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Royaume de Macédoine

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Pour les articles homonymes, voirMacédoine.

Royaume de Macédoine

VIIe siècle av. J.-C. – av. J.-C.

Description de cette image, également commentée ci-après
Le royaume de Macédoine en sous le règne d'Alexandre le Grand.
Informations générales
StatutMonarchie
CapitaleAigai puisPella
Langue(s)Ancien macédonien
Grec ancien
ReligionReligion grecque antique
MonnaieTétradrachme(en)
Histoire et événements
Fondation légendaire du royaume parCaranos
v. Perdiccas Ier, premier roiargéade historique
Le royaume devient vassal des Perses
Règne d'Alexandre Ier et essor du royaume
v. Expéditions de Perdiccas II en Lyncestide
Bataille de Chéronée et constitution de laLigue de Corinthe
Conquête de l'Empire perse parAlexandre le Grand
Monarchieantigonide
Défaite àPydna face aux Romains et division du royaume en quatre républiques
Constitution de laprovince romaine de Macédoine
Rois
vers - Caranos
vers - Perdiccas Ier
-Alexandre Ier
-Philippe II
-Alexandre le Grand
-Antigone II Gonatas
(Der)-Persée

Entités suivantes :

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Leroyaume de Macédoine (engrec ancien :Μακεδονία /Makedonía) est un royaume de laGrèce antique, correspondant avant son expansion principalement à laMacédoine grecque actuelle. Il s'étend sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l'Épire à l'ouest, laPéonie au nord, laThrace à l'est et laThessalie au sud. Constitué en royaume à l'époque archaïque, il devient le royaume dominant de l'époque hellénistique.

L'existence du royaume est attestée au début duVIIe siècle av. J.-C. avec à ses débuts la dynastie desArgéades. Le royaume connaît unformidable essor au milieu duIVe siècle av. J.-C. sous le règne dePhilippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçantAthènes et laLigue chalcidienne, pour ensuite fonder laLigue de Corinthe. Son filsAlexandre le Grand entreprend la conquête de l'immenseEmpire perse et étend l'hellénisme jusqu'aux confins de l'Asie (vallée de l'Indus). Après la mort d'Alexandre en323, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle desAntipatrides dans le contexte desguerres des Diadoques. En277, la royauté échoit àAntigone II Gonatas qui installe la dynastie desAntigonides. Celle-ci règne jusqu'en168, date à laquelle la Macédoine estconquise par les Romains.

Les Macédoniens antiques sont unpeuple grec (ethnos) : ils parlent l'ancien macédonien, une langue qui appartient à la famille deslangues helléniques, et vénèrent lesdivinités grecques. Mais leur pays, également peuplé par des tribusthraces etillyriennes, est organisé autour d'une aristocratie foncière dirigée par un roi, et non autour de cités indépendantes ; cela pourrait expliquer pourquoi les auteurs grecs de l'époque classique puissent les considérer comme desbarbares.

Géographie

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Berceau de la Macédoine

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Le royaume de Macédoine s'étend à ses débuts, auVIIe siècle av. J.-C., autour dugolfe Thermaïque (ou golfe de Salonique), de la grande plaine alluviale d'Émathie formée par le fleuveAxios (actuel Vardar) à la plaine, plus petite, dePiérie. La Haute-Macédoine (dont l'Orestide et laLyncestide), région de hauts plateaux, est à l'origine formée de principautés indépendantes. Pendant deux siècles la frontière orientale correspond à l'Axios. À partir duVe siècle av. J.-C., les Macédoniens commencent la conquête des territoires situés à l'est de ce fleuve, les côtes étant alors occupées par descolonies grecques et l'intérieur des terres par des peupladesthraco-illyriennes, dont principalement lesBottiens et lesOdomantes[1].

Les premiers géographes grecs ont fait de la rivièreStrymon la frontière orientale de la Macédoine avec laThrace. Cependant, après que le royaume de Macédoine ait poussé vers l'est les tribus thraces, le fleuveMesta est considéré comme la frontière orientale, la Sintice, l'Odomantice et l'Édonide y étant incluses.

Le royaume de Macédoine auIVe siècle av. J.-C.

Paysage et ressources naturelles

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Panorama depuis le théâtre deDion enPiérie avec lemont Olympe en arrière-plan.

Hérodote (Histoires,VII, 123-124) etThucydide (La guerre du Péloponnèse,II, 99) décrivent les paysages et ressources de la Macédoine (golfe Thermaïque,Axios,Pella). Avec ses grandes plaines alluviales et ses forêts, la Macédoine possède des paysages fort différents de ceux du reste de la Grèce continentale[2]. Pour un Grec du sud cette contrée peut s’avérer exotique et fascinante comme en témoigneEuripide dans lesBacchantes (vers 556-575).

Les montagnes et les hauts plateaux rendent possible latranshumance des chèvres et des moutons, pratiquée depuis lenéolithique. Les prairies arrosées sont propices à l'élevage des vaches et des chevaux ; ces derniers ont fait la renommée du royaume. Les plaines alluviales permettent la culture céréalière. Le sous-sol est riche de précieux minerais : cuivre, fer, or, argent, etc. Enfin, le bois de grande qualité, issu de ses forêts de chênes et de hêtres, est très recherché pour la construction navale, notamment par lesAthéniens[1].Hérodote affirme queXerxès a du déboiser au moment de son passage tant les forêts sont importantes[A 1].

D'un point de vue géo-climatique, la Macédoine possède de nombreux cours d'eau et une météorologie favorable. C'est avec ces éléments naturels qu'elle trouve son unité. 90 % de la Macédoine se situe à plus de 500 m d'altitude et 50 % à plus de 1 500 m. La vie en altitude offre des ressources limitées et la transhumance des éleveurs oblige à avoir un habitat en hiver et un habitat en été. Ces conditions induisent une structure en communautés tribales soudées qui se déplacent et qui ne sont pas adaptées à une vie urbaine. Ces tribus n'ont pas non plus intérêt à aller vers les côtes qui sont basses et inhospitalières. La Macédoine du centre est très humide, il y pleut très souvent. La presqu'île deChalcidique dispose quant à elle de zones côtières. C'est surtout une région où le climat doux permet la culture de l'olivier qui induit un mode de vie plus sédentaire. À l’est se trouvent de montagnes avec des terres arables. À ces richesses s'ajoutent l'eau (irrigation, pêche), les bœufs nourris à l'herbe grasse du centre du royaume, le blé et la vigne au nord de la Chalcidique. C'est sur cette base géographique que lesArgéades structurent le royaume à partir du règne d'Alexandre Ier qui se met à organiser l'exploitation des ressources naturelles et à étendre le territoire qui finit par jouxter lescolonies grecques.

Terre royale à son apogée

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Le royaume de Macédoine recouvre au temps dePhilippe II, vers le milieu duIVe siècle av. J.-C., les régions suivantes[3] :

Ces territoires restent sous la tutelle des rois macédoniens jusqu'à laconquête romaine au milieu duIIe siècle av. J.-C.

Histoire

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Origines des Macédoniens

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Étymologie du mot « Macédoniens »

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La Macédoine (Makedonía) est le pays habité par les Macédoniens (Makedónes), c'est donc bien le peuple qui a donné son nom au pays[1]. Mais l'origine de l'ethnonymeMakedónes n'est pas clairement établie :

  • SelonStrabon (auIer siècle av. J.-C.), qui s'inspire ici deMarsyas de Pella, les Macédoniens devraient leur nom à l'un de ses premiers souverains appelé Makédon[A 2]. Mais cette version mythologique rencontre peu d'écho chez les historiens modernes.
  • Une première hypothèse moderne fait dériverMakedónes de l'adjectifmakednós qui signifie « haut », tel qu'utilisé parHomère pour désigner un arbre dans l'Odyssée[A 3] et qui serait selonHésychios d'Alexandrie un mot d'originedorienne[4]. On considère par ailleurs les Macédoniens comme des personnes de grande taille[5].
  • Une deuxième hypothèse suggère queMakedónes signifie « les gens des hautes terres », en référence aux montagnes de la région[6]. LeWorld Book Encyclopedia avance aussi cette théorie, mais sur la base du terme grec ancienmakednós.
  • Une dernière hypothèse estime que le terme proviendrait de languesproto indo-européennes ou de l'hourrite, signifiant, entre autres possibilités, « les gens du pays des moutons » ou « les gens du pays des fermiers »[7].

Peuplement de la Macédoine

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Mosaïque de la chasse au cerf, Maison de l'Enlèvement d'Hélène àPella,IVe siècle av. J.-C.

Le territoire de la Macédoine est habité depuis leNéolithique. À partir duVIIe millénaire av. J.-C., les premiers habitants, sédentaires, connaissent l'agriculture et la poterie ; plusieurs cultures locales se côtoient et se succèdent. Par les contacts avec l'Illyrie adriatique, le territoire entre dans l'âge du bronze au début duIIe millénaire av. J.-C. La région est censée, pour certains, avoir été régulièrement envahie par des tribus ditesproto-indo-européennes pendant les dernières décennies duIIIe millénaire av. J.-C. jusqu'auBronze moyen. De 1300 à 1200 la région connaît de nouvelles invasions des tribuségéennes, faisant débuter l'âge du fer macédonien vers 1200 (achevé en 400). Cette période est caractérisée par l'existence de monarchies organisées et influencées par laGrèce, comme le royaume dePéonie[8] ou les États princiers d'Orestide et deLyncestide. C'est au tout début duVIIe siècle av. J.-C. que la royauté desArgéades émerge en Macédoine. À partir duVIe siècle av. J.-C., l'influence politique grecque se fait de plus en plus importante[9] et le territoire se couvre de place fortes afin de faire face à la menaceperse. Le royaume de Péonie, dont le territoire correspond à la majeure partie de l'actuelleMacédoine du Nord, est lui occupé sousPhilippe II[10].

Selon la théorie commune[11], la Macédoine aurait été peuplée par uneethnie majoritairement grecque coexistant avec un groupe minoritaire deThraco-Illyriens « indigènes » :Bottiéens etÉdones autour du golfe dePella (aujourd'hui comblé),Almopes à l’intérieur des terres,Éordes à l’ouest,Péoniens au nord,Pières au sud entre l’Olympe et la mer. Leur mode de vie est rural et même pastoral ; toutefois les élites sont largementhellénisées. Certains de ces peuples ont pu constituer des royaumes relativement puissants. LaPéonie a par exemple été capable de résister à l'expansionperse durant lesguerres médiques, alors que les Bottiéens, les Édones et les Pières de la côte ont dû accepter la domination desAchéménides.

La Macédoine vue par les auteurs grecs

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Homère appelle la MacédoineÉmathie[12]. Pour lui cette région, l'actuelle Grèce du nord, est le « pays des barbares et des dieux »[A 4]. SelonHérodote, lesMakednoí sont une tribudorienne[A 5].Strabon écrit quant à lui :« Les peuples qui se partageaient son territoire étaient desÉpirotes, desIllyriens, et surtout desBottiéens et desThraces. Les Bottiéens, à ce qu'on dit, étaient venus deCrète sous la conduite de Botton. Parmi les Thraces on distinguait les Pières qui habitaient laPiérie et la région de l'Olympe, lesPéoniens établis sur les rives du fleuveAxios dans une région qui prend pour cette raison le nom d'Amphaxitis, les Édones et les Bisaltes installés sur le reste du pays jusqu'auStrymon. Tous ces peuples passèrent sous la domination desArgéades et desChalcidiens d'Eubée »[A 2].

Origines des Macédoniens

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Dionysos montant un guépard, mosaïque de laMaison de Dionysos,Pella, fin duIVe siècle av. J.-C.

La question des origines des Macédoniens est l'objet d'un vaste débat historiographique, étant donné l'indigence des sources antiques à ce sujet[13],[14]. Les auteurs helléniques expriment des idées complexes, sinon changeantes et ambiguës, sur l'identité ethnique exacte des Macédoniens, considérés par certains comme des « barbares » et par d'autres comme semi-grecs ou entièrement grecs.Aristote, dans laPolitique, etDémosthène, dans lesPhilippiques, estiment, pour des motifs politiques, que les Macédoniens sont des « barbares » non-grecs. Tandis quePolybe, dans sesHistoires, affirme que les Grecs et les Macédoniens sont parents. À travers les généalogiesmythologiques duCatalogue des femmes,Hésiode affirme que les Macédoniens descendent deMacédon, un fils deZeus et deThyia, et donc neveu d'Hellen, géniteur des Grecs (ou Hellènes).

