À ses débuts, la monarchie roumaine fut d'abord élective et autochtone, sous le règne du princeAlexandre Jean Cuza (unboyardmoldave) élu en1859. Mais Cuza,franc-maçon etanticlérical, libère lesRoms, accorde auxJuifs deGalicie et deRussie le droit d'immigrer et de commercer,sécularise les immenses domaines appartenant aux monastères, et envisage uneréforme agraire. Cela inquiète lesboyards conservateurs, qui le déposent en1866 (il devra s'exiler). L'Assemblée choisit alors d'élire un monarque étranger, qui ne soit nimoldave, nivalaque, la monarchie devant devenir héréditaire selon le modèle occidental. Le choix se porte finalement sur Karl von Hohenzollern (de la branche cadette deHohenzollern-Sigmaringen), prince pauvre et disponible, prêt à tenter l'aventure, au point de descendre leDanube déguisé en marchand, alors que lesHabsbourg, maîtres de l'empire d'Autriche, sont opposés à sa candidature. En1866, Karl devient ainsi prince régnant de Roumanie (et, à ce titre,vassal du Sultan ottoman), sous le nom deCarolIer.
Le gouvernement de Brătianu, en place jusqu'en1888, entreprend de moderniser le pays par une politique de grands travaux, établissant routes, ponts, canaux et chemins de fer. Le pays connaît néanmoins des débuts de troubles politiques avec le déclenchement, en1907, d'unegrande révolte des paysans pauvres contre le régimelatifundiaire[2].
L'ancien palais royal de Bucarest en 1904.Le nouveau palais royal de Roumanie en 1941 ; c'est aujourd'hui un musée d'art et d'histoire.
Le, la Roumanie déclare la guerre à la seuleAutriche-Hongrie, mais par le jeu des alliances, l'Allemagne et la Turquie déclarent la guerre à la Roumanie. Celle-ci estdéfaite militairement en trois mois. L'armée allemandeoccupe Bucarest le. De leur côté, les Bulgares occupent laDobrogée. Larévolution russe prive la Roumanie du soutien de l'Empire russe, et la laisse dans une situation sans issue : le, elle doit conclure un armistice séparé avec les Empires centraux, letraité de Bucarest de 1918 l'amputant d'une partie de son territoire (notamment de la moitié sud de la Dobrogée, qui devient bulgare). En revanche, l'union, le, entre la Roumanie et lapremière république de Moldavie (proclamée le et indépendante le) permet au royaume de Roumanie de sortir de sa défaite agrandi, mais ruiné et en proie à une épidémie detyphus.
Le royaume reçoit, toutefois, l'aide logistique de l'Entente, et notamment de laFrance, par l'entremise de lamission Berthelot puis de l'armée française du Danube, et, le, il dénonce le traité et repart en guerre contre lesempires centraux, bénéficiant finalement de la victoire des Alliés.
Après la Première Guerre mondiale, laréforme agraire et les réformes démocratiques des années1921-1923 consacrent l'émergence d'unedémocratie parlementaire où beaucoup reste à faire, mais où le vote n'est pluscensitaire, où les femmes votent (vingt-deux ans avant les Françaises) et où la citoyenneté n'est plus conditionnée par la religion ou la langue maternelle : un quart de la population est constitué de minorités, notammentmagyares,allemandes,juives ettsiganes[5]. LesBritanniques et lesFrançais investissent, et les débuts de l'exploitation dupétrole et de l'industrialisation offrent à la Roumanie une situation économique relativement florissante (du moins par rapport aux pays voisins). La Grande Roumanie constitue un « point d'appui impérialiste à abattre » pour l'Union soviétique, qui ne reconnaît pas l'union entre le Royaume et larépublique de Moldavie de 1918 mais, malgré tout, des relations diplomatiques sont établies en1924. En Transylvanie et dans le Banat, le royaume doit gérer le problème des minorités hongroises etsaxonnes (en majorité aristocratiques, bourgeoises, citadines et cultivées au milieu des masses paysannes roumaines, qui bénéficient de la réforme agraire, d'où des tensions sociales et ethniques). La naturalisation desJuifs originaires deGalicie et deRussie, parlantallemand,yiddish ourusse (non-roumanophones), déplaît aux cercles conservateurs chrétiens et/ou nationalistes : la politique roumaine dans l'entre-deux-guerres est essentiellement guidée par la recherche dustatu quo constitutionnel et territorial, face aux revendications des minorités, des nationalistes, et des pays voisins comme la Hongrie, la Bulgarie et l'URSS.
