteur du tourisme, car l'archipel reçoit de nombreux touristes anglophones américains et canadiens. Dans le cadre professionnel de la pêche, il est très utile pour communiquer avec les pêcheurs anglophones deTerre-Neuve, ou d'ailleurs.
Les établissements scolaires de Saint-Pierre-et-Miquelon sont rattachés à l'académie de Normandie.
Les établissements scolaires de Saint-Pierre-et-Miquelon font partie de l'académie de Normandie[55] qui est représentée par le Service de l’Éducation nationale[56] de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Après lebaccalauréat, les élèves de Saint-Pierre-et-Miquelon peuvent continuer leurs études à l'extérieur de l'archipel (ne possédant aucune structure universitaire) en bénéficiant d'un passeport mobilité accordé sur dossier et sous l'autorité dupréfet. La collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon peut également couvrir les frais liés aux transports vers la métropole ainsi qu'un voyage aller/retour annuel au moment des grandes vacances (durant les trois premières années d'études). La plupart des étudiants choisissent la métropole pour poursuivre leurs études[57].
Ainsi, aucune possibilité de poursuite d'études dans l'enseignement supérieur n'existe à Saint-Pierre-et-Miquelon, mis-à-part la présence d'une antenne de l'université Memorial de Terre-Neuve depuis 1973, l'Institut Frecker, réservé aux étudiants canadiens désireux d'apprendre le français en immersion dans l'archipel[58],[59],[60]. Une convention est signée en 2002 entre leservice de l'Éducation nationale de Saint-Pierre et Miquelon et l'université de Moncton, auNouveau-Brunswick, afin de renforcer les liens « qui unissent l'Acadie et ces îles françaises ». Elle permet aux résidents de Saint-Pierre et Miquelon de bénéficier des mêmes tarifs universitaires que les résidents de la province canadienne du Nouveau-Brunswick[61]. Une coopération renforcée en 2021[62].
« Frigorifik » depuis 2022, projet sur la patrimonialisation préventive des anciens frigorifiques jumeaux de Lorient et de Saint-Pierre, porté par l'UMR Amure de l'université de Bretagne-Occidentale (UBO)[70],[71];
Il existe à Saint-Pierre, lecentre hospitalier François-Dunan qui compte 59 lits et un service d'urgence[75]. Il emploie environ 380 personnes dont une vingtaine de personnels médicaux[76]. Plusieurs spécialistes y viennent en mission au cours de l'année. La Caisse de prévoyance locale a contribué à la mise sur pied, en 2007, d'un centre de santé distinct de l'hôpital. À Miquelon, se trouve un poste médical doté d'un médecin.
Une des caractéristiques du système de santé dans l'archipel est son coût élevé, partiellement compensé par le budget national. Ce coût provient notamment des évacuations sanitaires pour les malades réclamant des soins ne pouvant être prodigués sur place. Au nombre de 844 en 2016 (730 en 2015)[77], elles ont eu lieu à 82 % vers le Canada (principalement vers l'hôpital deSaint-Jean de Terre-Neuve avec lequel il existe une convention tripartite avec le centre de santé de Saint-Pierre et la caisse de prévoyance sociale[77]) et à 18 % vers la métropole.
Le produit intérieur brut de Saint-Pierre-et-Miquelon, établi pour la première fois selon les indicateurs de 2004, a été évalué à 26 073 euros/habitant[78]. Mais ce niveau élevé, proche des normes de la métropole française, doit être regardé avec prudence car il est fondé essentiellement sur le pouvoir d'achat. Or celui-ci est favorisé du fait que près du tiers des actifs sont rémunérés sur fonds publics avec une indexation de l'ordre de 40 à 60 %. À cela vient s'ajouter la faiblesse du cours du dollar par rapport à l'euro, ce qui favorise ce pouvoir d'achat mais pénalise certains secteurs comme le marché du poisson (exportation) ou encore le tourisme.
La pêche à lamorue (aussi appelée cabillaud) et le soutien aux navires de pêche européens et asiatiques a été l'activité traditionnelle et principale de l'archipel situé non loin desGrands Bancs de Terre-Neuve où la morue était abondante. À partir des années 1950, elle avait acquis un caractère industriel avec des chalutiers modernes très performants. Mais à la suite de la décision dutribunal arbitral de New York, en 1992, délimitant lazone économique exclusive française autour de l'archipel et dumoratoire canadien sur la pêche de cette espèce survenu peu après, à la suite d'une baisse importante de la ressource, ce fut l'effondrement vers une activité très réduite.
