| Saguenay–Lac-Saint-Jean | |
Drapeau | |
| Administration | |
|---|---|
| Pays | |
| Province | |
| Statut | Région administrative |
| MRC etTE | Le Domaine-du-Roy Lac-Saint-Jean-Est Le Fjord-du-Saguenay Maria-Chapdelaine Saguenay |
| Nombre de municipalités | 49 |
| Nombre de territoires non organisés | 10 |
| Ministre responsable | Éric Girard |
| Fuseau horaire | Heure de l'Est |
| Indicatif téléphonique | +1 418 +1 581 +1 367 |
| Code géographique | 02 |
| Démographie | |
| Gentilé | Saguenéen-Jeannois, Saguenéenne-Jeannoise |
| Population | 286 738 hab.(2024) |
| Densité | 3 hab./km2 |
| Variation 2014-2024 | 0,1 % |
| Géographie | |
| Coordonnées | 49° 52′ nord, 71° 45′ ouest |
| Altitude | Min. 0 m Max. 1 128 m |
| Superficie | 95 760 km2 |
| – incluant eau | 106 521 km2 |
| Économie | |
| PIB régional | 10 959,1 MCAD(2017) |
| Taux d'activité | 59,2 %(2019) |
| Taux de chômage | 5,5 %(2019) |
| modifier | |
LeSaguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) est l'une des dix-septrégions administratives duQuébec, située sur la rive nord duSaint-Laurent. Le Saguenay–Lac-Saint-Jean est la troisième plus grande division territoriale duQuébec avec une superficie de 95 761 km2. Sa plus grande ville estSaguenay.
Sonadministration territoriale est constituée de cinqmunicipalités régionales de comté (MRC) et de quarante-neufmunicipalités locales. Les habitants du Saguenay et du Lac-Saint-Jean s'appellent respectivement lesSaguenéens et lesJeannois. Collectivement, ils sont appelésSaguenay-Jeannois[1], dans le registre standard, ainsi queBleuets dans l'usage familier[2].
En dépit de cette étendue, c'est principalement le long de larivière Saguenay et autour dulac Saint-Jean, dans une immensedépression dubouclier géologique canadien, que l'on retrouve tous les 286 738 Saguenay-Jeannois. La forêt et surtout l'eau sont les principalesressources naturelles de la région.
Habitée au départ par lesInnus (anciennement appelés Montagnais), la région, exploitée par les premiers Européens (Français etAnglais) pourle commerce des fourrures auXVIIe et XVIIIe siècles, est ouverte à la colonisation au cours duXIXe siècle, principalement par des gens deCharlevoix. L'installation descieries et l'exploitation du bois pour la fabrication de lapâte à papier, puis du papier, permettent le développement économique au début duXXe siècle. Au cours desannées 1920, les principaux cours d'eau sont harnachés pour laproduction électrique, ce qui mènera à l'implantation d'alumineries. Celles-ci stimuleront la croissance démographique et économique et la région deviendra alors un pôle industriel important.
Le découpage administratif de la région a lieu le avec la création desrégions administratives du Québec. Entourée par les autres grandes régions du nord : laCôte-Nord au nord-est et leNord-du-Québec au nord-ouest, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est également bordé par laMauricie au sud-ouest et laCapitale-Nationale au sud-est.
Située au sud-est du Québec et au nord dufleuve Saint-Laurent, entre le 48° et le 53° de latitude nord et entre le 70° et le 75° de longitude ouest, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean représente la troisième division territoriale en superficie de la province avec ses 95 782 km2 (1,04 % du Canada et 6,74 % du Québec)[3].

Elle couvre une superficie équivalente à laCorée du Sud[4], l'Indiana[5] ou de plus de trois fois laBelgique[6]. Sur une carte, les limites du territoire prennent la relative forme d'uncerf-volant inversé (550 kilomètres du nord au sud et 330 kilomètres d'est en ouest) et correspondent pratiquement au bassin hydrographique de la rivière Saguenay.
La région est composée de quatremunicipalités régionales de comté (MRC), ainsi que laville de Saguenay, qui possède aussi le statut de MRC :Le Domaine-du-Roy,Maria-Chapdelaine,Lac-Saint-Jean-Est etLe Fjord-du-Saguenay.
Ces MRC regroupent un total de49 municipalités, onzeterritoires non organisés et uneréserveinnue. Seuls les environs de larivière Saguenay et dulac Saint-Jean sont constitués enmunicipalités, le reste, soit la grande majorité du territoire régional, est formé de territoires non organisés.

