En mai 2023, le groupe Volkswagen, propriétaire de la marque espagnole, annonce que la marque va cesser de produire des voitures en 2030. Elle deviendra une marque de mobilité à partir de cette date[3].
Le, la banque espagnole privée Banco Urquijo soutenue par son groupe d'industries fonde la « Sociedad Ibérica de Automóviles de Turismo » (SIAT), le prédécesseur de SEAT[4].
L'entrepriseSEAT est créée le. Elle a d'abord produit des automobiles de marqueFIAT sous licence, presque similaires aux modèles italiens, mais souvent déclinés de façon originale et propre au marché espagnol, notamment des versions quatre ou cinq portes de modèles qui n'existaient qu'en deux ou trois portes enItalie. De son côté, l'entreprise FIAT apporte son conseil technique et fournit les licences de production de ses modèles italiens jusqu'au début des années 1980. De 1919 jusqu'au début de laGuerre d'Espagne en 1939, FIAT avait produit des voitures enEspagne sous le nom de sa filialeFIAT Hispania.
La première automobile vendue sous la marque SEAT est la berline quatre portes « 1400 », copie parfaite de laFiat 1400. Elle sort en[1] des chaînes de la nouvelle usine de l'entreprise située dans lazone franche de Barcelone, qui avait été inaugurée en juin de la même année. LaSeat 1400 est produite jusqu'en 1963, date à laquelle elle revêt une nouvelle carrosserie, provenant de laFiat 1800, et devient une berline cossue. L'année suivante, la 1400 est dotée d'un moteur de 1 500 cm3 decylindrée au rendement bien meilleur, conçu par l'ingénieurAurelio Lampredi, pour devenir, de façon non officielle, la 1400 « C », avant de s'appelerSeat 1500 et de rester pendant 10 ans au catalogue.
La Seat 600, voiture-miracle de l'après-guerre espagnol
LaSeat 600 naît en 1957[1]. Son lancement coïncide avec l'arrêt de production du Biscooter (ouBiscúter(en) en espagnol), une toute petite voiture dessinée parGabriel Voisin pour les marchés en développement et qui avait connu une popularité importante dans l'Espagne de l'après-guerre. Le parc automobile espagnol est alors composé surtout de camions, de motocyclettes et de moyens de transport public. La SEAT 600 est née du « Plan de développement » lancé à la même époque et devient le symbole officieux de la reconstruction nationale. Elle s'adresse à une clientèle aux moyens modestes, mais qui demande un véhicule économique, capable de se déplacer aisément en ville et de transporter personnes et bagages, et qui soit, surtout, une véritable automobile. À quelques différences mineures près, dont la principale est l'écusson sur la calandre, elle est parfaitement identique à la Fiat 600 italienne. Elle sera cependant produite en version quatre portes allongée avec petite vitre decustode arrière, à partir de 1963, sous le nom deSeat 800. Comme la Fiat 600, elle se dote d'un moteur de 767 cm3 et devient la 600D. Sa version commerciale, laSeat 600 Formichetta, est une petite fourgonnette propre au marché espagnol qui existe en version tôlée ou bâchée. Son architecture a priori paradoxale - fourgonnette à moteur arrière - reprend celle duVolkswagen Combi de la même époque. Dès la première année, les concessionnaires enregistrent 100 000 commandes de la nouvelle voiture et doivent même en refuser. La cadence de production passe de quatre-vingts exemplaires par jour au début de 1961 à 240 à la fin de 1964, ce qui fait chuter les coûts de production. La Seat 600 est souvent créditée d'avoir été l'automobile qui a mis l'Espagne sur roues ; elle possède même sa propre statue à Los Boliches, Fuengirola (Malaga). En 1971, une voiture sur quatre sur les routes espagnoles était une Seat 600. L'écrivainManuel Vázquez Montalbán fit observer que« le jour où les Espagnols montèrent dans leurs 600, ils laissèrent leur passé derrière eux et partirent en week-end, pour un voyage dont ils ne sont jamais revenus ».
