Sahourê (signifiant « Rê est protecteur », aussi connu en grec sous le nom deSephrês, Σϵϕρής) est le deuxièmesouverain de laVe dynastie sous l'Ancien Empire, qui régna pendant environ douze ans au début duXXVe siècle avant notre ère[1]. Sahourê est considéré comme l'un des rois les plus importants de l'Ancien Empire, son règne étant un point culminant d'un point de vue politique et culturel de laVe dynastie. Il était le fils de son prédécesseurOuserkaf et de la reineNéferhétepès, et fut à son tour remplacé par son filsNéferirkarê Kakaï.
Pendant le règne de Sahourê, l'Égypte avait d'importantes relations commerciales avec la côtelevantine. Sahourê a lancé plusieurs expéditions navales au Liban d'aujourd'hui pour se procurer du bois de cèdre, des hommes (peut-être des esclaves) et des objets exotiques. Il a également ordonné la première expédition attestée aupays de Pount, qui a rapporté de grandes quantités de myrrhe, de malachite et d'électrum. Sahourê célèbre le succès de cette entreprise dans un relief de son temple mortuaire qui le montre en train d'entretenir un arbre de myrrhe dans le jardin de son palais nommé « La splendeur de Sahourê s'élève au ciel ». Ce relief est le seul dans l'art égyptien à représenter un jardin royal. Sahourê envoya d'autres expéditions dans les mines de turquoise et de cuivre duSinaï. Il a peut-être aussi ordonné des campagnes militaires contre des chefs libyens dans ledésert occidental, ramenant du bétail en Égypte.
Sahourê s'est fait construire unepyramide àAbousir, abandonnant ainsi les nécropoles royales deSaqqarah et deGizeh, où ses prédécesseurs avaient construit leurs pyramides. Cette décision a peut-être été motivée par la présence dutemple solaire d'Ouserkaf àAbousir, le premier temple du genre de laVe dynastie. Lapyramide de Sahourê est beaucoup plus petite que les pyramides de laIVe dynastie mais la décoration de son temple mortuaire est plus élaborée. La chaussée et le temple mortuaire de son complexe pyramidal étaient autrefois ornés de plus de 10 000 m2 de beaux reliefs, ce qui les rendait célèbres dans l'Antiquité. Les architectes de l'ensemble pyramidal de Sahourê ont introduit l'utilisation de colonnes palmiformes (c'est-à-dire de colonnes dont le chapiteau a la forme de feuilles de palmier), qui allait bientôt devenir une marque de fabrique de l'architecture égyptienne ancienne. Sahourê est également connu pour avoir construit untemple solaire appelé « La Roselière de Rê », et bien qu'il ne soit pas encore localisé, il est probablement aussi àAbousir.
L'identité des parents de Sahourê a été mise en lumière récemment à la suite des découvertes réalisées àSaqqarah et àAbousir dans les temples funéraires royaux dont le sien propre :
ÀSaqqarah dans le temple funéraire de lapyramide d'Ouserkaf où le cartouche de Sahourê a été retrouvé confirmant que ce dernier avait achevé le complexe de son prédécesseur direct et supposant ainsi un lien de filiation direct[2] ;
Non loin de ce site, les fouilles du temple funéraire de lapyramide de Néferhétepès, l'épouse d'Ouserkaf, ont révélé que le monument avait subi des modifications substantielles de son plan peu de temps après son édification. L'ajout, notamment d'un vestibule à colonnes dont le style est identique à celui des colonnes du temple funéraire de Sahourê, apporte un second indice favorisant l'hypothèse de la filiation entre ces différents personnages royaux[2] ;
C'est àAbousir que la preuve définitive a été trouvée parmi les découvertes récentes duConseil suprême des Antiquités égyptiennes faites dans le temple funéraire de lapyramide de Sahourê. De nouveaux blocs décorés appartenant à la chaussée du temple, et ayant échappé aux fouilles du siècle dernier, ont été mis au jour révélant de nouveaux pans entiers du programme décoratif du monument déjà bien documenté par les travaux deLudwig Borchardt. Parmi ces scènes inédites figurent celles représentant la famille royale.Néferhétepès y est représentée portant le titre de « Mère royale »[3]. Cette découverte permet ainsi de compléter lepuzzle jusque-là supposé avec les trouvailles deSaqqarah[4].