Diodore (Bibliothèque historique, livreXVII) etPlutarque (Vie d'Alexandre) différencient explicitement les Macédoniens et les Grecs quand ils évoquent le règne d'Alexandre le Grand, en distinguant par exemple lesCompagnons proches du roi d'origine grecque dontLaomédon de Mytilène,Érygios,Médios de Larissa,Eumène de Cardia,Néarque etLysimaque[N 1]. Mais il s'agirait d'abord d'une distinction politique et culturelle entre Macédoniens vivant sous le régime de la royautéargéade et Grecs originaires de cités indépendantes (commeMytilène) ou de colonies grecques proches de la Macédoine (commeCardia). De nombreuses références aux différences supposées entre Grecs et Macédoniens sont tirées de l’Anabase d'Arrien qui a vécu à l'époque de l'Empire romain durant laquelle toute notion d'appartenance ethnique parait tendancieuse[15]. Miltiade Hatzopoulos souligne que les passages du texte d'Arrien révèlent aussi que les termes « Grecs » et « Macédoniens» sont parfois synonymes. Par exemple, lorsqueAlexandre le Grand réunit dans une fête Macédoniens etPerses avec des rituels religieux exécutés par des mages perses et des « voyants grecs », ces derniers sont en fait macédoniens[16]. Des historiens soutiennent qu'il n'y a pas de différence ethnique réelle entre Macédoniens et Grecs, seulement une distinction politique créée dans le contexte de laLigue de Corinthe dirigée parPhilippe II depuis337 av. J.-C.[17]. On peut par ailleurs souligner que d'autres peuples ont été considérés comme des « barbares » non-grecs par certains anciens, tels que lesÉpirotes et lesChypriotes, bien qu'ils parlent undialecte grec, vénèrent lesdivinités grecques, connaissent les institutions politiques traditionnelles grecques et participent aux jeuxpanhelléniques[18]. En plus de l'appartenance à des groupes tribaux tels que lesÉoliens, lesDoriens, lesAchéens ou lesIoniens, les Grecs fondent leurs identités ethniques sur lapolis (la cité-État) dont ils sont originaires.

Hypéride etChrémonidès, considérant la Macédoine comme un ennemi politique, comparent respectivement laguerre lamiaque et laguerre chrémonidéenne auxguerres médiques qui voient les Grecs se libérer de la tyrannie[19]. Même les partisans d'une alliance avec la Macédoine, telIsocrate, tendent à souligner les différences entre le royaume macédonien et les cités grecques, aussi pour apaiser les craintes quant à l'extension de la monarchie aux dépens de la gouvernance de leurspoleis[20]. Les différences ethniques supposées entre Grecs et Macédoniens ont disparu peu après la conquêteromaine de la Macédoine en148 et du reste de la Grèce avec la défaite de laLigue achéenne.

La plupart des historiens modernes, qui s'appuient sur les récentes découvertes archéologiques des années 1990-2000, contestent une vision trop « athénocentrique », héritée en partie deThucydide, de la civilisation hellénique, considérant comme « barbares » les peuples vivant au nord et à l'ouest deDelphes[21]. Aujourd'hui, une théorie postulent que les Macédoniens parlent undialecte grec, dont la forme écrite s'avère proche de celle des dialectes du nord-ouest d'Épire et deThessalie[22]. Ils vénèrent lesdivinités grecques[23]. Par ailleurs leur monarchie possède des points communs avec celle des peuples voisins d'Épire et de Thessalie. Enfin les classes d'âge des jeunes gens et des jeunes filles s'inscrivent dans les normespanhelléniques. Finalement, il existe un consensus pour dire que les Macédoniens antiques sont bien un peuple grec[24].

Un autre courant historique, celui-là plus ancien, conteste l'origineargolide des fondateursargéades du royaume macédonien qui pourraient être desIoniens insulaires installés en Macédoine durant leur migration duXe siècle av. J.-C.[25].

Langue des Macédoniens

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Fac-similé d'unetablette de malédiction en plomb duIVe siècle : le premier texte en dialecte macédonien trouvé.

Les Macédoniens parlent l'ancien macédonien, unelangue indo-européenne différente du grecionien-attique. Peu de textes ou de sources de l'ancien macédonien nous sont parvenus (onomastique, légendes monétaires, noms de mois, inscriptions, etc.) et par conséquent sa classification exacte est toujours discutée :

La publication d'une « tablette de malédiction » duIVe siècle av. J.-C., découverte en 1986 dans une nécropole dePella[28], a néanmoins démontré que le macédonien ancien est proche à la fois duthessalien et des dialectes grecs du nord-ouest (dont l'épirote), suggérant que le macédonien ancien est bien un dialecte grec[29].

Dynastie argéade

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Article connexe :Argéades.
Localisation de la Macédoine au temps de laguerre du Péloponnèse.

Premiers argéades

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L'histoire macédonienne commence véritablement auVIIIe siècle av. J.-C. avec la prise de la citadellephrygienne d'Édessa et la fondation d'Aigai par des pasteurs conduits par des chefs venus d'Orestide[30].Perdiccas Ier est selon une tradition historique issue d'Hérodote le fondateur de la royauté macédonienne à l'époque archaïque au tout début duVIIe siècle av. J.-C. et le premier souverainargéade[A 6].

Selon la légende[31], le royaume aurait été fondé en796 av. J.-C. par un exilé d'Argos,Caranos, fils de l'HéraclideTéménos. Il aurait régné 28 ans et fondé Édessa et Aigai, première capitale de la Macédoine avantPella. SelonPlutarque, les Argéades seraient les héritiers d'Argaios, un roi macédonien[32].

Les deux premiers siècles du royaume sont largement méconnus, l'histoire et la légende se mêlant à propos des cinq premiers rois argéades.

Essor sous Alexandre Ier

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À la suite de l'expédition deDariuscontre les Scythes la Macédoine se soumet auxPerses en512 av. J.-C. sous le règne d'Amyntas Ier. La Macédoine devient alors un vassal desAchéménides[33].

Le règne d'Alexandre Ier (498-454) marque le début de l'essor du royaume. Il parvient en effet à étendre son autorité sur la Haute-Macédoine (dont l'Orestide et laLyncestide) tout en maintenant des relations privilégiées avecAthènes qui a besoin du bois de Macédoine pour la construction navale[34]. Durant ladeuxième guerre médique, il est contraint d'apporter son aide augrand roiXerxès tout en maintenant des contacts secrets avec les Grecs coalisés. Après la défaite des Perses, il peut annexer les territoires situés entre l'Axios et leStrymon. Il est donc parvenu à doubler la superficie de son royaume tout en y attirant des populations grecques. Il est attesté comme le premier souverain macédonien à battre monnaie[35].Hérodote écrit à propos de ce monnayage qu'est extrait untalent par jour des mines d'argent du lac Prasias[A 7]. À sa mort en454, des querelles successorales éclatent entre ses fils et affaiblissent le royaume[30].Perdiccas II parvient néanmoins à lui succéder.

La Macédoine auVe siècle av. J.-C.

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Scène de banquet dans unetombe d'Ágios Athanásios, fin duIVe siècle av. J.-C.

La mort d'Alexandre Ier entraine un mouvement de sécession en Haute-Macédoine, tandis que les Athéniens étendent la domination de laLigue de Délos sur les côtes nord de laMer Égée en fondant la colonie d'Amphipolis à l'embouchure duStrymon à partir de437 av. J.-C.Perdiccas II rallie à sa cause les cités de laLigue chalcidienne contre Athènes, révolte qui est l'une des origines de laguerre du Péloponnèse. Durant ce conflit, Perdiccas parvient à conserver l'intégrité territoriale de la Macédoine en s'alliant successivement auxSpartiates et aux Athéniens. Il mène par ailleurs deuxcampagnes contre les Lyncestes avec l'aide du spartiateBrasidas mais doit finalement reconnaitre l'indépendance de laLyncestide.

Son fils et successeur,Archélaos, profite des défaites d'Athènes pour rétablir son autorité en Haute-Macédoine et réprimer les velléités indépendantistes des cités côtières. Il entreprend de profondes réformes du royaume et de grands travaux : construction de forteresses et de routes, transfert de la capitale d'Aigéai à Pella à la fin duVe siècle av. J.-C., amélioration de l'équipement de l'armée, monnayage abondant, etc. Il se place en protecteur des arts en accueillant à sa courThucydide,Euripide etZeuxis.

La mort d'Archélaos marque le début d'une ère de chaos politique qui voit se succéder quatre rois en cinq années. L’avènement d'Amyntas III en393 met fin aux troubles dynastiques. Mais il doit faire face aux invasions desIllyriens et aux ambitions de laLigue chalcidienne qui bénéficie notamment d'importants privilèges commerciaux[36], cette dernière suscitant même la révolte indépendantiste dePella, la nouvelle capitale. En382,Sparte vient en aide à Amyntas en dissolvant, temporairement, la Ligue chalcidienne. Cet événement marque un nouvel essor du royaume de Macédoine[37].

La Macédoine au début duIVe siècle av. J.-C.

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Guerriers macédoniens dans unetombe d'Ágios Athanásios, fin duIVe siècle av. J.-C.

Le successeur d'Amyntas III, son fils aînéAlexandre II, rencontre l'hostilité desThèbains par son intervention enThessalie. Il est assassiné en368 av. J.-C. parPtolémée d'Aloros qui devient dès lors le régent dePerdiccas III. La campagne du stratège athénienIphicrate àAmphipolis entraîne l'intervention dePélopidas, maître de Thèbes, qui, après avoir fait le serment de protéger les droits des fils d'Amyntas, emmène avec lui deux otages : Philoxène, frère de Ptolémée d'Aloros, etPhilippe II, le plus jeune fils d'Amyntas III, qui séjourne durant trois années à Thèbes.

En365, Perdiccas accède au trône après avoir tué Ptolémée. Son règne, bien que de courte durée, permet de réorganiser les finances du royaume[38] ; un rapprochement s'opère par ailleurs avec Athènes et sa colonieAmphipolis. En359, le roi trouve la mort avec 4 000 de ses hommes en luttant contre lesIllyriens qui envahissent le royaume. Son jeune fils,Amyntas IV est proclamé roi, tandis que la régence et la tutelle sont confiées à Philippe, frère du défunt. Mais très rapidement, Amyntas est évincé du pouvoir (Alexandre le fait exécuter en336) et Philippe, qui a prouvé sa valeur face aux Illyriens, est proclamé roi par l'Assemblée des Macédoniens.

Philippe II et la soumission de la Grèce

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Articles connexes :Philippe II (roi de Macédoine) etÉmergence de la Macédoine.
Le royaume de Macédoine à la mort dePhilippe II.

Dès le début de son règne en359 av. J.-C.,Philippe II, âgé de 22 ans, doit faire face à la menace desIllyriens, desPéoniens et desThraces duroyaume des Odryses. Il réduit ces oppositions assez rapidement, grâce à unearmée macédonienne complètement réformée, transformée en véritable « machine de guerre », qui lui donne une nette supériorité sur ses adversaires. Il annexe définitivement la Haute-Macédoine puis s'empare d'Amphipolis, dePydna et dePotidée aux dépens d'Athènes qui est définitivement évincée des côtes macédoniennes en354 après la prise deMéthone[39].

Il prend part à latroisième guerre sacrée à l'appel deThèbes et de laligue thessalienne contre lesPhocidiens qu'il défait en352 à labataille du Champ de Crocus. Il se fait élire à la tête de la confédération thessalienne. Malgré son échec auxThermopyles face aux Athéniens et auxSpartiates alliés à laligue achéenne, Philippe a démontré auxcités grecques sa puissance nouvelle. À cette date, il ne reste en Grèce du Nord que deux puissances hégémoniques, la Macédoine et laLigue chalcidienne, laquelle est dissoute en348 après la destruction d'Olynthe et deStagire et la mise sous tutelle royale des territoires de la Ligue[39].

Philippe estime que la Grèce doit être unifiée sous la direction de la Macédoine afin de mieux résister auxPerses et de se lancer dans une campagne enAsie Mineure. Il conclut lapaix de Philocrate avec Athènes en346 qui lui permet de prendre la place desPhocidiens auConseil des amphictyons. Mais cette politique hégémonique suscite l'hostilité d'Athènes alors sous l'influence deDémosthène ; celui-ci prononce dans ce contexte de violents discours, lesPhilippiques, dans lesquelles il affirme que la Macédoine cherche à dominer la Grèce. Laquatrième guerre sacrée donne l'occasion à Philippe de lutter contre les Athéniens et lesThébains ligués contre lui. Il les défait àBataille de Chéronée en338. Thèbes est occupée, laLigue des Béotiens dissoute ; Athènes est quant à elle ménagée grâce à la paix deDémade, car Philippe a besoin de sa flotte dans l'éventualité d'une campagne contre lesPerses. Les Grecs acceptent alors d'entrer dans laLigue de Corinthe dirigée par Philippe qui prévoit de libérer les cités grecques d'Asie Mineure et de venger la destruction des sanctuaires grecs parXerxès[39]. En336, une avant-garde de l'armée macédonienne, commandée parParménion, traverse l'Hellespont ; mais, à la veille du départ du corps expéditionnaire, Philippe est assassiné par son garde du corps,Pausanias d'Orestide, peut-être sur ordre des Perses voire d'Olympias.

