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Séquelle de guerre

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Pourcentage de morts (masculins) par guerre, pour différentes sociétés humaines. Le graphique compare des tribus amazoniennes et de Nouvelle-Guinée avec les États-Unis et l'Europe auXXe siècle.
Le ratio homme/femme et le ratio guerrier/civil varient également considérablement parmi les morts de guerre, selon les époques et les cultures.
Francisco de Goya,Desastre de la Guerra.

L'expression « séquelles de guerre » désigne les conséquences différées, aux échelles locales ou globales, dans l'espace ou dans le temps des actions deguerre. Cette notion diffère de celle dedommages de guerre qui ne couvre et concerne qu'une partie de ces séquelles.

Ces séquelles sont de natures variées, dites et non-dites. On en distingue souvent quatre grandes catégories ; économique, humaines et médicales, culturelles et environnementales, ci-dessous décrites.

Archives et séquelles de guerre

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Les archives jouent un rôle majeur en termes demémoire. Une partie de ces séquelles n'a cependant simplement pas été archivée, en raison des situations d'urgence et du contexte de guerre puis d'après guerre. De nombreux documents et preuves ont en outre disparu lors des conflits. Puis au moment de la reconstruction, la priorité n'est pas à l'archivage, (alors que parfois même le papier et les moyens de filmer, photographier et enregistrer manquent).

Ensuite, lesarchivistes se trouvent confrontés à une brutale augmentation du nombre et de la masse de documents très variés, souvent relatifs aux dépenses et travaux de reconstruction, et auxdommages de guerre[1],[2] et au lent processus de reconstruction. Ils n'y sont pas préparés ainsi, l'un d'entre eux répondait à une interview :« au lieu de consacrer la fin de ma carrière à inventorier les séries anciennes de mon dépôt – ce qui est essentiellement ma mission de chartiste –, je ne veux pas perdre ces belles années à démêler un fouillis de pièces se rapportant au désobusage des champs de bataille, à la reconstruction des maisons, etc. J’ai mieux à faire qu’à passer mes journées à mettre en ordre des dossiers d’adjudication ou de paiement, etc., etc. Ça, ce n’est pas un travail de chartiste, c’est le travail d’un commis quelconque… »[3]. Ces archives sont en France souvent classées dans la série R (documents militaires), mais peuvent parfois être trouvées dans d'autres séries, par exemple relatives au transport, à la santé, l'urbanisme, etc., Dans les départements de laZone rouge dont enMeuse, les services chargés de contrôler et accompagner la reconstruction à partir de 1919,« n’ont définitivement été supprimés dans les départements que vers 1946 (…) Ils ont produit une masse d’archives considérable, difficile à appréhender par les archivistes, comme en témoignent les nombreux rapports qu’ils adressent à laDirection des Archives de France entre1927 et1960 »[1].

Géographie des séquelles de guerre

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Elle comprend les zones et territoires stratégiques directement touchés par les combats, mais aussi des territoires distants (répartis dans le monde entier lors des guerres mondiales) concernés par les effets indirects (touchés par les morts, les blessés au combat et les séquelles psychiques), par des accidents liés à la production de guerre (explosions d'usines ou trains de munitions[4] par exemple), par des faillites commerciales ou au contraire par l'avènement d'industries de guerre (armes, munitions…) qui ont bouleversé les économies locales.

Durant la Grande Guerre, à l'image de lazone rouge en France, selon Daniel Hubé (2020)[5] duBRGM,« environ un milliard d’engins d’artillerie classique et autant d’artillerie de tranchée ont été tirés sur le front occidental causant[6] 70 % à 80 % des pertes et blessures ». Longtemps après les guerres, les armes et munitions (dont munitions non explosées,immergées ou exportées hors des zones habitées et cultivées) continuent à tuer ou polluer, loin des zones de combats. Les axes et lieux de transports, de décharges et d'accidents, maritimes y compris pour les épaves[7] etmunitions immergées sont aussi concernés.