La monarchie roumaine est cependant secouée de troubles dynastiques. En1925, le prince héritierCarol ayant renoncé à ses droits à la couronne pour suivre sa maîtresse, son fils Michel est désigné comme futur roi et accède au trône deux ans plus tard, devenantMichelIer (ou MihaiIer), à l'âge de six ans.
La société roumaine demeure cependant assez inégalitaire, ce qui favorise l'apparition de mouvements visant à abolir l'ordre démocratique, tels que leParti communiste de Roumanie (en1922, déclaré illégal en1924) et laGarde de fer nationaliste et antisémite (en1927). La vie politique est marquée par une certaine instabilité, le Parti libéral deIon I. C. Brătianu usant d'une loi électorale sur mesure pour contrer les progrès de l'opposition, menée par le Parti paysan deIuliu Maniu. Il y a en Roumanie un net clivage entre d'un côté la paysannerie, majoritaire (79 % de ruraux), conservatrice mais modérée, très largement roumanophone et attachée à la petite propriété et à ses modes de production traditionnels, que le parti paysan entend représenter, et de l'autre côté les minorités (généralement de catégories sociales supérieures, à l'exception desRoms) et les citadins, minoritaires eux aussi, occidentalisés, très divers socialement, et dont les jeunes générations sont tentées soit par la social-démocratie laïque (opposée au conservatisme rural), soit par des idéologies radicales (marxisme athée ou nationalisme chrétien). En décembre1928, le parti paysan obtient finalement une victoire électorale décisive etIuliu Maniu devient chef du gouvernement. En1930, avec son soutien et contre l'avis du conseil de régence, le père du roi revient en Roumanie et obtient l'abrogation de son acte d'abdication, devenant le roiCarol II, tandis que Michel redevient prince héritier : c'est lecarlisme, qui combat la Garde de Fer par les armes[6].
Remportant ses premiers succès électoraux à partir de1932, laGarde de fer, nationaliste, chrétienne intégriste et xénophobe, recrute surtout chez les jeunes, aussi bien en milieu rural que citadin. Elle s'organise en « nids » (copiés sur les « cellules » du PC) dont les membres sont des « Légionnaires », et multiplie les campagnes d'agitation. Le roiCarol II y répond par des arrestations et des emprisonnements parmi les « Légionnaires » (le nom officiel du mouvement estLégion de l'Archange Michel ;Garde de Fer est une déformation de « Zgarda de Fier » : la « Grille en fer », sobriquet populaire de son emblème représentant trois javelots verticaux disposés sur trois javelots horizontaux). En, des Légionnaires assassinent le Premier ministreIon Duca, et se livrent à diverses violences, notamment contre des universitaires (la « légion » exige unnumerus clausus contre lesjuifs dans les facultés), desfrancs-maçons et des journalistes démocrates. Le roi réplique en donnant à la gendarmerie l'ordre de tirer à vue sur les rassemblements légionnaires. La crise économique aidant, en1937, la Garde de fer obtient 16 % des voix. Le, dans le but de désamorcer ce processus, le roi nomme Premier ministre le nationaliste xénophobe et antisémiteOctavian Goga qui, durant son bref ministère (jusqu'au), promulgue des lois raciales restreignant l'accès des juifs et autres minoritaires à l'université et à la citoyenneté roumaine[7].
Carol II abolit alors ce qui restait de la démocratie parlementaire, et se dote des pleins pouvoirs (dictature « carliste ») en, puis, tout en cherchant à apaiser l'Allemagne par une garantie de livraison du pétrole roumain, signe avec laFrance et leRoyaume-Uni, le, un accord garantissant les frontières et indépendance de la Roumanie. Le roi lance l'armée dans une véritable guerre civile contre les nazis et les « Légionnaires » de la Garde de fer, dont le fondateur,Corneliu Codreanu, est arrêté, emprisonné et fusillé sans jugement[3].