Ainsi, il est aujourd'hui largement admis que les parents du roi Sahourê sont le roiOuserkaf et la reineNéferhétepès.
Sahourê est connu pour avoir été remplacé par le roiNéferirkarê[note 1], qui était considéré, jusqu'en 2005, comme son frère[5]. Cette année 2005, les égyptologuesMiroslav Verner et Tarek El-Awady[6] ont découvert un relief, celui cité juste au-dessus, et représentant Sahourê assis devant deux de ses fils,Ranéfer Khakar etNetjerirenrê[7]. À côté du nom deRanéfer Khakar, le texte « Néferirkarê Kakaï roi de Haute et Basse-Égypte » avait été ajouté, indiquant queRanéfer Khakar était le fils de Sahourê et a pris le trône sous le nom Néferirkarê Kakaï à la mort de son père[8]. CommeRanéfer Khakar etNetjerirenrê portent tous deux le titre de « Fils aîné du Roi »,Verner et El-Awady pensent qu'ils étaient peut-être jumeaux avecRanéfer Khakar né le premier. Ils proposent queNetjerirenrê se soit emparé du trône pour un bref règne sous le nom deChepseskarê, bien que cela reste conjectural[9].Netjerirenrê portait plusieurs titres religieux correspondant à des postes de haut rang dans la cour et qui suggèrent qu'il a pu agir comme un vizir pour son père. Cela fait cependant l'objet d'un débat, comme le souligneMichel Baud, à l'époque de Sahourê, l'expulsion des princes royaux du vizirat était en cours, sinon déjà achevée.
Trois autres fils, Khakarê[10], Horemsaf[11] et Nebânkhrê[12] sont représentés sur des reliefs du temple mortuaire de Sahourê, mais l'identité de leur mère est inconnue[13].
LeCanon royal de Turin, écrit sous laXIXe dynastie, lui attribue douze ans, cinq mois et douze jours de règne. Lapierre de Palerme, liste et annales dynastiques établies sous laVe dynastie, mentionne comme dernière année enregistrée dans les annales de la dynastie pour le règne du roi, l'an quatorze, neuf mois et six jours. Dans l'étude comparative de la pierre de Palerme et des fragments complémentaires du Caire, Georges Daressy parvient à une quinzième année de règne[14].Manéthon le nommeSecheres et lui donne treize années de règne[15].
La majorité des activités de Sahourê en Égypte enregistrées dans lapierre de Palerme sont de nature religieuse. Durant la cinquième année de son règne, la pierre mentionne la fabrication d'une péniche divine, peut-être àHéliopolis, la quantité exacte d'offrandes quotidiennes de pain et de bière àRê,Hathor,Nekhbet etOuadjet fixées par le roi[16] et le don de terres à divers temples[17],[18].
Sahourê a également réorganisé le culte de sa mèreNéferhétepès, dont le complexe mortuaire avait été construit parOuserkaf àSaqqarah[19]. Il a notamment ajouté à son temple un portique d'entrée à quatre colonnes, de sorte que l'entrée ne faisait plus face à la pyramide d'Ouserkaf[19],[20].