Philippe II est donc parvenu à unifier plusieurs entités disparates : le royaume originel desArgéades de Basse-Macédoine, les petits royaumes de Haute-Macédoine (Orestide,Lyncestide, etc.), les terres conquises à l'est de l'Axios par ses prédécesseurs et les territoires pris à laLigue chalcidienne, dont des colonies grecques (Olynthe,Stagire, etc.). Philippe entreprend en effet de réformer radicalement l'administration du royaume qu'il divise en quatre grandes régions (oumérides) dirigées par unstratège représentant le roi et disposant d'une assemblée délibérative[39].

Alexandre le Grand à la conquête de l'Orient

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Article connexe :Alexandre le Grand.
Mosaïque d'Alexandre àPompéi représentantAlexandre àIssos.

Dès son accession au pouvoir en336 av. J.-C.,Alexandre, alors âgé de vingt ans, reprend à son compte les projets de conquête forgés par son pèrePhilippe II. Mais il est immédiatement confronté à une révolte des cités grecques. Il soumet lesThébains en détruisant leur cité puis sécurise la frontière septentrionale en battant lesTriballes et lesIllyriens. En334, il entame la conquête de l'Asie aux dépens desPerses achéménides. Grâce à l'excellence tactique de l'armée macédonienne et à ses capacités stratégiques, il fait de son « petit royaume » le maître de l'immense empire achéménide à l'issue de trois grandes victoires contre l'armée perse auGranique, àIssos et àGaugamèles. Il prend la suite deDarius III comme souverain de l'empire perse, faisant de lui le roi des Macédoniens, le chef (hégémon) de laligue de Corinthe, leroi d'Asie et lepharaon d'Égypte. Après avoir vaincu le roi duPendjab à labataille de l'Hydaspe, Alexandre s’avance jusqu'aux confluents de l'Indus mais son armée refuse d'avancer plus loin. Lesautels qu'il fait construire sur les rives de l'Hyphasis marquent l'extrémité est de son empire. À la fin de son règne, une campagne contre l'Arabie se prépare, tandis qu'une flotte de guerrephénicienne doit s'assurer le contrôle de laMéditerranée, de lamer Rouge et dugolfe arabo-persique. Il meurt àBabylone en juin323 sans avoir pu consolider son immense empire.

Alexandre a fondé une vingtaine de cités, dont la majorité porte le nom d'Alexandrie, et permis l'extension de la culturehellénique jusqu'aux confins de l'Asie. Il prône par ailleurs la fusion des « élites irano-macédoniennes » et tente de faire adopter les usages perses à la cour (dont laproskynèse), suscitant la réprobation d'officiers traditionalistes. La charge dechiliarque occupée parHéphaistion, qui s'apparente à celle d'unvizir, montre aussi une évolution de la royauté vers le modèleperse[40]. Nombre de soldats macédoniens ont démontré dans diverses séditions (dont celle d'Opis) leur volonté de retourner dans leurpatrie afin de profiter des fruits de la conquête, alors qu'Alexandre cherche à centrer son nouveau royaume autour deBabylone et à poursuivre son œuvre asiatique. Sous son règne la « nation » macédonienne s'incarne dans sonarmée et plus seulement dans son territoire d'origine[41]. Alexandre permet tout de même à certains vétérans (conduits parCratère) de retourner en Macédoine. Le lien entre la Macédoine et l'administration « impériale » basée en Asie n'est pas rompu : des rapports et des lettres émis par la chancellerie d'Eumène de Cardia circulent grâce aux services postaux hérité des Achéménides[42], les archives royales étant entreposées à la fin du règne dans la citadelle de Babylone. Dans ses correspondances, Alexandre utilise selon les cas le sceau de roi des Macédoniens ou celui des Achéménides[40].

Sous Alexandre, les cadres de l'armée ont été profondément remaniés[43].. L'armée « nationale » forgée par Philippe s'est peu à peu transformée en une armée cosmopolite où les Macédoniens gardent une place d'honneur mais où les Asiatiques tiennent lieu d’épigones (ou héritiers), modifiant l'esprit originel dunomos (ou loi coutumière)[44]. La Macédoine devant se prémunir des incursions de ses voisins du nord et maintenir son hégémonie sur la Grèce, le pays ne fournit plus de renfort à l'armée royale à partir de331. Seules les places d'importance stratégique (Memphis,Babylone ouSuse) sont gardées par des garnisons macédoniennes, les autres troupes d'occupation étant souvent des mercenaires grecs outhraces[44]. Il fait par ailleurs établir des colonies militaires, comme enBactriane et enSogdiane, peuplées uniquement de Grecs[45] ; certaines sont considérées comme despoleis, d'autres s'apparentent plutôt à des colonies disciplinaires.

La Macédoine sous la régence d'Antipater

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L'empire macédonien en Europe en 330 av. J.-C.

Durant la conquête de l'Asie, la régence du royaume (au titre de « stratège d'Europe ») est confiée àAntipater, un officier expérimenté, qui semble avoir disposé de pouvoirs étendus[46]. Il montre son attachement à une monarchie traditionnelle et « patriarcale » dans laquelle la noblesse peut s'exprimer librement au sein duConseil royal et apparaît de fait comme le véritable souverain aux yeux des Macédoniens. Il utilise laligue de Corinthe afin de maintenir les Grecs dans la dépendance tout en s'appuyant, commePhilippe II, sur des régimes oligarchiques ou tyranniques soutenus par des garnisons macédoniennes. Il participe indirectement à la conquête en envoyant des renforts àAlexandre durant l'hiver334-333 av. J.-C. Il est rapidement aux prises avec les cités grecques,Memnon de Rhodes ayant auparavant pris contact avec le roi deSparte,Agis III, et les cités les plus hostiles aux Macédoniens. Il doit également faire face enÉgée à la flotte perse. En332, des tribusthraces se révoltent, emmenées par un stratège macédonien qui a pris le parti des populations insurgées. Puis au printemps331, Antipater s'oppose aux ambitions d'Agis. Celui-ci entend soumettre tout lePéloponnèse et assiègeMégalopolis avec le soutien de contingentsachéens,élidiens etarcadiens. Antipater reçoit une part du trésor deSuse[47], lui permettant de recruter de nombreux mercenaires. Il conclut une trêve avec les Thraces et dirige en personne l'offensive. L'armée spartiate est vaincue à labataille de Mégalopolis durant laquelle Agis trouve la mort. Sparte négocie la paix directement avec Alexandre et se voit imposer le paiement de 120talents et surtout son entrée dans laLigue de Corinthe. Après la mort d'Agis, la Grèce entre sous la férule d'Antipater dans une période de paix jusqu'en322.

Au fil de la conquête de l'Asie, Antipater manifeste de plus en plus sa réticence envers la politique « orientalisante » d'Alexandre, le préjugé envers les « Barbares d'Asie » étant encore tenace. En outre, il ne conçoit pas qu'un roi puisse recevoir des honneurs divins en tant que « Dieu Invaincu » (Théos Anikètos) comme les cités en ont reçu l'ordre. C'est pour cette raison qu'Alexandre lui écrit qu'il compte punir ceux qui ont inspiré les protestations deCallisthène[48]. Enfin, le régent n'admet pas la nouvelle politique menée en Grèce. Il considère que le roi s'immisce dans les affaires intérieures des cités en leur ordonnant le retour des bannis et le rétablissement dans leurs biens[N 2]. Antipater est chargé de faire appliquer ces édits royaux tandis que son hostilité à l'égard de cette politique remonte jusqu'à Alexandre par le biais d'Olympias qui a envoyé à son fils plusieurs lettres dénonçant la déloyauté du régent[A 8]. Alexandre décide dans un premier temps en 324 d'appeler Antipater à Babylone pour lui demander des comptes. Mais le régent refuse et préfère envoyer ses filsCassandre etIolas plaider sa cause. En vain, puisqu'Alexandre charge le fidèleCratère de retourner en Macédoine avec un contingent de vétérans avec secrètement pour mission de destituer Antipater, par la force si nécessaire[49].

Guerre lamiaque

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Article détaillé :Guerre lamiaque.

La mort d'Alexandre en juin323 av. J.-C. est une aubaine pourAntipater qui se voit confirmé par lesaccords de Babylone dans ses fonctions de « stratège d'Europe ». Mais c'est à ce moment que se forme en Grèce une nouvelle coalition qui mène à laguerre lamiaque (323/322). Dès la mort d'Alexandre, lesAthéniens se soulèvent en effet contre la domination macédonienne.Hypéride suscite une alliance avec principalement desÉtoliens, desThessaliens, desLocriens et desPhocidiens. Fort d'un contingent de mercenaires payés avec le trésor pris àHarpale, le stratègeLéosthène défait les Macédoniens enBéotie. Antipater doit abandonner lesThermopyles et décide, vu l'infériorité numérique de son armée, de s'enfermer dansLamia en attendant les renforts venus d'Asie (fin 323). Il envoie une ambassade auprès deLéonnatos afin que celui-ci, qui est censé mener campagne enCappadoce au profit d'Eumène de Cardia, passe en Europe[A 9].Lysimaque ne peut lui venir en aide car il est occupé à soumettre les tribusthraces.

La supériorité de la flotte athénienne, considérablement renforcée depuis l'administration deLycurge, cesse avec l'arrivée enmer Égée d'une puissante escadrephénicienne etchypriote.Cleitos, l'amiral macédonien, défait la flotte athénienne dans l'Hellespont permettant la traversée des troupes de Léonnatos. Celui-ci trouve la mort aux pieds des remparts de Lamia mais l'arrivée de son armée permet à Antipater d'évacuer la cité. Au printemps322, la flotte athénienne est détruite au large d'Amorgós. Cette grave défaite, qui marque la fin de la puissance navale athénienne, permet d'amener en Grèce les renforts deCratère. À la tête d'un contingent de 50 000 fantassins et 5 000 cavaliers vétérans, celui-ci rejoint Antipater, à l'été 322, qui pour sceller cette alliance offre à Cratère d'épouser sa fillePhila. L'apport de ces troupes est décisif. En août 322, les alliés grecs sont vaincus à labataille de Crannon enThessalie. À la suite de cette victoire éclatante, Antipater impose à Athènes une paix drastique : la démocratie est remplacée par un régimeoligarchique protégé par une garnison macédonienne[50].Hypéride est torturé et exécuté,Démosthène contraint au suicide. Le régime oligarchique à Athènes s'apparente à un régimecensitaire : un citoyen doit posséder 2 000drachmes et 1 000 pour devenirarchonte. Il exclut de la citoyenneté un nombre considérable de paysans pauvres ; mais 10 000 d'entre eux acceptent les terres que le régent leur offre enThrace[51].

Antipater et Cratère comptent ensuite envahir l'Étolie mais l'arrivée en Macédoine d'Antigone le Borgne qui leur fait part des ambitions royales de Perdiccas les incite à abandonner ce projet.

Partage de l'empire d'Alexandre

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Articles détaillés :Succession d'Alexandre le Grand etGuerres des Diadoques.
L'empire d'Alexandre à son apogée.

L’héritage d'Alexandre le Grand, mort en323 av. J.-C., est partagé entre ses principaux généraux, lesDiadoques, qui forment à la suite de multiples conflits les différents dynasties royales de l'époque hellénistique, dont celle desAntigonides qui règne sur la Macédoine à partir de277. Les successeurs légitimes d'Alexandre, son fils posthumeAlexandre IV, et son demi-frèrePhilippe III Arrhidée, déficient mental, sont placés sous la tutelle des Diadoques et n'ont jamais régné sur la Macédoine. Le régent (ouchiliarque)Perdiccas, partisan du maintien de l'unité impériale sinon de celui desArgéades, est éliminé en321 par ses rivaux incarnant les « forces centrifuges », dontPtolémée,Séleucos etAntigone qui n'ont jamais véritablement prétendu à la couronne de Macédoine.

Par lesaccords de Babylone réglant lasuccession d'Alexandre,Antipater conserve la régence de Macédoine au titre de stratège d'Europe au sein d'un « triumvirat » formé avec Perdiccas, chiliarque de l'empire, etCratère, tuteur des rois. À la mort d'Antipater en319, lui succèdePolyperchon, entraînant un long conflit avecCassandre qui a été écarté du testament politique de son père[52]. Cassandre, qui se pose en défenseur des traditions macédoniennes, finit par être proclamé roi vers305, après avoir notamment fait exécuterOlympias et Alexandre IV, dernier desArgéades[53].

L'éphémère dynastie des Antipatrides

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Article connexe :Antipatrides.
Les royaumes desDiadoques en 301 av. J.-C.