Carol II refuse de participer au dépeçage de laTchécoslovaquie alors que l'Axe lui offrait leMaramureș du nord ouRuthénie, et, lorsqu'en application duPacte germano-soviétique, l'Allemagne nazie et l'URSS envahissent laPologne, la Roumanie, neutre, garantit le droit d'asile aux membres du gouvernement et aux divisions polonaises en fuite. LeService maritime roumain les transporte àAlexandrie où ces forces rejoignent lesforces britanniques. Le, le Premier ministreArmand Călinescu qui avait décapité en laGarde de fer en arrêtant plusieurs de ses dirigeants, estassassiné par des « Légionnaires » aux ordres deHoria Sima, successeur de Codreanu. Armand Călinescu, francophile et anglophile tout comme le ministre des Affaires étrangères Grigore Gafencu, était soupçonné par l'Axe de vouloir engager la Roumanie dans la guerre aux côtés desAlliés. Le roi Carol II s'efforce de maintenir encore sa politique pendant quelques mois, mais la défaite militaire de la France et la situation très précaire de la Grande-Bretagne rendent très théoriques les assurances que ces deux pays avaient faites à la Roumanie[10].
Pour éviter le sort de laPologne voisine, rayée de la carte de l'Europe par l'Allemagne nazie et l'URSS, le, Carol II remplace ses ministres anglophiles et francophiles par le gouvernement d'Ion Gigurtu (Premier ministre du au), qui déclare « adhérer loyalement à la politique de l'Allemagne nazie »[12], et laisserAdolf Hitler arbitrer le conflit territorial entre la Roumanie et la Hongrie au sujet de laTransylvanie[13],[14]. Gigurtu déclare à la radio : « La Roumanie doit consentir à des sacrifices territoriaux pour démontrer la fiabilité de son adhésion à l'Axe »[15]. Le cabinet Gigurtu comprenait même un ministre de la Garde de Fer : son chef Horia Sima, successeur de Codreanu. Fin, lors d'une rencontre avec Hitler, Gigurtu approuve en effet « l'arbitrage » de Hitler[16],[17],[18], et la Roumanie, se soumettant au « Second arbitrage de Vienne », cède le laTransylvanie du Nord auroyaume de Hongrie, et, le, par lesAccords de Craiova, rend laDobroudja du Sud à laBulgarie. Ces pertes territoriales représentent plus d'un tiers de laGrande Roumanie, mais Gigurtu estime que c'est le prix à payer pour ne pas subir le sort de la Pologne.
Mais ce « prix de la paix » précipite la chute du roi : laGarde de fer de Horia Sima et le généralIon Antonescu s'unissent pour un coup d'État qui aboutit à l'abdication et à l'exil de Carol II au profit de son fils de 19 ansMihaiIer, qui redevient donc roi.
LaGarde de fer et Antonescu établissent un régime totalitaire désigné du nom d’État national légionnaire qui va inéluctablement pencher du côté des forces de l'Axe et de leur politique. Une fois au pouvoir, laGarde de Fer renforce la législation antisémite promulguée par les gouvernements deOctavian Goga etIon Gigurtu et met également en place une autre législation dirigée contre les commerçants et hommes d'affaires grecs et arméniens, qui sera surtout appliquée de façon que les fonctionnaires roumains puissent toucher de gros pots-de-vin. Les syndicats et les associations ont été interdits à la fin de l'année1940. Le pouvoir réel appartient à l'ambassadeur nazivon Killinger.
L'opinion n'est pas acquise au régime,des maquis se mettent en place, et le, officiellement à la demande de la Roumanie, les troupes allemandes franchissent la frontière roumaine. Quelques semaines plus tard, en, la Roumanie adhère à l'Axe. Quant aux effectifs de laWehrmacht stationnés en Roumanie, ils seront bientôt plus de 500 000, qui contrôlent les voies de communication, les puits de pétrole, et se mettent à pied d'œuvre pour attaquer l'URSS[11]. Le, pour « venger l'exécution de Codreanu », desLégionnaires de la Garde de fer assassinent 64 anciens ministres, députés et intellectuels démocrates, tous détenus à la prison deJilava (près de Bucarest) ainsi que l'historien et ancien Premier ministreNicolae Iorga et Virgil Madgearu, ancien ministre de l'Économie.
