Il s'agit de l'une des rues les plus luxueuses de la capitale. Outre lepalais de l'Élysée,résidence officielle duprésident de la République française, la rue du Faubourg-Saint-Honoré est l'adresse d'ambassades, de magasins de luxe et de haute couture ainsi que de galeries d'art et d'antiquités prestigieuses.
Depuis 2024, à l’automne, une soirée est organisée par l’associationMaSH, au cours de laquelle la plupart des galeries d’art et d’antiquités du quartier Matignon - Saint-Honoré ouvrent leurs portes au public, l’avenue Matignon et la rue du Faubourg-Saint-Honoré étant à cette occasion interdites en partie à la circulation[1].
La rue du Faubourg-Saint-Honoré doit son nom au fait qu'elle traversait le hameau et prolongeait larue Saint-Honoré à l'extérieur dumur d'enceinte qui desservait l'église Saint-Honoré[2]. Lefaubourg est primitivement un quartier « fors le bourg » (de l'ancien français « fors », issu du latinforis, « en dehors » et deborc, bourg,forsborc vers 1200,forbours vers 1260[3]).
AuMoyen Âge, c'était la voie qui, en prolongement de la rue Saint-Honoré, allait de l'église Saint-Honoré, aujourd'hui disparue, située entre les ruesCroix-des-Petits-Champs etdes Bons-Enfants, au pont du Roule. Elle s'appelait déjà « rue du Faubourg-Saint-Honoré ».
À partir de 1633, cette appellation est réservée à la rue située à l'ouest de lanouvelle porte Saint-Honoré reconstruite en 1631[4] « à 400 toises de l'ancienne », à peu près au niveau de larue Royale et qui va jusqu'au faubourg du Roule après avoir traversé le Grand Égout, qui se situait approximativement au carrefour avec larue du Colisée. On parle alors de « nouveau faubourg Saint-Honoré ». Au-delà de celui-ci, au niveau du village du Roule (voir « Quartier du Faubourg-du-Roule »), la voie devint « chaussée du Roule ». Cette section prit par la suite successivement les noms de « rue du Bas-Roule », « rue du Haut-Roule » et « rue du Faubourg-du-Roule ».Elle est citée sous le nom de « Chaussée du faulxbourg Saint Honnoré », dans unmanuscrit de 1636.
Le quartier du faubourg Saint-Honoré se développe rapidement à partir de la fin duXVIIe siècle sous l'impulsion de riches financiers qui y font construire des hôtels particuliers dont témoignent ceux qui ont été conservés entre la rue du Faubourg-Saint-Honoré et l'avenue Gabriel. Plusieurs phénomènes concourent à ce développement : la pression démographique au centre de Paris — la capitale dépasse 500 000 habitants dans la seconde moitié duXVIIIe siècle —, le déclin duquartier du Marais et l'installation durégent Philippe d'Orléans auPalais-Royal proche à partir de 1715.
Les déclarations royales de 1724 et 1726 donnent un coup d'arrêt à la spéculation en interdisant de percer de nouvelles rues et de bâtir dans les faubourgs des maisons à porte cochère[5], mais les habitants du faubourg Saint-Honoré s'insurgent et réclament un traitement privilégié[6].
En 1733, avec l'extension de la ville jusqu'aumur des Fermiers généraux, la porte Saint-Honoré est supprimée et l'octroi est transféré au Roule. La limite d'interdiction de bâtir est reportée en 1740 jusqu'à larue des Saussaies et, le, jusqu'à la rue de Chaillot (actuellerue de Berri). La création de la place Louis-XV (actuelleplace de la Concorde) en 1757 relance la spéculation[4].
Plaque du jumelage avec la Cinquième Avenue à New York.
En 1964, sous l'égide du Comité du Faubourg Saint-Honoré, la rue est jumelée avec laCinquième Avenue de New York[8]. La rue du Faubourg-Saint-Honoré est aussi jumelée avec laVia Condotti àRome[9].
Depuis 2015, et à la suite de la mise en place duplan Vigipirate en réponse auxnombreux attentats islamistes qui frappent le territoire français, la rue est définitivement fermée à la circulation de tous les véhicules non autorisés entre larue de Duras et laplace Beauvau et de nombreux dispositifs de sécurité sont déployés aux différents points d'accès dupalais de l'Élysée (herses, bornes anti-véhicules béliers) s'ajoutant à cela une forte présence policière[11]. La circulation des piétons sur cette portion est aussi très règlementée et souvent interdite, notamment lors desvisites officielles, duConseil des ministres, duConseil de défense et duConseil restreint[12]. Le dispositif affecte considérablement la fréquentation des luxueux magasins situés sur cette portion de rue, jusque-là visités par une clientèle fortunée[13].
