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En1623, lesîles Amami, au nord du royaume, tombent devant la force expéditionnaire deKagoshima et duclan Shimazu. L'empire desMing ayant prohibé le commerce avec les Japonais, le seigneur deSatsuma utilisait alors Ryūkyū comme couverture pour établir des relations commerciales profitables avec laChine. En1879, l'empire du Japon annexe le royaume de Ryūkyū et y établit lapréfecture d'Okinawa.
À l’origine, le toponyme Ryūkyū désigne indistinctement toutes les îles comprises entre la zone située au sud deKyūshū et Luzon (anciennesPhilippines) par les auteurs chinois. Par ailleurs,Antoine Gaubil démarque clairement dans ce toponyme chinois la « Grande Ryūkyū », soit l’actuelleîle principale d’Okinawa, d’une « Petite Ryūkyū », c’est-à-direTaïwan.
DuVIIe au XIVe siècle, trois petits royaumes s’établissent sur la « Grande Ryūkyū », soitHokuzan(北山?,Montagne du Nord),Chūzan(中山?,Montagne du Milieu) etNanzan(南山?,Montagne du Sud). Chacun d’entre eux, tour à tour, commence dès la fin duXIVe siècle (époque Sanzan sur Ryūkyū etdynastie Ming en Chine), à établir des relations tributaires avec l’empire de Chine[2]. En1372, le royaume devient tributaire de la dynastie Ming[3].
Toutefois, dès1416, leAji, suzerain de Chūzan, envahit le royaume du Nord, puis le royaume du Sud en1429, marquant l’unification du royaume. Et ce n’est qu’à partir duXVIe siècle que le pouvoir desAji atteindra l’archipel Sakishima, à l’est de Formose (Taïwan en chinois).
Sceau du roi, la partie de gauche est enmandchou sigillaire :ᠯᡳᡠ ᡴᡳᡠ ᡤᡠᡵᡠᠨ ᡳ ᠸᠠᠩ ᠨᡳ ᡩᠣᡵᠣᠨ (Lio Kio Gurun Wang Ni Doron) et de droite en caractères chinois sigillaire琉球國王之印Sceau du roi la partie de gauche est en mandchou classique et de droite en caractères chinois sigillaire
Les marins d'Okinawa développent une riche activité commerciale vers laCorée, où leurs navires sont présents dès1389[1], mais aussi vers leJapon, laChine, l'Asie du Sud-Est et l'Indonésie[1]. Les ressources de l'île sont essentiellement limitées à des gisements desoufre, composant essentiel de lapoudre à canon, mais l'activité marchande se développe néanmoins, les Ryūkyūans profitant de l'interdiction faite auxChinois par ladynastie Ming de pratiquer le commerce international[1]. Des relations diplomatiques sont par ailleurs entretenues avec laChine et leJapon[1].
Les sources d'époque dénombrent vingt expéditions commerciales versMalacca et onze versPatani entre1425 et1570[1]. Les produits échangés sont essentiellement des métaux, des produits de luxe, des armes et des épices[1].
Toutefois, dès la fin duXVIe siècle, le Japon tente de constituer sa propre zone d’influence, tel que le soulignent l’intensification du contrôle du littoral japonais et la tentative d’invasion de la Corée en1592 parToyotomi Hideyoshi (1536-1598). De surcroît, à la suite de l'avènement de sonshogunat,Tokugawa Ieyasu (1542 – 1616) autorise la famille guerrière desShimazu (clan Satsuma), à envahir le nord du royaume de Ryūkyū en1609[2]. Pour le shogun, cette invasion permet de faire diversion auprès de guerriers vaincus et plus ou moins contestataires de son pouvoir. Mais en considérant la crainte des Japonais envers les étrangers, c’est un moyen d’établir un espace-tampon entre les Japon et les Occidentaux, au vu de leur expansion en Asie (notamment lesEspagnols auxPhilippines).
Néanmoins, après une victoire rapide, les Shimazu n’annexent que lesîles Amami (les plus proches de Kyūshū), soit une petite partie du royaume. Toutefois, s’ils renvoient l’ancien roi,Shō Nei (1587-1620) sur son trône en1611, Satsuma s’approprie en sous main les bénéfices du commerce extérieur et reçoit un tribut du royaume. Ce geste s’explique par la crainte de voir la Chine rompre tout accord avec les Ryūkyū, véritable porte ouverte sur un marché florissant alors que le Japon rentre dans une période de fermeture. Pour cette raison, bien que quelques postes de gardes japonais soient disséminés dans l’archipel, les Japonais ont pour ordre de ne pas dévoiler leur présence aux émissaires chinois, qui continuent, par ailleurs, à recevoir un tribut de la part du royaume.