Frontières de la Roumanie entre 1941 et 1944, avec la Transnistrie à l'est.
Pour être en mesure de reconquérir la Bessarabie, Antonescu accepte d'engager son pays plus avant dans la collaboration avec leReich. Mais après les assassinats et le pogrom du, Antonescu, estimant que laGarde de Fer est en train de dresser l'opinion contre le régime, dissout le service d'ordre de la Garde et fait juger et exécuter les assassins de Iorga. Le, laGarde de Fer tente de s'emparer du pouvoir par un coup d'État doublé d'unpogrom à Bucarest (130 victimes), mais Antonescu réplique, des coups de feu sont échangés, et au bout de quatre jours d'affrontements, la « Légion », qui a perdu plusieurs centaines de membres, est contrainte de quitter le gouvernement. Sima et beaucoup d'autres « Légionnaires » trouvent asile en Allemagne alors que 3 000 autres sont emprisonnés. En mars, Antonescu, qui s'auto-proclame « Pétain roumain », se fait plébisciter et obtient 2 millions de oui contre 3 360 non[19].
Le terme de « régime Antonescu » fait référence aussi bien à Ion Antonescu qu'à son vice-président du Conseil et ministre des Affaires étrangères,Mihai Antonescu (homonyme sans lien de parenté).
La Roumanie a participé à laSeconde Guerre mondiale du au : jusqu'au lerégime Antonescu combat aux côtés de l'Axe tandis que deux divisions (Vladimirescu etHoria-Closca-Crisan), quelques unités de la flotte et aviateurs, combattront du côtéAllié ; à partir du le pays entierpasse du côté Allié. 473 000 soldats roumains ont été engagés contre l'URSS : parmi les forces de l'Axe, il s'agit du contingent le plus fourni après celui de l'Allemagne[19]. Les opérations militaires des forces roumaines terrestres contre l'URSS les portent vers l'est jusqu'au sud-ouest d'Astrakhan, enKalmoukie (automne 1942) et de plus, les forces roumaines sont engagées dans descrimes contre l'humanité enTransnistrie. À partir du, 397 000 soldats roumains sont engagés contre l'Axe : il s'agit du contingent le plus fourni après ceux desÉtats-Unis, de l'URSS et de l'Empire britannique. La campagne militaire des forces roumaines terrestres aux côtés de l'Armée rouge se poursuit vers l'ouest jusqu'aux abords dePrague enTchécoslovaquie (Chotěboř-Humpolec)[19],[20].
LaBessarabie, ayant changé de mains trois fois au cours de la guerre, et où le front s'est trouvé de mars à août1944, est la région qui en a démographiquement le plus souffert. Selon les rapports des ministres Krouglov etBéria à Staline, exhumés par l'historien Nikolai Bougai[21], et selon les données des recensements, de 1940 à 1950 la région a perdu un tiers de sa population, passant de 3 200 000 personnes selon le recensement roumain de 1938, à 2 229 000 selon le recensement soviétique de 1950.
120 000 Moldaves (en majorité roumanophones, mais aussi des « Russes blancs ») ont été déportés par les soviétiques entre le et le (dans la seule nuit du - 13 470 familles, comprenant 22 648 personnes, dont approximativement 2/3 de femmes et enfants)[22];
230 000 Juifs ont été soit massacrés par le régime du maréchalIon Antonescu, soit ont fui vers l'URSS et ne sont jamais revenus, qu'ils s'y soient établis ou qu'ils y aient été rattrapés par laWehrmacht et tués par lesEinsatzgruppen;
250 000 Moldaves roumanophones ont été déportés par les soviétiques entre 1944 et 1948 ;
150 000 personnes sont mortes entre 1946 et 1947 à la suite de lafamine provoquée par les réquisitions soviétiques alors qu'on était en période de mauvaises récoltes (politique déjà appliquée en Ukraine voisine dans les années 1920-1930 (Holodomor).
11 324 familles sont déplacées de force hors de Moldavie le (environ 81 000 personnes), en majorité sur critère religieux (« vieux-croyants », églises néo-protestantes, catholiques).