Du côté impair, le début de la rue est bordé par des hôtels particuliers entre cour et jardin dont les parcelles vont jusqu'à l'avenue Gabriel, c'est-à-dire qu'elles donnent sur les Champs-Élysées. Ce sont aujourd'hui pour la plupart des bâtiments officiels, tels que l'hôtel de Pontalba, résidence de l'ambassadeur des États-Unis, ou l'hôtel de Charost, siège de l'ambassade du Royaume-Uni.
« Encore au début de ce siècle, écrit le dramaturgeAndré de Fouquières en 1956, la différence entre le côté des numéros impairs et le côté des numéros pairs du faubourg était immédiatement perceptible. On trouvait, d'une part, une suite de façades aveugles, hauts murs masquant des demeures isolées par des cours et donnant sur jardins joignant les Champs-Élysées ; d'autre part, c'étaient des immeubles locatifs, où les fournisseurs des gens d'en face avaient choisi d'avoir boutique à proximité de leur clientèle. Cette division n'est plus guère sensible aujourd'hui parce que les grands hôtels patriciens ont changé de destination. La société qui devait attirer en cette voie parisienne une certaine forme de négoce a disparu, mais par un phénomène de persistance moins rare qu'on ne le supposerait, le commerce de luxe reste l'apanage du faubourg Saint-Honoré[14]. »
No 22 : en 1889, la couturièreJeanne Lanvin[21] (1867-1946) ouvre sa première boutique de chapeaux dans l’entresol du 16,rue Boissy-d’Anglas[22] et, quatre ans plus tard, inaugure sa maison au 22 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré[23]. On peut observer sur la façade un cartouche portant la date de 1886. L’entresol, où débuta la couturière française, n’existe plus et a été remplacé par les hautes vitrines de la maison Lanvin.
No 24 : immeuble duXVIIIe siècle, très remanié, qui abrite la maisonHermès depuis 1879. Le toit-terrasse du bâtiment est occupé par un petit jardin privatif. Durant laSeconde Guerre mondiale, la famille Hermès y avait d'abord aménagé un potager, transformé en espace vert à la Libération. Depuis 1987 est installée sur le rebord la statue d'un cheval et de son cavalier, brandissant descarrés de la marque. Il s'agit autant d'une référence à l'histoire d'Hermès, dédié à l'origine à la sellerie, que du souvenir de la descente de l'avenue des Champs-Élysées par un cavalier solitaire muni de feux d'artifice, le 14 juillet 1801 ; voulant célébrer la République en pleinConsulat, il fut arrêté[24].
L'hôtel Chevalier (au premier plan) et l'hôtel de Charost abritent la chancellerie de l'ambassade et la résidence du Royaume-Uni en France.
No 39 :hôtel de Charost, construit en 1720-1722 parAntoine Mazin pour Armand de Béthune, deuxième duc de Charost. En 1760, le comte de La Marck y fait réaliser un décor intérieurnéo-classique par l'architectePierre Patte. D'importantes transformations sont effectuées pourPauline Bonaparte, princesse Borghèse, propriétaire entre 1803 et 1815, notamment la construction d'une galerie en retour sur le jardin pour présenter les tableaux de la célèbre collection Borghèse et les décors intérieurs. Acquis en 1814, avec la totalité du mobilier à l'exception des tableaux, par leRoyaume-Uni pour y installer sonambassade : l'ambassadeur Lord Granville fait construire une aile symétrique pour servir de salle de bal et relie les deux ailes par une galerie vitrée construite parLouis Visconti en 1825 (l'un des premiers exemples des jardins d'hiver qui se multiplieront sous leSecond Empire) ; la chambre d'apparat est transformée en salle du trône à l'occasion de la visite en France de lareine Victoria. Abrite aujourd'hui la résidence de l'ambassadeur du Royaume-Uni. C'est dans cet hôtel que fut célébré en 1833 le mariage du compositeurHector Berlioz avec la tragédienneHarriet Smithson[7].