Séquelles économiques

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Un aspect de Stalingrad après labataille.

Elles ont été parmi les premières à faire l'objet d'évaluations, notamment après l'invention duPIB, mais sont en réalité difficiles à quantifier.

Les guerres semblent doper les économies mais si elles enrichissent les secteurs de l'armement et de la production utile aux armées, elles ruinent d'autres secteurs, détruisent desressources naturelles (forêt notamment, par exemple en France ou les armées allemandes et alliées ont surexploité certains massifs pour les besoins de guerre[8]) accélèrent le recours aux ressources non renouvelables, et endettent durablement les États.

Les industries stratégiques, l'accès aux ressources énergétiques et les infrastructures font par ailleurs, quand elles ne peuvent être récupérées à l'ennemi, l'objet de destructions systématiques, souvent coûteuses et polluantes dont les coûts sociaux-environnementaux sont d'évaluation délicate et récente, sous l'impulsion de l'ONU et d'ONG notamment.

Séquelles médicales et sociopsychologiques

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Génocide au Rwanda.
Photo Sascha Grabow.
Génocides et guerres civiles causent des traumatismes extrêmes et indicibles, rendant l'apaisement (résilience) particulièrement difficile.

On peut distinguer les séquelles de guerre suivant leurs effets, d'ordre physique, médical ou bien d'ordre psychique, psychiatrique[9] et/ou sociopsychologique.

Certaines blessures sont des deux ordres, comme le fait d'avoir souffert de la faim ou de carences alimentaires ou de tortures[10] et certaines pathologies ont des origines mal comprises (paralysies générales constatées lors de la Première Guerre mondiale par exemple)[11],[12].

On peut aussi distinguer les séquelles suivant qu'elles ont laissé un effet immédiat, comme celles acquises lors d'un combat, ou selon qu'elles ont laissé une blessure apparue à moyen ou long terme.

De nombreux soldats et civils conservent des séquelles physiques des suites de blessures de guerre, malgré les efforts des personnels soignants. Ici, unélectro-aimant inventé pour extraire les éclats de métaux de l'intérieur des yeux ; dans une ambulance chirurgicale spéciale conçu par le lieutenant Julien pour la croix rouge et les armées alliées afin de traiter les intoxications par les gaz, l’œil, l'oreille, le nez et de la gorge (29mai 1918).

Des séquelles psychiques acquises au champ de bataille ou durant la guerre

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Ce sont notamment leseffets de choc liés à la violence des combats, qui ont connu des sommets lors de la Grande Guerre (« près de 9 millions de morts parmi les belligérants occidentaux, le nombre des blessés avoisinant sans doute le chiffre total de 21 millions. Les pertes moyennes des années 1914-1918 s’élèvent à près de 900 tués par jour pour la France, à plus de 1 300 pour l’Allemagne ; elles approchent le nombre de 1 450 pour la Russie. Les journées de bataille les plus meurtrières du XXe siècle sont d’ailleurs celles de la Première Guerre mondiale, et non celles du conflit suivant : du 20 au 23 août 1914, l’armée française compte 40 000 tués, dont 27 000 pour la seule journée du 22. Le, l’armée britannique compte pour sa part 20 000 morts et 40 000 blessés »[13].

Ce sont aussi divers syndromes ettroubles comportementaux de guerre notamment observés par exemple dans les conflits longs (ex. :1914-1918) et complexes (ex. : après laguerre de l’Afghanistan), des effets de moyen et court termes avec les séquelles médicales ou lestraumatismes sociopsychologiques[14]. La non-reconnaissance par le vocabulaire même de la médecine de guerre de certaines souffrances peut aggraver certains traumas[15].

Des séquelles de moyens et long termes

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Article connexe :Amnésie collective.

Des séquelles traumatiques graves[16] dites et non-dites, moins mesurables que les effets physiques des blessures peuvent persister des années (trouble de stress post-traumatique), et parfois sur plusieurs générations.

