du succès de l'offensive austro-prussienne sur la France qui conduit à l'occupation de Paris le 31 mars et à l'abdication de Napoléon, le 6 avril ;
d'une conjuration anti-française àMilan qui, soutenue par la noblesse milanaise, saccage le Sénat le 20 avril et lynche le ministreGiuseppe Prina.
Cette situation de plus en plus précaire oblige le vice-roi à signer le 23 avril àMantoue la capitulation du royaume : il laisse son armée, 45 000 hommes en armes, victorieuse à Mincio, aux ordres deHeinrich Johann de Bellegarde et part le 27 pourMunich. Le 26 avril, le commissaire autrichienAnnibal Sommariva prend possession de laLombardie au nom du feld-maréchal Bellegarde et, le,Milan est occupée par 17 000 soldats autrichiens.
Le 25 mai, Bellegarde dissout la régence du royaume d'Italie qui cesse d'exister et assume les pouvoirs commeCommissaire plénipotentiaire des provinces autrichiennes en Italie au nom du nouveau souverain, l’empereurFrançoisIer. Le 12 juin, il prend la charge de gouverneur général après l'annexion de laLombardie à l'empire, le même jour.
Selon les plans des puissances victorieuses, la chute de Napoléon aurait dû ramener à la situation géopolitique de l'Europe d'avant 1789, mais l'ampleur des changements de la conquête française nécessite l'ouverture àVienne d'un grandcongrès pour le réaménagement de l'Europe.
Pour comprendre l'utilité pour Vienne de cet échange, il faut rappeler l'argument classique deCarlo Cattaneo, lequel a toujours soutenu que de la Lombardie-Vénétie, Vienne tire « un tiers de l'impôt de l'empire, bien qu'elle ne constitue qu'un huitième de la population »[2]. Giuseppe Martini[3] synthétise la situation : « Les négociations s'ouvrent autour du problème de l'Italie, et comme en fit publiquement la promesse le congrès viennois commençant par un grand acte de justice, il statua que l'Autriche reprendrait en sa possession Milan et Mantoue, acquerrait les États vénitiens avec l'ajout de quelques territoires qui, par des antiques accords entre puissances italiennes, appartenaient un temps aux États de Parme et Ferrare, acquerrait en plus, non seulement les terres de la Valtellina avec le comté de Bormio et de Chiavenna, sites très opportuns pour les choses de laSuisse ».
Les territoires vénitiens sur la côte orientale de lamer Adriatique sont absorbés directement par l'Autriche alors que pour des raisons historiques d'autonomie, Milan et Venise bénéficient d'un gouvernement autonome. L'Autriche réorganise ces territoires en une entité administrative apparemment autonome. La solution choisie est de créer un unique royaume et deux gouvernements auquel est donné le nom de royaume lombard-vénitien.
Le nom est choisi après un long débat et non sans hésitation. Les Autrichiens et leurs alliés ne veulent pas conserver le nom choisi par Napoléon, le royaume d'Italie. Il est évident qu'est pris en considération la localisationOst und West Italien (Italie orientale et occidentale) ainsi que l'österreichische Italien (Italie autrichienne). Les noms excessivement liés à une des deux capitales sont écartés notamment parce que Milan et Venise n'ont jamais été unis sous une couronne commune depuis la chute duroyaume Lombard et qu'il n'existe aucun terme pour définir les deux territoires unifiés. On choisit donc un nom destiné à stimuler le rapprochement entre les populations lombardes et vénitiennes, mais qui fait aussi la démonstration de tout l'artifice de la nouvelle création administrative.
Le, la constitution des États autrichiens en Italie en un nouveau royaume de Lombardie-Vénétie est annoncée. Celui-ci est constitué sur les bases dutraité de Vienne qui comprend les territoires duduché de Mantoue,Dogado, lesDomini di Terraferma (« domaines de terre ferme ») de larépublique de Venise avec laValteline appartenant déjà à larépublique des trois ligues, et une partie de la région deFerrare, alors que leStato da Màr (« État de la Mer »), appartenant à la Sérenissime en est exclu, car directement annexé dans les territoires de l'Empire, ainsi que leduché de Parme[4].
Le royaume est confié àFrançoisIer, empereur d'Autriche et roi de la Lombardie-Vénétie. Le roi-empereur gouverne au travers d'un vice-roi en la personne du frère de l'empereur, l’archiducRainier d'Autriche (1783-1853), dont la résidence est à Milan et à Venise.
LaLombardie et laVénétie, qui sont séparées par leMincio, ont chacune leur propre gouvernement appelé conseil du gouvernement (Consiglio di Governo) confié à un gouverneur et à des administrations distinctes dites congrégations (Congregazioni Centrali), dont dépendent les administrations locales parmi lesquelles les congrégations provinciales (Congregazioni Provinciali) et les congrégations municipales (Congregazioni Municipali).
Les compétences du gouverneur, à travers le conseil du gouvernement, sont assez importantes et recouvrent la censure, l'administration générale du patrimoine et des impôts directs, la direction des écoles, des travaux publics, la nomination et le contrôle des congrégations provinciales. L'armée impériale assure, au cours de ces années, l'ordre public.
L’administration financière et de la police est soustraite au conseil du gouvernement pour dépendre directement du gouvernement impérial de Vienne qui agit au travers d'un magistrat de chambre (Magistrato camerale) (mont de Lombardie[Quoi ?], monnaie, loto, intendance des finances, caisse centrale, fabrication des tabacs et des explosifs, offices des taxes et des timbres, imprimerie royale, inspections des forêts et agence du sel), un office de la comptabilité et une direction générale de la police.