No 41 :hôtel de Pontalba, construit entre 1842 et 1855 parLouis Visconti pour la baronneMichaela de Pontalba sur l'emplacement de l'ancien hôtel d'Aguesseau, qu'elle avait acheté en 1836. Le baronEdmond de Rothschild l'achète en 1876 et le fait presque entièrement reconstruire par son architecteFélix Langlais, qui n'a laissé intacts que le hall et le portail d'entrée, mais a respecté le plan en « H » de l'édifice. Lefronton de la façade sur jardin, orné d'une statue deFlore due au sculpteurRené Charpentier, provient de l'ancien hôtel du Maine,rue de Lille, que le baron de Pontalba avait acheté en 1838 et fait raser[31]. C'est Edmond de Rothschild qui a fait remonter à l'hôtel de Pontalba le cabinet de laques de Chine provenant du même hôtel du faubourg Saint-Germain[32]. L'hôtel de Pontalba fut acquis en 1948 par lesÉtats-Unis pour y loger des bureaux de sonambassade. Restauré entre 1966 et 1971, il abrite aujourd'hui la résidence de l'ambassadeur des États-Unis.
no 47 : hôtel de Sabran (ancienno 17), contigu à l'hôtel d'Andlau et achevé parMathurin Cherpitel dans lesannées 1770 à partir d'un hôtel vendu inachevé par le financier Bouret. Il tient son nom de sa propriétaire, Françoise Éléonore de Jean de Mandeville (1750-1827), comtesse de Sabran-Grammont par son mariage avec le comte Elzéar Joseph de Sabran-Grammont, lieutenant général des armées navales, plus âgé qu'elle d'un demi-siècle et qui la laissa veuve à 25 ans avec deux enfants : Elzéar (1774-1846) et Delphine (1771-1826), future marquise de Custine et maîtresse deFrançois-René de Chateaubriand ;
No 53 :Georges Eugène Haussmann est né à ce numéro de la rue du Faubourg-du-Roule (intégrée depuis lors dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré), dans une maison que ses propres travaux amenèrent à détruire.
No 55 :palais de l'Élysée, résidence officielle et lieu de travail duprésident de la République française. C'est l'ancien hôtel d'Évreux, du nom de son premier propriétaire,Louis-Henri de La Tour d'Auvergne,comte d'Évreux. Construit en 1720 par l'architecteArmand Claude Mollet à la demande du comte d'Évreux, le palais de l'Élysée a connu une histoire très riche : propriété royale, il fit office de résidence d'ambassadeur, puis de salon d'exposition.Joachim Murat, beau-frère de l'empereurNapoléonIer, en fit sa résidence personnelle avant d'en faire don à l'empereur, qui y signa son acte d'abdication en 1815 en faveur de son filsNapoléon II. Devenue résidence officielle du président de la République sous le mandat dePatrice de Mac Mahon, tous les présidents de la République française ont fait de l'Élysée leur lieu de travail, une majorité de présidents l'ayant habité.
No 68 : le banquierJules Ephrussi et son épouse, Fanny von Pfeiffer, ont habité dans cette maison avant 1886. La maison a ensuite été habitée par le banquier Louis Stern et son épouse néeErnesta de Hierschel dont le salon était réputé comme étant l'un des plus brillants de Paris avant laPremière Guerre mondiale.
No 107 (et 26,avenue d'Antin) : emplacement de l'ancien hôtel du Gouverneur des pages (XVIIIe siècle) dont le jardin s'étendait jusqu'à l'avenue d'Antin[46]. Propriété acquise, en 1909, par le couturierPaul Poiret (1879-1944) qui confia à l'architecte et décorateur ensemblierLouis Süe (1875-1968) son aménagement en lieu de vie familiale et de travail, et en siège de sa maison de couture[47]. Le, Poiret y donna la somptueuse fête costumée persaneLa mille & deuxième nuit[48]. Hôtel et jardin détruits et remplacés par un immeuble moderne.
l'hôtel, bâti enpierre de taille, est unpastiche du style des grandes demeures parisiennes de la fin duXVIIe siècle. Deux pavillons en rez-de-chaussée, couverts decombles à la Mansart, encadrent les deux grilles d'entrée sur la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le principalcorps de logis est construit entre cour et jardin. La façade sur la cour d'honneur est cantonnée de deux pavillons dont celui de gauche renferme l'escalier principal. Le rez-de-chaussée surélevé est percé de fenêtres rectangulaires ornées d'agrafes. Le premier étage est orné depilastres d'ordre ionique entre lesquels s'ouvrent des baies rectangulaires ornées demascarons alternativement féminins ou masculins. Au-dessus d'unecorniche àmodillons, le comble est percé delucarnes flanquées devolutes et sommées defrontons arrondis. L'élévation sur le jardin est similaire avec pour principale variante un grand balcon bordé d'unebalustrade en fer forgé et soutenu par quatreconsoles qui se développe le long des trois fenêtres centrales. Le jardin, qui va jusqu'à la rue d'Artois, était originellementtraité à l'anglaise. La demeure était complétée par un bâtiment de communs comprenant notamment une remise pour quatre voitures et une écurie pouvant recevoir cinq chevaux, qui fut démolie en 1895 ;
au rez-de-chaussée sur le jardin, un grand salon aux boiseries blanc et or destyle Louis XV provient de l'hôtel Dupille, 71,rue de Turenne[56]. Les dessus de portes représentant les arts libéraux sont attribués à l'un desVan Loo. Dans la salle à manger, les lambris sont copiés d'après le grand salon de la maison du financierNicolas Beaujon àIssy.