C'est par exemple le cas après les vols et spoliations, lesviols[17] etavortements[18] de femmes, l'enrôlement d'enfants ou de jeunes combattants[19], leveuvage[20], les séquelles psycho-sanitaires d'opérations chirurgicales effectuées dans de mauvaises conditions, les déplacements forcés de soldats et d'esclaves (déportés civils ou militaire, prisonniers de guerre[21]). Le retour des soldats traumatisés ou des couples séparés et changés par la guerre peut aussi être difficile[22].

L'impossibilité de deuil en l'absence de corps, d'injustices flagrantes (fusillés pour l'exemple[23]) ou le transfert de restes humains[24] peuvent également être très traumatisants pour les proches[25].

La démobilisation par lahonte, la perte deconfiance en soi ou en la société. Lafolie ou certaines formes dedéni peuvent être des freins à la réintégration dans une vie normale, conséquences d'opérations psychiquement insupportables (torture, expérimentations médicales de guerre, etc.). Certaines formes d'avancement ou de détournement scientifique et technologique[26] (ex. : armes chimiques, bactériologiques, nucléaire…)[27],

Certains auteurs ont montré chez legrand public l'apparition après la "victoire" d'une désillusion[28] et d'une« démobilisations culturelle »[29],[30]. La victoire ou la défaite sont aussi suivie d'une forte hausse du nombre de veufs, veuves, orphelins et "handicapés de guerre" que la société doit prendre en charge[13].

Au début duXIXe siècle, les séquelles psychiques sont connues de la médecine militaire, mais mal comprises, avec le concept de « nostalgie » ou de « vent du boulet »[13]. Il faut attendre la guerre russo-japonaise (1904-1905) pour que des tentatives de soins psychiatriques adaptés apparaissent[13]. Ce type de séquelle de guerre se multiplie lors de la Première Guerre mondiale (« les pertes psychiques s’élèvent à 14 % du total des indisponibilités » en France, mais les médecins français parlent encore de « commotion », et le anglais de « shell-shock », comme si ces troubles psychiques n'étaient dus qu'à la violence physique des explosions souligne Audoin-Rouzeau (2008), qui ajoute que« les médecins allemands, à travers la notion deKriegsneurosen, dégagée dès1907, ou celle deKriegshysterie, perçurent davantage que les troubles mentaux des combattants avaient pour origine une souffrance d’ordre psychique, et non un désordre neurologique. Pour autant, malgré l’hésitation des traitements, c’est au cours de la Grande Guerre et dans le cadre des armées alliées que se dégagèrent les premiers principes thérapeutiques destinés à orienter toute la psychiatrie dite « de l'avant » (...) »[13].

L'alcoolisme, letabagisme et l'usage dedrogues peut augmenter durant la guerre, mais aussi chez les anciens combattants ou après-guerre dans la population traumatisée[31].

Depuis quelques décennies on évoque aussi les intoxications à long ou très long terme, dues par exemple aux actions du plomb ou du mercure sur le cerveau (cf. par exemple guerre 1914-1918, avec lazone rouge et en particulier les secteurs de laMeuse et deVerdun), ou encore aux effets délétères et mutagènes de l'ypérite ou encore desdioxines (cf. Usage dedéfoliants et denapalm auViêt Nam) ou deradionucléides (depuis la bombe atomique et l'usage d'uranium appauvri).

Les vrais coûts sanitaires d'une guerre comme celle de 1914-1918 n'ont jamais été chiffrés ni estimés. Et du point de vue du risque environnemental et sanitaire, il faudrait évaluer les impacts à long terme des toxines non bio-dégradables ou très lentement dégradables (molécules organiques des armes chimiques) rejetés dans l'environnement. Elles l'ont été en telle quantité, que certains ont pu dire que la guerre 1914-1918 n'est pas finie.

