Saint-Pétersbourg (prononcé enfrançais :/sɛ̃.pe.tɛʁs.buʁ/[2] ; enrusse :Санкт-Петербу́рг,Sankt-Peterbourg[a],[sanktpʲɪtʲɪrˈburk][b]Écouterⓘ, surnomméePiter ouPétersbourg) est la deuxièmeville deRussie par sa population, avec 5 281 579 habitants en2021[3], après la capitaleMoscou. Saint-Pétersbourg change plusieurs fois d'appellation : elle est rebaptiséePétrograd (Петроград) de1914 à1924, puisLéningrad (Ленинград) de 1924 à1991, avant de retrouver son nom d'origine à la suite d'un référendum en 1991[4].
Saint-Pétersbourg est fondée en1703 par letsarPierre le Grand dans unerégion disputée depuis longtemps auroyaume de Suède. Par son urbanisme résolument moderne et son esthétique d'origine étrangère, la nouvelle ville devait permettre à la Russie d’« ouvrir une fenêtre sur l'Europe » et contribuer, selon le souhait du tsar, à hisser la Russie au rang des grandes puissances européennes. Le centre-ville, construit sur des directives des souverains russes, présente une architecture unique qui mélange des styles architecturaux (baroque,néo-classique) adaptés de manière originale par des architectes. Ses canaux et ses rivières bordés de palais lui valent le surnom de « Venise de la Baltique », tandis que ses colonnades ou son « ordonnancement de perspectives, de palais, de bâtiments, de parcs et d'avenues » celui de« Palmyre du Nord ».
La ville est un important centre culturel européen et abrite le port de la mer Baltique le plus important de Russie. Le centre historique de la ville, avec ses 2 300 palais, ses magnifiques bâtiments et ses châteaux, figure depuis 1991 sur la liste dupatrimoine mondial de l'UNESCO sous le terme collectif deCentre historique de Saint-Pétersbourg et ensembles monumentaux annexes. À cet égard, Saint-Pétersbourg n'est comparable au niveau mondial qu'àVenise. La ville abrite le plus haut gratte-ciel d'Europe, leLakhta Centre, qui mesure 462 mètres.
Contrairement à ce qui est souvent supposé, le nom donné à la ville parPierre le Grand se référerait moins à sa propre personne qu'à son saint patron, l'apôtrePierre[6]. La forteresse est brièvement appeléeSankt-Pieterburch, puis, comme la ville qui émerge un peu plus tard,Sankt Petersburg, dans la littérature, elle est aussi appeléePaterburg ouPetropol.
Après la mort deLénine en 1924, la ville est rebaptiséeLéningrad le. Cela se produit à la demande de la direction du parti de Petrograd de l'époque ainsi qu'à, selon leurs déclarations, la demande des travailleurs qui pleuraient la mort de Lénine.
Le changement de nom renouvelé de la ville est justifié par le Comité central duPCUS par le fait que larévolution d'Octobre dirigée par Lénine avait commencé ici. Sur le plan de la politique symbolique, il y avait des raisons plus profondes : Saint-Pétersbourg avait représenté la Russie tsariste et avait été la ville modèle de l'empire tsariste. Même alors, Saint-Pétersbourg était la deuxième plus grande ville du pays ; cela signifiait un grand prestige pour le nouvel homonyme. Le changement de nom en Léningrad symbolisait le changement du système social et politique dans une place importante et était perçu comme tel.
La poétesseAnna Akhmatova écrivait en 1963 dans sonpoème sans héros, apparemment adressé à son bon amiOssip Mandelstam, qui est victime des purges staliniennes : « Nous nous reverrons à Pétersbourg… ». Le prix Nobel de littératureJoseph Brodsky écrit en 1987 dansMemories of Leningrad :
« Leningrad, autant que je déteste ce nom pour la ville. […] Cette ville est définitivement considérée par la nation comme Leningrad ; avec la vulgarité croissante de ce qu'il comprend, il devient de plus en plus Léningrad. De plus, pour l'oreille russe, « Leningrad » sonne aussi neutre que « construction » ou « saucisse ». Et pourtant je préfère dire 'Piter', car je me souviens de cette ville à une époque où elle ne ressemblait pas à 'Leningrad'.»
La ville donne son nom au minéralleningradite, découvert sur la péninsule duKamtchatka, depuis 1988-1990.
Au cours del'effondrement de l'Union soviétique, un référendum en a conduit à une faible majorité en faveur du changement de nom en Saint-Pétersbourg. Le décret du met en œuvre cette volonté des électeurs. Dans le même temps, de nombreux ponts, rues, stations de métro et parcs sont à nouveau renommés. En relation avec des événements historiques, le nom « approprié » à l'événement est encore utilisé, par exemple « ville héros Léningrad » en mémoire de la guerre germano-soviétique de 1941 à 1945, appelée la « Grande Guerre patriotique » en Russie (Великая Отечественная война / Velikaïa Otetchestvennaïa voïna).
La zone administrative environnante (unité fédérale), l'oblast de Léningrad (en russeLeningradskaïa oblast) conserve l'ancien nom après une résolution duConseil régional.
Populairement, même après le changement de nom en Léningrad (et toujours utilisé aujourd'hui), l'abréviationPiter (russe Питер) a continué à être utilisée comme surnom pour la ville.
Son architecture lui vaut le surnom de la« Palmyre du Nord »[7],[8], et ses canaux celui de la « Venise de la Baltique »[9].
Du fait de sa faible élévation au-dessus du niveau de la mer, Saint-Pétersbourg est souvent victime d'inondations. En2003, les statistiques officielles décomptaient295 inondations depuis sa fondation, dont 44 depuis1980. Les inondations les plus sévères ont lieu en1824 (elle aurait fait, selon les statistiques, de 200 à 500 victimes) et en1924.
Saint-Pétersbourg compte de nos jours 42 îles. À l'origine, il y en avait un plus grand nombre, mais de nombreux canaux ont été comblés. Les plus grandes îles du delta de la Neva sont l'île Vassilievski, l'île Petrogradski, l'île Krestovski, l'île des Décembristes et l'île Elaguine. La plus grande île du golfe de Finlande estKotline (qui abrite la ville de Cronstadt). Environ 800 ponts ont été jetés sur les plans d'eau de la ville (sans compter les ponts sur les territoires des entreprises industrielles), dont 218 piétons et 22 ponts-levis.
Nuit blanche sur la place de l'insurrection (Восстания) le 28 juin 2006 à23 h (59,6° N).
Jusqu'auXIXe siècle, les eaux peu profondes dugolfe de Finlande arrivaient à recycler naturellement les effluents produits par la ville. D'ailleurs de nos jours, les eaux usées des5 millions d'habitants et des nombreuses industries ne représentent toujours que 2 % des eaux déversées par la Neva. Mais, au milieu duXIXe siècle, une première épidémie decholéra et detyphus éclata à cause de la mauvaise qualité des eaux. En1908, une épidémie detyphus fit 9 000 victimes. Le problème fut réglé en1910 par une modification du lieu de captage des eaux de la ville. Dans lesannées 1950 et1960, l'accroissement rapide de la population remit le sujet à l'ordre du jour. Circonstance aggravante, les eaux de la Neva étaient alors très polluées avant même de pénétrer dans la ville : issues du lac Ladoga, elles étaient à la fois dégradées par les nombreuses usines installées sur le pourtour de ce lac et par la qualité médiocre des eaux des rivières alimentant le lac. Une usine de traitement fut construite à l'époque, mais, de nos jours, 25 à 30 % des eaux usées ne sont toujours pas traitées. Legolfe de Finlande abrite essentiellement des espèces d'eau douce et quelques espèces d'eau saumâtre. L'écosystème local est fortement menacé par les activités humaines.
Pour protéger Léningrad des inondations, le gouvernement soviétique a lancé en 1978 la construction dubarrage de Saint-Pétersbourg, long de 25 km : celui-ci barre tout le fond du golfe à 20 km au large, à la hauteur de l'île deKotline sur laquelle est édifiéeKronstadt. Ces inondations ne sont pas liées aux périodes de hautes eaux de la Neva, mais à la pression exercée par les vents d'ouest sur les eaux du golfe qui empêchent les eaux du fleuve de s'écouler dans le golfe et qui, dans les cas extrêmes, les refoulent vers l'amont. Pour des raisons écologiques, la construction du barrage fut arrêtée à la fin desannées 1980 alors que la moitié nord était déjà achevée : on s'était rendu compte que le barrage perturbait fortement la circulation des eaux côtières et avait fortement fait baisser leur qualité en les rendant en partie stagnantes. On craignait à l'époque que tout le fond du golfe se transformât en marécage. La construction reprit en1990 avec l'aide technique des Néerlandais, spécialistes reconnus dans ce domaine, et l'appui financier de laBanque européenne d'investissement. Dans la mesure où les menaces pour l'environnement existent toujours, le barrage reste un sujet très controversé chez les habitants de Saint-Pétersbourg.