En complément se développa une pêche artisanale sur de petites unités qui, en plus d'un maigre quota de morue, s'est tournée vers lecrabe des neiges, leconcombre de mer, lelompe, lehomard… Ainsi, la balance import/export, qui aux meilleures années avoisinait les 50 % grâce aux exportations de poisson, est tombée aux alentours de 10 % soulignant la grande faiblesse de l'économie locale. L'ensemble du secteur ne survit que grâce à un solide soutien financier de l'État et de la Collectivité territoriale.
Le 29 janvier 1962, le chalutierRavenel se perd corps et biens avec les 15 marins de son équipage. Le drame s'est déroulé au large des côtes deTerre-Neuve à la suite d'une fortune de mer qui n'est toujours pas expliquée à ce jour.
Le 30 octobre 1962, le chalutierGalantry coule sur les bancs de Terre-Neuve. En virant son chalut, le panneau divergeant frappe violemment la coque qu'il crève, créant une voie d'eau faisant couler le bateau de pêche.L'équipage est sauvé par un chalutier canadien.
En mai 2025, lors de la mission scientifique SEAMAP menée par leCNRS à travers les laboratoires MARBEC de l'université de Montpellier,LEMAR de l'université de Bretagne-Occidentale et la start-up lorientaise Seaber, une épave de dimension correspondante auRavenel est détectée au sud-est de l'île Saint-Pierre[81]. Une autre mission est prévue pour confirmer l'identification. L'ancien capitaine de pêche Karl Beaupertuis, qui transportait alors les chercheurs, et Laurent Chauvaud, directeur de recherches au CNRS, décrivent une épave posée sur un fond de sable au sud-est de l’archipel, « en parfait état de conservation, qui n’a été ni harponné ni touché par un caillou »[82],[83],[84].
LeCanada refuse toute extension des eaux territoriales des îles Saint-Pierre-et-Miquelon au détriment de sa propre zone économique identifiée au sud deTerre-Neuve. Ottawa s'en tient à la délimitation frontalière maritime telle qu'elle résulte de la sentence du tribunal arbitral de New York. Cependant, cette décision n'a jamais été acceptée ni par la France, ni par le Canada qui pourtant s'y réfère, et encore bien moins par les élus de Saint-Pierre-et-Miquelon. La question de la pêche qui pose des problèmes entre le Canada et la France, en pose également entre lesprovinces maritimes canadiennes elles-mêmes et leursautorités fédérales. Toutefois, cette question n'a plus la même acuité qu'avant 1990 en raison de la diminution de la ressource halieutique et du moratoire global imposé par Ottawa dans l'intégralité de sa zone, depuis cette époque, avec pour conséquence l'effondrement de la pêche industrielle dans toutes les provinces atlantiques canadiennes et à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Les élus de Saint-Pierre-et-Miquelon sont à l'origine du « Collectif pour le plateau continental » qui a vu le jour en mars 2009 et dont l'objectif est d'abord d'inciter Paris à déposer une lettre d'intention auprès de la Commission des limites de l'ONU, avant la date du, dans le but d'obtenir une extension des droits de l'archipel en la matière. Le Canada a suscité une ébauche d'étude juridique argumentant contre une possible extension du plateau continental pour cet archipel français[87]. La ministre de l'Intérieur,Michèle Alliot-Marie, annonce le la rédaction d'une lettre d'intention demandant à l'ONU l'extension des zones de pêche de l'archipel[88]. La France a déposé le auprès des Nations unies un dossier préalable de demande d'extension du plateau continental français au large de Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que de laPolynésie française et deWallis-et-Futuna[89]. Cette affaire est au point mort[90].
Le climat rigoureux jusqu'au printemps réduit la saison propice à l'agriculture à trois mois environ. L'absence de surfaces et de sols fertiles — trop tourbeux et argileux — propres à la culture des céréales constitue un handicap supplémentaire. Depuis le début des années 1990, diverses opérations de développement ont été menées avec notamment la culture sous serres, chaudes et froides, de produits maraîchers : laitues et fraises principalement. La production animale consiste surtout en poulets de chair, d'œufs, de canards et de viande d'agneau. L'ensemble du secteur bénéficie de l'aide de la métropole (régies agricoles des services de laDirection de l'agriculture et de la forêt) et des dispositions du code local des investissements, mais il ne peut répondre qu'à une faible part de la demande des consommateurs.