Ainsi, malgré une présence inconditionnelle, le Japon respecte l’altérité du peuple de Ryūkyū[2]. Hormis les îles Amami, le territoire du royaume ne passe pas sous la coupe du Japon. Pays souverain, le royaume conclut par exemple en 1854 un traité d’amitié avec lesÉtats-Unis[2], et en 1855 une convention avec la France[4]. Si, par ailleurs, l’héritage japonais est caché, les Shimazu l’entretiennent, puisqu’ils s’appliquent à modifier les patronymes de certains aristocrates de Ryūkyū, y rajoutant des kanjis, afin de cultiver la distinction entre la civilisation japonaise et celle des Ryūkyū.
Les îles ont été également « terre de mission » pour l’évangélisation chrétienne : notamment,Bernard Petitjean s'y rend en 1861 et 1862.
Cachet fourni par l'empereur de la dynastie Qing, exposé auchâteau de Shuri, la capitale, aujourd'huiNaha-shi.
Le royaume est déjà vassalisé par ladynastie Ming. AuXVIIe siècle, à l'arrivée dedynastie Qing en Chine, l'empereur offre un sceau en mandchou et chinois au roi Shō Shitau par la dynastie Qing arrivante, le roi restitue alors aux Qing, le sceau que leur avait donné les Ming[5].
L'influence chinoise est alors importante, les Ryūyūans font des nombreux voyages dans la province chinoise duFujian, d'où il dérivé leKaraté, de laBoxe de la grue blanche, avec des maîtres tels queKanryō Higaonna.
Dessin du journal satirique japonais,Marumaru chinbun(ja) représentant un « Colosse de Riukiu », portant une bouteille d'awamori (alcool de Ryūkyū), tiré depuis la Chine vers le Japon.
Le royaume de Ryūkyū estannexé par le Japon(en) à la suite d'une guerre qui dure de1872 à1879 entre les deux pays et qui marque le début de l'expansionnisme japonais, lequel culminera sous l'ère Shōwa. Sous la domination japonaise il est d'abord rebaptisédomaine de Ryūkyū (ou fief de Ryūkyū). À la fin de la guerre est décrétée la création de lapréfecture d’Okinawa. Les autorités japonaises engagent de profondes réformes institutionnelles et aménagent des réseaux routiers et ferroviaires. Les Okinawaïens deviennent Japonais et le département est représenté à laDiète à partir de1919. En ce sens les autorités japonaises dénigrent l’altérité des Ryūkyū. Leslangues ryūkyū sont interdites et l’assimilation de la population passe par un important réseau d’école pour l’enseignement massif dujaponais (l’éducation représente la moitié du budget départemental).
Toutefois, l’altérité reste de mise : l'économie d’Okinawa est dominée par l’agriculture exotique, aux mains de capitaux extérieurs. Cette situation conduira à une forte émigration vers la métropole oules pays étrangers. Par ailleurs, les Okinawaïens sont victimes de discriminations par les métropolitains, prisonniers d’une image « barbare » issue de leur altérité vis-à-vis du Japon (exemple du pavillon anthropologique de l'Exposition industrielle nationale d'Osaka en1903).
1372 : la première mission officielleMing visiteOkinawa, alors divisé en trois « montagnes » (principautés). C'est le début des relations tributaires avec l'Empire chinois.
1416 : sur Chūzan est établie Nakijin Gusuku, qui en devient la capitale. La principauté est appelée Hokuzan.
1423 : les combattants de la secte Agonshu tentent une rébellion, qui est écrasée par les forces du royaume. Des dizaines de cadavres de combattants, les yeux crevés, seront exhibés sur les plages.
1429 :Chūzan occupe Shimajiri Osato Gusuku, capitale deNanzan, unifiant l'île d'Okinawa. Le royaume de Ryūkyū établit alors sa capitale à l'endroit duchâteau de Shuri, où se trouve la ville deNaha moderne.
1477 : le troisième roi,Shō Shin, monte sur le trône. C'est l'âge d'or du royaume.
Matsuda Mitsugu,The Government of the Kingdom of Ryukyu, 1609–1872 (dissertation submitted to the Graduate School of the University of Hawaii in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy, January 1967), Gushikawa, Yui Pub.,, 283 p.(ISBN4-946539-16-6)