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Royaume de Bulgarie

42° 42′ N, 23° 19′ E
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Royaume de Bulgarie
Tsarat de Bulgarie
Царство България
Tsarstvo Bǎlgariya

19081946

Drapeau
Drapeau du royaume de Bulgarie.
Blason
Armoiries du royaume de Bulgarie.
Deviseenbulgare : Съединението прави силата (« L'union fait la force »)
HymneChoumi Maritsa
Description de cette image, également commentée ci-après
Évolution territoriale de la Bulgarie de 1918 à 1940 (sur les frontières en date du 1er septembre 2023 en pointillés gris). En vert foncé hachuré, laDobroudja, rétrocédée par la Roumanie en 1940 ; en vert clair hachuré, laChalcidique et leThessalonique annexés en1941 ; en vert clair, les territoires annexés au cours de laSeconde Guerre mondiale.
Informations générales
Statut

Monarchie constitutionnelle (1908-1935; 1943-1945)

Monarchie absolueautoritaire (1935-1943)
CapitaleSofia
Langue(s)Bulgare
ReligionÉglise orthodoxe de Bulgarie
MonnaieLev bulgare
Démographie
Population4 215 000 (1908)
Superficie
Superficie

95 223 km2 (1908)

110 912 km2 (1946)
Histoire et événements
5 octobre 1908Indépendance officielle, la principauté de Bulgarie devient le royaume de Bulgarie.
8 octobre 1912Première Guerre balkanique.
16 juin 1913Deuxième Guerre balkanique.
10 août 1913Traité de Bucarest.
27 novembre 1919Traité de Neuilly.
1er mars 1941La Bulgarie signe lePacte tripartite.
28 août 1943Mort du tsarBoris III.
15 septembre 1946Un plébiscite, organisé avec le soutien de l'Union soviétique, abolit la monarchie.
Tsar
(1er)19081918FerdinandIer
19181943Boris III
(Der)19431946Siméon II
Président du Conseil des ministres
(1er)19081911,1918,1931Alexander Malinov
19191923Alexandre Stambolijski
19351940Gueorgui Kiosseivanov
19401943Bogdan Filov
(Der)19341935,19441946Kimon Georgiev
Parlement
Parlement monocaméralAssemblée nationale

Entités précédentes :

Entités suivantes :

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Leroyaume de Bulgarie est lerégime politique en place enBulgarie de1908 à1946, qui voit le jour lorsque laprincipauté de Bulgarie déclara son indépendance formelle vis-à-vis de l'Empire ottoman, et qui disparaît après laSeconde Guerre mondiale, lors de la mise en place du régimecommuniste de larépublique populaire de Bulgarie.

Histoire

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Article détaillé :Histoire de la Bulgarie.

Laprincipauté de Bulgarie est déjà indépendante de fait depuis1878, mais le, le princeFerdinand, profitant de la prise du pouvoir desJeunes-Turcs àConstantinople, déclare l'indépendance pleine et entière de la Bulgarie et s'octroie le titre detsar des Bulgares.

Guerres balkaniques

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Articles détaillés :première guerre balkanique etdeuxième guerre balkanique.

Dès 1911, le gouvernement du royaume de Bulgarie se rapproche duroyaume de Grèce et duroyaume de Serbie pour monter une alliance contre l'Empire ottoman. En1912, des traités signés avec ces royaumes voisins, ainsi qu'avec leroyaume du Monténégro conviennent d'un partage de laMacédoine et de laThrace entre les alliés de laLigue balkanique.

En, lapremière guerre balkanique est déclarée contre l'Empire ottoman. Les alliés remportent un succès militaire éclatant, les troupes bulgares arrivant aux portes d'Istanbul. Par letraité de Londres, l'Empire ottoman perd l'essentiel de ses dernières possessions européennes.

  • Extension maximale du royaume de Bulgarie en mai 1913.
    Extension maximale du royaume de Bulgarie en mai 1913.

Ayant subi les plus lourdes pertes, la Bulgarie estime avoir droit à une plus large part des territoires conquis, revendiquant notamment les territoires à majorité bulgarophone de Macédoine. En juin1913, la Bulgarie attaque la Serbie et la Grèce, mais ladeuxième guerre balkanique se conclut pour elle par une défaite. Letraité de Bucarest de 1913 partage la Macédoine entre la Serbie et la Grèce et donne la totalité de laDobroudja auroyaume de Roumanie ; la Bulgarie ne garde qu'un débouché sur lamer Égée.