Municipalités :
Territoires non-organisés :
Réserve innue :

Comme près de 90 % du territoire québécois, lesous-sol de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean fait partie dubouclier canadien. Situé plus précisément dans la province de Grenville, il est formé en majeure partie de roches ignées (gneiss,anorthosite etgranite) de l’èreprécambrienne et, à l'est dulac Saint-Jean et près du secteur Chute-aux-Galets, àShipshaw, de roches de la période duPaléozoïque[7].
Cette composition solide, érodée par le temps, a donné naissance à un relief arrondi et peu abrupt dans la plupart des plateaux qui entourent la vallée encaissée entre deux failles (lesmonts Valin au nord et l'abrupte d'Héberville au sud) dans laquelle on trouve la majeure partie de la population de la région. L'élévation se fait principalement par plateaux[8].
Par exemple, au Saguenay, la majeure partie des sols en dessous de 100 mètres prend la forme de microreliefs élaborés par un ravinement intense. La section de 100 à 180 mètres s'élève en plateaux et représente les terres les plus favorables à l'agriculture. Au-delà de 180 mètres, le relief adopte les caractéristiques du bouclier canadien avant une élévation rapide causée par les massifs desmonts Valin, point culminant de la région (pic Dubuc à 980 mètres), au nord et le massif des Laurentides au sud[8].
C'est auQuaternaire, durant la dernière grande glaciation, que la plupart des sols prendront leur apparence actuelle. Le relief de la région est composé de hautes-terres (plateau des Laurentides et plateau du Labrador), façonnées par des glaciers de 2 kilomètres d'épaisseur il y a 12 000 ans et pauvres en sédiments ainsi que les basses-terres (pourtour du lac Saint-Jean et basses-terres du Saguenay séparés par lehorst de Kénogami) résultant de l'invasion marine qui suivit la glaciation 1 500 ans plus tard et qui forma le golfe de Laflamme, un bras de lamer de Champlain. Les sols inférieurs à 180 mètres résultent de dépôts marins argileux[9].

Les sols argileux de la région, où demeure la majeure partie de la population représentent les principales terres fertiles mais démontrent également leur instabilité par les nombreux exemples visibles d'anciens glissements de terrain[10]. Ces zones, la plupart du temps situés près des cours d'eau, provoquent parfois des coulées argileuses.
Les événements deSaint-Jean-Vianney sont une preuve éloquente de l'instabilité des sols de la région. Le, une partie de ce village situé sur la rive nord de larivière Saguenay, près deJonquière, s'est effondré dans la rivière à la suite d'un glissement de terrain laissant un cratère de32 hectares et causant 31 morts.

Une des principales particularités géomorphologiques de la région est lefjord du Saguenay. Constituant l'un des rares fjords qui ne débouchent pas sur une mer, cette profonde déchirure dubouclier canadien[11] est considérée comme lefjord le plusméridional du monde[12]. Les falaises escarpées surplombant larivière Saguenay aurait été formées par une succession d'événements géologiques s'échelonnant sur 900 millions d'années[11]. La phase finale se serait produite il y a 180 millions d'années, créant un fossé d'effondrement appelégraben du Saguenay. Lesglaciers auraient par la suite altéré et modelé cette gigantesque faille en forme d'auge, caractéristique des vallées glaciaires. À la suite du retrait des glaciers, l'eau de mer envahissait le secteur conférant à la faille ses caractéristiques de fjord, soit une vallée glaciaire envahie par la mer.
Le fjord du Saguenay est aujourd'hui une aire protégée, un statut assumé pour sa partie terrestre par leParc national du Saguenay et par le Parc marin du Saguenay/Saint-Laurent pour sa partie maritime. Cette réalisation est le fruit d'une concertation des deux paliers gouvernementaux, fédéral et provincial, ce qui constitue un précédent au Québec en matière de protection de territoire.
Recevant à la fois l'eau salée dufleuve Saint-Laurent et l'eau douce dulac Saint-Jean, la rivière fait près de 120 kilomètres de longueur, possède une largeur maximale de 3 kilomètres et une profondeur maximale de 275 mètres.

Le pourtour dulac Saint-Jean, réservoir d'eau douce, est le résultat du retrait dugolfe de Laflamme de lamer de Champlain il y a 10 000 ans. Constituant une plaine fertile à l'est comme à l'ouest, enrichie par des dépôts marins argileux, cette vallée est entourée par le bouclier canadien.

