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Même si elle n'est pas toujours comprise et respectée hors du monde russophone, la distinction linguistique entreRossiïanine (parfois traduit en français par le terme, rare, de « russien ») etrousskiïé (« russe »), correspond à une distinction légale dans les pays ex-soviétiques et ex-satellites de l'URSS entre lacitoyenneté selon le droit du sol qui englobe tous les ressortissants d'un pays (Azerbaïdjanais,Kazakhstanais, Russiens…) quelles que soient leurs origines, langues ou croyances, et la « nationalité » au sens ethnique du terme et selon le droit du sang, qui ne concerne que les membres d'ungroupe ethno-culturel reconnu par l'ethnographie russe (Azéris,Bachkirs,Juifs,Kalmouks,Komis, Russes,Tatars,Yakoutes…)[37] ; la Chine populaire utilise la même distinction pourses divers peuples, parmi lesquels lesRusses de Chine[38].
Selon le recensement de 2002, l'ethnie russe constitue plus de 80 % de la population de la Russie[39].
Enlinguistique, compte tenu de lapolysémie du gentilé « Russes », on préfère désigner lescommunautés minoritaires russes des autres paysissus de l'ex-URSS par le termerussophones, pour ne pas les confondre avec les citoyens russes. « Russophones » a un sens plus large que « Russes », car une partie des populations autochtones non-russes de ces pays est elle aussi devenue russophone en raison de larussification qui avait fait du russe la langue de communication inter-ethnique (язык межнационального общения)[40].
En tant quegroupe ethnique, les Russes sont la plus importante communauté en Europe et l'une des plus nombreuses au monde avec une population de près de143 millions de personnes en 2012. À peu près116 millions des membres de cette communauté vivent enRussie et quelque dix-huit millions de plus vivent dans les pays voisins de celle-ci ou ayant fait partie de l'Empire russe puis de l'URSS. Un nombre relativement important de Russes, environ trois millions, vit ailleurs dans le monde, la plupart enAmérique du Nord et enEurope de l'Ouest, mais aussi enEurope de l'Est (centrale), enAsie et ailleurs.
En 1914, les Russes représentaient environ65 millions de personnes pour125 millions d'habitants de l'Empire russe.
Selon les résultats du dernier recensement de la population publiés par Rosstat, il y avait en 2021, 105,6 millions de Russes en Russie contre 111 millions lors du recensement de 2010. La réduction s'est élevée à 5,4 millions de personnes. Aujourd'hui, les Russes représentent un peu plus de 70 % de la population de la fédération de Russie[1].
La population russe continue de vieillir et l'âge médian de la population atteint 41 ans en 2021[1].
Quelques minorités d'origine russe ou vivant en Russie sont desVieux Croyants : un groupe numériquement faible de l'orthodoxie russe qui a rejeté les réformes liturgiques introduites auXVIIe siècle[43].
La fréquentation des églises russes aujourd'hui est relativement faible car pendant l'ère soviétique, toutes les pratiques religieuses ont fortement diminué, toute forme deprosélytisme étant interdite et sévèrement punie, de très nombreuses églises étantfermées au culte et affectées à d'autres usages ou bien démolies, et l'athéisme étant officiellement enseigné et favorisé, particulièrement dans la période de l'entre-deux-guerres[44].
Les autres religions ont des représentations négligeables parmi les Russes d'origine : voircatégorie:Religion en Russie.
« Grands-Russes », « Grands-Russiens » ou « Vélikorusses » par traduction de Великороссы (sujets de laMoscovie et des principautés voisines réunies à celle-ci en untsarat de Russie, dont le souverain porta alors le titre deTsar de toutes les Russies) ;
Devenues obsolètes, les dénominations de « Grands-Russes », « Grands-Russiens » ou « Vélikorusses » ont été remplacées par « Russes » ; celles de « Petits-Russes », « Petits-Russiens » ou « Malorusses » par « Ukrainiens » (localement « Ruthènes », « Russins », « Rusyns » ou « Houtsoules » dans certaines régions d'Ukraine occidentale), et celles de « Blancs-Russes » ou « Blancs-Russiens » par « Biélorusses » (qu'il ne faut pas confondre avec les « Russes blancs »tzaristes qui sont une catégoriepolitique par opposition aux « Russes rouges »bolcheviks et aux « Russes noirs »anarcho-communistes, qui en fait étaient en majorité ukrainiens).
