En tant que vice-président du pays dirigé par le vieillissant généralAhmed Hassan al-Bakr, Saddam Hussein tire profit de l'instabilité politique qui règne en Irak, du fait de l'existence de nombreux groupes armés capables de renverser legouvernement en place, et forme des forces de sécurité qui lui permettent de contrôler les rapports entre gouvernement et forces armées du pays. Il est également l'initiateur de nombreuses réformes économiques qui améliorent considérablement le niveau de vie moyen, notamment sa nationalisation du pétrole et de diverses autres industries au début desannées 1970. Au cours des années 1970, Saddam consolide son autorité sur les appareils gouvernementaux grâce à l'industrie pétrolière florissante qui permet à l'économie irakienne de croître de manière stable pendant cette période. Les positions d'influence sous l'administration de Saddam Hussein sont principalement occupées par des personnes de confessionsunnite alors qu'elles ne représentent qu'une minorité de la population irakienne. Bien que Saddam ait été le dirigeantde facto de l'Irak pendant la décennie précédente, il n'accède officiellement au poste de président du pays qu'en 1979. Sa répression sévère de plusieurs mouvements de contestation révolutionnaires et séparatistes à la foischiites etkurdes lui permet de se maintenir en tant qu'homme fort du pays.
De 1980 à 1988, l'Irakconnaît huit ans de guerre avec l'Iran. En1990, ilenvahit le Koweït, déclenchant laguerre du Golfe. Ce conflit s'achève par une défaite pour l'Irak, qui doit évacuer le pays début1991 et demeure ensuite isolé sur le plan international ; Saddam Hussein parvient cependant à se maintenir au pouvoir. En 2003, une coalition d'États menée par lesÉtats-Unis et leRoyaume-Unienvahit l'Irak pour renverser Saddam, alors accusé par les Américains (déclaration deColin Powell le) de détenir desarmes de destruction massive et d'entretenir des relations étroites avec des organisationsterroristes telles qu'al-Qaïda ; ces allégations se révéleront toutefois infondées. Après son renversement, leParti Baas irakien est aboli et des élections démocratiques sont organisées par legouvernement de transition irakien. Il est ensuite capturé, après huit mois de fuite, par les troupes américaines le et comparaît devant la justice irakienne, faisant alors face à de multiples chefs d'accusation allant jusqu'aucrime contre l'humanité. Le, il est jugé coupable du massacre de 148 chiites irakiens àDoujaïl en1982 et est condamné à mort. Saddam Hussein sera finalement exécuté par pendaison le.
La brutalité de sadictature demeure largement condamnée : outre ses multiples violations desdroits de l'homme, divers gouvernements etONG ont dénoncé ses actions en matière decrimes de guerre,meurtres,crimes contre l'humanité etgénocide. Certains secteurs d'opinion dans lemonde arabe continuent cependant de louer sa farouche opposition auxÉtats-Unis et àIsraël, ainsi que son rôle déterminant dans le développement économique de l'Irak. Le gouvernement de Saddam a été décrit par plusieurs analystes comme autoritaire ettotalitaire, et par certains commefasciste, bien que l'applicabilité de ces qualificatifs ait été contestée. Depuis le renversement de Saddam Hussein, l'Irak demeureen proie à une grande instabilité.