No 228 : emplacement de la propriété deJean-Antoine Houdon, où résidait le sculpteur avec sa famille à partir de 1787 et où était établi son atelier et sa fonderie. Les bâtiments conventuels du couvent de l'Annonciation s'étendent à partir du 222 sur le terrain de cette ancienne propriété[86].
↑Pierre-Alfred Chardon (1809-1893) amassa une grande fortune qui lui permit de fonder unemaison de retraite àAuteuil en 1857 avec sa femme Amélie Lagache. En hommage, la rue de la Municipalité où est construit l'établissement (auno 1) a pris le nom derue Chardon-Lagache.
↑Watin fils, dans l’État actuel de Paris, ou le Provincial à Paris (1788), mentionne Le Camus de Neuville et le fermier généralFrançois-Jules Duvaucel.
↑Inv. MI265 à MI270 : deux grandes toiles d'un format presque carré qui avaient été placées au fond de la pièce, face aux fenêtres, et quatre autres plus étroites en hauteur de part et d'autre des trumeaux de glace.
↑Selon l’historienneAnne Lombard-Jourdan,tudela est la déformation du latintutela qui signifie « protection ». Le terme désigne la ceinture marécageuse de la rive droite et son rôle protecteur et défensif[64].
↑E.-T.Lemaire, « Le développement du faubourg Saint-Honoré auXVIIIe siècle »,Bulletin de la Société historique de Paris et de l'Île-de-France, 1957-1959.
↑Théodore Strawinsky et Denise Strawinsky,Au cœur du foyer Catherine et Igor Strawinsky 1906-1940, Bourg-la Reine, Aug. Zurfluh,, 183 p.(ISBN2-87750-085-3),p. 136-139.
↑Béatrice de Andia et Dominique Fernandès,Rue du Faubourg Saint-Honoré, Édition de la Délégation artistique de la ville de Paris, 1994.
↑Jeande La Tynna,Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris : contenant les noms anciens et nouveaux des rues, ruelles, culs-de-sac, passages, places, quais, ports, ponts, avenues, boulevards, etc., et la désignation des arrondissements dans lesquels ils sont situés ; accompagné d'un…,, 489 p.(lire en ligne).
↑Constant Permeke,De l’impressionnisme à nos jours, Éditions des musées nationaux, 1948.
↑« La Maison Elysée, à Paris, un objet de curiosité touristique »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)
↑Béatrice de Andia et Dominique Fernandès,La Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, 1994,430 p.(ISBN9782905118493),p. 287.
↑Élisabeth de Feydeau,Dictionnaire amoureux du parfum, Plon, 2021.
↑Façade sur jardin, 107 rue du faubourg Saint-Honoré, le, photographie deCharles Lansiaux, Paris, musée Carnavalet, (en ligne) sur le site Les Musées de la Ville de Parisparismuseescollections.paris.fr.
↑Jess Berry,House of fashion : Haute couture and the modern interior,p. 37 (en ligne).
↑Gérard Rousset-Charny,Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », 1994,p. 343.
↑AnneLombard-Jourdan,Aux origines de Paris: la genèse de la rive droite jusqu'en 1223, Éd. du Centre national de la recherche scientifique,(ISBN978-2-222-03646-3).
↑Son adresse officielle est le 20 rue Laure Diebold qui est une rue qui entoure l'ancien hôpital Beaujon et son jardin sur trois de ses quatre côtés. Le quatrième étant la rue du Faubourg-Saint-Honoréhttps://www.trouversacreche.fr/creche/75008_paris-8/11297/beaujon Consulté le 3 août 2023
↑Élise Lauranceau,rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris, action artistique de la Ville de Paris,, 431 p.(ISBN2 905118 49 0), « un immeuble par Charles Letrosne »,p. 380
↑Annuaire des peintres, sculpteurs, experts, galeries de France et professionnels des arts plastiques, Patrick Bertrand, éditeur d'art, Sainte-Hélène-sur-Mer,p. 271.