La mort deCassandre en297 av. J.-C. plonge la royauté dans d'inextricables querelles dynastiques. Une longue période d'instabilité politique s'ouvre en Macédoine, marquée par les luttes entre lesDiadoques et leurs héritiers, lesÉpigones. Le trône de Macédoine est en effet confié à son fils aîné,Philippe IV, alors âgé de 18 ans[54].. Ce dernier décède rapidement ; lui succède alors conjointement ses deux frères,Alexandre V etAntipater. Mais désireux de régner seul, ce dernier fait assassiner leur propre mère,Thessaloniké (fille dePhilippe II) au prétexte qu'elle aurait favorisé Alexandre dans le partage. Celui-ci appelle alors à son secoursPyrrhus, le roi d'Épire, etDémétrios Poliorcète (fils d'Antigone le Borgne). Pyrrhus rétablit promptement la situation au profit d'Alexandre et se fait céder d'importantes provinces frontalières. Aussi lorsque Démétrios apparaît, Alexandre cherche à s'en débarrasser. Démétrios anticipe le projet d'assassinat en faisant tuer Alexandre àLarissa enThessalie en294 et se fait proclamer roi à sa place. Quant à Antipater, il est finalement assassiné parLysimaque, roi deThrace, après sa victoire contre Démétrios en288, date laquelle la royauté passe aux mains de Pyrrhos[55]. En285, Lysimaque défait Pyrrhus et se fait proclamer roi[56].

Après la mort de Lysimaque à labataille de Couroupédion en281 face àSéleucos (qui manifeste l'ambition de marcher sur la Macédoine afin peut-être de se faire proclamer roi), lui succède brièvementPtolémée Kéraunos, un fils répudié dePtolémée, qui trouve la mort en luttant contre lesGalates durant leurGrande expédition en279[57]. Profitant du désordre politique qui suit la mort d'Alexandre, des groupes celtes (pas encoregalates) ont déjà réalisé des incursions en Thrace et en Macédoine : en298 Cassandre les défait sur l'Haemus. Mais la mort de Lysimaque marque l'effondrement des capacités défensives du pays.

Méléagre, le frère de Ptolémée Kéraunos, règne pendant deux mois avant d'être remplacé parAntipater II Étésias, un petit-fils d'Antipater. Mais le jugeant inapte à assumer la défense de la Macédoine face aux bandes celtes,Sosthène, proclaméstratège des Macédoniens, le dépose sans pour autant accepter le titre royal. Sosthène gouverne le pays avec fermeté de279 à277. Sa mort (naturelle) entraîne le réveil des ambitions royales dePtolémée de Telmessos, fils de Lysimaque, et d'Antigone II Gonatas, fils deDémétrios Poliorcète, alors établi enThrace. Ce dernier profite de son éclatante victoire contre les Celtes à labataille de Lysimacheia pour installer durablement la dynastieantigonide au pouvoir à partir de 277, la lignée des Antipatrides prenant fin avec l'assassinat d'Antipater II.

Dynastie antigonide

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Article détaillé :Antigonides.
Monnaie d'Antigone II Gonatas à l'effigie dePoséidon.

Antigone II Gonatas et le redressement de la Macédoine

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Après sa victoire retentissante contre lesGalates à labataille de Lysimacheia en277 av. J.-C.,Antigone II Gonatas bénéficie d'un prestige suffisant pour s'imposer comme roi d'une Macédoine affaiblie par deux décennies de guerres civiles. Rejetant les politiques asiatiques aventureuses de ses prédécesseurs, il se consacre à redresser le royaume, désormais à l'écart des grands conflits[58]. Il n'y a guère qu'enmer Égée et en Grèce du Sud qu'il se heurte à la puissancelagide. Symbole de son retour à la tradition, il ramène d'emblée la capitale royale àPella deCassandréia etDémétrias où elle a été successivement déplacée, hors du cœur historique du royaume[59]. Afin de maintenir l'influence macédonienne en Grèce, Antigone maintient de fortes garnisons à travers la Grèce[60], qui soutiennent des gouvernements fantoches, occasionnant de lourdes dépenses financières qui pénalisent la reconstruction militaire de la Macédoine.

Le pouvoir d'Antigone est menacé une première fois parPyrrhus, le roi d'Épire, rentré de sescampagnes en Italie en275 ; mais celui-ci est tué en272[61]. La domination macédonienne sur la Grèce est toutefois rapidement menacée : un des chefs du parti antimacédonien àAthènes,Chrémonidès, manœuvre avec succès pour un rapprochement avecSparte en268. De nombreuses cités duPéloponnèse et deCrète rejoignent cette alliance soutenue parPtolémée II, marquant le début de laguerre chrémonidéenne, dont les opérations ont lieu essentiellement autour deCorinthe, le point fort du dispositif macédonien tenu par Cratère, son demi-frère, et enAttique. Antigone assiège Athènes qui trouve un bref répit dans une diversion causée par l'attaque en Macédoine du roi d'ÉpireAlexandre II en262. Antigone doit mener une campagne rapide pour le chasser de Macédoine et d'Épire, avant de revenir mettre le siège devant Athènes qui, affamée, capitule en261[62].

La décennie suivante voit Antigone Gonatas mener une politique agressive dans les îles et se mêler aux conflits entreSéleucides etLagides, en allié fidèle des premiers. Il remporte ainsi une victoire importe àCos[63], vers255, dans le contexte de ladeuxième guerre syrienne[64], qu'il célèbre en offrant en dédicace son navire amiral au sanctuaire d'Apollon àDélos, où il est placé dans leNéôrion. Vers250, une flotte lagide défait néanmoins de façon décisive les Macédoniens et remet en cause leur influence dans lesCyclades jusqu'à une nouvelle victoire d'Antigone, au large d'Andros en245. Antigone célèbre de nouveau cette victoire à Délos par deux fêtes, lesSôtèria et lesPaneia[N 3].

La fin du règne d'Antigone Gonatas est marquée par la révolte du fils et successeur de Cratère (son demi-frère), Alexandre, et par l'ascension de laLigue achéenne dans lePéloponnèse. Alexandre, d'abord confirmé dans son commandement deCorinthe, se rebelle en249 et entraîne avec lui l'Eubée[65],[N 4]. Cette sécession est de courte durée, car Alexandre meurt soudainement en245, et sa veuve, Nicée, accepte la proposition d'Antigone d'épouser son filsDémétrios[66]. À la faveur des préparatifs du mariage, Antigone s'empare de l'Acrocorinthe et restaure ainsi sa domination sur l'isthme et l'Eubée. Mais en243,Aratos de Sicyone s'empare de Corinthe, entraînant la défection de laMégaride du côté achéen[67]. Antigone ne réagit pas à la perte de ce maillon essentiel et se contente de faire la paix avec laLigue étolienne qu'il encourage à attaquer les Achéens. Lorsqu'il meurt en239, après quarante ans de règne, la Macédoine n'a pas retrouvé ses positions en Grèce centrale et doit faire face aux deux confédérations puissantes d'Étolie et d'Achaïe[68].

Démétrios II face aux ligues grecques

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Démétrios II est associé au trône à la fin du règne de son père,Antigone II Gonatas. Il est déjà un homme mûr quand il accède au pouvoir[69]. En240 av. J.-C., dès le début de son règne, il doit lutter contre une coalition des liguesétolienne etachéenne qui entrent en guerre contre la Macédoine. Dans le même temps il renforce ses relations avec l'Épire en épousantPhthia la fille d'Alexandre II. Il passe d'une stratégie défensive, forgée par son père, à une stratégie offensive avec pour ambition de reprendre le contrôle deCorinthe[70]. À l'issue de la guerre démétriaque (239-235), il parvient à maintenir les positions macédoniennes face aux Étoliens et aux Achéens, même si ces derniers parviennent à s'étendre dans lePéloponnèse[71]. Par ailleurs, la chute de la monarchie épirote encourage les Étoliens à attaquer l'Acarnanie qui appelle à l'aide Démétrios. Celui-ci demande alors auxIllyriens d'intervenir[72] : les Illyriens chassent les Étoliens en231 puis ravagent l'Élide et laMessénie ; au retour ils s'emparent dePhœnicè, tandis qu'une autre armée envahit l'Épire. Attaqués par ceux chargés de les aider, les Épirotes se tournent alors vers les Étoliens et les Achéens qui acceptent de leur porter secours. Les Illyriens doivent rappeler leur armée afin de faire face à une menace desDardaniens. Les Illyriens obtiennent toutefois avant leur départ un nouveau revirement des Épirotes qui renoncent à l'alliance achéenne et étolienne. En229, une nouvelle armée illyrienne ravage les cités de la côte épirote, défait une flotte achéenne et étolienne àPaxos et prendCorcyre où est placée une garnison illyrienne[73]. Mais les Illyriens ont attiré l'attention duSénat romain et lapremière guerre d'Illyrie se termine en228 par leur défaite.

Les incursions desDardaniens, une tribu thraco-illyrienne, n'affectent pas seulement l'Illyrie. Le royaume de Macédoine subit en effet, à la frontière de laPéonie, l'invasion surprise des Dardaniens. Les Macédoniens sont défaits et Démétrios trouve la mort au combat en229[74], ouvrant une période d'incertitude. Son fils, le futurPhilippe V, n'est en effet pas en âge de régner, et c'est son cousin,Antigone IIIDoson qui exerce la régence[75].

Antigone IIIDoson et la victoire contre Sparte

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Cousin deDémétrios II,Antigone IIIDoson est d'abord désignéstratège et tuteur (épitropos) du jeune roiPhilippe V qu'il adopte après avoir épousé sa mère,Chryséis. En227 av. J.-C., il reçoit probablement le titre royal[76]. Il met d'abord fin à la menace desDardaniens, bien qu'il soit probable que laPéonie septentrionale reste sous leur domination[77]. Il lance également une offensive enCarie dans le golfe deIasos. Les motifs de cette expédition asiatique restent mal connus[78]. Il s’agit sans doute de montrer la puissance maritime macédonienne dans les îles voire de contester l'influence desLagides (Ptolémée III soutient encore à cette date la ligue achéenne). Il parvient à étendre son influence surPriène etSamos et à prendre le contrôle de la Carie. Ces territoires cherchent probablement à se prémunir des ambitions d'Attale Ier dePergame qui vient de battre leséleucideAntiochos Hiérax. Pour autant la Carie n'a pas été pas l'objet d'une occupation ou d'une administration macédonienne permanentes.

Puis AntigoneDoson restaure de façon magistrale l'hégémonie macédonienne dans lePéloponnèse, où il est appelé à la rescousse en224 par lesAchéens, ses anciens adversaires, qui s'inquiètent des réformes progressistes du roi deSparte,Cléomène III[79].. Antigone en profite pour restaurer laLigue de Corinthe en regroupant dans une coalition la moitié de la Grèce[80]. Cette confédération, dont il se proclamehégémon, regroupe le royaume de Macédoine, la ligue achéenne[81], l'Épire, laPhocide, laBéotie, l'Acarnanie, laThessalie et l'Eubée. Il défait Cléomène à labataille de Sellasie en222 mettant fin à laguerre cléoménique[82]. Il entre dans Sparte, qui n'a encore jamais été profanée par un ennemi victorieux. Célébré comme « Bienfaiteur des Grecs » après sa victoire contre Sparte, il meurt de maladie l'année suivante, après une victoire contre lesIllyriens[83].

Philippe V et l'expansion macédonienne

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Articles détaillés :Première guerre macédonienne etDeuxième guerre macédonienne.
Le royaume dePhilippe V vers200 av. J.-C.

Le règne dePhilippe V est marqué par l'intervention de plus en plus marquée de laRépublique romaine dans les affaires du mondehellénistique. Philippe V est un jeune monarque énergique, qui participe tout d'abord à une guerre entre lesÉtoliens et lesAchéens, laguerre des Alliés, qui se termine en217 av. J.-C.[84]. En215, il conclut une alliance avecHannibal Barca, l'une des plus significatives de l'époque hellénistique[85] qui marque la volonté de combattre un adversaire commun, Rome. Philippe cherche par exemple à occuper l'Illyrie en profitant des difficultés romaines durant ladeuxième guerre punique. Lapremière guerre macédonienne se solde par le partage de l'Illyrie entre Rome et la Macédoine en205 à l'issue dutraité de Phoenicé[86]. Philippe V intervient ensuite dans lapremière guerre crétoise en menant des opérations de piraterie. ÀLadè, au large deMilet, il remporte une victoire navale contreRhodes. Il marche ensuite contrePergame. La flotte macédonienne est vaincue par une coalition réunissant notamment Rhodes et Pergame à labataille de Chios en201, mettant fin aux ambitions thalassocratiques de Philippe V même s'il tient toujours les détroitshellespontiques[87].

