Ruth Gordon Jones est née le dans le quartier de Wollaston, àQuincy, dans leMassachusetts[1], au sein d'une famille modeste ; Clinton Jones (1859-1934)[2], son père, qui avait pris la mer dès l'âge de huit ans[3],[4], étaitcontremaître[3], et sa mère, Anne Zigler Jones (1860-1915)[2], après avoir été secrétaire, est devenuefemme au foyer pour l'élever, ainsi que sa demi-sœur Clara (1886-1970)[2], que son père avait eue lors d'un premier mariage[3]. La maison familiale se trouvait sur Winston Street[5].
C'est en 1913, après avoir vu auColonial Theatre deBoston la comédie musicaleThe Pink Lady, dans laquelle chantaitHazel Dawn, qu'elle décide de devenir actrice[3]. Le[5], elle termine sesétudes secondaires à Quincy[3],[5]. Peu après, en octobre[5], elle entre, en ayant déjà choisi le nom de scène de Ruth Gordon[3], à l’American Academy of Dramatic Arts, àNew York, où son père l'avait inscrite[1], quoiqu'il eût préféré qu'elle devienne enseignante d'éducation physique[1] : elle dispose alors des économies paternelles d'un montant de 400 USD[3] pour les frais de scolarité de sa première année[1], avec juste 50 USD supplémentaires pour l'aider avant l'obtention d'un emploi[3]. Finalement, au bout d'un trimestre, l'heure de son départ de l'Academy lui est signifiée pour manque de talent[1],[3], ce que son avenir n'a pas confirmé.
Ruth Gordon, bien qu'ayant eu une expérience malheureuse à l’American Academy of Dramatic Arts, ne se décourage pas. En 1915, elle fait sa première apparition à l'écran commefigurante dans desfilms muets tournés àFort Lee ; on la voit ainsi interpréter une danseuse dansLa Grande Farandole (The Whirl of Life), d'après la biographie deVernon et Irene Castle[6]. Elle fait aussi ses débuts àBroadway dans la reprise dePeter et Wendy, où elle interprète le rôle de Nibs (l'un des enfants perdus), aux côtés deMaude Adams : elle trouve déjà grâce auprès d'un critique influent du moment,Alexander Woollcott, qui la juge « rayonnante » et deviendra son mentor[7].
En 1918, Ruth Gordon donne la réplique à Gregory Kelly dans une adaptation pour Broadway deSeventeen, deBooth Tarkington. Le couple continuera à se produire dans des tournées enAmérique du Nord, interprétantThe First Year deFrank Craven et deux pièces de Tarkington :Clarence etTweedles. En 1920, Gordon et Kelly se marient.
Au mois de, Ruth Gordon risque une importante opération de chirurgie réparatrice dans un hôpital de Chicago, afin de remédier à sesjambes arquées[8]. Après trois mois de convalescence, elle s'installe avec Kelly à Indianapolis où ils recrutent une troupe pour jouer des pièces du répertoire.
Mais Kelly meurt foudroyé d'une crise cardiaque en 1927, à l’âge de 36 ans. Ruth Gordon tente alors un retour à Broadway en interprétant le rôle de Bobby dansSaturday's Children deMaxwell Anderson : pour une actrice confinée depuis des années à des rôles d'amoureuse, c'est là une composition nouvelle[7].
Enfin, en 1929, Ruth Gordon décroche le rôle-titre de "Serena Blandish" lorsqu'elle est mise enceinte par le producteur du spectacle,Jed Harris. Leur fils, Jones Harris, naît à Paris ; mais l'actrice n'épouse pas le père pour autant.
Malgré un contrat sans suite passé au début des années 1930 avec laMetro-Goldwyn-Mayer, il faut attendre1941 pour revoir Ruth Gordon à l'écran, face àGreta Garbo dansLa Femme aux deux visages. Elle sera plus heureuse avec les autres studios d’Hollywood, pour lesquels elle obtient toute une série de seconds rôles : celui deMary Todd Lincoln dansAbraham Lincoln, de Mrs. Ehrlich dansLa Balle magique du Docteur Ehrlich et dansConvoi vers la Russie (1943). Parmi ses rôles au théâtre à cette période, il y a lieu de citer son interprétation d’Iris dansThe Strings, My Lord, Are False dePaul Vincent Carroll, et celui de Natasha dans une reprise desTrois Sœurs d’Anton Tchekhov, parKatharine Cornell etGuthrie McClintic. Elle tient également le premier rôle dans deux pièces qu'elle a écrites :Over Twenty-One etThe Leading Lady.
Avec l'appui de la MGM, elle porte à l'écran son autobiographieYears Ago, sous le titreThe Actress (1953).Jean Simmons y interprète le rôle d'une jeune fille deQuincy (Massachusetts), qui parvient à convaincre son père, un capitaine au long cours, de l'emmener à New York pour qu'elle devienne actrice. Ruth Gordon continue à publier ses mémoires jusque dans les années 1970, avec trois nouveaux volumes :My Side,Myself Among Others etAn Open Book.
Ruth Gordon poursuit sa carrière théâtrale dans les années 1950 ; elle est sélectionnée en 1956 comme meilleur premier rôle féminin auxTony Awards, pour son interprétation de Dolly Levi dansLa Meneuse de jeu deThornton Wilder, qu'elle avait déjà joué à Londres, Édimbourg et Berlin.
En 1966, elle est sélectionnée aux Oscars et remporte unGolden Globe comme Meilleur second rôle féminin pourDaisy Clover face àNatalie Wood. Trois ans plus tard (1969), elle est récompensée par unOscar du Meilleur second rôle féminin dansRosemary's Baby, adaptation cinématographique du conte d'horreur d’Ira Levin. Lors de la remise de son Oscar, Ruth Gordon, âgée de 72 ans, remercie les jurés « pour leurs encouragements » (elle joue alors depuis 50 ans au théâtre). Elle sera de nouveau sélectionnée en 1971 pour son interprétation de Maude dans la pièce-culteHarold et Maude (face àBud Cort).
Elle apparaîtra encore dans vingt-deux autres films et au moins autant d'épisodes pour la télévision : par exemple dansColumbo (« Le Mystère de la chambre forte », 1977), ouTaxi (« Mamie tacot », 1978).
Ruth Gordon meurt le(à 88 ans)[1] dans la résidence d'été dont elle disposait àEdgartown (Massachusetts)[1], sur l'île deMartha's Vineyard. Elle est emportée par uneattaque d'apoplexie[9] alors qu'elle dormait aux côtés de son mariGarson Kanin, après s'être réveillée en se plaignant de ne pas se sentir bien puis rendormie[10]. Conformément à sa volonté, sa mort n'a pas été suivie de funérailles ou de service commémoratif[10],[9] ; elle a étéincinérée et ses cendres distribuées à des proches[2].
Unamphithéâtre deQuincy, sa ville natale, situé dans le Merrymount Park[11], porte son nom, et ce, depuis[1].