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SPOT (Système probatoire d’observation de la Terre ouSatellite pour l’observation de la Terre) est une famille desatellites de télédétectionfrançais civilsd’observation de la Terre. Les cinq premiers exemplaires sont développés par leCNES et lancés entre 1986 et 2002. Les deux derniers exemplaires sont développés parAirbus Defence and Space et sont lancés en 2012 et 2014[1], en parallèle des satellitesPléiades du CNES. Les images fournies par les satellites sont commercialisées parAirbus DS Geo. En 2021, le CNES libère 19 millions d'images produites par les satellites Spot 1 à 5 entre 1986 et 2015 sous lalicence ouverte via le programmeSpot World Heritage[2].
Les années 1970 voient l'émergence de familles de satellites de télédétection dans les puissances spatiales (Landsat pour lesÉtats-Unis,Meteor pour l'URSS,Bhaskara pour l'Inde). La France commence une réflexion similaire dès 1973 à travers leGroupement pour le développement de la télédétection aérospatiale (GDTA), mené par le CNES et l'IGN, et comportant d'autres acteurs tels que leBureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l’Institut français du pétrole (IFP) ou leBureau du développement de la production agricole (BDPA)[3].
En 1976,Yves Sillard prend la direction du CNES et décide de lancer un grand programme de satellites qui devra être lancé avec la prochaine fusée développé par la France:Ariane. S'appuyant sur les résultats de quelques expérimentations de télédétection aéroportée effectués par le CNES et l'IGN, Yves Sillard charge leCentre spatial de Toulouse de livrer le projet SPOT et recherche des partenaires européens. Seules laBelgique et laSuède répondent à cet appel, mais cela suffit à alléger les coûts financiers du programme et l'ancrer à l'international.
Le programme est officiellement décidé le lors d’un comité interministériel sur l’espace. Il est composé d’une série de satellites et d’infrastructures terrestres pour leur contrôle et programmation, ainsi que pour la production des images. Au cours du mois d'octobre 1978, des échanges entre le CNES et l'Agence spatiale suédoise établissent la mise à disposition par la Suède des infrastructures d'Esrange près deKiruna et l'utilisation exclusivement pacifique de ce programme par la France, qui devra se conformer à laConvention sur l’immatriculation des objets lancés dans l’espace extra-atmosphérique du 14 janvier 1975[4].
Les satellites de la première série sont réalisés parMatra (devenu EADS Astrium Satellites puis la divisionSpace Systems de Airbus DS), avecAérospatiale/Satellites (devenu depuisThales Alenia Space) et s'appuie sur les travaux duprogramme SAMRO, projet abandonné de satelites de reconnaissance. Un des grands atouts du système SPOT est sa capacité dedépointage de son instrument imageur principal de part et d'autre de latrace au sol du satellite, de +31,06° à -31,06°. Ceci lui confère une très grande flexibilité d'acquisition, en ramenant notamment la répétitivité d'acquisition (fréquence temporelle ou fréquence de revisite) à 2-3 jours.
Les images SPOT sont commercialisées par une société spécialement créée en 1982 à cet usage: Spot Image (aujourd'huiAirbus DS Geo, filiale d'Airbus Defence and Space depuis son rachat par EADS Astrium en 2008).
SPOT-1 s'illustre par la diffusion, peu après son lancement en 1986, des premières images publiques de lacatastrophe de Tchernobyl. Le4e exemplaire s'illustre à son tour en étant le premier satellite à photographier lesattentats du 11 septembre 2001, moins de 3 heures après[5].
Sept satellites ont été lancés entre 1986 et 2014. Les cinq premiers lancés régulièrement (tous les 5 ans environ) entre 1986 et 2002, représentant les 3 premières générations de SPOT, conçus et financés par le CNES, et présentant de grandes similitudes techniques et orbitales (altitude moyenne autour de 825 km). La quatrième et dernière génération a vu le lancement des deux derniers exemplaires en 2012 et 2014, financés par Spot Image et conçus parAstrium Satellites, qui se différencient des générations précédentes sur l'aspect technique et les paramètres orbitaux (altitude moyenne autour de 697 km, partagée avec les satellitesPléiades du CNES). Tous partagent cependant le même type d'orbite et la même fauchée.