Première Guerre mondiale

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Articles connexes :Histoire de la Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale,Convention de Sofia (1915) etTraité de Sofia (19 août 1914).

Une alliance disputée

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Les guerres balkaniques se sont soldées pour la Bulgarie par un agrandissement de son territoire, malgré sa défaite lors de la deuxième guerre en 1913. Au cours de l'année 1915, le royaume mène des négociations parallèles avec lesAlliés et laTriplice : ces échanges portent sur les compensations territoriales à accorder en cas d'intervention dans l'un ou l'autre camp : la Macédoine serbe en cas d'alliance avec la Triplice, une partie de la Thrace turque et des districts en Macédoine serbe (la Serbie recevrait des compensations en Bosnie) en cas d'alliance avec l'Entente[1]. Le, la Bulgarie signe un traité d'alliance avec lesempires centraux, qui promettent au tsar Ferdinand laMacédoine ainsi qu'une bonne partie de la Serbie traditionnelle.

Pour les puissances centrales, l'alliance bulgare est essentielle, car elle est susceptible de permettre la création rapide d'une continuité territoriale avec l'Empire ottoman, très dépendant des livraisons de matériel de guerre[2]. Ainsi, les puissances centrales livrent à la Bulgarie au terme des clauses du traité d'alliance 24 000 tonnes de charbon par mois, du matériel ferroviaire et du matériel de guerre en quantité, ainsi que des munitions[3].

L'entrée dans la guerre

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Le, la Bulgarie déclare la guerre à laSerbie occupant la Macédoine, le Nord de la Grèce et la Dobroudja. Par le jeu des alliances balkaniques, la Serbie fait alors jouer son alliance avec la Grèce. mais celle-ci se dérobe, la Serbie n'étant pas en mesure de fournir les 150 000 soldats prévus par l'alliance gréco-serbe de 1913[4].

FerdinandIer de Bulgarie.

Les troupes serbes doivent faire face à unedouble offensive, sur son front nord, et sur son front est, qui vient de s'ouvrir avec l'intervention bulgare du côté de laDuplice[4].

La Bulgarie dans la guerre

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Article détaillé :Histoire de la Bulgarie pendant la Première Guerre mondiale.

Rapidement, après la déroute serbe, une fois les buts de guerre bulgares atteints de nombreux hommes d'État et militaires bulgares souhaitent la sortie de la guerre ; dèsfévrier 1916, des frictions apparaissent entre les militaires de l'armée impériale et royale et les hommes d'État bulgares[5].

En 1916, l'armée bulgare joue un rôle important dans la campagne contre la Roumanie, qui est entrée en guerre durant l'été 1916 aux côtés de l'Entente ; en effet, elle oblige la Roumanie à une concentration de troupes sur son front sud[6]. Ainsi, lors des négociations de paix après la débâcle roumaine en, le royaume de Bulgarie exige la totalité de laDobroudja, dont une partie lui a été retirée lors de la paix de 1913[7].

Cependant, cette paix de victoire est mal reçue par la population bulgare, et le Premier ministre,Radoslavov, est obligé de démissionner enjuin 1918 ; il est remplacé parMalinov, moins germanophile que son prédécesseur[8]. Lors des offensives alliées sur l'ensemble des fronts, le front stabilisé dans la basse vallée duVardar depuis fin 1915, vole en éclats lors de l'offensive lancée parLouis Franchet d'Espèrey le 15septembre 1918. Dès le 25, les troupes alliées menacent les principaux nœuds de communications bulgares ; le front bulgare s'écroule dans les jours suivants[9]. Évoquant le contexte de cette offensive, qui fait changer la nature de la guerre sur le front de Salonique,Churchill, dans ses mémoires, évoque l'abandon du front par les soldats bulgares, qui rentrent simplement chez eux. Cet abandon du front amplifie le succès de l'offensive alliée, a pour conséquence la désagrégation complète de ce front et rend nécessaire, aux yeux du nouveau gouvernement, la demande d'armistice[10]. L'armistice apparaît pour le tsar comme la seule solution pour sortir son pays du conflit.