Saint-Pétersbourg ne doit pas son nom à son fondateur, letsarPierre le Grand, mais à l'apôtre Pierre. Toutefois, la ville a reçu quatorze désignations différentes à l'origine ; les plus fréquentes sont :Sankt Piter-Bourkh ouPiter-Bourkh (dérivé dunéerlandaisSint Pietersburg), mais aussiPetropol, voirePetropolis[14]. La forteresse, embryon de la ville, a porté brièvement le nom deSankt-Pieterburch, puis la ville a été renommée rapidementSankt-Peterbourg[c] (avec une forte consonance allemande).
Tout d'abord, le, un mois après l'entrée en guerre de la Russie dans leconflit européen, qui s'accompagne d'une poussée denationalismeslave et d'anti-germanisme, le nom de Saint-Pétersbourg, jugé trop allemand, est russifié enPetrograd (en cyrillique Петроградъ, littéralement : « la ville de Pierre »).
En1924, à la mort deLénine, la ville qui fut le théâtre de larévolution d'Octobre reçoit le nom du fondateur de l'URSS, devenant ainsiLéningrad (Ленинград) (littéralement : « la ville de Lénine »). D'un point de vue symbolique, des raisons plus profondes justifiaient ce changement : les appellationsSaint-Pétersbourg, puisPetrograd, étaient rattachées au régime tsariste et à son statut de capitale impériale ; il convenait donc pour les révolutionnaires de faire table rase du passé. Elle était également la deuxième ville de la Russie, ce qui concourait à rehausser le prestige du fondateur et dirigeant du partibolchevik.
Enfin, le, peu avant la disparition de l'URSS, le changement de nom est soumis à un référendum au cours duquel une majorité de 55 %[15] se prononce pour le retour à l’appellation d'origine,Saint-Pétersbourg. Le changement de nom devient effectif le.
Le territoire administratif régional a gardé après un référendum le nom d'oblast de Léningrad.
La fondation d'une nouvelle capitale fait partie de la série de réformes entreprises par le tsarPierre le Grand pour faire de la Russie un pays moderne et une puissance européenne. Lorsque Pierre le Grand arrive au pouvoir, la Russie est un pays sans universités, sans scientifiques ni techniciens, placé sous la coupe d'uneÉglise et d'une noblesse terrienne particulièrement conservatrices. Dépourvue de marine et défendue par une armée sans cadres professionnels ni armements modernes, la Russie n'arrive pas à s'imposer face à ses puissants voisins que sont la Suède et l'Empire ottoman. Hormis seséglises et leKremlin, Moscou est une ville de maisons en bois. De plus, Pierre le Grand n'apprécie pas Moscou pour ses traditions qu'il juge passéistes, notamment les « coins rouges », foyers religieux remplis d'icônes dans chaque maison moscovite, et certains de ses quartiers vétustes régulièrement victimes d'incendies.
La création de Saint-Pétersbourg va permettre à Pierre de disposer d'un véritable port en eaux libres qui lui permet de créer unemarine de guerre et de commercer facilement avec les autres pays d'Europe. Sa création doit lui permettre également de disposer d'une capitale moderne, semblable aux villes européennes qu'il a pu découvrir durant laGrande Ambassade. Il s'agit d’« ouvrir une fenêtre sur l'Europe »[16] source de progrès et de modernité, selon la formule attribuée au voyageur et écrivain italienFrancesco Algarotti (1736).
Les circonstances du choix de l'emplacement de Saint-Pétersbourg sont l'objet d'un mythe qui attribue à Pierre le Grand un rôle central. Selon cette légende, le tsar visionnaire aurait choisi au premier coup d'œil d'implanter sa future capitale dans une région de marécages dépourvue d'habitants située à l'embouchure de la Neva. L'illustration la plus connue de la« capitale sortie du néant » par la volonté créatrice d'un souverain inspiré se trouve dans le poèmeLe Cavalier de bronze d'Alexandre Pouchkine (1834).
En réalité, la région qui borde le cours inférieur de la Neva, l'Ingrie, était déjà peuplée par desFinno-Ougriens qui vivaient depuis leXe siècle essentiellement du travail de la terre. Au début duXIVe siècle, laSuède et larépublique de Novgorod se disputèrent le contrôle de cette région. Une colonie suédoise, sans doute située sur l'emplacement de la ville, fut détruite en1301. Finalement, les deux puissances se mirent d'accord pour faire de la région une zone tampon dans laquelle aucune fortification ne pourrait être construite. Au cours des siècles suivants, la région servit de lieu de débarquement pour les navires empruntant la Neva et peut-être également de place commerciale. Ce dernier rôle est attesté à compter de 1611, date à laquelle les Suédois, profitant de leur suprématie du moment sur la région, construisent laforteresse de Nyenschantz ainsi que la colonie voisine de Nyen, un peu plus tard. Toutes deux se trouvaient à l'emplacement actuel de Saint-Pétersbourg, sur la rive nord (c'est-à-dire droite) de la Neva. Il existe également des preuves que la Suède envisageait, auXVIIe siècle, la construction d'une ville d'une taille supérieure. Mais les Suédois subirent un revers cinglant au cours de laPremière Guerre russo-suédoise (1656) et la ville et la forteresse furent détruites par les troupes russes.
La construction du premier édifice par les Russes se situe en1703 après la conquête définitive de Nyenkans (Nyenschantz) par les troupes russes placées sous les ordres de Cheremetev durant lagrande guerre du Nord. Nyenschantz avait été préventivement évacuée et partiellement détruite par les Suédois[17]. La date officielle de la fondation de la ville est le ( dans lecalendrier grégorien) : ce jour-là, sur l'île des Lièvres (l'île Jänisaari enfinnois), la première pierre de laforteresse Pierre-et-Paul, du nom des saints patrons du tsar, est posée[18].
Pierre le Grand ne semble pas avoir projeté, dès le début, de faire de la forteresse le noyau d'une ville de plus grande taille eta fortiori de sa future capitale. La fonction de la forteresse Pierre-et-Paul était en premier lieu de reprendre le rôle de Nyenschantz, c'est-à-dire de protéger l'accès à l'embouchure de la Neva, mais cette fois au bénéfice des Russes. L'endroit était peu propice à la création d'une ville. Une grande partie des environs n'était pas cultivable. Le delta était fréquemment sujet à des inondations : celles-ci feront à plusieurs reprises de nombreuses victimes parmi les habitants de la ville.
En dépit de ce contexte défavorable, Pierre le Grand choisit finalement en1706 d'y construire sa nouvelle capitale, sans doute parce que l'emplacement de Saint-Pétersbourg en fait un bon port maritime le plus souvent libre des glaces et bien relié au réseau fluvial de la Russie. Les armoiries de la ville, qui représentent un sceptre, une ancre de marine et un grappin de péniche illustrent bien ces motivations. Le deuxième atout de cet emplacement est la proximité de l'Europe occidentale, que Pierre le Grand souhaite utiliser pour moderniser la Russie. Une fois ses intentions arrêtées, Pierre y consacre une grande partie des ressources de la Russie.
Les conditions de travail sont éprouvantes : on estime que des dizaines de milliers de travailleurs et de serfs trouvent la mort, victimes de la fièvre des marais (marais de l'Ingrie), duscorbut, de ladysenterie ou tout simplement morts de faim ou d'épuisement. Une grande partie de la ville repose sur despilotis, mais les habitants ont coutume de dire que la ville est bâtie sur les squelettes de ses constructeurs. Au début, près de la moitié des ouvriers contraints à travailler réussissent à s'enfuir vers le nord-ouest. Les ouvriers qui sont rattrapés sont sévèrement punis[réf. nécessaire].
Les premières années, le chantier est menacé par un revers des armées russes face aux troupes suédoises qui ont pénétré profondément dans le pays : la défaite des Suédois à labataille de Poltava en1709[19] écarte finalement tout danger : la paix est signée en1721[20].
Eau-forte : Saint-Pétersbourg en 1753.
En1712, la Cour, les ambassades et le sénat sont transférés dans la nouvelle capitale. Pour peupler Saint-Pétersbourg, Pierre le Grand donne l'ordre aux principales familles nobles de Moscou de s'installer dans la nouvelle ville. Celles-ci sont contraintes d'emménager avec toute leur maisonnée dans des constructions dont l'apparence et les dimensions sont imposées et qui sont construites à leurs frais. Tous les habitants sont contraints de planter des arbres. Dès1714, 50 000 logements sont occupés ; Saint-Pétersbourg est la première ville de Russie à disposer d'une police municipale et d'un système decouvre-feu qui fonctionne. Le centre-ville est éclairé la nuit.
Pierre le Grand fait venir dès la fondation de la ville des artisans et ingénieurs de toute l'Europe, en particulier des Pays-Bas, pour faire de la ville un centre majeur des techniques et des sciences.