Satellite | Date lancement | Lanceur | Identifiant COSPAR | Fin de mission | Durée mission | Résolution | Instruments | Spectres | Altitude mission | Altitude actuelle | Statut |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
SPOT-1 | Ariane 1 | 1986-019A | novembre 2003 | 17 ans, 9 mois | 10 m (panchromatique) 20 m (multispectral) | HRV1, HRV2 | visible procheinfrarouge | 825 km | 676 km | Désorbité | |
SPOT-2 | Ariane 4 | 1990-005A | juillet 2009 | 19 ans, 6 mois | 671 km | Désorbité | |||||
SPOT-3 | Ariane 4 | 1993-061A | novembre 1996 | 3 ans, 2 mois | 827 km | Contrôle perdu | |||||
SPOT-4 | Ariane 4 | 1998-017A | juillet 2013 | 15 ans, 3 mois | HRVIR1, HRVIR2 VEGETATION-1 PASTEL | visible vert, rouge proche infrarouge moyen infrarouge | 714 km | Désorbité | |||
SPOT-5 | Ariane 4 | 2002-021A | mars 2015 | 12 ans, 10 mois | 2,5 m (super-mode panchromatique) 5 m (panchromatique) 10 m (multispectral) 20 m (moyen infrarouge) | HRG1, HRG2 VEGETATION-2 | 719 km | Désorbité | |||
SPOT-6 | PSLV | 2012-047A | Opérationnel | Opérationnel | 1,5 m (panchromatique) 6 m (multispectral) | NAOMI1, NAOMI2 | visible bleu, vert, rouge proche infrarouge | 697 km | 697 km | Opérationnel | |
SPOT-7 (Azersky) | PSLV | 2014-034A | mars 2023 | 8 ans, 9 mois | Contrôle perdu |
Conçu en synergie avecHelios 1.
Conçu en synergie avecHelios 2.
L'innovation de SPOT-5 est l’introduction du Super-Mode qui permet la création d’une image à 2,5 mètres de résolution à partir de deux images à 5 mètres acquises simultanément avec un demi-pixel de décalage. Leur combinaison est réalisée par des techniques de traitement et de restauration d'image avancées.
SPOT-6 et SPOT-7 forment uneconstellation de satellites d'observation de la Terre conçue pour assurer la continuité de la disponibilité des données haute résolution et large champ jusqu'en 2024. La réalisation de cette constellation de satellites est décidée en 2009 parEADS Astrium sur la base de l'analyse des besoins gouvernementaux pour ces données.Spot Image, filiale d'Astrium, porte l'investissement total et est propriétaire de l’ensemble du système (satellites et segments sols). En, Airbus annonce la vente de SPOT-7 à l'Azerbaïdjan, le satellite est alors renomméAzersky[11].
Au début de 2015, l'IGN rend publique la carte du territoire métropolitain réalisée par le satellite SPOT-6 ; la résolution est de 1,5 mètre. Elle répond à des besoins bien particuliers liés à l'état d'avancement des grands chantiers d'infrastructures, d'aménagement du territoire ou du couvert forestier, par exemple[12].
Une perte de communication avec le satellite SPOT-7 (Azersky) depuis mars 2023 a mené à le déclarer hors service[13].
Quarante-troisstations terriennes sur les 5 continents.
Les images issues de la télédétection spatiale (SPOT ou autres satellites) présentent les avantages suivants : couverture mondiale, pouvoir de synthèse grâce à la dimension des surfaces couvertes, répétitivité.
Un des atouts de SPOT est sa banque d'images couvrant la planète depuis plus de 20 ans avec des capteurs similaires. Cette banque permet d'étudier facilement des phénomènes évoluant dans le temps et dans l'espace (déforestation, etc.).