Le jeune Saddam aurait été élevé par le nouvel époux de sa mère, un homme qui aurait été brutal et illettré, et qui l'aurait traité rudement[4]. Il aurait alors vécu dans une petite maison en torchis, qui n'aurait été composée que d'une pièce et où, comme dans la quasi-totalité des demeures irakiennes de l'époque, il n'y aurait pas eu l'électricité. Dès l'âge de six ans, il aurait commencé à travailler comme berger. Sa famille n'ayant pas les moyens de lui payer des chaussures, il serait allé travailler dans les champs pieds nus. Saddam aurait quitté le domicile familial à l'âge de12 ans. Une voisine, l'ayant aperçu la nuit de sa fugue, lui donna de la nourriture et le mari de cette dernière lui donna une arme, car la route jusqu'àBagdad pouvait être dangereuse. Il aurait été recueilli dans la capitale par un oncle maternel,Khairallah Talfah, ancien officier qui aurait soutenu la révolution deRachid Ali al-Gillani et qui serait devenu maître d'école. Avant de le connaître, Saddam Hussein aurait été appeléibn aziqa ou littéralement, « fils des ruelles ». Son oncle l'aurait scolarisé dans l'école municipale ; Saddam Hussein aurait alors été l'élève le plus âgé de sa classe. Khairallah serait ensuite parti pour Bagdad avec le jeune Saddam où, en plus d'aller à l'école, il aurait exercé de petits métiers, comme celui d'assistant de chauffeur de taxi et de vendeur de cigarettes à la criée. Son oncle lui aurait également appris le maniement des armes, et l'aurait instruit sur l'histoire de l'Irak,Nabuchodonosor pour l'histoire antique de l'Irak, etSaladin pour l'histoire médiévale de l'Irak[5].
Hussein en 1956 portant leghutra.Saddam Hussein en compagnie d'étudiants baasistes pendant ses études au Caire de 1959 à 1963.
Son oncle lui aurait « donné » sa fille en mariage. Celui-ci serait ainsi rentré de plain-pied dans la tribu desAlbou Nasser. Admiratif de son oncle, il aurait décidé de devenir, comme lui, officier. Il se serait présenté à l'École militaire pour passer le concours d'entrée, mais il aurait échoué — ce qui n'aurait eu rien d'étonnant, compte tenu de l'éducation qu'il aurait reçue de son oncle[4].
Membre duparti Baas, il milite dès le début desannées 1950, pour l'unité arabe. Quelques années plus tard, il est condamné, avec son oncle, à six mois de prison pour avoir tué un informateur de la police. Il participe en1956 à uncoup d'État avorté contre le souverain duroyaume d'Irak, soutenu par leRoyaume-Uni. En1958, un autre groupe,communiste, sous la direction dugénéral Kassem, officiermarxiste, parvient à renverser le roi.
Le, il fait partie d'un groupe quitente d'assassiner le général Kassem et d'instaurer un régime nationaliste en Irak, mais ils échouent, et Saddam Hussein est blessé lors de cette opération où il n'a eu finalement qu'un rôle subalterne. Plus tard, ses services depropagande tenteront d'embellir son action, jusqu'à en faire le personnage central de ce complot manqué et le héros d'une nouvelle « geste ».
Après sa tentative d'assassinat du général Kassem, il se serait enfui à cheval, aurait traversé l'Euphrate à la nage[4] et, avec l'aide de réseauxsyriens, aurait traversé le désert, puis se serait réfugié parmi desBédouins ; il se réfugie alors àDamas, où il rencontre des baasistes syriens. Il reste à Damas pendant trois mois, c'est pendant ce court séjour qu'il fait la connaissance deMichel Aflak. C'est grâce à sa rencontre avec le secrétaire général du Baas qu'il devient un membre à part entière du parti. Puis, il part auCaire, à l'époque de laRépublique arabe unie, et il est condamné parcontumace à mort par le gouvernement irakien. Il continue sa scolarité au Caire, où il obtient son « diplôme » en1961, puis, en1962, il entame des études dedroit[7]. Mais il est contraint d'abandonner ses études pour retourner en Irak.
Saddam Hussein à la fin des années 1960.
Après la révolution irakienne du, lors de laquelle le régime marxiste dugénéral Kassem est renversé par des groupes nationalistes baasistes commandés par legénéral Aref, Saddam Hussein revient enIrak en passant par la Syrie, où il rencontre une nouvelle foisMichel Aflak, qui lui transmet un message qu'il devait donner àAhmad Hassan al-Bakr. Il se fait l'intermédiaire des baasistes syriens et irakiens. Il participe également à plusieurs conférencespanarabes du parti à Damas, où il expose les mêmes idées qu'Aflaq. Avec son retour en Irak, il travaille au recrutement de nouveaux militants.