LaSeat 850 est lancée en 1966 et est accompagnée de la 850 Sport, toutes deux identiques (au logo près) aux modèlesFiat 850. La 850 espagnole a cependant été produite en version quatre portes de 1966 à 1974, avec un toit angulaire qui évoque celui de la future 124.
LaSeat 1430 est lancée en 1971 par le Département « Seat Véhicules Spéciaux », qui deviendraSeat Sport à partir de 1985. Chargé d'assurer la participation de la marque aux championnats de rallye, celui-ci engage deux 1430/124D Especial 1800 auRallye automobile Monte-Carlo de 1977 avec pour pilotes Antonio Zanini et Salvador Cañellas qui se classent respectivement3e et4e.
En 1967, Seat est devenu le premier constructeur automobile en Espagne, y compris les marques étrangères implantées localement. L'État a réduit sa part dans le capital de la marque à 32 %, maisFiat, dont la participation est passée à 36 % du capital, a pris le contrôle de la marque et de son développement. Six banques continuent de se partager les 32 % du capital restants. Le constructeur espagnol continue de dominer le marché national. Il produit 282 698 voitures en 1971, soit 58 % de la production nationale, malgré des grèves et d'importantes inondations du site de production, situé en bord de mer.
LaSeat 127, parfaite réplique de laFiat 127, sort en 1972. Caractéristique typiquement locale, la 127 existe également en version quatre portes. Elle se vend à 50 000 exemplaires en six mois. Les versions deux et quatre portes de la 127 seront ensuite équipées d'un hayon ; une version Samba, façon beach-car décapotable, verra aussi le jour. C'est aussi la fin d'une époque : la production de la mythique 600 s'arrête ; la dernière 600 L Especial quitte les chaînes de montage le après que 800 000 ont été produites. C'est un événement national rapporté par tous les médias du pays. La Seat 127 a quant à elle été produite au total à 1,3 million d'exemplaires.
Malgré la crise due au choc pétrolier l'année suivante, Seat dépasse le cap des deux millions de véhicules produits tout en continuant ses exportations, vers l'Amérique du Sud notamment, les marchés européens restant la chasse gardée de Fiat.
Les modèles se succèdent rapidement. LaSeat 132, clone espagnol de laFiat 132 italienne, est lancée en 1973. Cette année, avec la 1430, grâce à l'aide de Fiat, ces deux modèles vont compter parmi les importations automobiles les plus importantes enGrèce etFinlande. En 1974, c'est au tour de laSeat 133 de voir le jour. Il s'agit d'une voiture originale, développée par le bureau d'études Seat, qui combine le style de l'arrière de la 127, une plateforme de 850 et un avant deFiat 126. Elle est exportée sous le nom deFiat 133Costruzione SEAT.
En 1975, à la mort dugénéral Franco, une nouvelle ère pleine de promesses débute, qui laisse entrevoir l'ouverture du marché espagnol aux importations étrangères, longtemps rendues impossibles par le verrouillage des frontières. Les constructeurs automobiles sont tapis en embuscade ; Fiat, qui espère reprendre la main sur la société espagnole, monte à hauteur de 52 % du capital de l'entreprise espagnole. Le centre technique deMartorell est inauguré et Seat lance sa version locale de laFiat 131 Mirafiori mais équipée des moteurs de la Seat 124.
En 1976, sur ordre de son actionnaire majoritaire étatique, l'Instituto Nacional de Industria, Seat doit acquérir au prix fort, afin de sauvegarder les emplois, les installations d'Authi, qui est en faillite. Cettecoentreprise fondée en 1965 entre NMQ etBritish Motor Corporation devenueBritish Leyland, produisait des évolutions de modèles britanniques sous licence à Landaben, dans la banlieue dePampelune. Il est convenu que Seat construise sur ce site laLancia Beta sous licence pour le marché espagnol en pleine expansion, mais encore fortement protégé. Seront finalement produites dans les usines de Landaben, la124 Pamplona, la131 Mirafiori, ainsi que la Lancia Beta Coupé et Beta HPE (à la carrosserie « break de chasse ») avec des systèmes de suspension simplifiés et des motorisations moins puissantes pour bénéficier d'une taxation favorable.