Les preuves archéologiques suggèrent que les autres activités de construction de Sahourê étaient concentrées àAbousir, où il a construit sa pyramide, et dans son voisinage immédiat qui abritait probablement sontemple solaire[21]. Ce temple, le deuxième de ce type réalisé sous laVe dynastie et encore à localiser, est connu pour avoir existé grâce à une inscription sur lapierre de Palerme où il est appeléSekhet Rê, ce qui signifie « La Roselière de Rê ». Quelques blocs de calcaire portant des reliefs qui ornaient autrefois le temple ont été retrouvés encastrés dans les murs de l'ensemble mortuaire deNiouserrê, le quatrième successeur de Sahourê. Cela suggère soit que ces blocs sont des restes de la construction du temple, soit queNiouserrê a utilisé le temple de Sahourê comme carrière pour les matériaux de construction car il était inachevé.
Le palais de Sahourê, appeléOutjes-néferou-Sahourê, « Louées soient les beautés de Sahourê »[note 2], est connu par une inscription sur des jarres de stockage découvertes en février 2011 dans le temple mortuaire deNéferefrê[23]. Au vu de l'intérêt particulier que laVe dynastie a eu pour ce site accessible depuis une retenue d'eau du fleuve qui formait un véritable lac, il est probable que le palais royal se situait à proximité, en contrebas du plateau rocheux sur lequel les mausolées royaux sont édifiés, dominant uneville de pyramide, cité toute consacrée au chantier du règne[24].
Le fragment d'une statue portant le nom du roi a été découvert en 2015, àEl Kab[note 3],[25]. Au sud de l'Égypte, une stèle portant le nom de Sahourê a été découverte dans les carrières de diorite situées dans le désert au nord-ouest d'Abou Simbel en Basse-Nubie. Encore plus au sud, le cartouche de Sahourê a été retrouvé dans un graffiti à Toumas et sur un sceau àBouhen à la deuxième cataracte duNil[26],[27],[28].
Les documents historiques et les artefacts qui subsistent suggèrent que les contacts avec les terres étrangères ont été nombreux pendant le règne de Sahourê. En outre, ces contacts semblent avoir été essentiellement de nature économique plutôt que militaire. Les reliefs de son complexe pyramidal montrent qu'il possédait une marine composée de bateaux de cent coudées de long (environ cinquante mètres), dont certains reviennent duLiban chargés de troncs de cèdres précieux[29]. D'autres navires sont représentés chargés d'« Asiatiques »[note 4], adultes et enfants, qui étaient peut-être des esclaves[30],[31],[32]. Un relief unique représente plusieurs ours bruns syriens, probablement ramenés de la côtelevantine par une expédition navale. Ces ours apparaissent en association avec douze jarres deSyrie peintes en rouge à une poignée et sont donc susceptibles de constituer un tribut[33],[34].
Les contacts commerciaux avecByblos ont certainement eu lieu pendant le règne de Sahourê et les fouilles du temple deBaâlat ont permis d'obtenir un bol en albâtre portant le nom de Sahourê[31]. Il aurait épousé une princesse phénicienne. Il existe d'autres preuves corroborant la présence de commerce avec leLevant pendant laVe dynastie, avec un certain nombre de vases de pierre portant descartouches de pharaons de cettedynastie, découverts auLiban. Enfin, un morceau d'or fin estampé sur un trône de bois et portant des cartouches de Sahourê aurait été retrouvé lors de fouilles illégales enTurquie parmi un assemblage plus large connu sous le nom deTrésor de Dorak[30],[35],[36]. L'existence du trésor est cependant aujourd'hui largement mise en doute[37].
Dans sa dernière année sur le trône, Sahourê a envoyé la première expédition documentée[38] vers la terre légendaire dePount[39]. L'expédition aurait rapporté des animaux exotiques ainsi que 80 000 mesures de myrrhe et des arbres àmyrrhe, essence qui ne poussait pas en Égypte, ainsi que de lamalachite et de l'électrum[31],[40]. Sahourê semble s'être particulièrement et personnellement intéressé à ces arbres car il s'est fait représenter dans son palais les cultivant en présence de son entourage, se vantant d'être le premier souverain à avoir réussi cet exploit[41]. Pour cette raison, on attribue souvent à Sahourê la création d'une marine égyptienne. Cependant, on sait aujourd'hui que les rois égyptiens précédents avaient aussi une marine de haute mer, en particulierKhéops sous le règne duquel le plus ancien port connu,Ouadi el-Jarf, sur lamer Rouge, était en activité. Néanmoins, les reliefs du complexe pyramidal de Sahourê restent les « premières représentations définitives de navires de mer en Égypte » (Shelley Wachsmann).
