Fausse-porte de la tombe de Shery mentionnant les noms deSened etPéribsen.
La seule inscription connue probablement contemporaine du règne de Séned a été trouvée en 1909 par l'égyptologueUvo Hölscher, qui a participé aux fouilles du temple deKhéphren etMykérinos àGizeh. Hölscher a trouvé un petit éclat dediorite à paroi mince et polie, qui appartenait autrefois à un bol plat. Une inscription incisée donne la lecture :Le roi de Haute et Basse-Égypte, Séned (Nsw.t-bjty Snd). L'inscription va de droite à gauche et dépasse la ligne de cassure, mais le nom du roi reste reconstructible. Le précieux artefact a été publié en 1912[1],[2],[3].
La source suivante se référant au roi Séned remonte au début ou au milieu de laIVe dynastie. Le nom, écrit dans uncartouche, apparaît dans l'inscription sur une fausse porte appartenant au mastaba du grand prêtre Shery àSaqqarah. Shery avait les titres de « surveillant de tous lesprêtres-ouâb du roiPéribsen dans la nécropole du roi Séned », « surveillant des prêtres du ka du roi Séned » et « serviteur du Dieu Séned ». Le nom de Séned est écrit sous une forme archaïque et placé dans uncartouche, ce qui est un anachronisme, puisque le cartouche lui-même n'a été utilisé qu'à la fin de laIIIe dynastie[4],[5],[2],[6]. L'égyptologueDietrich Wildung désigne deux autres prêtres et parents possibles de Shery, qui ont également participé au culte funéraire de Séned : Inkef et Siy[7].
L'égyptologue Peter Munro a écrit un rapport sur l'existence d'une inscription sur une brique estampée montrant le nom du cartoucheNéfer-Sénedj-Rê, qu'il croit être une version deSénedj[8]. Mais comme la découverte n'a jamais été photographiée ni dessinée et que l'objet présumé s'est perdu entre-temps, l'affirmation de Munro est fortement remise en question par de nombreux chercheurs[9] ou est considéré comme un document datant d'un roi obscur et non attesté par ailleurs de laDeuxième Période intermédiaire[3], ce type de brique n'étant apparu dans le registre archéologique qu'au tout début de laXVIIIe dynastie[10].
Séned est présent dans les listes royales de l'époque ramesside mais, dans ces dernières, son cartouche est écrit différemment suivant les listes et se lit systématiquementSénedj et non plusSéned[10] :
lecanon royal de Turin, daté de laXIXe dynastie, dans lequel le nom est inscrit à la vingt-quatrième position de la troisième colonne ; le papyrus lui attribue une vie de cinquante-quatre ans[11],
Séned est également mentionné dans le papyruspapyrus Berlin 3038, daté de laXIXe dynastie, qui contient des prescriptions médicales et des thérapies pour de nombreuses maladies. L'une d'entre elles donne des instructions pour traiter les crampes aux pieds et se termine par l'affirmation que la recette de la pommade provient d'unlivre de récipients. Ce livre est censé provenir de l'époque du roiDen (Ire dynastie). Le roiSénedj aurait reçu le livre en cadeau d'héritage[12].
Le roi est également nommé sur un cercueil d'une femme découvert àDra Abou el-Naga en 1862-1963 et datant de la fin de laXVIIe dynastie ou du début de laXVIIIe dynastie ; sur ce cercueil étaient inscrits huit cartouches dont celui de Séned en première position, un deuxième en lacune, tandis que les six autres correspondent à des rois duMoyen Empire et de laDeuxième Période intermédiaire[13].
La dernière mention du roi apparaît sur une petite statuette en bronze en forme du roi agenouillé portant la couronne blanche de Haute-Égypte et tenant des encensoirs dans ses mains. La figurine porte une ceinture où est gravé au dosNesout Séned[14],[9],[2],[15].
Enfin,Manéthon le nommeSéthenès (Σεθενης) et lui compte une durée de vie de quarante et un ans[16].
Inscription sur la fausse-porte de Shery mentionnant Séned et Péribsen.