La sortie de la guerre

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Le, le haut-commandement bulgare remet aucommandant de l'armée de Salonique une demande d'armistice[11]. Le tsarFerdinandIer doit abdiquer en faveur de son fils,Boris III, face à des tensions révolutionnaires qui menacent le trône. Le royaume de Bulgarie se retrouve donc dans le camp des vaincus : letraité de Neuilly signé en 1919 lui fait même perdre l'accès à lamer Égée et lui supprime le droit de disposer d'une aviation.

Entre-deux-guerres (1919-1939)

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Boris III de Bulgarie.

Alexandre Stamboliyski (1879-1923) devient en1919 chef d'un gouvernement de coalition ; lesélections (en) de mars1920 donnent une forte majorité à son parti.

Le royaume de Bulgarie se voit infliger de lourdes réparations de guerre envers leroyaume de Roumanie et leroyaume des Serbes, Croates et Slovènes. Malgré d'importantes difficultés sociales et économiques et l'hostilité du tsar, Stambolijski met en œuvre une politique de réformes. L'opposition qu'il rencontre l'amène à rechercher une alliance avec leParti communiste bulgare et à ouvrir des relations diplomatiques avec l'Union soviétique. Lecoup d'État du 9 juin 1923 mené par l'armée et les partis nationalistes renverse Stambolijski, qui est assassiné.Alexandre Tsankov, soutenu par le tsar, forme un gouvernement conservateur. Uneinsurrection menée en avril 1923 par leParti communiste bulgare est un échec. Le, les communistes réalisentun attentat contre le tsar et le gouvernement à lacathédrale Sainte-Nédélia de Sofia : cent cinquante personnes y trouvent la mort, mais le Premier ministre, blessé, et le tsar survivent à cette tentative d'assassinat[12]. En1926, le régime se démocratise, le tsar obtenant le départ de Tsankov : une amnistie est prononcée, bien que le Parti communiste demeure interdit.

Pendant l'entre-deux-guerres et en prenant exemple sur l'Allemagne, le tsarBoris III contourne une à une les clauses du traité de Neuilly, de façon indirecte tout d'abord, puis ouvertement à partir desannées 1930. C'est ainsi qu'il parvient à refonder une armée de l'air dès 1935. Dans le même temps, il soumet la Bulgarie à un régime autoritaire après une période où s'entretuent communistes, révolutionnaires macédoniens et ligues fascistes[13].

En1931, les agrariens, réorganisés, remportent lesélections (en),Nikola Mushanov devenant chef du gouvernement. Mais la Bulgarie subit bientôt les effets de laGrande Dépression et les tensions sociales reprennent. Le, uncoup d'État (en) duZveno amèneKimon Georgiev (1882-1969) à la tête d'un gouvernement militaire autoritaire. Mais, le, le tsar Boris III, craignant les visées républicaines de Georgiev, réalise son propre coup d'État et instaure un régime de monarchie autoritaire. Le parlement est restauré, mais l'activité des partis politiques n'est pas rétablie.

Seconde Guerre mondiale

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Article détaillé :Histoire de la Bulgarie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Neutralité (1939 – 1941)

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Objet des rivalités germano-soviétiques, après la signature dupacte de 1939, le pays se rapproche de plus en plus de l'Axe jusqu'à l'invasion de la Yougoslavie[14]. En effet, dès la fin 1940, les intérêts soviétiques sont clairement définis dans un rapport présenté au roi Boris, ceux-ci se limitent au littoral de lamer Noire, littoral pour lequel ils manifestent le plus grand intérêt au début de l'année 1941[15].

Au début de l'année 1941, en dépit de proclamations rassurantes, qui ne dupent cependant pas les diplomates soviétiques[16], la Bulgarie se rapproche de plus en plus duReich, ce qui suscite des réactions désordonnées de la part des diplomates bulgares partisans de la neutralité[16].

Cet indéniable échec diplomatique de la Russie est perçu par les diplomates russes comme un des épisodes de la lutte pour le contrôle des détroits duBosphore et desDardanelles, la Bulgarie étant alors considérée comme un moyen pour étendre l'influence soviétique dans cette direction ; cette dernière, officiellement neutre est néanmoins mise en garde contre les prétentions soviétiques à la fois par le Reich et par la Grande-Bretagne[17]. Une fois dans le camp allemand, la Bulgarie s'aligne sur la politique du Reich, et tente d'assurer une large publicité aux objectifs soviétiques.