Séquelles culturelles

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Les guerres sont souvent accompagnées de volonté de destruction ou appropriation de monuments, de bibliothèques, et de lieux d'archives, de symboles culturels et religieux, cimetières, etc. Ces pertes sont souvent irrémédiables du point de vue de la culture écrite et de la mémoire collective d'une population.

Les déplacements de populations ou de phénomènes dits d'épuration ethnique, voire comme dans le cas degénocides (ou de l'holocauste) d'un objectif de disparition d'une population entière. Parmi les belligérants, les vainqueurs cherchent souvent à réécrire l'histoire à leur avantage. Dans ces cas despatrimoines culturels, historiques, linguistiques et de savoir et savoir-faire importants peuvent être annihilés.

Séquelles écotoxicologiques et environnementales

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Exemple de séquelle environnementale : des milliards de billes deplomb (polluant),neurotoxique, ont été dispersées sur les 750 km de front de laPremière Guerre mondiale. La bille de droite qui se délite provient d'un obusShrapnel ; elle a été trouvée à 60 cm de profondeur près deVerdun en2004.
Le village belge de Passchendaele : champs et jardins ont été rasés et durablement pollués par lesmétaux lourds et certains composants desgaz de combat (arsenic par exemple, composant desarsines) (1917).
De nombreuses îles géostratégiquement bien positionnées ont conservé d'importantes séquelles environnementales des deux dernières guerres mondiales (ici, île de Namur, dans lesîles Marshall). Le déminage y a été moins poussé que dans les zones habitées et cultivées des pays en conflit.

Ce sont principalement les effets plus ou moins durables, directs (actes de guerre) et indirects (accidents induits, non fonctionnement des systèmes d'épuration, de contrôle des pollutions, etc.), sur l'eau, l'air, les sols, lesécosystèmes.

Des décennies à siècles après le passage de troupes ou de convois de réfugiés, ainsi que sur les lieux de combats on observe une flore significativement modifiée et parfois en partie nouvelle ditepolémoflore[32] ouflore obsidionale[33],[34].

Un autre problème, moins connus (et sans doute bien plus grave car dont l'émergence est souvent décalé dans le temps) est lapollution induite par les munitions (munitions « conventionnelles » ou « chimiques »non-explosées, perdues, stockées ouimmergées), risque qui s'aggrave avec le vieillissement des munitions ou contenant de toxiques de guerre[35].

L'historienStéphane Audoin-Rouzeau rappelait en 2008 que« sur la Somme, lors du bombardement allié de sept jours qui précéda l’offensive du, 1 500 000obus furent tirés par les 50 000artilleurs britanniques à eux seuls (au prix d’ailleurs d’un effort physique inouï de la part de ces derniers), soit une moyenne d’une trentaine d’impacts pour 1 000 m2. En 1918, les offensives alliées sur les fronts Ouest et italien furent régulièrement appuyées par 5 à 8 000 pièces d’artillerie. »[13] Il cite aussi l'invention de lamitrailleuse ;« arme typique de la guerre industrielle, capable de dresser devant elle un mur deballes à raison de 400 à 600 projectiles par minute »[13]. Il est permis de penser que la dispersion durant quatre ans (1914-1918) dans l'environnement et notamment dans l'atmosphère de gigantesques quantités de plomb, mercure, arsenic etgaz de combat, associée aux difficiles conditions de vie, d'hygiène et d'alimentation ait aussi pu contribuer à une diminution de l'immunité et indirectement aux épidémies detuberculose,choléra etgrippe espagnole qui ont fait encore plus de morts que les combats eux-mêmes[36].

Le plomb est aussi connu pour développer l'agressivité et affecter la fonction cognitive chez les victimes d'intoxication saturnine aiguë. Il semble que le mercure et d'autres métaux lourds puissent aussi développer des effets de ce type ou affecter certaines fonctions locomotrices et de l'attention ou de la mémoire. Ce phénomène pourrait-il rétrospectivement expliquer une part des syndromes développés par de nombreux soldats (parfois fusillés ou punis à tort pour des simulations qui n'en étaient peut-être pas) de la confusion et de la violence des guerres et crises qui ont agité l'Europe et le monde à cette époque ? Il ne semble pas y avoir de rendu public d'études faites sur ces thèmes.