En200, Philippe V se tourne contre Athènes afin de reprendre pied auPirée perdu sousAntigone IIIDoson[88]. Pergame et Rhodes viennent en aide aux Athéniens et déclarent la guerre à Philippe V. C'est dans ce contexte que leSénat romain décide d’intervenir en lui adressant un premier ultimatum en200[89]. Les Romains enjoignent à Philippe de ne s'attaquer à aucun État grec tandis qui lui est fait grief des torts envers Pergame. Rome se place désormais en protectrice de la Grèce contre Philippe qui devient l'agresseur. Les opérations de l'armée romaine commencent dès l'automne 200, marquant le début de ladeuxième guerre macédonienne, alors que quasiment tous les États grecs s'allient à Rome. Après une première période de conflit indécise, durant laquelle Philippe V mène des opérations enAttique, enThrace et sur lesDétroits[90], les Macédoniens sont vaincus àCynoscéphales en197[91]. L'année suivante, Rome impose une paix drastique à Philippe V qui doit notamment renoncer à ses places fortes en Grèce et enAnatolie[92].

Persée et la défaite contre Rome

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Articles détaillés :Troisième guerre macédonienne etQuatrième guerre macédonienne.
Les États autour de la Méditerranée après labataille de Pydna.

Persée, fils dePhilippe V, hérite en179 av. J.-C. d'un royaume dont la cohésion a été renforcée après la défaite contre les Romains[93] : l'armée est réorganisée, les finances reconstituées. Il demande immédiatement auSénat romain d'être reconnu comme souverain légitime, son frèreDémétrios proche des intérêts romains, ayant été éliminé, et de renouveler la paix de196[94]. Persée cherche à rétablir en Grèce l’hégémonie macédonienne alors qu'une crise économique et sociale frappe notamment laThessalie et l'Étolie. Il utilise cette situation pour lutter contre le parti oligarchique, plutôt pro-romains, au profit d'un « prolétariat » endetté[95].

Face à l'essor du royaume dePergame sousEumène II, qui est sorti vainqueur de son conflit contrePrusias II deBithynie etPharnace duPont, Persée se rapproche desSéleucides : vers177 il épouseLaodicé V, une fille deSéleucos IV, tandis que sa sœurApama IV épouse Prusias. Persée se rapproche également deRhodes, inquiet de la nouvelle puissance pergamienne. Il envoie même une ambassade àCarthage. Cette politique d'alliance inquiète suffisamment le Sénat romain pour qu'il dépêche en174 une première ambassade en Grèce, mais elle revient sans avoir pu rencontrer Persée. En173, une nouvelle ambassade parvient enThessalie après que les Thessaliens se soient plaints des visées macédoniennes, contraignant Persée à réduire son influence sur ce pays. Dans le même temps, Persée conclut une alliance avec laLigue béotienne.

La lutte contre Rome reprend activement à partir de172, carEumène II dePergame, fidèle allié des Romains, se sent menacé[96]. Latroisième guerre de Macédoine débute en171 après la déclaration de guerre des Romains. Persée reçoit le soutien deCotys II, roi desOdryses. La première grande bataille se déroule en Thessalie près deLarissa au printemps 171 : Persée manque d'écraser les légions romaines à labataille de Callinicos. Une partie desÉpirotes, dont lesMolosses, se rallient alors à Persée. La guerre se déplace ensuite en Illyrie dont le dynasteGenthios finit par rejoindre la cause de Persée[97]. L'arrivée en168 dePaul Émile, un général expérimenté, change la donne. Après avoir débarqué àDelphes, il s'avance vers le sud de la Macédoine où se déroule la bataille décisive : les phalanges macédoniennes sont écrasées à labataille de Pydna[98]. Persée finit par être capturé par Paul Émile qui l'emmène à Rome pour sontriomphe. Le royaume est alors divisé en quatre républiques placées sous la tutelle de Rome[99].

Laquatrième guerre macédonienne voit la défaite d'Andriscos qui s'est proclamé fils de Persée, à laseconde bataille de Pydna en148[100]. La Macédoine devient dès lors uneprovince romaine, laMacédoine romaine. En142 un autre aventurier, qui se fait appeler Philippe, suscite une nouvelle insurrection. Vaincu par lequesteur Lucius Tremellius, Philippe est capturé et mis à mort.

Institutions et administration

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Alexandre le Grand (à gauche) chassant un lion asiatique avecCratère, détail d'une mosaïque de la fin duIVe siècle av. J.-C.,musée archéologique de Pella.

Organisation politique

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L'organisation politique du royaume de Macédoine est une pyramide à trois degrés :

L'étude de ces différentes institutions a été considérablement renouvelée par l'épigraphie qui a permis de réinterpréter les indications données par les sources littéraires telles queTite-Live ouPolybe. Elle montre que ses institutions font du royaume de Macédoine un État proche des États fédéraux grecs, tels que la liguethessalienne ou laligue étolienne, mais avec un principe unitaire renforcé en la personne du roi[101]. Philippe II conserve par ailleurs les structures politiques héritées de laLigue chalcidienne au sein des cités et anciennes colonies de la côte.

Structures sociales et économiques

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Le royaume originel de Basse-Macédoine s'organise dès sa formation auVIIe siècle av. J.-C. autour decités entourées de leur territoire (chôra) :Aigai,Pella,Pydna pour les plus importantes d'entre elles. En revanche en Haute-Macédoine (Lyncestide,Orestide) l'organisation sociale s'opère, jusqu'à l'époque romaine, autour de l’ethnos, communément traduit par « tribu », qui désigne plus précisément une communauté villageoise[30], sachant que letribalisme est absent des traditions macédoniennes.

Certains historiens modernes[102] affirment que le royaume de Macédoine sous lesArgéades s'inscrirait dans une structureféodale, avec des « barons » et un roi à leur tête. Certes ce dernier, chef politique, militaire et religieux, reste la clé de voûte de l'organisation sociale. Pour autant l'aristocratie desCompagnons (hétaires) ne constituent pas une noblesse héréditaire tenue par des liensvassaliques et disposant defiefs en échange de services rendus ; les Compagnons disposent en effet des terres en toute propriété[30]. C'est dans les États davantage bureaucratiques des monarchieshellénistiques qui succèdent à l'empire d'Alexandre le Grand que l'on trouve une plus grande mobilité sociale pour ceux cherchant à rejoindre l'aristocratie, en particulier enÉgypte ptolémaïque[103]. Enfin, bien que dirigée par un roi et une aristocratie martiale, la Macédoine semble avoir moins utilisé lesesclaves que d'autres États grecs contemporains[104].

Les jeunes hommes macédoniens s'engagent généralement sur la voie de la chasse et de la guerre, répondant à leur mode de vie originel fait detranshumance et d'élevage de chevaux. D'autres Macédoniens s'engagent dans l'agriculture, souvent dans les activités d'irrigation, la remise en état des terres et l'horticulture, avec le soutien de la royauté[105]. Cependant, le fondement de l'économie macédonienne et des finances de l’État reste l'exploitation des forêts et des minéraux précieux comme le cuivre, le fer, l'or et l'argent. La conversion de ces matières premières en produits finis et leur vente ont favorisé la croissance de centres urbains et un changement progressif du mode de vie traditionnel des Macédoniens au cours duVe siècle av. J.-C.

Le roi et ses pouvoirs

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Tétradrachme dePhilippe II à l'effigie deZeus.

Le roi (basileus) des Macédoniens (et non de Macédoine) est, selon le droit (nomos), désigné par acclamation de l'Assemblée des Macédoniens ou des hommes en armes selon les cas[106], qui le plus souvent reconnait un héritier déjà désigné. Le roi est d'abord le chef (stratègos) de l'armée et le grand-prêtre[107]. Il exerce donc des fonctions religieuses en cela qu'il doit obtenir la faveur des dieux en présidant les sacrifices aux dieux traditionnels. La nature religieuse de la royauté est primordiale[107], expliquant ainsi le choix par laphalange de désigner après la mort d'Alexandre le Grand,Philippe III Arrhidée alors que celui-ci est réputé déficient mental ; choix étonnant au regard des fonctions de stratège mais qui se justifie parce que sous le règne d'Alexandre il a été « associé dans le culte et les rites religieux »[A 10]. C'est sur cette qualité de grand-prêtre, en plus de sa filiation, que compte l'infanterie, et non pas sur ses qualités inexistantes de stratège, pour réaliser leur volonté de rentrer en Macédoine guidés par leur roi[A 11].

Au titre debasileus, il dirige par ailleurs l'administration centrale depuis la capitale (Aigai puisPella) et son palais où sont conservées les archives du royaume. Il est secondé par un secrétaire royal (basilikos grammateus ouarchigrammateus), dont les prérogatives sont connues grâce à l'action d'Eumène de Cardia sous le règne d'Alexandre : il est notamment responsable des correspondances, de la rédaction des décrets et de l'intendance de l'armée en campagne. Le nombre de fonctionnaires est limité : le roi dirige son royaume largement de façon indirecte, en s'appuyant sur des magistrats locaux, lesépistates, avec lequel il entretient une correspondance importante. Le roi a le privilège exclusif de la frappe monétaire jusqu'au règne dePhilippe V. En tant que « roi des Macédoniens » d'après la titulature, il n'est pas censé être le propriétaire du territoire et de ses ressources, contrairement aux souverains orientaux et hellénistiquesv. En temps de guerre, il peut néanmoins accaparer le trésor du roi adverse sans avoir à partager. Le roi peut exercer la justice sauf pour les cas de haute trahison ou les procès en peine capitale, jugées par l'Assemblée ; il n'est donc pas le « juge suprême »[107].

Le roi est polygame, ce qui heurte quelque peu les Grecs, et choisit lui-même ses épouses parmi des princesses originaires de pays voisins ou de royautés hellénistiques. À la cour, il n'y a pas d'esclaves au service du roi mais despages, c'est-à-dire de jeunes Macédoniens envoyés en formation et qui constituent l'entourage du roi. Un certain nombre de rois ont été assassinés par des pages à la suite de complots. Plusieurs rois sont aussi morts au combat. Après leur décès, ils ont droit à des funérailles grandioses et sont enterrés dans destumulus sur le site d'Aigai (à l’exception notable d'Alexandre dont letombeau se trouve enÉgypte).

Le roi n'est pas seul pour gouverner. Il est entouré d'unConseil royal, lesynedrion, dont les membres sont choisis parmi les grandes familles de l'aristocratie, qui est réuni pour toutes les prises de décision importantes. Les conseillers font office de premiers courtisans : ils chassent et boivent avec le souverain lors des banquets. SousPhilippe II, la monarchie « patriarcale » évolue vers une personnalisation du pouvoir tandis que le peuple macédonien n'a pas son mot à dire au sujet de la politique extérieure[108]. Avec l'ampleur de ses conquêtes et l'influenceachéménide, la monarchie tend sous Alexandre,Basileus Alexandros et non plus seulement roi des Macédoniens, vers l'absolutisme (plus encore après l'exécution deParménion). Le roi devient l'objet d'une vénération divine et les cités grecques doivent l'honorer par un culte au titre de « dieu invaincu »[108].

SelonArrien, un corps de pages royaux (basilikoi paides) a été fondé par Philippe sur le modèleachéménide. Ils sont recrutés à l'âge de 14 ans parmi l'aristocratie et sont formés jusqu'à l'âge de 18 ans. Outre l'apprentissage militaire, ils reçoivent un enseignement sportif et philosophique. Ils sont personnellement liés au roi, qui lui seul a le droit de les châtier en les flagellant. Ils veillent sur le roi et le servent à table, ils s'occupent de ses chevaux et l'accompagnent à la chasse comme le montrent les deux mosaïques de chasse dePella. Sous Alexandre, ils sont aussi chargés de garder la tente royale. La plupart des pages, qui de par leur présence auprès du roi garantissent la loyauté de leurs parents, sont destinés à devenir desCompagnons ou dessômatophylaques (garde du corps) pour les plus méritants. Sous Alexandre, un conjuration de pages visant à l'assassiner est déjouée[109].

Le roi, chef de guerre

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Alexandre le Grand (à g.) combattant unPerse lors de labataille d'Issos en333 av. J.-C., détail dusarcophage d'Alexandre.

L'histoire et les institutions de la Macédoine sont marquées par l'omniprésence de la guerre. En effet, les Macédoniens ont longtemps dû lutter contre les incursions de leurs voisins « barbares », dont lesTriballes, lesIllyriens et lesDardaniens. Quelques roisargéades ouantigonides ont d'ailleurs été blessés[N 5] ou tués au combat[N 6].