L'eau douce recouvre plus de 7,4 % (7 929 km2) de la superficie du Saguenay–Lac-Saint-Jean[13]. On y compte des milliers de cours d’eau et plus de 35 000 lacs[14]. Le territoire englobé par la région correspond de très près au bassin hydrographique des affluents de larivière Saguenay. Avec des ramifications sur 88 000 km2, il est le deuxième plus grand bassin affluent dufleuve Saint-Laurent après larivière des Outaouais[15]. La région compte 24 sous-bassins.
La rivière Saguenay possède un débit de 1 750 m3/s et peut atteindre une profondeur de 278 mètres dans son fjord. Des marées sont présentes jusqu’àChicoutimi. Plusieurs rivières se jettent directement dans leSaguenay, on compte de l’aval vers l’amont larivière Sainte-Marguerite, larivière Petit Saguenay, larivière Saint-Jean, larivière Éternité, larivière Ha! Ha! et larivière à Mars dans labaie des Ha! Ha!, larivière Valin, larivière Caribou, larivière du Moulin, lelac Kénogami (49 km2) via ses émissaires larivière Chicoutimi et larivière aux Sables, larivière Shipshaw, larivière Mistouk et larivière Bédard.
Se jetant dans larivière Saguenay par laGrande et laPetite Décharge, lelac Saint-Jean collecte les eaux de 90 % du bassin et avec ses 1 041 km2 est le cinquième plus grand lac duQuébec. Ses principaux affluents, par ordre de superficies de leur bassins versants, sont larivière Péribonka etPetite Péribonka, lesrivières Mistassini etMistassibi, larivière Ashuapmushuan, larivière Métabetchouane, larivière Ouiatchouan, larivière Ticouapé, laBelle Rivière, larivière des Aulnaies, larivière Ouiatchouaniche et larivière aux Iroquois.
Parmi les milliers d’autres étendues d’eau douce de la région, les plus importantes sont leréservoir Pipmuacan (676 km2), lelac Manouane (Mont-Valin) (465 km2), leréservoir Plétipi (331 km2) et leréservoir Péribonka (676 km2).
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean est l'une des régions habitées les plus au nord de l'écoumène québécois[16]. La température dans la vallée qui ceinture le Saguenay et le lac Saint-Jean est toutefois plus clémente que sur les massifs dans lesquels elle est encaissée d'où son surnom d'« oasis tempérée en milieu nordique »[17].
La région possède un climat humide à été frais selon laclassification de Köppen et une moyenne de température de2 °C dans l'espace municipalisé ; cette moyenne oscille entre 1,4 au nord du Lac Saint-Jean et 3,3 au Saguenay[18].
Les premiers occupants du Saguenay–Lac-Saint-Jean sont lesInnus (ouMontagnais), plus précisément les Kakoutchak ou la Nation du porc-épic[19], qui s'établissent au cours duVe millénaire av. J.-C.[20]. Vivant principalement de chasse et de pêche, ils sont nomades et se déplacent sur tous les territoires de la région jusqu'à laCôte-Nord[20]. Bien qu'ils soient sur le territoire depuis plusieurs millénaires, leur mode de vie en symbiose avec la nature rend leurs traces très discrètes[21]. À leur arrivée au Saguenay, les premiers européens explorent une contrée pratiquement à l'état vierge[21].
Par sa situation entre lefleuve Saint-Laurent et laBaie d'Hudson et sa faune abondante, le Saguenay–Lac-Saint-Jean est également un point de rencontre important pour la majorité des nations amérindiennes de l'est du Canada[22]. Des fouilles archéologiques permettent de révéler le passage deCris, d'Attikameks, d'Abénaquis[23] et d'Iroquois[24].