Dans sa dernière année de règne, Sahourê envoya une autre expédition à l'étranger, cette fois dans les mines de cuivre et deturquoise deOuadi Maghara[42],[43],[44] etOuadi El-Kharit dans leSinaï[45],[46],[47], qui étaient actives depuis au moins le début de laIIIe dynastie[48]. Cette expédition a rapporté plus de 6 000 unités de cuivre en Égypte[49] et a également produit deux reliefs dans leSinaï, dont l'un montre Sahourê dans l'acte traditionnel de frapper les Asiatiques[31] et de se vanter être « Le Grand Dieu qui frappe les Asiatiques de tous pays »[18].
La carrière militaire de Sahourê est connue principalement grâce aux reliefs de son complexe mortuaire. Il s'agissait apparemment de campagnes contre lesLibyens dans ledésert occidental[36]. Les campagnes ont permis de rapporter du bétail et Sahourê est montré en train de frapper des chefs locaux. Lapierre de Palerme corrobore certains de ces événements. Cependant, cette même scène de l'attaque libyenne a été utilisée deux cents ans plus tard dans le temple mortuaire dePépi II et dans le temple deTaharqa à Kawa, construit environ 1 800 ans après la mort de Sahourê[50]. En particulier, les mêmes noms sont cités pour les chefs locaux. Par conséquent, il est possible que Sahourê ait lui aussi copié une représentation encore plus ancienne de cette scène[51].
Niânkhsekhmet, médecin en chef de Sahourê, il demanda au roi qu'une fausse porte soit faite pour sa tombe, ce que le roi accepta. Sahourê fit graver et peindre en bleu en sa présence la fausse porte en calcaire fin deTourah. Le roi souhaita longue vie à son médecin en lui disant :« Comme mes narines sont en bonne santé, comme les dieux m'aiment, puissiez-vous partir au cimetière à un âge avancé, comme on le vénérait »[55] ;
Ouash-Ptah dit Izi, qui commença sa carrière comme prêtre du culte du roi sous Sahourê, et deviendra le vizir deNéferirkarê Kakaï. Son mastaba a été retrouvé àAbousir[56] ;
Ourbaouba : vizir sous le règne de Sahourê, attesté dans le temple mortuaire, contrairement àSékhemkarê, Ourbaouba ne semble pas avoir été royal. Cela indique que Sahourê a poursuivi la politique d'Ouserkaf de nommer des personnes non royales à de hautes fonctions ;
Sékhemkarê : prince royal, fils deKhafrê et vizir sous Ouserkaf et Sahourê.
Lapyramide principale du complexe mortuaire de Sahourê illustre le déclin de la construction de pyramides, tant en termes de taille que de qualité[note 5]. Pourtant, le temple mortuaire qui l'accompagne est considéré comme le temple le plus sophistiqué construit jusqu'alors[31]. Avec ses nombreuses innovations architecturales, telles que l'utilisation de colonnes palmiformes, le plan d'ensemble du complexe de Sahourê servira de modèle pour tous les complexes mortuaires construits depuis le règne de Sahourê jusqu'à la fin de l'Ancien Empire, quelque trois-cents ans plus tard[29],[59].
Sahourê choisit de construire son complexe pyramidal àAbousir, abandonnant ainsiSaqqarah etGizeh, qui avaient été les nécropoles royales jusque-là. Une motivation possible pour la décision de Sahourê était la présence dutemple solaire d'Ouserkaf[60].
Le complexe funéraire se compose d'un temple de la vallée, d'une chaussée de près de deux-cents mètres de long, d'un temple funéraire, d'une pyramide subsidiaire et bien entendu de la pyramide elle-même.