Quelques exemples d’utilisation :
LeCNES et ses partenaires, à travers le pôle thématique Surfaces Continentales, mettent à disposition des données issues des missions SPOT.
En 1994, le CNES lance le programme ISIS[15] (« Incitation à l’utilisation scientifique des images Spot ») pour permettre aux chercheurs français d'acquérir les données Spot 1-5 à un tarif préférentiel, de l'ordre de quelques dizaines à centaines d'euros par scène[16], dans le cadre d'une utilisation purement scientifique ou visant à démontrer l'apport de l'imagerie spatiale pour la mise en œuvre du programmeGMES[17]. En 2017, le CNES lance le programme DINAMIS (« Dispositif Institutionnel National d’Approvisionnement Mutualisé en Imagerie Satellitaire ») avec cinq autres organismes (CNRS,IGN,INRAE,IRD,CIRAD) pour étendre cette initiative aux images des satellites Pléiades et Spot 6-7[18]. DINAMIS prend le relais d'ISIS en 2018 et acte la gratuité des images Spot et Pléiades pour les scientifiques français[19].
En 2008,Spot Image importe environ 200 prises de vues sur la médiathèqueWikimedia Commons, permettant ainsi d'illustrer l'encyclopédieWikipédia avec des images Spot[20]. En 2010, l'entreprise se rapproche de lacommunauté du libre, en particulier de l'April et du projetOpenStreetMap (OSM), en vue de permettre la réutilisation des images Spot dans des projets libres[21]. En janvier, des images Spot 5 sont mises à disposition des contributeurs OSM pour cartographierHaïti, durement touché par unséisme très meurtrier[22]. En octobre, Spot Image noue un partenariat avec OSM autorisant ses contributeurs à utiliser les images Spot 5 pour cartographier la France métropolitaine, pendant une durée de 6 mois renouvelables[23],[24]. Avec une résolution de 2,5 mètres, il s'agit alors de la meilleure source d'imagerie satellite disponible pour les contributeurs français, jusqu'à ce queBing Cartes fasse de même le mois suivant au niveau mondial, rendant l’intérêt de Spot rapidement moindre pour OpenStreetMap[25].
À la suite des lancements des deux derniers satellites Spot 6 et 7, le CNES annonce en janvier 2014 la création du programme SPOT World Heritage[26],[27]. Ce programme mené en partenariat avec Airbus DS Geo[N 1] vise à rendre accessible au public l’ensemble des images utiles acquises par les satellites Spot 1 à 5 sur toute la planète de 1986 à 2015. Le site ouvre le avec 15 000 images sur la France métropolitaine acquises entre 1998 et 2008, avec une clause d'utilisation non-commerciale[28]. En 2020, la base contient plus de 17 millions d'images[29]. À la suite de l'arrêt de la commercialisation des images Spot 1-5 par Airbus le[30], le CNES annonce en février 2021 l'ouverture prochaine de l'intégralité des images sous lalicence ouverte (diteEtalab) via un nouveau catalogue en ligne permettant de consulter, rechercher et télécharger les images[31]. Le nouveau site, basé sur le standardOAIS, ouvre le[2] avec plus de 19,3 millions d'images proposées au téléchargement[32]. Les produits disponibles au téléchargement sont de typeL1A (fichierGeoTIFF etmétadonnéesXML) avec correctionradiométrique. Les produits de typeL1C, enréflectance "Top of Atmosphere", comportant en plus des masques de détection nuageuse ou neigeuse, uneorthorectification et des corrections géométriques, devant être disponibles plus tard[33]. En septembre 2021, un nouveau site est mis en ligne pour appliquer facilement uneprojection cartographique aux images L1A afin de se rapprocher du format L1C des imagesSentinel, ce nouveau format est appeléL2A[34].
A l'initiative duCESBIO, leCNES et l'Agence spatiale européenne (ESA) ont utilisé SPOT-4 et SPOT-5 lors de leur fin de vie respective comme simulateurs des séries temporelles de la missionSentinel-2 de l'ESA[35],[36].
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