Selon l'Annuaire pontifical, les dates pourraient varier de 162–168 à 170–177[3]. Il semble être originaire deFondi[2], dans la région duLatium.
Il est connu pour avoir déclaré que lemariage n'était valable qu'en tant quesacrement béni par unprêtre et aussi pour avoir officiellement inauguréPâques en tant que fête annuelle àRome[4].
Son nom, du grec Σωτήριος deσωτήρ « sauveur », serait sonnom de baptême, car sa vie est antérieure à la tradition d'adoption denoms de règne.
LeLiber Pontificalis rapporte que Sôter est né à Fondi, où il est encore possible de visiter sa maison natale et où vivent encore ses descendants ; d'autres ont émis l'hypothèse de son originegrecque, peut-être en raison de l'intérêt qu'il portait aux problèmes desÉglises grecques[5],[6].
L'une de ses premières mesures, après son élection, est d'organiser une collecte d'argent destinée aux besoins de l'Église deCorinthe. La lettre que Sôter écrit au nom de l'Église de Rome à l'Église de Corinthe a été perdue, bien queAdolf von Harnack et d'autres aient tenté de l'identifier avec la soi-disant « Seconde épître de Clément ». La lettre de remerciement pour cette collecte envoyée parDenys de Corinthe,évêque de Corinthe, a survécu jusqu'à ce jour. Le geste prend une pertinence qui va au-delà de la simplecharité chrétienne : Sôter assigne en effet à l'Église de Rome une position d'assistante des autres Églises chrétiennes et, par conséquent, aussi de guide sur la ligne d'amour et de charité tracée par le message évangélique[7]. C'est pourquoi Sôter est également connu comme le « pape de la charité ».
À l'époque, les idées de l'hérésiemontaniste se répandent de plus en plus, ce qui conduit à des positionsrigoristes et antisociales, qui poussent peut-être l'empereur romainMarc Aurèle à poursuivre la répression et lapersécution des chrétiens. Le pouvoir impérial ne prend pas la peine de faire la distinction entre les chrétiens « orthodoxes » et les chrétiens « hérétiques ». On ne sait pas avec précision quand l'Église romaine a pris sa position définitive contre le montanisme.Tertullien rapporte qu'un évêque romain a envoyé des lettres conciliantes aux montanistes, mais sur la base des plaintes dePraxéas « concernant les prophètes eux-mêmes et leurs églises, et en insistant sur les décisions des prédécesseurs de l'évêque », il a forcé le pontife à rappeler ces lettres[8]. LePraedestinatorum Haeresis (autrefois attribué àAugustin d'Hippone, mais maintenant considéré comme l'œuvre d'un auteur inconnu) déclare que « Saint Sôter, pape de la ville, a écrit contre eux un livre, tout comme le maîtreApollonius d'Ephèse. C'est ce qu'écrivait le prêtreTertullien deCarthage, qui a bien écrit en tous points, a écrit le premier et a écrit de manière incomparable, en cela seulement de manière répréhensible, qu'il a défendu Montanus »[9]. À Rome, lesGnostiques et lesMarcionites continuèrent à prêcher contre l'Église catholique.
Concernant la persécution de Marc Aurèle, Tertullien rapporte qu'unédit de tolérance a été émis par l'empereur envers les chrétiens à la suite du soi-disant « Miracle de la Légion de la Foudre » : lors de la campagne contre lesQuades en 174, unelégion romaine était sur le point d'être anéantie par l'ennemi car affaiblie par une très gravesécheresse lorsque, à la suite des prières d'un groupe delégionnaires chrétiens, il se mit à pleuvoir si violemment que les troupes furent rassurées et que lafoudre vainquit l'ennemi, favorisant ainsi la victoire et le salut de la légion. L'événement est historiquement établi (il est également représenté sur l'un des bas-reliefs de lacolonne d'Antonin le Pieux), mais il semble peu probable que l'autorité païenne l'ait accrédité comme l'intervention duDieu deschrétiens plutôt que deJupiter pluvien ou de quelque autre divinité de lamythologie romaine. De fait, aucune autre source ne parle d'édits de tolérance de Marc Aurèle.
L'usage de célébrer Pâques, non pas chaque dimanche mais un seul dimanche par an, celui suivant le 14nisan, par opposition aux Églises d'Asie Mineure qui observent la date « quatorzième », le 14nisan, quel que soit le jour de la semaine, remonterait au pontificat de Sôter[10].
Selon les lettres qu'il écrit àDenis, évêque de Corinthe, il adopte une position très ferme sur la réadmission desrepentis dans lacommunauté chrétienne, ainsi que sur la morale sexuelle[10].
Parmi les décisions prises par Sôter figure la déclaration selon laquelle lemariage n'est valable que commesacrement béni par unprêtre.
Il réitère ledécret interdisant aux femmes de toucher lapatène et lecalice et de brûler de l'encens lors des cérémonies. Ce décret constitue un moment important dans l'histoire de l'Église et des relations entre l'Église de Rome et les femmes : depuis des temps très anciens, en effet, lesdiaconesses sont présentes dans l'ordre ecclésiastique, avec des tâches bien définies[11].
On attribue à Sôter, sans doute à tort, une lettre sur le montanisme[10] et sur laprédestination.
La fête de saint Sôter est célébrée le 22 avril[12], tout comme celle de SaintCaius. Lemartyrologe romain, liste officielle des saints reconnus, fait référence à Sôter : « À Rome, saint Sôter, pape, queDenys de Corinthe loue pour sa charité exceptionnelle envers les chrétiens exilés nécessiteux qui venaient à lui et envers ceux qui avaient été condamnés aux mines. »[13].
On a souvent supposé que tous les premiers papes souffraient dumartyre, mais le martyrologe romain ne donne pas au pape Sôter le titre de martyr. Le livre détaillant la révision de 1969 duCalendrier liturgique romain déclare : « Il n'y a aucune raison d'inclure saint Sôter et saint Caïus parmi les martyrs. »[14].
↑Le titre depape apparaît au cours duIIIe siècle, et n'est pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début duIVe siècle.Philippe Levillain,Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003, s. v. « Pape ».
Congregazione per il culto divino e sacramenti,Martyrologium Romanum : Ex decreto sacrosancti oecumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Iohannis Pauli pp. II promulgatum., Libreria Editrice Vaticana,, 848 p.(ISBN88-209-7210-7).