À l'aube des années 1980, Seat a produit quatre millions de véhicules sous licence Fiat. Malgré des ventes honorables, sa stratégie d'expansion, au demeurant très coûteuse, et le deuxième choc pétrolier de 1979 finissent par porter un coup sévère aux comptes de la marque espagnole.
Après la mort de Franco, l'INI, actionnaire des anciennes compagnies nationales, a reçu la mission de vendre les entreprises déficitaires dans lesquelles l'État espagnol détenait une participation. Depuis sa création, Seat a surtout produit des modèlesFiat étudiés àTurin. La négociation pour le rachat complet de la société espagnole par le groupe italien s'annonçait favorable. Mais un audit commandé pour l'occasion parGianni Agnelli, le patron de Fiat, mit en évidence, à la grande surprise des dirigeants de Fiat, une dette cachée qui dépassait les vingt milliards depesetas. La société employait 32 000 salariés, soit 30 % de trop selon les critères italiens, et sa situation financière avait été aggravée par le rachat forcé de la marque et des installations d'Authi lorsque celle-ci avait fait faillite. Fiat exigea donc que l'État espagnol procède à l’apurement des comptes de Seat avant de racheter la totalité de la société dans laquelle la firme italienne avait déjà beaucoup investi.
En, un « projet d'accord d'intégration préliminaire » est signé pour confier le contrôle de la société Seat aux dirigeants italiens et son intégration dans legroupe Fiat était prévue à partir de, date d'expiration du contrat trentenaire d'origine entre Fiat et l'INI. De son côté, la multinationale italienne faisait face à de graves tensions sociales en Italie : les syndicats et lePCI faisaient campagne contre cet investissement car ils craignaient des délocalisations. Fiat décida de ne pas poursuivre dans les délais fixés par le projet d'accord tant que la situation financière ne serait pas réglée. Le groupe italien avait déjà versé trois milliards de pesetas pour la première augmentation de capital et s'apprêtait à verser la même somme pour la seconde et dernière tranche. Mais le gouvernement espagnol refusa toute intervention financière. Aussi, coté espagnol, ce fut une surprise générale lorsque le patron de Fiat, partenaire tutélaire de SEAT depuis les années 1950, annonça qu'il céderait toutes ses actions Seat à l'INI pour la somme symbolique de une peseta par action.
L'INI détenait désormais 95 % de Seat. Un accord de coopération « léger » est cependant signé avec Fiat le qui autorise Seat à poursuivre la production sous licence des modèles en cours en procédant immédiatement au restylage des modèles d'origine italienne 127, Ritmo et Panda, sans se limiter aux éléments visibles intérieurs et extérieurs, mais en prenant également en compte des éléments « significatifs ».
L'arrivée de Volkswagen, la griffe de Porsche et de Giugiaro
En 1982, un changement crucial intervient dans la vie de l'entreprise. Depuis l'arrêt de la coopération avecFIAT, plus aucun projet nouveau n'est étudié. Les ventes chutent inexorablement et le constructeur espagnol cherche des contrats de sous-traitance pour produire des automobiles pour le compte d'autres constructeurs afin de ne pas faire faillite. Volkswagen qui voulait depuis de longues années s'implanter en Espagne, devient partenaire industriel et commercial de SEAT : la marque allemande assiste SEAT pour la commercialisation de ses modèles hors de son marché national tandis que certains modèlesAudi etVolkswagen sont désormais fabriqués enEspagne dans les usines SEAT. Les comptes du constructeur espagnol restant dans le rouge, legouvernement espagnol voyant la faillite de SEAT arriver à grands pas, choisit de renflouer SEAT avec 180 milliards de pesetas de subventions, ce qui lui permet de vendre une première tranche de 50 % de SEAT à Volkswagen pour 40 milliards de pesetas. À cette occasion, FIAT exprime largement son désaccord, faisant remarquer une différence de traitement manifeste par le refus en 1980 du gouvernement espagnol de couvrir les 20 milliards de dettes de l'entreprise en échange du prix de vente de ses parts.