Le temple mortuaire de Sahourê a été largement décoré d'environ 10 000 m2 de reliefs raffinés[61]. De nombreux fragments survivants des reliefs qui ornent les murs du temple sont de très grande qualité et beaucoup plus élaborés que ceux des temples mortuaires précédents[30],[62]. Plusieurs reliefs du temple et de la chaussée sont uniques dans l'art égyptien. Il s'agit notamment d'un relief représentant Sahourê prenant soin d'un myrrhe dans son palais devant sa famille[63],[64], d'un relief représentant des ours bruns et d'un relief montrant la mise en place dupyramidion, recouvert d'une feuille d'or[65], sur lapyramide principale et les cérémonies suivant l'achèvement du complexe[66]. Il s'agit là d'une rare représentation antique d'un chantier de construction d'une pyramide et même si la scène représentée concerne davantage la cérémonie d'accueil au chantier du pyramidion venant en quelque sorte consacrer le monument royal, elle est suffisamment inédite pour être mentionnée. Les nombreux reliefs des temples mortuaire et de la vallée illustrent aussi, entre autres, un recensement des étrangers par ou devant la déesseSeshat[67] et le retour d'une flotte égyptienne du Proche Orient, peut-êtreByblos. Certains des bas-reliefs en granit rouge sont encore en place sur le site[68],[69]. Les reliefs décorés de la partie supérieure de la chaussée représentent la procession de plus de cent-cinquante domaines funéraires personnifiés créés pour le culte de Sahourê, démontrant l'existence d'un système économique sophistiqué associé au culte funéraire du roi. Il existe également une pyramide subsidiaire destinée auKa du roi[29].
Le temple mortuaire présentait les premières colonnes palmiformes de tout temple égyptien[29], d'imposantes architraves de granit portant le titulaire de Sahourê, recouvertes de cuivre, de basalte noire[70] et de granit[29].
La pyramide de Sahourê atteignait quarante-sept mètres lors de sa construction[71], beaucoup plus petite que les pyramides de laIVe dynastie. Son noyau intérieur est fait de pierres grossièrement taillées, organisées en escaliers et maintenues ensemble dans de nombreuses sections avec un épais mortier de boue. Cette technique de construction, beaucoup moins coûteuse et plus rapide à exécuter que les techniques à base de pierre de laIVe dynastie, s'est avérée bien pire avec le temps. De ce fait, la pyramide de Sahourê est aujourd'hui en grande partie ruinée et ne représente plus qu'un tas de gravats montrant le remplissage brut des débris et du mortier constituant le noyau, qui a été exposé après le vol des pierres de parement dans l'Antiquité[29].
Pendant la construction du noyau, un couloir a été laissé ouvert, menant au puits où la chambre funéraire a été construite séparément et recouverte par la suite de blocs de pierre et de débris. Cette stratégie de construction est clairement visible dans les pyramides inachevées ultérieures, en particulier lapyramide de Néferefrê[29]. Cette technique reflète également le style plus ancien de laIIIe dynastie qui semble revenir à la mode après avoir été temporairement abandonné par les constructeurs des cinq grandes pyramides deDahchour etGizeh sous laIVe dynastie[29].
L'entrée du côté nord est suivie d'un court couloir descendant bordé de granit rouge suivi d'un passage se terminant à la chambre funéraire avec son toit à deux versants composé de grandes poutres en pierre calcaire[72]. Aujourd'hui, ces poutres sont endommagées, ce qui affaiblit la structure pyramidale. Des fragments du sarcophage ont été trouvés dans la chambre funéraire, quand John Shae Perring y est entré pour la première fois au milieu duXIXe siècle[29]. Les blocs de toit colossaux du temple de Sahourê pesaient jusqu'à environ deux-cent-vingt tonnes selon les estimations de Perring. Il a estimé la taille des plus grands blocs à 10 × 2,7 m par 3,7 m. Une extrémité de ces blocs a été effilée, de sorte que le volume estimé est de 95 mètres3.