En1964, Saddam Hussein aurait projeté d'assassiner le présidentAbdel Salam Aref[réf. nécessaire]. L'attentat, qui était prévu pour le, est découvert par la police la veille, et Saddam Hussein, ainsi qu'un complice, est emprisonné. Durant sa détention, sa femme Sajida lui apporte des livres qui lui permettent d'approfondir sa culture nationaliste. Il parvient à s'évader le, au cours d'un transfert entre deux prisons. Il se consacre alors à la constitution d'une branche clandestine du Baas, qui implique une centaine de personnes[4].
Écarté du pouvoir, pour un temps, leparti Baas revient en force, lors d'un coup d'État, le, et devient le parti le plus puissant et le mieux structuré de la région. Lors de la« révolution blanche » (nom donné parce qu'aucune goutte de sang n'a coulé pendant ce coup d'État), Saddam Hussein aurait – d'après les sources baasistes – assiégé le palais présidentiel avec un tank et« pris le pouvoir ». Le, alors qu'il n'avait encore aucune fonction officielle importante, ni dans le parti Baas, ni dans l'État irakien, Saddam Hussein aurait limogé lePremier ministre et le ministre de la Défense en personne. Au sein du Parti Baas (ou de l'État irakien), Saddam Hussein prend alors la tête des services de sécurité, à l'âge de31 ans. Il occupe également le poste de vice-président du Bureau révolutionnaire. Il doit ce poste important à son oncle par alliance, le généralAhmed Hassan al-Bakr, président de la République et dirigeant baasiste historique[8].
Épaulé par son groupe, sa « tribu », constituée de sa proche famille, de ses nombreux cousins et alliés, et des natifs de sa ville deTikrit, Saddam Hussein, peu à peu, « élimine » ses rivaux, et réussit à « contrôler »Bagdad, la capitale. Il devient vice-président de la République en 1968. Cependant, pour contrôler le pays, il a besoin d'un parti à sa dévotion, et prend modèle sur leParti communiste de l'Union soviétique, avec laquelle l'Irak signe en 1972, un traité d'amitié. Saddam Hussein se rend aussi en France la même année, le. Selon un membre d'un niveau hiérarchique élevé de laCIA, il en serait revenu en emportant un drapeau tricolore dans ses bagages.
Le parti Baas, devient rapidement omniprésent, omnipotent, et un passage obligé pour toutes les affaires et pour accéder au pouvoir. En quelques années, ce parti devient un instrument entièrement au service de Saddam Hussein, qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains, passant d'un pouvoir collégial, au début, à undespotisme absolu, même s'il a conservé pour la forme[8], leConseil de commandement de la révolution(en), censé détenir le pouvoir exécutif et législatif (Ezzat Ibrahim Al-Duri en est le vice-président).
Au début des années 1970, il se donne le titre de général « honoraire ». Le, Saddam Hussein signe avec les deux Partis « autonomistes/indépendantistes »PDK etUPKKurdes un accord relatif à l'autonomie duKurdistan irakien, avec la « Loi pour l'autonomie dans l'aire du Kurdistan », qui stipule notamment que« lalangue kurde doit être la langue officielle pour l'éducation des Kurdes ». Cette loi permet aussi l'élection d'un conseil législatif autonome, qui contrôle son propre budget. Cependant, 72 des80 membres élus de ce conseil de la première session d' ont été sélectionnés par Bagdad. En, la totalité du conseil est choisie par le régime. Le, plusieurs années avant de prendre le pouvoir, Saddam Hussein commence une vastenationalisation descompagnies pétrolières, richesse nationale qui se trouvent jusque-là entre des mains étrangères. L'Irak connaît alors un développement industriel et social sans précédent. Saddam Hussein s'efforce de moderniser l'économie et l'industrie. En 1973, Saddam Hussein devient général, et le, à42 ans, se sentant assez puissant, il succède àAhmed Hassan al-Bakr et devientprésident de la République, à la suite du renoncement« précipité » de son prédécesseur, officiellement pour« raison de santé ». Des milliers de cadres du parti Baas sont convoqués d'urgence et vingt-deux d'entre eux, accusés de trahison, sont arrêtés en pleine assemblée, présidée par« un Saddam Hussein fumant le cigare et pleurant parfois », et sont emmenés à l'extérieur pour êtreexécutés sommairement[9]. La scène est filmée ; elle servira à asseoir le pouvoir du nouveau chef d'État en Irak.
