Pour les articles homonymes, voirFaure etSébastien Faure (homonymie).
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| Sépulture | Cimetière des Tilleuls(d) |
| Nationalité | |
| Activités | Pédagogue,journaliste,anarchiste, conférencier, encyclopédiste, éditeur associé |
| Idéologie | Anarchisme,libre-pensée, athée(en) |
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| Condamné pour |
Sébastien Faure, né le àSaint-Étienne[1] et mort le àRoyan, est un militantanarchistefrançais de renommée internationale. Il ne fut pas à proprement parler un théoricien, mais surtout par l’écrit et par la parole, un vulgarisateur[2].
Conférencier itinérant au large auditoire, il était reconnu comme un propagandiste anarchiste de premier plan. Pour cette raison, il fut inculpé en 1894 dans le cadre duprocès des Trente. Acquitté, il cofonda en 1895 l'hebdomadaireLe Libertaire, qui devait devenir un des principaux organes du mouvement.
En 1898-1899, il entraîna le mouvement libertaire dans lecombat dreyfusard et dirigea leJournal du peuple, quotidien de l'extrême gauche dreyfusarde.
De 1905 à 1917, il dirigea une école libertaire près de Rambouillet,La Ruche.
Pendant la Première Guerre mondiale, il fut une des principales figures du pacifisme, avec son journalCe qu'il faut dire. Dans l'Entre-deux-guerres, il fut l'initiateur de l'Encyclopédie anarchiste et le concepteur du « synthésisme ». Il était par ailleursfranc-maçon.
Dans les années 1910-1920, Sébastien Faure fut également accusé d'être un « satyre » (c'est-à-dire unpédocriminel, selon la terminologie usitée cent ans plus tard). Cela a été confirmé par l'ouverture, en 2018, des archives judiciaires sur les faits incriminés[3].
Sébastien Auguste Louis Faure est né le 6 janvier 1858 àSaint-Étienne, il est le fils d'Auguste Faure, négociant, et de Catherine Seigneur[4].
Issu d'une famille conservatrice, Sébastien Faure fit ses études chez les jésuites et se destinait à la prêtrise quand son père mourut, en 1875. Tenant une promesse qu'il lui avait faite, le jeune Sébastien abandonna le séminaire, reprit le négoce familial et, en 1881, se maria.
Vers 1885 le couple s'installa àBordeaux mais la vie de Sébastien Faure bifurqua alors vers le socialisme. Il adhéra auParti ouvrier français, dirigé parJules Guesde, dans lequel il milita pendant trois ans.

Divorcé en 1888, Sébastien Faure s'installa à Paris et se détacha du guesdisme pour rejoindre le mouvementanarchiste. Il devint un ardent propagandiste de l’idéallibertaire, parcourant la France en tous sens pour donner des conférences révolutionnaires, ciblant principalement l’État, le Capital et la religion. Le succès grandissant, les entrées payantes lui permirent de vivre de ses conférences.
En1894, il devint le tuteur de Sidonie Vaillant après l’exécution de son père,Auguste Vaillant, qui avait lancé une bombe dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Du fait de sa renommée, il fut, en 1894, une des « vedettes » duprocès des Trente, un procès-spectacle de l'anarchisme qui tourna à la confusion du ministère public. Défendu parGeorges Desplas, il fut acquitté.
En1895, il cofonda l'hebdomadaireLe Libertaire, avec le marrainage deLouise Michel. Il devait le diriger jusqu'en 1900.

Début 1898, poussé parBernard Lazare, Sébastien Faure et l'équipe duLibertaire furent les premiers, dans le mouvement anarchiste, à s'engager dans l'Affaire Dreyfus, en livrant bataille contre l’Église, l'institution judiciaire, l'armée et le mouvementantisémite[5].
En 1911,Émile Cahen rapporte ce propos de Faure « Le racisme, voilà l’ennemi.»[6]
En 1898-1899, Faure s'imposa comme le chef de file des anarchistes dans le combat dreyfusard, et plus largement comme un des animateurs de l'extrême gauche dreyfusarde[7]. En octobre 1898, il cosigna l'appel de la Coalition révolutionnaire rassemblant des figures de l'anarchisme et de l'allemanisme[8].