L'héritage le plus immédiat de Sahourê est son culte funéraire, qui s'est poursuivi jusqu'à la fin de l'Ancien Empire quelque trois-cents ans après sa mort. Au moins vingt-deux domaines agricoles ont été créés pour produire les biens nécessaires à ce culte[73]. Plusieurs prêtres servant ce culte ou celui dutemple solaire de Sahourê au cours desVe etVIe dynasties sont connus grâce aux inscriptions et aux artefacts de leurs tombes àSaqqarah et àAbousir[74] :
Un autre héritage de Sahourê est soncomplexe pyramidal : sa disposition est devenue le modèle de tous les complexes pyramidaux ultérieurs de l'Ancien Empire et certains de ses éléments architecturaux, tels que ses colonnes palmiformes, sont devenus la marque de l'architecture égyptienne.
Au début de la période duMoyen Empire, au début de laXIIe dynastie, le pharaonSésostris Ier commande une statue de Sahourê[83]. La statue se trouvait dans letemple de Karnak et appartenait probablement à un groupe de portraits de rois décédés.
La statue de Sahourê, qui se trouve actuellement auMusée égyptien du Caire (CG 42004 au catalogue), est en granit noir et mesure cinquante centimètres de haut. Sahourê est représenté trônant, portant une jupe plissée et une perruque ronde frisée. Les deux côtés du trône portent des inscriptions identifiant l'œuvre comme un portrait de Sahourê réalisé sur ordre deSésostris Ier[84].
Une autre indication que Sahourê n'avait pas disparu de mémoire pendant leMoyen Empire est lepapyrus Westcar, qui a été écrit pendant laXIIe dynastie[85]. Le papyrus raconte l'histoire mythique des origines de laVe dynastie, présentant les roisOuserkaf, Sahourê etNéferirkarê comme trois frères, fils deRê et d'une femme nomméeRededjet[86].
En tant que roi décédé, Sahourê a continué à recevoir des offrandes religieuses pendant leNouvel Empire. La meilleure preuve en est laChambre des ancêtres, une liste des ancêtres royaux inscrits sur les murs dutemple de Karnak sous le règne deThoutmôsis III de laXVIIIe dynastie. Contrairement à d'autres listes de rois égyptiens anciens, les rois ne sont pas classés par ordre chronologique. En effet, le but de la liste était purement religieux plutôt qu'historique : il s'agissait de nommer les rois défunts pour qu'ils soient honorés dans letemple de Karnak[87].
Sous laXIXe dynastie, le princeKhâemouaset, fils deRamsès II, entreprit des travaux de restauration dans toute l'Égypte sur les pyramides et les temples tombés en ruines[88]. Les inscriptions sur le parement de pierre de la pyramide de Sahourê montrent qu'elle a été restaurée à cette époque[74],[89]. C'est peut-être parce que, à partir du milieu de laXVIIIe dynastie, le temple mortuaire de Sahourê a servi de sanctuaire à la déesseSekhmet[90]. Dans la seconde partie de laXVIIIe dynastie et pendant laXIXe dynastie, de nombreux visiteurs ont laissé des inscriptions, stèles et statues dans le temple. Les activités semblent s'être poursuivies sur le site pendant longtemps, comme en témoignent les graffitis datant de laXXVIe dynastie jusqu'à lapériode ptolémaïque[74],[91],[92].
↑Ce nom a été trouvé sur des sceaux de jarres de stockage découvertes dans le temple funéraire deNéferefrê, probable petit-fils du roi, ainsi que sur des blocs de la décoration de la chaussée du complexe funéraire de Sahourê[4],[22].
↑C'est une des trois statues connues de Sahourê[25].
↑Dans le contexte de l'Égypte antique, asiatique, signifie peuple du Levant, incluantCanaan, leLiban et la côte sud de laTurquie.