Autre exemple de séquelle presque oubliée : le, dans la gare d’Attre (Belgique), une explosion a détruit une partie de 365 wagons chargés de munitions. 2/3 de ces munitions étaient desobus chimiques, ayant été projetés tout autour du lieu de l'explosion. Il a fallu huit mois, et jusqu’à 800 hommes, pour nettoyer le site. On sait par les archives que 114 870 munitions et environ 14 000 fusées ont été ainsi récupérées et enfouies en six lieux différents (Schoen 1936). Ces munitions ont ensuite été éliminées par les services de déminage de1950 à1954 et en2006[37], mais il ne semble pas y avoir eu d'études visant à vérifier l'absence de séquelles de pollution sur les anciens sites d’enfouissement.

Chacun de ces types de séquelles prend une importance croissante depuis laPremière Guerre mondiale, avec le développement technologique et des capacités d'intervention militaire et notamment avec l'invention desarmes chimiques, desarmes bactériologiques ou de labombe atomique ou encore par exemple avec l'usage de munitions àuranium appauvri.

Exemples nationaux et / ou technologiques

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Viêt Nam

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AuViêt Nam (de1962 à1970) 70 millions de litres de défoliant (agent orange) ont détruit la forêt et sont soupçonnés d'encore causer de nombreux cancers et de malformations congénitales[38]. AuViêt Nam, les défoliants ont des séquelles encore visibles.

Kosovo

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AuKosovo, en 1999, environ 550 sites industriels bombardés par l'Otan ont perdu dans l'environnement une grande quantité de produits chimiques et 80 000 tonnes de pétrole.

Uranium appauvri

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Articles connexes :bombe radiologique etguerre radiologique.

Les armes à uranium appauvri utilisées en Irak ou Europe de l'Est ont depuis quinze ans irradié de vastes territoires et un grand nombre de civils et militaires.

Les forêts, une cible privilégiée de l'artillerie

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Durant la première mondiale en France les forêts ont été dévastées, Elles ont servi à cacher l'artillerie, des munitions et des hommes et sont devenues des cibles. De nombreux obus (chimiques y compris) y dorment encore[39].

EnAfghanistan, en 23 ans de guerre, environ 95 % des forêts ont été détruites.

Somalie

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L'instabilité politique est mise à profit par certains pour surexploiter certaines ressources de pays en guerre, ou par exemple les utiliser comme dépotoirs.Claude-Marie Vadrot cite par exemple laSomalie où « les côtes et les terres sont devenues le dépotoir mondial de déchets toxiques, ce qui permet à des navires affrétés par dessociétés écrans de balancer des conteneurs sur les côtes »[40].

Liban

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Lesmines etsous-munitions etmunitions non explosées continuent à tuer la faune sauvage et à empêcher la remise en culture des terres agricoles, par exemple au sud duLiban, reportant la pression agricole vers les milieux naturels épargnés qui sont alors défrichés ou surexploités.

On retrouve en 2012 dans l'environnement du nord de la France desperchlorates qui dateraient de la première guerre mondiale[41].

Séquelles sur les sols

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À titre d'exemple, les bombardements, sapes et mines de la Première Guerre mondiale ont localement violemment et fortement bouleversés les sols[42]. Les volumes creusés pour les tranchées, boyaux et autres aménagements de la Première Guerre mondiale ont varié selon les rideaux de défense et selon la situation géomorphologique des sites de guerre : compris entre 60 m3/ha en quatrième rideau français et dépassent 200 m3/ha pour les premiers rideaux défensifs[42].

