Saint-Divy se trouve au nord-ouest de Landerneau et à l'est de Brest : la commune est désormais proche de lavoie expressroute nationale 12 qui passe au nord du finage communal et de l'aéroport de Brest Bretagne. Mais Saint-Divy est longtemps resté isolé comme en témoigne cet extrait d'un texte publié en 1909 :
« Le moyen le plus facile de s'y rendre est de prendre à Brest le chemin de fer jusqu'à la station deLa Forêt et de faire ensuite à pied ou à bicyclette les cinq kilomètres qui séparent ce dernier village de celui de Saint-Divy. (...) Certains piétons s'enfoncent dans la vallée profonde d'un petit ruisseau voisin ; ils y trouvent de vrais chemins deBasse-Bretagne, montueux et malaisés, impraticables du reste en hiver ou par les mauvais temps, étroits, ravinés, resserrés entre de hauts talus plantés, dont les branches parfois se rejoignent de manière à former une voûte de feuillages impénétrables au soleil. La plupart des voyageurs préfèrent cependant la grande route départementale qui gravit en plein soleil la colline sur laquelle se trouve perché Saint-Divy[1]. »
Le centre du village, avec les grands arbres qui entourent l'église, a conservé un aspect rural en dépit de lapériurbanisation récente de la commune avec ses nombreux lotissements.
En 2010, le climat de la commune est de typeclimat océanique franc, selon une étude duCNRS s'appuyant sur une série de données couvrant lapériode 1971-2000[2]. En 2020,Météo-France publie une typologie desclimats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à unclimat océanique et est dans la région climatique Finistère nord, caractérisée par une pluviométrie élevée, des températures douces en hiver (6 °C), fraîches en été et des vents forts[3]. Parallèlement l'observatoire de l'environnement en Bretagne publie en 2020 un zonage climatique de la région Bretagne, s'appuyant sur des données de Météo-France de 2009. La commune est, selon ce zonage, dans la zone « Monts d'Arrée », avec des hivers froids, peu de chaleurs et de fortes pluies[4].
Au, Saint-Divy est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à7 niveaux définie par l'Insee en 2022[9].Elle appartient à l'unité urbaine de Saint-Thonan, une agglomération intra-départementale dont elle est une commune de labanlieue[10],[11]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Brest, dont elle est une commune de la couronne[Note 1],[11]. Cette aire, qui regroupe 68 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[12],[13].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de labase de donnéeseuropéenne d’occupationbiophysique des solsCorine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (79,5 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (86,2 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones agricoles hétérogènes (36 %),terres arables (29,2 %), prairies (14,3 %), zones urbanisées (9,6 %), forêts (7,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (3,7 %)[14]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : lacarte de Cassini (XVIIIe siècle), lacarte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le nom de la commune vient du nom deDavid de Ménevie, moinegallois, souvent confondu avecsaint Ivy, moine du monastère deLindisfarne enAngleterre. La localité est nomméeSainct Ivy (en 1531),Saint Divy (en 1560),eccl. Sancti Davidis (en 1637),Sainct Ivy (en 1651)[15].
Divy, fils deCeredig et desainte Nonne, serait né àDirinon. Lors de ses pérégrinations enArmorique, il aurait séjourné un temps près de Guipavas dans un lieu où, au Moyen Âge, se trouvait « un manoir fortifié nommé Lésivy, près duquel se réunissaient lesMontres de la région. Autour de ce manoir, se groupèrent peu à peu les maisons des paysans qui formèrent le bourg de Saint-Divy, trève de La Forêt[16] ».
Un sanctuaire druidique, dénommé localement lachapelle de saint Goueznou, se trouve dans un bois près de Pen-ar-Creac'h : il s'agit en fait d'un menhir de deux mètres de hauteur entouré d'une enceinte ; un autre menhir, portant une cannelure à chacun de ses angles, se trouve à proximité. Un tumulus a été identifié à Kerdalaun et des briques romaines trouvées à proximité[17].
L'ancienne RN 12 (RD 712 actuelle) entre Landerneau et Brest via Guipavas correspond au tracé de l'anciennevoie romaine venant du sud via Landerneau pour atteindreGesocribate (Brest) ; elle passait donc au sud de Saint-Divy[19].
La famillede Kerguiziau de Kervasdoué possédait, entre autres seigneuries, lechâteau de La Haye en Saint-Divy, qui fut aussi un temps possédé par la famille de Lézivy[20], dont la dernière trace remonte à 1508 (mariage de Jeanne de Lézivy, veuve de Pierre de La Lande, avec René de Kersauzon)[21].
Saint-Divy faisait partie de lachâtellenie de Landerneau[22].
En1759, une ordonnance deLouis XV ordonne à la paroisse de Saint-Divy de fournir 6 hommes et de payer 39livres pour « la dépense annuelle de lagarde-côte de Bretagne »[25].
Dans lecahier de doléances deSaint-Divy, trève de La Forest, qu'ils ont rédigé à la veille de laRévolution française, les paroissiens de Saint-Divy se plaignent des charrois militaires auxquels ils sont astreints et de l'attitude des soldats à leur égard : « Nos charrettes sont souvent brisées et nous-mêmes sommes souvent injuriés, même quelquefois maltraités »[26]. François Mouden était le seul député représentantSaint-Divy lors de la rédaction ducahier de doléances de lasénéchaussée deLesneven[27].