Lorsque laSeconde Guerre mondiale éclate, en 1939, le tsar et son gouvernement se déclarent déterminés à rester neutres jusqu'à la fin des hostilités, mais espèrent profiter de la situation pour en retirer quelques bénéfices en matière d'agrandissements territoriaux, tout particulièrement dans les territoires habités majoritairement par des populations bulgares et attribuées aux pays voisins à l'issue de laseconde guerre des Balkans et de laPremière Guerre mondiale. Cependant, la position géopolitique de la Bulgarie dans les Balkans va faire voler en éclats ces velléités de neutralité tant sont fortes les pressions exercées par les différentes puissances.

Bogdan Filov devient Premier ministre le. Cet homme d'extrême-droite est de culture allemande et germanophile notoire. La germanophilie du tsar et du Premier ministre contraste avec les sentiments russophiles de la population[18]. C'est d'abord par la négociation que la Bulgarie obtient une expansion territoriale aux dépens duroyaume de Roumanie : À la suite desaccords de Craiova le Sud de laDobroudja est rattaché à la Bulgarie le.

Ainsi, objet de discorde, la Bulgarie observe une neutralité de moins en moins stricte au fil de l'hiver 1940 – 1941. Elle devient l'alliée desforces de l'Axe jusqu'au où elle bascule du côté desAlliés jusqu'à la fin de la guerre. Le, est officialisée l'adhésion de la Bulgarie à l'Axe, par une cérémonie à laquelle sont convoqués[19] le président du Conseil et le ministre des Affaires étrangères bulgares, et par l'entrée de troupes allemandes dans le royaume de Bulgarie[16].

Par rapport à d'autres pays comme leroyaume de Hongrie ou leroyaume de Roumanie qui sont au même titre que la Bulgarie des satellites opportunistes de l'Allemagne nazie entendant tirer des avantages territoriaux d'une alliance avec l'Allemagne, la Bulgarie a maintenu des relations diplomatiques avec l'Union soviétique jusqu'à la fin du conflit mondial.

Alliance avec les forces de l'Axe (1941 – 1944)

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En, lors d'une rencontre avecAdolf Hitler àBerlin,Molotov manifeste la volonté de l'Union soviétique de placer la Bulgarie dans sa sphère d'influence. Le refus de l'Allemagne sera l'un des facteurs déclenchant la fin duPacte germano-soviétique conclu en, et indirectement, pour la Bulgarie, la fin de la période de neutralité[20].

La Bulgarie se voit contrainte de rejoindre lesforces de l'Axe en 1941, lorsque laWehrmacht se préparant àenvahir la Grèce à partir de laRoumanie, se présente à la frontière bulgare et demande l'autorisation de traverser le pays. En acceptant, le tsar Boris devient l'allié des Allemands, mais l'adhésion au pacte n'est officielle que le.

L'occupation bulgare en Grèce et Yougoslavie.

Le, malgré son adhésion à l'Axe, la Bulgarie limite son activité militaire durant les premières phases de l'invasion de la Yougoslavie et de labataille de Grèce, laissant les Allemands et les Italiens effectuer les opérations décisives. La reddition de la Yougoslavie a lieu le et celle de la Grèce le.

Le, la Bulgarie adopte une attitude plus active : les troupes bulgares pénètrent dans la région de lamer Égée avec comme objectif des gains territoriaux enThrace et enMacédoine grecque. Les Bulgares occupent un territoire situé entre la Strouma (Strymon) et une ligne de démarcation reliantAlexandroupolis àSvilengrad, à l'ouest de laMaritsa. En plus d'Alexandroupolis, cette zone comprend les villes deKomotiní,Serrès,Xánthi,Dráma etKavála, ainsi que les îles deThasos etSamothrace. Les territoires correspondant à la Macédoine yougoslave — devenue par la suite laMacédoine du Nord — et l'Est de laSerbie sont occupés par les Bulgares.

Le, la Bulgarie ne participe pas à l'invasion de l'URSS aux côtés de son allié allemand. Des liens diplomatiques sont au contraire maintenus avec le régime soviétique. Le gouvernement bulgare est néanmoins forcé par les Allemands à déclarer la guerre auRoyaume-Uni et auxÉtats-Unis à la fin 1941. LesAlliés bombarderont 6 foisSofia et d'autres villes de Bulgarie entrenovembre 1943 etjanvier 1944

L'invasion de l'URSS par les Allemands provoque une vague de manifestations et la constitution par leParti communiste bulgare clandestin d'un mouvement de résistance, leFront patriotique. LeZveno, parti politique clairement situé à droite mais hostile à l'alliance avec les nazis, adhère auFront patriotique en 1943. Les détachements de partisans sont particulièrement actifs dans les zones montagneuses de l'Ouest et du Sud du pays.