De février à décembre 1899, Sébastien Faure dirigeaLe Journal du peuple, un quotidien financé essentiellement, viaBernard Lazare, par le Comité de défense contre l'antisémitisme, et qui se positionna comme l'organe de l'extrême gauche dreyfusarde.
Cependant, une partie du mouvement anarchiste accusa Sébastien Faure de faire dévier le combat dreyfusard de sa ligne révolutionnaire, pour le compromettre dans une sorte de front de défense de la république. Cela provoqua une scission au sein duJournal du peuple et, en 1900, Sébastien Faure sortit de l'affaire Dreyfus durablement marginalisé au sein du mouvement anarchiste[9]. Pendant une douzaine d'années, il s'en tint à l'écart et se concentra sur un projet personnel : la fondation d'une école libertaire.
En 1903, sous l’influence d’Eugène Humbert, Sébastien Faure épousa les conceptions néomalthusiennes auxquelles il avait été hostile jusque-là[9].

En 1905, il ouvrit au Pâtis, près deRambouillet une ferme-écolelibertaire,La Ruche. Jusqu'en 1917, elle accueillit 20 à 30 enfants« orphelins, abandonnés, appartenant à des familles nécessiteuses ».
Après des débuts difficiles, elle devint, au fil des ans, une petite institution au sein du mouvement ouvrier français. La presse syndicaliste, anarchiste et socialiste en faisait régulièrement la promotion et, chaque année, une fête de la Ruche attirait depuis Paris plusieurs centaines de personnes[9].
Critique de la méthode traditionnelle de lapédagogie, qu'il disaitinductive, consistant à expliquer les concepts aux élèves qui devaient les assimiler, il prônait une pédagogiedéductive laissant l'étudiant faire le gros du travail par lui-même :« Qui cherche, fait l'effort ».
Il est plausible que la Ruche fut également un lieu de prédation sexuelle, selon le témoignage en 1918 d'une ancienne pensionnaire, Marguerite Trébuquet[3].
En 1914, la déclaration de guerre divisa profondément le mouvement anarchiste français. Tandis que plusieurs grandes figures commePierre Kropotkine etJean Grave se ralliaient àL’Union sacrée, la mouvance de laFédération communiste anarchiste restait fidèle au mots d'ordre antimilitaristes et internationalistes.

En France, Sébastien Faure donna le coup d'envoi de la propagande pacifiste publique en éditant, en janvier 1915, un tract-manifeste intituléVers la paix qui appelait à une « paix blanche » immédiate. Cela lui valut une convocation au ministère de l’Intérieur. Le ministreLouis-Jean Malvy menaça de répression les soldats qui seraient trouvés en possession de son tract, et Sébastien Faure préféra suspendre son action.
Il reprit la propagande ouverte en avril 1916, en cosignant l'appelLa Paix par les peuples et en lançant l'hebdomadaire pacifisteCe qu'il faut dire. Celui-ci connut un grand succès puisqu'en 1917 il tirait à près de 20 000 exemplaires, comptait 2.000 abonnés et voyait se constituer à Paris, en banlieue et en province des groupes d’Amis deCQFD[10].
En, La Ruche ferma définitivement ses portes, faute d'argent.
Le 23 septembre, aux puces de Clignancourt, plusieurs témoins scandalisés le virent pratiquer des attouchements sexuels sur des fillettes. Il fut pour cela condamné à deux ans de prison le 5 décembre 1917, peine ramenée à six mois en appel, le 28 janvier 1918.
Sorti de prison fin mai 1918, il édita une brochure de protestation le disant victime d'une manipulation policière[11]. Cependant, tenu en suspicion dans le mouvement libertaire, il se retira à Vichy pendant plusieurs mois.
Il fit son retour sur la scène politique parisienne en décembre 1919 et, durant toute l'année 1920, redevint le grand orateur révolutionnaire du moment, battant des records d’affluence à ses conférences, avec des milliers d’auditeurs et d’auditrices.
Le 15 mars 1921, il fut de nouveau arrêté pour attouchements sexuels sur mineures ce qui lui valut, le 15 juin, huit mois de prison et 500 francs d’amende. À sa sortie de prison, il publia, dansLe Libertaire, une lettre où il se disait victime d’un« traquenard », et minimisait les faits. Atteint au moral, il songeait cependant à se retirer de la vie politique. Mais finalement le mouvement libertaire fit le choix, une fois encore, de croire au coup monté, et Faure continua à y jouer un rôle[3].