Selon le journal de l'Académie des sciences de Russie, le fait que lesethnies majoritaires dans les anciennesrépubliques soviétiques devenues indépendantes, aient adopté leurs propres langues commelangues officielles et d'enseignement à la place du russe, qu'elles aient demandé auxRusses locaux d'apprendre ces langues locales et aient exigé d'eux qu'ils les maîtrisent pour accéder à lacitoyenneté et aux fonctions publiques (alors qu'auparavant, le russe était exigé en tant que язык межнационального общения, « langue de communication interethnique ») est une « oppression quasi-omniprésente des Russes »[45]. Ce serait aussi le cas dans certainesentités administratives de Russie[46], et cela constituerait « un état critique de l'ethnie russe »[47],[48].
À la fin desannées 1980 et au début desannées 1990 en Russie est apparu ce que l'on appelle « un boom de l'ethnicité », qui s'est manifesté par une vague de sentimentsxénophobes et denationalisme parmi les représentants des groupes non-russes envers laminorité dominante des Russes dans les républiques duCaucase Nord, enYakoutie, auBachkortostan, auTatarstan et autres. Cela aurait conduit à unediscrimination de la population russe ou russophone, et à son exode vers les autres régions[49].
La manifestation la plus visible d'un tel nationalisme a été l'inversion des critères des nominations officielles dans les républiques nationales au sein de la Russie. Alors qu'auparavant, les Russes étaient mieux éduqués, mieux formés et prédominants dans les instances dirigeantes, logistiques et économiques, depuis ladislocation de l'URSS, partout dans ces régions la couche supérieure de l'administration est composée presque exclusivement de représentants des nations locales (dites « titulaires » à l'époque soviétique)[50],[51]. Le même problème se pose lors de l'entrée à l'université. Dans un certain nombre de républiques nationales a eu lieu de facto une « indigénisation » (korenizatsia) de l'école avec éviction de lalangue russe et l'enseignement en langues des nations titulaires.
Quasiment dans chaque république nationale, il existe des personnes qui considèrent les Russes comme des colons et des envahisseurs, et présentent l'ensemble du peuple russe « sous un jour sombre »[51]. Par exemple, des membres du Centre public tatare ont combattu aux côtés desséparatistes tchétchènes[51]. Ils ont également détruit en 2003 unechapelle àNaberejnye Tchelny[51]. Lestribunaux locaux justifient généralement de tels actes. Au Tatarstan, les permis de construction d'églises et chapelles orthodoxes sont obtenus avec le plus grand mal[51]. Au Bachkortostan, les candidatsbachkirs à lamaîtrise et audoctorat sontprioritaires[51].
Selon l'évaluation des experts du Bureau desdroits de l'Homme àMoscou, la région avec le plus derussophobie est le Caucase Nord, et avant tout laTchétchénie. De1991 à1993, la populationrussophone a été massivement « chassée » de Tchétchénie, par des actes deviolence[52]. D'après le journal « Izvestia », à la suite dunettoyage ethnique en Tchétchénie de 1991 à1994, 20 000 personnes ont été tuées et 250 000 ont quitté la république[53]. En 2005, un groupe pilote d'anciens habitants russes deGrozny a adressé auprésident de Russie unelettre ouverte en demandant de reconnaître officiellement la réalité dunettoyage ethnique de masse en Tchétchénie entre 1991 et 1994. Les auteurs de la lettre ont qualifié le régime deDoudaïev defasciste et ont accusé les autorités de Russie de tentative de dissimulation de la réalité dugénocide[53].
Les indices anthropologiques des Russes ont été étudiées de manière détaillée[54].
Lespopulations russes apparaissent comme étant assez homogènes sur le plan anthropologique[55]. Les valeurs moyennes du groupe coïncident avec les valeurs centrales d'Europe de l'Ouest ou s'en écartent, tout en restant dans les limites de variation des groupes occidentaux[56].
Les indices suivants distinguent les populations russes des populations d'Europe de l'Ouest[55] :
Prépondérance du profil moyen horizontal et d'une racine dunez moyenne-haute ;
Moindre inclinaison du front et développement plus faible de l'arcade sourcilière.