En, après un voyage en Allemagne, le tsar Boris III meurt soudainement, de façon assez mystérieuse[18], laissant sa succession à son filsSiméon II, âgé de six ans. Les trois hommes qui constituent le conseil de régence, le princeKiril, l'ancien président du ConseilBogdan Filov et le ministre de la GuerreNikola Mihailov Mihov (en) sont tous favorables au maintien de l'alliance avec l'Allemagne. Le prince Kiril se rend plusieurs fois à Berlin, non pas pour discuter, mais pour recevoir les ordres d'Hitler[18].

Après ledébarquement allié en Normandie,Ivan Ivanov Bagrianov forme un nouveau gouvernement qui tente d'infléchir la politique pro-allemande du gouvernement. Les lois anti-juives sont abrogées et les prisonniers politiques amnistiés ; les communistes se voient proposer d'entrer au gouvernement[21]. À l'été 1944, après avoir enfoncé les lignes de défense allemandes, autour deIași et deChișinău, l'Armée rouge s'approche des Balkans et de la Bulgarie. Dès le1er août, Bagrianov doit démissionner pour laisser la place à l'agrarienKonstantin Mouraviev, qui proclame la neutralité du pays et tente d'obtenir un accord de paix avec les Alliés[22]. Le, leroyaume de Roumanie quitte le camp des forces de l'Axe et déclare la guerre à l'Allemagne. Les Roumains autorisent alors les Soviétiques à traverser leur territoire pour pénétrer en Bulgarie. Les régents demandent alors aux représentants de l'opposition de former un gouvernement, mais les représentants du Front patriotique refusent de coopérer avec les régents qui forment alors un gouvernement modéré recrutés essentiellement parmi les agrariens[18].

La situation intérieure

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Une des particularités de la Bulgarie parmi les forces de l'Axe est que le rôle du Parlement de Sofia, laSobranje est effectif : le travail parlementaire normal s'effectue conformément aux textes constitutionnels, on critique et l'on amende l'action gouvernementale. Une revue indépendante,Mir, de tendance plutôt conservatrice est autorisée à publier certaines critiques, aussi bien sur la politique intérieure que sur la politique extérieure. Aprèsmars 1941, les représentants de l'opposition politique connue pour leurs opinions antiallemandes, sont internés, mais la plupart d'entre eux sont relâchés enjuin 1941. Les seuls à être victimes d'une persécution générale sont les communistes[18].

Les Juifs en Bulgarie

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Articles détaillés :Histoire des Juifs en Bulgarie,Shoah en Grèce etShoah en Grèce sous occupation bulgare.

L'ancienne Bulgarie comptait 50 000 Juifs. Dans les territoires conquis aux dépens de la Grèce et de la Yougoslavie vivent environ 15 000 Juifs. Les Juifs bulgares sont, dans leur grande majorité des urbains, souvent ouvriers. Ils ne sont pas spécialement riches, et l'antisémitisme n'est pas spécialement développé en Bulgarie[23]. Pour exprimer l'état de l'opinion à l'égard des Juifs, Hilberg écrit que les Juifs« n'éveillaient ni une sympathie extraordinaire, ni une hostilité exceptionnelle ».

Cette absence d'antisémitisme déclaré n'empêche pas que des lois anti-juives soient adoptées par le Parlement. En, la Bulgarie a adopté ses premières mesures officiellement antisémites, avec un décret d'expulsion des Juifs étrangers. En, sur l'insistance des Allemands, et malgré les réticences du tsar et les protestations des partis d'opposition, le pays adopte la« Loi pour la défense de la Nation », qui prévoit un recensement de tous les Juifs vivant en Bulgarie, et limite les droits de la population juive à participer à la vie économique et sociale[24]. Selon la loi, promulguée le, les mariages mixtes sont interdits, les fonctionnaires juifs sont renvoyés et unnumerus clausus est instauré parmi les travailleurs indépendants, mais un tribunal administratif suprême exclut de la loi une catégorie de « Juifs privilégiés », par exemple les anciens combattants et les orphelins de guerre. Les entreprises qui ne sont pas autorisées à poursuivre leurs activités sont vendues d'office ou soumises à une « aryanisation » obligatoire[23].