Employant environ 10 % de la population active estimée à 3 200 personnes, le bâtiment est un secteur économique essentiel. Soumis à une saisonnalité climatique, il se déploie surtout d'avril-mai à fin novembre. Caractérisé par une prédominance de la maison individuelle, il garde un profil artisanal de qualité. La problématique du logement à Saint-Pierre-et-Miquelon est très différente de celle qui se retrouve dans les autres collectivités d'outre-mer. L'insalubrité et le manque de confort n'existent pratiquement pas, ni les bidonvilles. Au recensement de 1999, étaient dénombrés 2 415 résidences principales,428 résidences secondaires,15 logements occasionnels et78 logements vacants. En 2006, les chiffres sont de 2 517 résidences principales mais 173 logements vacants. En dépit du vieillissement de la population, le nombre de logements a progressé de 5,8 % à Saint-Pierre et de 7,3 % à Miquelon-Langlade[91].
Les travaux publics, effectués par quelques entreprises locales, sont largement dépendants de la commande publique, d'ailleurs assez soutenue par l'État, la Collectivité territoriale ou les deux municipalités.
Gisement d'emploi pour environ 15 % des actifs, c'est principalement uncommerce de distribution. Quelques grandes surfaces d'enseignes locales se sont développées depuis 1980. Parmi elles, les enseignes canadiennesHome Hardware,RONA etBMR (un magasin à Saint-Pierre, et un second à Miquelon), ou encore l'enseigne américaineNAPA Auto Parts[92],[93],[94],[95]. L'enseigne françaiseJouéClub dispose également d'un magasin à Saint-Pierre[96]. Le supermarché Marcel Dagort est franchiséSuper U depuis février 2021[97].
L'insularité, l'étroitesse du marché et l'éloignement contribuent à une gestion parfois délicate. La majorité des approvisionnements vient du continent nord-américain, notamment pour les matériaux de construction, le pétrole, l'alimentation en viande et produits maraîchers (plus de 45 % en provenance du Canada contre 26,8 % en provenance de France métropolitaine[98]). Il en va de même pour la moitié du parc automobile, important, et les gros engins de terrassement, de même que pour les très nombreux bateaux de plaisance. Toutes les importations, d'où qu'elles viennent (étranger ou France), sont soumises aux droits et taxes destinés au budget local.
Logo du Comité régional du tourisme Saint-Pierre-et-Miquelon.
La saison touristique se découpe en deux périodes :
en haute-saison, de mai à octobre, les infrastructures dédiées tournent à plein régime. Venant principalement par bateau, les visiteurs sont en majoritéCanadiens.Américains et Français font également le voyage dans ces îles françaises en Amérique du Nord ;
en basse-saison, de novembre à avril, le tourisme d’affaires est le plus représenté. Venus travailler sur des périodes plus ou moins longues, ces touristes en profitent aussi pour visiter et découvrir l’archipel. C’est aussi à cette période que les paquebots (seize en 2019[99]) viennent faire escale, permettant aux plaisanciers de parcourir les îles pendant quelques heures.
Les points d'intérêt touristique de Saint-Pierre-et-Miquelon sont une nature préservée (uniqueforêt boréale française) et accessible qui voit au gré des saisons l’arrivée et le départ de nombreuses espèces (macareux moines,pygargues à tête blanche etorques entre autres).
Les compagnies pétrolières nord-américaines qui exploitent les gisements sous-marins au large de la côte est du Canada ont montré leur intérêt pour la recherche d'hydrocarbures liquides ou gazeux dans le « tuyau » de la zone économique exclusive française au sud de l'archipel, dans le secteur le plus proche du bassin gazeux néo-écossais de l'île de Sable. Un forage d'exploration a eu lieu en 2001 et la prospection se poursuit.
Compte tenu des retombées économiques importantes de l'exploitation pétrolière offshore dont profitent Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, Saint-Pierre-et-Miquelon mesure l'impact bénéfique qu'il pourrait recevoir s'il arrivait, dans l'avenir, qu'un gisement intéressant soit découvert dans sa propre zone ou dans la « zone de cogestion » franco-canadienne envisagée par Paris et Ottawa au sud de Saint-Pierre dans ce qu'il est actuellement convenu d'appeler la « French baguette »[100].
L'expression théâtrale se manifeste sur les deux îles de manière affirmée de même que plusieurs groupes musicaux locaux. L'archipel compte cinq musées dont un à Miquelon et deux à l'île aux Marins. LeFrancoforum est un établissement dépendant de la Collectivité territoriale. Ouvert en 1992, il a pour mission d'enseigner la langue française auxCanadiens anglophones désireux d'y venir en stage. Il est accrédité auprès du gouvernement du Canada.