L'inscription du bol indique queSéned est lenom de Nebty du roi, tout comme le nomPéribsen qui est lui à la fois le nom de Nebty etcelui d'Horus. Le nom d'Horus de Séned reste par contre inconnu[17].
Une inscription sur la fausse-porte de Shery pourrait indiquer que Séned est identique au roi Seth-Péribsen et que le nomSéned a été apporté dans les listes de parents, parce qu'il n'était pas permis de mentionner un nom de Seth[18],[19]. D'autres égyptologues, commeWolfgang Helck etDietrich Wildung, n'en sont pas si sûrs et croient que Séned etPéribsen étaient deux souverains différents. Ils soulignent que l'inscription de la fausse-porte porte les noms des deux rois de manière strictement séparés l'un de l'autre[20],[9]. De plus, Wildung pense que Séned a fait don d'une chapelle d'offrande àPéribsen dans sa nécropole[9]. Cette théorie est à son tour remise en question par Helck etHermann Alexander Schlögl, qui pointent du doigt les sceaux d'argile du roiSekhemib trouvé dans la zone d'entrée de la tombe de Péribsen, ce qui pourrait prouver que c'est Sekhemib, et non Séned, qui a enterré Péribsen[20],[21]. Toby Wilkinson pense quant à lui que si les cultes funéraires de Séned et Péribsen étaient liés, c'est parce que ces deux rois auraient régné de manière contemporaine, Séned au nord et Péribsen au sud, et surtout de manière pacifique[2].
La durée de règne indiquées parManéthon, soit quarante et un ans[16], est considérée comme étant beaucoup trop longue par les chercheurs, qui considère que son règne devait être court[22], une dizaine d'années selon les chronologies devon Beckerath etMálek. LeCanon royal de Turin lui compte une durée de vie de cinquante-quatre ans[11], ce qui n'est pas incompatible avec une durée de règne d'une dizaine d'années s'il a accédé au trône relativement vieux.
Il n'est pas certain que Séned ait régné sur toute l'Égypte ou seulement sur une partie du territoire qui serait la Basse-Égypte[23]. Il est aussi possible que l'Égypte ait été divisée après son règne et non avant. Toutes les listes connues comme latable de Saqqarah, leCanon royal de Turin et laliste d'Abydos énumèrent un roi Ouadjenes (peut-êtreOuneg) comme prédécesseur de Séned. Après Séned, les listes royales diffèrent les unes des autres en ce qui concerne les successeurs. Alors que latable de Saqqarah et leCanon royal de Turin mentionnent trois rois avant le dernier roi de laIIe dynastie (Néferkarê/Âaka Ier, Néferkasokar et un nom en lacune), laliste d'Abydos les ignore et mentionne un roi Djadjay (identique au roiKhâsekhemouy). Si l'Égypte était déjà divisée lorsque Séned gagna le trône, des rois commeSekhemib etPéribsen auraient régné enHaute-Égypte, tandis queNebty-Ouneg, Séned, et des rois dont les noms auraient été retranscrits à l'époque ramesside comme étant Néferfarê/Âaka, Néferfasokar et un nom en lacune, auraient régné enBasse-Égypte. Le roiKhâsekhemouy mit fin à la division de l'Égypte[21].
Le lieu d'inhumation de Séned est inconnu mais la plupart des chercheurs considère que sa tombe devrait se situer àSaqqarah, relativement proche des tombes d'Hotepsekhemouy etNynetjer. De plus, Shery étant enterré à Saqqarah, il est donc probable que Séned y soit enterré également, les prêtres mortuaires n'étant pas enterrés très loin du roi pour qui ils avaient pratiqué le culte mortuaire[24],[3]. Il a été suggéré que les galeries du massif occidental ducomplexe funéraire du roiDjéser (IIIe dynastie) était à l'origine la tombe de Séned, mais Toby Wilkinson considère qu'il y a un manque de preuve[24], tandis queAidan Dodson pense qu'elles doivent dater du règne de Djéser lui-même[3].
↑En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de règne est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté du règne ; on trouve par exemple :