L'absence de l'épicanthus est caractéristique de la population russe. Parmi plus de 8 500 Russes de sexe masculin examinés, l'épicanthus a été identifié chez12 personnes, qui plus est seulement à un état embryonnaire. L'épicanthus est tout aussi rare parmi la population de l'Allemagne[57].
Selon les résultats des études, l'on distingue deux groupes de populations russes[58]. Dans l'étude russe de 2011, les données suivantes sont citées. D'après les données concernant lepolymorphisme duchromosome Y, les populations du Nord russe font partie d'un vastecluster « du Nord » avec les populations des Russes deVologda,Baltes (Lettons etLituaniens), peuplesfinnophones (Komis,Finnois,Estoniens et un groupe synthétique deCaréliens,Vepses etIjoriens), ainsi que lesSuédoisgermanophones. Cependant, la similitude avec les Baltes est davantage prononcée qu'avec lespeuples finno-ougriens. Cette similitude est constante pour toutes les populations du Nord russe (mais le degré de similitude avec les peuples finno-ougriens est différent). Selon legénome mitochondrial, les Russes du Nord ont une similitude avec les fonds génétiques de la moitié Nord de l'Europe (Norvégiens,Allemands, Suédois,Polonais, Lituaniens,Irlandais,Écossais). Les autres populations russes font partie du même cluster que les Suédois, Estoniens, Lettons,Biélorusses,Ukrainiens,Tchèques,Slovaques,Hongrois. Le fonds génétique mitochondrial des peuples tels que les Finnois, Caréliens, Komis,Mordves etMaris s'est avéré être éloigné au maximum des Russes du Nord. L'étude des marqueursautosomiques rapproche également les Russes du Nord des autres peupleseuropéens et met en doute la strate migratoire finno-ougrienne au sein du fonds génétique russe du Nord. Ces données permettent d'émettre l'hypothèse de la conservation sur ces territoires du substratpaléo-européen antique qui a éprouvé les migrations intenses des tribus slaves de l'Antiquité. Selon les résultats des études des marqueurs du chromosome Y, le groupe central méridional, auquel appartient la majorité écrasante des populations russes, fait partie du même cluster que les Biélorusses, Ukrainiens et Polonais[58],[59]. Selon les résultats de l'étude des marqueurs mitochondriaux ainsi que des marqueurs autosomiques, les Russes sont similaires aux autres populations d'Europe centrale etorientale[59]. Une grande unité des marqueurs autosomiques des populationsslaves orientales a été révélée, de même que leur différence significative avec les peuples voisinsbaltes,finno-ougriens,turcs d'Asie centrale etcaucasiens du Nord.
Au sein des populations russes, l'on remarque une fréquence extrêmement faible de caractères génétiques caractéristiques des populationsmongoloïdes[58]. Les fréquences des marqueurs eurasiens de l'Est chez les Russes correspondent aux marqueurs moyens en Europe.
L'ensemble des populationsrussophones et/ou d'origine russe vivant hors des frontières de laRussie compte environ 15 000 000 personnes. Cet ensemble est très disparate :
par les origines (certaines populations sont issues deRussie même, d'autres ont différentes origines mais ont étérussifiées soit sur place, là où elles vivaient initialement, soit par transplantation dans d'autres régions où le russe était la langue de communication entre les divers peuples comme auKazakhstan par exemple) ;
par l'ancienneté (certaines diasporas datent duXVIIe siècle, d'autres sont postérieures à 1940) ;
par le nombre et la proportion de russophones dans le pays concerné (25 % au Kazakhstan, entre 10 % et 20 % dans la plupart des anciennesrépubliques soviétiques qui sont aussi d'anciennes provinces de l'Empire russe, mais beaucoup moins dans les autres pays) ;
par le motif de leur dispersion (recherche defourrures par lestrappeurs et recherche de ressourcesminérales par les prospecteurs de l'Oural jusqu'enAlaska ; colonisation démographique et établissement de communautéscosaques sous l'Empire russe destsars ; expatriation religieuse comme dans le cas desDoukhobors ou desLipovènes ; expatriation économique, notamment auxÉtats-Unis ; expatriation culturelle d'intellectuels, artistes ou scientifiques fuyant lapensée unique, notamment vers l'Europe occidentale ; expatriation politique desRusses blancs, des ruraux persécutés comme « koulaks », des rescapés duHolodomor, despurges, desrépressions ; colonisation démographique,déportation et assignation à résidence dans de nouvelles régions pendant l'ère soviétique).