Le roi est habituellement désigné par l'Assemblée stratège de l'armée macédonienne. Pour autant une séparation entre les fonctions debasileus et celles destratégos semble avoir existé à l'époqueclassique ethellénistique comme tend à le montrer une série de sources[110] :

  • Hérodote relate la visite d’Alexandre Ier auxAthéniens avant labataille de Platées en479 av. J.-C. et lui attribue la titulature suivante : « Alexandre, fils d'Amyntas Ier, général (stratégos) et roi (basileus) des Macédoniens ». Ainsi même lorsque les deux fonctions sont réunies dans la même personne, leur spécificité est mentionnée.
  • Lesaccords de Babylone (juin323) font dePhilippe III Arrhidée, déficient mental choisi par lesphalangites, le successeur d'Alexandre le Grand, avecAlexandre IV, en tant quebasileus. Le commandement des troupes est quant à lui confié àPerdiccas et àMéléagre, avant l'exécution de ce dernier.
  • Justin écrit à propos de la victoire deSosthène contre lesCeltes en279 : « Proclamé roi (rex) par l'armée, ce fut à titre de stratège (dux), non de roi, qu'il fit prêter serment à ses soldats »[A 12] ; Sosthène refuse en effet de porter le titre royal. Cet épisode semble indiquer que la séparation entre les fonctions de roi et de stratège est un fait institutionnel issu du droit coutumier (nomos).
  • Les modalités de l'accession au trône d'Antigone III Doson sont également caractéristiques. Dans un premier temps, il reçoit la charge destratégos et celle d’épitropos (tuteur dePhilippe V) ; ce n'est qu'après avoir fait la preuve de ses qualités qu'il est proclamé roi. Aux deux fonctions correspondent donc des qualités différenciées.

Le roi n'est donc pas seulement un chef de guerre. Selon le droit (nomos) macédonien, il revêt, simultanément ou non, les trois fonctionsindo-européennes de roi, de stratège et de grand-prêtre[107]. Ce qui expliquerait la vénération qui entoure l'« imbécile » Arrhidée au moment de lasuccession d'Alexandre. Selon les Macédoniens, un roi même sans capacités destratégos vaut toujours mieux que pas de roi du tout, surtout au milieu des « périls orientaux »[A 13]. Si la royauté macédonienne est réductible à une fonction, c'est plutôt à celle de grand-prêtre qui surpasse la fonction destratégos[111].

Le roi et ses sujets

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Terre cuite duIIIe siècle av. J.-C. représentant un Macédonien portant lacausia, la coiffe traditionnelle.

À travers le discours prononcé parAlexandre àOpis près deBabylone en324 av. J.-C. pour apaiser la sédition d'une partie de son armée[A 14], on remarque le roi n'œuvre pas seulement pour sa gloire personnelle mais aussi pour la communauté des Macédoniens (to koinon ton Makedonôn), tout en prenant part, dit-il, aux souffrances du peuple et de l'armée. Le roi justifie son pouvoir par les bienfaits qu'il procure à ses sujets[112]. Sur ce point, Alexandre insiste sur le fait que son père et lui ont donné à la Macédoine des frontières sûres, en ont fait une puissance respectée et ont amélioré considérablement le mode de vie des Macédoniens. Ce discours démontre le caractère contractuel de la royauté. Le roi des Macédoniens doit d'abord se considérer comme le représentant des intérêts du peuple : la guerre qu'il mène n'est pas une guerre personnelle, les profits qu'il en retire ne lui appartiennent pas mais reviennent de droit au peuple macédonien. En retour, les Macédoniens doivent lui prêter assistance. C'est sur ce contrat que reposent les relations entre le roi et ses sujets. Si Alexandre, à Opis, manifeste sa colère, c'est surtout qu'il a l'impression que les Macédoniens n'ont pas respecté leur engagement, alors que lui et son pèrePhilippe ont rempli largement leur contrat[107].

À plusieurs reprises dans son discours, Alexandre insiste sur le fait que le roi ne possède rien personnellement ; tous les profits réalisés par la conquête appartiennent (hypothétiquement) aux Macédoniens, même chose pour les mines de Macédoine ; à la mort du roi le peuple devient l'héritier de ses biens matériels[107].Méléagre proclame ainsi auxphalangites après la mort d'Alexandre : « Pourquoi ne courrez-vous pas au pillage de ces trésors ? Car biens royaux, le peuple, de toute façon, en hérite »[A 15].

Finalement, c'est la fonction même de roi, autant que la personne, que les Macédoniens respectent[A 16], si bien qu'en cas de vacance du pouvoir, ils vénèrent les rois défunts comme des divinités tutélaires[A 17]. La seule présence d'un roi, même nourrisson, donne aux Macédoniens la force de vaincre[A 18] : ainsi battus une première fois par lesIllyriens et lesThraces en l'absence de leur roi, les Macédoniens sont galvanisés par la présence de leur tout jeune roiAéropos, petit-fils dePerdiccas Ier[107].

Succession du roi

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La succession royale en Macédoine est héréditaire, masculine,patrilinéaire, et respecte en général le principe de primogéniture. Elle comporte de surcroît un élément électif : à la mort du roi, son héritier désigné, en général donc mais pas systématiquement, le fils aîné, doit d'abord être accepté comme le successeur par leConseil royal, puis présenté à l'Assemblée des Macédoniens pour y être acclamé comme le nouveau roi. Cette assemblée prête ensuite immédiatement serment de fidélité à son nouveau roi, et pour cette raison doit se réunir en séance plénière, de peur qu'une assemblée concurrente n'élise un autre prétendant. Ce mode de succession est attesté pour lesAntigonides ainsi que pour une bonne part des monarchies hellénistiques[113].

La succession est donc loin d'être automatique, d'autant plus que les rois de Macédoine disparaissent souvent brutalement, avant même d'avoir pu prendre les dispositions nécessaires pour leur succession, ou s'assurer qu'elles sont respectées : c'est le cas dePerdiccas III tué par lesIllyriens, dePhilippe II assassiné parPausanias, d'Alexandre le Grand emporté soudainement par la maladie, deLysimaque tué à labataille de Couroupédion, etc. Les crises successorales sont donc fréquentes, surtout auIVe siècle av. J.-C., lorsque les grandes familles princières de Haute-Macédoine (deLyncestide et d'Orestide notamment) ont encore l'ambition de renverser ladynastie argéade.

Conseil royal

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Article détaillé :Conseil royal de Macédoine.

Le Conseil (synedrion) est un groupe restreint de personnalités éminentes du royaume, choisies et réunies par le roi pour le seconder dans le gouvernement. Ce n'est donc pas une assemblée représentative, mais il peut être élargi en certaines occasions à des représentants des cités et unités civiques du royaume. Les Conseillers (synedroi) appartiennent à trois catégories[A 19] :

  • Lessômatophylaques (gardes du corps) sont des nobles macédoniens choisis par le roi, au nombre de sept sous le règne d'Alexandre, pour lui servir de gardes du corps honorifiques, mais surtout de plus proches conseillers.
  • Les Amis (philoi) ou lesCompagnons royaux (basilikoi hétairoi) sont désignés à vie par le roi parmi la haute noblesse macédonienne.
  • Les généraux principaux de l'armée (hégémones tôn taxéôn) également nommés par le roi.

Le roi a moins de latitude que les apparences ne pourraient le laisser penser sur la composition du Conseil, car beaucoup de membres de la haute aristocratie du royaume en sont membres de droitsex officio. Le Conseil exerce essentiellement une fonctionprobouleutique vis-à-vis de l'Assemblée : il élabore et propose les décisions qu'elle doit ensuite discuter et voter, dans de nombreux domaines tels que la désignation des rois et régents, mais aussi des grands administrateurs, les déclarations de guerre. C'est le Conseil qui mène l'instruction judiciaire des procès capitaux. Il est aussi la première et la dernière instance pour tous les cas qui n'entraînent pas la peine capitale.

Après la mort d'Alexandre le Grand en323 av. J.-C., ses Amis et plus proches généraux forment un Conseil afin de régler le problème de lasuccession royale. Ce Conseil, déstabilisé un temps par la rivalité entre officiers de la cavalerie et ceux de l'infanterie, aboutit auxaccords de Babylone.

Le Conseil constitue le principal organe de gouvernement. Pour autant le roi reste le seul habilité à conclure des traités. Toute décision importante du roi y fait d'abord l'objet d'une délibération. À l'intérieur du Conseil règnent les principes démocratiques d’iségoria (égalité de parole) et deparrhèsia (liberté de prise de parole), auxquels le roi se soumet comme les autres membres. Après la destruction de la royautéantigonide par les Romains en167, il est possible que lesynedrion ait subsisté, contrairement à l'Assemblée, et soit demeuré ainsi la seule instance fédérale de la Macédoine divisée en quatremérides.

Compagnons

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Article détaillé :Compagnon (cavalerie).
Le lion surmontant letombeau d'Amphipolis.

LesCompagnons (ouhétaires) forment à l'origine la cavalerie d'élite macédonienne, évaluée à 3 000 cavaliers au début du règne d'Alexandre. Ils incluent aussi les Compagnons à pied (oupezhétaires) de laphalange probablement depuis le règne d'Alexandre II, même si ceux-ci ne font pas partie de l'aristocratie foncière[114]. Les rangs des Compagnons ont été considérablement augmentés parPhilippe II qui étend cette institution à l'ensemble de l'aristocratie macédonienne mais aussi à certains Grecs. Les Compagnons royaux (basilikoi hétairoi) ou Amis (philoi), choisis parmi les plus dignes de confiance, sont membres duConseil royal.

L'aristocratie des Compagnons ne constituent pas une noblesse héréditaire tenue au roi par des liensvassaliques ou disposant defiefs comme dans les sociétésféodales : les Compagnons disposent de leurs terres en toute propriété[30]. Ce titre n'illustre pas le degré d'attachement au roi, mais récompense la « valeur » d'un individu.

Assemblée des Macédoniens

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Article détaillé :Assemblée des Macédoniens.

Le développement de la Ligue (koinon) ou Assemblée (koiné ekklesia) des Macédoniens est l’œuvre dePhilippe II qui cherche à faire contrepoids auxCompagnons (hétaires)[115]. Cette assemblée, de l’« armée » en temps de guerre et du « peuple » en temps de paix, est censément la détentrice de la souveraineté car elle a le pouvoir de proclamer l’avènement d'un nouveau roi, soit en reconnaissant un héritier déjà désigné (comme c'est le cas pourAlexandre qui succède à son père en336 av. J.-C.), soit en procédant à une véritable élection. Elle valide la désignation des administrateurs en chef du royaume, comme c'est le cas pourPerdiccas ouAntipater,épimélètes (protecteurs) du royaume après la mort d'Alexandre. La consultation de l’Assemblée pour les déclarations de guerre ne paraît pas avoir été obligatoire. Mais elle est consultée pour la politique étrangère (déclarations de guerre, traités). Dans la plupart de ces occasions, l’Assemblée ne fait que ratifier les propositions duConseil royal[116].

L'Assemblée a aussi pour prérogative d'instruire les procès capitaux ; elle seule peut condamner à mort un Macédonien de haut rang. C’est enfin l’Assemblée qui vote les honneurs, accorde les décrets deproxénie et d’asylie, envoie des ambassades, au cours de ses deux réunions annuelles, au printemps et en automne (à l'ouverture et à la fermeture de la saison militaire)[117]

L'Assemblée est dissoute par lesRomains au moment de la réorganisation de la Macédoine en167 afin d'éviter, selonTite-Live, qu'un démagogue ne puisse s'en servir comme d'un instrument de révolte contre leur autorité[118].

Finances du royaume

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Le roi est le gardien et l'administrateur du trésor de Macédoine et des revenus royaux (basilika) qui appartiennent aux Macédoniens. Les tributs prévus dans les traités accordés aux peuples vaincus sont ainsi dus aux Macédoniens et non au roi. Même s'il n'a pas de comptes à rendre de la gestion de ce patrimoine, il peut s'en sentir suffisamment moralement responsable pour la défendre en certaines circonstances. AinsiAlexandre dans son discours lors de la sédition d'Opis en324 av. J.-C. détaille les possessions de son pèrePhilippe II à sa mort pour montrer qu'il n'a pas abusé de sa charge[119]. D'aprèsPolybe etTite-Live[120], lesbasilika comprennent les sources de revenus suivantes :

  • les propriétés foncières royales, terres que le roi a annexées au domaine royal lors de la conquête, et qu'il exploite soit directement, notamment grâce à une main d'œuvre servile composée de prisonniers, soit indirectement par un système d'affermage[121] ;
  • les mines de métaux précieux (or et argent duPangée par exemple), dont le roi a le monopole, ce qui lui permet de frapper monnaie, un privilège exclusif qu'il conserve jusqu'au règne dePhilippe V. Ce dernier concède en effet à certaines cités et peut-être aux districts le droit de battre des monnaies de bronze[122]'[123] ;
  • les forêts, dont le bois de charpente est très prisé par les cités grecques pour la construction navale :Athènes passe ainsi des accords avec la Macédoine auVe siècle av. J.-C. pour importer le bois indispensable à la construction et à l'entretien de sa flotte de guerre. Sous lesAntigonides,Rhodes importe également du bois[124] ;
  • les taxes portuaires sur le commerce (taxes d'importation et d'exportation)[125].