Le premier maire de Saint-Divy fut un prêtre originaire de la localité, François-Gabriel Causeur. Ayant signé la protestation du clergé de l'évêché de Léon contre laConstitution civile du clergé[28], il fut arrêté, en même temps que le prêtre desservant de la trève, l'abbé Gourmelon le malgré l'opposition des fidèles présents, car ils furent arrêtés après les vêpres ; ils furent emprisonnés au château de Brest. L'abbé Causeur survécut à la Révolution française et devint aumônier de l'hospice civil de Landerneau jusqu'à sa mort le à Saint-Divy.
« La Révolution, non contente de proscrire les prêtres, prétendait arracher les gars au pays pour en faire des soldats du "Diable". Puisqu'il fallait se battre, les gars se battraient contre le Diable. Et la conscription obligatoire créa chez nous laChouannerie. Le, le tocsin sonnait au clocher deBeuzit, il sonnait aussi aux clochers dePlounéventer, deSaint-Divy, etc. Celui qui sonnait ainsi l'appel aux armes était Jean Cloarec, de Gorré-Beuzit. (...) À peine le tocsin a-t-il sonné que de tous les fourrés voisins sortent d'autres gars, vieux et jeunes et, sous la conduite de Cloarec, c'est un véritable bataillon qui se dirige versPlabennec. Là ont lieu les opérations de tirage au sort. (...) Le bourg [de Plabennec] est bientôt envahi par une véritable armée de paysans. (...) Un détachement de gardes nationaux brestois arrive (...), la poudre crépite, les faulx s'abattent, le commandant Corbet est tué et nombre de ses soldats sont massacrés. Mais voici que le général Canclaux accourt à la tête de 1800 hommes de ligne, il a des canons. Les paysans luttent encore, mais [sont] écrasés bientôt par l'artillerie[29]. »
En 1799, la ligne dutélégraphe Chappe allant de Paris à Brest ouvre et un de ses relais, situé entre ceux deGuipavas et dePloudiry, se trouve à Saint-Divy, probablement du côté de Keravel.
Le calvaire de l'enclos paroissial de Saint-Divy en 1910.
Le passage de Napoléon III le à proximité de la commune, sur la route impériale allant de Brest à Landerneau, entre Saint-Divy et La Forêt-Landerneau (à "La Forêt-Saint-Divy") fut un évènement considérable pour la population locale: « À "La Forêt-Saint-Divy" [on avait édifié] un gracieux berceau de mousseline et de fleurs. Autour de ce champêtre monument, s'était groupée la population, ayant à sa tête le clergé en habit de chœur, le maire, lesmédaillés de Sainte-Hélène, les enfants des écoles avec leurs bannières ; et partout sur la route on remarquait que les cultivateurs avaient revêtus leurs habits du dimanche et chômaient ce jour solennel comme une des plus grandes fêtes de l'année[30] ».
Le, Cantinat,curé de Saint-Divy, fait partie des 31 prêtres dudiocèse de Quimper dont les traitements[31] sont retenus par décision du gouvernementCombes « tant qu'ils ne feront pas emploi de la langue française dans leurs instructions et l'enseignement ducatéchisme » car ils utilisaient lebreton[32]. Cette même année 1903, le curé de Saint-Divy écrit que les enfants sont « pour aujourd'hui dans l'impossibilité d'apprendre un autre catéchisme que le catéchisme breton »[33].
Des foires se tenaient à Saint-Divy apparemment tous les mois : le journalOuest-Éclair en annonce par exemple une le[34], une autre le, une autre le.
Pendant les premiers mois de 1914, un fait divers (l'assassinat peut-être le d'un ingénieur directeur de l'usine de blanchiment de coton de La Grande Palud en Landerneau dont le cadavre n'est découvert dans un bois proche que le) met en cause un veilleur de nuit de Saint-Divy qui avait travaillé dans la même usine; l'affaire fit grand bruit pendant plusieurs semaines, y compris dans les journaux parisiens[35]. Il en fut de même en 1929 pour l'assassinat d'une domestique dans la ferme de Ker-Afret[36].
Le service téléphonique ouvre en1925 seulement (la commune a opposé antérieurement plusieurs refus successifs entre 1909 et 1921) et l'électrification date de1937.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers lesrecensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[38]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[39].
En 2022, la commune comptait 1 602 habitants[Note 2], en évolution de +4,03 % par rapport à 2016 (Finistère : +2,16 %,France horsMayotte : +2,11 %).
En raison de la prolifération des lotissements, le parc immobilier s'est beaucoup agrandi, passant de 143 logements en 1968 à 485 en 2008 (+ 342 logements, soit + 239 % en 40 ans), presque exclusivement desrésidences principales, l'apogée étant entre 1975 et 1989 : 231 logements en 12 ans, presque uniquement des maisons individuelles[43].