Lucien Fischer, né à Strasbourg, est un évêque catholique français, père spiritain, qui fut vicaire apostolique de Saint-Pierre-et-Miquelon de 2000 à 2009.
Le sport est très présent avec des associations nombreuses et deux structures institutionnelles : le Centre sportif et culturel à Saint-Pierre et la Maison des loisirs à Miquelon.
Les moyens de communication les plus modernes et diversifiés sont proposés à la population de l'archipel : Internet, téléphone fixe et mobile et réseau câblé de télévisionFTTLA. Les services Internet et mobile sont proposés par deux opérateurs,Globaltel[109], opérateur indépendant etSPM Telecom, filiale à 70 % d'Orange. Il est possible d'accéder à la TNT locale gratuitement (huit chaines) avec une télévision équipée d'une carte de chiffrement disponible localement.
Depuis 2017, l'opérateur Globaltel est autorisé à exploiter les bandes des 800 MHz et 1 800 MHz pour la délivrance d'un service4G LTE et4G+ (LTE-Advanced)[110], pour une commercialisation en 2021[111]. SPM Telecom (Orange) lui emboîte le pas en obtenant en 2020 l'autorisation d'exploiter les bandes des 800 MHz et 1 800 MHz pour proposer également un service de 4G LTE et 4G+ (LTE-Advanced)[110],[112]. Néanmoins, les deux tiers de la commune deSaint-Pierre étaient d'ores-et-déjà couverts depuis 2016 en 4G LTE sur les bandes des 700 MHz par l'opérateur canadienBell depuis des antenne-relais situées àTerre-Neuve[113].
Saint-Pierre-et-Miquelon a cinq stations de radio, toutes sur la bandeFM (les dernières stations en onde moyenne ont été converties en FM en 2004). Trois des stations se trouvent à Saint-Pierre et une à Miquelon.
Le fournisseur local de télécommunications (SPM Telecom) diffuse plusieurs stations de télévision nord-américaines sur son réseau de chaînes câblées, convertis de la norme nord-américaineNTSC auSECAM K1. En outre, Saint-Pierre-et-Miquelon1re est reprise par le satelliteShaw Direct et sur la plupart des services de câble numérique auCanada, converti en NTSC.
Eugène Nicole (né en 1942 à Saint-Pierre), écrivain, a consacré une grande partie de sa vie à un grand roman autobiographique dont l'Archipel est le cadre principal,L'Œuvre des mers (Éditions de l'Olivier, 2011).
↑En l'absence degentilé établi, on désigne les habitants du département par leurappartenance communale, ce qui correspond aussi aux îles principales de l'archipel.
↑Commission nationale de toponymie, conseil national de l'information géographique,Pays, territoires et villes du monde juillet 2021,, 34 p.(présentation en ligne,lire en ligne),p. 15.
↑Citation d'un texte écrit en français par un Basque :« Sçaches que le cap de Breton, & les Isles de S.Pierre gisent est ouest quart de noroest & suest, ya 45. lieues. […] Gisent cap de Breton & le pertuis de Micquetö est ouest, ya 42 l. […] Gisent le Colombeire de S.Pierre & le pertuis(4) deMicquelle nort norroest & su suest, ya 7. lie…es », sur le site : UneEncyclopédie de Saint-Pierre et Miquelon.
↑Martin de Hoyarçabal,Les Voyages avantureux du capitaine Martin de Hoyarsabal, habitant de Culiburu, Bordeaux, 1579 ; réimpression de 1633lire en ligne surGallica.
↑Toutes les occurrences sont données par Marc Albert Cormier,Toponymie ancienne et origine des noms Saint-Pierre, Miquelon et Langlade, Le Marin du Nord, Société canadienne pour la recherche nautique, volume VII, 1997, pages 29 et suivantes.Lire en ligne.
↑ÉloïseSt-Pierre, « L' économie des populations paléohistoriques de l’Anse à Henry à Saint-Pierre et Miquelon révélée par l’analyse fonctionnelle des outils en pierre taillée : un exemple de diversité des pratiques ancestrales autochtones »,Facteurs humains: revue en sciences humaines et sociales de l'Université Laval,vol. 1,no 1,,p. 18–36(ISSN2818-3991,DOI10.62920/t131k158,lire en ligne, consulté le).
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↑« Centre de Rénovation Marcel Dagort S.A.R.L. á 97500 NL O0O0O0 », surMagasin Centre de Rénovation Marcel Dagort S.A.R.L. situé au boul Francois Rene de Chateaubriand, B.P. 4203, , , 97500 NL O0O0O0. Trouvez un magasin Home Hardware près de chez vous(consulté le).
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