Après la mort de Pierre le Grand en1725[20], l'enthousiasme des souverains russes pour la « fenêtre sur l'Occident » retombe. En1728, d'après l'ordre de l'empereurPierreII, Moscou redevient la capitale. Mais en1730 il meurt et, avec l'arrivée au pouvoir d'Anne, Saint-Pétersbourg retrouve la priorité. Elle redevient la capitale de l'Empire. Les travaux menés par Anne ont laissé une profonde empreinte : elle fait construire le centre-ville du quartier de Pétrograd sur la rive gauche de la Neva, côté Amirauté et fait tracer les grandes avenues : les perspectivesNevski etVoznessenski et la rue Gorokhovaïa. Pourtant, elle préfère Moscou où elle réside le plus fréquemment.
Les impératricesÉlisabeth (1741-1761) et surtoutCatherineII renforcent la politique d'ouverture vers l'Europe occidentale et font venir à Saint-Pétersbourg des artistes et des architectes. Les prestigieux bâtiments qui ont forgé l'image de la ville sont construits sous le règne d'Élisabeth : elle fait ainsi édifier lepalais d'Hiver[21] et lemonastère Smolny[22]. Elle fait reconstruire lepalais Catherine, en ayant recours à l'architecte baroque d'origine italienneBartolomeo Rastrelli qui réalise plusieurs des grands bâtiments de la ville[21].
CatherineII a joué le rôle décisif dans le destin urbanistique de Saint-Pétersbourg : trouvant le style « Baroque Rastrelli » trop vieillot, elle le limoge et recrute de jeunes architectes et sculpteurs au stylenéo-classique commeJean-Baptiste Vallin de La Mothe,Étienne Maurice Falconet,Nicolas-François Gillet etAntonio Rinaldi[23]. C'est une représentante du siècle des Lumières, au moins jusqu'à la Révolution française, et Catherine fait fortement progresser la culture et l'art.CatherineII crée25 établissements académiques ainsi que l'institut Smolny, la première école publique russe pour les filles. Lastatue équestre de Pierre le Grand, monument emblématique de la ville, date également de son règne.
L'abolition du servage de 1861 parAlexandreII[24] fait affluer dans la ville un grand nombre de paysans qui ne peuvent se nourrir sur les terres qui leur ont été attribuées. La population (en particulier ouvrière) augmente très rapidement en quelques années.
Les écrivains et les intellectuels se réunissent dans des cercles littéraires et publient des dictionnaires et des revues. Parmi les principales revues, l’Étoile polaire de Ryleïev et Bestouchev etLe Contemporain d'Alexandre Pouchkine.
Le, l'armée mitraille la foule assemblée devant le Palais d'hiver (reconstitution). Appelé « Dimanche rouge », l'événement lance la révolution de 1905.
Celle-ci est le théâtre d’un grand nombre d’attentats contre des représentants de l'empereur et de l’administration russes, le plus connu étant l'assassinat d'AlexandreII en. Port et ville industrielle importante[26], sa population ouvrière est nombreuse et sensible aux idées socialistes dès la fin duXIXe siècle.
Des partis et associations révolutionnaires sont créés à Saint-Pétersbourg et réprimés de manière sanglante par la police. Le, lepont égyptiens'effondre lors du passage d'un escadron de cavalerie. Larévolution de 1905 se déclenche à Saint-Pétersbourg durant l’épisode duDimanche rouge[27]. À la suite de cette révolution, la deuxième douma de l’histoire de Russie est convoquée dans la ville. Larévolution de février 1917 a également lieu pour l’essentiel à Saint-Pétersbourg. Le signal de départ de larévolution d’Octobre, la même année, est un coup de canon tiré par le croiseurAurore ancré dans le port de Pétrograd.Lénine transfère la capitale à Moscou peu après.
Lénine et Trotski au milieu des soldats de l'Armée rouge ayant combattu à Kronstadt, le 22 mars 1921 à Moscou.
La population de la ville qui avait atteint plus de2 millions d'habitants avant la révolution est divisée par trois : l'émigration (et l'élimination) de la noblesse, d'une grande partie de l'intelligentsia ainsi que des classes moyenne et aisée libèrent des milliers d'appartements au cœur de la ville qui sont rapidement transformés en appartements communautaires par les familles ouvrières venues de la périphérie. La famine due à laguerre civile (1917-1923) chasse les habitants. La perte du statut de capitale entraîne le transfert de beaucoup d'emplois vers Moscou.
Après la mort de Lénine en 1924, la ville est rebaptisée Léningrad. Le centre du pouvoir soviétique se déplace à Moscou.Staline écarte les dirigeants du parti communiste de Léningrad qui exercent encore une influence sur la direction de l’État soviétique : en décembre1934, le responsable du parti à Léningrad,Sergueï Kirov, estassassiné à l'Institut Smolny[29]. L'assassinat sert de prétexte au déclenchement d'une féroce répression dans la région de Léningrad d'abord, puis dans toute l'URSS (Grandes Purges), qui va décimer l'élite historique du parti et la population soviétique et permettre à Staline d'asseoir sa dictature : l’ancien président du soviet de LéningradGrigori Zinoviev est, avecLev Kamenev, l'une des victimes les plus connues.
L’opposition entre Moscou et Léningrad se manifeste également à cette époque à travers la stratégie de développement de la ville. Le nouveau plan d’urbanisme de Léningrad prévoit de déplacer le centre de la ville autour de la nouvelleplace de Moscou et de laperspective Moskovski, au sud des quartiers historiques. La forme et les noms choisis sont destinés à nier le rôle historique de la ville et à la faire rentrer dans le rang des villes soviétiques. Le centre-ville hérité de l'ancien régime est laissé à l'abandon, les monuments religieux sont fermés ou reconvertis, et de nombreuses appellations sont modifiées (laperspective Nevski devient l'« avenue du »).
Lacampagne de collectivisation des terres (1929-1933) entraîne l'arrivée de centaines de milliers de paysans qui se font embaucher dans les usines locales. La population remonte à près de3 millions d'habitants à la veille de laSeconde Guerre mondiale.
Tania Savitcheva,12 ans, a noté les décès des membres de sa famille. Sa dernière note dit :« Tous morts, je suis toute seule. ».L'avenue de Moscou en décembre 1941.
Au cours de laSeconde Guerre mondiale, la prise de Léningrad fait partie des objectifs stratégiques assignés par Hitler aux armées allemandes. L'avance des troupes en territoire russe leur permet d'encercler presque complètement Léningrad à compter du[30] avec l'aide des troupes finlandaises, qui sont revenues sur leur ancienne frontière enCarélie. Les Allemands renoncent à prendre d'assaut la ville, bien défendue par des lignes de tranchées et des obstacles antichars préparés dès et par des troupes placées sous le commandement deJoukov. Les Allemands décident de mettre le siège en coupant toutes les lignes d'approvisionnement en vivres et munitions en espérant ainsi affamer les trois millions d'habitants et les défenseurs. Le siège dure900 jours[30], mais la ville résiste jusqu'à son dégagement par les troupes russes en1944. Les pertes sont colossales : 500 000 victimes militaires, mais surtout1,2 million de civils, morts de faim pour la plupart. Durant le siège, 150 000 obus d'artillerie et 100 000 bombes aériennes tombent sur la ville. Les objectifs visés sont les grandes entreprises, mais également les principaux monuments de la ville, les écoles, les dépôts detramway ainsi que les quartiers résidentiels pour tenter de démoraliser la population. L'unique lien avec l'extérieur est assuré par la voie aérienne (mais les Allemands ont la maîtrise des airs) et par le sud dulac Ladoga dont les Soviétiques conservent la maîtrise. Sur ce dernier, durant l'hiver1941, une route est tracée (enrusse :Дорога жизни laroute de la vie) et une voie de chemin de fer est posée, mais une partie du parcours est sous le feu de l'artillerie allemande : sur trois camions tentant de forcer le blocus, un seul parvient en moyenne à Léningrad. Plus d'un million de personnes sont évacuées par ce chemin, pour la plupart des enfants. La première année, la famine est terrible et fait près de 500 000 victimes. Les autorités de la ville sont mal préparées au siège et l'évacuation comme le ravitaillement sont désorganisés. Les attaques aériennes anéantissent une partie du stock de nourriture. Dès, les rations tombent à400 grammes de pain par travailleur,200 grammes pour les enfants et les femmes. Cette ration est à nouveau réduite en novembre respectivement à200 grammes et125 grammes. L'hiver est particulièrement froid avec des températures de−40 °C et les habitants manquent de combustible pour se chauffer. En, la famine est à son comble. Les gens tombent et meurent dans la rue sans que personne n'intervienne. Les morts ne sont plus enterrés. Le nombre de victimes civiles culmine en avec près de 100 000 décès. Le blocus est total jusqu'à ce que l'opérationIskra desserre l'étau en : lestroupes soviétiques de Léningrad et celles dufront de Volkhovréussissent après des combats acharnés à ouvrir un corridor au sud dulac Ladoga, par lequel peut passer le ravitaillement à partir du 1943. En, une offensive soviétique sur lefront sud permet de lever le blocus : une route terrestre est enfin ouverte. Durant l'été 1944, les troupes finlandaises sont à leur tour repoussées.