AuXVIIIe siècle, comme dans tout le canton, à Saint-Divy on cultive et on travaille le lin, mais pas suffisamment pour que la régression de l'industrie toilière à la fin du siècle ait une répercussion sur la démographie.
Le site de Lanvian acheté par l'ex-CUB (Communauté Urbaine de Brest) devenueBrest Métropole Océane, en vue d'installation d'une raffinerie de pétrole à partir d'un terminal en rade de Brest est désormais l'objet d'un projet d'installation de centrale électrique au gaz[44] qui suscite localement des manifestations d'opposants.
Deuxcalvaires : l'un à l'entrée de l'enclos paroissial (1652) porte uneVierge de Pitié et, sur son soubassement, uneMarie-Madeleine enkersanton agenouillée et pleurant ; l'autre à l'intérieur du dit enclos était auparavant situé à Kerdalaës (transféré dans l'enclos paroissial en 1966).
Saint-Divy : le calvaire de l'enclos paroissial (1652) avec les statues de laVierge et desaint Jean sur lecroisillon.
Saint-Divy : le calvaire de l'entrée est de l'enclos paroissial (1652) et saVierge de Pitié.
Lafontaine de saint Divy : en pierre dekersanton, la fontaine a une forme en « L » et possède une statue de saint Divy en évêque. La fontaine a été déplacée de son emplacement originel.
D'autres croix et calvaires existent dans la commune : à Poulfranc, à Pen-ar-Forest, au Kef, etc.[47].
Lachapelle de La Haye ouchapelle Saint-Jean-Baptiste, ancienne chapelle seigneuriale, date de 1460 mais elle a été restaurée au début duXVIIIe siècle[49]. La chapelle abrite un tableau de laNativité.
Troisstèles de l'âge du fer, considérées comme despierres phalliques, censées rendre fertiles le corps des femmes qui venaient les toucher, sont entreposées à l'intérieur de l'enclos paroissial[50].
Lemonument aux morts de 1914-1918Monument aux morts de 1914-1918.
Lemal de Saint-Divy : en trempant dans l'eau de la fontaine de Saint-Divy la chemise des enfants qui naissent avec une barre bleue entre les yeux (le « mal de Saint-Divy »), on les sauve d'une mort prochaine. Si le linge surnage, le malade guérira ; s'il plonge, il mourra[51]. On peut aussi les mener àDirinon à la pierre oùsainte Nonne, mère de saint Divy, a laissé l'empreinte de ses genoux, afin de les sauver de la mort prématurée que ce signe annonce[52]. De manière plus générale, on prête à saint Divy le pouvoir de guérir des diverses maladies des yeux.
La tombe de Joseph Alexandre MarieCharles de Kerguiziau de Kervasdoué dans l'enclos paroissial de Saint-Divy.
Saint-Divy, malgré son isolement les siècles passés, a inspiré les poètes.Auguste Brizeux a consacré ce poème à saint Divy[53] :
« Seul bienheureux Divy, fils deSainte Nonne; Le Bon Peuple, jamais toi ne t'abandonne, Tu rayonnes encore, dans ta niche parée Sous ta chape d'argent et tamitre dorée Et voici qu'à cette heure, humble et doux immortel Un voyageur qui chante est devant ton autel. »
Lafamille Kerneis : cette famille d'agriculteurs habitant la ferme de Kerdalaun a fourni plusieurs maires à la commune[55] :
Guillaumme Kernéis, né en 1680 à Kerauzaos enSaint-Thonan, décédé le à Landerneau, fut le premier à s'installer à Kerdalaun, dont ne partie des terres lui fut apportée en dot par son épouse Catherine Le Roy, originaire de Kerkreac'h enPloudaniel ; ils eurent 4 enfants dont :
Christophe Kernéis, né en 1720 àKersaint, époux de Marie-Marguerite Morvan, de Kergaradec enGouesnou fut maire de Saint-Divy durant de nombreuses années. Il décéda en 1814, laissant 3 enfants dont :
Gabriel Kernéis, marié à Abhervé Guéguen, de Meannou, fit le commerce des étalons et le blanchissage de la toile. Il fut maire de Saint-Divy jusqu'à sa mort en 1851, et eut 8 enfants dont :
Alain Kernéis, marié avec Marie-Yvonne Kerouanton, de Trénéguer, fut aussi maire et eut 6 enfants dont :
Augustin Kernéis, né le, marié avec Marie-Yvonne Kermarrec, de Kerdalais enGuipavas eut 10 enfants dont :
Jean Kernéis, maire de Saint-Divy de 1920 à après 1937.
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑a etbDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale »,Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography,no 501,(DOI10.4000/cybergeo.23155,lire en ligne, consulté le)
↑Riou (instituteur à Saint-Divy, qui procéda à la fouille du tumulus), "Monuments et traditions des communes de Roscoff (section de Santec), de Saint-Divy, etc.", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1876, consultablehttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207555g/f56.image
↑Andrée Le Gall-Sanquer, Jean-Luc Richard, Marie-Louise Richard, "L'or bleu (An aour glaz) : le lin au pays de Landerneau-Daoulas", Association Dourdon, Cloître Imprimeurs, 2005, [(ISBN2-9505493-1-4)]