Les volumes creusés sont compris entre 130 et 220 m3/ha au Chemin des Dames[43], entre 80 et 140 m3/hectare dans les forêts de Saint-Gobain et de Coucy-Basse[44] et de l'ordre de 34 m3/ha en forêt communale de Varennes-en-Argonne selon Jean-Paul Amat (1987)[45]. En extrapolant les chiffres disponibles à l'ensemble des sites de la guerre de position sur le front ouest (de la Mer du Nord à l'Est de la France), le volume de terre creusée et déplacée a été évalué à environ 145 millions de m3 creusés[42].

La résilience

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Après la fin des combats, sur les ruines et les sols bouleversés, « grâce » aux sols fragmentés et aux graines mises en lumière, les paysages reverdissent spontanément et rapidement. Ainsi, lors de la Première Guerre mondiale, dans le cas des zones agricoles et parfois urbaines, le « stade pionnier » était principalement caractérisé par troisplantes messicoles suivi d'une colonisation par des orties, ronces, buissons et arbres. Au stade « pionnier », dès les trois ou quatre mois suivant les combats, les sols se recouvraient de champs parfois immenses et denses de plusieurs espèces colorées dont lesbleuets,matricaires etcoquelicots. Les « forêts de guerre » et ledésobusage ont ensuite contribué (de manière variable selon la richesse des sols et la pression du lobby agricole) à la recompositionbiogéographique et agricole de la zone rouge[46].

Les guerres modernes (nucléaires, biologique ou chimique notamment) peuvent générer des séquelles environnementales des guerres si graves et durables que certains proposent d'ajouter l’« écocide », en tant que « crime écologique » à la liste descrimes de guerre de laconvention de Genève. Unerésilience écologique complète - si elle est possible - peut en effet être délicate et longue pour l'écosystème, comme pour les individus et sociétés humaines.

Concernant larésilience socio-psychologique, le soutien psychologique auxvictimes et l'aide à unejustice qui fasse s'exprimer et se reconnaître, par le biais de tribunaux internationaux éventuellement montrent une évolution dans la volonté et les moyens de trouver des résolutions non-violentes aux conflits (ex. :Afrique du Sud,Rwanda…). Les systèmesmafieux qui ont bénéficié d'un état de guerre, voire d'une reconstruction, parfois anarchique peuvent freiner le retour de la paix et de la justice[46].

Aspects éthiques et juridiques

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Depuis laPremière Guerre mondiale, les conflits militaires laissent souvent derrière eux des destructions matérielles massives, des pollutions et de lourdes séquelles socio-psychologiques. Et la reconstruction est rendue difficile et plus coûteuse par lesmunitions non explosées,mines, mines anti-char, pièges, munitions, dontmunitions antipersonnel activées et autres matériels de guerre laissés par les belligérants. L'ONU a ainsi dans une résolution de 1981[47], déploré qu'aucune véritable mesure n'ait été prise pour résoudre le problème des restes matériels des guerres. Elle a réaffirmé son soutien à la revendication des États subissant encore des préjudices découlant de la présence sur leur territoire de restes matériels des guerres qui demandent une indemnisation de la part des États responsables de ce fait).

Ceci pose des questionséthiques que l'ONU et différentes ONG œuvrant pour une paix mondiale moinsmilitarisée cherchent à clarifier, pour instaurer des équilibres mondiaux plus justes et stables.

Ceci pose aussi des questionsjuridiques complexes, en particulier quant au déminage et au démantèlement des armes etmunitions toxiques qu'on oublie souvent de chiffrer et d'inclure dans lesdommages de guerre,traités de paix et procédures d'aides à la reconstruction[48] complexes se posent, en matière deresponsabilité ou d'application du principe de précaution ou du principe pollueur-payeur par exemple. Lessciences forensiques et en particulier laForensic Architecture peuvent contribuer, par des enquêtes approfondies, à évaluer les séquelles de guerre après les conflits, sur la base des traces qui en restent.