Léningrad se retrouve après la Seconde Guerre mondiale dans une situation paradoxale. D'un côté, la ville devient le symbole de la résistance soviétique aux envahisseurs et des souffrances endurées par le pays, d'un autre côté, cette période est marquée jusqu'auxannées 1950 et au-delà par les luttes de pouvoir entre les fonctionnaires de Moscou et de Léningrad. La reconstruction de la ville est une question de prestige pour l'Union soviétique. Aussi en très peu de temps, un million d'ouvriers se mettent à reconstruire la ville avec la volonté de restaurer les édifices les plus prestigieux. En1945, Léningrad se voit décerner le titre de « ville héroïque ».
Après-guerre, de nouveaux quartiers sont édifiés : le volume de logements construits culmine en1963. Par contre, le250e anniversaire de la ville en1953 est repoussé car à cette époque, la lutte de pouvoir avec Moscou est toujours en cours et une célébration de ce type aurait pu être mal interprétée. Par ailleurs, la mort récente deStaline s'accommodait mal d'une fête. La célébration a finalement lieu en1957 sousNikita Khrouchtchev sans mentionner qu'il s'agit en fait du254e anniversaire.
Au cours des années suivantes, la ville conserve son rôle de grande ville industrielle et de centre scientifique majeur de l'Union soviétique. Mais il est clair à cette époque que le centre politique et culturel se trouve désormais à Moscou. La population avait été marquée par les événements de la guerre et une grande partie de ses habitants s'y étaient installés après-guerre, aussi leur attachement à Léningrad était de plus en plus faible.
En1988, un incendie à l'Académie des sciences détruisit près d'un million d'ouvrages stockés dans la bibliothèque. En1989, le centre-ville est déclaré zone protégée.
L'ancienimmeuble de la compagnie Singer, actuellement « Maison du livre », la plus grande librairie de la ville, le long de laperspective Nevski.Image de laperspective Nevski, Saint-PétersbourgLa perspective Nevski de nuit.Le bâtiment de l'Amirauté à Saint-Pétersbourg
Le12 juin 1991, les habitants de la ville se sont prononcés parréférendum pour que la ville retrouve son nom originel ce qui devient effectif le6 septembre 1991. Toutefois, la région a gardé son nom soviétique (l'oblast de Léningrad).
Durant la tentative de putsch contre le présidentBoris Eltsine enoctobre 1993, le maire de Saint-PétersbourgAnatoli Sobtchak rassemble les partisans de la démocratie pour manifester devant le palais d'Hiver contre les putschistes.
En 1991, la superficie de la ville de Saint-Pétersbourg augmente considérablement par intégration des villes satellites deKolpino,Krasnoïe Selo,Pouchkine,Lomonossov,Pavlovsk,Kronstadt,Peterhof,Sestroretsk etZelenogorsk. Ces villes sont désormais considérées comme des quartiers de Saint-Pétersbourg et ne font plus partie du territoire de l'oblast de Léningrad.
Le chef de l'exécutif est ungouverneur élu pour5 ans ausuffrage universel. Le corps législatif, la douma de la ville, est composé de40 membres qui sont également élus pour4 ans. Sur le plan protocolaire, le chef de la Douma est situé au même rang que le gouverneur.
En1996,Vladimir Yakovlev remplaceAnatoli Sobtchak. Il se présente comme un pragmatique sans attache idéologique. Sobtchak était au contraire un réformateur de la période post communiste, qui avait accumulé beaucoup de rancœurs contre lui du fait de ses positions libérales radicales. Il refuse à plusieurs reprises de licencierVladimir Poutine accusé de corruption, quand celui-ci fait partie de l'équipe municipale. Poutine organise sans succès la campagne électorale de Sobtchak en 1996.
Iakovlev ne se représente pas aux élections d'octobre 2003.
Le comité des mères des soldats de Saint-Pétersbourg s'est fait connaître pour son combat contre la guerre en Tchétchénie et contre la violence au sein des armées. Enjuillet 2006, le sommet annuel duG8 a eu lieu dans la ville, alors que la Russie détenait la présidence tournante.
Centre-ville près du pont des Chanteurs sur laMoïka.Le palais d'Hiver de nuit.Lequai des Anglais.Saint-Pétersbourg de jour.
Saint-Pétersbourg est la quatrième ville la plus peuplée d'Europe, la ville la plus peuplée sur la mer Baltique, ainsi que la ville la plus septentrionale du monde avec plus d'un million d'habitants. Selon le recensement deRosstat 2017, la population de Saint-Pétersbourg est de 5 281 579 habitants, soit environ 3,6% de la population totale de la Russie.
Depuis sa fondation, la ville connaît de grands contrastes sociaux. Depuis laperestroïka et la dissolution de l'Union soviétique, ceux-ci se sont encore renforcés. Les gens qui mendient ou vendent leurs dernières possessions, ne sont certes plus visibles dans le centre-ville depuis le jubilé de2003, mais font partie du paysage quotidien des quartiers périphériques. Environ 15 % de la population continue à vivre dans leskommunalkas, ces appartements communautaires dans lesquels plusieurs familles doivent partager un appartement comportant une seule cuisine et une seule salle de bains et ne disposent que d'une seule pièce en propre. Lorsque des nouveaux quartiers furent construits à la périphérie de Saint-Pétersbourg dans lesannées 1950-1980, près d’un demi-million de familles purent emménager dans des appartements neufs et environ 100 000 appartements en ville furent achetés par des familles appartenant à la classe moyenne. Bien que l’activité économique et sociale soit concentrée dans le centre historique, la partie la plus riche de la ville, la majorité de la population vit dans les quartiers périphériques.
L'emménagement à Saint-Pétersbourg n'est autorisé que si on dispose d'un logement et d'un travail ou si on épouse un habitant[réf. nécessaire]. Les organisations internationales du travail estiment qu'il y avait 16 000 enfants des rues en2000. La ville qui était autrefois connue pour son caractèremulticulturel est aujourd'hui dominée, selon les statistiques officielles, par les Russes « ethniques » qui représenteraient 89,1 % de la population. On compte par ailleurs 2,1 % deJuifs, 1,9 % d'Ukrainiens, 1,9 % de Biélorusses et de petits groupes de Tatars, Caucasiens, Ouzbeks, Caréliens et Finnois.
En dépit de l'athéisme prôné par le régime soviétique, on estimait en2004 que seulement 10 % de la population était athée. La majorité est deconfession orthodoxe russe, en se répartissant entre les courants réformateur et conservateur. Les bâtiments religieux appartiennent en grande majorité à l'État. Pierre le Grand avait interdit à Saint-Pétersbourg les tours à bulbe aussi n'existe-t-il dans toute la ville qu'un seul monument d'avant-guerre doté de tours de ce type : il s'agit de l'église de la Résurrection édifiée sur le lieu de l'assassinat d'AlexandreII. Les très nombreux édifices religieux construits ces dernières années dans les quartiers périphériques comportent des tours à bulbes. En1914, la communauté tatare de Crimée implantée sur la rive nord de la Neva fit construire lamosquée de Saint-Pétersbourg. À proximité du théâtre Mariinsky se trouve unesynagogue construite en 2003 dans un style oriental. C'est la troisième synagogue d'Europe par sa taille.
Perspective Nevski.Graphique : historique de la population de Saint-Pétersbourg.
Au cours duXXe siècle, la population de Saint-Pétersbourg connaît des fluctuations dramatiques. Celle-ci passe de 2,4 millions en1916 à moins de 740 000 en1920 à la suite de la révolution d’Octobre de1917 et de laguerre civile russe. Les ressortissants des principales minorités d’Allemands, Polonais, Finnois, Estoniens et Lituaniens sont pratiquement tous expulsés de Léningrad par le gouvernement soviétique dans lesannées 1930. Entre1918 et lesannées 1990, le gouvernement soviétique nationalise les appartements et oblige les habitants à vivre dans des appartements communautaires. Dans les années 1930, ce type de logement est le lot de près de 68 % des habitants de la ville, la plus forte proportion de toutes les villes russes. De1941 à1943, la population chute de3 millions à moins de 700 000 à la suite du décès de plus d’un million de ses habitants durant lesiège de Léningrad, le solde étant imputable aux évacuations. Après la fin du siège, la population revient à son niveau antérieur, mais ceux qui emménagent viennent majoritairement d’autres régions de l’Union soviétique. La ville absorbe près de3 millions de nouveaux habitants au cours desannées 1950 et sa population monte jusqu’à5 millions dans lesannées 1980. De1991 à2006, la population diminue pour arriver au nombre actuel de 4,6 millions et une proportion croissante de la population vit dans les quartiers périphériques.