En notant l'importante centralisation du pouvoir entre les mains du gouverneur nommé par Vienne et du gouvernement impérial, on comprend le rôle marginal du vice-roi réduit à des tâches de représentation, celui-ci maintenant de splendides palais où se tient sa cour.
Toutes les autres charges du royaume sont le résultat d'une nomination royale et jamais élective. Elles sont en grandes parties confiées à des Austro-allemands, ce qui est le cas des gouverneurs, le plus souvent issus des officiers basés en Italie - bien que l'armée autrichienne respecte la composition hétérogène de la population de l'empire -, et du vice-roi. Par conséquent, des non-Italiens bénéficient du contrôle presque absolu sur la vie du royaume. Les propos lors d'une réunion de 1832 entrePaolo de Capitani, un noble lombard, etMetternich sont devenus célèbres : « Quelle nécessité y a-t-il à faire occuper tous les postes importants par desTyroliens ou des sujets d'autres provinces ? »[5].
Aux « patriciens » locaux, italiens, il ne reste que l'administration des congrégations provinciales et municipales, donc des postes secondaires. Les congrégations municipales, par exemple, prennent en charge les édifices communaux, les églises paroissiales, les routes internes, les salaires des employés communaux et la police municipale.
Pour compléter le tout, les codes civils et pénaux entrent en vigueur le interdisant toute intervention italienne même au travers du conseil du gouvernement.
Tabard aux armes du royaume lombard-vénitien, conservé au Trésor impérial de Vienne.
La réunion des deux provinces ne satisfait pas les Milanais dont les relations économiques sont tournées vers le port deGênes qui relève alors duroyaume de Piémont-Sardaigne, alors que l'empire autrichien voulait développer le port de Trieste (à la place deVenise décadente), débouché naturel sur lamer Adriatique. Les Milanais accuseront Vienne, mais à tort, de retarder la liaison ferroviaire Venise-Milan et d'isoler ainsi la Lombardie[6].
Pour les sujets lombards et vénitiens, ce nouveau royaume apparait comme une « comédie », ceux-ci se rendant compte que le pouvoir est confié à un gouvernement viennois sous l'autorité austro-allemande. Les « Allemands » sont omniprésents et soustraient aux « patriciens » et aux intellectuels italiens les postes qui, dans un royaume réellement autonome, leur seraient revenus de droit.
Cette mainmise de l'Autriche est, pour les italiens, une aggravation de la situation par rapport à l'ancien royaume d'Italie. Celui-ci était en effet dirigé par un roi (Napoléon) et un vice-roi (Eugène de Beauharnais) français qui en avait fait un protectorat deParis, mais qui bénéficiait d'une autonomie administrative presque totalement nationale, avec une armée nationale composée de nombreux officiers italiens.
En définitive, le gouvernement autrichien ne respecte pas les droits traditionnels de la Lombardie et de la Vénétie, et ne bénéficie donc d'aucune légitimité. Ces considérations sont à la base de l'instabilité permanente au moins jusqu'en 1820 et de la grande adhésion de l'élite et de la population lors de laguerre de libération.
Subdivisions de l'empire d'Autriche incluant le royaume Lombard-Vénitien (no 19, en orange).Timbre de 5 soldi, du royaume Lombard-Vénitien, oblitéré àChioggia en 1859.Carte ethnographique de l'empire d'Autriche en 1855, par Karl von Czörnig-Czernhausen : les Italiens figurent en jaune en bas à gauche et sont très largement majoritaires dans le royaume Lombard-Vénitien.
Le, avec l'armistice signé parSalasco à la suite de la victoire autrichienne des 24-25 juillet àCustoza sur les troupessardes, se termine la première phase de la première guerre d'indépendance : Milan est réoccupée et le gouvernement provisoire de Lombardie est dissous. Les 22-,Charles-Albert de Sardaigne est de nouveau battu lors de labataille de Novare et il abdique en faveur deVictor-Emmanuel II. Le 24 août suivant, après un long siège,Venise se rend également aux Autrichiens.
Les deux gouvernements de laLombardie et de laVénétie sont divisés en dix-sept provinces. Chaque province est administrée par une délégation provinciale créée pour la première fois le.
Chaque province est divisée en districts, 127 en Lombardie et 91 en Vénétie. Chaque district est divisé en communes, cellule de base de l'administration publique. Selon la population, les communes appartiennent à trois classes;
les communes de première classe, dont le chef-lieu est contrôlé directement par la délégation provinciale, ont un conseil communal d'un maximum de 60 membres,
les communes de seconde classe, dotées d'un conseil communal d'au moins 30 membres et administrées par un chancelier du patrimoine,
les communes de troisième classe, les plus petites qui sont dirigées par une assemblée de propriétaires qui se réunit une fois l'an en présence du chancelier du patrimoine pour nommer les fonctionnaires et approuver le bilan. Pendant le reste de l'année, trois propriétaires sont délégués aux affaires courantes.
Chaque chef-lieu provincial est le siège d'un tribunal de premier grade alors que dans les deux centres régionauxMilan etVenise sont présentes deux cours d'appel. Au sommet du système se trouve le Sénat, la cour de cassation du royaume qui est située àVérone.
La langue officielle du royaume est l'Italien, langue qui est enseignée dès l'école élémentaire qui est obligatoire et gratuite pour tous les enfants du royaume.La population parlait habituellement des langues locales :lombard,vénitien,frioulan etladin. Il y avait une populationcomposée de 2 % de minorité[pas clair] de langueallemande dans les provincesde Vicence,de Belluno, et de langueslovène dans laprovince d'Udine.