En 2018, l'ouverture des archives concernant l'affaire de 1918 leva tout doute sur la question, et révéla que d'autres affaires d'abus sexuels sur mineures avaient été signalées en 1903, 1907 et 1916, sans suites judiciaires. L'ensemble des documents ont été mis en ligne sur le siteArchives anarchistes.
En, Sébastien Faure publia le premier numéro deLa Revue anarchiste, qu'il animera jusqu'en 1925.
En 1928, il publia une brochure de 16 pages,La Synthèse anarchiste, qui théorisait l'existence de trois tendances au sein de l'anarchisme : individualiste, le communiste et syndicaliste. Sébastien Faure prônait la cohabitation de ces trois tendances dans une organisation libertaire unique, qui serait comme leur « maison commune ». Cette conception, dite synthésiste, devait être adoptée notamment par l'Association des fédéralistes anarchistes (AFA, 1927-1934) à laquelle Faure adhérait, puis par laFédération anarchiste après la Seconde Guerre mondiale[12].
De 1925 à 1934, il dirigea l'édition de l’Encyclopédie anarchiste, projet ambitieux qui réunit plusieurs centaines de collaborateurs, parmi lesquels se trouvaient, outre Sébastien Faure lui-même,Luigi Bertoni,Pierre Besnard,Émile Armand,Han Ryner,Augustin Souchy,Max Nettlau,Voline,Aristide Lapeyre, etc. Seule la première partie, en quatre volumes totalisant 2893 pages fut publiée.
En 1934, l'AFA réintégra l'Union anarchiste, et Sébastien Faure redevint un adhérent en vue de l'organisation. C'est dans ce cadre qu'il participa aux campagnes de soutien aux anarcho-syndicalistes de la CNT-FAI pendant laRévolution espagnole de 1936-1937. Bien qu’âgé de 78 ans, il passa deux semaines en catalogne dans la première moitié d’octobre 1936, visita lacolonne Durruti, parla à Radio Barcelona et participa à des réunions pour préparer une éventuelle Conférence anarchiste internationale[9].
En septembre 1936, en son honneur, quelques dizaines de combattants français et italiens au sein de la colonne Durruti s'autoproclamèrent « centurie Sébastien-Faure ». Elle conserva ce nom jusqu'à la militarisation de 1937 et fut alors renommée3e bataillon de la121e brigade,26e division[13].
D'un âge avancé, il tiens sa dernière conférence en 1939 sur laguerre d'Espagne. Dans le contexte desaccords de Munich, il adopte la position munichoise et pacifiste intégrale, il refuse de prendre parti entre les puissances fascistes et les « pseudo-démocratie »[14]. Pendant laSeconde Guerre mondiale, il séjourna àRoyan avec son ex-épouse, retrouvée après quarante ans de séparation. Il y mourut d’une congestion cérébrale le. Dans les jours qui suivent sa mort, la presse collaborationniste de gauche (Au Travail,L'Œuvre,L'Atelier) lui rendra hommage pour ses convictions pacifistes, notamment l'ex-socialisteAlexandre Zévaès qui écrira : « Pacifiste résolu, Sébastien Faure, lors de la guerre de 1914, se prononça avec force contre sa déclaration - ce qui lui valu d'être inquiété sous le ministère Clémenceau. Il eut, en septembre 1939, la même attitude ». L'historienSimon Epstein notera dans son livreLes Dreyfusards sous l'Occupation à propos de ces articles : « La presse collaboratrice de gauche lui rend un vibrant hommage quand il meurt, en 1942, ce qui indique assez nettement à qui étaient allées ses préférences dans les deux premières années de la Collaboration »[14].
Sébastien Faure fut initié le à la loge Vérité duGrand Orient de France, à Bordeaux, il passa compagnon et maître le même jour, le. Le, il s'affilia à la loge Le Progrès, à Paris. Il démissionna de la franc-maçonnerie le après trente-trois ans d'appartenance, déçu par son courantnationaliste majoritaire lors de laPremière Guerre mondiale[15].
De 1925 et 1934, il dirigea l'édition de l'Encyclopédie anarchiste.
Reconnu pour sa pédagogie et ses qualités d'orateur, Faure est aussi l'auteur de nombreux livres et textes dont :
Dans la série françaiseParis Police 1900, Sébastien Faure est interprété parYannik Landrein.
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