Le taux de natalité de 13,6 pour mille en 2015 (contre 13,1 pour mille en 2014 et de 12,8 en 2013) est supérieur au taux de mortalité qui est de 11,9 pour mille (contre 11,7 pour mille en 2014 et de 12,0 en 2013) ; les personnes de plus de65 ans constituent plus de 15 % de la population et l’âge moyen est de plus de40 ans. Quant à l'espérance de vie, elle était de 69,83 ans pour les hommes en 2015 (contre de 78,83 ans pour les femmes), et de 74,42 ans pour l'ensemble de la population. Entre janvier et, il y eut 31 816 naissances (contre seulement 30 874 l'année précédente) et 29 963 décès (contre 31 074 décès l'année précédente). Cette nette reprise démographique illustre le mini baby-boom que connaît la ville depuis la crise économique de 2008-2009.
Recensements (*) ou estimations de la population[42],[41] :
Saint-Pétersbourg a été durant longtemps le siège du pouvoir impérial russe. Les empereurs y ont déployé le faste que leur permettait leur immense richesse dont on peut voir aujourd'hui de nombreux témoignages dans la ville. L'apparence majestueuse de Saint-Pétersbourg découle de la combinaison d'une grande variété de détails architecturaux : de longs boulevards rectilignes, des espaces majestueux, des parcs et des jardins, des grilles en métal forgé, des monuments et des sculptures décoratives. La Neva, les nombreux canaux et leurs quais habillés degranit, ainsi que les ponts contribuent à donner à la ville une apparence unique qui frappe le visiteur. Dans le cadre du tricentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg (2004), de nombreux bâtiments ont été restaurés. Saint-Pétersbourg est un centre culturel d’importance mondiale, souvent appelé la « capitale culturelle » de la Russie. La ville compte 8 464 sites du patrimoine culturel (monuments historiques et culturels), dont 4 213 sites du patrimoine culturel d'importance fédérale, soit près de 10 % de tous les monuments protégés par l'État de la fédération de Russie. La ville possède aujourd'hui 250 musées. 15 % des constructions de Saint-Pétersbourg — soit au total 2 400 immeubles — sont sous la protection de l'UNESCO en tant que témoignage de l'histoire de l'architecture mondiale. Dans ce domaine, Saint-Pétersbourg n'est dépassé que parVenise. Mais la ville a des difficultés à faire face au coût d'entretien des monuments historiques. À côté du nombre, il faut restaurer en profondeur de nombreux immeubles qui ont été fortement dégradés durant la période soviétique et combattre la dégradation des façades engendrée par la pollution industrielle et la circulation automobile intense du centre-ville.
Carte du centre-ville et des principaux monuments.
Saint-Pétersbourg s'étendait à l'origine sur plus d'une centaine d'îles créées par les bras de la Neva, ses affluents et les canaux artificiels. Les principales sont l'île de Petrograd sur la rive droite, occupée par des quartiers ouvriers et à laquelle s'adossent laforteresse Pierre-et-Paul et l'île Vassilievski, l'île la plus grande qui fait face au golfe et où se trouvent les principaux locaux de l'université de Saint-Pétersbourg. Au nord de ces deux îles, l'île de la Croix hébergeait le stade Kirov qui est maintenant en train d'être remplacé par un nouveau stade tandis que l'île Elaguine est un grand parc de loisirs. Les canaux qui formaient un damier dans l'île Vassilievski à l'imitation d'Amsterdam ont été comblés. Les canaux les plus connus sont situés sur la rive gauche. Il s'agit de trois canaux concentriques : laFontanka le plus large situé à l'extérieur, les canauxMoïka etGriboïedov plus sinueux. Quelque 342 ponts de style architectural varié permettent la circulation (pont égyptien,pont de la Banque et ses griffons,pont aux Lions,pont du Palais…). Chaque nuit, lorsque la Neva est navigable (d'avril à novembre), les tabliers de vingt-deux ponts situés sur la Neva et les principaux canaux sont levés pour laisser passer les navires qui entrent et sortent de lamer Baltique.
Laforteresse Pierre-et-Paul occupe une position dominante sur la rive droite de la Neva en face du palais d'Hiver au centre de la ville. Sur l'autre rive de la Neva, la pointe (strelka) de l'île Vassilievsky est occupée par le bâtiment de l'ancienne bourse (1805-1810) de style « renouveau grec » qui héberge aujourd'hui le musée de la marine russe. Un square occupe l'extrémité de l'île dans lequel se trouvent deux grandescolonnes rostrales colorées décorées avec des proues de navires de guerre et des statues. Ce lieu est souvent utilisé pour des événements culturels, dont leFestival des nuits blanches.
Laprison Kresty : l'immeuble Kresty (en forme de croix) est la plus grande prison d'Europe. L'administration veut le vendre pour une transformation en appartements (commeBoutyrskaïa àMoscou) ;
LeCavalier de bronze, statue équestre monumentale dePierreIer commandée parCatherineII de Russie au sculpteur françaisFalconet, constitue un des symboles de la ville qui a inspiré un poème célèbre dePouchkine.
La ville compte de nombreux édifices religieux qui dans le centre historique sont de style baroque ou néo-classique (hormis la cathédrale Saint-Sauveur) et sont dépourvus de bulbes si caractéristiques des édifices traditionnels russes.
Lacathédrale Pierre-et-Paul (1712-1732) située dans la forteresse éponyme noyau initial de la ville, est la première cathédrale en pierre de Saint-Pétersbourg. Sa flèche, qui culmine à132 mètres et au sommet de laquelle se tient un ange tenant une croix, est un des symboles de la ville. La plupart des tsars russes qui ont succédé à Pierre le Grand y sont enterrés ;
Lacathédrale Saint-Isaac, œuvre de l'architecte françaisAuguste Ricard de Montferrand avec la collaboration deVassili Stassov, domine la ville. Elle fut consacrée en 1858. C'est un très vaste édifice de style néo-classique somptueusement décoré à l'intérieur. Haute de101,5 mètres, elle est visible à des dizaines de kilomètres dans le delta plat du fleuveNeva ;
Lacathédrale Notre-Dame-de-Kazan (1801-1811) de André Voronikhine, inspirée de la basilique Saint-Pierre, est située sur la perspective Nevski et est dédiée à la victoire sur les armées de Napoléon ;
Lacathédrale Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé (1883-1907) est le seul édifice construit selon le style architectural traditionnel russe. Elle a été édifiée sur le lieu de l'assassinat d'AlexandreII. Elle est entièrement recouverte de mosaïques à l'intérieur ;
L'égliseSaint-Nicolas-des-Marins (1753-1762) est un bel exemple de l'art baroque importé d'Europe par le tsarPierreIer. Elle renferme dix icônes d'or offertes parCatherineII pour commémorer les dix plus belles victoires navales russes ;
Lecouvent Ioannovsky, plus grand monastère de la ville et seul monastère stavropégique de la région, construit en 1900 sur les rives de la rivièreKarpovka ;
On trouve de nombreuses églises néo-classiques, qui souvent dominent de vastes places telles que lacathédrale Saint-Vladimir (1769-1789), l'église Notre-Dame de Vladimir (1761-1783), la cathédrale de la Transfiguration (1827-1829) et lacathédrale de la Trinité (1828-1835, endommagée par le feu en 2006) ces deux dernières de l'architecte Vladimir Stassov ;
Lemonastère Alexandre-Nevski a été construit pour abriter les restes du héros russe Alexandre Nevski. Il comprend deux cathédrales et cinq églises de plus petite taille de styles variés. C'est aujourd'hui un des trois principaux centres de formation religieux de Russie et c'est là que réside le métropolite de Saint-Pétersbourg. On trouve non loin lecimetière Tikhvine qui abrite les tombes des artistes les plus célèbres de la ville (César Cui,Dostoïevski,Mikhaïl Glinka,Moussorgski,Rimski-Korsakov,Tchaïkovski) ;
LeJardin d'été est un jardin public « à la française » situé au cœur de la ville. Premier jardin de Saint-Pétersbourg, il est réalisé entre les années1704 et1719 sur un plan esquissé par le tsarPierre le Grand. Le parc est situé au bord de laNeva, qui le longe au nord. Il est par ailleurs entouré par lecanal des Cygnes à l'ouest, laFontanka à l'est et laMoïka au sud.
Le parc a été conçu parLe Blond,Zemtsov etMatveïev(ru). À l'époque, les jardins à la française sont à la mode : il est organisé en quadrilatères réguliers plantés d'arbres (initialement des arbustes et des parterres de fleurs) séparés par des allées. Des sculptures, que Pierre avait fait ramener d'Italie, représentent des personnages de la mythologie grecque et romaine. Des bals et des feux d'artifice y étaient organisés. Pierre le Grand y a fait édifier entre 1710 et 1714 sonpalais d’Été (Летний дворец), un bâtiment modeste dans lequel il venait se délasser. En 1763, les berges de la Neva sont aménagées et recouvertes degranit : lequai du Palais longe le jardin qui est alors clôturé entre 1777 et 1784 par une grille, chef-d'œuvre de fer forgé qui constitue désormais un des emblèmes de la ville.