Dès1526, les premiersmorutiers etbaleiniers européens naviguent dans legolfe du Saint-Laurent et jettent l'ancre aux alentours deTadoussac, bien avant le premier établissement permanent érigé en1550[25]. Le, au cours de son deuxième voyage,Jacques Cartier découvre officiellement leFjord du Saguenay en mouillant laGrande Hermine, laPetite Hermine et l'Émérillon àTadoussac, lieu situé à l'embouchure de la rivière[26]. Les Amérindiens qu'il avait amenés en France à la suite de son premier voyage en1534, Taignoagni et Domagaya, lui avait déjà parlé duRoyaume du Saguenay[26].Donnacona, le chef deStadaconé, confirmera également ces dires lors de sa visite àFrançoisIer en1536 :« [Un] royaume appelé Saguenay, où les gens étaient habillés comme en France et où se trouvaient des mines decuivre rouge »[26] ».
Les limites de ce royaume sont décrites à l'époque comme partant du site actuelSept-Îles jusqu'à l'île d'Orléans et englobant tout l'arrière pays jusqu'aulac Supérieur[27]. Les deux chemins d'accès vers ces terres de l'intérieur du continent « d'où l'eau sort » (saki-nip, Sagnenay dans la langue amérindienne) sont la rivière Saguenay et larivière des Outaouais[27]. C'est Jacques Cartier qui baptise la rivière Saguenay, le nom donné par les nations autochtones estPitchitaouichetz[28].
Venu avecJean-François de La Rocque de Roberval en1542, le pilote Jean Alfonce entreprend d'explorer l'entrée du fjord du Saguenay[29]. La force du courant, qui l'empêche de se rendre bien loin, lui laisse croire que la rivière pourrait être unbras de mer vers l'océan Pacifique[29].