↑La pyramide de Sahourê a un volume de 98 000 m3 contre 2 595 000 m3 pour celle de Khéops[58].
JohnBaines,« Ancient Egypt », dans Andrew Feldherr, Grant Hardy,The Oxford History of Historical Writing, Volume 1: Beginnings to AD 600, Oxford, Oxford University Press,, 53–75 p.(ISBN978-0-19-103678-1,lire en ligne).
Kathryn A.Bard et RodolfoFattovich, « The Middle Kingdom Red Sea Harbor at Mersa/Wadi Gawasis »,Journal of the American Research Center in Egypt, American Research Center in Egypt,vol. 47,,p. 105–129(JSTOR24555387).
LadislavBareš,« The destruction of the monuments at the necropolis of Abusir », dans Miroslav Bárta, Jaromír Krejčí,Abusir and Saqqara in the year 2000, Prague, Academy of Sciences of the Czech Republic – Oriental Institute,, 1–16 p.(ISBN80-85425-39-4).
Stephanie LynnBudin,Images of woman and child from the Bronze Age: reconsidering fertility, maternity, and gender in the ancient world, New York,Cambridge University Press,(ISBN978-1-10-766032-8).
FlorenceDunn Friedman, « The Underground Relief Panels of King Djoser at the Step Pyramid Complex »,Journal of the American Research Center in Egypt, American Research Center in Egypt,vol. 32,,p. 1–42(DOI10.2307/40000828,JSTOR40000828).
TarekEl Awady,« The royal family of Sahure. New evidence », dans Miroslav Bárta, Jaromír Krejčí,Abusir and Saqqara in the year 2005, Prague, Academy of Sciences of the Czech Republic, Oriental Institute, 2006a, 31–45 p.(ISBN978-80-7308-116-4,lire en ligne[archive du]).
TarekEl Awady,« King Sahure with the Precious Trees from Punt in a Unique Scene! », dans Miroslav Bárta,The Old Kingdom Art and Archaeology, proceedings of the conference held in Prague, May 31 – June 4, 2004, Prague, Czech Institute of Egyptology, Faculty of Arts, Charles University in Prague: Publishing House of the Academy of Sciences of the Czech Republic, 2006b, 37–44 p.(ISBN978-8-02-001465-8).
MahmoudEl-Khadragy, « The Adoration Gesture in Private Tombs up to the Early Middle Kingdom »,Studien zur Altägyptischen Kultur,vol. 29,,p. 187–201(JSTOR25152842).
AbeerEl-Shahawy et Farid S.Atiya,The Egyptian Museum in Cairo. A walk through the alleys of ancient Egypt, Cairo, Farid Atiya Press,(ISBN978-9-77-171983-0).
W. B.Emery, « Preliminary Report on the Excavations at North Saqqâra 1964-5 »,The Journal of Egyptian Archaeology, Sage Publications, Ltd.,vol. 51,,p. 3–8(JSTOR3855614).
Andrés DiegoEspinel, « The Role of the Temple of Ba'alat Gebal as Intermediary between Egypt and Byblos during the Old Kingdom »,Studien zur Altägyptischen Kultur,vol. 30,,p. 103–119(JSTOR25152861).
PaulGhaliounghui,The Physicians of Pharaonic Egypt, Cairo, A.R.E.: Al-Ahram Center for Scientific Translations,(ISBN978-3-8053-0600-3).
Robyn A.Gillam, « Priestesses of Hathor: Their Function, Decline and Disappearance »,Journal of the American Research Center in Egypt, American Research Center in Egypt,vol. 32,,p. 211–237(DOI10.2307/40000840,JSTOR40000840).
James K.Hoffmeier, « The Use of Basalt in Floors of Old Kingdom Pyramid Temples »,Journal of the American Research Center in Egypt, American Research Center in Egypt,vol. 30,,p. 117–123(DOI10.2307/40000231,JSTOR40000231).