Lepalais d’Été fut la première résidence estivale de Pierre le Grand à Saint-Pétersbourg à partir des années 1710. Cet édifice ne ressemble guère à ce qu’on appelle généralement un palais. Simple bâtiment en maçonnerie à étage, couronné d’un haut toit couvert au début en tuiles et par la suite en fer-blanc, il s’assimile à la plupart des maisons cossues de l’époque[43].
Saint-Pétersbourg est un centre culturel de premier plan. Destination touristique visitée chaque année par quelque trois millions de touristes étrangers, Saint-Pétersbourg propose notamment plus de 200 musées, tels que le célèbremusée de l'Ermitage, lemusée russe ou le musée d'art contemporainErarta.
Le Musée russe est un grand musée consacré aux beaux-arts russes. Les appartements de certains célèbres Pétersbourgeois, dont Alexandre Pouchkine, Fiodor Dostoïevski, Nikolaï Rimski-Korsakov, Fiodor Chaliapine, Alexander Blok, Vladimir Nabokov, Anna Akhmatova, Mikhail Zoshchenko, Joseph Brodsky, ainsi que certains ensembles de palais et de parcs de la banlieue sud et des monuments architecturaux remarquables tels que la cathédrale Saint-Isaac, ont également été transformés en musées publics.
LaKunstkamera, avec sa collection créée en 1714 par Pierre le Grand pour rassembler des curiosités du monde entier, est parfois considérée comme le premier musée de Russie, qui a évolué pour devenir l'actuel musée Pierre le Grand d'anthropologie et d'ethnographie. Lemusée russe d'Ethnographie, qui a été séparé du musée russe, est consacré aux cultures du peuple russe, de l'ex-Union soviétique et de l'empire russe.
Un certain nombre de musées donnent un aperçu de l'histoire soviétique de Saint-Pétersbourg, notamment le Musée du blocus, qui décrit le siège de Leningrad et le Musée d'histoire politique, qui explique de nombreuses caractéristiques autoritaires de l'URSS.
D'autres musées notables incluent leMusée Naval Central, leMusée zoologique, lemusée Fabergé, leMusée Stieglitz des arts décoratifs, le Musée des chemins de fer russe, leMusée Souvorov, le Musée du siège de Leningrad, leMusée Erarta d'art contemporain - plus grand musée non gouvernemental d'art contemporain en Russie -, le Musée d'histoire de Saint-Pétersbourg dans la forteresse Pierre et Paul et le musée de l'artillerie, qui comprend non seulement des articles d'artillerie, mais aussi une énorme collection d'autres équipements militaires, uniformes et décorations. Le musée de l'Institut de métrologie Mendeléev possède des témoins uniques du développement de lamétrologie : étalons historiques russes et étrangers, balances, instruments de mesure,autographes et photos d'archive, livres duXVIIIe au XXe siècle.
Le palais d'Hiver qui abrite une partie du musée.LeMusée russe.
Lemusée de l'Ermitage, qui expose 60 000 pièces dans près de 1 000 salles, est un des plus grands musées du monde. Il occupe un ensemble monumental de six bâtiments construits le long de la Neva auxXVIIIe et XIXe siècles. En1764,CatherineII commence à se constituer une collection privée de peintures en rachetant des milliers de tableaux dans toute l'Europe. Pour stocker ces tableaux, elle fait construire le Petit Ermitage puis le Vieil Ermitage. Les empereurs suivants ont poursuivi la politique d'agrandissement de la collection en la diversifiant à compter du début duXIXe siècle. En1852, une partie de la collection devient accessible au public. Le musée présente, à côté de nombreuses pièces de l’Antiquité, une collection d’œuvres d’art européen de la période classique qui compte parmi les plus belles au monde avec celles dumusée du Louvre et dumusée du Prado. Parmi les œuvres exposées figurent des peintures de maîtres néerlandais et français commeRembrandt,Rubens,Matisse etPaul Gauguin. On y trouve également deux œuvres deLéonard de Vinci ainsi que31 peintures dePablo Picasso. Les bâtiments abritant le musée de l’Ermitage constituent un des principaux ensembles du centre de Saint-Pétersbourg, qui est classé aupatrimoine mondial de l’UNESCO.
Saint-Pétersbourg, siège du pouvoir et foyer intellectuel de l'Empire russe durant deux siècles, a attiré les plus grands écrivains russes et leur a été une source d'inspiration majeure.
Le poèmeLe Cavalier de bronze dePouchkine (1833), qui vécut une partie de sa vie dans la ville et y mourut, est la première œuvre connue qui prend pour thème Saint-Pétersbourg :
« Oui, je t’aime, cité, création de Pierre, J’aime le morne aspect de ta vaste rivière, J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid, Et tes grilles d’airain et tes quais de granit, Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance, C’est de tes blanches nuits la douce transparence »
Le poème raconte l'histoire d'un employé, qui ayant perdu la raison à la suite d'une inondation de la Neva, dont a été victime sa fiancée, maudit le tsar qui a fondé la ville dans ce lieu inapproprié. À moitié fou, il croit que la statue de Pierre se réveille et qu'elle se lance à sa poursuite.
L'atmosphère fantastique de Saint-Pétersbourg, son irréalité, la folie de ses habitants sont des thèmes repris dans lesNouvelles de Pétersbourg deNicolas Gogol, qui passa plusieurs années malheureuses à Pétersbourg et écrit en1835 dansLa Perspective Nevski :« Ici tout est mensonge, tout est rêve, tout est différent de ce qu'il paraît. » Dostoïevski, qui a vécu une grande partie de sa vie d'adulte dans la ville, l'utilise comme toile de fond de plusieurs de ses œuvres :Les Pauvres Gens,Le Double,Les Nuits blanches,L'Idiot etCrime et Châtiment. Ses récits se déroulent aussi dans les quartiers populaires où vivent ouvriers et employés.
Les principaux écrivains duXXe siècle sontVladimir Nabokov,Andreï Biély (auteur du romansymbolistePétersbourg) etIevgueni Zamiatine ainsi que lafraternité Sérapion.Anna Akhmatova a joué un rôle majeur dans la poésie russe et a incarné la résistance des intellectuels de la ville à la dictature stalinienne : son recueilRequiem réunit des poèmes consacrés aux tragédies humaines durant la terreur stalinienne.Joseph Brodsky est un autre auteur pétersbourgeois important duXXe siècle,prix Nobel de littérature (1987) : bien que vivant aux États-Unis, ses écrits anglais traitent de la société de Saint-Pétersbourg d'un point de vue très particulier créé par sa double position de natif et d'étranger.
Sous l'Empire, Pouchkine et Dostoïevski avaient été poursuivis et condamnés par le pouvoir ; après larévolution d'Octobre, de nombreux auteurs originaires ou vivant à Petrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg à l'époque) furent persécutés par le régime, assassinés, contraints de changer de métier ou d'émigrer.
La ville possède plus de40 théâtres et salles de musique. Lethéâtre Mariinsky est une des salles d'opéra et de ballet les plus connues au monde. Il héberge leballet Kirov. Lethéâtre Alexandra (ou Alexandrinski) a été fondé par l'impératriceÉlisabethIre en1756. La troupe, de ce qui était le premier théâtre de Russie, était constituée à l'origine d'élèves de l'école des Cadets. Ce n'est qu'en1832, que le théâtre s'installa dans le bâtiment prestigieux construit par l'architecteCarlo Rossi.
De nombreux compositeurs ont vécu et travaillé dans la ville :Glinka,Moussorgski,Rimski-Korsakov,Tchaïkovski,Stravinsky etChostakovitch. Lasymphonieno 7 de Chostakovitch a une importance particulière pour la ville. Chostakovitch commence à l'écrire à Léningrad pendant le terriblesiège de 1941-1944 et la termine àKouïbychev, où il a été évacué. La première représentation eut lieu à Kouïbychev en, mais la symphonie fut également jouée à Léningrad le, alors que le siège se poursuivait, malgré les risques pris par les spectateurs et les musiciens. La représentation fut retransmise en direct par la radio dans tout le pays. Cette symphonie devient à l'époque le symbole de la résistance et de la culture russe.
L’apparition de l’industrie ducinéma coïncide avec la fin de la période de l'épanouissement culturel de la ville. Les premiers studios de cinéma,Lenfilm, ont été fondés à Saint-Pétersbourg en 1914 et restent depuis les années 1920 le plus grand studio de cinéma basé à Saint-Pétersbourg. Durant l’ère soviétique, pratiquement aucun film russe d’envergure internationale et aucune production étrangère ne furent tournés dans la ville. Depuis1990, parmi les films produits à Saint-Pétersbourg, on trouve essentiellement des adaptations de classiques de la littérature russe : une douzaine de films sont transposés d’Anna Karénine[44] ainsi que quelques adaptations deL'Idiot, le roman deDostoïevski (la première mise en scène russe remonte à 1910).