Peu à peu, latraite des fourrures, découlant d'une demande de plus en plus forte pour les peaux decastors utilisées dans la confection de chapeaux en France, s'intensifie au point d'être la principale activité économique enNouvelle-France au cours de la seconde moitié duXVIe siècle, reléguant la pêche au rang d'activité secondaire[30]. Tadoussac, qui est un carrefour économique important pour les Kakouchack, est à cette époque de plus en plus prisé par les marchands français qui y voient une alternative à l'approvisionnement en peaux depuis la destruction de laHuronie en1648-1649, et auxGrands Lacs pris d'assaut par desIroquois qui chassent pour les marchands descolonies hollandaises d'Amérique[31]. Tadoussac devient rapidement un lieu d'échange très fréquenté par les Français et les Basques de1560 à1600 ; durant l'été, on peut y voir jusqu'à 20 vaisseaux à la fois[32]. Malgré ce fort achalandage d'Européens à son embouchure, la rivière Saguenay et son bassin demeurent un mystère pour ces marchands qui concluent entre1560 et1565 une entente avec les Kakouchack pour établir une chasse gardée au Saguenay contre un approvisionnement en peaux à Tadoussac[33].
| Détenteur(s) du monopole | Période |
|---|---|
| Pierre Chauvin | 1600 -1603 |
| Aymar de Chaste | 1603 |
| Pierre Dugua de Mons | 1603 -1607 |
| Compagnie des Marchands | 1614 -1620 |
| Compagnie des Sieurs de Caen | 1621 -1627 |
| Compagnie des Cents-Associés | 1627 -1652 |
Cette chasse gardée retardera toute exploration supplémentaire de la région avant l'arrivée de Samuel de Champlain au début duXVIIe siècle. En1600, le roiHenri IV change les pratiques commerciales à Tadoussac et offre le monopole de traite à un certain Pierre Chauvin qui, en échange de cette faveur du roi, doit amener de France et implanter 50 colons par année[34]. Chauvin décide d'implanter le peuplement à Tadoussac, cet endroit est décrit plus tard par Samuel de Champlain comme « le lieu le plus désagréable et le plus infructueux qui soit en ce pays »[35]. La première année sera désastreuse pour Chauvin ; l'hiver canadien viendra à bout de 13 des 16 colons français établis sur place. La colonisation est abandonnée dès1601[36]. Chauvin décède en1603 à la suite de son dernier voyage au Saguenay[37].
Le monopole d'exploitation de Tadoussac et ses alentours est accordé en1603 àAymar de Chaste, qui chargeSamuel de Champlain d'explorer le territoire et de lui rapporter le plus d'informations possibles[37]. L'explorateur mouille son bateau laBonne-Renommée à Tadoussac le et conclut un traité d'alliance, le premier de Nouvelle-France, avec lesInnus et leur chef, le grand sagamoAnadabijou, sur la Pointe-aux-Alouettes à Baie Sainte-Catherine, situé sur l'autre rive de l'embouchure du Saguenay le[38].Le, Samuel de Champlain pénètre de 40 à 50 kilomètres[39] dans le fjord du Saguenay[40]. N'y trouvant pas d'endroit propice à la colonisation, il rebrousse chemin[40]. Il retournera en France le 16 août après avoir exploré lefleuve Saint-Laurent[41].Aymar de Chaste meurt la même année et le monopole est accordé àPierre Dugua de Mons jusqu'en1607, année où le monopole est levé jusqu'en1614[42].
En dépit de la fondation deQuébec en1608, toutes les marchandises transitant entre la Nouvelle-France et l'Europe sont reçues et expédiées par le port de Tadoussac jusqu'en1632[43].En1628, les frères Kirke, deshuguenots français à la solde de l'Angleterre, envahissent laNouvelle-France avec une flotte de neufnavires. L'un d'entre eux,David Kirke, se rend à Tadoussac pour y brûler toutes les barques du port et capturer le plus gros navire[44]. En 1629, les frères Kirke reviennent d'Angleterre avec 14navires de guerre,Samuel de Champlain est forcé, par la supériorité numérique et militaire de ces adversaires, de donner la reddition de Québec le. La colonisation sera perturbée jusqu'en1632, année de la reprise du territoire par la France. Tadoussac sera de plus en plus délaissé au profit de Québec après la reprise de la colonisation[45].
Le premier missionnaire du Saguenay est un récollet du nom deJean Dolbeau, il est de passage à Tadoussac à l'automne1615 alors qu'il entreprend de suivre descoureurs des boisinnus[46]. Cependant, c'est en1617 qu'est célébrée la premièremesse à Tadoussac par le père récollet Paul Huet[47]. Les missionnaires sont que de passage jusqu'en1639[48].
De1625 à1629, un groupe dejésuites composé des pèresJean de Brébeuf,Charles Lalemant, Ennemont Massé et le frère Gilbert Buret s'installent temporairement à Tadoussac pour tenter d'évangeliser les Kakouchacks du Saguenay[49].
Pour qu’un premier explorateur pose le pied sur l’actuel territoire de Chicoutimi, il faut attendre le pèreJean de Quen qui, à la demande des tribus du Piekouagami (lac Saint-Jean) atteintes d’une épidémie dévastatrice, emprunte larivière Chicoutimi pour se rendre aulac Kénogami puis aulac Saint-Jean du 11 au.
En, l’épidémie perdure et force l’établissement d’une mission au lac Saint-Jean par lesjésuites qui utilisent la même route que le père Jean Dequen pour se rendre à destination. Selon leurs récits, plusieurs sépultures amérindiennes jonchent alors les rives du Saguenay du fait des ravages importants de l’épidémie. Les missionnaires empruntent cette route jusqu’en 1671 pour venir en aide aux tribus victimes de l'épidémie et de la guerre contre lesIroquois.
La première mention du nomChicoutimi remonterait à cette époque. En l’an 1661, on pouvait lire dansLa Relation du Père Gabriel Bruillet et Claude Dablond :
« Chicoutimi, lieu remarquable pour être le terme de la belle navigation et le commencement des portages. »
Entre 1828 et 1836, des demandes sont acheminées par des habitants deCharlevoix au gouvernement duBas-Canada à fin de permettre la colonisation au nord de leur région, dans ce qui est aujourd'hui le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les demandes sont justifiées par le surpeuplement relatif de Charlevoix par rapport aux terres arables disponibles mais également par l'intérêt des marchands de bois qui convoitaient les forêts avoisinantes depin blanc. Les pressions portèrent fruit et la colonisation fut officiellement autorisée en 1842, alors que dans les faits, environ 1800 Charlevoisiens venaient déjà de se déplacer sur la rive sud de la rivière Saguenay, vivant de la coupe du bois[50]. Le premier groupe organisé d'investisseurs, dont les activités déclenchèrent le peuplement permanent de la région, se nommait laSociété des vingt-et-un[51] et l'un de ses membres les plus connus et ayant été le plus influent dans l'histoire du Saguenay est probablementWilliam Price[52].
Avec le temps, un circuit migratoire s'est installé entre la région et celle de Charlevoix, de telle sorte que des échanges culturels prennent forme (illustré notamment par la culture de lagourgane importée par les charlevoisiens, ou encore les palmarès similaires des principauxnoms de famille (Tremblay,Bouchard,Gagnon, etc.[51]). Par la suite toutefois, l'immigration au Saguenay s'est diversifiée, par exemple à partir des régions de l'est du Québec mais aussi de l'ouest[50].