Durant les vingt-quatre années de son pouvoir (-), Saddam Hussein utilise tous les moyens pour contrôler la population et régner sans partage. Comme dans lesrégimes totalitaires, lapropagande est omniprésente à travers les différents médias et les affiches représentant le portrait duRaïs[10]. La presse est censurée et la peur d'être arrêté et exécuté paralyse les opposants au régime, principalementchiites (à l'exception descommunistes, la très grande majorité des chiites était opposée au régimelaïc imposé au pays dès le début des années 1960[réf. nécessaire]) etkurdes (qui souhaitent établir un État duKurdistan indépendant, reconnu internationalement, en unifiant les provinces kurdes deTurquie, d'Irak, deSyrie et d'Iran). L’homosexualité est légale en Irak sous le régime de Saddam Hussein.
Durant cette période Saddam Hussein échappe à plusieurs attentats ou tentatives de renversement par la force, pratiquement tous perpétrés par des organisations secrètesislamisteschiites interdites (par exemple, la tentative d'assassinat en 1982 àDoujaïl, organisée par leParti islamique Dawa de la ville).
À l'international, il s'éloigne des positions pro-soviétiques de ses prédécesseurs et se rapproche des États-Unis pour constituer un « axe modéré arabe » avec la Jordanie et l’Égypte du régime d'Hosni Moubarak[8]. La période est marquée par la guerre Iran/Irak, et les défaites subies par les Irakiens préoccupent gravement les Américains, qui voient le danger d'une domination iranienne dans la zone duGolfe. Le dossier est pris en main par le vice-présidentBush qui envoie à BagdadDonald Rumsfeld en[11]. Des crédits sont octroyés à grande échelle, en principe pour des achats de produits alimentaires, mais une partie est détournée en achats d'armes[12]. C'est l'affaire dite d'Atlanta, siège de l'agence bancaire qui a piloté l'opération. Parmi ces armes figurent deshélicoptères Bell équipés pour asperger les récoltes, qui serviront à Saddam Hussein pour soumettre les rébellions kurdes[13].
À la fin des années 1980, en pleine guerre Iran-Irak, Saddam Hussein etIsraël entament des négociations secrètes pour des tentatives de rapprochement diplomatique et commercial. Avant et après la guerre du Golfe, des émissaires irakiens et israéliens de haut rang se rencontrent et manquent de concrétiser l’initiative du président égyptien,Hosni Moubarak, d’organiser une rencontre trilatérale entre Saddam Hussein, Hosni Moubarak et Moshe Shahal, alors membre éminent du gouvernement travailliste d’Yitzhak Rabin. Cette initiative ne voit jamais le jour à cause de l’opposition farouche de l’administration américaine[14].
Dans l'intention de discréditer Saddam Hussein auprès de ses partisans, laCIA envisageait de fabriquer une vidéo dans laquelle on le verrait avoir des rapports sexuels avec un adolescent. Des projets de dénigrements semblables avaient déjà été utilisés par l'agence enAmérique du Sud et enEurope de l'Est contre des personnalités opposées auxÉtats-Unis, mais dans le cas de l'Irak le projet se heurte au scepticisme de certains responsables et est abandonné[15]. Sa politique conduit à plusieurs condamnations par des résolutions de l'ONU.
Statue de Saddam Hussein abattue à Bagdad, en avril 2003.
Le, les États-Unis et leurs alliés (principalement leRoyaume-Uni) attaquent l'Irak sans l'appui des Nations unies et renversent Saddam Hussein à l'issue d'uneguerre éclair (mars-).