Quelques films retracent l’histoire de la ville. En dehors d’un grand nombre d'œuvres de propagande soviétique, il n’existe jusqu’à présent que peu d’œuvres : parmi celles-ci figurent le filmNous, les vivants (italien,1942) qui est une adaptation du livre deAyn Rand : ce récit de la révolution d’Octobre se veut une critique dufascisme italien. L’histoire de la fille du dernier tsar,Anastasia, a été portée à l’écran à de nombreuses reprises. Les versions les plus connues sont celle de1956 avecIngrid Bergman et lacomédie musicale deDon Bluth (1997, américain), ancien chef dessinateur deWalt Disney Pictures. Cette comédie musicale porte autant sur l’histoire de la ville que sur son opulence esthétique. Les seuls films sur Saint-Pétersbourg ayant eu une audience internationale sontL'Arche russe qui retrace l’histoire de la ville et qui a été tourné en un seulplan séquence à l’Ermitage ainsi que le filmLa Chute (qui retrace l'histoire des derniers jours d'Hitler) dont une partie fut tournée à Saint-Pétersbourg, car certaines parties du centre-ville historique présentent de grandes ressemblances avecBerlin. Le filmLes Poupées russes deCédric Klapisch — partiellement tourné à Saint-Pétersbourg en2005 — a connu un beau succès en France et au-delà.
La ville n’est que rarement le cadre de fictions qui ne soient pas des adaptations d’œuvres littéraires. Les fictions utilisent Saint-Pétersbourg pour l’arrière-plan impressionnant qu’elle fournit. Le film deJames BondGoldenEye (1995) montre une ville quasiment post-apocalyptique. Le film britanniqueMinuit à Saint-Pétersbourg(en) (1996) utilise à foison des scènes tournées au milieu des principaux monuments de Saint-Pétersbourg. Le filmOnegin (1999 avec entre autresLiv Tyler) dont le scénario s’inspire du poèmeEugène Onéguine de Pouchkine, délaisse le déroulement de l'histoire au profit de vues sur les monuments de Saint-Pétersbourg.La Maison Russie, un thriller d’espionnage avecSean Connery,Michelle Pfeiffer etKlaus Maria Brandauer donne de la ville une image romantique grâce à des prises de vue esthétisantes et une bande-son symphonique.
Dans lesannées 1980, à la suite de la disparition de la censure durant laperestroïka, un courant rock très vivant s’est développé à Léningrad. De nombreux groupes de rock se sont formés sous l’égide du club de rock de Léningrad. Les courants artistiques ont pu s’épanouir librement dans la ville contrairement à Moscou où les libertés étaient plus surveillées. Ces groupes et leurs interprètes continuent aujourd’hui à exercer une influence sur la scène musicale russe. Ce sont notammentAquarium deBoris Grebenchtchikov,Kino deViktor Tsoi,Alissa deKonstantin Kintchev,Zoopark avecMike Naoumenko ouDDT deIouri Chevtchouk (d’Oufa)[45].
La place du Palais.
Cette musique s’inspire de la musique occidentale, mais possède des tonalités typiques que peut percevoir une oreille russe. Les textes des morceaux sont proches des textes des compositeurs de l’Âge d’Argent, période d’épanouissement culturel desannées 1900-1910 à Moscou et Saint-Pétersbourg.
Au mois de juin (pendant deux à trois semaines) le soleil ne se couche quasiment pas : un festival international leFestival des nuits blanches est organisé durant ces « nuits blanches » qui coïncident avec la fin de l'année scolaire. Des représentations musicales et théâtrales exceptionnelles sont organisées, mais également des spectacles plus populaires auxquels assistent un grand nombre d'habitants : concerts de musique de variétés, feux d'artifice, joute navale, etc. C'est aussi à cette occasion que se produisent lesvoiles écarlates.
La première compétition sportive a été organisée en1703 parPierre le Grand, après la victoire de l'Empire sur la marine suédoise. Les jeux équestres ont été une longue tradition, populaire du temps des Tsars et de l'aristocratie, mais aussi pour les entraînements militaires.
Saint-Pétersbourg a abrité une partie du tournoi de football pendant les Jeux olympiques d'été de1980. Les jeux Goodwill1994 ont été également organisés dans la ville.
Lestade Petrovski est un complexe sportif qui peut accueillir 21 570 spectateurs.
Le club de football de la ville est leZénith Saint-Pétersbourg. Fondé en 1925, le club a gagné 1 fois le championnat soviétique (1984) et 10 fois le championnat russe (2007, 2010, 2012, 2015, 2019, 2020, 2021, 2022, 2023 et 2024) et a remporté 5 fois la Coupe de Russie en 1999, 2010, 2016, 2020 et 2024. Le Zénith a également remporté laCoupe UEFA 2007-08 et la Super Coupe UEFA 2008.
L'équipe de basket-ball de longue date de la ville est leSpartak Saint-Pétersbourg (anciennement Spartak Leningrad), qui connut son heure de gloire dans les années 1970. Depuis 2007 leZénith Saint-Pétersbourg est l'autre équipe de la ville, et celle qui connaît les meilleurs résultats.
En nautisme, la première compétition fut l'épreuve d'aviron de 1703 initiée par Pierre le Grand, après la victoire sur la flotte suédoise. Des événements deyachting ont été organisés par la marine russe depuis la fondation de la ville. Les clubs de yachting les plus prestigieux de la ville sont le St-Petersburg River Yacht Club et le Neva Yacht Club, ce dernier fondé en 1718 étant l'un des plus vieux yachts clubs du monde.
Pont Izmaïlovski.Perspective Nevski, centre financier majeur.Le port de Saint-Pétersbourg (2003).
Saint-Pétersbourg est un centre de communications et un site majeur de la recherche et de l'industrie russe. Comme dans une grande partie de la Russie, le tissu économique bénéficie depuis le début desannées 2000 de la prospérité financière qui découle de la hausse du prix des matières premières, mais le poids relatif de Saint-Pétersbourg dans l'économie russe et son rôle symbolique sont en constant déclin malgré la politique volontariste de l'équipe municipale de l'équipe du maireAnatoli Sobtchak (1991-1996) et l'appui des plus hauts dirigeants russes (Vladimir Poutine est un enfant de la ville). Saint-Pétersbourg a perdu son statut de deuxième capitale et tend à redevenir une simple capitale régionale[47].
Établissement du fabricant de turbines LMZ sur la Neva.
Le poids de l'industrie était traditionnellement important avec une part prépondérante liée au complexe militaro-industriel (plus de 70 % avant laperestroïka[49]). Saint-Pétersbourg compte des entreprises rattachées à pratiquement toutes les branches d'activité, laconstruction navale et le secteur des machines-outils étant particulièrement bien représentés. Tous lesbrise-glaces atomiques et la majorité des sous-marins sont construits à Saint-Pétersbourg. Les principaux secteurs industriels également bien représentés sont l'électronique (essentiellement pour l'aéronautique et l'aérospatiale), les nouveaux matériaux, la production d'énergie (LMZ est un des plus gros fabricants de turbines du monde), l'appareillage médical, les secteurs de la santé et de la médecine préventive ainsi que l'ingénierie écologique. L'industrie automobile étrangère, qui détient une part croissante du marché russe, a installé, dans près de la moitié des cas, ses usines de montage dans la région, à l'instar deGeneral Motors ou encoreScania pour l'assemblage, ou bienContinental AG pour lafabrication de pneumatiques. Saint-Pétersbourg, leDétroit russe, a été retenu surtout grâce aux pressions et incitations des dirigeants russes. Plusieurs multinationales étrangères se sont également installées commeWrigley,Gillette,Rothmans,SEB,Unilever,Japan Tobacco etCoca-Cola. Labrasserie Baltika, entreprise locale fondée à parts égales par ledanoisCarlsberg et l'écossaisScottish & Newcastle, a réalisé en 2005 près d'un milliard de chiffres d'affaires et est la plus grosse brasserie de Russie et la deuxième en taille d'Europe. La coentreprise créée en 1990 à Saint-Pétersbourg est rapidement devenue une entreprise importante pour la ville.Des mesures fiscales ont permis d'attirer le siège de plusieurs grandes entreprises russes, essentiellement celles comportant une forte participation de l'État, ont délocalisé leur siège, situé auparavant à Moscou, sur les bords de la Neva. Ainsi les taxes de la filiale pétrolière deGazprom « Gazprom Neft », labanque généralisteVnechtorgbank (VTB), l'armateurSovtorgflot, la firme d'oléoducs Transneftprodukt ou lacompagnie aérienneTransaéro devraient dans le futur alimenter le budget municipal.
Legravier, legrès, l'argile et latourbe sont extraits sur le territoire de la ville. En revanche, l'agriculture ne joue aucun rôle dans l'économie locale. À 80 km de Saint-Pétersbourg, dans la ville deSosnovy Bor, se trouve une grande centrale nucléaire qui produit 50 % de l'énergie électrique consommée dans la région.