La même année, le constructeur espagnol lance laSEAT Ronda, uneFIAT Ritmo avec l'avant et l'arrière très légèrement remodelés. La Ronda, qui inaugure chez SEAT unenomenclature de modèles basée sur des noms de villes espagnoles, est à l’origine d’un sérieux contentieux avec FIAT. Elle est identique à la version restylée de la Ritmo que le groupe italien s'apprêtait à lancer (et dont les équipes espagnoles avaient eu connaissance), qui se voyait ainsi couper l'herbe sous le pied. FIAT accuse SEAT de plagiat et lui intente un procès. De son côté, pour montrer la différence, le PDG de SEAT, Juan Miguel Antoñanzas, fait une très habile présentation comparative à la presse d’une Ronda où toutes les pièces originales de la voiture espagnole sont peintes en jaune vif.
LaSEAT Ibiza, lancée en 1984[5] à partir d’un projet refusé de Volkswagen Golf II, constitue le premier modèle entièrement original de SEAT. Elle a tout pour créer l'événement : dessinée par les équipes d'Italdesign du styliste italienGiorgetto Giugiaro sur la plateforme de l'ancienne127, ses moteurs essence sont revisités parPorsche comme l'indique un monogramme de la marque allemande sur les ailes de la voiture sauf le moteur diesel qui est celui de l'ancienneSEAT Ritmo d'origine FIAT. Sa version 3-volumes, laMalaga, qui reprend aussi la structure de l'ancienne Ritmo, sort l’année suivante. Toutes deux seront handicapées par des problèmes de qualité, notamment les premières versions diesel insuffisamment isolées, alors queVolkswagen n’était pas encore véritablement impliqué dans la conception des modèles. Cela montre également les limites de SEAT à fonctionner de façon autonome sans l'appui d'un autre constructeur et d'un système où ses « nouveaux » modèles sont obligés de reprendre de nombreuses pièces et l'architecture des modèles plus anciens.
Mais en, le groupeVolkswagen rachète 51 % des actions de SEAT, puis monte à hauteur de 75 % quelques mois plus tard. SEAT devient la troisième marque du groupe allemand. La production atteint un record historique de 400 000 unités par an, tandis que les exportations atteignent 250 000 véhicules. LaSEAT Marbella, copie restylée de la première version de laSEAT Panda d'origine FIAT, voit le jour. Voiture économique dont la fiabilité résulte de l'expérience accumulée depuis le lancement de laFIAT Panda en 1980, elle constitue un succès commercial et sera produite jusqu'en 1998.
En 1988, pour la première fois depuis longtemps, les comptes de SEAT sortent du rouge grâce notamment au succès de l'Ibiza, produite à 500 000 exemplaires, qui devient le modèle phare de la marque et dont le millionième exemplaire sort des chaînes en 1991. Synonyme du renouveau de SEAT, elle est restylée et refondue plusieurs fois et poursuit sa carrière aujourd'hui.
En 1993, SEAT lance la nouvelle Ibiza construite sur la base de laVolkswagen Polo, avec des motorisations de 50 à150ch issues de la gamme Polo et Golf. En février, le roiJuan CarlosIer inaugure la nouvelle usine deMartorell, construite pour un coût de 30 000 millions depesetas. Présentée comme « l'usine automobile la plus moderne d'Europe », Martorell occupe 3 millions de m², dont 700 000 construits, et emploie 8 500 personnes, capables de produire 1 500 véhicules par jour. Les installations historiques de la Zona Franca de Barcelone deviennent un centre d'étude et d'essais.
Cupra est à l'origine la division sportive de la marque SEAT. Les versions sportives des modèles SEAT reçoivent une version Cupra, comme laLeón oul'Ateca.
Le, Seat présente sa premièretrottinette électrique : la eXS KickScooter. Produite en partenariat avecSegway, cette dernière aura une vitesse limitée à 25 km/h et une autonomie de 25 km. Elle est commercialisée depuis le mois de[21].