Dès la fin des années 1830, les premiers noyaux de peuplement se situent àLa Baie etL'Anse-Saint-Jean, puis le mouvement gagne leHaut-Saguenay, et vers 1865, toute la moitié sud du lac Saint-Jean, entre les rivièresSaguenay etAshuapmushuan. Entre-temps, un autre mouvement migratoire débouche sur la plaine d'Hébertville en 1849. Quant à l'est du lac Saint-Jean, l'occupation progresse plus lentement et d'est en ouest : deSaint-Fulgence en 1839 jusqu'àSaint-Charles en 1864[53]. Par la suite, la colonisation totale du Saguenay–Lac-Saint-Jean perd de sa vitesse. Néanmoins, au nord-ouest du lac, on s'approprie la plaine deNormandin dès 1870, alors que l'occupation du territoire déborde un peu plus au sud du lac, dans les hautes terres duBouclier canadien[53].
Jusqu'en 1910, le passage duChemin de fer transcontinental au Canada à partir des années 1890 aidera à compléter la colonisation de tout le pourtour du lac Saint-Jean, particulièrement en désenclavant son nord éloigné, entre les rivièresPéribonka etMistassini, mais aussi en faisant déborder des noyaux déjà établis : au sud de Roberval, dans les collines deLarouche, vers lecanton de Ferland, etc. Au cours des deux prochaines décennies, la colonisation ne fait que des gains marginaux, dans des secteurs éloignés plus au nord. Enfin, l'expansion du territoire prend fin dans les années 1940[53].

Les premières tentatives de harnacher la rivière Saguenay remontent au début du siècle alors que Thomas H. Wilson achète le réservoir en aval deChute-à-Caron en1901 et L. T. Haggin achète les terres en bordure de l’Isle-Maligne[54]. Le reste de la rivière entre ces deux points revient à Benjamin A. Scott, un entrepreneur de Chicoutimi qui gère une scierie à Roberval[55]. Malgré l’acquisition des droits par ces industriels, aucun projet debarrage hydroélectrique ne sera concrétisé avant l’arrivée du géant du tabacJames Buchanan Duke[55]. Ce dernier acquiert les droits de la rivière à la suite d'une visite en1912 du Saguenay en aval de Chicoutimi jusqu’à Alma. LaPremière Guerre mondiale éclate en1914 et retarde ses projets de barrages hydroélectriques[56].
Peu après la guerre, alors que l’industrie de la pâte à papier s’affaiblit dans lesannées 1920 pour être abandonnée ou complètement remplacée par la production papetière dans lesannées 1930, Duke collabore avecWilliamPrice III qui obtient les permis du gouvernement québécois en décembre1922 pour exploiter le site de l’Isle Maligne surla Grande Décharge près d’Alma[57]. La construction du barrage de l’Isle-Maligne s’échelonne de1923 à1925[57]. En tout, 40 % des 720 MW produits par la centrale sont réservés pour la nouvelle usine de papier deRiverbend, détenue par Price[57]. Les surplus sont achetés le par la compagnieAlcoa et son dirigeantArthur Vining Davis lors d'une fusion avec les intérêts détenus par Price et Duke au Saguenay. Les deux hommes meurent respectivement en 1924 et 1925[58].
Alcoa devient propriétaire des droits d'exploitation de la rivière Saguenay et entreprend, dès le, la construction de la ville industrielle d'Arvida. En 1926, la compagnie se porte acquéreur de laCompagnie de Chemin de fer Roberval–Saguenay et des installations portuaires et ferroviaires dePort-Alfred à la suite de la liquidation de laCompagnie de Pulpe de Chicoutimi et ses infrastructures[59]. Le 26 juillet de la même année, les cuves de l'usine d'Arvida commencent la production d'aluminium.

