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Séisme de janvier 1968 en Sicile

37° 55′ 08″ nord, 12° 59′ 53″ est
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Séisme de 1968 en Sicile
Datenuit du au
Magnitude6.5
Épicentre37° 55′ 08″ nord, 12° 59′ 53″ est
Régions affectéesSicile
Victimes400
Géolocalisation sur la carte :Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Séisme de 1968 en Sicile
Séisme de 1968 en Sicile
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Carte isosismique du tremblement de terre

Leséisme de 1968 en Sicile connu aussi sous le terme italienTerremoto del Belice, est untremblement de terre d'unemagnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter (selon l’USGS), survenu dans la nuit du au, qui a touché toute lavallée du Belice, au sud-ouest de laSicile. Il a touché quatorze communes et entièrement détruit les villes deGibellina,Poggioreale,Salaparuta etMontevago.

Contexte

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La vallée du Belice, du nom du fleuveBelice qui traverse la Sicile sud-occidentale, est formée de petites collines où sont cultivés la vigne, les oliviers et les céréales[1].

Traditionnelle et peu industrialisée, cette région pauvre a été l'illustration du retard deMezzogiorno dès les premières années de la réunification italienne, puis une cible des politiques fascistes debonification agricole et enfin le terrain de luttes sociales durant l'après-guerre[2].

La vallée était considérée parMario Baratta, dans sonI terremoti in Italia (1936) qui fait référence à l'époque, comme peu sujette aux tremblements de terre, contrairement à l'est de l'île[3]. Peu de séismes notables avaient touché l'Italie depuis laSeconde Guerre mondiale[3].

Pourtant, des secousses mineures surviennent dans la journée du 14 janvier, mettant la population en alerte, expliquant le nombre, relativement faible, de victimes[3].

Déroulement

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L'Italie entre laplaque africaine eteuropéenne.

Des premières secousses, d'une intensité supérieure à VI sur l'échelle de Mercalli, se sont produites dimanche 14 janvier à 13 h 29, suivies de plusieurs autres, plus violentes[4].

Deux nouvelles secousses atteignent l'intensité VIII et IX dans la nuit du 15 janvier 1968 à 2 h 34 et 3 h 02[4]. Apeurés, les habitants sortent de chez eux, réduisant ainsi le nombre de victimes[5].Montevago,Gibellina etSalaparuta sont totalement rasés. D'autres secousses de plus en plus faibles sont ressenties dans la nuit et jusqu'au lundi soir[4].

L'épicentre du séisme se situe entreGibellina,Salaparuta etPoggioreale. Il touche une zone comprise entre les provincesde Palerme,d'Agrigente etde Trapani.

Dans les jours suivants, desrépliques accentuent les dégâts sur des constructions fragilisées. Ainsi, le 25 janvier à 11 heures, une violente secousse ressentie jusqu'à Palerme, Agrigente, Trapani etPartinico, fait quatre morts et une quarantaine de blessés à Gibellina et à Montevago, dont deux pompiers et un carabinier, écrasés à Gibellina par des pans de mur, et provoque la panique de citadins tentant de fuir les villes[6].

Dégâts

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Ruines de laChiesa di Gesù e Maria, àPoggioreale.

L'intensité reste modérée mais fait de graves dégâts[2]. Dans un triangle reliant Palerme à l'ouest, Trapani à l'est etMenfi au sud, soit une superficie équivalente à un dixième de l’île[2]. Au total, 52 villages sont touchés : quatre villages sont totalement détruits (Gibellina, Salaparuta, Poggioreale et Montevago), cinq autres (Santa Margherita di Belice,Santa Ninfa,Partanna,Salemi etContessa Entellina) sont fortement touchés et autant plus faiblement (Calatafimi,Camporeale,Menfi,Sambuca etVita). On dénombre 370 morts, plus de mille blessés et 70 000 sans-abris[1].

Il faut plusieurs heures pour que l'armée arrive sur place secourir les sinistrés qu'elle héberge sous des tentes[5].

Lenteur des secours

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Première catastrophe naturelle dans l'Italie de l'après-guerre, elle est très médiatisée, lesItaliens découvrant les descriptions et les images dans la presse, les actualités cinématographiques, à la radio et à la télévision[2]. Elle marque les Italiens comme l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire en matière de reconstruction[5].

Face aux délais d'intervention des secours, retardés par les routes coupées et enneigées[4], l'absence en Italie d'un plan d'urgence de gestion des catastrophes naturelles similaire auplan ORSEC français est critiquée dans la presse, de même que la forte présence du personnel politique à l'approche desélections générales de 1968, alors que les services publics peinent à parer aux missions prioritaires[7]. La défiance envers l'administration publique entraine de multiples aides directes vers des communes, les partis et organismes locaux, ou les sinistrés, de la part de pays étrangers, de municipalités ou de journaux commela Stampa[7].

Pour faciliter l'évacuation, des billets de train sont distribués gratuitement et des passeports prestement délivrés, provoquant non seulement un départ temporaire vers les villes de l'Italie qui après un mois renvoient les migrants en Sicile[7], mais aussi une émigration durable vers le Nord du pays et de l'Europe, fragilisant le dynamisme démographique de la région lors de sa reconstruction[3].