Le, Saddam s'offre un bain de foule à Bagdad[17]. La chute de Bagdad, le, marque la fin officielle du régimebaasiste en Irak et l'entrée dans la clandestinité de Saddam Hussein et de nombreux responsables baasistes, bien que certains d'entre eux, telTarek Aziz, se soient volontairement livrés aux forces d’occupation. Nombreux des haut-gradés de l'armée ont appelé les soldats à déposer les armes[18].
En octobre 2003, dans un message audio, il appelle les Irakiens à résister à l'occupation américaine[19].
Après plusieurs mois passés dans la clandestinité, Saddam Hussein est découvert et capturé le par l'armée américaine lors de l'opérationRed Dawn[20], il était caché dans un « trou de souris » situé dans une ferme àTikrit[21].
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SelonHamit Bozarslan, il« est, très largement, responsable à la fois de la destruction duKurdistan irakien et de celle de l'Irak dans sa totalité »[22].
Saddam Hussein découvert et interrogé par des soldats américains ().
Saddam Hussein se cachait dans un réduit de 2,5 mètres sous terre relié à une cour de ferme par un très faible passage (juste suffisant pour laisser passer un homme). Il possédait avec lui une mallette contenant 750 000dollars, unrevolver et deuxkalachnikovs. Il n'a cependant présenté aucune résistance lors de son arrestation[21].
Des images de sa capture feront le tour du monde.Paul Bremer, proconsul américain, prononce la phrase devenue célèbre« Ladies and gentlemen, we got him » (« Mesdames et messieurs, on l'a eu ») lors d'une conférence de presse[23].
Mille cinq cents personnes dont vingt-deux avocats principaux venant d'Irak, deJordanie, deLibye, de France et des États-Unis se sont proposés pour assurer la défense de Saddam Hussein.Jacques Vergès etRoland Dumas sont quelques-uns de ces nombreux avocats. Le,Ziad Al-Khasawneh, le principal avocat de Saddam Hussein, démissionne, après des pressions d'avocats américains, voulant l'empêcher de prendre position pour la résistance irakienne et contre l'invasion armée. Le, tous ses avocats commis d'office par le Tribunal, sauf un Irakien,Khalil al-Doulaïmi(en), sont récusés par la famille Hussein, qui les accuse de s'être autoproclamés défendeurs de Saddam Hussein sans avoir été mandatés.
Le, le porte-parole du gouvernement irakien annonce que l'ouverture d'un premier procès aura lieu le, soit juste après leréférendum sur le projet deConstitution, prévu le. Ce procès concernera uniquement la condamnation à mort par un tribunal irakien et l'exécution de148 chiites du village deDoujaïl en1982 (le motif invoqué pour la plupart des accusés fut d'avoir été membre de l'organisation secrète islamiste qui avait organisé la tentative d'assassinat de Saddam Hussein, sans pourtant avoir eux-mêmes participé activement à la tentative d'assassinat), la destruction de propriétés privées et l'exil interne, pendant quatre ans, des 14 000 habitants de cette ville. Le porte-parole du gouvernement a également déclaré que si Saddam Hussein était condamné à lapeine de mort, la sentence pourrait être exécutée sans attendre les jugement relatifs aux autres procès qui étaient prévus, relatifs à d'autres actes d'accusations portées à l'encontre de Saddam Hussein. Lapeine de mort, abolie en Irak par l'administrateur civil de l'IrakPaul Bremer, semble y avoir été réintroduite à la suite de l'arrestation de Saddam Hussein.
Le, jour d'ouverture du procès, Saddam Hussein défie le tribunal, présidé par le juge en chefRizgar Mohammed Amin, en ne reconnaissant pas son autorité et plaide non coupable pour le massacre deDoujaïl. Des témoins programmés au procès, ayant trop peur d'être des témoins publics, ne sont pas venus à Bagdad. Le premier procès de Saddam Hussein est alors ajourné pour permettre d'entendre ces derniers dans des conditions de sécurité satisfaisantes. La prochaine audience était prévue le, mais elle a été encore une fois reportée au. Le, Saddam Hussein continue de « perturber » le procès.