Beaucoup de Juifs non fortunés ne sont pas touchés par ces mesures d'expropriation, mais sont engagés dans leservice du travail obligatoire, comme les autres citoyens bulgares. Le Service allemand du travail refuse alors toute coopération avec le Service bulgare du travail, et l'ambassadeur allemandBeckerle obtient qu'à partir d'août 1941 soit créé un service du travail juif spécial où les Juifs ne portent pas l'uniforme, mais une étoile. Ils sont 3 300 en et 10 000 au printemps 1943[23].

À partir de la fin de l'année 1941, les Allemands exercent des pressions de plus en plus fortes pour que les Juifs soient concentrés avant d'être déportés. Lorsque les Allemands pensent avoir fait avancer les choses en ce sens, par exemple, en, lorsque le ministre de l'Intérieur Grabowski demande l'autorisation d'expulser tous les Juifs de la capitale, les pouvoirs en Bulgarie sont suffisamment disséminés à de multiples échelons pour que toutes les mesures décisives que souhaitent les Allemands soient, de fait, bloquées. Le tsar Boris entretient de bonnes relations avec le consistoire juif. À la suite d'une manifestation de 350 Juifs dans la cour du ministère de l'Intérieur, Grabowski fait machine arrière. L'Église orthodoxe s'engage en faveur des Juifs : le, le métropolite Stéphane donne le coup d'envoi d'une campagne contre le port de l'étoile dans un sermon où il affirme qu'« il n'appartenait pas aux hommes de torturer ou de persécuter les Juifs ». Des mesures d'expulsion de tous les Juifs de Sofia sont bien mises en œuvre par les autorités bulgares, et pour les Allemands, il s'agit d'un prélude à une déportation finale, mais les Bulgares sauront opposer une inertie suffisante pour bloquer les projets allemands[23].

Si les Juifs de la « Vieille Bulgarie » sont donc préservés du plan d'extermination prévu par les nazis, ceux des nouveaux territoires annexés en 1941,- Thrace etMacédoine -, ont été déportés et exterminés dans leur grande majorité. En, le naziTheodor Dannecker, adjoint d'Adolf Eichmann, arrive de France pour piloter les opérations de déportations en Bulgarie. Le, sur les 6 000 Juifs de Thrace, 4 221 ont été déportés et 7 122 sur les 8 000 Juifs de Macédoine.Dimitar Pechev, vice-président de laSăbranje, le parlement bulgare, présente alors une motion de censure accusant le gouvernement d'atrocités qui se seraient produites au cours des déportations. La déportation de 6 000 Juifs de Vieille Bulgarie, promise aux Allemands, est alors stoppée[23].

Le, les journaux de Sofia annonce que le gouvernement a décidé d'abroger toute la législation antisémite[23].

Dans le camp des Alliés (1944 – 1945)

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À l'automne1944, l'Armée rouge s'approche de la frontière bulgare. La Bulgarie, qui avait jusque-là évité le conflit avec l'URSS : un nouveau gouvernement, dirigé par l'agrarien modéré Konstantin Muraviev, est formé en hâte le pour tenter de sauver la situation, et demande aux troupes allemandes de quitter le pays. Le, la Bulgarie change de camp et déclare la guerre à l'Allemagne nazie. Mais cela n'empêche pas les Soviétiques, deux jours plus tard, de déclarer la guerre à la Bulgarie et de passer la frontière : le, se trouve ainsi en guerre à la fois contre l'URSS et contre le Reich. Les troupes soviétiques occupent le Nord-Est du pays et notamment les ports deVarna et deBourgas ; l'armée bulgare reçoit l'ordre de ne pas opposer de résistance.

Dans la nuit du 8 au, uncoup d'État militaire organisé parDamian Veltchev, un officier membre duZveno, donne le pouvoir auFront patriotique. Les membres du conseil de régence sont contraints, avant d'être arrêtés, de nommer un nouveau gouvernement avecKimon Georgiev comme Premier ministre. Le princeKiril est exécuté en février de l'année suivante. L'Allemagne tente, sans succès, d'imposer un gouvernement fantoche dirigé parAlexandre Tsankov[18]. En Macédoine, des officiers bulgares de haut rang restent fidèles à leur encadrement allemand, mais les troupes se révoltent et regagnent les frontières de l'ancienne Bulgarie.