En 1950, de tous ces « indésirables » ou « nuisibles » déportés hors du pays, 49 000 étaient encore en vie sur les lieux de leur déportation (toujours dans Bougaï)[21].
Prise de pouvoir par les communistes et fin de la monarchie
Le Royaume de Roumanie a continué d'exister pendant les années 1945-1947. Cette période a été caractérisée par une forte instabilité économique (causée par la forteinflation de l'ancien leu et la désordre économique)[23] et lasoviétisation des institutions politiques roumaines.
Dans ce qui reste de la Roumanie, l'occupation soviétique conduit à un coup d'Étatcommuniste le. Le gouvernement militaire intérimaire est remplacé, sous la pression de l'Union soviétique, par un gouvernement de coalition dirigé par le sympathisant communistePetru Groza. Le, des élections truquées et massivement falsifiées, caractérisées par de larges irrégularités, l'intimidation, la fraude électorale et des assassinats ciblés[24],[25],[26],[27], donnent la majorité à la coalition gouvernementale. Dans le nouveau gouvernement Groza, les communistes se voient attribuer la plupart des postes-clés. Dans les mois qui suivent, leParti communiste de Roumanie s'emploie à diviser les sociaux-démocrates, puis à liquider l'opposition. LeParti national paysan est interdit en juillet et son chef, l'ancien Premier ministreIuliu Maniu, emprisonné. Le pays devient dans les faits unemonarchie communiste, jusqu'à l'abdication du roi MihaiIer le et à la proclamation de laRépublique populaire roumaine.
Carte ethnique (recensement de 1930).Taux d'alphabétisation en 1930.
Selon le recensement roumain 1930, la Roumanie avait une population de 18 057 028. LesRoumains représentaient 71,9 % de la population, lesminorités 28,1 %, mais, Roms exceptés, leur niveau d'instruction était généralement plus élevé. LaBessarabie, russe avant 1917, avait le taux d'alphabétisation de plus bas, sauf chez lesAllemands.
La population de la Roumanie selon le groupe ethnique en 1930[28]
↑Selon Florin Constantiniu dansUne histoire sincère du peuple roumain, éd. Univers Enciclopedic, Bucarest 2008, il existe trois interprétations historiographiques de la grande révolte paysanne de 1907 :encyclopédique,communiste etnationaliste. Pour la première, il s'agit d'une révolte sociale sans lendemain due à lasécheresse, lafaim, l'endettement des paysans et le systèmelatifundiaire d'avant les réformes agraires de 1921-1923. Pour la deuxième, officielle à l'époque communiste, il s'agit d'une pré-révolution prolétarienne spécifiquement dirigée contre le « régime monarchique bourgeois-latifundiaire » (Regimul monarhist burghezo-moșieresc), annonçant le triomphe de laRévolution russe et s'inscrivant dans le « processus d'éveil du prolétariat mondial ». Pour la troisième, que partagent les ultra-nationalistes roumains (par exemple de laGarde de fer) et l'exégèse nationaliste israélienne, il s'agit d'un crime roumain contre les Juifs, qualifié par les pro-roumains antisémites de « sursaut patriotique défensif contre des parasites » et par les anti-roumains de « pogrom », les deux s'accordant pour affirmer que « l'identité roumaine elle-même est pétrie d'antisémitisme ». L'étude des documents d'époque montre que les paysans affamés ont tué des exploitants à bail des grands domaines (arendași) et des usuriers (cǎmǎtari) sans se soucier de leurs origines ou religions, qui étaient diverses, parfois juives en Moldavie, surtout dans le nord, mais pas en Valachie.
↑a etbRobert Philippot, article "Roumanie" in "Encyclopedia Universalis", édition 2002
↑Nicolette Frank,La Roumanie dans l'engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977.
↑a etbNikolaï Théodorovitch Bougaï: Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l'Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. № 1. Кишинев, 1991. 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999,p. 567-581 (Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация. Германия. Эссен. 1999. 1.3)
↑Nikolaï Th. Bougaï: K voprosu o deportacii narodov SSSR v 30-40ch godach. - ISSSR (1989)