WernerKaiser, « Zu den Sonnenheiligtümern der 5. Dynastie »,Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Abteilung Kairo,vol. 14,,p. 104–116(OCLC917064527).
JaromirKrecji,« Appearance of the Abusir Pyramid Necropolis during the Old Kingdom », dans Zahi Hawass, Lyla Pinch Brock,Egyptology at the dawn of the Twenty-prénom Century: proceedings of the Eighth International Congress of Egyptologists, Cairo, 2000, Cairo, New York, American University in Cairo Press,(ISBN978-9-77-424674-6,lire en ligne).
MiriamLichteim,Ancient Egyptian Literature: a Book of Readings. The Old and Middle Kingdoms, Vol. 1, Berkeley, University of California Press,(ISBN978-0-520-02899-9).
AnnMac Farlane, « titres of sm3 + God and ḫt + God. Dynasties 2 to 10. »,Göttinger Miszellen, Göttingen, Seminar für Ägyptologie und Koptologie an der Universität Göttingen,vol. 121,,p. 77–100(ISSN0344-385X).
JaromírMálek,« Old Kingdom rulers as "local saints" in the Memphite area during the Old Kingdom », dans Miroslav Bárta, Jaromír Krejčí,Abusir and Saqqara in the year 2000, Prague, Academy of Sciences of the Czech Republic – Oriental Institute, 2000b, 241–258 p.(ISBN80-85425-39-4).
SamuelMark, « Graphical Reconstruction and Comparison of Royal Boat Iconography from the Causeway of the Egyptian King Sahure (c. 2487–2475 BC) »,International Journal of Nautical Archaeology,vol. 42,no 2,,p. 270–285(DOI10.1111/1095-9270.12015).
SuzanMazur, « Dorak Diggers Weigh In On Anna & Royal Treasure »,Scoop,(lire en ligne, consulté le).
Antonio J.Morales,« Traces of official and popular veneration to Nyuserra Iny at Abusir. Late Fifth Dynasty to the Middle Kingdom », dans Miroslav Bárta, Filip Coppens, Jaromír Krejčí,Abusir and Saqqara in the year 2005, proceedings of the Conference held in Prague (June 27 – July 5, 2005), Prague, Academy of Sciences of the Czech Republic, Oriental Institute,, 311–341 p.(ISBN978-80-7308-116-4).
G. D.Mumford,« Wadi Maghara », dans Kathryn A. Bard, Steven Blake Shubert,Encyclopedia of the Archeology of Ancient Egypt, New York, Routledge,, 1071–1075 p.(ISBN978-0-203-98283-9).
William StevensonSmith,Interconnections in the Ancient Near-East: A Study of the Relationships Between the Arts of Egypt, the Aegean, and Western Asia, New Haven, Yale University Press,(OCLC510516).
PierreTallet, « Ayn Sukhna and Wadi el-Jarf: Two newly discovered pharaonic harbors on the Suez Gulf »,British Museum Studies in Ancient Egypt and Sudan,vol. 18,,p. 147–168(lire en ligne).
André J.Veldmeijer, ChiaraZazzaro, Alan J.Clapham, Caroline R.Cartwright et FredrikHagen, « The "Rope Cave" at Mersa/Wadi Gawasis »,Journal of the American Research Center in Egypt, American Research Center in Egypt,vol. 44,,p. 9–39(JSTOR27801620).
ShelleyWachsmann,Seagoing Ships and Seamanship in the Bronze Age Levant, College Station: Texas A & M University Press,(ISBN978-0-89096-709-6,lire en ligne).
MaryWright et DennisPardee, « Literary Sources for the History of Palestine and Syria: Contacts between Egypt and Syro-Palestine during the Old Kingdom »,The Biblical Archaeologist, The University of Chicago Press on behalf of The American Schools of Oriental Research,vol. 51,no 3,,p. 143–161(DOI10.2307/3210065,JSTOR3210065,S2CID163985913).