Alors que le Saguenay bénéficie de l'essor économique apporté par l'implantation d'une nouvelle industrie, le lac Saint-Jean subit la montée des eaux entrainée par l'inauguration officielle et la fermeture des vannes du barrage de l’Isle-Maligne le. L'augmentation des eaux du lac cause des inondations àRoberval,Chambord,Saint-Jérôme,Saint-Gédéon etSaint-Prime en plus d'engloutir les deux tiers de la paroisse de Saint-Méthode, en aval deSaint-Félicien, et d'inonder à jamais près de3 240 hectares[60] de terres arables causant des dommages pour près de800 propriétaires de terres[61]. Ces événements ainsi que la lutte acharnée et sans résultats des agriculteurs pour obtenir réparation de la part des gestionnaires du barrage sont décrits comme latragédie du lac Saint-Jean. Les villes affectées par les inondations de1926 le seront également en1928 alors qu'un printemps pluvieux cause une montée des eaux encore plus importante mais passagère[61].
En1927, une autre ville de compagnie est fondée par laLake Saint-John Power and Paper à la confluence des rivièresMistassini etMistassibi ; il s'agit deDolbeau, au lac Saint-Jean, dont l'économie repose sur l'exploitation forestière et la fabrication de papier[62]. En1929, cette municipalité compte déjà 4 000 habitants[62]. Pendant ce temps, au Saguenay, la centrale de la Chute-à-Caron est en construction jusqu'à son inauguration en1931.LaGrande Dépression desannées 1930 touche autant le Saguenay industriel que le Lac Saint-Jean agricole ; d'une part les usines réduisent leur nombre d'employés et l'on assiste à l'effondrement de plusieurs coopératives agricoles[63]. Dans le domaine des pâtes et papiers on assiste à la fermeture temporaire de l'usine dePort-Alfred au cours de l'année1931, à la fermeture permanente de laPulperie de Chicoutimi en1930 et à une réduction de moitié du nombre de travailleurs aux usines deJonquière etKénogami alors que laPrice Brothers and Company déclare faillite en1933[64]. De son côté, l'aluminerie d'Arvida réduit sa main-d'œuvre de 60 % et est considérée au bord du gouffre 6 ans après sa construction[64]. Tandis que des subventions de l'État aident les agriculteurs à s'en sortir[63], plusieurs grands projets sont financés par le gouvernement dans les villes durant ces années de crise comme lepont Sainte-Anne àChicoutimi qui est inauguré en1934[65]. D'autres grandes voies de communications sont améliorées durant cette période comme les routes de terre versSaint-Siméon (170),Saint-Urbain (381) etQuébec à partir d'Héberville (169)[65].


| 1852 | 1861 | 1871 | 1881 | 1891 | 1901 | 1911 | 1921 | 1931 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 5 241 | 10 329 | 17 493 | 24 952 | 28 726 | 37 367 | 51 113 | 73 117 | 105 977 |
| 1941 | 1951 | 1961 | 1971 | 1981 | 1991 | 2001 | 2006 | 2011 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 143 187 | 197 910 | 262 426 | 265 642 | 285 284 | 286 159 | 278 279 | 272 610 | 274 880 |
| 2016 | 2021 | 2026 | 2031 | 2036 | 2041 | 2046 | 2051 | 2056 |
|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
| 276 368 | 279 949 | - | - | - | - | - | - | - |
La population du Saguenay–Lac-Saint-Jean est presque totalement concentrée dans l'espace municipalisé autour de larivière Saguenay et dulac Saint-Jean qui représente 11 % des 95 892,8 kilomètres de la région. Répartis à l'ensemble du territoire, la densité moyenne est très faible ; 2,9 habitants au kilomètre carré.
En 2008, 274 919 Saguenay-Jeannois étaient dénombrés[66] majoritairement répartis dans 5 principaux centres urbains, c'est-à-direSaguenay (53 % de la population),Alma (11 %),Dolbeau-Mistassini (5 %),Saint-Félicien (4 %) etRoberval (4 %). La région compte pour 3,8 % de la population du Québec.
Langue parlée à la maison :
Certains noms de famille sont particulièrement communs dans la région. Environ 8,2 % desTremblay du Québec y habite. LesBouchard : 3,3 %, lesGagnon : 2,9 %, lesSimard : 2,7 %, lesGirard : 2,3 %, lesFortin : 2,2 %, etc.[68].
Le tableau suivant répertorie les 20 plus grandesagglomérations urbaines (ou centres urbains) de la région en2021.
| Saguenay | 144 723 (2021) | Saint-Bruno | 2 902(2021) |
|---|---|---|---|
| Alma | 30 331(2021) | Saint-Prime | 2 760(2021) |
| Dolbeau-Mistassini | 13 718 (2021) | Hébertville | 2 500 (2021) |
| Saint-Félicien | 10 089(2021) | Albanel | 2 181(2021) |
| Roberval | 9 840(2021) | Saint-Gédéon | 2 177(2021) |
| Saint-Honoré | 6 376(2021) | L'Ascension-de-Notre-Seigneur | 2 079(2021) |
| Métabetchouan–Lac-à-la-Croix | 4 121(2021) | Saint-Nazaire | 2 062(2021) |
| Saint-Ambroise | 3 883(2021) | Saint-Fulgence | 2 061(2021) |
| Saint-David-de-Falardeau | 2 996 (2021) | Chambord | 1 748(2021) |
| Normandin | 2 991(2021) | Larouche | 1 601(2021) |