Le, le président du Tribunal, Rizgar Mohammed Amin, démissionne. Il est remplacé parRaouf Abdul Rahman(en).
Le, Saddam Hussein est appelé par l'accusation en tant que témoin. À la barre, il y fait une déclaration politique, affirmant notamment qu'il se considérait toujours comme le président de l'Irak, appelant les Irakiens à cesser les violences entre eux et à combattre les troupes américaines. Le juge lui coupe alors le microphone et la suite de l'audience se déroule à huis clos[24].
Le, il est formellement accusé de « crime contre l'humanité » pour lemassacre de Doujaïl, et refuse de plaider, trois de ses avocats ayant été assassinés lors des premiers jours du procès et Saddam Hussein ayant récusé tous ceux, commis d'office, que letribunal spécial irakien lui proposait en remplacement, en ajoutant qu'« il n'y avait aucune possibilité de juger le président de l'Irak », ou que« leTribunal spécial irakien n'a pas autorité, au terme de la Constitution de la République irakienne, pour juger le président de l'Irak » (Saddam Hussein ne reconnaissait pas la nouvelle Constitution irakienne adoptée le de l'année précédente, affirmant qu'elle avait été « imposée » à l'Irak par les forces d'occupation étrangères).
Ses avocats boycottent le procès, accusant le tribunal de partialité et de manque d'indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Saddam Hussein refuse également d'être présent lors des auditions. Le président du Tribunal ordonne alors sa convocation d'office. Des témoins appelés par la défense, suspectés d'avoir menti à la cour, sont emprisonnés.
Le,Jaffar al Musawi, le procureur général dutribunal spécial irakien requiert la peine de mort contre Saddam Hussein, contre son demi-frèreBarzan al-Tikriti et contre l'ancien vice-présidentTaha Yassine Ramadan. Ne bénéficiant d'aucun avocat autre que ceux commis d'office par le tribunal, c'est le conseiller canadien des avocats de la défense, William Wiley, qui se chargera d'écrire la plaidoirie finale. Ce dernier ainsi que le conseiller chargé d'assister les juges, l'avocat américain Eric Blinderman, tous deux envoyés par le gouvernement américain, ont eu pour rôle d'assurer le bon déroulement du procès au respect des normes internationales et à l'équité de la procédure.
Le, Saddam Hussein estcondamné à mort parpendaison pourcrime contre l'humanité. D'après les statuts du tribunal, il y a automatiquement appel pour ce type de condamnation. Le procès enappel devait durer trente jours.
Le, la cour d'appel irakienne confirme la condamnation à mort de Saddam Hussein. La juridiction refuse d'accéder à la dernière volonté de Saddam Hussein d'êtrefusillé, comme le prévoyait l'ancienne Constitution irakienne pour lescrimes politiques, et confirme l'exécution parpendaison, qui était réservée en Irak aux criminels dedroits communs, dans les trente jours à venir.
PlusieursONG etjuristes dans le monde ont dénoncé ce procès.Human Rights Watch estime ainsi dans un rapport[25] que ce dernier fut « entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur le fond » et « foncièrement inéquitable ». Seuls quelqueshommes politiques, pratiquement tousaméricains ouirakiens, l'ont qualifié de « parfaitement équitable ».
Le, le députéSami al-Askari(en), collaborateur du Premier ministreNouri al-Maliki, annonce que Saddam Hussein sera exécuté dans la nuit du 29 au ou, au plus tard, le.
Le, l'ancien président irakien est finalementexécuté dans la base militaire deKadhimiya(en) dans la banlieue nord de Bagdad à6 h 5, heure locale (3 h 5 GMT). Livré par les Américains aux autorités irakiennes, ce sont des Irakiens qui exécutent la sentence. Saddam Hussein est mené augibet, les bras et les pieds entravés, et lit des versets duCoran. Il lui est proposé d'avoir la tête cagoulée, ce qu'il refuse. Il accepte le foulard qui lui est proposé pour éviter les blessures occasionnées par la corde.