Les infrastructures portuaires de Saint-Pétersbourg en font le premier port commercial de Russie et couvrent près de 25 % du transit marchand de la Russie.
Saint-Pétersbourg était le port principal de la flotte de l'Union soviétique et une grande partie des navires de combat et des sous-marins se trouvent encore aujourd'hui dans leport militaire de la ville. Le premier bateau à moteur à propulsiondiesel, le Vandal, construit en1903 àRybinsk, était basé à Saint-Pétersbourg. Avant laperestroïka, le complexe militaro-industriel représentait 80 % de l'économie de la ville.
Quelques entreprises connues dans le monde entier depuis la période soviétique sont originaires de Saint-Pétersbourg et y ont leur siège comme : l’éditeurProspekt Nauki, renommé pour ses publications scientifiques, le combinat optique, dont l'appareilLomo LC-A à la qualité optique médiocre est à l'origine d'un phénomène artistique original : lalomographie. Et le fleuron de l’industrie horlogère soviétique, l’usine de montres de Petrodvorets qui produit les fameuses montresRaketa.
Letourisme joue un rôle croissant dans l'économie de Saint-Pétersbourg. Selon l'UNESCO, la ville fait partie des 10 destinations préférées des vacanciers.
La ville est un des principaux nœuds de communications du pays. C'est le centre du réseau routier et ferroviaire régional et il dispose d'un port maritime vital pour la Russie (le delta de laNeva, au fond dugolfe de Finlande, offre une ouverture maritime à la Russie sur lamer Baltique). La ville, qui constitue le terminus de lavoie d'eau Volga-Baltique qui relie la Baltique avec lamer Noire, compte plusieurs ports fluviaux (dans le delta de la Neva).
Saint-Pétersbourg est une ville où le transport en commun est plutôt développé. Le développement de l'ensemble portuaire fait partie des priorités du pays depuis l'indépendance des pays baltes, dont les ports captent aujourd'hui une partie substantielle des flux de marchandises. À moyen terme, le réseau de métro doit être étendu d'une quarantaine de kilomètres et une ligne deRER passant par la gare de Saint-Pétersbourg doit être construite pour soulager le réseau de bus, tramway et métro.
La ville est desservie par un réseau demétro entièrement souterrain inauguré en1955. En raison de la nature marécageuse du terrain, il a été nécessaire de creuser le tunnel dans la couche degranite située à grande profondeur : c'est le métro le plus profond du monde[50] puisqu'il descend jusqu'à 90 mètres de profondeur. Il compte actuellement cinq lignes dont les 67 stations s'étendent sur 113,5 km de réseau (distance moyenne entre les stations 1 800 mètres) et transporte quotidiennement plus de 3,43 millions de passagers[51]. Les plus anciennes stations du réseau sont décorées de manière somptueuse (marbre, œuvres d'art, lustres), en particulier les stations Avtovo et Narvskaïa. Ces deux stations font partie la ligne Kirovsko-Vyborgskaïa (enrusse :Кировско-Выборгская) qui présente de nombreuses œuvres artistiques, dont des sculptures, des vitraux et des peintures murales. Ces deux stations sont classées dans les 100 plus impressionnantes stations de métro du monde.
La ville a cinq gares principales desservant diverses directions : les garesBaltique,Vitebsk,Ladoga(en),Moscou et deFinlande.Saint-Pétersbourg a des liaisons régulières avecHelsinki viaVyborg (du côté russe),Kouvola et Lahti (du côté finlandais) via le train rapideAllegro et Moscou, via le train rapide Sapssan en 4 heures ou moins ou différents trains de nuits (comme l'Express, le Baltique express, le Léon Tolstoy et la Flèche Rouge)[52].
Lagare de Vitebsk (Витебский Вокзал) est la plus vieille gare de Saint-Pétersbourg, son architecture est de styleArt nouveau (vitraux, boiseries dans certains salons) avec un ton jaune ocre et blanc. C'est de là que le premier train en provenance deMoscou arriva en. Lagare de Vitebsk a été restaurée (2001-2003) à l'occasion du tricentenaire de la création de Saint-Pétersbourg. Avant la Première Guerre mondiale, le Nord-Express allait directement de Saint-Pétersbourg jusqu'àParis. Saint-Pétersbourg possède un réseau ferroviaire régional (« Elektritschka ») s'étendant très loin ; de l'oblast de Léningrad, il dessert certaines villes de l'oblast de Novgorod, l'oblast de Pskov et larépublique de Carélie.
Saint-Pétersbourg est desservie par douze axes routiers importants. Les embouteillages sont courants dans la ville en raison des volumes quotidiens de trafic de banlieue, du trafic interurbain et de la neige excessive en hiver. La construction d'autoroutes telles que lepériphérique de Saint-Pétersbourg, achevé en 2011, et larocade express ouest, achevée en 2017, a permis de réduire le trafic dans la ville. L'autoroute Moscou-Saint-Pétersbourg (M11) est une autoroute fédérale achevée en 2019 qui relie Saint-Pétersbourg à Moscou. La déviation vers l'est permettant d'éviter la traversée de la ville a été ouverte au transport en, la rocade express ouest en. Saint-Pétersbourg est également un important corridor de transport reliant la Scandinavie à la Russie et à l'Europe de l'Est. Depuis le périphérique part diverses routes vers le nord avec l'A181 vers laFinlande, l'A121 versSortavala, versMourmansk avec laR21. Au sud, Moscou peut être reliée par la M11 et aussi par laM10. Au sud-ouest, la R23 se dirige versPskov et laBiélorussie, et à l'ouest l'A180 part vers l'Estonie.
Avec une surface de 164,6 km2, et un transit de 59,9 millions de tonnes de marchandises en 2019, le port de commerce de Saint-Pétersbourg est le deuxième du pays. Le commerce extérieur est un atout majeur de la ville[26] qui entretient des échanges avec d'autres villes d'Europe. Une ligne de ferry dessertKaliningrad. D’autres liaisons existent avecStockholm,Helsinki,Kiel,Rostock,Lübeck,Sassnitz et d’autres ports de la mer Baltique. Les principaux avant-ports de Saint-Pétersbourg se trouvent àOust-Louga etVyssotsk.
La ville est desservie par l'aéroport international de Poulkovo, situé à environ 15 km au sud du centre-ville. Après Moscou, il s'agit de la deuxième plate-forme aéroportuaire de Russie, avec 19,6 millions de passagers en2019[54]. Il comprend depuis 2013 deux terminaux interconnectés.
En 2016, Saint-Pétersbourg a été visité par 6,9 millions de touristes (le nombre de ressortissants étrangers qui sont arrivés à Saint-Pétersbourg à travers les points de passage du district fédéral du Nord-Ouest en 2016, est élevé à 2 847 200 personnes (principalement des touristes de Finlande, de l'Allemagne, des États-Unis, de la Suède et de la France[55]. La ville compte au moins 358 petits et grands hôtels (dont les fameux « Grand Hôtel Europe », « Astoria », « Saint-Pétersbourg Corinthia », « Baltic », « Poulkovo », « Saint-Pétersbourg », « Moscou », « Russie », « Octobre », « Azimut Hotel Sankt Petersburg » et d'autres) et en incluant les chambres d'hôtes cela peut en représenter 27 000 chambres. Avec l'introduction d'un nouveau port de mer à l'ouest de l'île Vassilievski et de l'abolition du régime des visas pour les visites à court terme de touristes, la ville est devenue l'un des centres du tourisme de croisière en Europe. Ainsi 457 000 croisiéristes ont visité la capitale du Nord en 2016[56].
En, Saint-Pétersbourg a reçu le prix prestigieux de la World Travel Awards du domaine de l'industrie du tourisme dans la catégorie « Destination chef de file en tant que ville culturelle mondiale » (World’s Leading Cultural City Destination) 2016 et dans les sources de langue russe elle a été baptisée « capitale touristique du monde »[57],[58],[59].
Toujours selon le site officiel gouvernemental de la ville[60], les touristes en 2015 y ayant séjourné une nuit représentaient 4 %, deux nuits 11 %, trois nuits 16 %, quatre nuits 22 %, cinq nuits 15 %, six nuits 7 %, sept nuits 9 % et plus de sept 16 % ; puis pour ce qui est des sommes dépensées par jour, 55 % du budget des touristes était de 0 à 100 euros, tandis que 32 % d'entre eux dépensaient de 100 à 250 euros, 9 % de 250 à 500 euros et 4 % de visiteurs aisés portaient à des débours de 500 euros et plus.
Dans la ville, 600 000 habitants se consacrent à l'enseignement et à la recherche, dont environ 340 000 étudiants. Plusieursprix Nobel ont été attribués à des personnalités vivant ou travaillant dans la ville : le dernier à être récompensé estJores Alferov,prix Nobel de physique en2000.
↑Les premières versions du temps du muet sont une version russe et une version française qui datent de1911, la première production occidentale tournée sur les lieux le fut en1997.