Des villages de baraquements provisoires,baracopolis, sont construits pour héberger les rescapés. Les murs en tôle et le toit enEternit amplifient les températures hivernales et estivales plutôt que de les limiter[5]. Lamafia tire avantage de la catastrophe, en rachetant à bas prix les biens d'émigrants, en prêtant à destaux d'usure dans l'attente des indemnisations[7].

Une longue reconstruction

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Alors que les explications techniques avaient dominé après leséisme du 28 décembre 1908 à Messine, aucune étude savante n'est produite après la catastrophe, sinon les deux rapports officiels de l'Institut national de géophysique et du Service géologique national. Plus que par des raisons scientifiques, que sont les sols géologiquement instables et les constructions fragiles, les médias, la classe politique et les sinistrés expliquent la vulnérabilité de la zone par la pauvreté (excusant l'emploi de matériaux de construction inadaptés et légitimant le besoin d'aides publiques extérieures) et le manque d'infrastructures (justifiant la lenteur de l'arrivée des secours et l'incapacité des survivants à reconstruire seuls leurs vies), en s'appuyant sur des discours historiques de sous-développement économique et social de la région[3] et de délaissement étatique[2]. Les principales réponses législatives, régionales (loi de février 1968) et nationales (loi de mars 1968), sont donc un réaménagement territorial visant l'industrialisation, l'urbanisation et à l'équipement de la vallée[3]. Le gouvernement décide également de distribuer des compensations aux survivants qui les utilisent nombreux pour acheter des terres agricoles, provoquant une transformation agricole inattendue de cette vallée, dominée jusqu'aux réformes agraires des années 1950 et 1960 par leslatifundia céréalières et la pauvreté paysanne[3].

Pour financer la reconstruction, une taxe de 10lires par litre d'essence est appliquée à partir de 1968. En 1995, legouvernement Dini conserve l'accise, dont le montant sera converti en 0,0051 euro, mais lui retire sa destination spécifique[8].

Inspiré deL’urbanistica e l’avvenire delle città deGiuseppe Samonà qui assimile la ville au progrès, l’État imagine une « ville-territoire », rassemblant la population rurale des quatre villages totalement détruits mais les sinistrés s'y opposent, préférant quatre nouveaux centres, conservant dans leurs plans urbains un espace publicfonctionnaliste et le modèle descités-jardins d’Ebenezer Howard. Mal coordonnée et sous-financée[9], la reconstruction dessinée par Istituto per lo Sviluppo dell’Edilizia Sociale (ISES) et conduite par l'Inspettorato per le Zone Terremotate della Sicilia créé pour l'occasion par le ministère des Travaux publics, prend plus de trois décennies[10].

Faute de lancement des travaux de reconstruction deux ans plus tard,Ludovico Corrao avec les autres maires des villes détruites (Vito Bellafiore deSanta Ninfa,Giuseppe Montalbano deSambuca et Mimmo Barile) et des intellectuels, dénoncent les conditions de vie des sinistrés : « Devant cet état des choses qui, depuis deux ans, s’aggrave, nous ressentions, en tant qu’êtres humains et siciliens, le devoir de bouleverser l’opinion publique mondiale, d’où l’invitation lancée à ses représentants à une réunion à Gibellina le soir, entre le 14 et le 15 janvier 1970, deuxième anniversaire du séisme ; pour qu’ils voient, pour qu’ils se rendent compte, pour qu’ils joignent leurs propositions et leurs cris aux nôtres, à ceux des citoyens relégués dans les champs de baraques de la vallée du Belice »[1]. Les villageois manifestent cette nuit-là dans les ruines de Gibellina Vecchia oùRenato Guttuso peintLa notte di Gibellina[1], et des proches deDanilo Dolci émettent quelques heures une radio pirate, rapidement arrêtée par les forces de l'ordre[11].

En 1973, le magazineEpoca fait le bilan de la promesse de reconstruire rapidement quatorze mille logements, dont onze mille sept cents sur fonds privés avec le concours de l'État et deux mille deux cent soixante-huit sur fonds publics« en cours de construction : six cent dix-sept ; terminés : deux cent quatre-vingt-dix ; remis à l'utilisateur : néant. Cinquante mille personnes continuent à vivre dans des baraquements. »[12]. En janvier 1975, une manifestation à Palerme réclame la reconstruction[13]. Après huit ans d'attente, l’État engage les mesures de relogement et d'indemnisations[5].