Trois armées bulgares, regroupant quelque 500 000 hommes, participent à l'effort de guerre allié en entrant en Yougoslavie avec l'objectif de bloquer le repli des troupes allemandes stationnées en Grèce. L'Est et le Sud de la Serbie ainsi que la Macédoine sont libérées en un mois et les 150 000 hommes de la première armée poursuivent le combat en Hongrie et, enavril 1945, en Autriche. Le contact avec les Britanniques de le8e armée se fait àKlagenfurt, le.

Prise de pouvoir communiste et fin de la monarchie

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Lefront commun ayant pris le pouvoir est composé de quatre partis, dont les plus importants sont l'Union agrarienne et les communistes. Ces derniers prennent cependant rapidement le contrôle : uneépuration sauvage est mise en œuvre dès, visant l'élite politique du pays et les opposants, suivie d'une épuration« légale » menée par des« tribunaux populaires ». Les familles des condamnés sont contraintes à la relégation. La classe politique bulgare est décapitée[25]. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, les communistes bulgares et lesSoviétiques organisent unplébiscite qui abolit la monarchie, recevant officiellement 97 % des suffrages. Le régime communiste de larépublique populaire de Bulgarie, dont le principal dirigeant estGeorgi Dimitrov (1882-1949), est installé en Bulgarie ; le roiSiméon II part pour l'exil.

Letraité de Paris de 1947 confirme le rattachement de laDobroudja du Sud à la Bulgarie, alors que les territoires sur les bords de lamer Égée sont restitués à la Grèce. 150 000 Bulgares sont alors expulsés deThrace devenue grecque.

Notes et références

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  1. Renouvin 1962,p. 314-315.
  2. Renouvin 1962,p. 316.
  3. Renouvin 1962,p. 339.
  4. a etbRenouvin 1962,p. 318.
  5. Renouvin 1962,p. 350.
  6. Renouvin 1962,p. 375-376.
  7. Renouvin 1962,p. 533.
  8. Renouvin 1962,p. 534.
  9. Renouvin 1962,p. 600.
  10. W. Churchill,La Seconde Guerre mondiale, citée par C. Pavone,Une Guerre Civile, Essai historique sur l'éthique de la Résistance italienne, Seuil, 2005 (trad. française), p. 29.
  11. Renouvin 1962,p. 608.
  12. Charlanov, Ognianov et Tzvetkov 2002,p. 313-314.
  13. Robert Philippot, « De la Bulgarie avant les Bulgares à la République populaire », article « Bulgarie » dansEncyclopedia Universalis, 2000.
  14. Gorodetsky 2011,p. 188.
  15. Gorodetsky 2011,p. 186.
  16. ab etcGorodetsky 2011,p. 190.
  17. Gorodetsky 2011,p. 194.
  18. abcde etfAntonin Snejdarek, Casimira Mazurowa-Château,La nouvelle Europe Centrale, Imprimerie Nationale, 1986, p. 53 – 57.
  19. Selon le mot deGorodetsky 2011,p. 191.
  20. Vladimir Kostov, « La République populaire bulgare », article « Bulgarie » dansEncyclopedia Universalis, 2000.
  21. Charlanov, Ognianov et Tzvetkov 2002,p. 321.
  22. Charlanov, Ognianov et Tzvetkov 2002,p. 321-322.
  23. abcde etfHilberg 2006,p. 1378-1404.
  24. Frederick B. Chary,The Bulgarian Jews and the final solution, 1940-1944, Henry M. Snyder and Co., Inc, p. 36 – 41.
  25. Charlanov, Ognianov et Tzvetkov 2002,p. 324-330.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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v ·m
Antiquité,Moyen Âge etépoque moderne
Voir aussi
Époque contemporaine
Domination ottomane
Principauté de Bulgarie(1878–1908)
AlexandreIer de Bulgarie(1879–1886)
FerdinandIer de Bulgarie(1887–1908)
Royaume de Bulgarie(1908–1946)
FerdinandIer de Bulgarie(1908–1918)
Boris III de Bulgarie(1918–1943)
SiméonII de Bulgarie(1943–1946)
République populaire de Bulgarie
(1946–1991)
République de Bulgarie(depuis 1991)
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