Pendant la préparation de son exécution, des officielschiites présents sur le lieu de l'exécution l'insultent, ou scandent : « Moqtada, Moqtada », par référence àMoqtada al-Sadr, le chef de l'Armée du Mahdi, dont le père avait été exécuté sur l'ordre de Saddam Hussein. La scène de l'exécution a été filmée illégalement, et diffusée sur Internet. Elle a été reprise par de nombreuses chaînes de télévision de par le monde, chaînes qui semblent avoir, pour la plupart, censuré tout ou partie de la bande son.
La pendaison de Saddam Hussein mit fin à toutes les actions judiciaires contre lui, dont sept susceptibles de conduire à une condamnation à mort.
Après son exécution, le corps fut amené en « zone verte », le périmètre de sécurité deBagdad, dans la résidence du Premier ministre, où fut organisée une fête entre amis pour fêter la pendaison[26]. Il a ensuite été remis aux proches de l'ex-président. Le, il est enterré à4 h 0 (1 h 0 GMT) dans un bâtiment construit au cours de sa présidence et destiné à honorer les morts, dans le centre d'Al-Awja, son village natal situé à 180 km au nord de Bagdad et 4 km au sud deTikrit. Il repose avec son oncle et ses filsOudaï etQoussaï.
L'annonce de l'exécution déclenche une polémique. De nombreux observateurs dénoncent une « mascarade », une « parodie de justice ». Ainsi, selonAntoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, interrogé surFrance 3 le, le choix d'exécuter Saddam Hussein le jour de l'Aïd el-Adha fut désastreux. Exécuter Saddam Hussein un jour de paix et de pardon pour lessunnites (pour leschiites, l'Aïd a lieu le lendemain), qui plus est, une fête au cours de laquelle on sacrifie un animal, serait selon lui une provocation délibérée de la part de ceux qui détiennent désormais le pouvoir à Bagdad.
Pour de nombreux analystes, l'exécution serait plus un acte de guerre civile que de justice, ou tout du moins un acte de vengeance communautaire[27] :
l'exécution a eu lieu dans un quartier à majorité chiite, au Camp d'Al-Adala à Kadhimiya, au sein d'une caserne des renseignements militaires et
la prière des personnes présentes faisait référence à des imams historiques chiites.
Le quotidien égyptienAl-Masri Al-Youm commentait ainsi :« Les États-Unis ont offert Saddam en sacrifice sur l'autel de la guerre civile irakienne »[28].
Début 2015, à cause des combats entre l'État islamique et lesforces irakiennes, ses partisans retirent son corps du mausolée qui accueillait sa dépouille (près deTikrit), l'emmenant vers une destination tenue secrète[29].
Les biens de Saddam Hussein sont estimés à plusieurs dizaines de milliards de dollars, une fortune colossale et disparate amassée tout au long de ses vingt-cinq années de règne sans partage sur l'Irak. Ils ont prétendument été gelés par une décision de l'ONU de2002, or il n'apparaît jamais comme le propriétaire réel, mais à travers de nombreusessociétésoffshore gérées par ses hommes de confiance, toujours en liberté, qui disposent d'un simple titre au porteur et qui sont donc protégés par les conventions internationalesad hoc, d'où les difficultés que connaît le gouvernement irakien d'aujourd'hui pour récupérer ses biens[30]. Parmi ceux-ci on peut citer :
enFrance : des placements financiers pour un montant de24 millions d'euros, des participations dans des sociétés françaises et deux propriétés sur laCôte d'Azur, une près deCannes et une autre àMougins ;
On peut aussi citer deuxAK-47, un chromé et un en or, qui lui ont été offerts par leroi d'Arabie saoudite[31]. Des dizaines d'autres biens sont encore à découvrir. À chaque fois, les avocats du gouvernement irakien doivent obtenir une décision de justice du pays concerné mais, ils découvrent que le bénéficiaire économique est une autre société, souventoffshore, issue d'un montage financier opaque et complexe, et située dans une autrejuridiction[réf. nécessaire].