Le mode d'exploitation de ces différents revenus est le plus souvent l'affermage. Il est attesté par lePseudo-Aristote (Économiques) qu'Amyntas III (ou peut-être Philippe II) a doublé les revenus du royaume provenant des ports grâce à l'aide deCallistratos, alors réfugié en Macédoine, qui fait passer le produit de cette ferme de 20 à 40talents par an. Les taxes portuaires sont ainsi mises aux enchères chaque année. D'autre part, Tite-Live écrit que les mines et les forêts sont affermées pour une somme fixe sous le règne dePhilippe V, et tout laisse penser qu'il en est de même avant lui sous lesArgéades. Ce pourrait être l'origine du système d'affermage introduit enÉgypte lagide[126].

Hormis la terre royale soumise au tribut, la terre en Macédoine est libre : les Macédoniens sont des hommes libres et ne paient pas de taxes sur les terres privées. Il n'existe pas non plus d'impôt extraordinaire en temps de guerre, du type de l’eisphora athénienne. Même lorsqu'il se trouve en situation financière périlleuse, comme Alexandre en334 ouPersée en168, le roi n'a pas recours à l'impôt mais lève des fonds en empruntant, notamment à ses Amis, ou en augmentant le produit de l'affermage[127].

Le roi peut accorder l’atélie, un privilège d'exemption fiscale, comme Alexandre aux familles des défunts de labataille du Granique en334 : elles sont exemptées de tribut sur la terre royale — ce qui ne devait pas être négligeable, car beaucoup des morts appartiennent à la cavalerie desCompagnons et ont donc dû recevoir du roi des donations sur les terres royales — des liturgies civiques dues à des règlements royaux (comme les réquisitions de bêtes de somme ou les taxes pour la réfection des routes) et des taxes commerciales[124].

Une source importante de revenus extraordinaires provient du butin de guerre, qui est partagé entre le roi et ses hommes. À l'époque de Philippe II et d'Alexandre, le butin est une source de revenus considérable. Une partie importante des objets en métaux précieux saisis lors des campagnes européennes et asiatiques sont fondus en lingots et envoyés ensuite aux ateliers monétaires dePella et d'Amphipolis, les plus actifs du royaume à cette époque. On estime ainsi qu'en 18 ans sous le règne d'Alexandre l'atelier d'Amphipolis a frappé environ 13 millions detétradrachmes d'argent[128].

Administration des cités

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Didrachme à l'effigie dePhilippe V.

Sous le règne dePhilippe II, le territoire « national » est divisé en entités civiques dotées des organes de lapolis (assemblée, conseil, magistrats) et de ses prérogatives (lois, décrets, ambassades). Dans les régions dépourvue de cités (Haute-Macédoine, terres à l'est de l'Axios), leséthné (peuples ou tribus) ou les fédérations de villages tiennent lieu de « cités »[39].

La participation descités aux fêtespanhelléniques et les dédicaces qu'elles effectuent dans les sanctuaires supposent qu'elles disposent de revenus civiques propres importants. L'épigraphie témoigne à ce sujet de l'existence d'une administration spécialisée dirigée par des magistrats particuliers, lestamiai (trésoriers). La numismatique montre qu'à partir du règne dePhilippe V, les cités dePella,Amphipolis etThessalonique peuvent frapper des monnaies de bronze[122]. Pour autant on ignore tout de la nature des revenus qui autorisent ces activités : les inscriptions renseignent davantage sur ce que les cités ne peuvent considérer comme leurs revenus (par exemple les interdits d'aliénation de revenus sacrés) que sur leurs ressources. On sait cependant par une inscription très importante que la cité alliée dePhilippes (dont le statut est particulier) perçoit une taxe de 2 % sur la valeur des ventes foncières. Il s'agit là d'un exemple possible des revenus civiques.

Districts régionaux (mérides)

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Article détaillé :Mérides de Macédoine.

La création d'un échelon administratif territorial intermédiaire entre le pouvoir central et les cités est attribuée àPhilippe II[129]. Cette réforme correspond à la nécessité d'adapter les institutions politiques à l'émergence du royaume sous son règne. Il n'est alors plus possible de réunir facilement l'ensemble des Macédoniens dans une seule assemblée primaire, et la création de quatre districts régionaux chacun pourvu d'une telle assemblée est très probablement la réponse apportée à ce problème. Il ne s'agit pas de divisions territoriales recoupant des groupes tribaux, mais d'un découpage administratif artificiel. Néanmoins, il faut souligner que l'existence de ces districts n'est réellement attestée (par la numismatique) qu'à partir du début duIIe siècle av. J.-C.[130].

Les districts sont les suivants à l'époqueantigonide, où leur numéro d'ordre est fourni par la numismatique[131] :

La première fonction de ces districts est de servir de base territoriale de recrutement pour l'armée. L'existence d'un monnayage propre à ces districts suppose une autonomie financière et des institutions politiques propres, mal connues. D'après les inscriptions, on peut penser que chaqueméris disposait d'une assemblée primaire rassemblant tous les Macédoniens de la région, et élisait annuellement unstratégos, magistrat éponyme, dont la double fonction était de représenter l'assemblée et le pouvoir central (notamment en matière militaire)[132]. Ces assemblées ont continué d'exister à l'époque romaine, où elles sont même devenues les principales assemblées primaires de Macédoine, après la suppression de l'Assemblée commune[133].

Armée royale

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Article détaillé :Armée macédonienne.
Hypaspiste combattant à labataille d'Issos, détail dusarcophage d'Alexandre.

L'armée macédonienne est considérée comme l'une des meilleures armées civiques de l'Antiquité. Instrument de la conquête de laGrèce sous le règne dePhilippe II, puis de l'Asie sous le règne d'Alexandre le Grand, elle a affronté victorieusement l'armée perse pour devenir le modèle sur lequel se sont formées les armées des royaumesantigonide,séleucide etlagide auxIIIe et IIe sièclesav. J.-C.[134].

Lesphalanges de porteurs desarisses, mises au point par Philippe II, forment l'une des pièces maîtresses de l'armée macédonienne jusqu'auIIe siècle av. J.-C., même si leur armement est constamment alourdi. Leslégions romaines et leur grande flexibilité viennent à bout de la lourde phalange macédonienne et lui infligent la première défaite de son histoire àCynoscéphales, rendant une telle formation désuète vers le milieu duIIe siècle av. J.-C., participant à sa disparition définitive à la fin duIer siècle av. J.-C.[135].

L'armée macédonienne s'appuient aussi sur une cavalerie lourde (les Compagnons ouhetairoi) chargée de provoquer la rupture chez l'adversaire une fois celui-ci fixé par les sarisses des phalangites. L'armée incorpore également des mercenaires grecs (hoplites), des cavaliers légers (Thraces ouPéoniens), despeltastes (dont les javeliniers d'éliteagrianes sous Alexandre), des archers, etc. À la fin du règne d'Alexandre, de nombreux Perses sont intégrés mais ses successeurs antigonides recentrent le recrutement sur les Macédoniens et les mercenaires grecs[136].

En temps de guerre, du temps desArgéades, l'Assemblée des Macédoniens en arme a pour fonction de proclamer officiellement l'avènement d'un nouveau roi[137]. Concernant l’avènement d'Antigone II Gonatas, ce n'est semble-t-il pas l'armée qui lui a conféré le titre royal. C'est lui qui l'a pris personnellement, en justifiant publiquement cet acte par la victoire contre lesGalates, inaugurant une royauté personnelle par opposition à la royauté nationale de Macédoine (ou plutôt des Macédoniens)[138]. L'armée utilise par ailleurs la mutinerie à des fins politiques. Par exemple, lorsqu'en322 av. J.-C.Perdiccas fait tuer la fille de Philippe II,Cynané, pour empêcher la fille de cette dernière,Eurydice, d'épouserPhilippe III, l'armée se révolte et s'assure que le mariage a bien lieu[139].

Religion

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Fresque représentantHadès etPerséphone dans la tombe attribuée àEurydice, épouse d'Amyntas III.

Tradition religieuse

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Depuis l'époque classique, les Macédoniens vénèrent les divinités dupanthéon grec[140] ; mais il existe quelques divergences avec la religion du reste de la Grèce antique. Certaines déités revêtent une importance particulière, tandis que les Macédoniens montrent un souci pour la mort et l'au-delà comme le souligne le fait qu'ils construisent davantage de tombeaux que de temples. Le rôle du roi comme intermédiaire divin sont également spécifiques à la Macédoine[11].

Le principal sanctuaire consacré àZeus est celui deDion enPiérie, un autre situé àVéria enÉmathie est consacré àHerakles et reçoit les faveurs particulières deDémétrios II quand celui-ci intervient dans les affaires du gouvernement municipal à la demande du prêtre du culte. En Macédoine, la politique et la religion sont souvent entrelacés. Par exemple, le chef de la cité d'Amphipolis est aussi le prêtre d'Asclépios. Un arrangement semblable existe àCassandréia, où le prêtre organisant le culte du fondateur de la cité,Cassandre, est le magistrat suprême de la cité. Les cultessyncrétiques gréco-égyptiens ont été encouragés à la cour royale, comme en témoigne le temple deSarapis àThessalonique, tandis quePhilippe III etAlexandre IV ont fait des offrandes votives au temple deSamothrace abritant leculte à mystères desCabires. C'est d'ailleurs dans ce sanctuaire quePersée s'est réfugié après la défaite àPydna en168[141]. Le royaume de Macédoine participe enfin auxjeux panhelléniques qui font partie desrites de la religion grecque antique.

Divinisation royale

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LesArgéades, la première dynastie royale, se revendiquent commeHéraclides, fondant leur prestige sur lamythologie grecque. Mais c'estAlexandre le Grand qui est le premier souverain objet d'un véritable culte divin de son vivant. En tant quepharaon d'Égypte, il est déjà considéré comme fils deRa et l'incarnation vivante d'Horus par ses sujets égyptiens, croyance que ses successeursptolémaïques favorisent au profit de leur propre dynastie. Par ailleurs, à la suite de sa visite à l'oracle deDidymes en334 av. J.-C., qui a suggéré sa divinité, il se rend à l'oracle deZeus Ammon (équivalent grec de l'Amon-Rê égyptien) à l'oasis deSiwa dans le désertlibyen en332 pour se voir confirmer son statut divin. Après que le prêtre l'a convaincu quePhilippe II est simplement son père mortel, Alexandre se voit proclamer « fils de Zeus ». Bien que les royaumesséleucide et lagide cultivent leurs propres cultes ancestraux et la déification des monarques dans le cadre d'une idéologie d'État, un culte semblable n'existe pas dans le royaume de Macédoine au temps desAntigonides[142].

On remarque aussi qu'Alexandre épargne les temples lors de ladestruction de Thèbes, qu'il fait ériger des autels aux douze plus grands dieux de l'Olympe quand il est contraint d'arrêter sa conquête en Inde. Pour autant, il rend aussi honneur aux dieux égyptiens, souhaite faire un sacrifice àMelqart àTyr et, dans sa tentative d'intégrer les coutumes perses à son empire, exige de se faire révérer comme un dieu lui-même.

Rites funéraires royaux

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Façade de latombe de Philippe II.
Articles connexes :Tombe de Philippe II de Macédoine etTombeau d'Amphipolis.

Dans les trois tombes royales d'Aigai (actuelleVergina), dont celle attribuée àPhilippe II, les murs sont ornés de peinture montrant des scènesmythologiques d'Hadès enlevantPerséphone (tombe 1), des scènes de chasse royale (tombe 2), tandis qu'on été mis au jour des biens somptuaires : armes, armures, vaisselles, objets personnels. Certains objets funéraires et motifs décoratifs sont communs à d'autres tombes macédoniennes, mais quelques objets trouvés à Vergina sont distinctement liés à la royauté, dont un diadème, des articles de luxe, des armes et des armures. Les défunts, dont les os ont été brûlés, sont placés dans des cercueils d'or décorés. Les savants ont longtemps débattu de l'identité des occupants des tombes depuis la découverte de ces vestiges en 1977-1978. Mais des recherches récentes et des examens médico-légaux ont conclu avec certitude qu'au moins une des personnes inhumées est bien Philippe II (tombeau 2)[143]. Situé près de la tombe 1, se trouvent les vestiges d'unhéron, un sanctuaire pour le culte des morts.

En 2014, letombeau d'Amphipolis, la plus vaste tombe antique trouvée à ce jour en Grèce, a été entièrement fouillé ; mais l'identité de la personne ensevelie (un noble macédonien) reste sujette à débat[144],[145].

Arts et culture

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Cratère de Derveni,musée archéologique de Thessalonique.

