Lasédimentation est un processus dans lequel desparticules de matière quelconque cessent progressivement de se déplacer et se réunissent en couches. Les facteurs induisant la sédimentation peuvent être variés en nombre et en proportion. Ordinairement lamécanique des fluides joue un rôle prépondérant, ainsi la sédimentation est-elle accrue dans les zones d'hydrodynamisme atténué, de même que les paramètres deviscosité interfèrent avec celles d'agglomération mécanique des particules. Lagranulométrie des particules en mouvement intervient également fortement dans la forme prise par le phénomène.
Engéologie, lasédimentation se forme à basse température à la surface du globe, soit par déposition des produits d'érosion (par exemple le sable, l'argile), soit par précipitation (par exemple lesévaporites), soit par accumulation au fond des océans des débris minéraux des animaux ou plantes mortes (par exemple lacraie, ladiatomite), soit par d'autres processus froids. Les sédiments se disposent enstrates. S'il y a interruption dans la continuité de la sédimentation on parle de discordance. Entre deux strates, lorsque le sédiment n'est pas encore compacté, il y a glissement et donc formation d'unslump : les couches sont perturbées et ne deviennent solides qu'ensuite. La sédimentation peut être naturelle, ouanthropique lorsque les sédiments, de nature minérale ou organique, sont générés par l'occupation humaine[1],[2].
Enphysique-chimie, la sédimentation (décantation) est aussi l'un desprocédés de séparation des mélanges. Il consiste à laisser se sédimenter les particules en suspension dans le liquide pour pouvoir les séparer. C'est un principe utilisé par certaines stations d'épuration de l'eau (bassin de décantation).
Enbiochimie, il s'agit de la séparation deprotéines en solution qui ont la capacité de sédimenter dans un champ centrifuge élevé. On pratique l'ultracentrifugation et dans ce cas lesmolécules sont mises en mouvement et sédimentées par suite de leurdensité qui est supérieure à celle dusolvant, on peut donc déterminer différentesmacromolécules et déterminer leurmasse molaire ainsi que leur constante de sédimentation mesurée enSvedberg (S).
Lasédimentation urbaine, appelée aussisédimentation intra-urbaine, résulte de l'accumulation de matériaux hétérogènes à l'origine, lorsqu'ils sont essentiellement organiques, desterres noires. Elle peut être liée au métabolisme urbain (processusautogène qui découle des accumulations et déchets minéraux ou organiques produits par les occupants) et selon les processus, peut être positive ou négative selon qu'elle relève d’un processus d’accumulation (exhaussement dessols ou d’érosion. Elle peut également être liée à son environnement (processusallogène généré par des formations meubles desbassins versants, accumulées parcolluvionnement ou paralluvionnement ; par l'inondation de cours d'eau ou de zones littorales)[3].
L'essor des études sur cette sédimentation est lié au développement de l'archéologie urbaine(en) dans les années 1970 (qui s'appuie notamment sur lastratigraphie archéologique(en) étudiant la stratification urbaine, principale source des archéologues pour appréhender l’occupation de la ville de manièrediachronique) et de lagéoarchéologie dans les années 1990 (dont un champ d'application est la production de sol). En effet,« le sol urbain, tantôt qualifié de “dépôt archéologique” ou de “dépôtanthropique” par les archéologues, de “remblai historique” par lesgéotechniciens ou bien de “poubellien” par lespédologues (Barles, Guillerme 2003)[4], se différencie des autres sols par une importante épaisseur, généralement plurimétrique, et une stratification dense et variée[5] »[6]. L'exhaussement progressif du sol, pendant des siècles, conserve la trace, le témoignage des nombreuses occupations successives, gallo-romaines, médiévales, modernes (vestiges de construction tels que les bâtiments, les sols ou les voiries, vestiges d'occupation constitués de dépôts primaires et secondaires)[7]. Cet exhaussement rappelle qu'avant la mécanisation des moyens de terrassement, la sédimentation est globalement positive dans les villes et, dans un degré moindre, sur des sites moins densément peuplés (sites ruraux), ou occupés durant de moins longues périodes[6]. Les matériaux non récupérés sont en effet nivelés sur place (l'évacuation dutout-venant des démolitions étant inutilement coûteuse) et, associés aux limons, auxterres noires et auxdéchets organiques (notamment les excréments animaux et humains qui se déposent sous forme de boues sur les chaussées et que seules les pluies sont à même, ponctuellement, d'évacuer, avant le développement de l'hygiénisme et du système decollecte des déchets organiques auXIXe siècle)[8], ils sont réutilisés commeremblais[9].
Le rythme de la production de sol n'est pas uniforme dans le temps, selon les lieux et selon que l'architecture fait appel à la pierre ou à l'association bois-terre. L'ordre de grandeur moyenne est de huit à douze mètres en deux mille ans (quatre à six millimètres par an)[9].
↑Barles S., Guillerme A. - Le sol urbain : connaissance technique et reconnaissance scientifique, deux siècles d’histoire, in : Breysse, Kastner (dir.)2003 : 37-60.
↑Galinié H. - « L'appréhension archéologique du sol urbain ». Le sol urbain. Barles et al., éd. Anthropos, coll. «Villes», 1999. p. 7.
↑a etbAmélie Laurent & Mélanie Fondrillon, « Mesurer la ville par l’évaluation et la caractérisation du sol urbain : l’exemple de Tours »,Revue archéologique du Centre de la France,t. 49,,p. 307-343.
↑« Dépôt primaire : couche archéologique, dont lemobilier a été rejetéin situ, immédiatement après son utilisation et non déplacé, et témoigne de l’usage particulier de l’espace… Ce type de dépôt est relativement rare : il s’agit le plus souvent des niveaux d’occupation intérieure de bâtiments, niveaux dans lesquels sont incorporés des artéfacts relatifs à l’occupation de la pièce concernée. Dépôt secondaire : couche archéologique qui contient du mobilier déplacé depuis son rejet initial et ne témoignant pas directement de la fonction de l’espace. On peut distinguer deux types de dépôts secondaires. Le premier regroupe les strates liées fonctionnellement et chronologiquement à des dépôts primaires et dont la date de constitution est proche de la date d’utilisation du mobilier contenu : ainsi, le meilleur exemple est donné par les comblements de fosses-dépotoirs ou les zones d’épandage extérieur, dont le mobilier est généralement issu du balayage de sols et du curage des poubelles du bâtiment situé à proximité. Le second type comprend les dépôts dont le matériel n’a plus de lien ni fonctionnel, ni chronologique avec le contexte d’utilisation : le cas le plus illustre est celui desremblais servant à l’aménagement de l’espace, qui contiennent du mobilier redéposé en grande quantité et peu ou pas de mobilier contemporain de l’activité de remblaiement ». Cf Mélanie Fondrillon.La formation du sol urbain : étude archéologique des terres noires à Tours (4e-12e siècle). Histoire. Université François Rabelais - Tours, 2007, p. 9.