La grande majorité de sa fortune a été identifiée par le discret détectiveKroll[32] et sa firme internationale[32], estimée à plusieurs millions de dollars américains.
↑Sa lignée est : Saddam ben Hussein ben Majid ben Abd al-Ghafour ben Sulayman ben Abd al-Qader ben Omar ben Bakr ben Emir Omar ben Emir Shabib ben Emir Hassan ben Emir Ali ben Emir Hussein ben Emir Nasser al-Din (fondateur d'Al Bu Nasser) ben Hussein al-Iraqi ben Ibrahim al-Arabi ben Mahmoud ben Shamsedin Abd al-Rahman ben AbdAllah Qasim Najimeddin ben Mohamed Khazam al-Sulaym ben Shamsedin Abd al-Krim ben Salah Abd al-Razzaq ben Sadr al-Din Ali al-Siadi ben Azzedine Ahmed al-Siad ben Abd al-Rahim Mamhad al-Dawla ben Othman Saif al-Din ben Hassan ben Mohamed Asslah ben Ali al-Hazam ben Ahmed al-Murtadah ben Ali al-Ashbili ben Rifa'a al-Hassan al-Makki ben Mahdi ben Mohamed al-Makki ben Al-Hassan al-Qassim ben al-Hussein al-Reda ben Ahmed al-Akbar ben Musa al-Thani ben Ibrahim al-Murtadah benMusa al-Khazhim benJaafar al-Siddiq benMohamed al-Baqr benAli Zin al-'Abidin benHussein benAli benAbu Taleb benHashim ben Abd Manaf ben Qussay. Voir(ar) « نسب السيد الرئيس الشهيد صدام حسين المجيد », surحزب البعث العربي الاشتراكي الأردني,(consulté le)
↑« Dès sa jeunesse, il s’enflamme pour les idéaux révolutionnaires du parti illégal Baath (ou Baas). Il y adhère en 1957, et devient rapidement l’homme de main du Baath. » (source :« Saddam : Ascension et chute », Arte,).
↑À l'époque moderne, dans lemonde arabe, le terme de « Raïs » semble avoir été exclusivement utilisé enÉgypte à propos deGamal Abdel Nasser, qu'il semble ne jamais avoir été utilisé enIrak à propos de Saddam Hussein, où seul le terme de « président de la République » ou, plus simplement, « Président », semblent avoir été employé ; le terme deRaïs paraît avoir été quasi-exclusivement utilisé dans la presse occidentale « grand public », surtout auRoyaume-Uni pendant lacrise du canal de Suez et enFrance pendant laguerre d'Algérie.
Le Livre noir de Saddam Hussein, préface deBernard Kouchner, sous la direction deChris Kutschera, éd. Oh! éditions,2005, Paris,(ISBN2-9150-5626-9). Ce livre écrit par 23 auteurs internationaux (avocats, sociologues, professeurs de droit, professeurs de sciences politiques, économistes, journalistes, magistrats, députés, médecins, archéologues et victimes de Saddam Hussein), fait le bilan de ce que les auteurs appellent des« crimes contre l'humanité » commis par le chef d'état au cours de ses trente-cinq ans de pouvoir. Il est divisé en sept parties : un régime contre son peuple, la répression des chiites, le massacre des Kurdes, les guerres d'Iran et du Koweït, les réseaux pro-irakiens, le bilan des trente-cinq ans de dictature, quelle justice pour Saddam Hussein.
Collectif,Saddam : Les secrets d'une mise à mort,Sand & Tchou,2010. Livre écrit par son avocat Khalil al-Doulaïmi retraçant l'itinéraire de Saddam Hussein de sa fuite dans la clandestinité jusqu'à son exécution (-).
Zabiba et le Roi (2000), roman de Saddam Hussein publié anonymement en France aux Éd. du Rocher (2003) et réédité chez Encre d'Orient (2012) chez Hedna éditions (2019, versions arabe et française).
Okhredj minha ya mal3oune, Hedna éditions (2019, version arabe).