Arts visuels

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À partir du règne d'Archélaos Ier à la fin duVe siècle av. J.-C., l'élite macédonienne commence à importer des œuvres d'art depuis d'autres régions de la Grèce. Cependant, elle conserve encore des rites funéraires archaïques, probablement d'originehomérique, liés ausymposion et aux rites de la table caractérisés par des objets tels que descratère en métal comportant les cendres des défunts[146]. Parmi ceux-ci se trouve le grandcratère de Derveni en bronze, mis au jour dans une nécropole près deThessalonique duIVe siècle av. J.-C. ; il est décoré de scènes deDionysos et de son entourage. Il a appartenu à un aristocrate ayant fait une carrière militaire[147]. La métallurgie macédonienne suit généralement les styles de vases athéniens duIVe siècle av. J.-C. avec des récipients à boire, des bijoux, des couronnes, des diadèmes et des pièces parmi les nombreux objets métalliques trouvés dans les tombes.

Les œuvres peintes encore conservées comprennent des fresques et des peintures murales, mais aussi des décorations sur des œuvres sculptées telles que des statues et des bas-reliefs. Des traces de couleurs existent encore sur les bas-reliefs dusarcophage d'Alexandre. Ces peintures ont permis aux historiens d'enquêter sur les modes vestimentaires ainsi que sur les tenues militaires portés par les anciens Macédoniens, comme les peintures aux couleurs vives destombes d'Ágios Athanásios et deThessalonique montrant des figures portant des coiffures allant du casques à plumes à lacausia et aupétase.

Architecture

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Atrium dans une maison dePella.

L'architecture macédonienne n'est pas fondée sur un modèle unique mais mélange différentsstyles grecs[148]. Parmi les ordres classiques, les architectes ont favorisé l'ordre ionique, en particulier dans lespéristyles des maisons privées. Il existe plusieurs vestiges de l'architecture palatiale macédonienne, dont un palais àPella, une résidence d'été dans l'actuelleVergina (Aigai) et une autre résidence royale àDémétrias. À Vergina, les trois grandes salles de banquet avec des sols en marbre (recouverts de débris de tuiles) sont peut-être les vestiges des premières fermes triangulaires monumentales, dans le cas où elles seraient bien datées d'avant le règne d'Antigone II Gonatas. À la fin de la périodeAntigonides au milieu duIIe siècle av. J.-C., l'architecture utilise également les arcs et les voûtes. Les palais d'Aigai et de Demétrias, possèdent des murs de briques ; ce dernier palais a quatre tours d'angle érigées autour d'une cour centrale à la manière d'une résidence fortifiée.

Les souverains macédoniens ont également parrainé des œuvres d'architecture en dehors de la Macédoine proprement dite. Par exemple, après sa victoire à labataille de Chéronée ,Philippe II a élevé un monument commémoratif àOlympie, connu sous le nom de Philippeion, décoré à l'intérieur avec des statues à son effigie et à celles de ses parentsAmyntas III etEurydice, d'Olympias et d'Alexandre[149].

Les vestiges d'une vingtaine de théâtres survivent dans les régions actuelles de Macédoine grecque et de Thrace en Grèce actuelle[150] : seize théâtres en plein air, troisodéons et un théâtre à Véria en cours d'excavation (2017).

Théâtre et musique

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Théâtre hellénistique de la cité deDion.

En Macédoine, sous lesArgéades, le théâtre participe à la mise en scène de la politique.Philippe II a été assassiné en336 av. J.-C. dans le théâtre d'Aigai durant le spectacle présenté en l'honneur du mariage de sa filleCléopâtre avecAlexandre le Molosse, roi d'Épire[A 20].Alexandre aurait quant à lui été un admirateur de théâtre et de musique[151]. Il semble avoir particulièrement apprécié lestragédies de l'Athènes classique d'Eschyle,Sophocle etEuripide, dont les œuvres font partie de l'éducation de ses nouveaux sujets orientaux en plus de l'étude de lalangue grecque et des épopées d'Homère. Lorsque son armée demeure àTyr en332, Alexandre demande à ses généraux d'endosser la fonction de juges-arbitres, non seulement pour des épreuves athlétiques mais aussi pour des représentations de tragédies. Les célèbres acteurs contemporains Thessale et Athénodore se produisent sur scène pour l'événement, bien que ce dernier doive payer une amende pour dédommager son absence auxDionysies d'Athènes (une amende qu'Alexandre a accepté de payer).

La musique est également appréciée en Macédoine. Hormis l'agora, legymnase, le théâtre et les temples, l'un des principaux marqueurs d'une véritable cité grecque dans l'empire d'Alexandre est la présence d'unodéon pour les spectacles musicaux et concours poétiques. C'est le cas non seulement pourAlexandrie d'Égypte, mais aussi pour des fondations aussi éloignées qu'Alexandrie de l'Oxus enAfghanistan actuelle.

Littérature et philosophie

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Portrait d'Aristote d'après un original en bronze deLysippe.

À partir du milieu duVe siècle av. J.-C.,Perdiccas II accueille à sa cour des auteurs et des érudits grecsclassiques, tels le poètelyrique Mélanippide deCos et le médecinHippocrate, tandis que l’enkomion (éloge) dePindare écrit pourAlexandre Ier aurait pu être composé à sa cour[152].Archélaos Ier reçoit, plus encore que ses prédécesseurs, nombre de savants et d'artistes grecs, conduisant à décrire la Macédoine sous son règne comme un « centre actif de la culturehellénique »[153]. Parmi ces célébrités, on peut citer : le peintreZeuxis, l'architecteCallimachus, les poètesChoerilus deSamos,Timothée de Milet etAgathon, ainsi que le dramaturge athénienEuripide. Bien qu'Archéaolos a été critiqué parSocrate etPlaton et aussi le premier roi macédonien étiqueté comme étant un « barbare »,Thucydide a tenu l'a tenu en admiration pour ses accomplissements, notamment dans les compétitions sportivespanhelléniques et la promotion de la culture littéraire[153].

Aristote, originaire deStagire, une cité de laligue chalcidienne intégrée au royaume de Macédoine sousPhilippe II, a étudié à l'Académie platonicienne d'Athènes avant de devenir le précepteur du jeuneAlexandre. Le philosophe enseigne au prince les lettres et la politique, résidant durant cinq années à la cour dePella. Parmi le cortège d'artistes, d'écrivains et de philosophes accompagnant l'expédition d'Alexandre se trouvent lesceptiquePyrrhon d'Élis etCallisthène, le neveu d'Aristote, exécuté après la conjuration despages. Pendant la périodeantigonide,Antigone II Gonatas entretient des relations cordiales avecMénédème d'Érétrie, un philosophe socratique, etZénon de Cition, le fondateur dustoïcisme[151].

Parmi lesFragmente der griechischen Historiker, Felix Jacoby identifie au moins treize historiens antiques ayant écrit des histoires au sujet de la Macédoine[154]. Mais, hormis les récits d'Hérodote et deThucydide, les ouvrages en question sont fragmentaires, alors que d'autres sont complètement perdus, comme une histoire de la guerreillyrienne sousPerdiccas III écrite parAntipater[151]. Les historiens macédoniensMarsyas de Pella etMarsyas de Philippes ont écrit deshistoires de Macédoine. Contemporain des conquêtes d'Alexandre,Ptolémée etAristobule ont écrit desMémoires qui ont inspiré en droite ligne l’Anabase (Arrien) d'Arrien.Hiéronymos de Cardia, collaborateur desDiadoquesEumène etAntigone, a rédigé uneHistoire des successeurs d'Alexandre qui est la source première deDiodore de Sicile aux livresXVII àXX de laBibliothèque historique et dePlutarque (Vie d'Eumène,Vie de Démétrios,Vie de Pyrrhus). L'officier et marinNéarque a décrit son périple l'ayant amené de l'embouchure de l'Indus augolfe Persique. L'historien macédonienCratère a publié une compilation des décrets promulgués par l'Assemblée athénienne en se rattachant à l'école d'Aristote.Philippe V possède des manuscrits de l'histoire de Philippe II parThéopompe[151].

Innovations techniques

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Au cours de lapériode hellénistique, il devient courant pour les États grecs de financer le développement d'engins de siège à torsion de plus en plus puissants, de navires de guerre et de techniques standardisées pour les armes et les armures.Philippe II cherche d'abord à accélérer la prise des places fortes.Polyeidos de Thessalie met au point une tour de siège de 14,50 mètres de hauteur, leshélépoles. L'artillerie connait des innovations majeures[155] :

  • Legastraphètes, une arbalète primitive, envoie des carreaux à plus de 100 mètres.
  • Lescorpion (oubaliste quand il tire des boulets) est un grand arc qui se remonte avec une manivelle, pouvant envoyer le feu chez l'adversaire et tirer plusieurs projectiles à la fois.
  • L’oxybèles est une machine décochant de longues piques.
  • Lelithobolos (ou pierrier) peut jeter des projectiles de 80 kg à 150 mètres.
  • Lebélier est agrandi : certains font 20 mètres de long ; les assaillants s'abritent sous une protection, la tortue.

De nombreux ingénieurs accompagnent l'expédition d'Alexandre : deshydrauliciens comme Cratès, des spécialistes des mines comme Gorgos ou de futurs « mémorialistes » commeAristobule de Cassandréia dont le récit (précis) inspire l’Anabase d'Arrien. Pendant le siège d'Échinus parPhilippe V en211 av. J.-C., les assiégeants construisent des tunnels pour protéger les soldats et les sapeurs pendant qu'ils vont et viennent du camp aux travaux de siège. Deux tours de siège reliées par un mur en osier surmontées de balistes lance-pierre protègent l'approche du bélier. En dépit de la réputation ancienne de la Macédoine dans les techniques de siège,Alexandrie d’Égypte devient le centre des innovations pour les catapultes à partir duIIIe siècle av. J.-C., comme en témoignent les écrits dePhilon.

Même si la Macédoine n'est pas aussi prolifique que d'autres régions de laGrèce en termes d'innovations technologiques, quelques inventions en seraient peut-être originaires : la presse à olives rotative, le verre moulé-pressé (bien qu'il existe simultanément dans l'empire achéménide), les premières pièces en verre translucides du monde grec découvertes en Macédoine et à Rhodes (datées duIVe siècle av. J.-C.). Durant l'époque hellénistique les principaux centres d'innovation technique (non-militaire) restent Alexandrie,Rhodes etPergame.

Héritage

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Larnax dePhilippe II avec lesoleil de Vergina.

Les règnes dePhilippe II et d'Alexandre le Grand marquent la disparition de laGrèce classique et la naissance de lacivilisation hellénistique, avec en élément fondateur l'expansion de la culture grecque en Orient consécutivement à la conquête de l'Asie[156]. AuxIVe et IIIe sièclesav. J.-C., de nombreux Macédoniens émigrent vers l'Égypte lagide et vers certaines régions duroyaume séleucide. Mais la colonisation intensive de ces territoires a sapé les forces vives de la Macédoine, affaiblissant le royaume dans sa lutte contre les autres puissances hellénistiques et contribuant à sa chute face auxRomains[157]. Cependant, selon l'historien R. M. Errington, la diffusion de la culture et de la langue grecques induite par la conquête de l'Asie et de l'Égypte constitue une « condition préalable » à l'expansion romaine et à sa perpétuation par l'Empire byzantin[158].

Les souverains d'ascendance macédonienne des royaumes ptolémaïques et séleucides acceptent comme officiers des hommes originaires de toutes les régions du monde grec, en ne favorisant pas une identité « nationale » comme lesAntigonides. Les études modernes mettent l'accent sur le fait que les institutions politiques ou militaires de ces royaumes hellénistiques sont davantage influencés par leurs origines macédoniennes que par les traditions orientales ou grecques méridionales[159]. Alors que la sociétéspartiate est restée essentiellement « insulaire » et que l'Athènes hellénistique continue à imposer des restrictions strictes à l'acquisition de la citoyenneté, les cités cosmopolites d'Asie et d'Afrique du Nord ressemblent davantage aux cités « ouvertes » de Macédoine, car elle abritent un mélange de populations autochtones, de colons gréco-macédoniens et d'Orientaux hellénisés, dont beaucoup sont le produit d'intermariages entre Grecs et autochtones[160].

L'historienJohann Gustav Droysen soutient que les conquêtes d'Alexandre et l'extension gréco-macédonienne en Orient ont permis l'extension duchristianisme dans l'Empire romain[161].

Notes et références

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Notes

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  1. Lysimaque leThessalien a obtenu la citoyenneté dePella et la « naturalisation » macédonienne.
  2. Cet ordre a été donné aux Grecs durant lesJeux olympiques. Alexandre tente un geste politique au moment oùHarpale intrigue en Grèce. Athènes doit notamment restituerSamos à ses habitants exilés
  3. L'offrande monumentale du Néôrion dans lesanctuaire des Grands Dieux de Samothrace répond aussi à l'une de ces deux victoires navales antigonides.
  4. L'Eubée se voit accorder une large autonomie comme en témoigne l'apparition d'un monnayage indépendant.
  5. Philippe II a par exemple perdu un œil durant un siège.
  6. Par exemples : l'ArgéadePerdiccas III et l'AntigonideDémétrios II.

Références antiques

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Annexes

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Sources antiques

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Bibliographie

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Société

Articles connexes

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