Aux États-Unis, l'immigration russe commença à partir de 1845, et connut les plus forts taux d'immigrations entre 1880 et 1922. Si de nos jours, divers recensements indiquent quelque3 millions d'Américains d'origine russe, les chiffres seraient dans les faits plus élevés : ils s'expliquent par le rejet du communisme et de laguerre froide, entre 1945 et 1992, mais aussi par l'assimilation à la culture américaine. Évoquer par exemple les descendants des Russes en Alaska est un sujet difficile pour les généalogistes. En sachant que lors des recensements, aux élections, il y a souvent 50 % des Américains qui ne votent pas, n'indiquant ainsi aucune information sur des origines ethniques, la CIA estime qu'il y aurait entre6 millions et9 millions de citoyens américains ayant des originesethniques[réf. nécessaire] russes, en 2010. Mais les mariages inter-ethniques et l'assimilation rendent toutes statistiques très difficiles.
Les plus grandes communautés russes vivent dans les républiques anciennement soviétiques, comme l’Ukraine (environ8 millions,Crimée comprise), leKazakhstan (environ4 millions), laBiélorussie (environ 1 million), l’Ouzbékistan (environ 700 000),Lettonie (environ 700 000),Kirghizistan (environ 600 000) et laMoldavie (environ 500 000). Il y a aussi de petites communautés russes dans lesBalkans principalement enSerbie (environ 5000), dans les nations de l'Europe centrale et orientale comme laTchéquie, et dans d'autres régions du monde, comme enChine et enAmérique latine. Ces communautés s’identifient elles-mêmes à la fois comme russes et comme citoyennes de ces pays, à des degrés divers.
↑Maria Stella Ferreira Levy. O papel da migração internacional na evolução da população brasileira (1872 to 1972). inRevista de Saúde Pública, volume supl, June 1974.
↑Ladislas Kania,Le Bolchévisme et la religion, Magi-Spinetti, Rome 1945 ;Igor Chafarevitch (trad. Michel Fedoroff),La Législation sur la religion en URSS. : rapport au Comité des droits de l'homme, Paris, Seuil, 1974.
↑«Русские в Российской Федерации» доктор исторических наук, профессор, главный научный сотрудник Института этнологии и антропологии РАН Виктор Иванович Козлов, « Вестник Российской Академии Наук », 1995, том 65, М 3, с. 795—205 :«Спору нет, положение более чем 25 млн русских, отрезанных политическими границами от исторической родины, почти повсеместно притесняемых титульными этносами бывших союзных республик, а ныне суверенных государств, заслуживает всяческого внимания»..
↑«Национальное государство или демократическое общество?», Чешко Сергей Викторович — кандидат исторических наук, научный сотрудник Института этнографии им. Н. Н. Миклухо-Маклая АН СССР, « Вестник Российской Академии Наук », 1990 :«Нередко утверждают, что краям и областям РСФСР не нужно воспроизводить этническую культуру данного (русского) этноса — это, мол, каким-то образом происходит на уровне России в целом (не в Министерстве ли культуры РСФСР?),— а „нерусские“ союзные республики выполняют такую функцию в отношении своих „статусных“ этносов. Иными словами, этносы понимаются как обесчеловеченные субстанции, „уникальные ценности“, а права, интересы, потребности живых людей отодвигаются на второй план (русских и так много—обойдутся!)».
↑Deriabine, V. E. (Vassili Evguenievitch),Peuples slaves orientaux contemporains in Slaves orientaux : anthropologie et histoire ethnique, Moscou, Monde scientifique, deuxième édition augmentée, 1 000 exemplaires,, 342 p.(ISBN5-89176-164-5 et978-5-89176-164-3,OCLC52669569,lire en ligne),p. 30-59.
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↑Bounak, V. V. (Viktor Valerianovitch),Origine et histoire ethnique du peuple russe selon les données anthropologiques, Académie des sciences de l'URSS. Travaux de l'institut d'ethnographie N. N. Mikloukho-Maklaï, tome 88 (nouvelle série), Moscou, Naouka,,p. 138.
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Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.