Les 14 villages les plus touchés sont partiellement ou totalement relocalisés sur des sites en contrebas dans la vallée, reconstruits selon une structure urbaine moderne[3]. Les anciens sites, dont quatre sont déclarés inconstructibles[10], connaissent des sorts différents, le plus souvent simplement abandonnés, décors de commémorations ultérieures, lieux de parcours touristiques ou site d’œuvres mémorielles[3]. Des musées et expositions[3] (comme dans le hall de la mairie deSanta Ninfa[5]) gardent le souvenir du drame et permettent de reconstruire une identité collective et une cohésion communautaire[3]. Ainsi Gibellina et ses 7000 habitants déménagent à quelques kilomètres[5], sur des terrains de 40 hectares chèrement rachetés 1 400 millions de lires[12] par l’État aux cousins affairistes et mafieuxIgnazio et Antonino Salvo, alors que les ruines accrochées à un coteau sont ensevelies dans uneœuvre monumentale de ciment blanc par l'artisteAlberto Buri[5].

Porte du Belice, Gibellina.

Après négociations avec l’État, les autorités palermitaines obtiennent que la ville ne soit pas classée zone à risque sismique pour éviter que l'essor immobilier ne soit freiné par l'application des normes antisismiques de construction et d'urbanisation[3].

En 1979, les premières maisons sont livrées, mais les équipements structurants toujours absents, l’État laissant aux collectivités locales la conclusion des travaux[10], encore inachevés après 38 ans[5]. La même année, Ludovico Corrao dans son article « L’arte non è superflua », réitère ses critiques sur le plan gouvernemental auquel il oppose un nécessaire renouveau culturel simultané à l'édification de maisons, et lance pour Gibellina un contre-projet basé sur l’art et l’architecture contemporaine, baptisé tour à tourutopie de la réalité,l’utopie concrète ouGibellina la Nuova. Sonutopia concreta fait de la vallée du Belice un terrain d'expérimentation dont Gibellina est une pièce maitresse dans la régénération d'une identité locale par l'art et de l'économie par l'attrait touristique qu'elle doit stimuler. La renaissance après la destruction évoque la longue histoire des événements géologiques de la Sicile à l'instar duVal di Noto devenu centre baroque après le séisme de 1693[1]. Gibellina Nuova fait appel aux grands noms de l'art contemporain (Consagra,Pomodoro,Uncini etPaladino) pour renaitre selon un plan en forme de papillon[5].

La reconstruction de la vallée du Belice est jugée ratée par les Italiens, à cause de la lenteur et faute de moyens nécessaires[1]. Le provisoire dure, une trentaine de familles sont encore logées dans des baraques provisoires àMenfi au printemps 2006, soit 38 ans après la catastrophe, et autant àSanta Margherita di Belice. La destruction des derniers baraquements provisoires, engagée à cette date, s'interrompt à cause de la présence de fibres d'amiante dans le ciment[5]. Un barrage artificiel construit sur le Belice pour irriguer 28 000 hectares de terres, n'est à cette époque pas exploitable faute de réseau d'irrigation. Les élus locaux estiment alors qu'il manque 460 millions d'euros pour achever les habitations et 120 millions pour les infrastructures[5].

Notes et références

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  1. abcde etfAnna Juan Cantavella, « Images d’abandon et pratiques de l’indifférence : problèmes d’actualisation et de transmission d’un patrimoine artistique construit ex nihilo »,ethnographiques.org,no 24 « Ethnographies des pratiques patrimoniales : temporalités, territoires, communautés »,‎(lire en ligne)
  2. abcd eteGiacomo Parrinello, « Décider en situation d’urgence : une histoire environnementale. L’exemple du séisme du Bélice (Sicile, 1968) »,Entreprises et histoire,vol. 97,no 4,‎,p. 70-82(lire en ligne)
  3. abcdefghijk etlGiacomoParrinello, « Les enjeux de l’après : vulnérabilité et résilience à l’épreuve des politiques de la catastrophe au 20e siècle »,VertigO : la revue électronique en sciences de l’environnement,vol. 16,no 3,‎(ISSN 1492-8442,lire en ligne, consulté le)
  4. abc etd« Routes coupées et enneigées rendent difficiles les secours aux victimes du séisme »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  5. abcdefghijk etlRichard Heuzé, « La colère des Siciliens du Belice »,Le Figaro,‎(lire en ligne)
  6. « NOUVELLE SECOUSSE EN SICILE Quatre morts, une quarantaine de blessés »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  7. abc etd« II. - PALERME OUBLIÉE ? »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  8. (it) « Sisma del Belice 55 anni dopo: la ricostruzione non è finita, ma la paghiamo con le accise sulla benzina », surla Repubblica,(consulté le)
  9. L'État consacre 5,9 milliards d'euros en trente-huit ans à la reconstruction du Belice là où auFrioul, lors d'unséisme comparable survenu en 1976, il débloque 13,3 milliards sur huit ans selon Richard Heuzé.
  10. ab etcAnna Juan Cantavella, « Du village agricole à la ville-musée : logiques de patrimonialisation pour la reconstruction d'un village sicilien »,Espaces et sociétés,vol. 152-153,nos 1-2,‎,p. 103-120(lire en ligne)
  11. « LA POLICE MET FIN AUX ÉMISSIONS DE LA RADIO "PIRATE" PATRONNÉE PAR DANILO DOLCI. »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  12. a etb« EPOCA Le scandale du " Terremoto " »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)
  13. « Italie »,Le Monde.fr,‎(lire en ligne, consulté le)

Liens externes

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