Notes et références

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  1. a etbADN Meuse ()Répertoire numérique de la Série R / Affaires militaires et organismes du temps de guerre (1800-1940), par Adeline Barb Sylviane Delaby Danielle Hédin Régine Petitjean,Archives départementales de la Meuse.
  2. Robert Favreau, « Les archives des dommages de guerre… », art. cité,p. 58.
  3. Réponse à l’enquête de 1927-1928 citée anonymement par Robert Favreau, « Les archives des dommages de guerre 1914-1918 et 1939-1945 », art. cité,p. 58.
  4. ex. : Carte postale tirées d'un cliché daté du 19 juillet 1918 présentant l'explosion d’un train de munitions en gare deClermont-Ferrand, bien loin du front. Cliché pris de Cébazat à 3 heures du matin ; Collection Louis Saugues
  5. « 1920-2020 : cent ans après, les munitions de la Grande Guerre polluent toujours nos sols »,The Conversation,‎(lire en ligne, consulté le)
  6. PhilippeWodka-Gallien, « Jean-Yves Le Naour (dir.) : Dictionnaire de la Grande Guerre ; Éditions Larousse, 2014 ; 504 pages »,Revue Défense Nationale,vol. N° 814,no 9,‎1er novembre 2018,p. 75–75(ISSN 2105-7508,DOI 10.3917/rdna.814.0075,lire en ligne, consulté le)
  7. ex : Xenius (2019)Un danger qui vient de la mer - L'héritage toxique de la 2e Guerre mondiale, disponible en lignedu 28/03/2019 au 25/06/2019
  8. Yann Hodicq (de la Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais),L’exploitation des massifs forestiers du nord de la France par l’armée britannique,Chemins de mémoire
  9. Marie Derrien (2015) « La tête en capilotade» Les soldats de la Grande Guerre internés dans les hôpitaux psychiatriques français. Thèse / Université Lumière Lyon 2 ; Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes ; École doctorale Sciences sociales 483 ; Soutenue le 21 novembre 2015.
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  12. Roger MIGNOT, « L’évolution de la paralysie générale chez les officiers combattants »,La Presse médicale,no 47, 1917, p. 487-488.
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  15. Sophie Delaporte,Le discours médical sur les blessures et les maladies pendant la Première Guerre mondiale, Thèse de Doctorat, Université de Picardie, 1999.
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  19. Audoin-Rouzeau Stéphane,La guerre des enfants (1914-1918). Essai d’histoire culturelle, Paris, A. Colin, 1993.
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  21. Becker Annette,Oubliés de la grande guerre. Humanitaire et culture de guerre 1914-1918. Populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noesis, 1998, 405 p.
  22. Vidal-Naquet Clémentine, « Imaginer le retour. L’anticipation des retrouvailles chez les couples pendant la Grande Guerre ».
  23. Nicolas Offenstadt,Fusillés pour l'exemple ? Les exécutions de la Grande Guerre dans l'espace public 1914-1999, Paris, Odile Jacob, 1999.
  24. Béatrix Pau-Heryries,Le transfert des corps des militaires de la Grande guerre ; Étude comparée France-Italie (thèse dirigée par J.-C. Jauffret), Université de Montpellier III.
  25. Jean-Claude Jauffret, « La question du transfert des corps 1915-1934 », Traces de 14-18, Actes du colloque de Carcassonne, Les Audois, 1997,p. 133-146.
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  27. Anne Rasmussen, « Réparer, réconcilier, oublier : enjeux et mythes de la démobilisation scientifique, 1918-1925 », numéro « Sorties de guerre auXXe siècle », Histoire@politique,no 3, novembre-décembre 2007.
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  48. Problèmes juridiques posés par les restes matériels de la seconde guerre mondiale en Libye ; Philippe Bretton,Annuaire français de droit international, 1982,vol. 28, numéro 28,p. 233-247

Annexes

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Bibliographie

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Vidéographie, émission de radio

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Articles connexes

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Liens externes

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Concernant les séquelles des guerres mondiales, par immersion de munitions chimiques et/ou conventionnelles en mer.

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