| Années | Député | Parti | |
|---|---|---|---|
| 2012 -2014 | Stéphane Bédard | Parti québécois | |
| 2014 -2018 | Philippe Couillard | Parti libéral du Québec | |
| 2018 - en cours | Andrée Laforest | Coalition avenir Québec | |
L'enseignement primaire et secondaire dans la région est assuré par quatrecentres de services scolaires relevant duministère de l'Éducation du Québec. Ces centres de services scolaires sont également chargés de l'éducation secondaire aux adultes et de laformation professionnelle. À des fins d'organisation, ces centres assurent les services de cinq districts scolaires chacun.
Voici les territoires desservis par le centre de services scolaire[71] :
Voici les territoires desservis par le centre de services scolaire[72] :
Voici les territoires desservis par le centre de services scolaire[73] :
Voici les territoires desservis par le centre de services scolaire[74] :
Au Saguenay–Lac Saint-Jean, on y retrouve 4cégeps ainsi qu'uneuniversité :
Affilié à l'Université du Québec à Chicoutimi;
En raison d'uneffet fondateur, certaines maladies génétiques ne se rencontrent essentiellement que dans cette région du monde, tel lesyndrome d'Andermann ou l'ataxie de Charlevoix-Saguenay[76].
En 2009, les secteurs de la fabrication, de l’enseignement, la santé et l'assistance sociale et du commerce représentaient près de la moitié du PIB au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La fabrication était un des secteurs important de l’économie de la région, avec 20,7 % du PIB régional, plaçant la région au troisième rang pour ce secteur au Québec. Ce secteur arrivait au troisième rang en termes d’emploi, avec 13,4 % de l'emploi de la région. Le secteur de l’enseignement, de la santé et de l'assistance sociale arrivait au deuxième rang de l’économie de la région, avec 15,4 % du PIB, mais au premier rang des emplois, avec 21,6 %, tandis que le commerce représentait 11,7 % du PIB et 18,8 % des emplois[77].
Selon les estimations du gouvernement canadien, l'exploitation forestière génère près de deux milliards de dollars et 25 000 emplois au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Sur un total de 49 municipalités, 23 dépendraient de l'industrie forestière[78].

| Type de culture | Superficie enAcres | |
| Plantes fourragères | 72 835 | |
| Céréales etlégumes protéagineux | 41 000 | |
| Bleuets | 17 835 | |
| Pommes de terre | 2 663 | |
| Fruits etlégumes | 560 | |
| Plantes ornementales | 460 | |
| Autres | 500 | |
| Total | 135 853 | |
Lefrançais local est largement reconnaissable par ses particularismes autant phonétiques que lexicaux. À la différence de plusieurs sous-idiomes québécois, celui de la région est francisant envers tous les anglicismes, ainsi, le mot anglaislighter (« briquet »), n'a pas la prononciation anglaise qu'on peut retrouver à Montréal et est prononcé/lak.tœʁ/. De plus, plusieurs mots sont uniques à la région. Ainsi, on dira « coteur » pour les bordures de routes, « soute » pour les vêtements d'hiver, « froque » pour un manteau, etc. Les habitants de la région posent aussi unaccent tonique très fort sur les voyellesu eti, en plus denasaliser fortement les voyelles nasales[pas clair].
D'autres expressions régionales sont[80] :
Les premiers colons du Saguenay sont de Charlevoix (1838) et ceux du Lac-Saint-Jean viennent du Bas-Saint-Laurent (1848)[81],[82]. Au fil des années, l’accent et le vocabulaire de ces deux régions ont pris de fortes ressemblances[83].


Les couleurs dudrapeau du Saguenay–Lac-Saint-Jean représentent des éléments plus ou moins significatifs de la région. Ainsi le rouge représente les habitants, le vert représente la nature, le jaune représente l'industrieagroalimentaire et le gris représente l'industrie de l'aluminium.
Le Lac-Saint-Jean est reconnu pour sesbleuets et satourtière. Le Saguenay, lui, est reconnu pour son point de liaison avec le Lac-Saint-Jean et sesfonderies d'aluminium.
C'est lors du150e anniversaire de la fondation du Saguenay—Lac-Saint-Jean, en 1988, que laouananiche est devenu officiellement l'emblème animalier de la région. Le duo d'artistesInteraction Qui (A. Laroche et J. Maltais) a célébré ce symbole de solidarité régionale en réalisant laGrande marche des Tacons Sites (1995 à 2015)[84],[85].
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